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Si pour certains, les nuits sont un bon moyen de décompresser et d’oublier leurs problèmes, et de s’effondrer sur leur lit et fermer les yeux pour quelques heures, pas pour toi. Tu ne saurais pas vraiment expliquer comment ni même pourquoi, c’est le moment de la journée où tu te sens le plus inspiré. Comme si le voile d’ombre sur Brisbane était le bon moment pour enfin créer et encore plus te cacher derrière des mélodies élaborées par tes soins et qui, pour le moment, viennent remplir l’un de tes nombreux disques durs. C’est ce qui se passe cette nuit-là et guitare sur les genoux, écouteurs sur les oreilles, tu sembles distrait entre ta table de mixage et ton ordinateur portable. Presque, pour toi, tous ces boutons lumineux et tous les différents réglages font parfaitement sens et si tu dois enregistrer la même série d’accord une, deux, cent fois... ce n’est pas un vrai problème dans le fond. Les écouteurs sont là pour ne pas déranger tout le quartier avec les accords de la guitare électrique et ils te garantissent un anonymat certain tandis que tu composes. Ton regard dérive bien de temps en temps sur Tosser, qui ne sait pas vraiment ce que tu fabriques, qui veut tantôt de l’attention et tantôt qu’on le laisse tranquille, mais, d’une certaine façon, l’animal aide au processus de création... d’une certaine façon, tu n’es pas certains que tirer avec autant d’entrain sur tes chaussettes dépareillées aident qui que ce soit mais... Tu as un sourire en t’emparant de ton stylo et changeant une parole, un mot sur ta partition de fortune, pas tout à fait convaincu par le rythme.
Tu peux te perdre des heures comme cela, ce que tu fais, ce qui explique comment tu finis par t’endormir sur ta chaise de bureau quelques heures plus tard, recroquevillé sur ta guitare comme s’il s’agissait de la chose la plus précieuse du monde et dans un sens, à cet instant précis, cela l’est. Tu as un sursaut certain quand ton réveil finit par retentir dans ta chambre et c’est à ce moment -là que tu réalises comment et où tu t’es endormi, te redressant un peu plus en baillant et en regardant le soleil venir peu à peu éclairer ta chambre. Tu abandonnes ton matériel sur ton lit et un peu incertain, tu rejoins Esmée dans votre pièce à vivre, ta grand-mère est beaucoup plus matinale que toi et quand elle te tend du café, tu le saisis sans vraiment hésiter, même si tu détestes le goût cela reste le moyen le plus efficace de te réveiller. "Encore une longue nuit ? Je vais finir par me poser des questions." Qu’elle commente et tu te contentes d'hausser les épaules, toujours en train de chasser le sommeil le plus loin possible, la boisson chaude aide, et tu te concentres encore plus sur les mots d’Esmée. "Mais je suis surprise que tu sois encore là, je croyais que tu donnais un cours de conduite à Jo aujourd’hui aussi." Oh, cela explique ton réveil, que tu réalises avec un temps de retard et tu remercies Esmée, la gratifie d’un léger câlin avant de filer dans la salle de bain pour vraiment te réveiller. Un peu plus et tu aurais été capable de te rendormir dans la cuisine, à la place, tu prends une douche froide, c’est une façon rapide et brutale de te sortir de ta torpeur et dans ta chambre, tu cherches des vêtements propres dans ton placard.
Tu es trop content de pouvoir te cacher derrière un pull jaune et un gillet en laine vert, beaucoup trop grand pour toi, pas du tout de paire avec la saison, le printemps arrive, et ta garde de robe n'est pas du tout appropriée, mais ce ne sera pas la première fois, du tout. Clefs de ton van en main et chaussures enfin aux pieds, tu ouvres la porte de ta demeure, ton regard se portant sur Josephine. "Je suis là, je suis là, désolé pour le retard." Que tu lâches en guise de bonjour, car tu es encore en retard et qu’il faudrait vraiment que tu travailles sur cette mauvaise habitude un jour. Pour te faire pardonner, tu tentes d’aller droit au but histoire de ne pas faire perdre son temps à la jeune femme qui doit avoir une journée bien remplie, elle. "Tiens les clefs..." Tu ravales un bâillement, te dirigeant déjà vers ton van. Certes, tu ne conseillerais pas d’apprendre à conduire en commençant par un tel véhicule mais quand Jo t’a demandé de lui apprendre les rudiments de la conduite il y a deux semaines de cela, tu n’as vu aucune raison de lui dire non. Entre le départ de Dahlia et ton manque apparent de métier permanent, tu n'as que du temps libre. "Tu veux commencer par quoi aujourd’hui ? On peut continuer de faire le tour de Toowong, ou trouver un parking vide pour faire quelques manœuvres."

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Putain, quelle angoisse, que pensa immédiatement Jo quand elle se retourna au bon moment pour voir arriver Nicholas. Elle ne demandait pas qu’il lui donne des cours de conduite en costard-cravate, mais il ne lui semblait pas non plus qu’elle l’avait encouragé à débarquer sapé en Bozo le clown. Pourtant, c’est comme ça qu’elle le surnomma dans son esprit quand il daigna enfin se pointer (en retard, donc) à leur rendez-vous du jour. Flanquée dans l’allée de garage des Hurley, les bras croisés sur sa poitrine dissimulée par un cache-cœur beaucoup trop serré, Josephine fronça le nez avec un dédain manifeste. Elle ne savait pas exactement comment lui était venue l’idée de lui demander de l’aide pour apprendre à manier le levier de vitesse, mais ça faisait quelques temps maintenant qu’ils s’adonnaient à cette activité tous les deux. Et ce n’était pas désagréable, encore qu’elle aurait préféré que le jeune homme se montre plus autoritaire pour lui apprendre les rudiments de la conduite — c’était trop lui demander sans doute, lui qui avait toujours l’air de voir la vie sous les couleurs de l’arc-en-ciel… en fait non, qu’elle avait appris en partageant quelques secrets avec lui, mais ça lui plaisait de le penser aussi niais qu’il en avait l’air, ça lui permettait de moins s’attacher à ce qu’il dégageait dans le fond. Elle ne pouvait pas se montrer trop exigeante cependant, il avait accepté de jouer les moniteurs sans lui demander de compensation financière, et bien qu’elle trouvait toujours un truc à redire à son sujet, elle lui était reconnaissante de sacrifier quelques heures de sa vie chiante à crever pour lui faire entrer quelque chose dans le crâne.

Mais quand même. Sa tenue du jour lui donnait envie de se crever les yeux avec ses ongles affutés. Mais était-elle vraiment étonnée de le voir fagoté de cette manière ? Absolument pas. En le regardant marcher jusqu’à elle, elle pensa même qu’il avait déjà fait pire. Ce n’était pas pour autant qu’elle allait le féliciter, même si dans son esprit elle se dit qu’au moins, il n’y avait pas de motifs sur son pull du jour.
Elle repoussa son envie de gerber son petit-déj sur ses chaussures, et l’accueillit avec un arc de sourcil accusateur quand il lui tendit les clefs de son van "Merci d’enfin vous montrer, votre altesse." ironisa-t-elle, retenant une courbette pour appuyer son sarcasme, en n’ayant même pas besoin de vérifier l’heure sur son téléphone portable, glissé dans son décolleté, tant elle avait appris qu’il était aussi incapable de s’habiller décemment que d’arriver à l’heure "Je vais finir par croire que tu mènes une double-vie. Y a que les rois ou les truands qui peuvent se permettre de pas être ponctuels… et comme je sais que t’as rien d’un roi, hein." Elle exagérait. Il était loin de sentir la nuit de folie, plutôt le lait chaud et le sucre, mais au moins, elle se retenait d’être insultante pour lui laisser le temps d’investir le van, qu’elle aussi, rejoignit sans s’appesantir davantage, malgré l’envie folle qu’elle ressentait dans son petit cœur de pointer du doigt les cernes immondes qu’il avait sous les yeux "J’en ai assez de faire le tour du quartier, je commence à le connaître par cœur." lui répondit-elle en ouvrant la portière à la volée. Certains se demanderaient pourquoi elle avait mis autant de temps à s’intéresser à l’action de conduire une bagnole. Quand on avait les rêves de grandeur de Josephine Ophelia Carter, on ne s’encombrait pas de ce genre de choses. Elle avait toujours été conduite d’un point à un autre, que ce soit à l’époque de Six Times Motown, ou à celle de The X-Factor, alors pourquoi faire l’effort d’embarrasser son cerveau de notions dont elle ne se servirait jamais ? Mais sa vie avait changé, beaucoup, et elle en avait sa claque de prendre les transports comme les gueux du coin — ou de quémander des trajets à Denzel, Nicky, ou tous à ceux qui avaient assez peur d’elle pour ne rien lui refuser. Il fallait avouer aussi que pour conduire Nana à ses rendez-vous médicaux, conduire son propre carrosse, ça ne serait pas négligeable. Alors oui, elle était peut-être late to the party, mais ne dit-on pas qu’il ne vaut mieux tard que jamais ? Ça l’arrangeait bien, dans ce cas-ci, de se reposer sur des adages de vieilles personnes ; à croire qu’elle commençait à se laisser atteindre par l’environnement dans lequel elle évoluait depuis bien trop longtemps maintenant. Tant qu’elle restait fraîche, ça lui faisait une belle jambe de parler comme une grand-mère.
Elle attendit que Nicky soit installé du côté passager pour poursuivre sa réflexion à voix haute, insérant la clef du véhicule avant toute chose "Il est pas trop tôt pour trouver un parking vide ?" Qu’elle lui demanda avant de jeter un regard sur celui. Sa tête s’inclina assez loin pour toucher le haut de son propre siège, quand elle ajouta d’une voix roucoulante de sous-entendus "Enfin, c’est toi le prof, c’est toi qui sais…" Et elle tourna la tête vers lui en battant exagérément des cils, aimant particulièrement endosser le rôle de l’élève et jouer avec ce cliché de mauvais porno pour le mettre mal à l’aise.

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crédit/(dadzixgifs/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

"Désolé... vraiment pour le coup." Que tu as articulé à l'adresse de Jo, ne sachant pas vraiment si ta voisine se soucie ou pas de ces mots-là. Quoi que... pour le coup, tu le sais, tes excuses ne comptent pas vraiment, le mal est déjà fait, Jo a déjà dû attendre et tout, de son ton à sa posture indique qu'il est déjà trop tard dans le fond. Un jour tu feras quelque chose contre cette très mauvaise habitude, un jour, pour le moment, tu te contentes de donner les clefs à Josephine, te promettant que tu feras mieux la prochaine fois. Oui, tu préfères te concentrer sur votre leçon du jour. Ce qui est un peu ironique quand tu y penses bien, toi, la personne qui angoisses le plus souvent à l'idée de te retrouver derrière un volant, tu donnes des cours de conduite. Tu n'as pas hésité quand Josephine t'a posé la question il y a quelques semaines, y voyant surtout une opportunité d'occuper ton temps, tu n'as même pas demandé de compensation financière, cela ne t'a même pas traversé l'esprit, bien persuadé d'être un très mauvais instructeur. Le tien a été plus que mauvais il y a des années de cela, de quoi provoquer des crises de panique chez un Nicholas beaucoup plus jeune et ne pas te donner envie de conduire.
Tu as seulement persévéré suite aux encouragements d'Esmée et de Dahlia, bien persuadé qu'avoir le permis était une chose utile. Tu as eu raison dans un sens, sans ton van, les déplacements de 15 possible girlfriends auraient été bien difficiles, et même maintenant, maintenant que tu n'es plus à la tête d'un groupe et que tu te contentes juste de donner des cours, avoir le permis et ton propre véhicule, c'est un luxe dont tu ne saurais te passer. Tu es donc là pour aider, et uniquement pour aider, et Jo, même si elle ne sait pas encore complètement et tout à fait conduire, sera toujours une bien meilleure conductrice que Vance après trois verres, ou Dahlia qui chante à tue-tête alors... Alors tout va bien."Si c'est une double vie où je joue toujours de la guitare, alors tu n'es pas si loin de cela de la réalité..." Que tu marmonnes, plus pour toi que pour Jo, elle a sa façon à elle de te décrire et si tu n'as pas répondu à la plupart de ses questions, c'est parce que premièrement, elles sont intrusives à souhait, et ensuite parce que l'imagination de la jeune femme est bien fournie.
Elle est capable de faire une conversation toute seule, tout en te remettant à ta place et ce avec un sourire impeccable sur le visage. Pourquoi la contredire, vraiment ? Aucune raison de le faire, cela te va très bien dans le fond, elle prend les devants et même maintenant, même quand elle s'installe dans ton van, tu en fais de même, côté passager, bouclant automatiquement ta ceinture. Tu n'es pas vraiment surpris quand elle te dit qu'elle commence à en avoir assez de vos rues familières, un sentiment partagé pour le coup, elle ne risque pas d'apprendre grand-chose ici et puis si vous passez encore devant la fenêtre d'Esmée, elle risque de se demander si tu apprends vraiment quoi que ce soit à Joséphine. Alors pourquoi pas, tu sors ton téléphone des tréfonds des poches de ton pantalon, ouvrant déjà une application pour avoir le plan de Brisbane sous les yeux. "Il y a toujours un parking vide, laisse-moi vérifier... okay…" Tu réfléchis rapidement, tes doigts zoomant sur la carte grâce à l'écran tactile, avant de te décider, il vous faut un endroit avec de la place, et très peu de monde, vous n'avez pas choisi le jour le plus tranquille de la semaine, mais avec un peu de chance, beaucoup seront retournés à leur travail dans leur bureau et vous aurez quelques heures sans problèmes. Tu prends rapidement ta décision, vous en aurez pour une vingtaine de minutes jusqu'à votre destination et Jo peut toujours conduire lentement et tant pis si cela en énerve plus d'un.
"Okay, je te guide." Que tu annonces simplement et ton regard bleuté est posé sur la jeune femme tandis que tu l'observes démarrer le van, plus que vieux et usé. Le véhicule était déjà vieux et usé quand tu l'as acheté et il a pris de l'âge, oui, la peinture a été refaite, le moteur changé quelque fois, mais il reste toujours en mauvais état et tu espères vraiment que Jo s'achètera quelque chose décent pour manœuvrer dans un futur proche. Le son du moteur te tire légèrement de tes pensées et tu lui indiques de sortir de votre rue et de prendre la première à droite. Il faut toujours vérifier son rétroviseur et mettre son clignotant, tu le lui as déjà dit et plutôt que de te répéter, tu l'observes pour voir si elle suit bien tes précédentes directives.... Et tu te retrouves même à faire la conversation. "J'ai le bon âge pour être prof, et nos leçons de conduite m'aident à pratiquer pour plus tard, quand je donne des cours de piano le soir. Oui, je sais, tu ne m'as pas demandé, je parle dans le vide." Tu hausses déjà les épaules, sachant bien que vous n'êtes pas obligés de faire la conversation, ce serait bizarre si vous étiez silencieux déjà, et puis les piques de Jo sont devenus familières en fait, cela fait partie d'un tout ; c'est elle tout simplement, si tu n'étais pas en mesure de l'accepter, tu aurais dû dire non depuis le début et c'est tout. Mais oui, que tu te dis l'instant suivant, tu fais enfin un métier qui correspond bien à ton âge, entre les cours de musique et les cours de piano, on devrait t'appeler professeur Nicky et plus juste Nicky."La prochaine à gauche ? Oui." Que tu confirmes, après avoir jeté un coup d'œil au plan.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

Elle avait tendance à le trouver niais, Nicholas Hurley. Mais s’il l’était vraiment, il serait un peu drôle. Et putain qu’il était chiant, à toujours tout prendre au premier degré, et à sans doute penser que faire preuve d’un peu d’humour ce serait indécent. Il aurait fait un bon curé, qu’elle se dit en roulant des yeux sitôt qu’il rouvrit la bouche. Et elle soupira fort, l’entendant répondre à ses provocations avec un sérieux qui faisait partie de sa panoplie — il n’avait de Bozo le Clown que les fringues, songea-t-elle en bouclant sa ceinture de sécurité, et parce qu’elle ne pouvait pas ronger son frein plus de trois secondes, elle finit par lui demander avec désinvolture "Il t’est arrivé quoi dans la vie pour que tu sois si coincé. Je suis pas toujours un rayon de soleil, mais ça va, détends-toi, tu m’angoisses." Elle attrapa le volant sans démarrer pour autant, faisant simplement jouer le cuir sous ses doigts.
Ça faisait plus d’un an qu’ils se côtoyaient assez régulièrement — malgré toutes les pauses qu’il y avait eu dans leur contact parce qu’ils avaient une vie, parce que Jo ne supportait pas toujours d’être confrontée à lui, qu’il drainait quelque chose en elle qui lui sapait toute son énergie — et il lui semblait qu’ils n’avaient fait aucun vrai progrès dans leur rapport l’un envers l’autre. Bon, peut-être qu’ils avaient fait quelques progrès depuis qu’ils étaient devenus les co-propriétaires du chat de gouttière qui répondait au nom de Tosser et que la jeune femme avait apporté à son voisin, mais pas tellement en réalité, s’apercevait-t-elle aujourd’hui en direct. Pas que ça la contrariait plus que ça, mais c’était désarmant d’être face à quelqu’un d’aussi stoïque que Nicholas. Alors dans un sens, il équilibrait le duo qu’ils formaient sans vraiment le vouloir, endossant le rôle du vieux sage qu’il était, mais ça n’encourageait en rien Josephine à se montrer plus délicate avec lui.
Devait-elle vraiment l’être, elle se posa la question quand il reprit la parole pour rebondir sur le rôle de professeur qu’elle lui avait donné, et arqua un sourcil quand de nouveau, il se sentit obligé de prendre ses paroles avec sérieux. Elle se réinstalla bien face au volant, le lâchant en même temps "Je te fais peur ou quoi ? Pourtant, tu me laisses le volant de ta bagnole pourrie, c’est le pire move de la part de quelqu’un qui me donne l’impression de se faire dessus chaque fois que j’ouvre le bouche." Elle était de bonne humeur tout à l’heure. Mais là, son visage se renfrogna quand elle ajouta, les yeux fixé sur la devanture de la maison face à celle des Hurley "Je t’ai déjà dit de pas anticiper ma façon de penser. Je t’ai peut-être rien demandé, ça veut pas nécessairement dire que ce que tu me racontes m’intéresse pas." La nuance que prirent ses joues, elle était trop rosé pour qu’elle ne témoigne pas de sa vexation soudaine — qu’elle dissimula derrière un sourire de façade, bouche fermée "Mais j’ai compris que ça te plaisait de croire que je suis un être insensible et cruel… c’est facile de me donner le mauvais rôle, je suis une connasse après tout." Là, elle démarra, trouvant fort opportun d’avoir cette action pour elle qui donna à ses paroles une petite portée dramatique qui la plaçait comme personnage principal de l’intrigue dans laquelle ils évoluaient tous les deux.

Elle tourna à gauche quand il le lui dit, gardant le silence en maintenant une conduite lente, plus prudente que d’ordinaire. Mais elle n’aimait pas le silence, c’était davantage pour cette raison que d’habitude, elle comblait la conversation en commentant ce qu’elle voyait au travers du pare-brise du van de Nicholas — et non parce qu’elle aimait s’écouter parler, qui l’aurait cru. La plupart du temps, elle se montrait insultante parce que c’était son mécanisme de défense, et que partir dans des dialogues qui lui demandaient d’être un peu profonde et sérieuse, ça la mettait mal à l’aise. Oui, Josephine aimait être le centre du monde, mais elle n’aimait pas parler d’elle et de ses secrets. Elle était superficielle, quiconque la connaissant un tantinet ne l’ignorait pas alors elle s’en prenait à l’apparence de ceux qu’ils croisaient, et qui soudain, devenaient les pions d’un jeu qu’elle jouait pour masquer son propre embarras. A ce moment-ci, c’était silencieux, et sans doute que ça le resterait, qu’elle se dit en jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur pour ne pas avoir à en jeter un en biais à Nicholas.
Il n’y avait personne à fustiger à l’extérieur. Même si son amour propre lui disait de continuer à se la fermer pour permettre à Nicholas de s’enfermer dans son monde accablant d’ennui, ça devenait trop difficile de supporter l’épaisseur du calme étrange qui régnait dans l’habitacle, et parce qu’elle n’avait aucun self-control, elle finit par lui demander "Tu donnes des cours de piano depuis combien de temps ?" Elle aussi en avait donné quelques-uns lorsqu’elle avait emménagé à Brisbane. Elle avait arrêté assez rapidement, prenant conscience que ce n’était sûrement pas ce qui paierait les factures, mais ça avait été un exercice intéressant au final. Elle ne savait pas si elle était vraiment douée pour ça, aussi elle avait réussi à faire progresser son élève, c’était que dans le fond, sa fibre artistique était assez solide pour qu’elle parvienne à transmettre ce à quoi elle avait passé sa vie à faire.

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crédit/(dadzixgifs/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

S’il y a bien quelque chose de clair à tes yeux, c’est que Jo et toi vous évoluez dans deux sphères bien éloignées l’une de l’autre. Oui, vous êtes bien différents, en plus de l’âge qui vous sépare, impossible de nier ce fait, et pourtant, tu n’aurais pas la prétention de dire que tu comprends la jeune femme. Tu le lui as déjà dit, tout comme tu as déjà retenu toute question intrusive car dans le fond, cela ne te regarde pas et si ce n’était pas pour l’amitié solide entre Ava et Esmée et votre proximité, vous ne vous verriez pas si souvent que cela au final... Pourtant, tu as accepté de l’aider, tu aurais tout simplement pu la diriger vers une école de conduite pas trop chère et lui donner quelques conseils en carton et passer ton chemin. Tu ne sais pas ce qui t’as poussé à dire oui, pas vraiment l’ennui, pas le manque d’argent, clairement pas, vu qu’elle ne te paye pas et tu n’as même pas la réponse à cette question toi-même. L’occasion de faire quelque chose de différent ? Ou pas, ce n’est pas vraiment ton genre de sentir des sentiers battus et tu supposes que l’angoisse permanente que tu te trimballes tout le temps est encore plus invivable dans l’habitacle de la voiture, cela explique certainement les mots de Jo à ton égard. "Tu ne veux pas savoir..." Que tu murmures automatiquement, parce que ce n’est pas un récit très intéressant et tu ne te vois pas expliquer à ta voisine comment tu as fini avec autant de lacunes émotionnelles. En plus d’un tas de tiques pas du tout pratiques dans la vie de tous les jours.
Mais elle se trompe, tu n’anticipais pas du tout sa façon de penser, non, tu fronces même légèrement les sourcils, ton regard bleuté tombant un instant sur Josephine elle-même, puis sur les rues plus que familière de Brisbane. Non, tu ne faisais que répéter le schéma de vos conversations précédentes, sauf si cela aussi a changé. Si c’est le cas, personne ne t’a prévenu et tu hausses légèrement les épaules. Ton regard se pose de nouveau sur elle quand la jeune femme tente elle aussi de deviner ce qui te passe par la tête et elle est tellement loin du compte que tu fronces encore une fois les sourcils. Tu la fixes pendant une seconde, puis deux, résistes à la tentation grandissante de te cacher dans ton pull et tu fixes de nouveau sur la route. Et si tu pensais toutes ces choses-là, qu’est-ce que ça changerait ? Depuis quand ton opinion de Josephine Carter impacte sa vie quotidienne ? Elle t’a déjà dit que ce n’était pas le cas, à plusieurs reprises, avec ses mots à elle et tu ne vois pas comment tu lui as déjà donné le mauvais rôle. Elle te voit comme un peu plus médisant que tu ne l’es et cela te froisse un peu, en plus du reste.
Le reste ? Qu’elle se trompe sur toute la ligne et ce n’est simplement pas ces mots-là que tu utiliserais pour la décrire. Pas du tout. Plus que d’être froissé, cela te peine un peu de savoir que ce qu’elle s’imagine, aussi, tu finis par t’éclaircir la gorge, dans le silence qui accompagne votre leçon d’aujourd’hui et que tu sais avoir causé. "Tu es impressionnante oui mais ce n’est pas cela..." Que tu marmonnes sur un ton un peu plus faible que ta voix normale et tu te forces à prendre une autre inspiration avant de reprendre. Parce que Jo n’est pas un bourreau et n’est pas non plus une connasse, comme elle vient de le dire, non, tu as connu des bourreaux par le passé et elle est bien loin de tout cela. Elle est assurée et indépendante, complètement, elle sait ce qu’elle veut et si elle doit prendre de la place... alors tant pis pour les autres. "Je crois que je suis un peu jaloux dans le fond, je ne sais pas comment me tenir avec la tête aussi haute que toi, et ce n’est pas un reproche que je te fais ou quoi que ce soit mais..." Tu hausses les épaules, interrompu par la voix de ton téléphone qui donne toujours des directions, cela te fait un peu sursauter d’ailleurs, cependant, tu fais de ton mieux pour te reprendre. Ce n’est pas de la faute de la conductrice s’il t’est arrivé assez de malheurs pour que tu sois méfiant et anxieux à longueur de temps, non, cela en dit plus sur toi que sur elle dans le fond.
Tu la vois au quotidien s’inquiéter pour Ava et s’assurer que rien ne vienne déranger sa routine et qu’elle ne manque de rien, tu l’as déjà vu baisser un peu sa garde dans ta chambre quand elle est venue envahir ton espace personnel, et tu l’as déjà vue chanter, beaucoup plus vulnérable que jamais dans ces moments-là. Jo n’est pas un monstre, elle est juste compliquée et hu-maine, c’est tout. "Je n’essayais pas d’anticiper tes réactions et je ne t’ai jamais vu comme quelqu’un d’insensible ou de cruel Josephine, si c’est ce que tu penses, sache que c’est faux." Et que tu es désolé, il te faut user de beaucoup de volonté pour ne pas prononcer des excuses, est-ce que tu n’en as pas déjà prononcé pour toute une vie entière dans le fond ? Si, très probablement que si. "Tu es juste beaucoup plus forte que moi, crois-le ou non, tu es la personne la plus équilibrée que je connaisse." C’est un vrai compliment que tu lui fais et tant pis si ton entourage est limité, cela reste la vérité et tu espères qu’elle s’en rendra véritablement compte. Tu n’es tout simplement pas doué, c’est tout, dans une autre vie, tu dois être doué pour le small talk et que tu ne dois pas être ennuyeux à souhait... oui, dans une autre vie. Mais elle t’a posé une question, tu peux commencer par lui répondre, honnêtement, et la laisser décider quoi faire de l’information.
"Et juste depuis quelques semaines, trois... trois et demi je crois." Tu hausses encore les épaules, car elle pourrait te faire remarquer que tu as déjà un métier, tu avais, plus maintenant, malheureusement. "Dahlia est partie, alors j’ai décidé de ne pas continuer le groupe... rien de dramatique, au contraire, elle s’est faite repérer par un producteur et je lui ai dit de sauter sur l’opportunité." Un sourire léger franchit ton visage en faisant l’annonce, tu seras toujours fier de Dahlia, cela ne changera jamais et tu es content que sa voix et son talent aient pu la mener ailleurs. Elle a bien essayé de te persuader de la suivre mais tu ne pourrais jamais quitter Brisbane pour trop longtemps, Esmée dépend de toi, ici c’est chez toi, tu n’as jamais eu envie d’aventures et cela ne va pas commencer maintenant. "Mais il me faut toujours un moyen d’arrondir les fins de mois... et continuer de payer toutes les dépenses médicales d’Esmée..." Tu as bien des économies, ton style de vie n’est pas des plus extravagants, ton véhicule n’est même pas la chose la plus chère que tu possèdes, non, ce sont tes instruments, tu préfères voir venir, au cas où un mauvais jour arriverait. "C’est sur ta droite, et après je crois qu’on est arrivés."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

"Sans blague, Captain Obvious." qu’elle dit, disséminant toute son ironie dans l’habitacle qui les accueillerait un temps encore, et laissant échapper toute la vexation que l’attitude de Nicholas avait fait naître chez elle. Oui, Josephine Ophelia Carter était impressionnante. Elle s’était forgée cette carapace bien assez tôt pour se prémunir de la poigne de son père, et de l’avantage qu’aurait toujours ses frères sur elle. Elle avait prit leur automatisme de mâles, elle flirtait presque avec le cliché de la fille qui avait grandi entourée d’hommes tant elle se sentait parfois obligée de verser dans la vulgarité et dans le sans-gêne pour asseoir sa présence. Elle mesurait à peine 1m60. Elle n’avait d’imposant autre que ses courbes en vérité, alors elle avait vite compris que si elle ne voulait pas qu’on lui marche sur les pieds, il fallait qu’elle travaille sur son tempérament. Et elle avait bien fait.
Jo avait souvent eu la sensation d’être soumise durant son enfance, surtout, et quand l’adolescence était arrivée pour elle, elle avait voulu rapidement faire se renverser la vapeur. Aussi, elle était devenue belliqueuse, arrogante et constamment sur la défensive, cherchant à cacher ses faiblesses de la manière la plus archaïque possible. Mais ça lui plaisait, d’imposer ce respect aux autres quand ils s’apercevaient qu’elle n’était pas qu’une voix, qu’un corps, et qu’elle avait la capacité, rien qu’avec son charisme, de faire plier les plus costauds. C’était satisfaisant à bien des égards, tant pis si ça ne donnait pas une image très reluisante d’elle, surtout quand elle ouvrait la bouche pour explorer son panel d’insultes dont elle seule avait le secret, mais c’était comme ça, et elle était bien heureuse que Nicky, lui aussi, la voit comme quelqu’un d’impressionnant. Elle l’était.

Ce qui la chagrina en revanche, c’est le oui mais qu’il apposa à la fin de la phrase. Oui mais, quoi ? Elle arqua graduellement un sourcil, gardant l’œil sur la route pour ne pas envoyer le van du jeune homme dans le décor. Oui mais rien du tout, songea-t-elle, refusant tout de go de le laisser continuer ; mais elle ne fut pas assez rapide pour le couper, et il eut tout le loisir de poursuivre sa tirade qu’elle accueillit avec les sourcils froncés — c’était moins pire que ce qu’elle avait imaginé, et parce qu’il lui faisait un peu pitié sur le coup, elle lui dit "C’est pas que tu réussis pas à te tenir avec la tête aussi haute que moi, c’est que je crois que t’as jamais vraiment essayé parce que tu crois que ça ferait de toi quelqu’un de mauvais. Mais avoir un peu de fierté, ça fait pas de toi le vilain de l’histoire en vrai. Mais je crois te l’avoir déjà dit." Elle avait toujours l’impression qu’il craignait profondément de s’attirer les foudres d’autrui, et qu’au plus il disparaissait, au plus il se sentait en sécurité. Alors oui, elle avait bien comprit que jamais il ne rentrerait dans les détails, par honte ou par pudeur, elle ne saurait le dire, mais il devait y avoir chez lui des secrets qui le poussaient à agir de cette façon en particulier. C’était putain de triste, mais elle n’était pas psy, et elle ne le pousserait jamais autant dans ses retranchements, grand bien lui faisait de mariner dans ses traumatismes. Elle haussa les épaules, autant pour faire fuir ses propres pensées, que pour envoyer valser ce qui ressemblait déjà à des excuses dans la bouche de Nicholas "Si tu t’excuses vraiment, tu sors de cette bagnole." qu’elle lui dit après qu’il eut jugé bon de la remettre gentiment à sa place à propos des intentions qu’elle lui prêtait. Oui, c’était sa bagnole en l’occurence, mais c’était elle qui tenait le volant, alors elle avait ce pouvoir. Elle tourna brièvement le regard vers lui, mais retrouva vite la route quand elle lui répondit en même temps "Si je suis la personne la plus équilibrée que tu connaisses, je vais vraiment commencer à m’inquiéter pour toi. Faut sortir Nicholas, tu verras que je suis loin de coller à la définition. Mais tu sais quoi, ça me plaît bien d’avoir des tares aussi, ça me rend plus accessible." Tu parles, elle n’avait rien d’accessible, et elle le savait très bien. Mais la conversation retrouvait un rythme plus serein, et pour conduire, ça valait mieux.
Enfin, il s’attarda sur la question qu’elle lui avait posé pour briser le silence, et encore un peu, elle se concentra sur la route. Il n’y avait pas grand-monde, la journée avait débuté il y avait un moment déjà, et les rues étaient aussi calmes que la nuit, quand les fenêtres étaient fermées, et que tout le monde était endormi. Ça rendait l’exercice de ne pas laisser son regard vadrouiller un peu plus facile, elle qui avait tendance à se laisser déconcentrer par les silhouettes qui défilaient, là, elle conduisait sans but précis, mais avec la ferme attention de parvenir à maintenir une vitesse raisonnable, tout en suivant le code de la route — ou les maigres notions qu’elle avait du code de la route, parce qu’elle n’était pas du genre à bucher sur un bouquin pour s’abreuver d’un savoir de ce genre, fallait pas pousser non plus. Elle pinça les lèvres, opina du chef quand il lui apprit que ça ne faisait que quelques semaines qu’il s’était lancé, et leva les sourcils quand il lui apprit le split de son groupe "Je savais pas que c’était terminé. Vous auriez pu continuer sans elle, vous êtes doués." C’était sincère, mais elle savait aussi que quand on perdait un des moteurs d’un machine aussi bien huilée qu’un groupe musical, il fallait cravacher, et elle n’était pas sans savoir que Nicholas s’en remettait à son instinct pour jouer. Il ne voyait pas ça comme un travail. Elle tourna à droite quand il le lui indiqua, faisant jouer le volant entre ses doigts de pianiste quand elle ajouta dans la foulée "Tu vas pas aller loin si tu te contentes de leçons de piano pour payer les dépenses médicales d’Esmée. Pourquoi t’enregistres pas un truc, ça pourrait fonctionner." Elle lança l’idée sans même y réfléchir, c’était souvent le cas quand ça causait musique. Elle n’était peut-être pas la meilleure conseillère dans le genre, sa carrière avait lamentablement échouée, mais restait qu’elle avait l’oreille, et qu’elle savait que Nicky avait des capacités pour se faire un peu de blé autrement qu’en apprenant à des gamins de 12 ans à aligner des accords sur un instrument auquel ils ne toucheraient plus jamais une fois qu’ils sauraient jouer La Lettre à Elise pour le piano ou Wonderwall pour la guitare.

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Tu ne t'excuses pas non, tu lui expliques ton point de vue et pourquoi tu es de nature aussi méfiante avec toutes les personnes qui viennent déranger ton quotidien et ta routine très bien établie avec Esmée. Ce n'est pas contre Jo, bien sûr que non, et tu as été le premier à froncer les sourcils quand Esmée t'a annoncé qu'Ava n'allait plus être seule et qu'un membre de sa famille s'était installé dans l'autre chambre. Jo est Jo, cela tu le sais bien, tu as bien fini par comprendre qu'entre ses roulement d'yeux, son ego de taille conséquente et sa voix qu'elle maitrise à la perfection, elle a un langage qui est bien à elle et que personne, personne, ne lui dicte quoi faire. Et c'est tout à son honneur, tu ne peux qu'admirer sa ténacité et te dire que dans une autre vie, tu aurais été capable d'asseoir ta propre position un peu plus... pas dans celle-là, dans celle-ci, tu constates que la brune et toi vous réussissez enfin à avoir une conversation normale et ce même si elle pointe certains de tes défauts. Mais est-ce qu'elle a tort ? Non, elle a beau être plus jeune que toi, elle a définitivement compris quelque chose à propos de la vie qui t'a toujours échappé et tu marmonnes un simple : "Tu l'as déjà dit oui..." parce que tu ne comptes pas sortir de ton propre véhicule. Et que Jo réussit même à t'arracher un sourire quand elle reprend la parole, tu l'imagines très bien s'inquiéter pour toi justement, et prendre les commandes (et même le volant...) de ta vie sociale et te pousser à voir plus de monde. Cela provoquerait plus une crise de panique qu'autre chose, cependant, cela reste marrant à imaginer et cela ne fait de mal à personne, pas vrai ?
"Hmm, peut-être que je vais finir par suivre tes conseils, qui sait, la nouvelle année arrive très bientôt, faudrait que je prenne des bonnes résolutions pour les abandonner six mois plus tard." Un léger rire t'échappe, tu es assez vieux pour savoir que malheureusement, les bonnes résolutions ne durent jamais, et si tu es un grand fan de Noel et de tout ce que le 24 et le 25 décembre représentent, tu n'as jamais compris l'engouement pour la fin de l'année. Surtout quand les gens se mentent, et sciemment, pour corriger ou polir certains défauts, cela ne dure jamais bien longtemps, non, c'est même devenu assez coutumier d'en plaisanter, en repartant dans la même direction d'ailleurs... alors à quoi bon ? Tu ne sais pas et tu ne fais pas partie de ceux qui prennent des décisions cruciales quand la nouvelle année arrive, tu seras toujours Nicholas l'année prochaine, cela ne changera jamais et tu renvoies un autre sourire à Jo tandis qu'elle suit tes instructions, conduisant toujours à une vitesse plus que raisonnable. Ton sourire s'agrandit légèrement en entendant le compliment de la jeune fille, ils sont rares tu le sais et elle a raison sur un point, cependant tu hoches négativement, la tête. "Merci, mais ça aurait fait bizarre, c'est la voix de Dahlia qui nous a porté, continuer sans elle... ça aurait été un peu comme une trahison."
Quelque part, tu te dis que Jo peut comprendre exactement où tu veux en venir, tu as songé, pendant une seconde, à faire des auditions, trouver un alto qui correspond à celui de Dahlia et continuer à mettre l'ambiance de mariages en mariages mais... Non. 15 possible girlfriends, ce n'est pas, enfin ce n'était pas que la scène, pas que les répétitions avortées par des coups de fils ou des mariées un peu trop perfectionnistes. Non, c'était aussi les moments passés à composer en suivant la voix de Dahlia, tous les moments de doute pour tenter d'impressionner un client avec un solo... c'était la parfaite combinaison de toutes vos idées en fait, les tiennes et celles de Dahlia, continuer sans elle, ça aurait été plus qu'une trahison. Et oui, peut-être que tu es un peu trop mélodramatique, sans doute. "J'ai des économies surtout oui..." Que tu commentes enfin, sortant de tes pensées et résistant à l'envie d'appeler Dahlia justement, elle doit être dans un autre hémisphère, probablement endormie, ou alors en plein concert, autant ne pas la déranger maintenant. Mais oui, en vérité, tu es de ceux qui préfèrent voir venir et être la tête d'un wedding band a toujours été lucratif, assez pour amasser un petit pécule et voir venir. Tes nouveaux clients sont moins généreux que les précédents et, il faut bien l'avouer, ce n'est pas ton style d'insister et de demander plus de sous, tes honoraires varient donc beaucoup. "Et je ne sais pas, mon cerveau passe en mode off quand je passe les portes d'un studio et je ... et je... rien en fait. Je me bloque, c'est bête je sais..." Tu le sais mais être en studio rend les choses tellement plus formelles, tellement plus pompeuses, comme si tu avais moins de liberté. Tu t'es prêté au jeu seulement trois fois, et la troisième fois tu es devenu tellement pâle que c'est Vance en personne qui t'a fait sortir, jugeant que c'était assez.
Tu peux observer, c'est sûr, mais que personne ne te demande de faire quoi que ce soit dans ces conditions-là. "Je commence à avoir du bon matériel chez moi et puis les gens sur la toile semblent apprécier mes covers alors..." Tu hausses les épaules, ce n'est sans doute rien, et tu réalises qu'il y a des tas de gens comme toi sur YouTube, mais cela te plait assez pour continuer. "Et Tosser, il commence à devenir très populaire." Que tu ajoutes dans un autre rire, tu t'es penché vers la section des commentaires, oui, cela t'arrive, avec un chocolat chaud dans les mains et sous l'ombre de la nuit, l'animal fait quelques apparitions sur tes genoux, en train de dormir sur ton lit et ça a été assez pour qu'on commence à se poser des questions. "Hey regarde ça, on est arrivés." Tu as un coup de tête vers le parking en question, tu n'aperçois que quatre voitures d'ici, la chance, semble être encore de votre côté. "Bon, je ne suis pas le champion pour me garer et avec un véhicule de cette taille, il faut faire attention... donc je te souhaite vraiment d'acheter une voiture... un peu plus moderne."

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"T’as l’air normal quand tu parles de bonnes résolutions." qu’elle lui lança sans crier gare, passant outre sa propre vexation pour faire perdurer le dialogue qui reprenait en s’intéressant à Nicholas et à ce qu’il faisait. Il était ce genre de types qui vivent la tête dans les nuages, au point de paraître tout droit sortis d’un mauvais roman. Il avait l’aura d’un personnage soft au possible, celui qu’on retrouvait dans les romans de Rainbow Rowell et dont la protagoniste, une ado ingrate et repliée sur elle-même, tombait éperdument amoureuse parce qu’il répondait au cliché du mec qui comprend tout, et tout le monde, mais surtout les gamines de 16 ans mal dans leur peau — simplement parce qu’il avait lui-même été un adolescent disgracieux, malmené par sa croissance fulgurante, qui n’avait jamais su où se mettre tant il prenait de la place en longueur et dont on se foutait quand il avait commencé à muer… jusqu’à ce que sa mâchoire se développe et que qu’il vire la mèche rebelle qu’il avait sur le front pour devenir celui que tout le lycée veut troncher entre midi et deux dans les toilettes du personnel. Elle ne pouvait pas s’en empêcher, d’alimenter cette ironie qu’elle lui réservait entièrement, même quand elle ne la déversait pas sur lui pour de bon, et elle ne comprenait pas vraiment pourquoi dans le fond. Il était toujours sympathique avec elle, et s’ils s’étaient connus plus tôt, avant qu’elle ne devienne aussi insupportable dans son rapport aux autres, leur passion commune aurait pu les rapprocher. Mais la douceur de Nicholas, c’était de trop pour elle ; elle avait soit l’impression qu’il en faisait des caisses, soit l’impression qu’il se complaisait dans ce tableau de l’homme trop timide pour être sociable parce qu’il était paresseux. Bien sûr, elle se fourvoyait, elle le savait très bien, autant qu’elle savait que tout chez lui était naturel et qu’il était assez courageux pour affronter le regard des autres en faisant ce qu’il savait faire de mieux.

Elle avait du mal à se positionner dans ce qu’elle ressentait vraiment au sujet du jeune homme. Mais est-ce que ça l’inquiétait vraiment ? Absolument pas. En revanche, sa curiosité fût titillée quand il mentionna la séparation de son groupe et du choix qu’ils avaient fait de ne pas continuer sans Dahlia. Elle avait été à la place de la jeune femme, et la manière dont les membres de son groupe — et de sa famille aussi, en l’occurence — avaient réagi était bien loin de ce que lui rapportait Nicholas. Elle était verte d’envie, de l’entendre discuter avec autant de bienveillance du départ de sa comparse, et parce qu’elle était profondément amère Josephine, elle lui rétorqua avec le nez pincé autant que son air "Pourquoi, c’est pas une trahison de partir pour poursuivre une carrière ? J’en connais d’autres qui verraient ça comme le pire truc à faire. T’es vraiment un saint, Nicky." Elle en aurait des choses à lui dire sur ce que certains étaient capables de faire quand ils se sentaient trahis par leurs homologues musicos. Elle le ferait chialer avec sa propre histoire familiale. Mais elle n’avait pas apporté de mouchoirs et elle n’avait pas envie de parler de sa famille de toute façon. A la place, continuant la route que lui indiquait son voisin, elle s’arrêta sur ce qu’il lui disait avec la naïveté d’un petit-garçon ; elle avait envie de le frapper parfois et peut-être que ça se ressentait dans la manière qu’elle eut de lui dire, la patience ne faisant pas partie de son panel de qualités — elle en avait quelques-unes, allons "Y’a d’autres moyens de diffuser ta musique. On est plus au 19éme siècle, c’est l’heure de te mettre à la page et de souffler sur ta chandelle." Elle poursuivit, sûre d’elle, ce qui était toujours le cas quand elle parlait de musique — enfin pas que, elle ne manquait pas de confiance en elle, tout le monde le savait "Si t’as assez de fric de côté, tu peux te payer du matériel pour enregistrer sans que ça fasse cheap. T’es déjà un pro, t’auras pas de mal à savoir comment ça fonctionne et je peux t’aider." Même si elle continua de conduire, elle marqua un stop dans son esprit. Ça lui était venue aussi naturellement que l’autre paraissait tout droit sorti d’une fanfiction mal écrite — et elle pouvait se permettre, elle avait été la protagoniste de quelques-uns de ces récits à la période de The X-Factor et grand bien lui faisait de ne pas avoir été capable d’aller jusqu’au bout pour savoir si oui ou non, dans le monde de ses grands fans, elle réussissait à sauter le présentateur ou pas. Toujours est-il qu’elle se trouva bien bête de faire dans la bonté mécanique sur ce coup-ci, et que les yeux dirigés tout droit devant elle, elle ajouta avec mauvaise humeur "Pas que ça m’enchante de te le proposer." Surtout qu’en vérité, il paraissait plutôt bien informé sur le sujet, et qu’il lui indiqua qu’il avait déjà de quoi faire.
Mine de rien, elle ne disait pas que des conneries si même Nicky prenait le coche en suivant de lui-même des conseils qu’elle donnait. Elle aussi, c’était une sainte. Peut-être pas, mais c’était drôle de l’imaginer. Elle reprit son air habituel, faisant mine de ne pas lui avoir tendu la main il y avait à peine quelques secondes, et lui lança avec un peu de surprise dans le ton "T’as déjà posté des trucs ? Des reprises, je suppose. Je croyais que t’écrivais des textes originaux, il serait temps d’en faire quelque chose." Sur quoi Nicholas Hurley pouvait bien écrire ? Sur son amour avorté d’avec le Prince Charmant de Shrek ? C’était bien le genre, à jouer les bardes de pacotilles en chouinant sur la trahison du grand-méchant Anton — Burn, Butcher, Burn. Elle retint un rire, roulant ses lèvres l’une sur l’autre, préférant lui dire après quelques secondes de latence "Tous les chats sont populaires sur le net, prends pas la grosse tête." Une mise en garde ravalée bien vite, puisqu’ils arrivèrent à destination, et que les recommandations de Nicholas lui firent stopper le véhicule pour lui dire, le visage tourné dans sa direction "Parce que tu crois que je sais comment m’y prendre ? T’es sûr de pas vouloir le faire toi-même ?" qu’elle lui demanda avec, dans la voix, un soupçon de doute qu’elle évitait bien souvent de laisser entrapercevoir en public. Mais là, elle jaugea la manœuvre qu’elle devait faire, regardant par-dessus son épaule en se retournant très brièvement, et franchement, elle prit peur. Elle ne le montra pas toutefois, se contentant d’ajouter, demandant à Nicky avec une voix claire qu’elle laissa filer quand elle se tourna dans sa direction "Je vais la bousiller tu sais, et tu pourras pas prétendre que je t’ai pas prévenu."

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Jo a raison dans un sens, certains, avec un ego beaucoup plus grand que le tien, auraient sûrement pris le départ de Dahlia comme une trahison totale et auraient même été jaloux, mais pas toi, définitivement pas toi. Tu étais là au moment où ce producteur a fini par pousser la porte de votre salle de répétitions et par donner son nom et sa carte de visite et demander une audience avec ta meilleure amie. Tu as été celui qui l'a ramenée à la réalité après tout, qui l'a poussé à accepter ce meeting impromptu, attendant avec ta guitare à la main pour un récit détaillé. Et maintenant Dahlia est partie, rejoindre un groupe connu, se faire un nom, avoir des fans, signer des autographes... c'était bien le but non, 15 possible girlfriends, ça n'a jamais été aussi sérieux que cela, il s'agissait surtout de s'amuser, de chanter vos chansons préférées, et rester proche de Brisbane. Mais c'est toi le plus anxieux, toi qui es bien incapable d'envisager ta vie loin de ta ville natale et bien loin d'Esmée, oui, tu ne peux pas t'imaginer vivre sans ton aînée à proximité et c'est cette sécurité-là que te garantissait votre wedding band. Il était juste temps que Dahlia arrête de faire ce sacrifice pour toi et c'est tout.
Tu ne dis rien de tout cela à voix haute cependant, un peu par lâcheté et aussi car cela ne regarde que toi, mais il est bien certain que non, tu n'en veux pas à Dahlia d'avoir saisi cette opportunité-là, si les rôles étaient inversés... Tu chasses la pensée bien loin, il ne sert à rien de se perdre en hypothèse. "Saint Nicky, c'est moi, c'était mon surnom au lycée et crois-le ou non, ça l'est toujours, certaines choses ne changent pas." Que tu admets dans un haussement d'épaules, et Jo marque un point tu as sûrement un peu de retard, tu t'adaptes assez lentement, c'est l'âge que tu te dis et sur la toile, tout est nouveau pour toi. De Youtube à Instagram, en passant par Tik tok, tout le monde a une opinion, tout le monde a une voix et tout le monde semble vouloir la partager. Est-ce que tu as envie de te distinguer du lot ? Non. La réponse est non, tu ne t'es jamais vu comme celui au-devant de la scène, non, plus dans les coulisses, à accorder les instruments, ajuster la mélodie et changer tel ou tel mot dans les paroles, cela te conviendrait bien et beaucoup mieux. "Si tu me proposes ton aide Josephine, je ne vais pas la refuser." Que tu réponds automatiquement, alors que la jeune femme t'assure que cela ne l'enchante guère, elle peut aider, tu sais que ce n'est pas une proposition qui est faite à n'importe qui. Tu le sais déjà, et tu ne comptes pas la laisser passer, tu es curieux de savoir ce que la jeune femme pourrait faire avec tout ton matériel, après tout, tu as déjà entendu sa voix et même quand elle se croit discrète les dimanches matin,s son synthétiseur sur les genoux, tu as eu le droit à un aperçu, vous êtes voisins après tout.
Tu n'es jamais venu l'interrompre, jamais venu la déranger, comprenant qu'il s'agit d'un moment un peu trop intime, et que l'alchimie est trop délicate pour être interrompue. Après tout, tu ne souhaiterais pas qu'on te dérange quand tu es en train de créer, oui, malgré toutes tes bonnes manières et ta timidité, même toi tu serais capable de mettre quelqu'un à la porte dans un moment pareil (du moins, tu aimes bien croire que oui).  Mais elle te propose son aide, depuis le côté conducteur, et tu n'es pas près de l'oublier, remarquant que Jo change déjà de sujet, comme si ce n'était pas grand-chose, comme si. "Des reprises uniquement, en les mêlant à quelques mélodies qui ne sont qu'à moi, c'est bizarre de jouer tous les instruments et de faire le chœur aussi mais... c'est assez amusant. Certaines personnes dans les commentaires ont du mal à croire que je puisse chanter des notes aussi hautes mais..." Il n'y a que toi dans chacune de tes vidéos, tu commences à devenir doué avec ton logiciel de montage vidéo au moins, l'audio, tu as toujours maitrisé et le net regorge de conseils utiles dans tous les cas. "Ecoutez du Ariana Grande ça aide." Tu hoches la tête pour accompagner ta remarque, avant de réaliser qu'entre Evelyn et Josephine, cela fait deux personnes qui s'intéressent à tes textes. Assez pour que tu les partages ? Peut-être, peut-être pas, tu n'as pas encore décidé.
"Et j'écris toujours oui..." Cela ne changera jamais, c'est thérapeutique, de pouvoir mettre du sens sur ce que tu ressens, ou d'explorer une émotion ou une situation, que ce soit avec des rimes, ta guitare, ou même ton piano. Dans tes textes, tu ne parais plus aussi faible et tu arrives même à te relever de temps en temps, c'est un autre monde, tu es une autre personne et c'est un peu plus simple. Mais assez parlé de toi, vous êtes bien arrivés sur le parking et quand le véhicule s'arrête abruptement, tu te tournes vers Jo, instinctivement, principalement pour vérifier que la brune va bien. C'est le cas, elle a toujours sa ceinture attachée et tu prends une profonde inspiration pour chasser l'anxiété le plus loin possible, Jo va bien que tu te répètes, avant de cligner des yeux face à sa logique. Un peu plus et tu pourrais penser qu'elle aussi est nerveuse, ce qui serait normal, elle est là pour apprendre après tout et si elle n'est pas familière avec ce que tu lui demandes, c'est compréhensible. "Et ? Tu sais combien j'ai payé pour cette voiture ? S'il arrive quoi que ce soit, tu seras très vite pardonnée." Que tu commences sur un ton neutre avant d'ajouter. "C'est le moment parfait, il n'y a pas trop de voitures, essaye de te garer là, peut-être pas en marche arrière." Tu montres une place vide sur sa droite, il y a assez de place pour ton van, tu le sais d'un simple coup d'œil, c'est ton véhicule après tout et après une autre inspiration, tu lui expliques comment se garer. Où porter son regard, comment tourner le volant et tu lui dis d'aller le plus lentement possible, histoire de pouvoir s'habituer et réussir. Un court silence suit tes explications et ton regard enfin celui de la brune et tu lui offres un léger sourire. "Je suis certain que tu peux le faire Josephine, au pire, c'est juste un peu de tôle froissée et c'est tout."

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Apprendre que le surnom officiel de son voisin était celui qu’elle lui avait donné pour l’insulter, ça n’avait l’effet de rien sur elle. Elle n’était pas plus étonnée que ça puisque l’autre transpirait la mansuétude par tous les pores de sa peau de bébé de quarante balais, et même si elle pensait dans le fond que c’était un aveu de faiblesse, de se montrer aussi clément avec les autres, laissant la porte ouverte à toutes sortes de crasses qu’il mettrait trois secondes à pardonner, elle n’avait pas grand-chose à dire là-dessus. Il était chiant à crever, St-Nicky, mais il était ce qu’il voulait être, et personne, même pas elle, n’avait assez de droit pour lui faire entendre que ça lui faciliterait la tache de devenir quelqu’un d’autre, de s’endurcir un peu pour avoir l’air moins con quand il se ferait carotter à cause de sa gentillesse. Alors elle passa sur cette révélation en particulier, préférant s’étendre sur autre chose, et plus particulièrement sur la passion qu’ils avaient en commun et sur l’aide qu’elle pourrait lui apporter.
Elle fit mine de rien quand elle le lui proposa d’ailleurs, étant bien loin du stéréotype ambulant qu’elle avait à ses côtés. Jo haussa les épaules quand il accepta ses conseils avec toute la politesse qu’il avait en réserve. Elle en avait de bons, de conseils, c’était tout à son honneur d’entendre qu’elle pourrait le faire évoluer. Après tout, il était inutile de minimiser le fait qu’elle avait été mise à la musique avant même de savoir parler, et que son expertise à la matière était plus étendu que celui qu’elle avait à propos des rapports humains. Elle connaissait sa musique, elle savait comment faire pour s’améliorer et atteindre une apogée dans l’exercice de son art. Quand bien même elle se montrait plus confidentielle désormais, elle avait touché des gens, à l’époque. C’est pourquoi, quand il avoua qu’effectivement, il ne se contentait que de reprises alors qu’il écrivait ses propres compositions, elle roula des yeux sans faire dans la dentelle, devenant une caricature de dessin-animé qui lui donna des airs de possédée le temps d’une poignée de secondes. Mais curieusement, elle réserva son laïus pour plus tard, secouant la tête quand il enchaîna avec une autre phrase.

Là, elle ne put se retenir "En fait, non, ça aide pas. C’est du mimétisme, ça abîme ta voix plus qu’autre chose de chercher à te caler sur ses notes. Elle est a quatre octaves, et t’es un homme… tu vas te bousiller les cordes vocales à vouloir la singer, et tu finiras ta vie à devoir utiliser une ardoise pour communiquer juste parce que t’as voulu faire comme Ariana Grande." Elle roula de nouveau des yeux, sachant mieux que quiconque ce que ça faisait à la voix de finir comme mime d’une personne célèbre ; ce que ça faisait à l’ego aussi, mais c’était un autre sujet. Il avait quel âge, 12 ans, putain ? Dire qu’elle l’avait défini comme étant un pro sans même en douter. This is why we can’t have nice things "Tu dois prendre des cours si tu veux maximiser tes chances de les garder intactes, tout le monde sait ça. Je parle même pas d’arriver à son niveau, chacun ses batailles." Freddie Mercury était à quatre octaves, ça ne voulait pas pour autant dire qu’il était capable d’utiliser une voix de sifflet comme le faisait Ariana Grande ; Ariana Grande avait une gestion de sa respiration qui frôlait la perfection, quand Freddie Mercury avait des avantages notoires grâce à sa dentition particulière. Chacun avait ses particularités, ce quelque chose qui lui permettait de devenir un grand sans pour autant devenir une pâle copie de quelqu’un d’autre.
Elle avait d’autres choses à lui apprendre sur les différences physiologiques et  les intervalles d’octaves entre les tessitures masculine et féminine qui rendaient difficile l’action de les comparer, mais quelque chose lui disait que c’était une conversation pour un autre jour vu que la réponse évasive qui lui donna à propos de l’écriture de ses textes lui fit monter la moutarde au nez. Ce dernier, elle le fronça avec un dédain ostentatoire, menton rentré "Et ? C’est tout ? T’as pas l’intention de partager tes textes avec qui que ce soit ?" Ça l’agaçait, et ce n’était pas la première fois. Mais elle resta calme. Elle s’autorisa même à laisser un rire lui échapper quand, les mains sur le volant, elle manœuvra pour s’enfoncer sur le chemin qu’il lui indiquait "Je comprends pas ta logique. Tu prétends que la musique c’est rien d’autre que ta passion, que tu veux pas en faire un métier, mais c’est bien ce que t’as fait pendant des années pour gagner du blé, non ?" La question était rhétorique, aussi elle poursuivit avec les deux sourcils haussés, les yeux grands ouverts, posés au travers du pare-brise qui lui offrait une vue d’ensemble sur l’endroit où elle les emmenait "Je t’ai pas vu enfiler un tablier, ou mettre les mains dans le cambouis pour payer tes factures. Par contre, je t’ai vu rentrer à pas d’heures, décharger ton van de tes instruments, et te rendre à des répétitions avec ton groupe plusieurs fois par semaine. Donc, soit tu te voiles la face, soit t’es con comme un manche." Elle avait sa théorie là-dessus, une théorie qu’il ne valait mieux pas partager pour qu’il ne se mette pas à mordiller les mailles de son pull dégueulasse. Elle poursuivit comme si elle ne s’était pas arrêtée, son pied en suspens au-dessus de la pédale de freins "A un moment donné, chanter, c’est partager ton ressenti avec un public sans te cacher derrière des excuses bidons du genre, c’est seulement ma passion. Je dis pas que ça l’est pas, mais c’est aussi ton taff, alors arrête d’avoir peur de je sais pas quoi, et de compter sur les œuvres des autres pour mettre des mots sur ce que t’as sur le cœur, et mets tes putains de tripes sur la table, merde." Elle donna l’impression de reprendre sa respiration, mais ce n’était pas le cas, elle ne faisait que se redresser pour mieux voir où elle avançait, flanquée derrière le volant du van de Nicholas. Elle avait de bons poumons, elle aussi, elle se savait capable d’enchaîner sur ce qu’elle voulait sans paraître essoufflée. Et quand bien même elle s’arrêta pour partager son hésitation à propos de l’action de se garer dans un espace aussi petit, elle donna le sentiment de ne pas s’être répandue  en paroles pendant quelques minutes.
Elle tourna la tête vers son voisin "Ça m’aurait étonnée, tiens." qu’elle lui balança quand il lui indiqua que, si elle bousillait effectivement son van, elle serait vite pardonnée. Jo passa sa langue sur ses dents du haut, pas trop sûre du coup qu’il lui disait de tenter, et pris ses conseils comme un gosse prend des recommandations — par-dessus la jambe, parce qu’elle avait la capacité de concentration d’une cuillère à thé. Mais puisqu’il insistait avec, sur le visage, une expression de papa fier d’accrochée, elle fit ce qu’il lui disait. Et sûrement que dans le fond de son cœur tout dur, elle savait qu’elle y arriverait, mais que le fait qu’il puisse se montrer aussi indulgent alors qu’elle l’avait prévenu d’emblée qu’elle allait massacrer son tacot lui fit changer son fusil d’épaule, et qu’elle fonça délibérément dans le cul de la voiture à côté de laquelle elle devait de garer. Il y eut de la fumée qui s’échappa de sous le capot à la seconde même où l’impact se fit. Le sourire qu’elle lui adressa quand, tournant la tête vers lui pour constater qu’elle lui avait faire un léger bond en avant sous le choc, était aussi malicieux que ce qu’elle lui murmura en enfonçant sa tête dans ses épaules haussées au maximum "Oups."

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Parler musique et chant avec Jo alors qu'elle est au volant de ton van et que tu tentes de la guider est sûrement la chose la plus normale du monde, maintenant que tu y penses. Et c'est très certainement la première vraie conversation que vous avez, enfin, la deuxième si on compte le moment où Jo a envahi ton espace personnel et qu'elle t'a présenté à Tosser, le chat plus que familier avec ta demeure désormais, si bien que même Esmée a fini par s'y faire et déclarer qu'il faisait partie des meubles. Si la brune t'impressionne, cela ne veut pas dire que tu vas balayer son opinion avec un roulement de tes yeux bleus et lui dire que c'est bon, tu gères, tu as plus d'expérience qu'elle dans la matière et que tes cordes vocales se portent très bien, merci de demander. Bien au contraire, tu trouves cela touchant qu'elle explicite aussi bien le fond de sa pensée, te rabroue pour reprendre des chansons qui ne sont pas dans ton catalogue vocal et qu'elle te donne des conseils. Même si c'est un peu brusque et qu'on pourrait reprocher à Jo de ne pas arrondir les angles, du tout même, cependant si la brune a appris à être aussi directe, toi, tu as appris à avoir une épaisse carapace. Assez pour discerner une certaine forme d'inquiétude dans son discours et le sourire que tu as sur le visage ne va pas disparaître de sitôt, même si tu pourrais la reprendre et lui dire que non vraiment, elle ne sait pas de quoi tu es capable, mais cela sonne faux même à tes oreilles et ce n'est pas ton style du tout. Du tout. Tu te retiens même de lui faire remarquer que dans une certaine mesure, elle te connaît, vous vous côtoyez depuis suffisamment longtemps pour qu'elle ait remarqué deux ou trois petites choses sur toi...
La dernière partie de ses mots raisonnent moins, tu adorerais pouvoir avoir une explication logique et savoir prendre autant de place que les autres mais, tu vis beaucoup mieux dans les coulisses, tu passes sûrement à côté de beaucoup de choses, et Jo, n'importe qui, peut totalement te traiter d'hypocrite fini parce que tu as vraiment l'air d'être dans ton élément sur scène mais... ce ne sont que des légères bouffées d'oxygène, des moments d'accalmie avant que tu ne sois rattrapé par beaucoup de choses que tu ne maîtrises pas. Elle y voit des excuses bidons, pour toi c'est bien autre chose et tu avances à ton propre rythme, lent pour certains, sûrement pour Jo, mais définitivement le bon pour toi. Ce sera un débat pour un autre jour, ou pas, vous êtes bien différents après tout et autant se concentrer sur la route et la nouvelle tâche que tu viens de lui donner. Ton regard croise celui de Josephine, tu es sur le point de lui demander s'il faut que tu répètes ton explication, tu as toujours détesté te garer et des années de pratique n'ont pas changé cela... Mais le véhicule redémarre, sous les commandes de Jo... seulement pour venir heurter une autre voiture.
Et ce n'est pas tant le léger bond que tu fais malgré ta ceinture de sécurité ou la fumée qui vient s'échapper du capot, c'est plus le regard que la jeune femme te lance, suivi d'une seule intonation, c'est plus fort que toi, tu éclates de rire. Vraiment, tourné vers Jo, car le contraste après ces mises en garde est plus que frappant et parce que, chose que tu aurais dû prévoir, elle ne paraît pas désolée du tout. "Oups... si j'étais médisant je dirais que tu l'as fait exprès, mais c'est la première fois que tu fais ce genre de choses alors..." Que tu réussis à marmonner entre deux éclats de rire, tu te penches vers elle pour couper le moteur et détacher ta ceinture, toujours en train de rire quand tu réussis à t'extirper dehors et constater les dégâts par toi-même. "Ouh... j'ai fait pire mais ..." Oh que oui, mais tu ne sais pas à qui appartient le véhicule que vous venez de heurter et cela va laisser une marque, une jolie marque. Ce qui signifie une conversation très déplaisante à l'horizon, sans compter l'état de ton van. "C'est quoi la chose adulte à faire dans ce cas-là, laissez un mot ? Partir en courant ?" Tu connais sûrement la réponse à cette question, cependant, la première option ne t'enchante pas vraiment et il ne s'agit que d'un tout petit incident qui peut rester entre Jo et toi pour le moment. Tu regardes la jeune femme de l'autre côté du van, avant de hausser les épaules et de prendre ta décision. "Changeons de place..." Que tu dis rapidement, faisant déjà le tour par l'arrière du van, tu attends que Jo se soit réinstallée à la place que tu avais et tu pries intérieurement que ton va redémarre.
C'est le cas, avec un bruit absolument affreux et le moteur à deux doigts de mourir, mais il redémarre bien et tu parviens à faire une marche arrière, grimaçant en voyant les dégâts sur l'autre véhicule. Cependant, tu as déjà pris ta décision et tu lances un regard à Jo qui veut clairement dire : this never happened, vous faisant sortir du parking sans plus de cérémonie, le van tremblant à chaque mètre franchit, quelque chose sous le capot faisant toujours un bruit d'enfer. "Si on doit pousser le van jusqu'à notre rue, on va avoir de sacrés problèmes, mais, ce ne sera pas la première fois que je le fais." Et pas la dernière, que tu penses, il serait peut-être temps d'investir dans un autre véhicule, oui, à dire vrai, tu aurais dû le faire depuis longtemps, le véhicule est volumineux, capricieux à souhait et il est responsable de beaucoup de tes retards. C'est tout toi, de t'attacher à quelque chose de vieux, d'ancien et de totalement défectueux, tu te sentirais totalement mal à l'aise dans une voiture de grand, pour l'heure, tu n'as pas le choix et il te parait plus important de ramener Jo chez elle que le reste. Au pire, tu pourras toujours lui payer un taxi histoire qu'elle ne soit pas perdu dans Brisbane.
"Et je comprends tout à fait ton point de vue, j'aimerais te dire que je suis une personne équilibrée et que mes doutes vont disparaître d'un claquement de doigts mais malheureusement, rien n'est aussi simple." Pourquoi répondre à ses remarques maintenant ? Tu ne le sais pas, tu réussis à tourner dans une rue avec peu de monde et tu jettes un autre regard à Jo quand le van se met à trembler de plus belle, plus qu'il n'y a quelques secondes. Tu as le bon réflexe, chercher une plage pour te garer, tu réussis à le faire de justesse seulement, le moteur s'éteignant de son propre accord. "Oh." Plus grave que ce que tu ne le pensais, beaucoup plus grave.  "Je crois que c'est le moment où on appelle la dépanneuse..." Que tu marmonnes, déjà à la recherche de ton téléphone, sachant que tu vas devoir payer un prix exorbitant pour que ton véhicule puisse repartir. Ridicule, vraiment, tu le sais, tu te juges avant même qu'elle ne le dise et quand tu regardes par la fenêtre pour voir où vous êtes, ton attention est attirée par une jolie vitrine et bien entendu, des pâtisseries. "Tu veux un café ?" Que tu demandes, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde dans une situation pareille.

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"Une chance que tu sois pas médisant." En vrai, ça la soulait qu’il soit si peu capable de s’énerver. L’âge, sans aucun doute, ou alors il avait un gros souci émotionnel. C’était une possibilité plus qu’une supposition d’ailleurs, il suffisait de le voir évoluer au milieu des petits vieux de la maison de retraite pour savoir qu’il lui manquait une case ou deux. Jo fit la moue, les rebords de sa bouche pulpeuse joints en un cul de poule digne des meilleurs selfies d’Instagram, et le nez froncé, donnant l’impression de regretter l’odeur nauséabonde qui s’échappait de sous le capot, quand en vérité elle ne faisait qu’observer la réaction de son débile de voisin qui quitta l’habitacle pour aller prendre la mesure des dégâts.
Elle mit du temps à le rejoindre, parce qu’elle s’en cognait des dégâts qu’elle venait de causer, très clairement, mais aussi parce qu’il germa dans son esprit, quelque chose sur quoi elle s’arrêta un tout petit instant. Ça deviendrait peut-être sa nouvelle mission, de trouver le truc pour le mettre assez en boule et le voir enfin sortir de l’image parfaite, sans défauts, qu’il essayait tout le temps de garder en toutes circonstances. Que ce soit volontaire ou non, c’était assez agaçant pour que quelqu’un comme Josephine Ophelia Carter, malgré les maigres efforts qu’elle faisait pour le comprendre, prenne conscience qu’ils ne réussiraient jamais vraiment à devenir autre chose que des voisins qui partageaient la même passion. Elle avait envie de le tarter plus souvent qu’à son tour. Alors soit elle était une indécrottable masochiste, ce qui était un peu le cas, il ne fallait pas se mentir ; soit elle voyait en Nicholas un défi à relever. Mais au prix de quoi, sa foutue patience ? Déjà qu’elle n’en avait pas beaucoup, si en plus elle devait la sacrifier pour espérer le voir péter les plombs un jour où l’autre. C’était un trop lourd tribu à sacrifier, même pour elle qui aimait tant jouer.

Il ne semblait même pas considérer ça grave qu’elle se soit volontairement crashée dans le véhicule devant eux, et dans le fond elle se demanda s’il ne souffrait pas d’un pète au casque plus grave encore que ce qu’elle avait toujours cru. Cette capacité à rester serein en donnant pourtant l’impression qu’il allait se mettre à chialer une fois sur deux, c’était déstabilisant finalement. Et c’était sans doute ça le vrai problème de Nicholas. C’était qu’il avait beau être pénible, il exerçait sur Jo une fascination qu’elle crèverait d’admettre en public.
Elle quitta enfin la place du conducteur, secouant la tête pour se remettre à penser correctement, et alla rejoindre le jeune homme "Partir en courant. Par contre, je suis pas une experte, mais si c’est ce qu’on choisit de faire, ils mettront pas longtemps à te retrouver grâce à ta plaque d’immatriculation." Elle avait sans doute trop regardé Les Experts avec Nana, mais ça ne lui paraissait pas si illogique que ça d’émettre l’hypothèse que, dans tous les cas, il — oui, il, c’était sa bagnole — était dans de beaux draps. Elle le suivit quand il décida de bouger, se retenant tout de même de sourire trop fort parce qu’elle avait un tant soi peu réussi à mettre un peu d’ambiance dans cette leçon de conduite aussi chiante que les états d’âme de son voisin et remonta, toute bondissante de gloriole, du côté passager. Quand il se gara, et que dans le regard qu’il lui lança, elle décela une infime lueur de malhonnêteté, elle ouvrit grand la bouche en minaudant comme les enfants turbulents qui sont les premiers à balancer leur meilleur ami quand ils leur font promettre de la boucler après avoir joué à touche-pipi avec la petite voisine, mais si, celle qui soulevait toujours sa jupe pour montrer sa culotte à tout le monde "Han, Nicky s’apprête à dissimuler un crime. Elle dirait quoi, mamie Esmée, si elle savait ?" Elle fit danser ses sourcils, mais s’arrêta bien vite quand il émit la possibilité qu’ils soient obligés de pousser le van. Elle le pointa du doigt "Premièrement, j’ai pas les bonnes chaussures pour pousser quoi que ce soit. Deuxièmement, vu que tu l’as déjà fait, ça te dérangera pas de le faire tout seul si ça doit arriver." Non, elle n’était absolument pas désolée, et elle était encore moins encline à apporter son aide au jeune homme sous le prétexte qu’elle avait fait exprès ; elle aurait pu lui proposer une compensation financière, après tout, il était assez gentil pour lui apprendre à conduire gratos, alors ça n’aurait été que normal de réparer ses erreurs avec un ou deux biftons pour éponger sa connerie, mais… non.
Il reprit la parole. Elle roula des yeux, rangea son doigt comme on rangea un couteau-suisse "Oh, ça va. On a compris que t’avais un problème quelque part, et que t’avais sûrement de bonnes raisons d’être qui t’es devenu. On a tous nos secrets, t’es pas le seul à faire bonne figure, arrête ton char." qu’elle lui répondit sans, encore une fois, faire dans la dentelle, parce que ça allait à un moment hein, elle n’avait pas accepté ces leçons de conduite pour finir comme thérapeute du dimanche. Elle arqua un sourcil, dirigeant son regard vers le pare-brise "Rien n’est aussi simple, tu le dis toi-même. Ça veut pas dire que ton problème n'a pas de solution, encore faudrait-il que tu veuille la chercher pour évoluer dans le bon sens." Il y avait des tas de gens qui se complaisaient dans leur difficulté simplement à cause de la peur. Ils avaient pris des habitudes dans lesquelles ils se sentaient à l’aise, qui leur paraissaient comme étant assez sécuritaires, et ils estimaient que c’était le maximum qu’ils pouvaient faire. Seulement c’était faux. Nicholas, il lui donnait cette impression-là. Mais de nouveau, elle n’avait pas envie de se risquer à fouler ce terrain-là, et le tremblement du van lui permit de ne pas s’exprimer davantage sur tout ça "C’est le moment où tu appelles la dépanneuse." Elle se pencha pour lui tapoter la cuisse du plat de sa paume avec un grand sourire, toutes dents brillantes, presque avec une expression de petite-fille trop fière de ses bêtises et beaucoup trop adorable pour qu’on lui en tienne rigueur "Si tu payes, c’est un milk-shake que je veux." qu’elle lui fit directement après, sachant de toute façon que c’était lui qui paierait. Mais comme elle ne voulait pas lui laisser l’occasion de s’offusquer de quoi que ce soit, que ce soit du contact de sa main sur sa cuisse, ou du reste, elle descendit du van avec une décontraction exemplaire, faisant toujours comme si tout lui était dû, et sortant de la poche-arrière de son short en velours, une paire de lunettes de soleil qu’elle glissa sur son nez.

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crédit/(dadzixgifs/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

"Connaissant Esmée et son passif, elle serait fière... ne me dis pas qu'elle ne t'a pas encore montré les photos d'elle à des manifestations plus jeune ou même en prison ? Super classe d'après elle..." Cela est ta seule réponse pour Jo, avant d'hausser les épaules, car ce qui est fait est fait et tu ne te vois vraiment pas rebrousser chemin pour t'excuser. Pire encore, tu n'as aucune envie de le faire et maintenant que vous êtes à l'arrêt, dans un endroit qui ne gêne personne et tu fronces les sourcils en fixant le capot du van, avant de décider que ce n'est pas grave, pas grave du tout. Peut-être que quelqu'un avec un peu plus de jugeotte que toi aurait une réaction plus dramatique à la perspetive de perdre son moyen de locomotion mais... définitivement pas toi. Ce n'est pas comme si tu trouvais le dehors si attrayant que cela et si ce n'était pas pour tes cours de piano, les leçons de conduite de Josephine ou les quelques fois où Vance te traine dehors, tu passerais le plus clair de ton temps dans ta demeure, avec ta grand-mère. Impossible de s'ennuyer chez vous, il y a le petit écran avec son lot d'histoires, toujours des pâtisseries à tester et à goûter, et beaucoup, beaucoup d'instruments... en comparaison, le monde extérieur est bien pâle. Mais tu ne t'inquiètes pas pour ton van, ce n'est qu'un peu de tolle froissée et un coup de fil à passer, comme te le rappelle si bien la passagère et tu suis la main de Jo pendant quelques secondes quand elle te tapote la cuisse, tu loupes le moment où elle sort du van, où elle met ses lunettes de soleil sur son nez pour tout dire.
Tu la suis, c'est la meilleure chose à faire, et tu marmonnes un simple : "Va pour un milkshake alors..." avant d'avoir un coup de tête pour le café. Autant laisser le van là, vous vous y dirigez et tu ouvres la porte pour elle sans vraiment y penser, rentrant dans l'établissement après la brune, sortant ton téléphone de ta poche pour te concentrer sur le premier problème. Tu pourras baver sur les pâtisseries plus tard... Tu trouves rapidement le nom de Vance et tu lui envoies un message tout aussi vite, il a l'habitude de tes messages, à toute heure du jour et de la nuit, l'un comme l'autre, votre rythme ne fait pas de sens et maintenant que Dahlia est loin de Brisbane, les messages ont redoublé. S'il se moque d'abord de toi pour avoir encore câlé avec ta voiture pas du tout efficace (my car is perfect and beyond reproach Sir, que tu répliques à Vance avec un léger sourire sur le visage), il t'indique qu'il a un moment de libre et peut te trouver une dépaneuse pour pas cher. Probablement gratuitement. Comment? Tu n'en sais rien, il vaut mieux éviter de poser des questions avec l'autre homme et tu le remercies avant de te tourner vers Jo, réalisant avec un temps de retard que la queue a avancé. "Mon ami Vance connait quelqu'un qui connait quelqu'un ... bref, ils seront là avec la dépanneuse dans une trentaine de minutes." Jo ne se soucie pas des détails, tu le sais, le plus important c'est que vous pourrez rentrer chez vous et ce sans encombre, le reste, tu t'en occuperas plus tard.
"Il y a beaucoup trop de choix..." Que tu marmonnes en observant le menu, l'employée derrière le comptoir est beaucoup trop enthousiaste pour toi, beaucoup trop et tu fais signes à Jo de commander d'abord, ce sera ton tour ensuite. Pour un chocolat chaud avec beaucoup de chantilly et un nombre inquiétant de mets sucrés. Tu pourras toujours en ramener chez toi que tu concèdes l'instant suivant, sachant déjà que c'est un mensonge. Tu payes rapidement pour vous deux sans même y penser, fourrant déjà le reçu au fin fond de tes poches. Vous trouvez une table libre et tu t'y installes, trop content de pouvoir prendre une gorgée de ton chocolat chaud, pas prêt à attendre que la boisson refroidisse, c'est le meilleur moment de toute façon. Tu aperçois ton van du coin de l'oeil et tu reprends lentement :  "Les leçons de conduite ne vont pas avoir lieu avant un petit bout de temps je pense... tu pourras trouver un vrai instructeur, du genre qui s'y connait en mécanique et qui pourra tout t'expliquer beaucoup mieux que moi." Tu ne sais toujours pas pourquoi Jo est venue te voir toi, la proximité ? Sans doute, pour autant, tu n'es pas le conducteur le plus fiable du monde et elle pourrait se passer de tes retards incessants avec un professionnel... il faudrait sans doute qu'elle paye mais la brune a bien un boulot à temps plein pour cela, non ? Tu décides l'instant suivant que ça ne te regarde pas tant que cela et tu hausses les épaules, lâchant un :  "Au moins tu sais déjà démarrer une voiture... Et on a roulé un peu dans notre quartier, c'est mieux que d'être un novice complet..." Tu hoches la tête à tes propres mots, avant de te pencher sur la boite qu'on t'a donné, l'ouvrant déjà pour t'emparer d'un cookie et mordre dedans avec un enthousiasme certain. Comment est-ce que tu n'as pas fini diabétique depuis le temps ? Bonne question, ce sera un autre mystère à résoudre pour plus tard. "Oh j'espère que ça ne te dérange pas d'attendre, sinon l'offre est toujours valable, je peux t'appeler un taxi."

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

Non, Esmée ne lui avait jamais parlé de son passé de militante, mais à voir comment elles s’entendaient copine comme cochonne avec Ava, il y avait fort à parier que ses rides cachaient bien plus que des recettes de gâteaux. Si Nicky croyait que ça la surprenait vraiment, il se fourrait le doigt dans l’œil parce qu’elle était mieux placée que quiconque pour savoir que les petites vieilles insignifiantes étaient souvent les pires vicelardes enfantée par l’univers. Elle se souvenait encore de comment la sienne avait fait du gringue à Edge en sous-entendant tout un tas de choses qui la faisaient avoir des frissons tant elle refusait de se dire qu’elle avait eu une jeunesse, même s’il ne pouvait en être autrement. Toujours est-il que même si Esmée avait un passé scandaleux, et qu’elle ne pourrait être choquée par grand-chose, elle aurait vraiment aimé la voir confrontée aux excès d’audace de son petit-fils; elle avait déjà remarqué que c’était elle qui le poussait parfois, alors peut-être que ça la rendrait fière dans le fond de voir s’amender un peu de tout ça pour aller de l’avant lui-même. Il pouvait au moins lui faire ça comme cadeau, à sa grand-mère, d’arrêter de se cacher en prétendant être trop timide pour vivre — vu qu’elle n’avait plus beaucoup de temps à passer sur cette putain de planète, lui donner l’espoir qu’il s’en sortirait sans qu’elle soit là, à lui donner des coups de pied au cul pour qu’il se bouge, ça l’aiderait sans doute à considérer sa fin comme plus supportable sur la durée. Mais pour ce qu’elle en pensait vraiment hein, elle tut ses réflexions. Ça aussi, elle l’avait compris, que, même quand elle tachait de se placer en cheerleader de pacotille pour lui faire comprendre qu’il avait tort de se cacher, il avait tendance à monter sur ses grands poneys juste parce qu’il avait un manche à balai profondément enfoncé dans le derche; ah putain, qu’il l’énervait.

Quand elle descendit du van, lunettes sur soleil sur le nez, Jo laissa Nicholas avancer avant elle. Elle avait pris l’habitude d’agir comme si tout le monde traînant avec elle était son garde du corps, et même si l’autre se ferait sûrement envoler d’un seul coup de poing dans la gueule parce qu’il était lâche, elle le logea à la même enseigne que tout le monde en se mettant derrière lui pour donner l’impression d’être importante; quiconque n’y croyait pas pouvait bien aller se faire foutre, et sous le verre teinté de ses lunettes, elle posa sur chaque client un regard peu amène, comme si elle était ce connard de Cyclope, et qu’elle pouvait les faire cramer en une seule œillade, les hanches ondulant dans son short alors que la route était droite.
Quand ils arrivèrent devant le comptoir des commandes, Jo ne commanda pas. Nicholas était occupé avec son téléphone, et elle refusait de devoir faire comme le commun des mortels en échangeant plus d'un regard avec le boutonneux qui était de l’autre côté du comptoir. Elle attendit sagement alors, faisant mine de ne  pas voir que l’employé commençait à s’impatienter tandis que Nicky s’adressait de nouveau à elle "Vance, c’est celui à la mèche grasse, c’est ça ?" Elle fronça le nez, illustrant par la même l’idée que ça ne lui plaisait pas que ce soit lui qui soit potentiellement en charge du souci qu’ils avaient. Mais parfois, il fallait faire avec ce qu’on nous donnait et visiblement, c’était toujours trop pour Nicholas qui, même devant la carte du restaurant, était à deux doigts de faire une attaque. Intérieurement, et pas que d’ailleurs, elle roula des yeux, et lui rappela de sa voix la plus traînante  possible "Oublie pas mon milk-shake. A la fraise, j’aime pas la vanille. Je vais m’asseoir." Il allait payer de toute façon, et elle n’avait plus envie de faire le pied de grue, et quand bien même, elle voulait s’éviter d’avoir à fixer plus longtemps encore le jeune homme qui prenait les commandes. Alors elle alla s’asseoir, et se glissa sur la première banquette qui lui parut la mieux placée, ses lunettes de soleil toujours sur le nez; et qu’elle ne retira pas, même quand Nicholas la rejoignit avec leur commande et qu’elle prit une longue gorgée de son milk-shake. Elle ne le remercia même pas de lui avoir offert "Ouais, un instructeur qui me demandera du fric que je réserve pour autre chose. C’est important de conduire, mais ça l’est encore plus de manger, je t’apprends rien." qu’elle lui répondit du tac-au-tac, sans vraiment percuter qu’elle parlait sans doute un peu trop, et qu’elle s’attirerait probablement la pitié de celui qu’elle avait en face de lui; boo hoo, Josephine, boo hoo "J’avais déjà un peu roulé avant, mon père avait un van. Mon frère ainé a essayé de me faire conduire quand j’avais quartoze ans, mais ça s’est pas très bien terminé, alors j’ai préféré plus retenter l’expérience jusqu’à maintenant." Elle reprit une gorgée de son milk-shake, son regard trouvant celui de Nicholas au travers de ses lunettes de soleil qui la protégèrent de l’éclat d’émotion qui brilla dans ses prunelles "Enfin bref. C’est sympa d’avoir essayé." qu’elle finit par ajouter avec pointe de dépit, aussi bien vis-à-vis de ses pensées immédiates, que de cette soudaine obligation qu’elle ressentit de lui faire part de sa reconnaissance quand en même temps, elle le regardait poser ses yeux sur la boîte de pâtisseries qu’il avait choisi avec l’enthousiasme d’un gamin de cinq ans "T’es vraiment bizarre." qu’elle laissa filer, avant de détourner la tête, et d’hausser les épaules en faisant s’agiter ses jambes sous la surface de la table qu’ils partageaient quand il lui demanda ce qu’elle voulait vraiment faire maintenant "Je peux attendre, c’est que trente minutes. Tu peux me supporter jusque-là, ou tu préfères que je laisse te goinfrer en paix ?" Elle ne savait pas d’où lui venait sa soudaine déférence, mais en le lui demandant, elle remonta ses lunettes sur le haut de sa tête, comme un serre-tête, et affronta son regard pour voir s’il aurait le cran de lui donner une réponse moins lisse que celle qu’il était habitué à lui donner.

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crédit/(dadzixgifs/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

"Oui, celui avec la mèche grasse, c'est ça... sa coupe de cheveux ne lui rend pas du tout justice d'ailleurs..." Que tu as répondu à la brune très facilement, souriant déjà du surnom tout trouvé à l'ancien batteur de 15 possible girlfriends. Une description qu'il saura apprécier, tu le sais et qui lui ira vraiment bien au teint. Tu n'es même pas certain qu'il se souvienne de Jo, ou alors si, il fera semblant de ne pas la replacer, histoire de soigner son ego blessé. Un truc que tu ne comprends pas, mais Vance est tout aussi cryptique que toi et ce n'est qu'avec les années que tu as appris à décoder son langage à lui et comprendre qu'il se moque un peu de tout et en permanence, y compris sa propre personne. Tu sors de tes pensées à la requête plus que claire de Jo, lâchant un :  "Pas de soucis." comme si c'était une évidence et tu te fais une note mentale de ses préférences en matière de milk-shake pour la prochaine fois.
Tu payes et lorsque vous êtes assis, tu dois avouer que tu te sens beaucoup mieux que dans ton van, personne est en mouvement, tu as ton chocolat chaud et tes pâtisseries et si tu devrais t'offusquer du fait que Jo ne te remercie pas, pas du tout d'ailleurs, elle est toujours cachée derrière ses lunettes de soleil comme la grande diva qu'elle est, tu ne le fais pas, préférant redémarrer la conversation. La brune marque un point la seconde suivante, les leçons de conduite, ce n'est pas donné à tout le monde, cela et une voiture, pour certains, c'est un luxe et tu comprends tout à fait qu'elle veuille investir son temps et son argent dans tout autre chose. Tu hoches la tête sans répliquer, sans lui demander l'état de ses finances et plus que conscient qu'Ava ne peut pas vraiment l'aider, comme Esmée d'ailleurs. La maison dans laquelle vous vivez a beau appartenir à ton aînée depuis des années, il y a tout de même des factures à payer, un frigo à remplir et les allers-retours chez le médecin, même s'il ne s'agit que de rendez-vous routiniers et nécessaire quand on connait l'âge de ta grand-mère, tout ceci, tout cela n'a rien de gratuit. Tu ne peux pas imaginer ce que vit Josephine de son côté de Carmody Road, avec la maladie d'Ava et tu sais déjà que la brune en face de toi refuserait tout type d'aide. Comment ? Parce que tu ferais pareil à sa place, ne divulguant que très peu d'information sur toi ou sur ta grand-mère.
Tu n'en sais pas tant que cela sur Josephine Carter au final et quand elle parle de son père et d'un de ses frères, tu hoches la tête, tu sais qu'il s'agit d'une instance rare. Jo reste plus jeune que toi et quand tu imagines sa vie avant Brisbane, tu la vois toujours aussi assurée que maintenant et pas prête à faire des compromis... peut-être que tu te trompes lourdement ? Là encore, aucun moyen de le savoir, ou si, tu pourrais tout simplement lui poser la question, cependant, ce n'est pas ton fort. "J'ai passé mon permis du premier coup personnellement, je pense que c'était un vrai miracle ou alors Esmée a dû payer l'instructeur derrière mon dos... je me débrouille mieux maintenant, dieu merci..." Assez pour conduire avec des passagers et même seul, tu as failli t'effondrer la première fois que tu t'es retrouvé seul face à la route et il t'a fallu des jours pour t'en remettre et décider de nouveau t'installer devant un volant. Tu ne sais pas vraiment quand s'est fait le déclic, autant dire que sans toi et ton van, 15 possible girlfriends n'aurait jamais existé, c'est certain. Tu es silencieux le moment suivant, parce qu'il est très mal poli de parler la bouche pleine, et tu as juste un :  "Hmm ?" pour elle tandis qu'elle te qualifie de bizarre. Ce qui n'est pas vraiment notable quand on sait tous les adjectifs qu'elle a eu pour toi par le passé et qu'elle aurait sûrement pour toi dans le futur, tu peux vivre avec bizarre. "Ce n'est que trente minutes. Suffisamment de temps pour se goinfrer." Tu hausses les épaules, tu découpes un cookie en deux et mets une moitié sur une serviette pour la faire glisser en direction de Josephine, et elle a même le droit à un sourire tandis que tu repars à l'assaut des pâtisseries. Persuadé qu'il n'y a pas de meilleures sensations que celle-ci, se remplir l'estomac sans avoir à s'inquiéter du reste, juste en attendant.

Peut-être que c'est le nouveau silence entre vous deux qui est bizarre, mais toi tu le trouves plutôt accueillant et quand la radio change d'air dans le café, tu reconnais le morceau, tapant la mesure sur la table avec une expression sereine sur le visage. "C'est une bonne chanson." Pas le single de l'année mais tu ne vas pas prétendre être un expert dans le domaine, non, à la place, tu partages la moitié d'une autre pâtisserie avec Jo et tu termines ton chocolat chaud, toujours en silence. Seulement pour être ramené à la réalité par Vance en personne, il t'a repéré et il tape contre la vitre de l'établissement avec entrain, il marmonne, comme si tu pouvais l'entendre et tu distingues un Nicky ! avant qu'il ne vous rejoigne dans le café. Tu es déjà sur tes deux pieds, pas vraiment surpris quand il se précipite dans tes bras, et tu lui tapotes l'épaule, sachant qu'il n'est pas du matin, et avant seize heures, cela correspond au matin pour Vance. "Hey, tu sais que tu n'étais pas obligé de venir aussi rapidement... ou alors laisse-moi deviner, tu n'étais pas chez toi..." Il te le confirme la seconde suivante et ses prochains mots ne font pas de sens, il remarque avec un temps de retard Josephine, la gratifie d'un salut et remarques l'endroit où vous vous trouvez, et oui, la dépanneuse l'a suivie lui.
Il montre son ami d'une main et tu fais signe à un parfait inconnu, déjà en train de s'occuper de ton van, comme si c'était normal. Okay, cela fait un souci en moins. Et Vance veut un café. Tu lui donnes ta carte de crédit, qu'il se débrouille vraiment et tu te tournes de nouveau vers la brune. "Il n'y a que Vance pour me donner l'impression d'être un minimum normal mais hein..." Au moins, il est là et vous n'avez plus à attendre. Il revient vers vous avec deux cafés et déjà il te tend les clefs de sa voiture à lui, haussant les épaules."Je suis beaucoup trop fatigué pour conduire, débrouillez-vous hein..." Que révèle le blond et c'est plus fort que toi, tu lui donnes un léger coup de coude. "Toujours aussi charmant de bon matin..." Ou en début d'après-midi, bref, peu importe, ramener Jo chez elle c'est le plus important et tu lui fais signe vers la voiture de Vance, faisant tourner les clefs dans ta main. "Tu veux abimer une autre voiture ?" Tu as un léger rire, la blague est mauvaise, tu le sais, mais même toi, tu ne pouvais pas laisser filer une si belle occasion. "Je plaisante, je vais te ramener en un seul morceau et le déposer chez lui..." Tu as un hochement de tête avant de faire signe à tout le monde de te suivre.