Les secondes ressemblent à des heures, je suis prête à parier qu’on est dans cette église depuis moins de quinze minutes et pourtant, j’ai déjà l’impression qu’on est là depuis quatre fois plus de temps. C’est terrifiant comme le temps passe autrement quand on est pas à l’aise, quand on a juste envie de partir. J’en ai fais de nombreuses séances de spiritisme, avec cette planche mais jamais les sensations n’avaient été aussi intenses, jamais les manifestations n’avaient été aussi forte. Ces esprits perdues devaient être terriblement en douleur pour avoir autant de force en eux. J’ignorai ce qu’ils attendaient de nous, j’ignorais ce qui allait se passer ensuite, j’espérais pour Lena que ce ne serait pas si terrible, qu’elle s’en remettrait vite mais même moi je devais avouer que j’aurai sans doute du mal à tourner la page sur cette soirée.
Plus de réponse, le silence était glaçant, seul le vent sifflait entre les vitraux cassés de la chapelle, c’était devenu soudainement bien trop calme et si nous attendions encore trop longtemps avant d’aller jeter un œil dehors, je ne souhaitais voir ce qu’il pouvait se passer. « Je crois qu'on va pas avoir le choix. » je pense qu’elle a raison, nous devons aller voir dehors et même si quelques secondes plus tôt, elle me faisait signe de la tête qu’elle n’en avait pas envie, c’était pourtant maintenant ou jamais. Lena avait rallumé son téléphone pour nous éclairer au flash et nos corps n’avaient surement jamais été aussi proche. Impossible que l’on s’éloigne car dehors, il y avait bien d’autres dangers qui pouvaient nous attendre. Les animaux ou pire, des hommes qui rodent dans le coin. La nuit, nous sommes de proies facile pour bien des personnes. « Bon, tu sais où il est ce puit ? » Je n’avais jamais entendu parlé d’un puit dans le coin et je n’en avais jamais vu non plus. Mais j’imagine qu’il suffisait de faire quelques mètres plus loin et qu’on finirait par le trouver. Dans la nuit, c’était plus long, plus chiant, mais on y arriverait. « Je sais pas c’qu’ils attendent de nous. » que je murmure, comme si je n’avais pas envie qu’ils nous entendent, ce qui est vraiment ridicule. Ils connaissent sans doute la vitesse à laquelle mon cœur bat et à combien s’élève ma tension à cette heure-ci. Bien sûre qu’ils ressentent et entendent tout, même mes pensées. Je me décide à enfin sortir mon téléphone pour allumer au plus large également et au bout d’une dizaine de mètres, j’ai l’impression de voir quelques chose en pierre en contre bas qui ressemble bien à un puit. « Là ! » que je dis, en tapotant le flanc de Lena. Il fallait descendre un talus pour y arriver à un peu plus d’un mètre en contre bas. Je passe la première, me mettant le cul par terre, quitte à me tâcher de terre, mais hors de question de me casser une jambe en sautant. Arrivée plus bas, je tends une main à Lena pour l’aider. « Regarde ! » c’est bien un puit et ce drapeau Anglais qui flotte juste au dessus… Je me penche par-dessus pour essayer de voir plus bas, c’est assez profond mais le téléphone suffit à éclairer le bas. Par contre, c’est vide, mais surtout, aucun cadavre la dedans, j’en avais bien peur… « Bon, y a rien. » dis-je soulagée. « tu crois qu’ils veulent qu’on dégage ça ? » je dis en désignant le drapeau au-dessus de nos têtes. C’est alors qu’un vent se met à souffler, faisant s’agiter le drapeau dans tous les sens et claquer contre lui-même. « Bon, ok. » le message semblait être assez clair. Je grimpe sur la pierre du puit. « Tiens moi s’il te plait. » j’suis toute petite, j’arrive même pas à atteindre la corde qui maintien le drapeau sur l’étendoir. « Faut que tu grimpe. » je dis, en redescendant aussitôt, Lena est bien plus grande que moi et elle pourra y arriver aisément. Après ça, on aura plus qu’à aller récupérer nos affaires et s’en aller… du moins, je l’espère. La seule question est de savoir ce qu’on allait faire du drapeau… il devait être empli de mauvaises ondes et il était hors de question que je rapporte ça dans ma caravane.

L'ambiance était de plus en plus pesante, Lena était de plus en plus apeurée. Si elle n'avait pas espéré grand chose de plus que de passer une bonne soirée en la compagnie de Jina, cet instant venait de changer toutes ses croyances sur la spiritualité, sur les esprits, sur ce monde qu'on vantait dans les films d'horreur mais qui pourrait très bien être vrai en réalité. Lena avait peur. Elle n'avait probablement jamais eu aussi peur de sa vie : pas même chez elle, enfant, lorsque ses parents se criaient dessus à la mort, pas même à l'internat, dans sa chambre obscure et froide, alors qu'elle entendait les coups pris par ses camarades de classe pour mauvaise conduite. Ce soir dépassait toutes les frayeurs qu'elle avait eu au courant de sa vie pour les ressentir d'un coup, puissance mille. Les âmes perdues venaient de faire passer un message aux filles : elles devaient trouver un puit. Ni l'une ni l'autre n'en avaient vu un en arrivant, et elles n'étaient que peu ravies de crapahuter dans la boue au beau milieu de la forêt pour satisfaire des esprits dont elles ne savaient rien. Elles voulaient simplement passer un peu de temps à communiquer avec l'au delà, pas se faire envoyer par eux en mission au beau milieu de la nuit. Je sais pas c’qu’ils attendent de nous. Si même Jina n'avait pas compris quelle était leur demande, la blonde aurait eu bien du mal à le faire de son côté. Elle n'était pas la diseuse de bonne aventure, medium, ou peu importe les noms dont s'affublait Jina pour ses connaissances mystiques. Si même toi tu sais pas, c'est pas moi qui pourrait deviner. Mais ça, elle le savait déjà. Lena lui ferait longtemps regretter cette soirée, si elles s'en sortaient en vie, et son amie devait bien le savoir. A peine quelques pas faits à l'extérieur et Jina repérait le puit. Là ! Lena mit un peu plus de temps à l'apercevoir. Regarde ! Mais il était bien là, juste en contrebas. Alors qu'elles descendaient doucement la pente qui les séparait de leur objectif, leurs regards furent attirés par le drapeau anglais qui flottait au dessus du puit. Bon, y a rien. Jina venait de regarder dedans, pas de cadavre à l'horizon : bonne nouvelle. Au moins, elles n'étaient pas là pour s'offrir en sacrifice à des aborigènes morts. Oh merde, je crois que j'aurais vomi s'il y avait eu quelque chose. Parce qu'elle avait beau prendre sur elle, Lena avait clairement la nausée depuis que ces portes s'étaient mises à claquer. Le stress la rendait malade. Tu crois qu’ils veulent qu’on dégage ça ? A l'instant où la question fut posée, le vent se levait à nouveau. On dirait bien. Le message était plutôt clair, pour le coup. Bon, ok. Jina se mit à grimper sur les pierres qui composaient le puit, Lena se jetait presque à ses pieds pour l'assurer. La structure n'avait plus l'air si solide. Tiens moi s’il te plait. Elle mettait ses mains sur ses cuisses histoire de l'aider à garder son équilibre de là haut. Fais attention. Parce que Lena n'avait aucune envie de se retrouver seule avec une Jina blessée au fond d'un puit dans un endroit si glauque. Faut que tu grimpe. Visiblement, elle n'arrivait pas à l'atteindre et redescendait de son piédestal. Ok j'y vais, tiens moi. Lena aurait pu se mettre à paniquer, refuser de se lancer là dedans. Mais elle voulait surtout sortir de ce cauchemar. Elle montait, essayant d'attraper le drapeau. Elle réussit, mais ne faisait que le déchirer en l'agrippant. Merde mais qui a décidé d'accrocher ça si haut? A sa deuxième tentative, elle parvint à l'arracher complètement. Je l'ai ! Sans attendre elle descendait des pierres, ravie d'être à même le sol, elle soufflait. On en fait quoi maintenant, on le brûle ? On le jette ? Il fallait bien en faire quelque chose, non ? Parce qu'il était hors de question qu'elle l'emmène en souvenir. Qu'est-ce qu'on fait, on retourne dans la chapelle ou on peut partir en courant maintenant ? La seconde proposition lui plaisait énormément, mais elle se doutait bien que la soirée ne devait pas se conclure ainsi. Il fallait couper tous les liens, s'assurer de ne "rien emmener avec elles", comme Jina le disait si bien.

C’est Lena qui grime sur ce foutu puis et c’est à moi d’aggriper ses jambes à présent pour qu’elle ne tombe pas tout en bas. Il manquerait qu’elle perde l’équilibre et qu’elle se retrouve trois mètres plus bas, à l’interieur, on serait bien mal. Enfin, surtout elle. Moi, je me contenterai d’appeler les secours en panique, devant ensuite nous justifier sur notre présence ici, tout un scénario que je n’avais pas envie de vivre, ni pour voir Lena avec deux jambes en moins, ni pour devoir pleurer devant des policiers que promis, on recommencera plus jamais. « Merde mais qui a décidé d'accrocher ça si haut? » je sens bien qu’elle peine à le toucher du bout des doigts, faudrait pouvoir lui donner un élan, mais je suis pas suffisamment grande ni forte pour y arriver. Je relève la tête, ma joue écrasée contre son tibia quand enfin, elle arrive à l’arracher ce foutu drapeau. Un soulagement, me voilà qui la lâche alors qu’elle n’est pas totalement en sécurité. Rapidement, je choppe sa main pour l’aider à descendre. « On en fait quoi maintenant, on le brûle ? On le jette ? » impossible de le laisser ici, même après l’avoir piétiner, ce ne serait pas un service à leur rendre. « Je pense qu’il faut l’éloigner d’ici. » de ces terres sacrées mais je n’avais pas spécialement envie de l’emmener avec nous dans la voiture de Lena, seulement… « on a pas trop le choix. » peut être que je me faisais trop de film, que les scénarios que j’envisageais encore étaient tous à une fin catastrophe, mais c’était le seul qui me disait qu’on pourrait partir en paix. « Arriver en ville, on s’en débarrasse. » je la rassure, promettant intérieurement de trouver une solution. Je pense que la meilleure solution serait de le déposer dans une annexe du Commonwealth en ville. Ils s’occuperont de recycler ce drapeau sans avoir la foutue idée d’où il peut venir. Personne ne reviendra par ici pour l’y remettre à sa place et les deux âmes errantes qui étaient venues nous trouver seront ainsi en paix. « Qu'est-ce qu'on fait, on retourne dans la chapelle ou on peut partir en courant maintenant ? » je secoue la tête « je dois récupérer mes affaires. On doit clore la séance. » encore un dernier petit effort, je l’en supplie à travers mon regard. « Après, on s’en va. »
On se dirige alors à nouveau à l’intérieur et tout semble être bien plus apaisé à présent, plus de vent qui souffle, la porte s’ouvre aisément et ne se referme pas violement derrière nous. « je pense qu’on a fait ce qu’il fallait. » je la rassure parce que j’y crois intimement. « Installe-toi. » je reprends la position initiale, genoux à terre et attend que Lena en fasse autant. « Nous vous saluons à présent, nous allons vous laisser en paix et nous en aller. Nous ne viendrons plus vous déranger en ces terres qui vous appartiennent. » je jette un œil à Lena qui a l’air de vouloir me faire comprendre de faire au plus vite. « Nous clôturons cette séance et quittons l’église au plus vite. Aurevoir. » je glisse alors la goute sur le Bye et éteint les bougies qui, malgré tout le vacarme étaient restée allumée. « On y va. » je rassemble toutes les affaires dans mon sac, et nous pouvons alors, le drapeau sous le bras, repartir à la voiture de Lena.

Jamais Lena n'aurait pensé passer une soirée aussi folle. Jamais elle n'aurait cru crapahuter dans les bois à cause d'esprits qui lui auraient indiqué de le faire. C'est pourtant là qu'elle se trouvait avec Jina, là qu'elle venait de grimper sur les vieilles pierres d'un puit pour arracher le drapeau fièrement érigé au sommet de l'installation. Si tout ça n'était qu'une invention de son amie, et qu'elle l'apprenait plus tard, Lena la féliciterait pour son talent de mise en scène. Là, elle avait plutôt envie de la maudire de l'avoir amenée dans un endroit si hanté le soir d'halloween : une petite maison abandonnée aurait amplement suffit. Il faudrait qu'elle lui fasse un retour, après tout ça, qu'elle la conseille de ne pas emmener des novices sur des aventures si extrêmes. Heureusement qu'elle s'y connaissait en occulte Jina, qu'elle savait lire entre les lignes les consignes des âmes perdues pour tenter de les apaiser. Je pense qu’il faut l’éloigner d’ici. Ça paraîssait logique, au final : ces aborigènes ne voulaient plus voir de signe de la colonisation de leurs Terres. Un sentiment que pouvait aisément comprendre la blonde. on a pas trop le choix. Elle hochait la tête pour acquiescer, comprenant bien qu'elles étaient trop empêtrées dans cette situation pour s'en sortir sans donner un peu de leurs personnes. Arriver en ville, on s’en débarrasse. De toute façon, je comptais pas garder ça en souvenir. Si l'on dit que des entités peuvent rester accrochées à des objets, la blonde n'osait même pas demander ce qui l'était à ce drapeau qui semblait bien vieux. je dois récupérer mes affaires. On doit clore la séance. Elle aurait aimé entendre Jina lui dire qu'elles pouvaient s'en aller en courant désormais, mais ce n'était évidemment pas la réponse apportée. Clôturer la séance, faire les choses bien, puis fuir ce lieu pour ne jamais y remettre les pieds : c'était ça, le programme. Après, on s’en va. Elle y comptait bien. Lena n'avait aucune envie d'entrer à nouveau dans la chapelle. C'est pourtant devant sa lourde porte qu'elles se trouvaient, prêtes à terminer la séance dans les règles de l'art histoire d'éviter de se porter malheur pour le restant de leurs jours. Un frisson parcourait son échine alors qu'elle pénétrait dans la structure, mais la peur qu'elle ressentait était plus liée à ce qu'elles venaient de vivre qu'à l'ambiance actuelle. Pour tout dire, les lieux étaient calmes, presque sereins. je pense qu’on a fait ce qu’il fallait. On aurait presque dit que les esprits avaient quitté les lieux, apaisés par le geste des deux jeunes femmes. Installe-toi. Elle s'asseyait au sol, à nouveau en face de Jina, sans dire un mot. Nous vous saluons à présent, nous allons vous laisser en paix et nous en aller. Nous ne viendrons plus vous déranger en ces terres qui vous appartiennent. Nous clôturons cette séance et quittons l’église au plus vite. Aurevoir. Lena regardait Jina faire ses manipulations, impatiente que ce soit enfin terminé. On y va. Sans attendre elle se levait, s'empressait de sortir pour rejoindre la voiture garée à quelques mètres de là, non loin du bord de la route. La prochaine fois, si j'ai envie de grands frissons, rappelles moi à quel point je suis pas faite pour ça. Qu'elle lançait en essayant de rire de la situation pour la dédramatiser.

Win : Enfin dans la voiture, le moteur démarré, Lena peut souffler un grand coup. Tu veux pas venir boire un café à l'appart ? Je me sens pas de rester seule tout de suite, là.
So close : Une fois arrivées à la voiture, Lena se rend compte qu'elle ne démarre pas. Euuh.. il y a des dépanneuses, dans le coin ?
Fail : La main fourrée dans sa poche, Lena ne parvint pas à mettre la main sur ses clés de voiture. Oups, elles ont dû tomber dans la forêt. T'as pas un truc magique pour retrouver des objets perdus d'un coup, je suppose ?

Bon, au moins, Lena accepte de prendre le drapeau dans sa voiture, quitte à s’en séparer plus loin. Une fois qu’on a récupérer mes affaires, qu’on a clôturé la séance, y a plus qu’à aller vers sa voiture et s’en aller le plus vite possible. « La prochaine fois, si j'ai envie de grands frissons, rappelles moi à quel point je suis pas faite pour ça. » je hoche la tête, pas fière de la soirée qui venait de se passer en réalité. Elle aurait des raisons de m’en vouloir, mais à la fois, j’étais jamais maitre de ce qu’il se passait. Au moins, elle avait vu que tout ça n’était pas des conneries, souvent, les gens avaient besoin de vivre des sensations très fortes pour dire que ce n’était pas de la manipulation. Je suis loin d’être une menteuse et une arnaqueuse, comme on pouvait souvent me le dire. Lena n’avait jamais eu ce discours envers moi, mais elle pourrait peut être prendre ma défense si jamais… Enfin, bref.
Dans la voiture, je la regardais, me demandant ce qu’elle attendait pour démarrer la voiture, sauf qu’en baissant mes yeux vers la clé qu’elle avait dans le contact, je pouvais bien la voir à l’œuvre : elle essayait mais il ne se passait absolument rien. « C’est une blague ? » dis moi juste que c’est une blague, sauf qu’à voir sa tête, elle n’avait pas l’air d’avoir envie de rire. «Euuh.. il y a des dépanneuses, dans le coin ? » mon crane se laisse tomber sur l’appuie tête derrière moi. « c’est pas possible… » vraiment ? Jusqu’au bout ? Je sors alors mon téléphone que je rallume enfin maintenant que la séance est terminée et que les ondes ne risquaient pas de nous déranger. « C’est quoi le numéro ? » est-ce que c’était le moment d’appeler Reese ? Non, impossible… pas ici, pas maintenant… « je cherche… » je regarde le dépanneur le plus proche de nous et trouve finalement un numéro. « Ca va couter une blinde. » à cette heure-ci… « J’appelle… » que je fais en apportant le téléphone à mon oreille, attendant que ça décroche… mais rien. Répondeur. « ca répond pas… » me voilà repartie à chercher un autre numéro et sans rien dire de plus, je prends le suivant, de nouveau, téléphone sur l’oreille… « Ah ! Bonjour Monsieur ! est-ce que vous êtes dépanneur ? » j’avais l’air soulagée lorsqu’il me répondit que oui, d’une manière bien trop condescendante, mais j’m’en foutais, tant pis. Je lui donne notre localisation et d’après lui, il serait présent dans les minutes à venir. « Le temps qu’il s’habille, il m’a dit, il avait pas l’air content… » que je lance à Lena, jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, n’ayant qu’une hâte : ne plus avoir cette chapelle dans mon champ de vision. « D’ici quinze minutes max. » c’était pas si long, hein… « Je suis désolée que ce se soit passé comme ça...»

Si Lena avait débuté cette soirée soucieuse de ses croyances en terme de spiritualité et peu convaincue de la réelle existence d'esprits et de connexions avec l'au delà, elle la terminait avec des idées totalement chamboulées dans la tête. Avoir grandi dans un milieu très catholique qui l'aura dégouté rapidement des religions en tout genre. Rapidement elle s'était persuadée qu'il ne s'agissait là que de façons de faire plier les gens en cachant une autorité derrière des croyances plus divines. Alors penser à des esprits, des âmes ou à la possibilité de communiquer avec elles.. elle pensait à des supercheries, rien de plus. Aujourd'hui, après cette soirée, elle voulait bien croire à tout ce que Jina lui raconterait. Encore plus alors qu'il semblait que le sort était en train de s'acharner sur elles : la voiture ne démarrait pas. Lena aurait pu se mettre à crier tant elle était angoissée sur l'instant, mais elle craignait beaucoup trop de réveiller encore des esprits mécontents, alors elle gardait le silence. c’est pas possible… Jusqu'au bout cette soirée serait un calvaire. Jina, même si habituée et connaissance du monde occulte, paraissait abattue par les évènements. C’est quoi le numéro ? J'en sais rien. Elle n'avait jamais eu de problème avec sa voiture, surtout pas dans de telles circonstances. Je cherche… Les secondes parraissaient être des heures. Ca va couter une blinde. C'est pas un problème. Tant qu'elle pouvait rentrer chez elle saine et sauve, se débarrasser de ce drapeau et ne plus jamais venir dans cet endroit maudit... J’appelle… Lena scrutait Jina, le regard plein d'espoir. ca répond pas… Allaient-elles vraiment devoir finir par rentrer à pieds ? En tout cas, Lena ne comptait pas monter dans une voiture si quelqu'un s'arrêtait à leur hauteur : elle avait vu assez de films pour savoir que ce cas de figure risquait de mal se terminer, déjà que leur soirée d'halloween se déroulait comme un vrai film d'horreur. Ah ! Bonjour Monsieur ! est-ce que vous êtes dépanneur ? Enfin une solution semblait se présenter à elles. Le temps qu’il s’habille, il m’a dit, il avait pas l’air content… Elle soupirait. Il a qu'à changer de métier si ça lui plaît pas, hein. N'était-ce pas son but même de sortir des personnes de telles situations ? Non, Lena n'avait plus aucune patience à cet instant. D’ici quinze minutes max. Elle hochait la tête, ravie d'avoir un espoir de se sortir de là. Si on survit d'ici là. Qu'elle lançait, à peine sarcastique. Elle attrapait son paquet de cigarettes rangé dans la boîte à gant pour en prendre une entre ses lèvres et l'allumer, prenant soin d'ouvrir la fenêtre pour ne pas enfumer l'habitacle. Loin d'être accro à la nicotine, Lena avait bien besoin d'une aide pour déstresser un peu. Je suis désolée que ce se soit passé comme ça... Jina s'en voulait vraiment mais la blonde ne lui en tiendrait pas rigueur : qui aurait pu prévoir la tournure de la séance ? Tu pouvais pas savoir. Qu'elle répondait, sincère. Au moins maintenant j'aurais plus jamais de doute quand on me racontera une histoire sur des esprits. Une pointe d'humour venait illuminer son visage crispé depuis trop longtemps par la peur. Faut juste espérer que le dépanneur soit pas un gars louche, sinon on pourra cocher toutes les cases d'un film d'horreur à notre soirée. Au moins, côté frissons, on pouvait dire qu'elles auraient réussi leur soirée. Quelques minutes se passaient et alors que la cigarette de la blonde venait de se terminer, elle aperçu des phares de camionette arriver au loin. Ah, on dirait qu'il arrive, non ?

Le dépanneur était en route, même s’il n’avait pas l’air très content d’être dérangé en pleine nuit pour venir au beau milieu de nulle part. je lui avais donné la localisation et il avait l’air d’avoir compris très rapidement où venir et j’avais sentie dans sa voix, une pointe de jugement. Le retour à Brisbane allait être très long, je le sentais bien.
J’étais désolée pour Lena alors qu’elle pris une cigarette dans la boite à gant, chose que je l’avais rarement vu faire jusqu’à présent. Je me demandais même si je l’avais déjà vu fumer, en réalité. Mais c’était sans doute pour les cas extrêmes et pour le coup, c’était suffisamment extrême, une véritable catharsis, après tant d’émotions intenses. Une chance qu’elle ne m’en propose pas une, en général, je savais pas dire non, alors que j’en avais rarement vraiment envie. Tant mieux. Je me contenterai de respirer la fumée qui, même avec la fenêtre ouverte, venait tout de même vers moi. « Tu pouvais pas savoir. Au moins maintenant j'aurais plus jamais de doute quand on me racontera une histoire sur des esprits. » Quand certains pourraient continuer de croire qu’il y aurait des explications rationnelles à ce qu’on aurait vécu ce soir, pour le coup, j’étais aussi soulagée de ne pas être prise pour une folle. On pouvait dire que Lena avait été servie en matière de sensations fortes. C’est aussi ce qu’elle cherchait, en venant ici, après tout. « Faut juste espérer que le dépanneur soit pas un gars louche, sinon on pourra cocher toutes les cases d'un film d'horreur à notre soirée. » je secoue la tête. « Il avait pas l’air louche au téléphone. » est-ce que ça suffisait, une voix pour avoir ce sentiment ? Je sentais les choses, j’étais sûre que sur ça, on serait safe. « plutôt sexy même. » j’hausse les épaules, ça c’est mon soucis, de juger les voix et d’imaginer des têtes derrières. J’ai sans doute trop l’image de Reese en tête… et si c’était lui, d’ailleurs ? Non, il était garagiste, pas dépanneur… pourquoi j’ai pas pensé à l’appeler ? Quelle cruche.
Mon attention fu attirée par de la lumière au loin, des phares qui s’approchent de nous et c’est un réel soulagement que je ressens. « Ah, on dirait qu'il arrive, non ? » je secoue la tête, sortant de la voiture pour nous faire voir au loin. Notre retour à la vie civile, juste devant nous. La remorque se gare sur le bord de la route, très proche de nous et c’est un jeune homme d’une trentaine d’année qui en sort, de quoi me faire sourire en regardant Lena. « Tu vois. » que je lui glisse. Cette soirée allait sans doute bien mieux finir qu’elle n’avait commencé…