Tu dois regarder ton téléphone aux dix minutes pour voir l'heure qui n'avance pas assez rapidement à ton goût et pour constater que tu n'as (malheureusement) pas de nouveaux messages qui entrent. Ça prend combien de temps pour aller à Port Macquarie ? Cinq, six, sept heures ? Il aurait dû y aller en avion - ou au moins revenir en avion - il serait déjà là depuis longtemps. Il a déjà manqué toute l'action de toute manière. Eileen est défoncé et hystérique. Une jolie piqûre plus tard et elle dort comme un bébé depuis quelques heures déjà. Pourvu que Dinis soit arrivé quand elle va se réveiller. Elle l'a dit plus d'une fois, c'est lui qu'elle veut voir et pas sa pétasse. Ah bon, t'es la pétasse de Dinis maintenant. Le dodo forcé de la mère t'a permis de gérer le gamin. Tu es presque sûr que Dinis n'a pas envie de le voir et tu ne vas pas non plus lui demander de patienter ici pendant des heures le temps qu'il arrive. Après une brève conversation, tu as fini par comprendre qu'il était seul chez lui quand sa mère s'est pointé là-bas à raconter n'importe quoi et qu'il la juste suivit parce qu'il a pitié d'elle - bon il a pas dit ça exactement, mais c'est ce que tu as compris. Il a quand même voulu faire la prise de sang, même s'il avait l'air un peu chamboulé. Tu as fini par le renvoyer chez lui en taxi avec assez d'argent pour payer la course et de quoi se nourrir pour ce soir. Honnêtement, pas besoin de test de paternité. Tu as juste eu besoin de voir ses yeux pour savoir que cette histoire est bien vraie.

T'es sur le point de t'endormir dans cette chaise qui n'a pourtant rien de confortable lorsque Dinis arrive enfin. C'était long. Tu ne peux même pas dire s'il a fait ça rapidement ou non, mais tu te doutes bien qu'il a fait le chemin sans s'arrêter une seule fois. « T'as l'air crevé. » que tu lui dis lorsqu'il vient prendre place à tes côtés. Ta main se pose contre sa joue pour l'attirer vers toi alors que tu viens déposer un délicat baiser contre son autre joue. Tu m'étonnes qu'il a l'air crevé. Il doit angoisser depuis que tu lui as envoyé ses messages. C'était sûrement pas si prudent qu'il prenne la route avec l'esprit aussi occupé. « Ta mère était pas trop déçue que tu partes plus tôt ? » Bon, il repartait le lendemain quand même. C'est pas si mal. Mais il n'a sûrement pas envie de parler de ça, pas maintenant. Sa mère et son séjour dans sa ville natale, ça attendra à plus tard. T'as quand même envie d'être un peu égoïste et d'être contente qu'il soit rentré plus tôt. « Le garçon est parti. Et elle, elle dort. » Pour l'instant. Tu te demandes dans quel état elle sera quand elle va se réveiller. Ça peut pas être pire que tout à l'heure. « Si t'es chanceux, elle aura eu le temps de décuver un peu. » Et ils pourront tous les deux avoir une discussion d'adulte.

@dinis irish

le séjour à Port Macquarie de Dinis avait dû être écourté de vingt quatre heures. Le message qu’il avait reçu d’Elise lui avait retourné le bide a nouveau. C’est pas qu’il avait oublié Alyssa et le gamin, mais ces derniers temps, il préférait s’occuper l’esprit autrement. Il accordait beaucoup de temps et d’attention à Elise et même si c’était pas mince affaire, mais s’il devait faire un classement de ses priorités Elise passait numéro un. Mais a force d’être dans le déni, a faire un pas en avant puis deux en arrière, il fallait bien que ça lui explose au visage.
Il n’avait pas réellement saisi ce qui avait pu se passer pour qu’Alyssa puisse se rendre à la clinique avec son fils. D’après les informations qu’il avait, le gamin n’habitait pas avec sa mère et ce depuis très longtemps. Il lui avait été retiré de la garde et n’avait pas tellement de contact avec lui, si ce n’est le stricte minimum. Dinis se demandait si finalement il n’était pas qu’un mobile pour pouvoir retrouver son fils et avoir a nouveau la garde. Se disant qu’avec un père qui semblerait a minima stable, ça jouerait en sa faveur. Quelle idée… c’est avec Félix qu’il devrait gérer ça mais là encore, le chilien n’était pas certain que ce soit la meilleure chose, il n’avait sans doute pas les épaules pour gérer une situation pareille. Bien que c’était lui qui gérait plus que de raisons dans cette histoire.
Dinis avait mis près de six heures a rentrer, pas une seule pause. Les bouchons a l’entrée de la ville l’agacaient et lui faisait perdre patience. Prêt à insulter toutes les voitures sur son passage, il avait manqué de peu un accident, pas de sa faute, bien entendu…
Il avait tourné en rond dans le quartier pendant près de dix minutes sans trouver de place pour garer sa voiture, c’est sur une place privée de la clinique qu’il décida de laisser son bolide et tant pis s’il ne retrouvait pas sa voiture après ça. Il irait à la fourrière s’il le fallait.

Devant la clinique, je suis tout de suite bien moins pressé d’arriver. Pas sûre de l’avoir été réellement mais le trajet sans pause avait été infernal et fatiguant.je souffle et passe la porte, sans trop savoir où je devais aller réellement. L’accueil m’indique où je peux trouver Elise, comme s’ils la connaissaient que trop bien. Et comment le médecin avait pu la joindre directement d’ailleurs ? Bref. Elise est dans la salle d’attente, même pas si confortable que ça et elle est à moitié assoupie. Dans quoi je l’embarque encore … j’approche et comme si elle avait senti ma présence , elle ouvre les yeux. « T’as l’air crevé. » tant que ça ? Je m’assois a côté d’elle et son baiser est apaisant et a la fois, j’en sais rien. J’suis content de la retrouver, j’aurai préféré d’autres conditions.  « Ta mère était pas trop déçue que tu partes plus tôt ? » elle avait l’air occupé avec son nouveau mec. « faut que je lui dise que je suis arrivé. » en bon fils qui prévient sa mère. « j’ai rencontré beau papa. » je lève les yeux. Ce sera mieux de lui raconter ça plus tard. Je regarde autour de nous, personne a l’horizon, c’est d’un calme.  « Le garçon est parti. Et elle, elle dort. » le garçon. Elle l’a vu ? Et pourquoi l’autre dort ? « tu l’as vu ? » Celui qui est supposé être mon fils. « dis moi qu’il a une tête blonde et qu’il ressemble à un norvégien » qu’on soit enfin fixé avec ça. Ça m’arrangerait bien, hein.« Si t’es chanceux, elle aura eu le temps de décuver un peu. » je souffle, on est obligé d’attendre qu’elle finisse sa nuit ? « Il s’est passé quoi ? Pourquoi ils t’ont appelé toi ? » Ma jambe s’emballe, elle me trahira toujours

« faut que je lui dise que je suis arrivé. » qu'il annonce en prenant son téléphone pour envoyer un message à sa mère. « j’ai rencontré beau papa. » Ça ne semble pas être une bonne chose à le voir lever les yeux au ciel. C'est un connard ou il est juste traumatisé de voir sa mère refaire sa vie ? Après autant d'années, tu as presque envie de dire qu'il était plus que temps. Enfin, tout ça, ce sera pour plus tard. Tu te contentes de laisser un petit sourire en coin apparaître en déviant tout de suite sur le sujet fâcheux. Plus vite, c'est réglé. Plus vite vous pourrez tous les deux rentrer. Tu avais espérer à mieux comme retrouvailles après presqu'une semaine sans le voir. « tu l’as vu ? » Tu hoches la tête. « Je l'ai renvoyé chez lui. » Tu espères avoir fait le bon choix, mais dans le pire des cas, maintenant qu'il y a un dossier d'ouvert ici, ils ont sûrement un numéro d'enregistré pour le rejoindre. Mais tant qu'ils ne se voient pas ni un ni l'autre, ça peut encore resté une idée abstraite et un peu farfelue de cette charmante Alyssa. « dis moi qu’il a une tête blonde et qu’il ressemble à un norvégien » « C'est la vérité ou un mensonge que tu veux ? » Tu voudrais bien lui dire ça, mais ce n'est pas le cas. Tu te demandes si ça lui aurait semblé si évident que c'était bel et bien son fils s'il l'aurait vu de ses propres yeux. Non, il est sûrement encore bien enfoncé dans le déni.  

« Il s’est passé quoi ? Pourquoi ils t’ont appelé toi ? » Pourquoi il l'aurait appelé lui ? Il n'a jamais mis les pieds ici encore. Ils n'ont sûrement aucun numéro pour le rejoindre. « Parce que c'est moi qui paie. » Il croit quoi ? Que c'est gratuit tout ça ? Que tu l'enverrais dans une clinique sans avoir fait les arrangements d'abord ? Le nom de Dinis et celui d'Alyssa sont directement reliés à ton nom à toi. C'est en quelque sorte ton problème. Surtout si l'un des deux est incapable de bien se comporter en société. « Pour le résultat qu'on veut. » que tu ajoutes au cas où c'était pas clair encore. Enfin, on, c'est lui qui veut se débarrasser de tout ça. Tu fais juste ce qu'il t'a demandé. C'est pas parce que y'a plus de divorce en jeu que tu vas plus tenir cette promesse. « Elle était hystérique parce que t'étais pas là. Ils lui ont donné un calmant et elle dort depuis. » Ça, c'est l'explication pour le reste. Elle est sûrement sur le point de se réveiller d'ailleurs ou le calmant ne fait plus assez effet pour qu'on soit incapable de la tirer de son sommeil de force. Tu comptes pas t'éterniser ici encore longtemps. « Va lui parler qu'on puisse rentrer. » Idéalement lui mentir, ce serait bien.

« Je l'ai renvoyé chez lui. » je hoche la tête, elle a bien fait. J’comprends pas comment c’est possible que le gamin soit venu jusqu’ici avec sa mère alors qu’elle en a pas la garde. Elle est quand même sacrément barge, Alyssa. Fallait que ça tombe sur moi, cette histoire. « Il a pas besoin de voir ça… » et c’est sincère. C’est pas un endroit pour un môme de seize ans, triste spectacle. Ma main vient accrocher celle d’Elise pour trouver un peu de réconfort dans son contact. « C'est la vérité ou un mensonge que tu veux ? » elle répond sans répondre. J’ai bien compris qu’il y avait finalement peu de chance que ce gamin soit pas le mien. Ca devient beaucoup trop sérieux pour qu’elle s’accroche à cette simple idée que je sois le père sans que ce soit le cas. Quel bordel. Sauf que c’est vraiment compliqué de se faire à l’idée. J’en avais parlé à Jake, de cette histoire et il m’avait bien dit que j’avais rien à me reprocher, que j’avais aucune charge à m’imposer mais que ce serait sans doute bien d’avoir une réponse, une bonne fois pour toute, pas de supposition, pas de déni possible. Juste, savoir. Il avait sans doute raison, et comme il dit, le môme a surement pas besoin de moi dans sa vie, il est déjà bien entouré. La seule personne que ça arrange vraiment de venir me trouver, j’ai l’impression que c’est Alyssa. Le problème, c’est que je sais toujours pas quelles sont ses intentions et pourquoi elle décide de faire tout ça, toutes ces années plus tard. Si elle voulait que je sois au courant, elle m’aurait sans doute prévenu bien plus tôt…
« Parce que c'est moi qui paie. » payer quoi ? On a encore rien fait ici, j’ai rien fait pour enclencher les procédures. Elle doit peut être connaitre un médecin qui travaille ici et à qui elle avait déjà parlé de tout ça… « Pour le résultat qu'on veut. » bon, c’est tout de suite plus clair. J’en ai des sueurs froides. J’ai chaud, j’ai froid, j’ai des frissons. « Elle était hystérique parce que t'étais pas là. Ils lui ont donné un calmant et elle dort depuis. » Parce qu’elle pensait qu’on s’était donné rendez-vous aujourd’hui peut être ? « Elle est folle. » c’est peut-être ce qui me fait le plus peur. « c’est dans un hopital psy qu’elle doit être. » et enfermée jusqu’à plus jamais en sortir, c’est tout. « Va lui parler qu'on puisse rentrer. » mes yeux deviennent rond et mon regard se fixe sur Elise. « Et j’dois lui dire quoi ? » lui parler de quoi… « j’ai rien à lui dire, Elise… » j’suis un trouillard, elle avait bien raison d’me dire ça depuis l’début. Un lâche, c’est tout c’que j’suis. « et les résultats, tu les as déjà ? » suffit juste d’un papier qui fait apparaître ce qu’on veut lui dire, que je suis pas le père et qu’elle lâche l’affaire avec ça. « Suffit juste que j’aille la voir pour lui montrer. Si non, j’ai rien à lui dire. J’vais pas jouer à l’infirmier qui vient voir sa patiente. » pour quoi faire ? Discuter ? « elle me fait trop flipper. »

« Il a pas besoin de voir ça… » Il en a déjà trop vu si on te demande ton avis. Tu n'as pas trop compris toute l'histoire. Il n'était pas très bavard le gamin - et c'est tout à fait normal tu es qu'une parfaite inconnue à ses yeux. Mais cette histoire semblait bien le chambouler. Dinis vient prendre ta main dans la sienne et tes doigts reviennent se resserrer entre les siens. « Elle est folle. c’est dans un hopital psy qu’elle doit être. » Elle a plus besoin d'une cure de désintoxication que d'un séjour en hôpital psychiatrique à ton humble avis, mais tu ne vas certainement pas prendre sa défense. Plus elle est folle aux yeux de tout le monde, plus elle est facile à discréditer. Sa petite scène devant tout le monde, ça joue en votre faveur. « Et j’dois lui dire quoi ? j’ai rien à lui dire, Elise… » Il peut pas être sérieux là ? « Donc t'as fait tout ce chemin pour pas aller lui parler ? » Il aurait dû rester chez sa mère à angoisser s'il ne veut pas vraiment aller régler le problème. Elle est là. C'est le moment. Personne ne sait ça prendra combien de temps avant qu'elle n'est une nouvelle bulle au cerveau et qu'elle réapparaisse dans la vie de Dinis.

« et les résultats, tu les as déjà ? Suffit juste que j’aille la voir pour lui montrer. Si non, j’ai rien à lui dire. J’vais pas jouer à l’infirmier qui vient voir sa patiente. » Non, tu n'as pas encore les résultats, mais tu les auras sûrement avant de partir d'ici. Ça veut pas dire que vous pouvez lui montrer sous le nez tout de suite. Il y a un délai à respecter avant d'avoir les résultats. Il ne réfléchit pas Dinis. Vous auriez peut-être besoin de Oz en ce moment. « C'est pas instantané. Elle va pas y croire. » Elle est peut-être défoncé, mais elle n'est pas si conne non plus. Pour qu'un mensonge fonctionne, il faut qu'il frôle la vérité. Il n'y a pas de place à l'erreur et encore moins à l'hésitation. Il est capable d'avoir un jeu de rôle impeccable ? « elle me fait trop flipper. » Okay, c'est la phrase la moins convaincante que t'as jamais entendue. Il va tout faire merdé, mais tu ne peux pas le faire à ta place. Tu as l'impression qu'elle va te sauter à la gorge si c'est toi qui retourne lui parler et non Dinis. Tu te tournes sur ta chaise pour faire face à Dinis. Tes mains se posent sur chacune de ses joues pour qu'il te regarde. « C'est pas le temps de flipper. » Il flippera après. Dans la voiture. Bien loin d'ici et à l'abri des regards. « Tu vas aller la voir. Tu vas lui dire que t'as fait le test et que tu vas la rappeler quand on aura les résultats. » Tu parles doucement. Tu veux être certaine que chaque mot est bien assimilé. « Si elle va voir son fils, il va confirmer qu'il l'a fait lui aussi. » Il n'avait déjà pas trop l'air de croire les folies de sa mère. C'est sûrement la curiosité - ou le brin d'incertitude - qui l'a poussé à le faire. « Tu peux faire ça ? » Il n'a pas vraiment le choix en fait. « Sinon on s'en va tout de suite et on règle rien du tout. » Ton regard scrute le sien à la recherche d'une réponse.

« Donc t’as fait tout ce chemin pour pas aller lui parler ? » j’ai fais tout ce chemin parce qu’elle m’a pris de surprise et que j’avais aucune idée de quoi faire ni commun réagir. La vérité est qu’elle m’a dit de revenir et que ça me semblait suffisant aussi pour rentrer plus tôt. Que depuis que j’ai vu ses messages j’ai pas bien saisi ce que mon retour prématuré allait pouvoir changer a cette situation. Qu’elle se pointe a l’hôpital c’est son problème, qu’elle se prenne un dose de cheval pour être calmée c’est aussi son problème. Qu’Elise y soit mêler, ça devient le mien aussi…
J’ai besoin des résultats, j’ai aucune idée de comment ça fonctionne, mais c’est le seul moyen pour être tranquille à mes yeux.« C’est pas instantané. Elle va pas y croire. » alors quoi ? J’ai pas les idées en place, rien me semble cohérent. J’ai l’impression d’être le seul à pas y voir clair. Elise se met en face de moi et ses mains saisissent mes joues pour capter toute mon attention. J’ai pas le choix que de la regarder et d’écouter ce qu’elle a a me dire. Son regard se veut être percutant. Quoi qu’elle me dise, j’aurai pas le choix « C’est pas le temps de flipper. » facile à dire j’ai l’impression. J’suis terrifié a l’idée d’être un père qui aurait pas su être là pour son fils. « Tu vas aller la voir. Tu vas lui dire que t’as fait le test et que tu vas la rappeler quand on aura les résultats. Si elle va voir son fils, il va confirmer qu’il l’a fait lui aussi. Tu peux faire ça ? » je réponds pas tout de suite, j’ai bien compris sa demande, ca m’a l’air plus clair. « Sinon on s’en va tout de suite et on règle rien du tout. » et j’ai l’impression que c’est pas l’issue qu’elle avait prévu. J’ai pas envie de repartir en froid avec elle alors que j’avais surtout qu’une hâte c’était de la retrouver. « okay. » mais y a une chose a faire avant. J’me redresse et finis par me lever. « j’vais faire le test. » pas pour de faux, pour de vrai. « faut que ce soit crédible, hm ? J’vais faire le test… » elle verra un pansement, elle verra qu’on m’a prélevé du sang. « et j’ai besoin de savoir pour moi aussi » ça changera pas l’issue de la réponse qu’Alyssa aura. Pour elle ce sera négatif quoi qu’il arrive. « c’est par ou ? »

« okay. » Très bien. Le discours semble suffir pour qu'il se ressaisisse. Il a déjà l'air un peu plus confiant quand il se redresse de sa chaise. Il l'est peut-être pas vraiment, mais c'est ce qu'il dégage et vous n'avez pas besoin de plus que ça. Elle va y croire hm ? Faut qu'il soit assez convaincant pour qu'elle y croit. « j’vais faire le test. » Ah non, finalement il a rien compris du tout. C'est une comédie qui se passe. Y'a rien de vrai. Pas même ce fameux test. « faut que ce soit crédible, hm ? J’vais faire le test… » Vous avez juste à lui coller un pansement. Elle n'ira pas vérifier qu'il y a bien le trou d'une aiguille là-dessous. Si ça se trouve, elle se souviendra de rien de tout ça. Tu espères que son petit dodo forcé lui redonnera les capacités mentales de ne rien oublier. Sinon, vous faites tout ça pour rien. T'es pas obligé, c'est ce que t'allais dire juste avant qu'il n'ouvre la bouche à nouveau. « et j’ai besoin de savoir pour moi aussi » Ton regard se pose dans le sien avant que tu hoches la tête. Ça te surprend quand même qu'il prenne cette initiative, mais c'est sûrement une bonne chose d'avoir une vrai réponse. Même si les dates correspondent, même si le gamin a de drôle d'air de ressemblance, c'est peut-être n'importe quoi. Et il aura paniqué pour rien.

« c’est par ou ? » Il a l'air décidé, mieux vaut se dépêcher avant qu'il ne change d'idée. « Bouge pas. » que tu lui dis en te relevant debout à ton tour. Tu fais quelques pas pour retourner dans le bureau du médecin qui ferait (presque) n'importe quoi en échange de quelques billets. Toujours pratique de connaître quelqu'un comme lui même s'il est insupportable. Quelques minutes plus tard, avec de nouvelles indications, tu reviens près de Dinis. « Tu vas aller là. » que tu débutes en lui indiquant la deuxième salle sur la droite où une infirmière l'attend pour le prélèvement. « Ensuite, tu vas voir Alyssa. » Ça, c'est sûrement la partie qu'il n'a pas envie de faire, mais c'est tout de même la partie la plus importante… à moins que ce soit la suite plutôt ? « Et après on va se chercher à manger et tu m'racontes cette histoire de beau-papa. C'est un bon plan ? » que tu lui demandes en lui souriant doucement pour essayer de détendre un peu l'atmosphère. Tu n'as rien avalé depuis que tu es arrivé ici. Ton ventre crie famine soudainement. « Je t'attends ici. » C'est pas un gamin. Tu ne vas pas aller lui tenir la main pendant qu'il se fait faire une petite piqûre de rien du tout. Et pour le reste… c'est mieux qu'il y aille tout seul. De toute façon, t'es juste à côté si ça tourne mal, s'il faut reshooter cette camée et s'en aller.

Je bouge pas, obéissant au doigt et à l’œil de toutes façons, j’avais nulle part où aller d’autres. Elise disparait avec l’air d’être surprise par ma décision. C’est juste que je suis en boucle depuis des semaines avec ça, à savoir si ça en valait la peine ou pas. Je sais toujours pas si ça en vaut la peine, mais comme dirait Jake, le fait de savoir enlèvera des doutes pour les prochaines années. Une charge mentale en moins, il parait. Une charge mentale en plus, s’il s’avère qu’on parle bel et bien de mon fils. Je ne lui dois absolument rien et je suis pas certain que l’homme qui l’a élevé comme son vrai fils depuis toutes ces années soit réellement enchanté de toute cette merde. C’est peut être pas moi le plus à plaindre, finalement.
La silhouette d’Elise réapparait quelques longues minutes plus tard. Je fais un pas vers elle, attendant les instructions. « Tu vas aller là. » je jete un œil dans la direction qu’elle m’indique, je suppose qu’on parle de la même porte. Très bien… « Ensuite, tu vas voir Alyssa. » mon regard se porte à nouveau sur Elise et c’est une nouvelle vague de frisson désagréable qui parcours mon corps. J’ai pas hate, de cette partie-là. « Et après on va se chercher à manger et tu m'racontes cette histoire de beau-papa. C'est un bon plan ? » j’acquiesce, le bon plan ce serait de s’éclipser maintenant, mais la meilleure idée c’est d’aller jusqu’au bout des choses. « Je t'attends ici. » je lui dérobe un baiser d’encouragement pour me donner le courage qui me manque, pas sûre que ce soit vraiment efficace mais je profite de ses lèvres un court instant et me dirige vers le boxe, encore bien silencieux.
Ca va très vite, il parait que j’ai des veines parfaites, j’aurai préféré qu’elles roulent ou qu’elles soient bien profonde pour avoir une excuse pour gagner du temps mais l’infirmière est efficace. Le tube de sang est prélevé et je peux ressortir de là. Un regard rapide vers la salle d’attente avant d’aller voir Alyssa. On me montre dans quelle chambre elle se trouve, au fond du couloir, je regarde à travers la vitre de la porte avant de frapper et entrer. Elle est amorphe mais semble être consciente. Elle a les yeux ouverts et me fixe, pour la première fois, son regard ne me fait pas si peur. Elle a même un sourire léger sur le visage, à quoi elle pense bordel ? « J’ai fais aussi vite que j’ai pu. » que j’lui dis, même si c’est sans doute beaucoup trop long pour tout l’monde. « Ils viennent de me prélever le sang, pour le test… j’imagine que demain on devrait être fixé. » demain c’est bien, ça donne le temps de se préparer psychologiquement. J’crois que j’aurai milles questions à lui poser à Alyssa. Beaucoup de zones d’ombres à éclaircir pour mieux comprendre toute cette situation. Mais c’est pas le moment, elle est pas en forme et j’ai pas envie de m’éterniser dans cette chambre d’hôpital. « J’te laisse… » je tourne les talons et m’apprête à sortir de là. « Dinis ? » elle a pas décrocher un mot depuis que j’suis là et maintenant que j’veux partir, elle m’interpelle. Je me retourne vers elle et fronce les sourcils, attendant d’entendre ce qu’elle a à me dire. « Tu seras le meilleur père. » ma gorge se noue. Qu’est-ce qu’elle raconte… elle me connait pas. On s’est fréquenté pendant deux mois au grand maximum et en ce peu de temps on a du se voir trois ou quatre fois. C’est rien. Elle peut pas savoir si j’avais pu être ou pas un bon père. Cette fois, je sors de là.
Je traverse à nouveau les couloirs pour retourner à la salle d’attente. « On peut y aller. » J’attends qu’elle me rejoigne. « On repasse ou ils t’appellent ? » quand les résultats seront prêt. J’imagine qu’elle a tout bouclé de son côté et qu’on a pas une seconde de plus à rester ici. Je me dirige vers la sortie de l’hopital, la voiture est toujours là mais c’est une jolie amende qui trône sur le parebrise. J’arrache le papier et le fou dans ma poche. « Merde. » tant pis. Dans la voiture, j’ai l’impression que la pression descend un peu. « y a un endroit où tu veux aller ? » j’arrive pas à réfléchir, je sais même pas réellement où on est, j’me suis contenté de suivre le GPS bêtement pour arriver ici.

Dinis disparaît dans la première salle après t'avoir voler un rapide baiser. Il ne met pas longtemps avant de ressortir pour aller voir Alyssa, sa partie préférée du plan, bien sûr. Le temps qu'il parle avec elle - ce qui fut relativement court mais au moins il l'a fait - tu as le temps d'avoir sa preuve de non-paternité. Pour le vrai résultat, ce sera un simple coup de fil qui ne laisse aucune trace. Partout, Dinis ne sera pas le père de ce gamin qui a déjà un père de toute manière a ce que tu as compris. C'est sûrement mieux comme ça de toute manière. Dinis poursuit sa vie sans enfant et sa famille au garçon n'est pas détruite. C'est sans doute pour le mieux pour tout le monde. « On peut y aller. » Tu te relèves pour aller le rejoindre alors que vous amorcez déjà vos pas vers la sortie. « On repasse ou ils t’appellent ? » « Ils vont appeler. T'as laissé ton numéro ? » Sûrement au même moment où ils ont pris ses infos. Tu as compris qu'ils allaient le rappeler lui - légalement, c'est ce qu'il devrait faire, mais il n'y a pas grand chose de légal dans tout ce processus - mais qu'ils l'appellent lui ou toi, ça revient au même. Dinis sera fixé.

Tu le suis dans la stationnement jusqu'à sa voiture qui est stationné là où il n'avait visiblement pas le droit. « Merde. » qu'il grogne à demi-mot en arrachant la contravention insérée dans son pare-brise. Il s'installe derrière le volant et tu fais de même côté passager. « y a un endroit où tu veux aller ? » Il demande, mais, mentalement, il n'a pas vraiment l'air là. Et avec raison. Elle fait chier. Tu savais qu'elle finirait par débarquer ici quand ce n'était pas le temps pour vous. « Hey… » Ta voix est douce. Aussi douce que ta main qui se glisse contre sa nuque pour l'approcher de toi. « J'ai même pas eu le temps de te dire que tu m'as manqué. » que tu ajoutes avant de perdre ton sourire sur ses lèvres pour l'embrasser, pour de vrai cette fois. C'est pas les retrouvailles auxquelles tu t'attendais - un sentiment qui est sûrement partagé. Tu oses toutefois espérer que ça n'a pas gâché le reste de sa journée. Même si tu te doutes bien qu'il aura ça en tête jusqu'à ce que les vrais résultats sortent. « Y'a un resto thaï en chemin. » que tu lui dis en réponse à sa dernière question. À mi-chemin entre ici et chez lui. Sûrement qu'il connait, c'est pas très loin. « On passe prendre ça et on va chez toi ensuite ? » T'es déjà en train de passer commande via l'application mobile de toute façon histoire de ne pas perdre encore plus de temps. Vous en avez déjà assez perdu pour aujourd'hui. Vous auriez sûrement pu manger là-bas, mais ce sera plus tranquille et intime chez lui. C'est mieux.

L’infirmière a pris mon numéro au moment de remplir sa paperasse et s’assurer que j’étais la bonne personne à prélever. C’est vrai que ça servait surement à pouvoir me recontacter ensuite. Affaire à suivre, maintenant. La soirée et la nuit allaient être longues. Mais l’avantage, c’est que je serai pas tout seul pour ruminer avec ça. J’avais senti qu’Elise devait être la bonne personne pour gérer toute cette histoire, elle me guidait et était là pour me permettre de rester dans ma case, de pas déborder et surtout de ne pas me laisser déborder par ces conneries d’émotions et de questionnements dans tous les sens. « Hey… » se voix me ramène dans le moment présent. Je me tourne vers elle, avant de dégager la place et de recevoir un nouveau procès-verbal. « J'ai même pas eu le temps de te dire que tu m'as manqué. » ca me fait même pas sourire, mais ça me fait au moins plaisir. Je manque pas de répondre à son baiser et de profiter de ses lèvres un moment. Mon regard se pose sur elle après avoir interrompu les retrouvailles et démarre une bonne fois pour toute cette foutu voiture. « Y'a un resto thaï en chemin. » je hoche la tête, qu’elle m’indique où et j’irai dans la direction. « On passe prendre ça et on va chez toi ensuite ? » encore mieux. « Très bien. » j’suis encore nerveux, mais ça ira sans doute mieux quand je serai bien rentré et qu’on sera posé chez moi. En faisait trois cents mètres dans la rue, je vois mieux où on est, le paysage est déjà familier et je crois savoir de quel restaurant elle parle finalement. C’est pile entre ici et chez moi, parfait.
Je conduis, restant silencieux, ma main droite se perds sur la cuisse d’Elise alors que la gauche tien bien le volant. Ce serait pas le moment d’avoir un accident parce que j’ai la tête ailleurs, je fais en sorte de faire gaffe à la route quand même. Les feux tombent tous rouges et me font perdre patience. Je souffle, je grogne, j’insulte quelques voitures, des piétons et des cyclistes au passage, ils y ont tous droit. J’en oublie même de m’arrêter devant le resto, m’en rendant compte une fois l’avoir dépassé. « j’vais faire demi-tour. » je peste contre moi-même. A la prochaine intersection, je reviens en arrière pour m’arrêter enfin devant. « J’y vais. » prendre l’air me fera pas de mal. Je suppose que c’est déjà payé et que c’est au nom d’Elise. Je vais rapidement vers le restaurant où la commande est déjà prête et heureusement, j’ai pas à patienter dix ans.
« bon, dans dix minutes, on sera arrivé. » si y a pas de bouchons, si y a pas un accident devant nous, si y a pas une inondation subite, si y a pas un tsunami même qui s’acharne sur Brisbane. Mais rien, le retour se fait mieux, sans encombre. Mon téléphone se met à sonner, c’est un numéro inconnu qui apparait. « Ca peut pas déjà être eux. » c’est pas possible, ca fait moins d’une heure. Pourtant, mon cœur s’emballe, j’vais faire une crise cardiaque là. Je prends mon téléphone et décroche, c’est un putain de démarchage téléphonique pour installer une pompe à chaleur. Je cherche pas à répondre, je raccroche sans dire un mot. « Une pub. » putain. « bon, vient, on rentre. » j’suis pas de bonne compagnie, ça ira sans doute mieux quand on aura mangé aussi. Quand on sera juste à l’intérieur.
Une fois chez moi, je dépose mon sac de voyage dans l'entrée, je m'en chargerai plus tard de celui là. J'attrape finalement Elise par la taille pour l'attirer contre moi. « toi aussi tu m'as manqué...» putain, dix ans pour répondre. J'suis vraiment con.

Le trajet est drôlement silencieux et tu as le pressentiment que tu es mieux de rester ça ainsi. Tu poses ta main sur celle de Dinis qui se pose contre ta cuisse. Ton regard se porte vers la fenêtre. Tu observes les bâtiments défiler l'un après l'autre. Il a pas l'air super content Dinis. Tu choisis de rester silencieuse alors qu'il trouve le moyen d'insulter absolument tout ce qui se trouve sous ses yeux; une voiture qui le coupe, la lumière rouge qui s'éternise, le piéton qui ne traverse pas assez rapidement. Mieux vaut te taire avant que ça ne se retourne contre toi. Après tout, c'est de ta faute. C'est toi qui lui a demandé de rentrer pour régler ça. Tu n'aurais peut-être pas dû et essayer plutôt de régler ce problème par toi-même. Tu n'oses même pas rien dire quand il passe devant le resto sans ralentir. Tu espères qu'ils font la livraison. « j’vais faire demi-tour. » Ah non, il finit par s'en rendre compte par lui-même. Il tourne à la prochaine intersection et revient sur ses pas pour se garer devant le resto. Tu allais défaire ta ceinture, mais il est plus rapide que toi. « J’y vais. » Bon, en espérant que ce soit prêt, parce qu'il n'est pas la patience incarnée aujourd'hui. Peut-être qu'il a juste besoin de manger et de dormir un peu. « bon, dans dix minutes, on sera arrivé. » qu'il annonce en revenant dans la voiture après s'être débarrassé des boîtes repas sur la banquette arrière. Il allait reprendre la route juste avant que son téléphone ne se mette à sonner. « Ca peut pas déjà être eux. » Tu sens le niveau de stress monter en lui jusqu'ici. Oh boy, ce sera long jusqu'à demain s'il stress à chaque fois que son téléphone se met à sonner. Note à toi-même; le mettre en sourdine jusqu'à demain. Ils laisseront un message dans le pire des cas. « Une pub. bon, vient, on rentre. » L'autre moitié du chemin se fait plus calmement. Et dix minutes plus tard, vous arrivez chez Dinis comme prévu.

Tu entres à la suite de Dinis. Il laisse son sac de voyage tomber dans l'entrée alors que tu vas poser les plats sur la table. Peut-être que tu devrais juste rentrer chez toi et attendre que la tempête passe. Il a peut-être juste besoin d'être tout seul pour encaisser tout ça. Alors que tu te retournes vers lui, il vient poser ses mains contre ta taille pour t'attirer vers lui. « toi aussi tu m'as manqué...» Ça te fait sourire. (Enfin) un peu de douceur dans tout ce chaos. Tu viens poser ton front contre le tien. « Elle a dit quelque chose qui t'a contrarié ? » Parce que tu n'as aucune idée de ce qu'ils se sont dit tous les deux, mais il est de mauvaise humeur depuis qu'il est sorti de cette salle. Mieux vaut que ce soit de sa faute à elle que de la tienne. « Tu veux être tout seul ? » que tu lui demandes en éloignant légèrement ton visage du sien pour le regarder. « Tu peux dire oui. Je comprendrais. » Au cas où il dise non simplement par peur de te vexer encore. T'es capable d'être compréhensive. Parfois.

J’dois relâcher la pression et me détendre, Elise mérite pas que j’sois d’une humeur massacrante alors que c’est moi qui suis allé la trouver pour lui parler de cette histoire. Que c’est moi qui ai commencé à lui demander de s’en mêler, égoïstement à la base, pour me débarrasser d’Alyssa, simplement. Sauf qu’elle avait fait bien plus qu’elle n’aurait pu faire. Elle était pas obligée de me soutenir comme elle le fait. Elle pourrait me laisser gérer mes histoires comme un grand garçon qui doit assumer sa vie de débauche. « Elle a dit quelque chose qui t'a contrarié ? » j’hausse les épaules, c’est pas tant elle qui me contrarie, c’est un ensemble qui me contrarie. « Elle était à moitié endormie. Elle m’a juste dis que j’serai un bon père. » je roule des yeux. « Elle me connait pas. J’espère en avoir vite terminé avec ça… » je souffle sans une seule once d’espoir dans ma voix. Je sais très bien comment ça va finir, je sais très bien quels sont les résultats qu’on m’apportera demain. Quelle merde. « Tu veux être tout seul ? » par reflexe, mes bras se resserrent autour de sa taille, aucun moyen qu’elle s’en aille et qu’elle me laisse seul. « Tu peux dire oui. Je comprendrais. » je secoue la tête. « J’suis pas revenu plus tôt pour pas pouvoir profiter de ta présence. » un baiser celle mes paroles. Je lui ai dis, tardivement, mais Elise m’a manqué et a moins qu’elle ai pas envie de supporter mon humeur massacrante, j’avais pas envie qu’elle s’en aille ce soir. C’est vers le canapé que je la guide en avançant doucement, forçant ses pas à aller en arrière alors que mes lèvres ne quittent plus les siennes. L’odeur du thaï envahie petit à petit la pièce, mais c’est d’autre chose, que j’ai faim… au pire, on réchauffera.

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Allongé, sur le canapé, Elise contre moi, aucun détail de son visage ne m’échappe, j’me demande encore comment on a pu en arriver là. J’me demande surtout pourquoi j’avais été incapable de voir comment elle pouvait être belle, avant. Avant quand elle était mariée et que ma seule obsession était de traquer Saul pour avoir toujours plus à en tirer. Des photos pour du fric, des scoops pour du fric. J’ai participé à ses blessures, j’ai alimenté ses rancœurs, sa haine et sa douleur. Comment elle peut bien vouloir d’un mec comme moi à ses côtés. Même ce mariage est fake et plein de mauvaises intentions. Ma nouvelle obsession aujourd’hui, c’est juste elle. « On va divorcer… » que je lance alors que mon souffle est encore chaud dans sa nuque. Son corps contre le mien, la pièce est humide et j’ai pas envie de me séparer d’elle. « pour de vrai… tu mérites mieux qu’un mariage dans une chapelle que t’as pas désiré… » c’est pas pour retrouver une liberté que de toutes façons, j’ai plus envie de vivre seul. « et en même temps, t’as rempli ta part du marché… » comme une chef. « on signe ces papiers, on en parle plus… à l’amiable, hein. » que je lance, sourire aux lèvres, si elle cherchait à prendre sa pension, c’est pas le but. Mon front s’écrase contre son crâne, j’ai pas envie qu’elle interprète mal mes paroles. « J’suis pas entrain de dire que j’veux plus de toi… » mon étreinte se ressert encore sur son corps… « t’en penses quoi ? »

Tu restes blotti contre lui sur le canapé, lui volant le plus de chaleur possible. Tu relèves la tête vers lui et le regard qu'il pose sur toi te fait sourire. « On va divorcer… » Ah ? Il aura été de courte durée ce sourire. « Quoi ? » Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût. Tu as presque envie de rire - un rire nerveux sans aucun doute - mais il a l'air bien sérieux. Tu comprends pas c'est quoi le problème tout d'un coup. Il avait plus trop l'air de mauvaise humeur. C'était pas bien ? Il est pas satisfait ? C'est quoi le problème ? Tes sourcils se froncent en attendant la suite. « pour de vrai… tu mérites mieux qu’un mariage dans une chapelle que t’as pas désiré… » Hm, sans aucun doute oui. Mais c'est trop tard, c'est fait. Et puis, qu'est-ce que ça change de toute manière ? Marié ou pas, ça change quoi à ce que vous êtes en train de vivre ? Le seul avantage de divorcer maintenant, c'est que la séparation sera plus facile si ça se termine ainsi. « et en même temps, t’as rempli ta part du marché… on signe ces papiers, on en parle plus… à l’amiable, hein. » Ça le fait sourire en plus. C'est bien le seul que ça fait sourire. « J’suis pas entrain de dire que j’veux plus de toi… » Ouais bah ça y ressemble quand même un peu. Il resserre son étreinte qui te semble étouffante soudainement. « t’en penses quoi ? » C'est quoi le code rouge déjà ? Franchement, il ne te rend pas la tâche facile pour garder ton sang froid. Bien sûr que ses paroles n'ont pour aucun but de te blesser, mais elles blessent quand même. « Si tu veux. » Et par si tu veux, il a intérêt à s'occuper de tout, parce que toi tu n'en feras rien. Tu signeras s'il te met les papiers sous le nez avec un stylo qui fonctionne, qu'il n'y a pas d'arnaque et que c'est vraiment ce que lui il veut. Toi ? C'est pas ce que tu veux.

Tu te défais de son étreinte pour te relever. Tu ramasses tes fringues éparpillées ici et là sur le sol pour les remettre. Tu files vers la cuisine - cuisine, salon, c'est la même pièce en fait. « T'as faim ? » que tu lui demandes en prenant les deux plats que tu mets directement au micro-ondes. C'est quand même dommage. Ce sera moins bon réchauffer. T'as rien eu le temps d'avaler depuis ce matin et c'est sûrement pareil pour lui. À moins qu'il ait mangé en même temps qu'il conduisait. Tu fouilles un peu pendant que ça réchauffe pour retrouver les ustensiles. Ça te frappe encore une fois de voir à quel point ses armoires sont mal organisées. Tu finis par trouver tout ce que tu veux (presque) du premier coup. Deux coupes de vin et une bouteille que tu poses sur la table. Encore heureux qu'il en ait chez lui. Une demande de divorce, ça mérite bien d'ouvrir une bouteille. Probablement même une deuxième tout à l'heure. « Tu m'racontes ta semaine ? » que tu lui demandes lorsqu'il vient te rejoindre à table. Changer de sujet, vaut mieux pour tout le monde. De toute façon, y'a rien à ajouter.

Je sens qu’elle se ferme à mesure que je l’ouvre et son « Si tu veux. » veut tout dire, sauf si je veux vraiment. Elle se dérobe de mon emprise, ramasse ses affaires et je m’attends juste à ce qu’elle me dise qu’elle veuille partir. La journée est fini, bye, à bientôt. Non, elle part pas, elle a juste l’air un peu contrariée (beaucoup ?) mais, elle part pas. Est-ce qu’on peut appeler ça des progrès ? J’m’assois sur le canapé et reste pensif un court instant alors qu’elle prépare la table pour manger le repas qui a bien eu le temps de refroidir. Je la quitte pas des yeux, me demandant encore comment j’suis censé m’y prendre. « T'as faim ? » je hoche la tête, laissant échapper un son qui répond par l’affirmative. Je me penche pour récupérer mon caleçon et l’enfile rapidement avant de la rejoindre à table. Je sais plus bien si j’suis chez moi, si j’suis à l’aise ou pas, si elle m’en veut pour avoir prononcer un mot qui semble tabou depuis quelques temps, si elle rumine autant que moi. Du vin, elle a raison, c’est bien. « Tu m'racontes ta semaine ? » je commence par quoi ? Elle a déjà entendu parlé du beau père, elle a pas encore entendu parlé des fêtes de Noel. Ca tombe bien quand on avait abordé l’sujet juste avant que j’parte.

« les plans vont peut être changer pour Noel. » ça m’enchante pas tellement à vrai dire. « Ma mère a décidé de venir quelques jours… » de toutes façons, avec ma mère, y a jamais rien de sure. « Faut pas trop s’y fier. Elle a trouvé son mec. Y a une semaine, elle me disait qu’elle viendrait vivre à Brisbane, j’suis pas sûre que ce soit réellement dans ses plans. » lui, il est de Port Macquarie et il y a aussi toute sa famille, je vois pas c’qu’elle viendrait faire par ici. Je ne lui consacrerais jamais le temps qu’elle demandera. « Je lui ai dis que j’étais plus un vieux con célibataire… » mes yeux se relève vers elle, espérant regagner quelques points. Vieux con, peut être bien que si encore... mais plus célibataire, ca sonne comment ? On est officiellement un couple ? « et j’crois d’ailleurs que c’est juste après ça qu’elle m’a dit qu’elle voulait venir pour Noel. » bah voyons, maintenant, ça fait sens. Un verre de vin, maintenant. « elle veut venir pour te rencontrer. » que je conclus donc maintenant que tout est en place.

« les plans vont peut être changer pour Noel. » Ah. Ça va de mieux en mieux cette conversation. Tu baisses la tête en fouillant dans ton plat avec ta fourchette pour cacher ta mine déçue. Tu étais affamée y'a une heure. Après une demande de divorce et un Noël de canceller, tu as presque perdu l'appétit. C'était sûrement trop tôt pour prévoir des plans. « Ma mère a décidé de venir quelques jours… » Bon, au moins, il a quand même une bonne raison de se désister. À l'entendre parler, ça doit faire bien des années qu'il n'a pas passé le temps des fêtes avec sa mère. Tu vas quand même pas le priver de ça. « Faut pas trop s’y fier. Elle a trouvé son mec. Y a une semaine, elle me disait qu’elle viendrait vivre à Brisbane, j’suis pas sûre que ce soit réellement dans ses plans. » Pas trop s'y fier, mais tu préfères quand même faire comme si c'était officiel. Des plans que tu sois encore plus déçu si elle vient. « Ça fait rien. J'trouverais une autre défaite. » que tu lui réponds avec un léger sourire. À moins qu'il avait lui aussi besoin d'une défaite ? Qu'il le demande si c'est le cas.

« Je lui ai dis que j’étais plus un vieux con célibataire… » Ta tête se redresse soudainement à ses paroles. Qu'est-ce qu'il raconte là ? Vous n'aviez pas convenue avant qu'il parte que c'était pas une bonne idée de faire ça ? Sinon, tu serais juste aller avec lui à Port Macquarie pour les présentations. C'est pas ce que vous avez fait. Ça n'a même jamais été une option. À moins que tu n'es vraiment rien compris. « et j’crois d’ailleurs que c’est juste après ça qu’elle m’a dit qu’elle voulait venir pour Noel. » Donc ça veut dire que… ? « elle veut venir pour te rencontrer. » C'est quoi cette discussion où il demande le divorce (ouais t'en est toujours pas revenu de celle-là) et une proposition pour rencontrer sa mère en même temps ? C'est n'importe quoi. Il doit être encore chamboulé des derniers événements. « Tu veux que je rencontre ta mère ? » que tu lui redemandes comme si c'était pas clair alors que ce l'est totalement. Il ne l'aurait pas laissé venir jusqu'ici s'il ne le voulait pas. Deux bouteilles de vin, c'est vraiment le minimum ce soir. Pourquoi est-ce que ça te rend soudainement nerveuse ? « J'dois m'attendre à quoi ? » C'est le genre de belle-mère trop exigeante dont tu ne seras jamais à la hauteur ? Ou elle va être un brin intrusive avec ses questions sur le mariage et les bébés - bon vous êtes sûrement trop vieux pour ça et c'est temps mieux, faut juste qu'elle s'en souvienne. « C'est la première fois que tu lui présentes quelqu'un ? » Sûrement, oui. Elle devait avoir perdu tout espoir en lui et ses critères pour sa future belle-fille doivent être assez bas. Peut-être que t'exagère. Même après quarante ans de célibat, tu ne voudrais pas que ton fils se case avec n'importe qui non plus. C'est sûrement pareil pour elle. « T'es sûr que tu veux faire ça ? » que tu lui redemandes encore. À croire que ça te semble impossible qu'il en ait envie.