Je me réveille de mon sommeil quelque peu agité. Malgré tout ce qui s'est passé durant la nuit, je ne me sens pas si fatigué que ça. Nathan lui dormait encore, mais son agitement m'indiquait clairement qu'il allait se réveiller d'un instant à l'autre. Je pris mon cellulaire et alla consulter mon fil d'actualité sur facebook, lorsque j'entendis un petit bonjour de la part de Nathan, qui avait l'air complètement étonné lorsqu'il vit l'heure sur sa montre. Il m'expliquait que ça faisait très longtemps qu'il n'avait pas dormi aussi tard que ça. C'était tout de même compréhensible, vu sa situation. Il fit une grimace quelques instants après, et me dit qu'il avait des spasmes dans la colonne dû aux douleurs et élancements de cette nuit. C'est fou ce que je n'aimerais pas être dans sa position. Au moins la glace l'aura aidé, c'est tout ce que je pouvais faire, réellement. Moi qui normalement ne dort pas bien lorsqu'il y a quelqu'un à mes côtés, je n'ai eu aucun problèmes cette nuit. C'est tout de même étonnant.

Il se confondait en excuses du fait qu'il m'aille réveilé cette nuit. Je lui dis que ce n'était pas grave du tout, et que je préférais m'être éveillé afin de l'aider. Si je ne m'étais pas réveillé, je me serais senti probablement hyper mal, et je ne souhaitais pas vraiment ça. Il avait vraisemblablement l'air pressé de partir, puis il n'avait pas vraiment faim. J'avais vu un fast food à l'autre bout de la rue, qui rayonnait dans le noir, hier lorsque j'étais sorti pour aller chercher de la glace.

« Je dois t'avouer que j'ai passablement faim, mais il y a un petit fast food au bout de la rue, je vais aller me prendre quelque chose en éclair là pendant que tu te prépares. Je vais prendre une petite douche puis je vais y aller ensuite. »

Je saute immédiatement dans la douche, ouvrit l'eau et la mit très chaude. L'endroit par excellence pour penser, je pense que c'est bel et bien universel. Des sentiments mitigés s'emparaient de moi, je ne savais pas quoi en penser. Devrais-je ou ne devrais-je pas? J'en ai franchement aucune idée. Mais bon, pas le temps de penser à ça, je devais me dépêcher. Je sortis de la douche, serviette à la taille et me changea.

« Oui, je sais, je suis pas très pudique, j'ai plutôt appris à ne plus l'être, en fait. J'espère que ça ne te dérange pas. » dis-je avec un petit sourire narquois.

Je saute dans mes shorts et me dirige vers le fast-food, pendant que Nathan finissait de se préparer. Les clefs de voiture en main, je décide d'y aller à pieds, ça va me prendre au maximum 7 ou 8 minutes de marche. Arrivé à destination, je me pris un muffin et un grand café, en prenant soin d'en rapporter un à Nathan aussi. Je ne savais pas s'il aimait ça, ce qu'il mettait dedans, mais je pris un peu de lait et du sucre à emporter afin qu'il mette ce qu'il veuille. Je marchais tranquillement, jusqu'attend qu'un petit con ouvre la fenêtre de sa voiture en passant et me gueule une insulte homophobe. Même si cela m'enrageait, je me disais que je n'étais probablement pas dans le coin le plus ouvert d'esprit d'Australie, et continua mon chemin en silence. Je rentre dans l'hôtel, et me dirige vers la chambre et ouvre la porte. Nathan était couché sur le lit, sa valise prête.

« Tiens, je t'ai rapporté un café, avec un peu de lait et du sucre à côté, histoire que tu puisses mettre ce que tu voulais. »

J'étais frustré, et ça paraissait dans mon ton. J'espérais seulement que Nathan ne le remarquerait pas. Ce n'est surtout pas de sa faute. Je déposa le muffin et les cafés sur la table de nuit située entre les deux lits et descendis les valises jusqu'à l'auto. Une fois fait, je m'assis avec Nathan sur le lit et pris mon café dans les mains, en prenant une bouchée de mon muffin.

« Je ne reviendrai pas sur mes paroles, toi, tu vas vider ton petit coeur dans l'auto aujourd'hui, pour te débarasser de toute ces pensées hyper négatives. Je suis peut-être pas un thérapeute diplômé, mais je suis une très bonne oreille! »

Je lui passe les cafés et mon muffin, en lui mentionnant que s'il en voulait, il pouvait le prendre au complet, puis me dirige vers la porte, en poussant son fauteuil. Je remis les clefs à la réception, en leur souhaitant une bonne journée et en m'excusant du vacarme que j'ai pu faire cette nuit. J'espérais seulement ne pas avoir dérangé des clients avec tout ce brouhaha. On traversa les portes, puis je l'aide à s'installer dans la voiture, mis son fauteuil dans la valise, me dirige vers la porte conducteur, m'assis, puis démarre la voiture, avant de me diriger vers la rentrée sur l'autoroute.

« Je t'écoute. Et quand t'as faim, tu me le dis, on va arrêter te prendre quelque chose, d'accord? » lui dis-je avec un sourire plus que sincère et en le fixant dans les yeux.

Nathan me racontait son histoire. Ce qui s'était passé. C'est absolument fou, tout ce qu'il a vécu. Son père décédé, il perd l'utilisation de ses jambes, son copain qui le trompe, une agression dans le métro, il s'est prit la tête avec son frère, s'est fait mettre dehors de l'appartement de sa cousine. Je peux comprendre qu'il était au bout, avec tout ce qu'il a vécu, je n'ose même pas penser comment j'aurais réagit. Probablement en allant m'isoler à quelque part dans le monde, en ne donnant aucune nouvelle à personne durant un bon moment. En fait non, je ne pouvais pas prévoir.

« Ne t'inquiète pas, jamais je ne te prendrai pour un idiot ou quoique ce soit. Tout ce que tu as vécu... C'est absolument fou, moi-même je ne sais franchement pas comment j'aurais réagis, probablement très mal. C'est tout à fait compréhensible. Jamais je ne te jugerai, d'accord? »

Nathan hocha la tête en guise d'accord, et je me reconcentrai sur la route. Il était plutôt silencieux aujourd'hui, mais c'était normal, vu la nuit de merde qu'il avait passé, avec ses douleurs fantômes et tout. Le chemin se passait très bien, mais le ciel s'ennuagea rapidement. D'un seul coup, une pluie torentielle s'abatta sur la route et fit ralentir considérablement la circulation. Je commençais à avoir faim de nouveau, et m'arrêta dans un fast-food sur le bord de la route, aussi pour faire passer la pluie torentielle. J'aidai Nathan à sortir de la voiture, et nous rentrons dans le restaurant. Je commandai un burger, tandis que Nathan ne voulait rien. Ce petit arrêt dura en tout trente minutes, puis nous reprenons la route. Nathan n'était vraiment pas bavard, mais je ne lui en voulais pas. Je mis de la musique, puis chanta, ce qui lui mit un petit sourire sur la figure. Alléluia! J'avais finalement réussi.

Nous étions presque arrivés à Brisbane, quant tout à coup nous furent prit dans un traffic intense. Une heure et demi en tout. Franchement, la chance s'abattait décidément sur nous. C'était du pare-choc à pare-choc. C'était long, et pénible. Lorsqu'on put enfin pénétrer dans la ville, je m'empressai de faire 1001 détours afin d'arriver plus rapidement à mon loft, qui servira aussi de logement à Nathan pour les prochains mois assurément. Nous sortons de l'auto, et je sortis le fauteuil de Nathan, l'aida à s'asseoir et monta au loft avec lui. J'ouvris la porte, puis prit une grande bouffée d'air.

« Bienvenue chez toi, mec. » dis-je, avec un grand sourire sur le visage.