Plus vous parlez, plus Dani a l’air de s’échauffer. Tu as bien compris que vous ne sortirez pas gagnant de cette petite situation - à ton avis. « Vous êtes sérieux là ? » En tout cas toi t’es sérieusement saoulé de la voir s’énerver à ce point là alors que vous n’avez rien abîmé. « Asher ce n’est pas le moment de jouer sur les mots. » Pfff… Ah ça te saoule d’une force. Tu ne souris plus maintenant. Elle te parle comme si t’étais un enfant. « Etre mes amis ne veut pas dire faire n’importe quoi sur mon lieu de travail. » Fallait mieux indiquer les lieux interdits. La vérité c’est que tu y aurais certainement été de toute façon. Albane l’a suggéré et t’as suivi cette brillante idée. Au moins vous êtes deux contre un, ça vaut pour quelque chose non ? « Je te jure qu’on était sages… » Ouais parce que vous avez rien abîmé. Ca c’est la vérité vrai mais t’as même pas la force de tenter de rajouter quoi que ce soit. C’est perdu d’avance. Tu le sais. « Vous auriez dû venir me voir, je me serais fait un plaisir de vous accueillir. » Mais on peut pas refaire le passé et il est clair que vous n’allez plus être les bienvenues ici. Et même si vous l’êtes, tu es assez borné pour ne plus avoir envie de remettre les pieds. « A la place, je vois quoi ? Deux personnes en train de picoler dans les vignes. Vous imaginez si tous les visiteurs faisaient comme vous ? » Là tu commences à regarder un peu ailleurs parce que clairement t’as compris, mais elle en rajoute mille couches et tu trouves pas ça nécessaire. Mais tu comptes rien ajouter, donc tu laisses le temps passer. « On n’est pas n’importe quels visiteurs. » T’es spectateur. « On est pas dans un parc ici, c’est un domaine viticole et il faut faire attention où vous marcher. » Finalement tu vas pouvoir rentrer en voiture vu que tu n’es pas du tout ivre. Au final c’est une bonne fin. Je suis impressionné de te voir regarder le bon côté des choses. « Si vous aviez pris la peine de faire la visite comme tout le monde, vous auriez vu les lieux adaptés pour faire votre dégustation. » Y’a quelques nuages dans le ciel mais pas grand chose. « Donc on va devoir suivre le groupe ? » Ca tu l’entends et tu comptes pas suivre qui que ce soit.
« Je suis très déçue par votre comportement. » « Je crois qu’on l’a bien compris ça oui. » « Désolée Dani. On ne comptait pas saccager quoique ce soit. »
Ca aussi c’est vrai. Mais toi t’es saoulé. Quoi que vous disiez vous avez tort et tu vas pas utiliser des mots pour t’en manger encore plus en retour dans la face. « Envoie moi la note si jamais on a abîmé quelque chose. » Que tu dis en prenant chemin vers la sortie des vignes, sachant pertinemment que vous n’avez rien écrasé sur le chemin. Vous n’êtes pas stupides. Ca se reconnait bien des vignes dans un vignoble. Tu comptes sortir du domaine et te mettre derrière ton volant pour filer quelque part où tu vas pouvoir terminer ta bouteille de vin sans énerver personne.
Dani était à cran, Dani piquait clairement une grosse colère disproportionnée devant ses deux amis. Elle aurait pu laisser passer cela, laissant jouer l’affectif. Mais les yeux doux d’Albane et la vanne d’Asher eurent l’effet opposé. Cela piqua encore plus les nerfs de la coréenne et elle monta dans les tours, laissant clairement son impulsivité dialoguer à sa place. Peut-être qu’elle le regrettera plus tard, mais ces derniers mois le vignoble avait été sous tension. Chaque nouveau mois avait son lot de surprises et la patronne des lieux commençaient à être surmenée. Alors les petites péripéties de ses amis dans les vignes comme s’ils étaient chez eux, fut la goutte de trop pour l’œnologue. Le vignoble était son bébé, sa plus grande fierté, sa plus grande réussite, Dani voulait que tout soit parfait. Peut-être un peu trop et elle ne voulait pas lâcher le morceau. Sa réaction était clairement disproportionnée mais elle ne voulait rien entendre des paroles de ses amis. Têtue comme un mule, elle fit un long monologue moralisateur. Sa voix était ferme et dure, elle exprimait ainsi sa colère. Il ne fallait pas contrarier la patronne des lieux, même quand elle avait tort.
« Je te jure qu’on était sages… » Le sourire de la blonde essayait de l’attendrir, mais cela eu aucun effet sur l’œnologue. Au contraire, ses traits se durcirent davantage. « T’es sérieuse Bane ? On n’a pas la même notion d’être sages. » La française s’était crue à l’une de leur soirée où elles picolaient à outrance ? Non certainement pas, ici c’est le vignoble de Dani, c’est son royaume sous ses règles. La première visite de ses amis en ces lieux ne se passait pas du tout comme prévu. « On n’est pas n’importe quels visiteurs. » Elle continua avec sa voix douce et mielleuse, tout ce qui ne fallait pas faire quand la coréenne était piquée à vif. « Justement vous n’êtes pas des simples visiteurs, vous me connaissez, vous auriez dû venir me voir, au lieu de picoler comme deux ados. » Dani tournait en bourrique. Elle voulait avoir raison dans cette joute verbale. Point final. « Donc on va devoir suivre le groupe ? » La patronne des lieux souffla nerveusement. « Oui, tu n’as toujours pas compris ? Je dois te le dire en quelle langue, en français peut-être ? » Cette pique-là, elle était gratuite. « Je crois qu’on l’a bien compris ça oui. » Asher prit enfin la parole. Enfin une pensée raisonnable. « Désolée Dani. On ne comptait pas saccager quoique ce soit. » « Fallait réfléchir avant. C’est trop tard maintenant. » Le mal était fait, Dani était encore trop énervée pour écouter les excuses de la française. « Envoie moi la note si jamais on a abîmé quelque chose. » Dani tourna la tête vers Asher, un soupçon de sage dans ce dialogue de sourds. « Très bien. » qu'elle répondit au blond, elle fera le tour du propriétaire tout à l'heure pour l'instant elle n'a pas le temps. Sagement, Asher prit la direction de la surprise, tandis qu'Albane semblait toujours pétrifiée sur place. « Allez ça suffit. Déguerpissez moi d’ici. » qu’elle conclut. La fête était finie. « J’ai encore beaucoup de visites aujourd’hui et je n’ai pas le temps pour vos bêtises. » La réaction de Dani était clairement exagérée, mais elle ne voulait rien entendre. A tel point, qu’elle tourna les talons furieuse, retournant à son poste initial, les dégustations. Elle laissa Albane et Asher au milieu des vignes.
It's getting hard to justify my thoughts and where I'm coming from. Understand how I got here, how I became what I've become, they say that if I try, that I could maybe be someone. But I'm scared because I know deep down that day may never come. If you're sad and you know it, and you don't want to show it, clap your hands. We're all a little sad. Shut up and be happy, it's all in your head. Grow up and be happy 'cause it ain't that bad, that's what my doctor said
On ne pouvait pas dire que Asher et Albane aient opté pour le comportement le plus mature en s’égarant dans les vignes avec leurs bouteilles de vin. Ce n’était pourtant rien de méchant ; ils ne comptaient pas faire de dégâts, juste prendre le soleil en papotant et en s’éloignant du reste du monde. C’était peut-être puéril de leur part, et la française aurait pu comprendre la contrariété de leur amie en les découvrant là. Mais se faire crier dessus, voir le visage de la coréenne rougir sous la colère avait le don de tuer tout l’enthousiasme du moment. La blonde ne souriait plus, ne ressentait même plus de culpabilité. Elle avait bien tenté de se cacher derrière Asher pour gérer le conflit mais il ne semblait pas être un pacifiste, laisserait la situation s’envenimer s’il le fallait. Parce que rien ne justifiait la manière dont Dani était en train de leur parler. Ils étaient supposés être amis ; elle avait le droit de partager son agacement, pas de s’adresser à eux comme s’ils venaient de mettre le feu au vignoble ou quelque chose du genre. Albane avait pourtant un tempérament très calme, mais les mots prononcés la heurtèrent avec force, la faisant tomber dans un mutisme à son encontre. Elle était blessée, un état qui ne s’arrangea pas du tout quand plutôt que de se radoucir, elle leur tourna le dos. « Wow. » souffla la française, le visage complètement défait. Pour le coup, elle se rangeait derrière le musicien dans cette histoire. Elle n’aurait pas dû s’excuser si c’était pour en retour être traitée de la sorte. Ils se retrouvaient tous les deux dans les vignes mais la joie en moins. Bane ne ressentait même plus l’envie de porter cette escapade ailleurs ou de continuer avec cette sociabilisation spontanée, rattrapant plutôt le blond à travers les vignes. « Il y a un proverbe chinois qui dit quelque chose comme ‘On peut être intelligent toute sa vie et stupide un instant’. Je ne me souviens plus d’où je l’avais entendu mais c’est resté, et j’y pense souvent quand quelqu’un que j’estime fait ou dit quelque chose de décevant. Même moi, il m’arrive de faire des trucs vraiment cons, comme… aller picoler dans le vignoble d’une amie. Et je sais bien que ce n’est pas sur ces instants que l’on doit juger une personne, que le contexte, les émotions et les circonstances peuvent énormément impacter ce qui va passer par l’esprit. Mais parfois, ce sont ces instants de stupidité que l’on retient, parce que ce sont ceux qui font le plus mal. C’était une parfaite illustration ici, et je sais que je ne lui en voudrai pas parce que ce n’est pas son tempérament ou ses pensées le reste du temps, mais… Ouais. C’était un moment vraiment, vraiment stupide. » Elle parlait beaucoup pour se convaincre que ce qui venait de se passer n’était rien de grave, qu’ils s’en remettraient tous. Pourtant, au fur et à mesure qu’ils approchaient du portail du domaine, c’était une fatalité qui se mit à peser sur ses épaules. « C’est peut-être le plus raisonnable. Mais j’espère que la prochaine fois qu’on se croisera, ce sera dans de meilleures circonstances. » Elle ne savait pas qui elle trompait ici. « Prends soin de toi. » finit-elle par lui souhaiter avant de partir de son côté.
« Il y a un proverbe chinois qui dit quelque chose comme ‘On peut être intelligent toute sa vie et stupide un instant’. Je ne me souviens plus d’où je l’avais entendu mais c’est resté, et j’y pense souvent quand quelqu’un que j’estime fait ou dit quelque chose de décevant…» Albane t’a rattrapé et elle attrape aussi tes pensées avec son petit discours sur son proverbe chinois. Ca te fait réfléchir et tu considères ce qu’elle dit même si là, t’as vraiment pas envie de reparler de tout ça. Mais écouter ça, tu sais faire encore. Sa philosophie sur la situation est vraiment très noble et tu te dis qu’elle est vraiment quelqu’un de trop gentille. Tu n’avais pas une seule seconde vu les choses sous l’angle qu’elle vient de te donner. Un angle qui est plutôt très juste car tu as déjà été dans ces chaussures là même si tu regrettes rarement tes impulsion car t’es vraiment très têtu comme mec. Sans compter que tu en as rien à foutre de presque tout, donc c’est jamais grave si tu ruines quelque chose. En tout cas, tu as vu Dani dans une lumière qui t’était inconnu aujourd’hui. Tu es certain de ne plus jamais venir mettre les pieds à son vignoble que tu n’auras même pas pris le temps de visiter au final.
Tu vas rentrer chez toi, prendre ta voiture sans être ivre, ça c’est une bonne chose. « C’est peut-être le plus raisonnable. Mais j’espère que la prochaine fois qu’on se croisera, ce sera dans de meilleures circonstances. » Une autre chose que tu retiens c’est la bonté de Albane. Incroyable. Elle a l’air d’être une personne qu’il est bon d’avoir de son côté. Loyal et prête à voir les choses d’un autre point de vue pour apaiser la connerie du moment. Tu es certain que vos routes vont se recroiser. « Ce sera pas au milieu de vigne y’aura pas de problème. » T’es encore plutôt amer de tout ça ouais, même si tu acceptes ton sort d’être chassé de votre cachette puérile avec Albane. « Prends soin de toi. » Elle est vraiment trop bonne pour son bien et pour le tiens. « Toi aussi. » Et tu penses sincèrement ces mots. Albane doit être protégé à tout prix. Et tu files dans ta voiture, direction le supermarché pour acheter de l’alcool.