Lena avait envie de frisson et je pense qu’elle allait être servie. Ca fait presque un an en réalité qu’on parle de cette soirée. Au début, c’était une sorte de défi, rien de trop serieux, je lui avais dis qu’elle serait incapable de venir dans un vieux cimetière pour parler aux esprits et vu sa tête, j’étais pas loin du compte. Mais, surement prise à vif, piqué dans sa personne, elle avait insisté pour dire qu’elle en était largement capable. Alors pour toujours un peu plus de challenge, je lui avais dis qu’on se retrouverait ce soir d’halloween. Bien sûre qu’il n’y avait pas meilleure soirée pour trouver une passerelle avec l’au-delà.
C’était elle qui m’avait relancé il y a un peu moins d’un mois, pour me demander si c’était toujours valable et bien sûre que ma soirée était bookée depuis très longtemps rien que pour elle. Je suis toujours persuadée qu’elle s’en mord encore les doigts.
Heureusement que Lena avait une voiture, ça nous facilitait toujours la tâche pour venir dans des endroits comme celui-ci, bien à l’écart de la ville et pas désservie par les transports en commun. Enfin, si, un bus passait par la toutes les une heure et demie puis, plus aucun entre vingt trois heures et sept heures du matin. Trop chiant. Là, on décidait quand on arrivait et surtout de quand on pouvait repartir… parce que je me voyais mal attendre six heures avec une Lena en panique.
« Tu sais, tu peux toujours faire marche arrière. » que j’lui lance alors qu’elle se gare bientôt au bord de la route. On avait une centaine de pas à faire ensuite, pour arriver jusqu’à la vieille église coloniale des années 1800. On raconte qu’il y a eu des dizaines d’aborigènes massacrés aux portes du paradis comme ils disent. La maison du Seigneur ne semble accueillir que ceux que ses partisans ont choisi. Les autres étaient laissés pour compte, pendus ou égorgés s’ils ne souhaitaient pas se convertir à leur religion. Une vraie barbarie. J’avais assisté à un cours marginal à la fac sur le sujet. Très intéressant mais à glacer le sang. Je lui garderai cette partie de l’histoire pour la suite, si non, elle allait faire demi-tour aussitôt. « t’es prête ? » comme un dernier avertissement, mais j’attendais pas sa réponse que me voilà déjà sortie du véhicule. J’allais ouvrir le coffre pour récupérer ma planche ouija.

@Lena Edwards

A Halloween, en général, Lena avait l'habitude de participer à une autre de ses soirées folles. Pleine d'alcool, de gens riches, de déguisements outrancièrement chers, de rencontres prénuptiales ou de ruptures ; bref des soirées réservées aux personnes d'un certain milieu, cachée des yeux trop curieux qui pourraient les juger. Son programme de la soirée était loin de celui ci, pourtant. Voilà un moment que Jina avait promis une soirée grand frisson à la blonde, et cette dernière avait trouvé particulièrement intéressant de la relancer à ce sujet quelques semaines auparavant. Quoi de mieux que de réaliser ce projet une soirée d'Halloween ? La nuit des morts allait être sublime d'horreur et de frayeur, c'est ce qu'on lui avait promis. C'était tout ce dont Lena avait besoin, cherchant à tout prix depuis quelques temps à vivre toujours à fond les choses les plus folles. A bas les peines de cœur et les drames ; à bas les médias et les relations publiques. Lena avait une image qu'elle gardait avec soin : pour le reste, sa vie n'avait rien de l'idylle qu'elle affichait sur les réseaux et ça lui était bien égal. Sa nouvelle règle était de vivre au jour le jour, et c'est avec cet état d'esprit qu'elle était venue récupérer Jina devant chez elle. Lena avait conduit un bon moment avant qu'elles n'arrivent dans un endroit tout à fait isolé. Elle ne savait même pas quelle était la destination qu'elles suivaient et le trajet n'en était que plus intense : malgré le fait qu'elle ait choisi de faire ça, la pression montait peu à peu pour l'écossaise alors qu'elle se garait sur le côté de la route, au milieu de nul part, sur les indications de Jina. Tu sais, tu peux toujours faire marche arrière. Elle secouait la tête de droite à gauche, un léger sourire taquin s'affichant sur ses lèvres. C'est mal me connaître de penser que je pourrais reculer. Elle était joueuse Lena, elle n'avait pas froid aux yeux. T’es prête ? Ce serait mentir que de dire qu'elle faisait ça sans aucune appréhension. Mais après tout, c'est bien pour ressentir des sensations fortes et se faire peur qu'elle avait demandée à Jina de l'emmener là, non ? On y va. De toute façon, la Crawley n'avait visiblement pas attendu sa réponse pour ouvrir la portière du véhicule et se mettre en avant dans leur aventure du soir. Lena la suivait de près. Alors, qu'est-ce que tu m'as prévu pour ce soir ? Elle avait prévu une tenue adéquate et des chaussures parfaites pour marcher, mais elle n'avait pas spécialement l'intention de crapahuter des heures dans la forêt.

Ma planche était précautionneusement emballée dans un grand sac fait sur mesure et un peu molletonnée pour m’assurer qu’elle ne soit jamais abimée lors d’un déplacement. Je n’aimais pas la sortir de chez moi, elle avait une place très particulière dans ma caravane et elle n’en sortait que très peu de fois. Je ne m’amusais jamais à l’utiliser seule, pour mon simple plaisir. Elle n’avait d’ailleurs été utilisée qu’une demie douzaine de fois, très peu, elle n’était donc pas emprise d’une multitude d’esprits. J’étais persuadée que plus on utilisait une planche, plus celle-ci devenait puissante. Mais en fonction des esprits qu’elle laissait prendre possession, celle-ci pouvait devenir plus sombre, plus dangereuse aussi à manipuler, elle pouvait attirer des forces maléfiques que nous n’avions pas envie de croiser. Alors limiter son utilisation me permettait également de maitriser les esprits qui venaient à notre rencontre. J’utilisais en permanence de l’eau bénite pour la nettoyer, avant et après chaque utilisation.
« Alors, qu'est-ce que tu m'as prévu pour ce soir ? » un sourire s’afficha sur mon visage. Lena allait attendre encore un peu avant d’en savoir davantage. Je ne déballerai ma planche qu’une fois à l’intérieur de la chapelle qui arborait le cimetière. Nous avions besoin d’être dans un endroit clos et protéger et la chapelle était une première barrière à toute force maléfique. Elle permettait un premier filtre et nous permettait de nous protéger également. Je ne voulais prendre aucun risque futiles, supplémentaire que de venir ici. Ce cimetière en soit était déjà bien empli de forces paranormales. Mais Lena voulait avoir peur, elle sera servie.
« Viens. » que je lui lance, en franchissant une première grille de fer forgée, grinçant lorsque je la pousse. L’écho de la rouille raisonnait pendant plusieurs secondes. Les premières tombes sont visibles, quelques pierres sculptées avec des annotations plus tellement visibles dessus. Des croix en bois en manque d’équilibre. Certaines tombes avaient été pillées. Personne ne venait dans le coin, ni le cimetière ni la chapelle n’étaient maintenu en bon état. Personne ne voulait se souvenir de ce moment honteux des premiers hommes arrivés en Australie.
J’avance d’un pas assuré, jusqu’à cette porte en bois mal verrouillée, un simple coup de basket suffisait à l’ouvrir et nous voilà à présent à l’intérieur de la chapelle. « referme la porte. » que je lui lance, il ne fallait aucune ouverture.
Je sors alors la planche pour l’installer par terre, ainsi qu’un flacon d’eau bénite que je tends à la blonde. « Lave toi les mains avec ça. » j’allume deux bougies et m’installe par terre, directement. « toujours sure de toi ? Une fois qu’on aura commencé, c’est pas nous qui décideront quand ce sera terminé… » bon, si, mais c’était pas toujours garanti.

Lena était impatiente de savoir ce qui allait se passer ce soir. Allait-elle réellement se laisser surprendre à frissonner, ou la promesse d'aventure de Jina n'allait-elle que se contenter d'un claquement de porte et d'une séance de planche ouija manipulée par elle même ? Elle ne savait que trop penser de toutes ces choses, du monde obscure dans lequel elle allait se laisser embarquer ce soir. Elle avait envie de tenter malgré tout de se laisser porter, d'essayer de vivre la chose à fond pour en tirer tous les profits - si profits il y avait à ce genre d'expériences. Elle demandait à Jina où elle avait prévu de l'emmener, ne se rendant pas bien compte de ce qu'elles allaient pouvoir faire en pleine forêt. Au bord de cette route, il ne semblait pas y avoir grand chose, et pourtant. Viens. Elle s'exécuta et comprit bien vite où elles allaient atterrir. Les grandes clôtures en fer forgé qui entouraient le cimetière et sa chapelle se laissaient désormais apercevoir, et déjà elles furent franchies. L'atmosphère semblait pesante, mais sans doute était-ce l'effet d'être dans un tel lieux de nuit. Lena n'avait jamais réussi à savoir si les sensations désagréables qui hantaient ces lieux étaient réellement dues à des entités, des énergies, ou si elles n'étaient pas simplement créés par des esprits apeurés. Elle aurait sans doute la réponse à cette question au cours de la soirée. Elles s'enfonçaient un peu plus sur la propriété pour finir par entrer dans la chapelle. Referme la porte. Un frisson vint parcourir son dos alors qu'elle la refermait, elle finit par se convaincre elle même intérieurement qu'il ne s'agissait que d'un simple courant d'air. Sans dire un mot, Lena suivait chacun des pas et des gestes de Jina. Lave toi les mains avec ça. Elle attrapait le flacon qui lui était tendu. De l'eau bénite, sérieux ? Elle eut un rire nerveux, trouvant les objets que Jina sortait petit à petit un peu trop clichés pour être vrais, mais s'aspergeait les mains avec sans rechigner. Si tout cela était vrai et qu'il y avait des risques à pratiquer ce genre de rituels, mieux valait pour elle de se protéger au mieux et découter ses consignes. Son amie s'asseyait à même le sol avant de s'adresser à elle. Toujours sure de toi ? Une fois qu’on aura commencé, c’est pas nous qui décideront quand ce sera terminé… L'écossaise sentit un nouveau un frisson s'emparer d'elle. Si tout cela n'était qu'une mise en scène, elle devait bien admettre que Jina était douée dans son domaine. Sans hésiter, elle s'asseyait à son tour face à elle. Elle n'était pas venue pour reculer au dernier instant. Sûre. Elle prit une longue respiration avant de plonger son regard dans celui de la Crawley. Allez, c'est parti. Par quoi on commence ? Elle devait avoir un protocole à suivre pour ce genre de soirées ?

[color=darkcyan] « De l'eau bénite, sérieux ? »[/darkcyan] j’hausse les épaules, sans imiter le rire de Lena. Ma grand-mère m’avait toujours mise en garde et demandé de ne jamais brûler les étapes. L’eau bénite en faisait partie et pour moi, il ne s’agissait pas d’un cliché mais simplement d’une précaution. Il vaut sans doute en faire un peu trop que pas assez, on s’apprêtait à entrer en communication avec des esprits, pas à juste se raconter des histoires qui font peur. Les histoires qui font peur n’ont rien de flippant, ce ne sont que des contes pour alimenter les soirées épouvantes de ceux qui n’osent rien. Des légendes urbaines, rien d’autre. Là, Lena allait voir qu’il s’agissait de bien plus que ça. Une fois qu’elle avait de l’eau sur les mains, je pouvais en faire autant et déposer le flacon par terre pour toujours l’avoir à proximité. Lena me confirme à nouveau qu’elle était sûre d’elle. Elle savait pourquoi nous étions là, j’allais la mettre au parfum sur le type d’esprit qu’on pourrait croiser ce soir. « Allez, c'est parti. Par quoi on commence ? » les bougies allumées, je sors aussi de la sauge séchée de mon sac pour la faire brûler dans une coupole à côté de nous. « Éteins ton téléphone. » le mien est déjà hors service depuis la voiture, la batterie m’avait lâché alors que nous venions tout juste de quitter Brisbane. « Avant de commencer, faut juste que j’te dise ce qu’il s’est passé ici. Des personnes ont été pendues ici. Des aborigènes. Quand les colons sont arrivés en Australie. Ils étaient des dizaines. Tous les dix ans, les habitants du secteur entendent des cris dans la forêts et une odeur de viandes brûlées restent en suspens pendant deux à trois jours. Pour marquer les décennies du massacre… » les femmes et les enfants n’ont pas été épargné par la barbarie. « On tombe pas dans le mois anniversaire, si non, ce serait trop dangereux, ils sont en colères, ils sont très tristes et parfois, cela peut arriver qu’il s’accroche à des âmes vivantes. Mais, même si c’est Halloween, ca devrait aller. » ca devrait, parce qu’on est pas dans une période qui a une réelle signification pour eux, ici les aborigènes fêtaient pas halloween. « On va se mettre à genoux, on doit se toucher et la planche va venir se poser sur nos cuisses. » je me met en position, attendant donc que Lena en face autant. « Une chose importante, toujours être courtois, toujours être poli. On dit bonjour, merci, aurevoir. » et surtout, on ne se moque pas…

Il était tard, il faisait nuit, il faisait frais. L'endroit était aussi effrayant que ce que Jina avait vendu à Lena en lui parlant de cette soirée, et elle était aussi impatiente d'y être qu'inquiète de ce qui pourrait bien finir par se passer en ces lieux. Éteins ton téléphone. Elle ne réfléchit pas, la blonde, et exécutait à la seconde les ordres de Jina. C'était elle l'experte après tout. Elle eut un doute en éteignant son portable malgré tout, convaincue qu'en cas de soucis il aurait pu lui être utile.. mais il n'y aurait pas de soucis, non ? C'est fait. Et elle le rangeait dans sa poche à nouveau. Faisant quelques pas dans les lieux pour en prendre la température et s'imprégner de l'ambiance, elle attendait les explications de Jina sur la suite de leur soirée. Avant de commencer, faut juste que j’te dise ce qu’il s’est passé ici. Des personnes ont été pendues ici. Des aborigènes. Quand les colons sont arrivés en Australie. Ils étaient des dizaines. Tous les dix ans, les habitants du secteur entendent des cris dans la forêts et une odeur de viandes brûlées restent en suspens pendant deux à trois jours. Pour marquer les décennies du massacre… Chacun des mots prononcés avaient été douloureux pour la blonde, comme si elle avait pu ressentir la souffrance des personnes mortes en ces lieux. Si elle s'était toujours demandée à quel point ces histoires d'entités et d'énergies pouvaient être réelles, elle sentait dans l'histoire de Jina que celle ci l'était. Elle en avait l'air, dans tous les cas. Oh, euh, wow. Y avait-il vraiment matière à commenter ? On tombe pas dans le mois anniversaire, si non, ce serait trop dangereux, ils sont en colères, ils sont très tristes et parfois, cela peut arriver qu’il s’accroche à des âmes vivantes. Mais, même si c’est Halloween, ca devrait aller. Je te fais confiance. Enfin, elle croyait ? Il était sans doute encore temps de se mettre à courir vers la voiture en criant qu'elle voulait tout annuler, mais elle n'en ferait rien. Elle était venue pour frissonner, elle attendait de le ressentir pour de vrai. On va se mettre à genoux, on doit se toucher et la planche va venir se poser sur nos cuisses. Ça ne lui semblait pas être la position la plus confortable - ou la plus pratique en cas de nécessité de fuir - mais elle s'y collerait. Ok. Elle se mit à genoux face à Jina, respectant la position qu'elle devait prendre pour cette expérience. Une chose importante, toujours être courtois, toujours être poli. On dit bonjour, merci, aurevoir. C'était à sa portée. Même si elle ne comprenait pas bien pourquoi ou avec qui elle devait se montrer polie - quoi qu'elle commençait à l'imaginer - elle acceptait les consignes. C'était pour sa sécurité, après tout, non ? Bon, on commence par la courtoisie alors je suppose. Les deux jeunes femmes étaient à terre, face à face, la planche de Ouija tenant sur leurs jambes repliées. Je suis prête. Qu'elle annonçait, sûre d'elle, le regard ancré dans celui de son amie. Elle serait son repère ce soir, elle ne risquait pas de vouloir s'en éloigner. Après avoir prit une longue inspiration, la blonde se lançait. Bonjour. Peut-être qu'il y avait une formule à dire, peut-être surtout qu'elle devrait laisser Jina faire pour le protocole de la soirée. L'écossaise n'était pas bien sûre de savoir quoi faire, comment agir. Mais se montrer courtois ne pouvait qu'être vu d'un bon œil, d'après ce qu'elle avait compris. Plus de retour en arrière, maintenant.

Lena négocie pas tellement à chaque fois que je lui indique quoi faire. Elle s’exécute aussitôt. En général, c’est pour le portable que ça a du mal à passer. On tente de négocier le mode vibreur, le mode silencieux, mais c’est toujours hors de question. Même le mode avion ne passe pas. Il ne faut absolument aucun courant, aucune onde, rien d’électronique ou d’électrique dans l’air. Maintenant que c’est fait, on peut commencer. Après avoir raconté l’histoire de ce lieu extraordinaire, j’explique à Lena les étapes, comment ça va se passer, elle est concentrée et tant mieux, j’ai l’impression qu’elle prend tout ça très au sérieux et cette fois encore, ce n’est pas plus mal. Il suffit d’un doute pour tout saboter. « Bon, on commence par la courtoisie alors je suppose. Je suis prête » je lui adresse un regard qui se veut rassurant, je sais combien ces situations peuvent être stressante et pour ma part, même après avoir pratiqué à de nombreuses reprises, j’ai toujours une part d’appréhension. On sait jamais sur qui on peut tomber, jamais… « Bonjour. » je reprends aussi, à mon tour. « Bonjour, nous sommes Lena et Jina. Est-ce que quelqu’un nous entend ? » je jete un regard à Lena pour qu’elle pose sur doigt sur la goute qui se trouve sur la planche. « Est-ce que quelqu’un souhaite communiquer avec nous ? » ça peut être long, parfois avant qu’un esprit ne se manifeste à travers la planche. Ca peut durer quelques dizaines de minutes et souvent on se décourage avant que quelques chose ne se passe. Pour l’instant, rien. « Est-ce que quelqu’un nous entend ? » je répète, la patience et la persévérance sont des qualités indispensables pour ces pratiques. « Est-ce que quelqu’un souhaite communiquer avec nous ? » un courant d’air souffle dans l’église, les cheveux de Lena bougent juste devant son nez, recouvrent son visage, je reste silencieuse en observant, il n’y a que ses cheveux qui réagissent au souffle froid qui vient de parcourir la salle. « Est-ce que quelqu’un nous entend ? » je répète, un peu plus fort, avec plus de conviction cette fois. Mon pouls s’accélèrent au fur et à mesure que je répète mes questions…

bouh:

« Bonjour, nous sommes Lena et Jina. Est-ce que quelqu’un nous entend ? » Les choses sérieuses étaient en train de commencer. Lena avait son doigt sur le petit objet qui devrait visiblement bouger sur la planche pour leur donner des indications. Elle se demandait comment ça pourrait bien fonctionner et si Jina n'allait pas tout simplement la bouger par elle même, mais qu'importe, elle jouait le jeu. « Est-ce que quelqu’un souhaite communiquer avec nous ? » La blonde regardait tout autour d'elle dans la pièce, sentant une frisson parcourir son échine. Peut-être n'était ce pas une si bonne idée que ça finalement, de réveiller des morts. « Est-ce que quelqu’un nous entend ? » A mesure que Jina répétait ses questions, le rythme cardiaque de Lena augmentait un peu plus. Son impatience et sa curiosité s'étaient transformés en une grande appréhension. « Est-ce que quelqu’un souhaite communiquer avec nous ? » Elle restait néanmoins muette, laissant Jina faire son travail pour tenter d'établir une connexion. Ses yeux valdinguaient entre le visage de son amie, leurs doigts sur la planche et les murs de la chapelle dont l'ambiance était définitivement effrayante. « Est-ce que quelqu’un nous entend ? » Et d'un coup Lena sentait la goutte se mettre en mouvement pour arriver sur le 'yes' de la planche. Elle fut prise d'un autre frisson et faillit retirer son doigt pour fuir en courant. Elle ne s'attendait pas à avoir un tel résultat, n'avait jamais assisté à une telle chose, et bien qu'elle aimait se faire peur, elle devait bien admettre que dans un tel contexte, elle ne faisait pas la fière. Vous pouvez nous dire qui vous êtes ? Qu'elle se permettait de demander, sa curiosité ayant repris le dessus l'espace d'un instant.

win : La goutte se dirige doucement et successivement vers les lettres a - j - a - y. Il semblerait que ce soit un prénom.
so close : Bizarrement, la goutte se dirige vers le chiffre 7. Ils sont nombreux, par ici.
fail :  Rien ne se passe sur la planche mais la porte s’ouvre en grand et le bruit de claquement raisonne partout dans l’Eglise. (oui je veux qu'elles subissent ça)

Je redoutais tout de même la réaction de Lena. J’aurai sans doute du la briefer bien avant, la prévenir de ce qui pouvait se passer, de l’attitude à adopter. Le maitre mot : self control. Ne pas se laisser dépasser par ses émotions. La peur nous envahie toujours, l’inconnu a une place trop importante dans ces séances pour être toujours totalement serein. Moi-même je pouvais être terrifiée parfois, mais toujours, je restais de marbre. Tant que la séance n’était pas terminée, tant qu’on avait pas remercié l’entité, il ne fallait surtout pas montrer ses ressentis. J’avais manqué d’être vigilante avec Lena à ce propos et dès lors que la goutte bougeait sous nos doigts, je ressentie comme une hésitation de sa part. Son index avait un peu moins de pression sur le mien, je sentais qu’elle était prête à se retirer, mais la première règle : on ne se retire jamais avant la fin. Je levais les yeux vers elle, espérant que mon regard serait suffisant à lui faire comprendre. J’allais reprendre la suite lorsqu’elle pris la parole. « Vous pouvez nous dire qui vous êtes ? » je hochais la tête, validant sa question, c’était bien la suite logique. Toujours savoir à qui on a affaire. La goutte ne semble pas bouger, durant deux à trois secondes il ne se passe rien mais soudainement, la porte s’ouvre d’un grand claquement et frappe fortement le mur de l’Eglise, faisait raisonné un bruit sourd dans l’habitacle. Je sursaute, je cri même, ne m’attendant vraiment pas à une telle réaction. J’ai bien l’impression que venir en cette date était vraiment la plus mauvaise idée que j’avais pu avoir. Ils étaient sans doute bien trop nombreux autour de nous et très en colère. Venir à cette date anniversaire, si particulière pour les massacres qui avaient eu lieu en ces terres, c’était provoquer les victimes. Je reste cependant concentrée sur la goutte, mon doigt tremblant sous celui de Lena. « Okay, ca va aller. » je regarde mon amie, espérant qu’elle le soit toujours après cette séance. Le souffle du vent froid vient éteindre deux de nos bougies. « Nous sommes Jina et Lena, nous ne voulons pas vous provoquer, nous ne voulons pas vous offusquer. » toujours rassurer. « Nous sommes ici pour communiquer avec vous, si vous ne le voulez pas, dites le nous, nous vous laisserons tranquille. » j’ai la voix tremblante. La porte se ferme à nouveau derrière nous, claquant aussi fort que précédemment. « Combien êtes vous ? »


Win > la goutte ne désigne pas un numéro mais va sur le NO
So close > la goutte se dirige vers le numéro 2
Fail > La goutte commence sur le 5 puis le 2 … ca commence à faire beaucoup.

Rester calme, voilà ce qu'elle devait faire. Peu importe si les mouvements de la goutte l'avaient effrayés, elle devait se calmer - d'autant plus que ce n'était que le début de ces évènements, elle l'avait bien compris maintenant. Lancée et dans l'ambiance de la soirée, elle se permettait une question qu'elle regrettait presque instantanément alors que les portes de la chapelle se mettaient à claquer violemment. Paniquée, tremblante, Lena avait envie de partir en courant sans se retourner mais se rappelait de la consigne de Jina : c'était elle qui décidait, qui donnait les règles. Couper les liens brusquement pouvait être dangereux, alors elle se contentait de rester là, tremblotante. « Okay, ca va aller. » Jina essayait de la rassurer comme elle le pouvait mais la blonde voyait bien qu'elle aussi, aussi habituée qu'elle était, était effrayée. « Nous sommes Jina et Lena, nous ne voulons pas vous provoquer, nous ne voulons pas vous offusquer. » C'est pourtant bien ce qu'elles semblaient avoir fait, et elle avait peur d'en faire encore trop en ouvrant la bouche. Elle laissait la brune reprendre les rennes. « Nous sommes ici pour communiquer avec vous, si vous ne le voulez pas, dites le nous, nous vous laisserons tranquille. » La porte se mit encore à claquer, c'était assez de signes pour qu'elles s'en aillent, non ? « Combien êtes vous ? » Visiblement, la réponse était qu'ils étaient deux. Ça semblait raisonnable quand on sait que des dizaines d'aborigènes sont morts sur ces terres, ça semblait déjà beaucoup trop lorsqu'on s'image deux âmes errantes errer autour de soi. Lena n'osait plus poser de question après la réaction qu'elle avait provoqué à l'instant, mais n'avait pas envie non plus de rester dans son coin, spectatrice d'une scène qu'elle ne contrôlait absolument pas. On devrait s'en aller, on les dérange sûrement. Qu'elle lançait à Jina en murmurant, comme si des âmes ne pourraient pas les entendre - bien sûr que si. Et soudain, la goutte se déplaçait sur les lettres s-t-a-y, ce qui eu le don de glacer le sang de l'écossaise. Bon, on peut continuer, dans ce cas... Ne les laisseraient-ils jamais repartir ?

Ils sont deux, c’est pas si pire, c’est pas si terrible, ils auraient pu être bien plus. Mais bon, en réalité, c’est pas tant le nombre qui compte, parce qu’il suffit d’un seul esprit malveillant pour que tout bascule et ceux là n’ont pas l’air d’être forcément accueillant. J’espère que ce ne sont que des âmes perdues, qui veulent trouver la paix et rejoindre l’haut dela une bonne fois pour toutes. Peut être qu’on pourrait les aider à le trouver mais je n’ai pas l’impression que Lena soit très ouverte à aller réellement plus loin. Son envie de se faire une petite frayeur devrait être satisfaite pour les dizaines prochaines années à venir. Et en réalité, la mienne aussi. Mais je savais que d’ici quelques semaines, je serai remise de mes émotions et que ma seule envie serait de revivre tout ça à nouveau. Comme si, ressentir des sensations si fortes me permettait de me sentir moi-même vivante. « On devrait s'en aller, on les dérange sûrement . » je hoche la tête, oui, on allait s’en aller mais on ne pouvait pas mettre un terme à la séance de cette manière, toujours donner nos intentions, toujours fermer une séance en disant merci et au revoir. Au moment même où j’allais ouvrir la bouche pour poursuivre, la goutte se met à bouger sous nos doigts pour nous sommer de rester. Le message était claire. « Bon, on peut continuer, dans ce cas... » je relève mon regard pour m’adresser à Lena, j’avoue qu’à ce moment précis, je n’avais plus aucune idée de comment poursuivre la séance, ni comment nous pouvions sortir de là. Le risque de partir sans conclure était que les esprits soient toujours errants et qu’ils soient d’autant plus en colère après ça. Je n’avais pas envie d’avoir qui que ce soit accroché à mon épaule et ne prendrait pas le risque que ça arrive à Lena non plus. « Que pouvons-nous faire ? » que je demande, en ayant l’impression de garder la tête sur les épaules. Des fois, il suffit d’une petite action pour permettre aux esprits de repartir en paix. « qu’attendez-vous de nous ? » s’ils ne voulaient pas nous laisser partir, quelle en était la raison. La porte s’ouvrit à nouveau en grand, me faisant à nouveau sursauter. Les blagues les plus courtes étaient les meilleures, celle-ci n’en était pas une. La goute de déplace à nouveau, cette fois ci de manière très rapide et nous laissant peu de temps pour bien saisir le message. « Porte. Dehors. Puis. » un puis ? Quoi le puis ? Je regarde Lena, le regard un peu vitreux. « Il faut aller voir dehors… » il doit y avoir un puis quelques part. La goutte se dirige vers le Yes. « Qui a t-il dans ce puis ? »

Lena n'en menait pas large. Elle regrettait d'avoir suivi Jina, se promettait de ne plus chercher de telles sensations si elle réussissait à rentrer chez elle saine et sauve. Si tout cela n'était qu'un spectacle rondement mené, une animation mensongère, elle devrait bien admettre que son amie avait un don incroyable pour la mise en scène. Mais l'inquiétude qu'elle lisait dans ses yeux la laissait penser qu'elle n'avait rien prévu de tout ces évènements. Les esprits venaient de leur indiquer de rester avec eux alors même qu'ils étaient énervés de leur présence : ce paradoxe donnait des frissons à la blonde. Il fallait trouver une solution, rompre le contact et s'enfuir au plus vite. Il fallait que cet instant cesse, le plus rapidement possible. Que pouvons-nous faire ? Jina tentait de garder son sang froid. On voyait clairement qu'elle avait plus l'habitude de ce genre de choses que Lena, qu'elle connaissait le monde paranormal et qu'elle essayait de gérer la situation au mieux. En un sens, ça rassurait la blonde, et c'est ce comportement qui l'empêchait de fondre en larmes là, tout de suite. qu’attendez-vous de nous ? Sans attendre la goutte bougeait sous leurs doigts, donnant aux deux jeunes femmes une association de mots. Porte. Dehors. Puis. C'eut pour effet de glacer le sang de Lena, qui n'avait aucune envie de mettre les pieds dehors de cette chapelle pour chercher un puit dans la foret. Qu'allaient elles y trouver ? D'un geste de tête, la blonde fit "non" en se secouant de droite à gauche. Elle n'avait aucune envie de poursuivre, mais avait bien compris qu'elles étaient coincées à la merci des esprits. Il faut aller voir dehors… Lena prit une longue inspiration, pas prête à ce qui pouvait leur arriver. Qui a t-il dans ce puis ? Elle essayait d'obtenir plus d'informations, mais il semblait bien qu'aucune ne leur viendrait. Après de longues secondes sans réponse sur la planche de ouija Lena se rendait à l'évidence : elles devaient y aller. Je crois qu'on va pas avoir le choix. D'un commun accord elles retiraient leur doigt de la goutte pour se diriger vers l'extérieur. Tout semblait calme. Les claquements de porte avaient cessé, l'angoisse que ressentait la blonde s'était légèrement apaisée de pouvoir sortir de cette pièce angoissante - quoi qu'elles n'étaient pas sorties de leur galère. Pour y voir plus clair elle allumait la lampe torche de son téléphone. Bon, tu sais où il est ce puit ? Après tout c'est elle qui avait repéré les lieux, elle aurait peut-être l'information.

WIN : Après quelques pas seulement elles tombent sur un puit à souhaits, orné de deux statues de bois. Est-ce qu'il suffit de formuler le vœux que ces deux âmes soient en paix pour en être débarrassés ?
SO CLOSE : Le puit est juste derrière la chapelle mais on peut y voir jusqu'au fond : il n'y a plus d'eau. Lena remarque un écriteau orné du drapeau anglais : veulent-ils qu'on les en débarrasse pour cesser de penser à la colonisation ?
FAIL : Il faut se rendre à l'évidence : il n'y a pas de puit dans le coin. Que voulaient-ils dire alors ?