Adriana propose à Winston de l’aider avant de partir au boulot, le lendemain matin, mais lui propose également une échappatoire : il pourra la mettre dehors au réveil, s’il l’a assez vu. Et évidemment, le brun saute sur l’occasion.

« La deuxième proposition est tentante. »

La brunette ne peut s’empêcher de rire mais, polie comme à son habitude, elle lui adresse un geste obscène avec son majeur avant de quitter la chambre, refermant la porte derrière elle. Elle s’allonge sur le canapé, s’enroule dans la couverture, et ne remarque même pas l’inconfort de son couchage. Tout ce dont elle a besoin, c’est de dormir un peu. Mais trop rapidement, le réveil sonne, et la voilà au chevet de Winston, à vérifier qu’il va bien -ou au moins qu’il ne va pas trop mal. Il tente de la rassurer, et vu comme elle est crevée, elle ne discute pas longtemps, retournant rapidement dans les bras de Morphée. Pourtant, cette fois-ci, elle ouvre les yeux en panique, avant le réveil. Le cœur battant la chamade, elle rejoint la chambre de Winston qui semble de suite remarquer que quelque chose cloche.

« Ca va pas ? »

Adriana secoue la tête, comme pour rassurer Winston, lui assurer que ce n’est pas grave, mais aussi pour chasser les images qui la hantent. Elle revoit encore Eduardo se faire poignarder devant elle, comme si c’était hier. Elle sent encore les bras de l’un des agresseurs l’enserrer. Elle sent presque encore le sang sur ses mains.

« Ce n’est rien, juste un cauchemar. »

Sans doute causé par l’agression de l’interne ce soir, l’ancien meilleur ami d’Eduardo. Les similitudes avec le meurtre de son frère, assassiné pour une histoire de dettes, l’avaient frappé ce soir, et il faut croire que son cerveau avait continué à analyser la situation pendant son sommeil.
Adriana vérifie les blessures de Winston, lui pose quelques questions, et quand il ferme les yeux pendant son interrogatoire, elle n’a pas la force de résister davantage et s’endort sur la couette de l’interne, apaisée par sa présence.
Lorsque le réveil de Winston sonne, la brunette ne l’entend pas immédiatement, sans doute trop fatiguée par cette courte nuit, hachée par des contrôles médicaux. C’est lorsque l’interne peste qu’elle émerge, ouvrant doucement les yeux.

« Fais chier … »

Elle le sent s’éloigner d’elle, et se fige immédiatement, ressentant instantanément le froid dans son dos, là où le corps de Winston était auparavant collé contre le sien. Elle entend le réveil qui sonne encore quelques secondes, le temps que l’interne l’arrête, et se pince les lèvres.

« Salut. »

Elle se tourne vers Winston, le dévisage un instant, la tristesse pouvant se lire sur le visage de la brunette alors qu’elle observe celui de l’interne, compatissant à sa douleur.

« Salut », se contente-t-elle de répondre, gênée d’avoir dormi ici et de s’être réveillée dans ses bras.

« Pas trop dur ? »

Elle secoue la tête en signe de dénégation, mais en réalité, c’est ultra dur. Elle ne sait pas comment elle va pouvoir assurer sa journée de patrouille au boulot sans risquer de s’endormir et les mettre, elle et son coéquipier, en danger.

« Je vais préparer un litre de café je crois ce matin. Tu en veux ? »

Elle ne répond pas, interrompue par le râle de douleur que Winston laisse échapper en se relevant. Elle attend qu’il quitte la pièce pour se lever et rassembler ses affaires. Elle le rejoint rapidement dans la cuisine, se poste face à lui et passe le bout de ses doigts sur le visage de l’interne, grimaçant en imaginant la douleur qu’il doit ressentir.

« Avec ou sans sucre ? »

Elle secoue à nouveau la tête.

« Je suis désolée, Winston, je dois y aller. »

Elle se pince les lèvres et toussote, gênée. Ses yeux se posent sur la pointe de ses chaussures alors qu’elle refuse d’affronter le regard de l’interne.

« Je suis désolée de m’être endormie dans ton lit, ça ne voulait rien dire, et ça n’aurait jamais dû arriver. Toute cette soirée n’aurait d’ailleurs jamais dû arriver. »

Elle enfile sa veste en cuir et en ferme la tirette, relevant enfin le regard vers Winston.

« On se revoit dans un an, Winston. Et dans d’autres circonstances, cette fois-ci. »

Parce que c’était à peu près la fréquence à laquelle ils se croisaient, toujours par hasard, toujours un peu gênés. Elle lui adresse un sourire triste avant de se diriger vers la sortie.

« Promets-moi de faire attention à toi. »

Parce qu’elle ne supporterait pas que le meilleur ami de son frère connaisse le même sort que ce dernier.