Ne pas lui manquer de respect, une base solide, ca reste flou mais c’est correcte. Elle a pas envie de trop baliser le terrain, elle sait c’qu’elle veut, j’en suis sûre. Peut être qu’elle cherche aussi à me mettre à l’épreuve. Elise, j’ai l’impression qu’elle est un challenge pour moi et en retour, j’me demande si j’suis pas une sorte de rédemption pour elle. Ce début de relation, des flirts d’adultes consentants, des parties de cache-cache, un escape game dont on a peut-être pas envie de trouver l’issue tout de suite : un jeu ? Un passe-temps ? Peu importe, il suffit d’apprécier ce moment là, de pas se compliquer la vie, comme elle dit.
« Doucement. » sa main sur mon avant-bras me fait comprendre que mes mains sont sans doute allées trop loin. Je glisse alors pour revenir au-dessus du tissu sans faire un commentaire, mais mes lèvres parcourent encore son visage. Elle a dit doucement, elle n’a pas dit d’arrêter. « Pas ici. » Ah, c’est peut-être là, le signal d’arrêt ? Je m’immobilise un instant, attendant de comprendre ce qu’elle veut dire. Pas ici, pas maintenant ? Pas ici, suis moi ? Pas ici, où ? Quand ? Elle m’échappe après un baiser volé. Elle m’échappe et s’éloigne de moi, mon corps inerte sur le canapé, sonné par la séparation, frissonnant de froid alors qu’elle me donnait si chaud. « Fais comme chez toi. J'reviens. » et me voilà seul. Seul comme un con sans savoir ce qu’elle a l’intention de faire, sans savoir ce qu’elle prépare. Qu’est-ce qu’elle fait ? Elle a surement pas envie d’aller plus loin. Elle a surement pas envie de franchir ce cap-là. Qu’est-ce qu’elle veut Elise ? Juste de la chaleur humaine, un regard rassurant qui lui dit Ô combien elle est ravissante à chaque fois qu’il se pose sur elle ?
Elle revient pas alors que le bateau a déjà commencé à sortir du port, bientôt la côte ne serait déjà plus visible d’ici. C’est long, je fini par me lever et faire le tour rapidement de la cabine et juste observer la grande étendue bleu qui s’offre à nous. Enfin, à moi. Seul face à l’océan. Qu’est-ce qu’elle fou ?
« Il a dit que ça prendrait environ trois jours. Tu changes pas d'idée ? » Elle revient derrière moi et je me retourne quand j’entends sa voix. « Donc on va vraiment à Sydney ? » c’était pas une vanne ? J’vais réellement pas revenir chez moi avant trois jours ? Ou six ? Trois jours, c’est juste pour y aller ? « ca fait une semaine, alors ? » je crois que l’idée me plait. « J’aurai du faire une valise. » partir en croisière, ca c’était la surprise du jour.
Je la suis du regard, avec l’impression qu’elle sait pas mieux que moi ce qui se trouve dans ce bateau. Elle fouille partout, ouvre chaque porte de placard pour finir par sortir deux coupes, qui accompagneront le vin qu’elle avait déjà pris avant. Elle revient, s’installe par terre et en tailleurs. L’imagine même me fait sourire. Ca lui donnerait presque un air d’hippy. « À toi l'honneur. » je tends mon bras pour récupérer la bouteille, cherchant du regard un tire bouchon, qu’elle a oublié de sortir aussi. J’vais faire comme elle, fouiller partout jusqu’à en trouver un, et ma chance c’est qu’au premier tiroir ouvert, je tombe dessus. « J’m’y connais mieux que toi. » je lance, amusé avant de revenir vers elle et m’installer, à la manière d’Elise, en tailleur. Mais je suis visiblement bien moins souple qu’elle et ressent directement le besoin d’étendre mes jambes. « J’suis trop vieux pour ça. »
« T'as eu d'autre problème avec ton… amie ? » il me faut deux à trois secondes pour comprendre là où elle veut en venir. La bouteille me fait un peu de résistance mais je viens à bout de ce bouchon et sers nos deux verres tout en répondant. « Pas encore. » ce qui veut dire que je m’attends à tout. « Peut-être que t’as réellement été convaincante. » je souris, lui adressant un regard en lui déposant son verre devant elle, l’autre est pour moi. « J’m’attends à tout. J’en ai parlé à un ami. Il me pousse à faire un test aussi pour avoir le fin mot de l’histoire et que tout soupçon soit balayé. Ce qui m’obligera pas à assumer un rôle, dans tous les cas. » père ou pas père, c’est pas l’sang qui fait la fonction. « j’ai rien à apporter à ce môme. »

« Donc on va vraiment à Sydney ? » Apparemment, oui. « C'est ton idée. » que tu lui rappelles au cas où il trouve que l'idée est mauvaise. Ça permet aussi que ce soit sa faute si jamais le périple se passe mal. Finalement, c'est une bonne idée de mettre ça entre ses mains. Ça te permet de laver les tiennes. « ca fait une semaine, alors ? » Tu as dit trois jours. Tu n'as pas dit une semaine. Il n'a vraiment aucun engagement pour s'en aller pendant une semaine sur un coup de tête ? Ce serait étonnant. « On va à Sydney. On change pas de continent. » Sydney, c'est à côté, à trois heures d'ici quand on utilise le transport adéquat - l'avion donc. C'est pas si loin que ça. Vous allez commencer par voir si vous pouvez survivre trois jours avant de partir une semaine entière ensemble. Habituellement, c'est dans le vrai monde que c'est plus complexe. Ici, isolé sur un bateau en plein milieu de l'océan, qu'est-ce qui pourrait mal tourner ? « J’aurai du faire une valise. » Oh, c'est vrai que tu n'as même pas pensé à ça une seule seconde. Tu as sûrement quelques trucs à toi en bas. En espérant que ça ne sente pas trop l'humidité depuis le temps que ça y traîne. C'est sûrement mieux que lui qui n'a rien du tout. Et c'est déjà trop tard pour qu'il retourne chez lui chercher quelques fringues rapidement. « On ira te chercher des trucs là-bas. » Toujours aussi simple. Tu as oublié ta valise ? Ça ne fait rien. On peut racheter tout le contenu arrivé à destination.

Après avoir fouillé un peu, tu reviens vers lui avec une bouteille et deux coupes. Tu tends la bouteille vers lui et il s'occupe d'aller chercher un ouvre bouteille qu'il trouve bien plus rapidement que toi. « J’m’y connais mieux que toi. » Un coup de chance bien sûr. Il revient te rejoindre à même le sol, tente tant bien que mal de prendre la même posture que toi. Échec total. Il aurait besoin d'exercice de souplesse. Il opte plutôt pour garder ses jambes allongées. « J’suis trop vieux pour ça. » « J'ai pas hâte d'avoir ton âge. » C'est qui le plus vieux ? C'est toi ? C'est lui ? La différence ne doit pas être si grande. Si ça se trouve, c'est exactement le même chiffre. « Pas encore. » qu'il te répond en venant à bout de la bouteille. Pas encore, mais ça viendra sûrement. Elle a l'air d'être le genre de personne qui perd la notion du temps. Ce serait pas étonnant qu'elle débarque à la clinique un mois plus tard sans savoir qu'elle a justement un mois de retard. « Peut-être que t’as réellement été convaincante. » Il remplit les deux coupes. Tu prends entre tes doigts celle qu'il tend vers toi. « J'veux pas te décevoir, mais ça m'étonnerait beaucoup. C'est pas évident de négocier avec quelqu'un qui n'a pas de paroles. » Peut-être qu'elle était si affectée qu'elle se souvient même pas de la discussion que vous avez vu. Elle ne doit pas se souvenir de ce qu'elle promet. Elle n'est pas fiable. C'est facile à voir. « J’m’attends à tout. J’en ai parlé à un ami. Il me pousse à faire un test aussi pour avoir le fin mot de l’histoire et que tout soupçon soit balayé. Ce qui m’obligera pas à assumer un rôle, dans tous les cas. » Honnêtement, tu ne pensais pas qu'il voudrait faire le test pour de vrai. Comme si, tant qu'il ne savait pas la vérité, il pouvait continuer de se dire qu'elle était taré et qu'elle racontait n'importe quoi. « j’ai rien à apporter à ce môme. » Facile à dire ça. « T'en a sûrement plus à apporter que sa mère. » Assez facile d'être un meilleur parent qu'elle. Même s'il est peut-être trop tard pour rescaper le gamin. Ton point de vue si tu te fout pas de lui n'est certainement plus le même qu'il y a une poignée de jours où tu n'en avais rien à faire de lui et encore moins de ce gamin sans père. « C'est la plus belle chose au monde avoir des enfants. » Il ne peut pas s'imaginer à quel point tu as la fibre maternelle dans le sang, à quel point tu n'es que douceur et tendresse envers ce fils qui n'a pourtant aucun lien de sang avec toi. L'amour inconditionnel, voilà ce que c'est. Tu viens reprendre ton téléphone, fouille dedans quelques secondes avant de tourner l'écran vers lui. « C'est mon fils Cosimo. » Peut-être qu'il sait déjà qui est ton fils. Ce serait pas si surprenant. « Enfin Damon. Je sais pas ce qu'ils ont les italiens à rénier leurs origines. » Père et fils qui ne portent plus leur prénom de naissance. « Avec sa femme, Megan. » Dans sa jolie robe blanche. Pas celle où elle avait l'air d'une prostituée. Non, l'autre celle qui n'offense pas le petit Jésus. Ils ont l'air heureux sur la photo alors que ce n'était pas le cas du tout. C'est ça le problème avec les photos. Elles ne reflètent pas la vérité. Vous êtes soudainement déranger par une notification qui apparaît dans le haut de ton écran Jet; Faut croire que t'as vraiment pas de goût en matière de mec. Ah. Tu l'envoie par en haut pour l'ignorer. Il a sûrement vu le nom. Le message peut-être pas. Tu l'as même pas lu toi même.

Donc, trois jours, c’est le temps de faire l’aller-retour. Je serai presque déçu que les vacances surprises soient déjà si écourtées. Ca fait combien de temps que j’suis pas parti en vacances tiens ? Un bon paquet de temps. Faut dire que les célébrités sont toujours là où on ne les attend pas et que même lorsqu’elles sont en vacances elles, elles donnent de quoi travailler. Y a pas de repos possibles pour les paparazzis. Pas de repos possible quand on en veut toujours plus. J’ai ma croûte à gagner. Mais pour autant, m’obliger à me poser, peut être que ça me ferait pas de mal. Des vacances forcées, si c’est dans ce cadre-là, je dis pas non. Tant pis, trois jours c’est bien. Tant bien qu’Elise se décide pas à signaler au capitaine de faire demi-tour sur un coup de tête avant d’être arrivé à bon port. Peut être que dans une heure elle aura les idées plus claires, qu’elle se rendra compte de ce qu’elle fait et qu’elle voudra rentrer.
Tiens et ma voiture ? Merde, j’vais surement me prendre une amende à mon retour, j’ai payé le ticket que pour la journée. J’vais croiser les doigts jusqu’à ce qu’on rentre. Ca, plus des fringues, l’addition va être salée. Mais bon, j’vais pas m’plaindre, j’crois que là, j’ai pas l’droit d’me plaindre. « J'ai pas hâte d'avoir ton âge. » Elle me fait rire, comme si elle était si jeune. Elle est juste mieux conservée, ca doit pas être difficile quand on a été entretenu toute sa vie. « C’est pourtant moi qui fait des courbettes et des roulades pour chopper les meilleurs clichés. » que j’lance, amusé. « Ca s’fait pas de demander aux femmes leurs âges. J’en ai 43, j’te laisse calculer combien de temps ça te fera avant d’être à mon niveau. » j’ai même pas idée de l’âge qu’elle a en réalité.
Je goûte le vin qui est très bon cette fois. Faut dire que je garde encore un vieil arrière-gout de ce mauvais vin qu’elle m’avait sorti chez elle quand je suis allé trouver de l’aide avec toute cette histoire. J’crois que si, sur le coup, j’ai regretté de m’être tourné vers elle, je reste persuadé que cette fois-là a été un élément déclencheur à ce qu’il se passe aujourd’hui. « J'veux pas te décevoir, mais ça m'étonnerait beaucoup. C'est pas évident de négocier avec quelqu'un qui n'a pas de paroles. » Aucune place au doute concernant Elise, Eileen finira par revenir vers moi et au fond, je m’en doute bien. On verra bien, et il se pourrait bien que la prochaine fois qu’elle revienne à la charge, je lui demande d’avoir un échantillon de l’ADN du môme pour pouvoir faire une comparaison. Je sais même pas comment ça se passe, il faut quoi ? Une prise de sang ? Un cheveux ? La salive ? Dans tous les cas, il faut que le gamin soit consentant, j’imagine. Et s’il veut pas savoir qui est son père ? Je l’ai jamais rencontré lui non plus. C’est l’autre, celui qui s’est pointé chez moi qu’il faut que j’essaie de capter, il avait l’air bien plus posé que sa propre mère. « T'en a sûrement plus à apporter que sa mère. » qu’est-ce que j’pourrais bien apporté ? Mes questionnement sont réels, j’ai vraiment aucune idée de quel rôle j’ai à jouer dans tout ça. « C'est la plus belle chose au monde avoir des enfants. » « Quand on l’a choisi, j’imagine. » et encore, j’ai du mal à vraiment le croire. Ça change beaucoup trop de chose, d’avoir un enfant. Elise fouine pour dégainer son téléphone, semble y chercher quelques chose. « C'est mon fils Cosimo. » je regarde la photo, en voyant d’abord le jeune homme qu’elle me présente, comme si sa tête me parlait, comme si je l’avais déjà vu quelques part. Peut être avec Saul, ce serait pas impossible et en même temps, j'ai pas ce souvenir là. « Enfin Damon. Je sais pas ce qu'ils ont les italiens à rénier leurs origines. » Par contre, mon regard se pose ensuite sur la jeune femme à ses côtés et mes sourcils se froncent. Qu’est ce que Megan fou avec lui ? « Avec sa femme, Megan. » « Mégan. » que je dis presque en même temps qu’elle. Je relève les yeux vers Elise puis les pose à nouveau sur le téléphone. Et je vois la notification qu’elle dégage rapidement, en ayant juste eu le temps de lire le nom de l’expéditeur. Le musicien. « Il s’ennuie de toi ? » est-ce que je suis sur le point d’être à nouveau grognon ? Franchement ? C’est qui, vraiment ce mec ?

« C’est pourtant moi qui fait des courbettes et des roulades pour chopper les meilleurs clichés. » Oui, oui, bien sûr. Comme s'il faisait réellement de telles prouesses simplement pour prendre une photo. Même pas capable de s'asseoir en tailleur. On est loin de la roulade avant. « Ca s’fait pas de demander aux femmes leurs âges. J’en ai 43, j’te laisse calculer combien de temps ça te fera avant d’être à mon niveau. » Tu souris doucement. Non ça ne se fait absolument pas. Mais c'est bien joué de choisir de faire semblant d'être le plus vieux des deux. Toujours rajeunir les femmes. Leur donner au moins dix ans de moins pour être certain de ne pas dire qu'elles ont l'air vieilles même si elles en ont l'air. Ça va lui poser problème que tu sois plus vieille que lui ? Bon, la différence est très légère, mais elle est quand même là. Les hommes aiment les femmes jeunes et fringantes. Tu n'es ni l'un ni l'autre. « Je t'ai déjà dépassé d'un an. » Peut-être plus selon s'il vient tout juste d'avoir son 43 ou s'il arrive bientôt sur son 44. Le 45 n'est pas si loin que ça pour toi.

Vint ensuite le sujet de son fils et de la mère qui vient avec. Plus de nouvelles depuis des semaines si tu as bien compris. Elle fera sûrement une apparition surprise bientôt. Tu serais pas si étonné qu'elle choisisse le seul moment où vous n'êtes plus sur Brisbane pour aller faire une crise d'hystérie à la clinique médicale. « Quand on l’a choisi, j’imagine. » Il imagine. Il n'en sait rien et ne semble pas vouloir le savoir non plus. Ce n'est sûrement pas tout le monde qui sont fait pour être parent. Tu comprendras jamais comment la vie peut être si injuste à faire des enfants à ceux qui n'en veulent pas et rendre infertile ceux qui en veulent désespérément. Tu profites également du fait que le sujet des gamins soient sur le tapis pour lui montrer une photo de Damon avec sa femme. Pas qu'elle soit si importante a présenté. C'est juste la première photo sur laquelle tu es tombé. « Mégan. » Le prénom de ta belle-fille qu'il prononce en même temps que toi. Ton regard se lève sur lui alors qu'il fait de même. Tu peux pas dire que tu es si surprise qu'il connaisse son prénom. Le monde de la photo, c'est sûrement pas si grand que ça. Ils doivent tous se connaître. De nom au moins. « Tu la connais ? » que tu lui demandes. Il la connaît vraiment ou il sait juste qui elle est ? Il a quelque chose d'intéressant à dire sur elle ou pas ? Tu le sens pas. Tu devrais pas t'avancer sur ce terrain là, mais c'est plus fort que toi. « C'est une pétasse ou pas ? » T'es pas si certaine d'avoir envie d'entendre cette réponse. Tu aimerais qu'il te disent que c'en est pas une kit à ce que ce soit un mensonge. Mais bon, il peut pas briser sa promesse aussi rapidement. Tu n'aurais sûrement pas dû poser la question. Ça va gâcher le reste de ta journée.

Jet choisi le moment idéal pour t'écrire. Quel con. Tu balaies son message sans même prendre le temps de le lire, mais tu sais que tu n'as pas été assez rapide pour que Dinis ne s'en rende pas compte. « Il s’ennuie de toi ? » Tu hausses les épaules. Tu lui as pas demandé et tu comptes pas le faire. Il a passé des semaines à t'ignorer. Il devrait survivre à quelques jours sans toi. Ça lui fait sûrement plaisir d'avoir ta grosse maison pour lui tout seul. Peu importe, toi, tu ne t'ennuies pas. C'est sûrement ça l'important, non ? S'il veut savoir quelque chose, Dinis, qu'il le demande clairement sinon tu ne comptes pas rien lui dire. « Toi, tu t'es ennuyé de moi ? » que tu lui demandes plutôt en venant porter ta coupe à tes lèvres tout en délaissant ton téléphone plus loin. Tu liras son message plus tard. Tu lui répondras peut-être si le contenu ne te met pas trop de mauvaise humeur. Pour l'instant, tu te concentres plutôt sur Dinis et sur le bout de tes doigts qui s'égarent le long de sa mâchoire.

« Je t'ai déjà dépassé d'un an. » j’aurai pas dis, en réalité. Quand j’me regarde dans un miroir j’ai l’impression d’avoir presque dix piges de plus, et peut être bien que ma moustache y est pour quelques chose, mais jamais je ne m’en séparerais. Je supporte pas de me voir sans. Elle me rend bien plus beau gosse que je ne peux l’être et elle fait fureur. C’est mon atout séduction. « j’aurai toujours l’air plus vieux que toi. » elle doit avoir un secret pour avoir l’air si jeune encore et pour en connaitre qui pratique le botox à volonté, je sais reconnaitre que c’est pas le cas pour elle. Elle est juste belle et ça m’rend un peu plus fier d’être à ses côtés ce soir. Enfin bref, elle pourrait avoir dix ans de plus, dix ans de moi, c’est pas un chiffre qui m’importe. J’aime les femmes de caractères, qui savent ce qu’elles veulent et qui savent s’affirmer, plus elles sont coriace et plus ça m’plait, je crois bien. Et pour ainsi dire, avec Elise, j’suis vraiment servi.
Les yeux rivés vers cette photo, Elise a pas l’air si surprise que ça que le prénom de Megan s’échappe aussi d’entre mes lèvres. « C’est une concurrente. » et coriace aussi. Elle est bonne, un peu trop et traine sur mes plates bandes. Elle est nouvelle, mais elle sait y faire, elle est sans doute meilleure que moi d’ailleurs. Et son avantage, c’est d’être moins connu encore, on la fuit pas quand elle s’approche, elle est plus maline que moi, elle passe entre les mailles du filet. Elle est doué et ça m’emmerde, mais c’est pas une méchante fille. Au moins, j’me dis que la relève est là. Si elle pouvait juste me laisser mon morceau de viande, ce serait cool aussi. « C'est une pétasse ou pas ? » forcément, du coup, la fameuse pétasse, c’était elle. La question me fait sourire. Je vient frotter mon menton du bout des doigts. « Je la connais pas personnellement… mais un minimum pour dire qu’elle doit pas l’être. » si ça peut la rassurer, après, j’en sais rien, si elle l’est réellement ou pas. Surement que le simple fait d’avoir épousé le fils d’Elise est suffisant pour la nommer ainsi. Ca m’va, de dire qu’une de mes concurrente est une pétasse. « Elle grille pas mal de mon chiffre ces derniers temps. » est-ce que c’est parce qu’elle est paparazzi qu’Elise a tendance à pas aimer ça ? Parce qu’elle avait cette mauvaise expérience avec moi ? « C’est quoi le problème ? Qu’elle soit mariée avec ton fils ou qu’elle soit aussi paparazzi ? » ca m’brulait bien trop les lèvre. « Tu cherches à nous rassembler autour de toi pour faire une chasse aux sorcières ? » ça m’amuse, c’est peut-être son seul but, tous nous éliminer.
Tout de suite moins bien amusé en voyant qu’on allait sans doute pas être si seul que ça, pendant ces trois jours. Vraiment, je le sens pas, ce musicien. « Toi, tu t'es ennuyé de moi ? » mes yeux suivent sa main qui se glisse sous mon visage. « pourquoi est-ce qu’il est chez toi ? » je sais pas si c’est autorisé d’aller sur ce chemin là, si j’ai l’droit d’être aussi curieux que ça. Mais si Elise veut de la transparence de mon côté, j’en demanderai tout autant en ce qui la concerne.

« C’est une concurrente. » Une concurrente ? Il se fout de ta gueule ? C'est quoi cette connerie encore ? Tu peux croire que tu cherches des réponses depuis des mois sans les avoir et qu'elles sont soudainement là sous ton nez aussi facilement. Dinis les a, en partie du moins. Et il a aucune foutue idée que toi tu sais rien du métier de ta propre belle-fille. Il sait absolument pas que tout ça devrait rester secret. C'est une mine d'or maudite. « Je la connais pas personnellement… mais un minimum pour dire qu’elle doit pas l’être. » Elle ne doit pas l'être. Il dit ça pour te faire plaisir. Il n'en sait absolument rien. Il l'a connait pas. C'est sûrement une pétasse. Elle a un truc sur Saül ? Elle a mis ton fils dans cette merde parce qu'elle a pas su se meler de tes affaires. Et voilà, ta journée est gâchée. Tu te crispe tout d'un coup. « Elle grille pas mal de mon chiffre ces derniers temps. » Plus il en parle, plus tu la détestes. « Mh, tant mieux pour toi qu'elle n'est plus besoin d'argent. » Parce qu'elle peut désormais dépendre de la fortune de Damon. Elle n'aura plus à se rabaisser à ça. Ton regard devient soudainement fuyant alors que tu avales le reste de ta coupe cul sec - coupe qui était à peine entamée soit dit en passant. « C’est quoi le problème ? Qu’elle soit mariée avec ton fils ou qu’elle soit aussi paparazzi ? » Toutes ses réponses ? « Tu crois qu'on se marie avec des personnes comme vous ? » Vous étant les riches, eux étant les pauvres sans avenir. On ne se mélange pas. C'est comme ça depuis la nuit des temps et c'est pas prêt de changer. « Tu cherches à nous rassembler autour de toi pour faire une chasse aux sorcières ? » Ça l'amuse en plus. Il ne voit vraiment pas à quel point il est en train de te mettre sur les nerfs ? Les hommes, ils ne voient jamais rien. « Tu veux pas te taire ? » Trop tard, il est déjà allé trop loin. Dommage que tu puisses pas encore partir en claquant la porte.

Le message de Jet n'aide en rien. Tu tentes de détourner la question, mais ça ne marche pas, pas cette fois-ci. « pourquoi est-ce qu’il est chez toi ? » Il va directement au but. En vrai, tu ne sais même pas la réponse à cette question. Tu ignores Jet depuis qu'il a pris ses aises chez toi. Tu sais qu'il a des problèmes, qu'il ne peut pas retourner chez lui. Tu ne sais pas ce que c'est exactement. Tu ne lui as pas demandé et tu ne comptes pas le faire. « C'est temporaire. Il a des problèmes. » Ça dure déjà depuis trop longtemps. Tu te demandes s'il en a encore des problèmes où s'il abuse vraiment de ton hospitalité. En même temps, ça doit être particulièrement chiant de vivre avec quelqu'un qui fait comme si tu n'existais pas. « Il est important. » Tu n'arrives pas vraiment à mettre de mots précis sur la relation qui vous unis. Mais il compte suffisamment à tes yeux pour que tu l'aides. « Ou il l'était plutôt. » Tu sais toujours pas si tu arriveras à passer par-dessus son abandon. Avec du temps, probablement. Peut-être que c'est brisé à tout jamais aussi. Va savoir. « Il va s'en aller. » Quand ? T'en sais rien.

Le visage d’Elise se crispe et ça m’empêche pas de continuer, parce que pour moi, y a aucun mal. Elise est juste une mère jalouse qu’une femme approche son fils, qu’une femme épouse son enfant, vu comme elle parle de lui, elle a surement jamais du couper l’cordon. J’me suis jamais réellement intéressé à tout ça, j’me suis jamais penché sur le cas de son fils, ce qui m’a toujours intéressé, c’est Saul. Saul, parce qu’il a du pouvoir, parce qu’il règne impunément sur son petit royaume et qu’à l’époque, j’avais cerné leur manège. J’ai rapidement compris que je pouvais en tirer gros, que ça allait être facile de me faire de l’argent sur le malheur des autres. J’avais aucun état d’âme, aucune compassion, aucune empathie. Elise ne me faisait ni chaud ni froid, elle était indisponible, j’ai jamais cherché à l’approcher autrement que pour avoir mes billets. Elle se montrait toujours glacial, elle me détestait, c’était de bonne guerre. Point.
« Tu crois qu'on se marie avec des personnes comme vous ? » mon regard et mon expression deviennent aussi fades qu’elle. C’est quoi son problème à Elise ? « Tu veux pas te taire ? » j’vais la fermer, jusqu’à ce qu’on revienne sur la terre ferme. Et ce sera pas dans trois jours. Ce sera dans une heure, grand max, ca fait pas si longtemps qu’on est partie, j’pense que ce sera même bien plus court que ça.
J’en ai plus rien à foutre de son musicien, qu’il soit chez elle pour une raison ou une autre, j’écoute plus. L’idée c’est de le rendre jaloux ? On est là pour qu’elle puisse se venger ? Il est important, il l’est sans doute toujours. Qu’il le reste. J’me redresse, j’me lève et sans dire un seul mot, je me dirige sur le pont. Mais quel con. Mais quel idiot. Qui j’suis réellement pour croire que j’avais ma place sur ce putain de yacht ? Je ris, c’est nerveux, je ris et en même temps mon visage se crispe aussi. J’ai rien à foutre ici. Absolument rien. La belle et le clochard, j’en fais un beau de clochard, on a jamais été aussi près de la vérité. J’inspire, mes mains qui tiennent fermement la barrière en bois du bateau.
Je rentre à nouveau à l’intérieur, j’ai l’impression d’être resté beaucoup trop de temps dehors à attendre que la pilule passe, la réalité c’est que ça a duré même pas trois seconde. Mon regard se plante dans les pupilles d’Elise. « On fait demi-tour. » c’est pas une question, c’est même pas une proposition, c’est un ordre et elle a plutôt intérêt à aller voir son capitaine pour lui dire qu’il allait avoir sa soirée. « C’était quoi ton idée ? » j’ai l’impression d’être un lion en cage qui a pas la possibilité de s’échapper. J’ai l’impression d’être pris au piège dans une prison dorée. « T’as besoin d’exotisme ? » un pas à droite, un pas à gauche, surtout rester loin d’elle, elle pourrait chopper la gale en m’approchant. « C’est ça, le respect pour toi ? » avec ses belles paroles, elle pense pas un seul mot de ce qu’elle dit. « J’suis quoi là ? » elle va envoyer m’envoyer un sms dans trois jours pour me demander si j’suis encore énervé ? Elle va me donner un autre rencard pour partir aux Maldives ? Elle va encore me faire comprendre que c’est toujours une erreur d’être avec moi ? Je savais bien que ça viendrai, depuis l’instant où j’avais mis un pied sur ce bateau, je savais que ça arriverait. Ce que je savais pas, c’est qu’en plus d’être en colère, j’étais blessé.

Il ne t'écoute même plus. T'es allé trop loin. Tu l'as su à la seconde où tes mots ont traversé ta bouche. Putain, c'est quoi ton problème ? Un bon commencement mon oeil, oui. Il se lève sans un mot, sort sur le pont. Tes yeux le suivent du regard, mais ton corps ne bouge pas. Enfin, si, tu te relèves, mais c'est tout. Il est vraiment sorti pour décompresser ? Pourquoi il ne fait juste pas te crier dessus ? Tu l'as bien mérité. Mais non, il sort. Et toi tu restes planté là à attendre qu'il revienne te dire tes quatre vérités. Il revient à peine une minute plus tard. Ses pas sont pressés. Son regard noir se pose dans le tien. « On fait demi-tour. » Alors, c'est déjà terminé. C'était idiot de croire que la lune de miel pouvait durer pendant trois long jours. Vous avez à peine traversé la première heure. « C’était quoi ton idée ? » Tu n'avais pas d'idées, pas de plan. Tu t'es laissé guider par l'émotion sans te poser de question. Le problème c'est que tu te laisses porter autant par les bonnes que les mauvaises émotions. C'est de sa faute aussi à toujours peser là où ça fait mal. « T’as besoin d’exotisme ? » Tu lèves les yeux au ciel. « J'ai besoin de rien. » Tu as besoin de bien des choses, mais de rien dont les autres peuvent t'apporter. C'est d'un énorme travail sur toi-même que t'as besoin. C'est de régler des blessures qui sont ancrées depuis trop longtemps. D'oublier une mentalité avec laquelle on t'a lavé le cerveau depuis le jour un. C'est tout ce que tu connais, les vacheries, les coups bas, la vérité percutante, les mensonges perfides. L'amour et les belles choses, tu ne connais pas. Et si ça continue ainsi, tu ne connaîtras jamais non plus. « C’est ça, le respect pour toi ? » Non. Il a raison. Ce n'était en rien respectueux. Tu n'es même pas capable de t'engager selon tes propres règles. « J’suis quoi là ? » « T'es rien. » Il n'est rien. Tu n'es rien. Ce n'était qu'une poignée de baisers échangés qui ne voulait rien dire. C'est le bon moment pour lui rappeler le moment où tu lui as dit que c'était toi qui n'était pas à la hauteur ? En voilà la preuve. Il vaut cent fois mieux que toi.

« On fait demi-tour. » Ses premières paroles que tu répètes. Parce que t'es trop conne pour t'excuser et que, même si tu le ferais, tu n'es pas certaine qu'il les prendrait vraiment tes excuses. Il ne passera pas sa vie à te pardonner tes impolitesses. Tu lui as sûrement enlevé l'envie à jamais de s'engager avec quelqu'un à tout jamais. Vous allez divorcer comme prévu. C'était ça le plan. Pourquoi changer le plan initial ? Tu le laisses là en plan, alors que tu remontes à l'étage du dessus pour aviser la fin de ce périple. Tu redescends même pas. Tu restes là, à faire semblant de te soucier de comment vont les enfants du pilote dont tu n'as rien à foutre. Tu parles de n'importe quoi pour ne pas redescendre et il fait semblant de croire que tu es vraiment intéressé et que tu ne fais pas juste fuir ton compagnon. Le bateau reviendra au port et Dinis pourra poursuivre sa vie sans toi pour lui donner des ordres et l'insulter. Il en ressortira gagnant. Tu en ressortiras perdante.