« Ça fait rien. J'trouverais une autre défaite. » y a rien qui va ce soir. Ca a l’air d’être déceptions sur déceptions et c’est presque si ça m’en coupait pas l’apétit du coup. De toutes façons, j’ai six heures de routes dans les jambes, une prise de sang qui m’a pompé presque toute mon énergie aussi, parait que quand on manque de sang c’est pas bon pour la forme, hein. Hm. Et potentiellement, dans moins de vingt-quatre-heure, j’aurai un fils pour de bon. Maintenant, Elise a pas la soirée qu’elle pensait méritait. Rien qui va. Peut être que de lui dire que j’avais finalement parlé d’elle a ma mère allait me faire remonter dans son estime. J’en sais rien, si ca s’trouve, elle en avait pas envie. De toutes façon, je sais jamais sur quel pied danser. Une poussière pourrait tout faire basculer dans les humeurs d’Elise. « Tu veux que je rencontre ta mère ? » c’est plutôt ma mère qui veut la rencontrer. « Ca lui ferait plaisir. » et comme ça fait longtemps que j’ai pas été foutu de faire plaisir à ma mère… pourquoi pas. « J'dois m'attendre à quoi ? » si j’en avais la moindre idée. Mon visage lui fait comprendre que j’étais en droit de me poser la même question. Connaissant ma mère… sans doute qu’elle posera trop de question, qu’elle voudra plaire absolument à Elise et qu’elle arrivera avec des valises remplies de cadeaux dont Elise aura pas besoin. «  A avoir des nouvelles serviettes pour chez toi et des assiettes peut être aussi… » et puis quand elle aura vu l’état de mon appartement, elle ira sans doute faire le tour des magasins de la ville pour racheter des verres qui sont pas dépareillés et des couvertes en nombre suffisant pour recevoir trois fois de suite toute la famille sans avoir à faire la vaisselle. « C'est la première fois que tu lui présentes quelqu'un ? » c’est la première fois pour beaucoup de chose, j’ai l’impression. « C’était peine perdue, ouais. » ma mère avait du mal à y croire. D’ailleurs, elle a demandé une photo de nous deux, bordel, j’aime pas les selfie.  « T'es sûr que tu veux faire ça ? » nan, j’suis sûre de rien depuis le début. J’ai l’impression d’avancer à l’aveugle et d’aimer ça en plus. « t'en penses quoi?» est-ce qu'elle pense que c'est une bonne idée? Est-ce qu'elle veut faire ça aussi? « Ma mère peut être ta nouvelle défaite. » j’ai aucune idée de ce que pourrais donner un repas de Noël avec Elise et ma mère dans la même pièce et ce 007 australien qui me semble trop refait pour être vrai.
Je retrouve un peu l’appétit en grignotant quelques bouchée du plat. J’avais jamais rien pris dans ce thaï, c’est plutôt pas mal. « Tu m’racontes ta semaine, à toi ? »

« Ca lui ferait plaisir. » Oui sans doute que ça lui ferait plaisir à elle si elle fait tout le chemin jusqu'à Brisbane. Tu te demandes si elle est déjà venue chez lui ou si c'est toujours lui qui fait la route pour la voir habituellement. Elle va faire la route jusqu'ici ? Prendre le bus ? C'est beau-papa qui va conduire ? Hm, sans doute. Ils devraient prendre l'avion à leur âge. Rencontrer la mère de Dinis, ça consiste en quoi ? «  A avoir des nouvelles serviettes pour chez toi et des assiettes peut être aussi… » Bon, ça y'est. Il a réussi à te faire sourire. Quelque chose te dit que ce ne sera ni de jolies serviettes, ni de jolies assiettes. Il lui a dit quoi au juste sur toi ? Elle sait que t'es pas à plaindre financièrement ? Curieusement, t'aimerais mieux qu'elle save pas. « Elle va vérifier que je les ai toujours à sa prochaine visite ? Histoire de se préparer mentalement s'il faut les serrer en lieu sûr pour être prêt à les ressortir comme si elles faisaient partie de ton (votre ?) quotidien. « C’était peine perdue, ouais. » C'est bien ce que tu pensais. Il n'a jamais présenté personne à sa mère et elle n'avait plus foi que ça finirait par arriver un jour. C'est pas trop désagréable de se sentir assez spécial dans la vie de quelqu'un pour traverser des étapes qu'il n'a jamais traverser avec d'autres personnes.

« t'en penses quoi? Ma mère peut être ta nouvelle défaite. » Si tu t'attendais à avoir une proposition de passer Noël avec ta nouvelle belle-mère… tu savais même pas que tu en avais une avant maintenant. « Okay, j'veux bien. » Tu sais pas trop si c'est une bonne ou une mauvaise idée. Peut-être que c'est trop précipité, mais dans le cas où toi et Dinis ça éclate rapidement, ce sera son problème à lui et non le tien. S'il est prêt à courir ce risque, tu l'es aussi. « Tu m’racontes ta semaine, à toi ? » « J'aurais dû passer avant toi. » Tu n'as rien d'aussi important à lui parler à comparer lui. Pas de présentation chez les beaux-parents de prévu. Tu vas pousser ça le plus loin possible. Tu piges dans ton assiette, prend une nouvelle gorgée de vin avant de te lancer. « Hum, j'ai vu ma soeur. » Déjà là, il savait sûrement pas que tu avais une soeur. Ou peut-être que si parce qu'elle fréquente les mêmes soirées et que son nom est plus partout que le tien. Elle et son côté altruiste (pour de vrai). « Elle est enceinte et son mari pouvait pas aller avec elle à son écho. » Il n'a pas besoin de connaître les détails. Ça ne l'intéresse sûrement pas de toute façon. « Elle m'a demandé si t'étais toujours un connard et j'ai dit non. » Bon, ce n'est pas les mots exacts, mais c'est ce que ça voulait dire. C'est pas comme parler de l'autre à sa mère, mais bon, c'est un début. Et honnêtement, l'opinion de Lucy compte plus que celui de tes parents. « Tu l'aimerais, je pense. » Un jour. S'ils viennent à se renconter. Parce que tout le monde aime Lucy. Elle est gentille, pour de vrai. Elle colle pas à ce monde dans lequel elle est née.

Je vois la jauge repartir dans le vert quand elle souris, ravie d’apprendre qu’elle allait pouvoir changer tout son intérieur d’ici deux à trois ans. D’ailleurs, ma mère sait que j’ai une petite amie, comme elle dit, elle sait pas qu’on est marié, elle pense surement qu’on habite ensemble. Elle sera bien déçue de voir que j’habite toujours dans mon studio d’étudiant, comme elle aime bien dire et surtout, de voir que j’y suis encore seul et que la pièce en plus est toujours une chambre noire pour mes photos et pas une chambre de gosse. Désolé d’être fils unique maman. Elle aurait toujours aimé avoir d’autres enfants, ca aurait sans doute été possible si mon père s’était pas barré pour faire une autre famille ici. Ma mère est trop bonne pour faire des cadeaux à mes sœurs à chacun de leur anniversaire à chaque jusqu’à leurs quinze ans. J’ai jamais compris ça. « Elle va vérifier que je les ai toujours à sa prochaine visite ? » j’acquiesce avec insistance et réponds tout en continuant de hocher la tête. « Elle se rendra compte si c’est pas usé, même. » une experte pour ça. « Je met toujours un pull qu’elle m’a offert y a dix ans, quand je la vois. » ca veut dire que je l’ai porté trois ou quatre fois en dix ans. « Elle voit bien, qu’il est pas souvent lavé. » pas parce que j’suis crade, juste parce que je le porte pas. « Si tes assiettes sont pas assez rayées à son goût, elle le verra. » ca m’fait sourire, on est surement pas loin de la vérité. C’est flippant non ? « Okay, j'veux bien. » ca nous donne quelques semaines à tenir la barque à flot, j’ai l’impression que c’est de moins en moins dur à se supporter plusieurs heures, c’est déjà ça.
« J'aurais dû passer avant toi. » elle a juste à me dire qu’elle a compté les jours jusqu’à me revoir, même si c’était pas si long au final. Ca m’suffit pour me combler. « Hum, j'ai vu ma soeur. » l’information me surprend pas et en même temps, j’avais comme oublié qu’elle avait une sœur. Et du coup, sa sœur veut faire Noel avec nous ? Elle est surement pas au courant de l’histoire qui se trame entre Elise et moi. « Elle est enceinte et son mari pouvait pas aller avec elle à son écho. » j’continue de manger mon plat, sans trop comprendre où elle veut en venir. Mais j’imagine que les conversations dans un couple, c’est aussi écouter l’autre quand il a pas vraiment un truc intéressant à dire. « Elle m'a demandé si t'étais toujours un connard et j'ai dit non. » là, c’est moi qui relève soudainement ma tête pour la regarder. « Toujours ? » ça veut dire quoi ? « Bon, j’imagine que c’est une bonne nouvelle alors. » j’suis plus un connard. « Tu l'aimerais, je pense. » « Parce qu’elle apprécierait mon humour ? » elle est bon public ? « Comment elle s’appelle ? » peut être que ça m’aiderait à y voir plus claire. Si elle fréquentait les mêmes soirées qu’Elise, peut être que je verrais mieux de qui il s’agit. « Y a Camille, ma meilleure amie, qui est venue la veille de mon départ. Elle a quarante pige, pas de gosse, elle va s’marier, un mec bien. Mais j’crois qu’elle est prête à tout pour avoir un enfant. » elle peut être flippante Camille des fois. « Pas sûre qu’elle soit pas capable de faire un gosse dans son dos. » que j’dis en avalant une fourchette de riz thaïlandais. « en même temps, il disait aussi qu’il voudrait jamais s’marier, et en février ils vont à l’église. » trop faible Norman, trop faible. « Ma main à couper que la prochaine étape, c’est l’gamin. »

« Elle se rendra compte si c’est pas usé, même. » Oh alors, c'est très sérieux. Ton sourire s'étire doucement. Avec de la chance, elle commencera à faire de l'alzheimer et elle oubliera ses fameuses assiettes. « Je met toujours un pull qu’elle m’a offert y a dix ans, quand je la vois.  Elle voit bien, qu’il est pas souvent lavé. » Elle le voit ou elle le critique ? C'est pas pareil. « Si tes assiettes sont pas assez rayées à son goût, elle le verra. » C'est clair que la prochaine fois que tu la verras, t'auras sûrement oublié ce détail. Tu te feras prendre en deux secondes. Enfin, faut encore que vous vous rendiez à la deuxième visite. C'est pas gagné. « J'compte sur toi pour les rayées suffisamment. » Quelques coups de couteaux fait volontairement dans les assiettes et le tour est joué, non ? Ou tu peux juste les laisser ici et ce sera son rôle de les user en mangeant dedans pour de vrai. Dinis ne doit pas être du genre à regarder la beauté de sa vaisselle.

« Toujours ? »
« Toujours. » Ça veut dire qu'elle savait pour le mariage non-désiré, mais qu'elle n'était pas au courant des derniers développements. C'est pas comme si vous vous voyiez si souvent que ça. Elle s'est pas gêné pour t'en faire la remarque quand tu l'as vu cette semaine. Les enfants ont sûrement bien grandi depuis la dernière fois. Tu es une soeur et une tante horrible. « Bon, j’imagine que c’est une bonne nouvelle alors. » De plus être un connard ? Bien sûr que c'en est une. Maintenant, il faut juste continuer dans la bonne voie. Ça semble bien parti. On verra bien ce que l'avenir vous réserve. « Parce qu’elle apprécierait mon humour ? » Ah, c'est ça son seul critère pour apprécier une personne. Ce serait sûrement pathétique de répondre que tout le monde l'a toujours préféré à toi - même si c'est quand même la vérité. Lucy est plus facile d'approche que tu peux l'être. « Parce qu'elle te laisserais une chance. » Elle est bien la seule qui ferait ça, qui passerait par-dessus les stéréotypes et le moule imposé par la famille. Elle ne le respecte pas elle-même. « Comment elle s’appelle ? » « Lucy. Elle organise souvent des galas de charité. » Particulièrement ceux pour les enfants malades. Ces galas sont sûrement ceux qui rapportent le plus d'argent. Parce qu'il y a le nom des Rinehart d'associé et que ce serait honteux de ne pas réussir à amasser un paquet d'argent.

« Y a Camille, ma meilleure amie, qui est venue la veille de mon départ. Elle a quarante pige, pas de gosse, elle va s’marier, un mec bien. Mais j’crois qu’elle est prête à tout pour avoir un enfant. » Hum, d'accord ? Quoi elle a besoin de contact pour faire un bébé ? « Pas sûre qu’elle soit pas capable de faire un gosse dans son dos. » Elle devrait. Toi tu le ferais à sa place. « en même temps, il disait aussi qu’il voudrait jamais s’marier, et en février ils vont à l’église. Ma main à couper que la prochaine étape, c’est l’gamin. » C'est habituellement ce qui vient après le mariage oui. C'est ça le cycle de la vie. C'est ce que l'Eglise veut. « Elle est mieux de pas trop tarder si elle veut un bébé. Le temps va finir par la rattraper. » Plus on vieillit, plus c'est difficile de tomber enceinte. Enfin, ça ne semble pas avoir été un problème pour ta soeur qui a sensiblement le même âge que Camille. La quarantaine, c'est comme le compte à rebours avant la ménopause et la fermeture de l'usine à bébé. Si elle veut un bébé, qu'elle s'y mette tout de suite avant qu'il ne soit trop tard. « Tu vas faire quoi si le test est positif demain ? » que tu lui demandes en remplissant de nouveau les deux coupes. C'est lui qui a ouvert la porte des bébés. Il est peut-être plus apte d'en parler que tout à l'heure.

. « J'compte sur toi pour les rayées suffisamment. » j’suis pas contre des nouvelles assiettes, celles-là commencent à être ébréchées et/ou blanchis à cause du lave-vaisselle. Ma mère sera bien contente de voir qu’elles serviront. Pas chez Elise, mais chez moi, mais ça servira quand même.
« Toujours. » moi qui pensait ne pas avoir suffisamment de valeur à ses yeux pour qu’un mariage par Elvis soit colporté aux oreilles d’autres personnes. Mais c’est surement pas pour s’en vanter qu’elle avait dû lui en parler. Surement plus pour se plaindre auprès de quelqu’un de fiable. Sa sœur donc, c’était sa personne fiable. Je note. C’est surement pas si pire que ça dans sa famille, pour avoir quelqu’un à qui elle pouvait parler d’un sujet si important. C’était pas un mariage heureux dont on pouvait en parler et le crier sur tous les toits. C’était le symbole d’une fumisterie sans nom. Ma fumisterie. Quel connard. Enfin, il parait que c’est de l’ancienne histoire. On verra si l’avenir le prouvera vraiment. On est jamais à l’abris de rien. « Parce qu'elle te laisserais une chance. » contrairement à qui ? Son père ? Sa mère ? J’crois commencer à faire son schema familial petit à petit. « Lucy. Elle organise souvent des galas de charité. » Lucy Rinehart, ça me disait rien, comme ça. Peut-être que j’devrais être plus attentif, la prochaine fois que je met les pieds dans un gala. J’ai tendance à pas trop écouter ceux qui prennent la parole au micro et qui font des trop long discours pour justifier pourquoi ils ont dépensé des centaines de milliers dans une soirée qui va leur rapporter des centaines de milliers pour une cause. Emmerdez-vous moins à organiser des diners, donnez directement la tune, pas besoin d’en faire des tonnes. Enfin, j’dis ça, ça m’arrange bien, j’en fais mon gagne-pain aussi. « Je scruterai la moindre femme enceinte à l’avenir. » histoire de voir qui peut bien être cette femme qui me donnerait ma chance.

Parlant de femme enceinte, ça m’fait penser à Camille et son délire. Crise de la quarantaine ? Serait temps qu’elle se réveille. Enfin, peut être qu’elle aurait perdu moins de temps si elle avait pas mis des années à se remettre de la mort de son mari. Norman est sans doute arrivé au bon moment pour elle. Une chance que ça ait pas matché à ce fameux speed dating de culs bénis. « Elle est mieux de pas trop tarder si elle veut un bébé. Le temps va finir par la rattraper. » « c’est pas elle qui veut pas. » c’est là que ça a l’air d’être non négociable pour Norman. Préfère tremper l’biscuit sans avoir les responsabilités légales qui vont avec, franchement, j’le comprends. Pourquoi il irait s’emmerder avec un gosse à quarante ans ? La vie est trop courte pour ça. « Tu vas faire quoi si le test est positif demain ? » On y revient. J’avais presque réussi à plus y penser tien. Je pose ma fourchette et fronce les sourcils pour traduire que ça devient tout de suite trop sérieux et que j’ai encore besoin de réfléchir à ça. « Y a quoi à faire ? » j’hausse les épaules. « Le môme a déjà son père. La seule chose qu’Alyssa veut, c’est foutre la merde. J’entrerai pas dans sa guerre. Je comprends pas pourquoi elle fait ça. Si elle sait depuis tout ce temps, pourquoi elle débarque maintenant ? »

« Je scruterai la moindre femme enceinte à l’avenir. » Il n'a donc aucune idée de qui c'est. C'est à la fois étonnant, parce qu'ils ont sûrement été à la même soirée à plus d'une reprise, mais ce n'est pas si surprenant parce qu'elle ne fait sûrement pas partie des personnes qui l'intéressent. Elle ne fait pas de vague Lucy. Elle n'a aucun secret à déterrer. Et même si elle en aurait, tu n'es pas certaine qu'elle serait du genre à payer pour pas que les secrets s'ébruite. Non, elle ne lui est d'aucune utilité. « Essaie de pas avoir l'air trop creepy. » En espionnant toutes les femmes enceintes dans sa prochaine soirée bien sûr. Enfin, il a l'habitude d'être discret. Tu supposes. Le sujet dévie doucement vers son amie Camille qui veut, apparemment, désespérément un enfant à quarante ans. « c’est pas elle qui veut pas. » Ah. Donc, elle est sur le point d'épouser un mec qui ne veut pas d'enfants alors que elle, elle en veut à tout prix ? À quel point c'est stupide tout ça ? Ce ne sont pas les mecs irresponsables qui manquent dans les bars pour un coup d'un soir, et hop, la voilà enceinte. Percer les préservatifs, arrêter les contraceptifs oraux sans lui dire, franchement c'est facile. Un coup marié, il n'aura plus le choix de rester. Et si c'est vraiment juste un bébé qu'elle veut, sans nécessairement avoir le père qui vient avec… « Plus besoin d'un homme pour faire un bébé de nos jours. » Il y a aussi les banques de spermes. Un joli catalogue de beaux gosses pour faire le plus beaux bébés du monde. Tu connais. Y'a le même version femme. Tu peux lui refiler un numéro sans problème, mais c'est sûrement pas pour ça que Dinis a abordé le sujet.

« Y a quoi à faire ? » Il dit ça comme s'il n'y avait rien à faire. Il devra prendre une décision, soit de dire la vérité ou de garder le secret. Alyssa n'est pas obligé de savoir, mais la gamin par contre… Dinis pourrait (devrait) vouloir lui dire la vérité. Peu importe ce qu'il choisira, tu feras tout ce que tu peux pour que ça marche selon ce qu'il souhaite, sans dénigrer son choix. Ca ne veut pas dire que tu vas pas lui dire ce que tu en penses. « Le môme a déjà son père. La seule chose qu’Alyssa veut, c’est foutre la merde. J’entrerai pas dans sa guerre. Je comprends pas pourquoi elle fait ça. Si elle sait depuis tout ce temps, pourquoi elle débarque maintenant ? » « La merde est déjà là Dinis. C'est pas une raison. » Sûrement très chiant de l'entendre. Alyssa a déjà ouvert sa grande gueule et a remis la vie de son fils complètement en question et celle de son (faux) père aussi. « Ça devrait être au gamin de choisir ce qu'il veut. » Les derniers mois te l'ont appris. Son fils à seize ans. Il est amplement capable de prendre cette décision. Peut-être qu'il ne veut même pas savoir qui est Dinis - mais s'il a fait le test, c'est qu'il est quand même curieux, non ? « Tu seras jamais son père de toute façon si ça peut te rassurer. » Qu'est-ce que t'en sais ? Saül est un père horrible et il est toujours le père de Damon à ses yeux. Ce sera pareil pour lui.

« T'as fini ? » que tu lui demandes en désignant son plat vide d'un doigt. Tu te relèves pour ramasser ton plat et le sien que tu vas directement mettre aux ordures. Pas de vaisselle, vive les plats à emporter. Tes pas te guident ensuite derrière Dinis que tes bras viennent entouré. Tu perds un baiser contre sa nuque. « Oublie Alyssa, c'est pas elle l'enjeu. » Parce qu'il va finir par prendre une décision qu'il risque de regretter pour s'éloigner d'elle le plus possible. « J'serais là. Peu importe ce que tu choisis. » que tu ajoutes en resserrant l'étreinte alors que ton menton se pose sur son épaule.

« Essaie de pas avoir l'air trop creepy. » « je vois pas ce que t’entends par là. » que je lance en prenant sans doute mon air le plus creepy, mode pervers activé, c’est c’qu’elle veut dire ? Ca m’fait rire, je secoue la tête et reprend un air tout à fait normal. «J’suis discret, tu sais bien. » pas faire de vague, c’est pas moi qui me met en scène, j’attends que les autres se mettent en scène pour moi. Rester à l’écart, rester en dehors des champs, c’est ma spécialité. J’interviens uniquement quand il le faut, quand c’est le moment.
« Plus besoin d'un homme pour faire un bébé de nos jours. » est-ce que ça fait de moi le connard qu’elle pensait, de me dire qu’elle avait peut être pas eu besoin de Saul pour avoir son fils ? Est-ce que j’étais passé à côté d’une information cruciale qui aurait pu me rapporter encore plus ? Putain, ta gueule Dinis. « T’as l’air informée. » je glisse, naturellement. C’est aussi une façon d’être curieux. Mon intérêt pour elle est absolument plus financier, enfin, j’vais pas cacher que sa situation confortable soit pas un bonus, mais c’est pas après son argent que j’en ai. J’en ai après elle tout court, elle, qui est vraiment Elise. Pas pour vendre les informations, juste pour savoir avec qui j’ai l’intention de passer mes prochaines semaines, mes prochains mois…
J’ai jamais cru au karma et à ces conneries de destin. Mais faut croire qu’à trop faire le con, fallait bien qu’un jour tout me retombe sur la gueule. Manquerait plus qu’un cancer des poumons se déclare demain et que mon père me dise : j’te l’avais dis. Manquerait plus que le climat se retourne contre nous et que le monde entier me dise : on te l’avait dit. Bon, ca, c’est surement déjà en train de se passer. Rien à foutre, j’ai rien à laisser à ce monde. Je tire ma route, quand je serai plus de ce monde, y aura personne pour me rappeler de faire le tri dans mes poubelles et de pas jeter mes mégots par terre. « La merde est déjà là Dinis. C'est pas une raison. » peut être qu’Alyssa arrive maintenant juste pour me faire payer toutes mes erreurs du passé et qu’elle représente une incarnation divine… incarnation du diable ouais. Elle a rien d’un ange gardien. « Ça devrait être au gamin de choisir ce qu'il veut. » ah. Depuis quand on donne la parole aux gosses ? J’sais même pas de quoi ils sont capable à seize ans. Ils savent compter deux par deux et lasser leurs chaussures ? Sans doute. « Tu seras jamais son père de toute façon si ça peut te rassurer. » « j’ai toujours su que t’avais toujours la bonne parole. » bon, pas en ce qui concerne le choix qui revient au môme. « je sais même pas comment il s’appelle… » ca c’est quand même con. Elle parle de son fils, Alyssa mais elle est même pas foutu de lui donner un prénom ? Peut être qu’Elise a eu l’occasion de l’entendre et de savoir. « Tu sais ? » peut être qu’avoir un prénom lui donnerait tout de suite plus de vie, ce sera sans doute beaucoup trop concret d’un coup.
« T'as fini ? » je me recule et hoche la tête, la laissant débarrasser, c’est pas si pire d’être avec quelqu’un finalement. Je m’étire le temps qu’elle s’occupe des ordures, vraiment besoin de me détendre encore. Elle revient vers moi pour une étreinte et j’enroule à mon tour mes bras autour des siens. « Oublie Alyssa, c'est pas elle l'enjeu. » j’aimerai bien pouvoir l’oublier. Vraiment. « J'serais là. Peu importe ce que tu choisis. » je profite un moment de sa chaleur derrière moi. « il me semblait que mon lit trop petit t’avait manqué ? » que je glisse en tournant doucement mon visage vers le sien. « j’suis sûre que toi aussi t’es fatiguée ? » j’ai aucune idée de l’heure qu’il est, mais entre la route, l’attente à l’hôpital, les nouvelles du jours, j’ai qu’une envie maintenant, c’est de rester sous cette couette avec Elise et sans doute m’effondrer ensuite. Jusqu’à me réveiller en pleine nuit en me rendant compte que le compte à rebours était lancé et qu’il n’y avait plus tellement de temps jusqu’à avoir la réponse : est-ce que je suis bien le père de ce gosse ou pas…

« je vois pas ce que t’entends par là. » qu'il dit en exagérant un air de pervers. Tu lèves les yeux alors qu'un sourire amusé se glisse sur tes lèvres. Qu'il fasse exactement cette tête là s'il veut ruiner toutes ses chances de se faire potentiellement accepter par ta soeur. «J’suis discret, tu sais bien. » Pour t'avoir fait marché pendant des années sans que Saül ne s'en rende jamais compte ? Tu t'en doutes bien oui qu'il est discret. « T’as l’air informée. » T'aurais envie de dire qui ne l'est pas ? Le monde d'aujourd'hui regorge de lesbiennes qui font des bébés sans les hommes. Tu te cales contre le dossier de ta chaise en plantant ton regard dans le sien. C'est là. La porte est ouverte. Ce serait sans doute le temps de confier ce petit(gros) secret. Mais en même temps… qu'est-ce que ça peut bien lui faire à Dinis ? C'est pas comme s'il allait se lever un matin avec l'envie de fonder une famille. « On dirait. » Et tu refermes la porte aussi rapidement qu'elle s'est ouvert. Qu'il pense ce qu'il veut, mais pour l'instant, il est bien loin du compte. Aucun donneur de sperme n'est en cause pour la naissance de Cosimo. Juste deux ados idiots qui ne savent pas comment se protéger. T'as presque  envie de dire qu'ils ont bien fait - à deux doigts de dire que t'es contente que la mère soit morte en couche - mais c'est, bien sûr, pour une raison totalement égoïste.

Ça semble pas trop lui plaire que tu dises que ça devrait être au gamin de choisir. Après tout, c'est quand même à lui que revient la décision finale. Même si miraculeusement Dinis se découvre une fibre paternelle, si ce gosse veut rien savoir de son géniteur, il n'aura pas sa place dans sa vie. Quoiqu'il en soit, la génétique, ce n'est pas forcément ce qui fait un père - même si ça crée forcément un lien fort. « j’ai toujours su que t’avais toujours la bonne parole. » Évidemment. Pourquoi il en douterait ? « je sais même pas comment il s’appelle… » Tu relèves la tête vers lui. C'est maintenant qu'il demande ? Ah les mecs, ils posent jamais les bonnes questions au bon moment. Tant qu'à Dinis… c'est sûrement plus facile de passer par toi que par Alyssa qui le fait flipper. Trop préoccupé à vouloir s'en débarrasser pour réfléchir convenablement sans doute. « Tu sais ? » « Luke » Et d'avoir un prénom qui vient avec l'histoire, ça rend les choses un peu plus concrètes. Ce sera encore pire si un jour, il peut ajouter un visage sur ce prénom. « Il a l'air de s'en être bien sortie si ça t'intéresse. » Parce qu'à voir ce qui lui sert de modèle du côté de la mère, c'est pas très rassurant. Il a sûrement un bon père qui l'a bien élevée. Peut-être même une belle mère qui a su mieux remplir le rôle que sa propre mère.

« il me semblait que mon lit trop petit t’avait manqué ? » Tu recules légèrement ton visage en souriant lorsqu'il tourne la tête pour te regarder. Bon, il semble toutefois mettre fin à cette conversation par cette simple phrase. Pourvu que le message soit passé et qu'il réfléchisse bien à ce qu'il souhaite pour la suite. « j’suis sûre que toi aussi t’es fatiguée ? » C'est pas faux que la journée a été terriblement longue - et un brin stressante même si elle ne te concerne qu'à moitié. Qu'il soit son père ou non, ça ne change pas grand chose dans ta vie. T'as aucun problème à prendre ce gamin dans votre famille - ou peu importe ce que vous êtes. Tu n'as aucun problème à ce que Dinis vienne avec un garçon de seize ans. Tu viens bien avec un de vingt-et-un ans. « Allez, viens. » que tu lui dis en te redressant. Ta main attrape la sienne pour l'amener avec toi jusqu'à sa chambre, là où rapidement vos corps se retrouvent enlacés sous la couette. « C'est mieux que dans ta chambre d'hôtel ? » que tu demandes en te blottissant un peu plus contre lui, le bout de tes doigts s'aventurant contre son torse. « J'suis contente que tu sois rentrer. » que tu ajoutes en redressant la tête vers lui.

« On dirait. » bon, après tout, Elise a un fils, Elise est une femme, ca fait déjà deux arguments supplémentaires et convaincants pour me dire qu’elle doit être bien mieux calé que moi à propos de tout ça. Je sais bien qu’on a pas besoin d’un couple pour fonder une famille de nos jours. Grand bien leur fasse, à ceux ou celles qui veulent des gamins quand tout fonctionne pas. Merci la science, merci la médecine. Après, dans les détails, j’ai aucune idée de quelles sont les démarches, aucune idée de comment ça se passe. On passe à autre chose. Enfin, je sais pas quel sujet est le mieux, celui où je fais semblant de m’intéresser alors qu’au final, ça entre et ça passe par une autre oreille mais au moins, c’est léger et pas pressant, ou alors celui où j’suis obligé d’être attentif mais qui est ultra angoissant ? De toutes façons, faut bien y passer.
« Luke » je souffle du nez, ca y est, c’est Luke, manquerait plus qu’elle me mette une photo sous le nez et tout deviendrait tout de suite bien plus concret, plus vrai. Mais, elle a pas de photo, elle a pas ce reflexe-là, Elise. Pour sure que j’aurai fait une photo si c’était pour dévoiler un scoop sur n’importe qui qui me rapporterait même milles dollars. « Il a l'air de s'en être bien sortie si ça t'intéresse. » ca veut dire quoi ? « tu veux dire qu’il ressemble pas à un pauvre gosse dont la mère est complétement tarrée ? » c’est déjà ça. Peut être que son père s’en sort mieux, ce serait une bonne chose en tout cas. Ouais, faut croire que ça me rassure, peut être même que ça m’intéresse. « Une chance pour lui qu’ils soient pas sous le même toit, alors. » ce serait inquiétant. C’est déjà même inquiétant qu’elle puisse encore l’approcher. Aller, stop, j’ai d’autres projets pour la fin de soirée.
« C'est mieux que dans ta chambre d'hôtel ? » ma joue s’écrase contre la chevelure d’Elise. « juste parce que t’es là. » si Nicholas voyait ça, il se foutrait bien de moi. Moi qui me donnait un malin plaisir à me foutre de lui à chaque instant dans ses démonstrations un peu trop mielleuse avec Am – ça compte pas, les quelques fois où il faisait ça avec d’autres femmes. « J'suis contente que tu sois rentré. » du coup, j’crois que c’est pas le moment de reparler du mot interdit qui commence par un D. je vole un baiser en réponse, elle sait aussi que j’suis bien content d’être rentré si on zappe l’après midi. « J’espère que c’est pas un complot, juste pour m’avoir une journée plus tôt. » je finis par en sourire, contre ses lèvres, même si c’était un complot, l’issue me convient. « Tu vois que ça sert à rien d’avoir un lit trop grand, t’es toujours collée à moi. » j’me venterai presque, mais j’m’en plains pas. Mes lèvres trouvent à nouveau les siennes et mon corps me rappelle encore comme il a envie d’être encore bien plus proche d’elle.

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C’est pas le soleil qui m’reveille cette fois, c’est pas l’absence d’Elise dans le lit non plus. C’est mon téléphone qui se met à vibrer et sonner plus fort que d’habitude, parce que j’avais mis le son au maximum avant de dormir. La nuit avait pas été si pire que ça, j’étais persuadé que j’allais faire une insomnie, pas réussir à fermer l’œil de la nuit, mais finalement, j’devais être bien crevé pour pas voir qu’il était déjà neuf heure affiché sur le téléphone quand il hurle dans la chambre. Elise se reveille aussi, elle dormait bien, fait chier. Je me penche sur la table de nuit pour décrocher le smartphone. « Hm ? » c’est la clinique, bien sûre que c’était la clinque. « Oui, oui Dinis Irish. » qu’ils accélèrent. « On fait quoi ? Vous pouvez pas me donner les résultats au téléphone ? » bordel, ils font exprès. « Faut y aller… » que je lance à Elise en raccrochant le téléphone. En moins de deux secondes, j’étais déjà hors du lit. « Tu peux rester là, si tu veux. » j’ai pas envie qu’elle reste là, j’veux qu’elle vienne avec moi, jusqu’au bout. Mais j’veux pas l’obliger, elle avait l’air de bien dormir…

« tu veux dire qu’il ressemble pas à un pauvre gosse dont la mère est complétement tarrée ? » C'est un jugement à la va vite. Tu n'as que très peu échangé avec lui, mais de ce que tu as pu voir, il n'avait pas l'air d'être tombé dans les mêmes vices que sa mère. Il n'avait pas l'air d'un décrocheur scolaire non plus. Ça semblait être un gentil garçon, mais peut-être que tous les ados qui ont reçu une nouvelle aussi choc aurait l'air aussi inoffensif que lui. « Entre autres, oui. » que tu confirmes. À voir la mère, tu as eu des inquiétudes sur le genre de fils qu'elle avait. Pas sûr que Dinis ce soit posé les mêmes questions sur le coup. « Une chance pour lui qu’ils soient pas sous le même toit, alors. » Ça a sûrement contribué pour beaucoup oui. On sait tous que les perturbations des enfants passent souvent par les problèmes des parents. « juste parce que t’es là. » Toujours aussi agréable à entendre. Ça te donne des papillons dans le ventre. Dommage que ça reste pas l'effet de la nouveauté, du coeur qui s'emballe pour un rien. « J’espère que c’est pas un complot, juste pour m’avoir une journée plus tôt. » « Ça a marché, non ? » Son sourire s'étend sur le tien. Non, pas de complot. T'aurais préféré que Alyssa ne se retrouve pas dans le creux de ses pensées ce soir. « Tu vois que ça sert à rien d’avoir un lit trop grand, t’es toujours collée à moi. » Ses lèvres contre les tiennes t'empêchent de répondre quoique ce soit. La nuit est douce, réconfortante et apaisante.

* * *

C'est violent comme réveil. Tu sursautes dans le lit alors que ton coeur s'emballe, frôle la crise cardiaque, sous le son très élevée du téléphone de Dinis qui vous tire du sommeil. « Hm ? » Tu passes une main dans tes cheveux en te laissant retomber sur le dos pour tenter de retrouver un rythme cardiaque normal. C'est mieux d'être important ce coup de fil. « Oui, oui Dinis Irish.... On fait quoi ? Vous pouvez pas me donner les résultats au téléphone ? » C'est quoi ses conneries ? Vous n'allez pas retourner là-bas pour vous faire donner un résultat positif ou négatif. Tu te redresses sur tes avant-bras sous le point de lui faire signe de te donner son téléphone que tu puisses gentiment expliquer ton mécontentement, mais Dinis a déjà raccroché avant que tu puisses émettre le moindre commentaire. « Faut y aller… » C'est pas vrai. Tu te laisses tomber sur le dos. Tes mains passent dans ton visage pour tenter de sortir de ton état encore semi-endormie. « Tu peux rester là, si tu veux. » Il est déjà hors du lit. Tu souffles un coup avant de t'asseoir dans le lit en lui faisant signe que non. Savoir que ce serait négatif, ce serait pas la fin du monde qu'il y soit seul. Mais on connait tous le résultat, et il veut pas être seul Dinis quand le médecin lui dira qu'il est le père de ce gamin. « Tu me laisses au moins le temps de prendre une douche ? » Ce ne sera pas long. De toute manière, tu as appris à tes dépends que les douches longues étaient interdites - impossibles - ici.

En moins de vingt minutes, tu as eu le temps de passer sous la douche, de te changer et d'être un minimum présentable pour sortir de chez Dinis. « C'est juste nous ou elle aussi ? » que tu lui demandes en te regardant dans le miroir de la salle de bain une dernière fois - la seule pièce où il y en a un ici. Si ça se trouve, ils ont gardé cette tarée toute la nuit. Pas question que tu paies pour cette nuit improvisée en clinique pour elle. S'ils l'ont gardé, c'est leur problème, t'as rien demandé sauf à ce qu'il la garde jusqu'à l'arrivée de Dinis. Après ? Ils pouvaient bien la renvoyer dans la rue qu'est-ce que tu en a à faire.

Le reveil est violent, à la fois pour moi mais aussi pour Elise qui a pas l’air de comprendre ce qui lui arrive. Elle a pas l’air forcément contente de savoir qu’il faille se déplacer pour savoir ce foutu résultat. Moi, je sais même plus comment je m’appelle une fois que j’ai raccroché. « Tu me laisses au moins le temps de prendre une douche ? » elle vient, très bien, oui, qu’elle prenne tout le temps qu’elle veut, je vais m’occuper du café en attendant. J’enfile un pantalon, deux chaussettes qui vont pas ensemble mais de toutes façons, on les verra pas sous mon jean. J’ai l’impression que la dose de stresse qui vient de monter en puissance en moi me donne autant d’énergie que quinze cafés. J’en fais même tomber une tasse, par chance, ça ne casse pas, mais ça fait un bouquant d’enfer à rebondir trois fois sur le sol. Je l’arrête avec mon pied et la ramasse en soufflant. Je fais couler un café bien serré et profite qu’Elise soit sous la douche pour aller fumer la première d’une longue série de clope pour la journée. Une fois revenu, le café est prêt, Elise pas encore. C’est bon pour une deuxième, avec ma tasse cette fois. Ça fait dix fois que je regarde l’heure. Le temps qui passe beaucoup trop lentement.
J’entends la porte de la salle de bain qui se déverrouille, qui s’ouvre, je passe ma tête par la fenêtre du balcon pour jeter un œil dedans. Elle a bientôt fini, j’reviens à l’intérieur, dépose ma tasse avant de lui servir une. « C'est juste nous ou elle aussi ? » j’hausse les épaules en m’approchant d’elle, déposant la tasse sur le petit bureau juste à côté de la porte. « Aucune idée. » j’ai pas eu de précision, j’ai pas demandé non plus. « J’espère bien qu’elle sera pas là. » qu’elle a pas a avoir les deux version. « Elle a sa preuve que c’est pas moi son père, normalement, elle doit pas être là. » ou alors, ils lui ont pas encore donné et ils ont rien compris. En même temps, qu’est-ce qu’ils doivent comprendre ? La plupart doit pas être au courant des magouilles sous la blouse, ils se disent surement qu’ils font juste leur travail. J’espère que le médecin avec qui traite Elise a fait son taf, lui. « Tu m’dis quand t’es prête. » pas que j’lui met la pression, mais serait temps d’y aller.
Je m’occupe à aller démarrer la voiture, la faire chauffer, comme j’ai dis à Elise, parce qu’elle va encore prendre trop de temps et c’est juste un moyen de la faire se dépêcher pour qu’elle vienne. Elle finit par arriver alors que le moteur tourne déjà depuis quelques minutes dans la rue. Elle entre dans la voiture et j’attends qu’elle s’installe bien avant de démarrer, j’étais à deux doigts d’appuyer sur l’accélérateur avant qu’elle mette sa ceinture, mais j’me contrôle, c’est pas si pire. On connait tous l’issue de l’histoire, de toutes façons.
Je suis silencieux, moins agressif qu’hier ceci dit, moins, à insulter tous les passants, mais silencieux. J’ai dix questions à la seconde : C’est quand, son anniversaire à Luke ? Est-ce que Alyssa sera bel et bien présente ? Est-ce qu’elle va enfin me foutre la paix ? Comment le gamin réagira quand il aura la version qu’on a bien voulu lui donner ? Est-ce qu’il doit savoir la vérité ? Et si il sait la vérité, est ce qu’il irait pas le dire à sa mère ? Parce que c’est vrai à près tout, le vrai problème, c’est elle.
Ça circule bien mieux ce matin sur la route, le trajet est plus rapide et y a pas besoin de faire un mini détour au thaï pour aller récupérer à manger. Je coupe par des rues dont j’avais oublié l’existence et rapidement, nous voilà sur le parking de la clinique. Aujourd’hui, pas besoin de se garer sur une place qui va m’couter plus cher qu’une journée de taf. Je coupe le moteur et garde les mains sur le volant avant de regarder Elise. « j’suis le pire. » que je lance en me penchant vers elle pour l’embrasser parce que ca m’avait même pas traversé l’esprit jusqu’à présent. « On peut y aller ? » comme si c’était à elle de me donner l’autorisation pour sortir de cette voiture. Bien sûre qu’on va y aller. Me faut un peu de motivation, juste.

« Aucune idée. » Hm, c'est pas vraiment la réponse que tu attendais. Dinis dépose une tasse de café sur le bureau juste à côté de la salle de bain. Tasse que tu rattrapes presque aussi rapidement. Du café, ce ne sera pas de refus après le réveil brutal dont vous avez eu droit. « J’espère bien qu’elle sera pas là. » Tu détournes légèrement le regard vers lui. C'est sûrement pas le temps de lui dire que ça te surprendrait pas vraiment qu'elle le soit. Quoique à seize ans, c'est peut-être juste le gamin qui a le droit d'avoir les résultats légalement parlant. Surtout si la mère n'a plus aucun droit légal sur lui. Enfin, t'en sais rien. Ce ne sont que des spéculations. « Elle a sa preuve que c’est pas moi son père, normalement, elle doit pas être là. » Et voilà les mots d'un mec qui veut vraiment se convaincre que la toxico sera absente. Tu l'espères pour toi aussi. Elle a pas trop l'air de te porter dans son cœur. Ça commence sûrement mal une relation par les menaces. Mais bon, c'est pas comme si t'avais vraiment eu envie de partir du bon pied avec elle. Aujourd'hui encore moins qu'avant. « Tu m’dis quand t’es prête. » Tu hoches doucement la tête en avalant une longue gorgée de café. Il est visiblement prêt à partir. C'est sûrement pour ça que lui est déjà partie. S'il mise sur le fait que tu te sentes coupable de le faire attendre tout seul comme un con dans la voiture en bas…. hm, ça marche aujourd'hui, mais ça ne marchera pas éternellement.

Tu le rejoins quelques minutes plus tard à peine. Tu prends place du côté passager. Tu le sens encore nerveux dans ce long trajet silencieux, mais tout de même moins tendu que hier. Il a eu la nuit pour se remettre de ses émotions - ou peut-être qu'il n'a pas fermé l'œil et qu'il a ruminé toute la nuit. Toi ? Tu as dormi comme un bébé. Tu as l'impression de n'avoir que cligné des yeux et que c'était déjà le matin. Elle a été longue cette semaine sans Dinis. Au bout d'une vingtaine de minutes, il se stationne pas trop loin de la clinique. Tu défais ta ceinture lorsqu'il coupe le moteur. Alors que tu t'apprêtais à sortir de la voiture… « j’suis le pire. » Hm ? Tu tournes la tête vers lui au même moment où il se penche vers toi pour venir t'embrasser. Rapidement, ton sourire se retrouve contre ses lèvres. À quel moment est-ce que ça s'arrête les papillons dans le ventre sous ce simple contact ? Tu as envie d'espérer que ça ne s'arrête jamais, mais on sait tous que c'est faux. « On peut y aller ? » « J'partirais à l'autre bout du monde avec toi. » C'était pas ça la question. Mais c'est ce que tu ressens à cette seconde près. Le besoin de partir assez loin, là où il n'y a aucune Alyssa (ni personne d'autre) pour venir perturber vos moments passés ensemble. « Oui. On peut y aller. » que tu rectifies toutefois en lui dérobant un nouveau baiser plus rapide.

De nouveau dans les couloirs de la clinique, vous retrouvez plus que facilement votre chemin jusqu'à la salle d'attente où tu as passé une bonne partie de ta journée hier. Après avoir échangé quelques mots avec la secrétaire, vous vous retrouvez de nouveau sur cette petite chaise de plastique qui est tout, sauf confortable. Ta main se glisse dans celle de Dinis qui vient porter le revers de sa main à tes lèvres. Avant même que tu aies le temps de dire quoique ce soit, ton "ami" médecin passe devant vous en vous faisant signe de le suivre. Bon, au moins, il a la décence de ne pas vous faire attendre. Ce qui est plutôt apprécié. Déjà qu'il vous fait déplacer jusqu'ici pour rien. Tu te relèves suivis de Dinis pour filer vers ce bureau où la porte se referme derrière vous deux. « Alors, on commence par quoi ? Le vrai ? Le faux ? » Ce qu'il est énervant avec son sourire de premier de classe. « L'autre moitié du paiement peut-être ? » Cette fois-ci, c'est vers toi qu'il se tourne. Tu lèves les yeux au ciel. Déjà que la situation est chiante pour Dinis, tu aurais pu au moins lui éviter ça. Parce qu'il dira rien sans avoir eu la somme qu'il désire votre charmant docteur. Ce n'est pas un service de vieil ami qu'il fait pour le plaisir. Y'a pas d'ami en affaires. Tout le monde sait ça. Tu attrapes ton sac à main au sol, plus spécifiquement ton portefeuille, que tu ouvres pour attraper la totalité de son contenu que tu tends vers lui. Tu te demandes si l'argent est resté une seconde dans tes mains avant d'atterrir dans les siennes. Ouvre ta gueule maintenant. « Les ADN concordent, mais comme convenue- » Il tourne son écran vers vous deux. On peut y voir le dossier de Dinis afficher, plus spécifiquement les résultats d'un test de paternité. « -ça n'apparaît nulle part. » C'est négatif qu'on peut lire. Ce sera négatif aux yeux de tout le monde qui consultera ce dossier ou celui de Luke. Comme si le résultat positif n'avait jamais existé.

Maintenant qu’on est de retour au point de départ, je nous autorise un petit moment, deux minutes avant de sortir de la voiture et se prendre l’effet d’un tsunami en pleine face. Même si Elise sait autant que moi ce qui nous attend, je suis sûre que l’effet réel sera bien plus violet que ce que je ne peux l’imaginer. C’est ce moment, que je repousse plus qu’autre chose. Mais ils ont tous raison : il faut savoir. Mes lèvres lui arrachent enfin un baiser, juste parce que ça fait du bien. « J'partirais à l'autre bout du monde avec toi. » je m’attendais pas à ce qu’elle me réponde de la sorte. Mon regard se plonge dans l’sien, prêt à lui dire qu’on pouvait partir maintenant, s’il le fallait, si elle le voulait. Prêt à lui dire que j’irai partout où elle ira. Pas encouragé à sortir d’ici, ne tout cas. « Oui. On peut y aller. » cette fois, c’est elle qui dérobe mes lèvres et fini par faire le pas de sortir de la voiture. Je souffle et fixe le parebrise devant moi un instant quand Elise est déjà passée de mon côté de la voiture. Je finis par en sortir pour la rejoindre. « aller. » et c’est avec des doigts dans les miens qu’on entre dans la clinique.
De nouveau, on nous fait attendre dans cette salle sans aucune chaleur. C’est froid, c’est blanc, c’est silencieux, trop. J’ai l’impression que ca dure une éternité alors que les aiguilles sur l’horloge nous disent que ça a duré moins de cinq minutes avant que le médecin ne vienne nous chercher pour aller dans son bureau. « Alors, on commence par quoi ? Le vrai ? Le faux ? » son sourire me donne surtout envie de commencer par mon poing dans sa belle gueule, mais j’vais contenter d’attendre qu’il se décide à donner la réponse qu’on attend. « L'autre moitié du paiement peut-être ? » j’me promet à ce moment précis qu’Elise finira par récupérer son argent, y a aucune raison pour qu’elle fasse tout ça pour moi. Elle a pas à supporter mes galères et à la fois, sans elle, ce serait bien pire que ça. Je les laisse faire leur manège, magouilles sous la table, ça m’arrange bien. Maintenant qu’il a c’qu’il veut. Mon regard, autant que celui d’Elise lui disent de cracher le morceau. « Les ADN concordent, mais comme convenue, ça n'apparaît nulle part. » Mon cerveau a du mal à assimiler les deux informations. Ce qu’il voit ,ce qu’il entend, deux choses différentes. « Négatif ? » bien sûre que j’y crois pas une seule seconde, que mon regard se tourne vers Elise. « Ok. » ca veut dire que j’ai compris, c’est bon, si ça n’apparait nulle part, ça n’apparait pas dans mon dossier. Mais, les ADN concordent, c’est bien ce qu’il a dit. « On s’en va. » on a plus rien à faire ici une seconde de plus. J’suis sûre le point de me lever quand je repense à Alyssa, j’m’assois à nouveau. « Elle est où ? » il sait surement de qui je parle. « Vous l’avez fait sortir en lui disant ? » le médecin hoche la tête avant de répondre. « Elle devrait plus être un problème pour vous, elle est surement à la recherche d’un nouveau père pour son fils. » et il se tourne vers moi, avec son sourire plus que satisfaire sur son visage. « Votre fils. » quel connard. « cette fois ci, on y va. » avant que j’finisse par lui rentrer dedans.

Une fois dehors, j'ai comme une envie de destruction. De frapper, casser, renverser. Mes poings se serrent et ma mâchoire se crispe. Avant d'entrer dans la voiture à nouveau, je grille une nouvelle cigarette. « Quel enfoiré! » encaisser l'fric, faire son business, belle éthique. Ca m'arrange bien, mais ce médecin est une ordure. « Qu'est ce que j'suis censé faire maintenant? » je demande en m'adressant à Elise, comme si elle avait absolument réponse à tout.

« Négatif ? » Tu tournes la tête vers Dinis qui fait de même. Hum, c'est pas vraiment ce qu'il vient de dire. Il faut croire que lire et entendre deux choses différentes, la bonne information ne se rend pas au cerveau. Il comprend ce qu'il aimerait comprendre. « Ok. On s’en va. » Il se lève d'un bond. Tout ça pour deux minutes dans un bureau. Tu comptes bien lui dire ta façon de pensée. Mais pas tout de suite, c'est pas vraiment le moment de déclencher la troisième guerre mondiale dans son bureau alors que l'information est encore en train de faire son bout de chemin jusqu'au cerveau de Dinis. Justement, il semble avoir une éclair de lucidité tout d'un coup. « Elle est où ? Vous l’avez fait sortir en lui disant ? » Ah ouais, Alyssa, si elle peut mourir dans la nature, tu dis pas non. Quelque chose te dit que vous n'avez pas fini d'en baver un coup avec elle. « Elle devrait plus être un problème pour vous, elle est surement à la recherche d’un nouveau père pour son fils. » Bien trop beau pour être vrai. « Votre fils. » Ah, bien sûr. Au moins, ça a le mérite de mettre les choses au clair. Tu lances un regard au médecin qui veut clairement dire de se fermer la gueule et Dinis semble être à deux doigts de lui sauter à la gorge. Et lui ? Il se marre comme un gosse fier de son coup. « cette fois ci, on y va. » Tu dis rien. Il n'y a rien à ajouter de toute façon. Tu suis Dinis jusqu'à l'extérieur. Disons que ça commence mal la journée.

« Quel enfoiré! » Il grille une cigarette en moins de trente secondes. Ah. La balade de retour risque d'être aussi plaisante qu'hier. « Les gens sympas font pas ce genre de choses. » Accepter de l'argent en échange de secret. Enfin, il en sait quelque chose. C'est sûrement pas le temps de lui faire la remarque, qu'autrefois, c'était lui avec ce sourire de merdeux et toi qui voulait lui sauter à la gorge. Passons. « Qu'est ce que j'suis censé faire maintenant? » Pas sûr qu'il ait vraiment envie d'entendre la réponse à cette question pour de vrai. « Tu oublies tout et tu passes à autre chose. » Comme si tout ce qui venait de se passer n'était jamais arrivé. C'est ce qu'il a demandé. C'est ce qu'il a reçu. « Dis-toi juste pour l'instant, t'es le père absent parce que tu savais pas. Là, ça devient parce que tu veux pas. » Et honnêtement, qu'il veule, veule pas, tu t'en contre fou, mais ce sera pas la même chose pour le gamin. Dinis a sa chance pour l'instant, mais s'il regrette et revient des mois plus tard en disant qu'il a menti sur les résultats, Luke risque de moins bien le prendre. « Réfléchis bien à ce que tu veux que le gamin sache. T'auras pas de deuxième chance là dessus. » Il est sûrement ravi de la remise en question que tu lui imposes. Mais il doit quand même la faire.

Sur ce, vous retournez chez lui, silencieusement. Tes tentatives pour le reste de la journée de lui faire oublier cet événement-là sont un véritable échec. C'est évident qu'il a l'esprit préoccupé Dinis. Il risque de l'être encore dans les prochains jours à venir.