Elle lâche d’entre ses lèvres le joint qu’elle me tend ensuite sans dire un seul mot. Sans savoir si j’en avais même envie. Et même si elle m’avait demandé si j’en avais pas envie, j’aurai fait exactement la même chose que ce que je vais faire : le prendre et tirer dessous pour avaler quelques bouffées de fumée remplies de THC. J’aime pas la sensation de brûlure sur mes lèvres quand le papier à rouler se consume si proche de ma bouche. J’aime pas la sensation de brûle dans ma gorge quand les fumées toxiques se rependent dans mes poumons. J’aime même pas le goût du cannabis, j’aime pas l’odeur non plus. Je tousse un peu, mais ça ne m’arrête pas quand même. Je reprends. A force, je sais comment faire. Clope, cannabis, je fume, j’aime pas ça, mais je fume quand même. Ma veine c’est de pas en développer une accoutumance et de pas me sentir obligée d’aller en acheter régulièrement pour une consommation quotidienne. J’en achète pas, j’me contente de prendre quand on me propose. Jamais je refuse, c’est pas poli de refusé et c’est pas fun de refuser. Par contre, j’aime ça, l’effet que ça fait. L’effet à ce moment même, ou alors, c’est l’effet de l’alcool qu’on avait bu juste avant. Un peu des deux sans doute.
La soirée est plutôt cool, ces gens, je les connais pas. Je crois que Leo les connait pas non plus. J’ai pas compris pourquoi elle m’a demandé de venir avec elle, de toutes façons, je comprends jamais pourquoi. J’crois quand même qu’elle doit bien m’aimer, si non, elle s’emmerderait pas avec moi. Je dis à tout le monde que j’ai pas de permis, ma voiture est sur le terrain vague et en bouge pas, elle me sert uniquement à bouger la caravane de temps en temps, elle est même pas assurée. Je peux même pas la promener où elle veut, je peux pas être son conducteur safe qui boit pas et ça m’arrange bien. J’fais tous mes déplacements en ville en vélo ou en transport. J’ai pas trop de tune, je paie quelques verres mais c’est pas moi qui rince le plus. Peut être que c’est parce qu’elle est bien plus canon que moi, j’dois être la nana qui réconforte, celle qui rassure, celle avec qui on sort parce qu’on se dit qu’au moins, l’attention des mecs sera pas sur elle. Par contre, elle, elle a l’attention des mecs, mais pas que. Y a des filles qui la regardent et qui l’approchent. C’est vrai qu’elle est belle, Leo. « Alors, les filles, on plane on dirait ? » ah, ça, c’est pas une fille. Ca c’est un mec, je relève les yeux, la musique électro est hypnotisante , autant que lui d’ailleurs. « Léo, il te parle. » je la bouscule maladroitement en lui rendant son joint au passage. « C’est à toutes les deux que j’parle. » blablabla j’entends pas. « Vous m’faites une place ? » voilà qu’il s’installe pile entre nous, passant ses deux bras derrières nos épaules, bien installé le gars. Un peu trop…

@Eleonora Parker

Tu n’as jamais eu besoin d’une bonne raison pour te rendre à une fête donnée ici ou là. Pas besoin de connaître les gens, pas besoin d’avoir quoique ce soit à célébrer, jamais besoin de rien pour qu’on t’offre quelques bières et un joint à presser entre tes lèvres. Tu n’as jamais eu besoin de te trouver des raisons pour consommer non plus, mais ce soir plus que jamais, le joint sur lequel tu tires à de nombreuses reprises avant de l’offrir à Jina te sert de calmant naturel (ou chimique, qui sait vraiment ce qui se trouve dans ce cannabis.) Tu as besoin de te calmer parce que ta vie vient de prendre un virant que tu n’avais pas pu prédire et que tu détestes au plus haut point. Le virage, il porte le nom de Catriona Regan. Juste d’y penser, t’as la rage au ventre et l’envie de fesser sur quelque chose ou sur quelqu’un, vraiment tu n’es pas trop regardante à ce niveau-là. Mais tu ne vas pas te défouler sur Jina qui a accepté de te suivre dans cette soirée qui est loin d’être aussi plaisante qu’on te l’avait vendu, même si tu n’es pas le genre à cracher sur quelques joints gratuits et des bières à voler dans le frigo de tu-sais-pas-qui. Tu les sens les nombreux regards qui se portent dans votre direction, mais tu ne t’en formalises pas, non seulement parce que tu ne t’en formalises jamais, mais aussi parce que tu es loin d’avoir dans l’idée de tirer un coup ce soir, même si ça aussi, ça aiderait sûrement à te calmer. Tu n’es pas dans le mood, tout simplement, et tu pensais que l’air bête que tu arbores depuis ton arrivée suffirait à passer le message, mais ça ne semble pas être le cas quand un mec – hideux en plus, quel calvaire – décide de venir vous faire la conversation, comme si quoique ce soit de ton être donnait l’impression que tu avais envie de parler à qui que ce soit sauf la petite brune à tes côtés. « Alors, les filles, on plane on dirait? » Ton visage reste complètement impassible et tu ne le regardes même pas, ce que Jina ne manque pas de remarquer. « Léo, il te parle. » Ouin, pis? Tu lui reprends le joint des mains et vient le porter à tes lèvres pour toute réponse, non vraiment, tu n’as as envie de discuter avec qui que ce soit. « C’est à toutes les deux que je parle. » Et bientôt il va se faire la conversation tout seul s’il continue comme ça. « Vous m’faites une place? » Tu n’as même pas le temps de répondre qu’il vient s’installer pile dans le minuscule espace disponible entre Jina et toi, passant ses bras autour de vos épaules et le regard que tu lui lances aurait sans doute pu le tuer sur place si tes yeux étaient des fusils. « Quelqu’un a dit que tu pouvais? » que tu lui demandes et il t’offre un wannabe sourire de mec charmeur, l’air de dire de pas faire un drame, mais avant même qu’il ait le temps de dire quoique ce soit, tu places ta main sur son entre-jambe et tu serres, fort, assez fort pour que le cri qui s’échappe d’entre ses lèvres se fassent entendre par bien des gens autour de vous. « On est pas intéressé, alors fous l’camp. Compris? » Il hoche de la tête et tu serres une dernière fois avant de le lâcher et il s’éclipse aussi vite qu’il est apparu, pour ton plus grand bonheur. « Moi les p’tits cons qui se croient tout permis, pas capable. » que tu souffles à l’intention de Jina, avant de pouffer de rire. « Cette soirée est nulle. » que tu conclus alors que tu finis le joint que tu avais entre les lèvres, et ton regard se perd rapidement sur un sac délaissé dans un coin de la pièce. « Viens, j’ai une meilleure idée. » Tu te lèves et tends la main à la gamine pour l’aider à se relever à son tour et vers la sortie, tu attrapes le sac qui appartient à tu-ne-sais-qui dans lequel se trouve plusieurs cannes de peinture en spray. Maintenant, suffit de trouver un endroit parfait pour votre prochaine œuvre d’art.

Ce serait pareil, qu’on soit assise sur ce canapé avant lui ou pas du tout, il avait décidé d’y faire sa place. Bien sûre qu’il se foutait sans doute de savoir qu’il prenait trop de place, qu’il était encore à moitié assis sur Léo et moi. Il puait l’alcool, même l’odeur du cannabis pouvait pas couvrir la puanteur qu’il dégageait, faut pourtant y aller fort. « Quelqu’un a dit que tu pouvais? » il a pas l’air de se soucier du ton agressif de Leo. Peut être que ca l’excite même de savoir qu’il fait chier son monde. Son sourire fier de lui disparait à l’instant où la blonde prend son paquet entre ses doigts, ça a pas l’air de faire du bien. Au moins, c’est radical, elle sait comment s’y prendre. J’vais prendre note pour une prochaine fois, dans l’doute. Pas sûre que j’sois capable d’en faire autant, mais c’est toujours bien d’avoir quelques idées en tête. Ca a plus l’air de trop lui plaire, d’être assis sur nous. Il gigote bien trop et m’écrase en même temps. Serait temps qu’il dégage. « On est pas intéressé, alors fous l’camp. Compris » et voilà qu’il dégage. Leo prend de la hauteur dans mon estime. Moi, j’me contente de reprendre ma place et de laisser mon corps s’étaler sur ce canapé, profitant de cette place dont j’avais pas conscience avant que mon espace vital soit violé. « Moi les p’tits cons qui se croient tout permis, pas capable. » j’imite son rire, sans doute par réflexe d’une mimique, par solidarité pour pas la laisser seule. « Je prends note que ça les fait toujours flipper de s’en prendre à leur entre-jambe. » peut être qu’il a eu peur de savoir c’qu’on pourrait lui réserver par la suite s’il s’aventurait à être trop insistant. Est-ce que Léo est une croqueuse de gland ? Cannibale quand on l’énerve trop ? J’en frissonne et en rigole à la fois. « Cette soirée est nulle. » depuis l’début même. « Viens, j’ai une meilleure idée. » je la regarde se lever, mon cerveau me disant de la suivre, mon corps n’ayant pas encore assimilé l’information, je me contente de la suivre du regard jusqu’à ce qu’elle se penche vers un sac en face de nous, en sortant deux ou trois bombes de peintures. J’me lève enfin. Arrivée près d’elle, je m’empare de deux autres bombes. On aurait même pu prendre tout le sac pour moins s’encombrer, mais y a surement d’autres trucs de valeurs, qui sait, des trucs perso. « Attends ! » je regarde deux secondes autour de moi, y a personne qui semble nous calculer, personne pour crier au voleur. Je choppe juste une bouteille qui traine sur la table sans trop regarder de quoi il s’agit, et maintenant, on peut se casser de là. « C’est bon ! » on sort, personne pour nous suivre, personne pour être à nos trousses et nous emmerder encore plus. Les murs me semblent bien trop étroits jusqu’à la sortie de l’immeuble, je prends une fois celui de droite, puis celui de gauche, pour me remettre au centre. « Je sens que c’est pas pour faire du body painting ça. » elle doit bien avoir une idée derrière la tête Léo. « tiens, prend une goutte. » je lève la bouteille, vodka. Ah, c’est fort la vodka, c’est pur en plus. «  juste une goutte. » je dis en grimaçant, parce que ça va piquer.

Tu n’as jamais été le genre à te laisser facilement marcher sur les pieds et c’est pire que jamais en ce moment parce que tu n’es pas du tout d’humeur à supporter la présence d’un quelconque individu indésirable. Jina elle, elle n’est pas indésirable. Elle te fait rire, quand elle grimace après chaque gorgée de fort avalée, quand elle toussote légèrement chaque fois qu’elle tire sur un joint quelconque. Tout ce que tu retiens toutefois, c’est qu’elle continue. Elle accepte la bouteille qui est mise entre ses mains, elle fume quand on lui propose et c’est bien tout ce dont tu as besoin en ce moment. Tu ne pourrais pas gérer que qui que ce soit tente de te faire la morale en ce moment alors la petite Crawley, qui suit sans poser de question, qui ne dit jamais un mot plus haut qu’un autre et surtout, qui est prête à te suivre dans toutes tes mauvaises idées, c’est exactement ce dont tu as besoin. Tu mets moins d’une minute à te débarrasser du boulet qui voulait vous voler votre oxygène et tu regrettes presque de ne pas avoir serrer un peu plus fort pour bien lui faire comprendre la leçon. « Je prends note que ça les fait toujours flipper de s’en prendre à leur entre-jambe. » Tu pouffes de rire avant de tirer une nouvelle fois sur ton joint qui te brûle le bout des doigts tant il ne reste presque plus rien de ce dernier. « Me dis pas que tu viens juste de le réaliser. » Ils sont tous pareils les hommes, de toute façon. Plus préoccuper par leur supposé virilité que quoique ce soit d’autre. C’est pour ça que c’est ton attaque de prédilection, s’en prendre à ce qui leur est le plus cher. Tu te fais chier dans cette soirée. Tu as besoin de plus stimulant ce soir et tu penses avoir eu l’idée parfaite pour faire monter votre taux d’adrénaline en flèche. Tu ne donnes pas vraiment le choix à Jina de te suivre alors que tu es déjà sur tes jambes, attrapant le sac qui a attiré ton attention, te foutant bien de savoir à qui il peut bien appartenir. « Attends! » Tu roules des yeux, déjà prête à la laisser derrière si elle ne se bouge pas plus vite que ça, mais elle attrape une bouteille de fort presque pleine sur la table et un sourire s’étire sur tes lèvres. « C’est bon! » « J’aime ta façon de penser. » Vous risquez de bien en avoir de besoin, de cette bouteille d’ailleurs. « Je sens que c’est pas pour faire du body painting ça. » « Sauf si t’acceptes d’être mon modèle. » Elle est molle Jina, mais sûrement pas à ce point-là. Tu ne veux même pas imaginer l’effet que pourrait avoir cette peinture sur sa peau. De toute façon, ce n’est pas ça ton idée. « J’pense que j’a vu un immeuble abandonné, pas loin d’ici. » que tu annonces plutôt, sourire malicieux sur les lèvres. « T’as pas envie de sortir l’artiste en toi? » Toi, t’as juste envie d’écrire fuck you en grosses lettres pour que tout le monde puisse le voir. Peu importe si tu ne sais pas dessiner et que ton écriture risque d’être illisible, t’as juste envie de ruiner quelque chose, encore un peu. « Tiens prend une goutte. » Elle te tend la bouteille que tu débouchonnes et viens la porter à tes lèvres. « Juste une goutte. » Par simple envie de contradiction, tu en prends une gorgée, et puis deux, trois avant de finalement redescendre la bouteille. Ça te brûle dans le fond de la gorge, mais tu ne le laisses pas paraître. « Fais pas l’enfant. » que tu ricanes un peu plus et puis tu lui tends la bouteille, la mettant au défi du regard d’en prendre quelques gorgées à son tour. Tu sors ensuite une bombe de peinture du sac. « Assures-toi que y’a personne autour. » que tu l’ordonnes alors que tu brasses la canne, tentant déjà de visualiser ton œuvre.

« Me dis pas que tu viens juste de le réaliser. » On va dire que si, je le savais bien, sujet tabou, qu’il fallait pas toucher aux bijoux de famille, mais surtout, je l’avais jamais vraiment vu à l’œuvre. Je préférais esquiver poliment la remarque en haussant simplement les épaules. Enfin, si on peut appeler ça une esquive. C’est là qu’elle se lève, parce qu’elle en a marre d’être ici, que pour elle, la soirée est nulle et du coup, elle le devient pour moi aussi. Je suis ses pas, dérobant une bouteille au passage avant de sortir de l’immeuble avec elle. « J’aime ta façon de penser. » j’aime marquer des points aussi et quitte à avoir entamé cette soirée, peu importe les projets de Léo avec cette bouteille de peinture entre les mains, autant continuer à s’enivrer. Les sensations des effluves d’alcool, de la drogue, des pilules, tout ce qui m’emporte ailleurs, tout c’qui me fait oublier mon quotidien, mon malaise et mes défauts. Tout c’qui m’fait penser que parfois, moi aussi, j’suis comme tout le monde. « Sauf si t’acceptes d’être mon modèle. » je pouffe de rire en balayant d’un revers de manche la proposition. « Même pas en rêve. » parce que ça doit être dur à enlever en plus, que c’est pas fait pour ça surtout. Mais, la réponse aurait été la même avec une peinture spéciale. Personne me touche, jamais. « J’pense que j’a vu un immeuble abandonné, pas loin d’ici. » les plans se dessinent. J’imagine la suite. Les Immeubles abandonnés, c’est mon domaine de prédilection. Je les connais tous, je sais comment y entrer, je sais par où nous dérober si besoin. J’aime le bruit du verre qui craque sous nos pas, j’aime la pénombre qui brouille nos perceptions. J’aime les frissons de ne pas savoir ce qui se trouve derrière une porte, un mur. « T’as pas envie de sortir l’artiste en toi? » je lui prends une bombe dans les mains, réponse que j’en suis. Les murs des immeubles sont déjà tous recouvert de tag en tout genre, un de plus, un de moins. En échange de la bombe, c’est la bouteille que je lui tends. Elle prend une grande gorgée et ça me brûle déjà la gorge, l’alcool à quarante degré, sans jus de fruit pour faire passer le chaleur. « Fais pas l’enfant. » j’ai une seconde d’hésitation, mon regard qui se plante dans le sien, parce qu’elle me défit carrément Léo. Je saisi alors à nouveau et amène le goulot à mes lèvres, pour prendre la même gorgée qu’elle puis une deuxième, mes yeux se ferment tout seul et ma gorge est en feu, mais c’est fait. Mon souffle pourrait enivrer le premier passant qui vient devant moi. A ce rythme-là, dans moins de quinze minutes, c’est une autre Jina qui fera place devant Leo. « Assures-toi que y’a personne autour. » je jete un œil autour de nous alors que la voie semble libre. Elle fait un boucan en agitant sa bombe mais c’est pas si terrible, puisque les rues semblent désertes ce soir, je relève alors la tête, quand Leo s’apprête à commencer son œuvre d’art, pour remarquer une caméra de vidéosurveillance, pointée pile pour sur nous. « Arrête ! » que je dis alors que ça m’amuserait presque. « On est surveillé !! » c’est alors que j’élance un doigt en l’air en direction de la caméra, offrant mon plus beau majeur. Et par pur provocation, je reprends la bouteille de vodka pour déglutir une nouvelle gorgée qui me brûle toujours autant l’œsophage d’ailleurs. « Bande de pervers psychopathes! »

« Même pas en rêve. » Elle ne veut pas être ton modèle, donc. C’est dommage, tu es certaine que tu aurais pu faire un beau petit chef d’œuvre avec le corps de Jina. Elle est petite, mais elle est mignonne la gamine, quand bien même tu n’as jamais vraiment posé les yeux sur elle avec ces intentions-là derrière la tête. C’est qu’elle ne dégage pas particulièrement le sex appeal, Jina, alors qu’elle semble toujours recroquevillée sur elle-même, mal à l’aise dès que quelqu’un s’approche un peu trop près d’elle. « Dis Ji, t’as déjà été avec une fille? » Oh et quand tu lui demandes si elle a déjà été avec une fille, elle comprendra rapidement que tu n’es pas en train de lui demander si elle est déjà allée se balader avec une nana. « Ou avec un mec même. » Est-ce que tu étais en train de te moquer d’elle? Peut-être un peu, oui. Tu ne t’en cachais pas après tout. Tu ne la connaissais pas beaucoup, tu l’aimais bien parce qu’il était assez aisé de lui faire faire tout et n’importe quoi, mais si elle s’offensait pour si peu, et bien tu saurais qu’elle ne valait pas la peine que tu investisses davantage de temps en sa personne. Mais pour l’instant, elle suit ton plan à la con, avec une bouteille de fort en extra alors faut dire qu’elle penche plutôt dans la catégorie du peu de gens que tu sais encore apprécier. Surtout que quand tu la mets au défi avec la bouteille, elle écoute Jina, prend une gorgée et puis une autre ce qui fait étirer un large sourire sur tes lèvres. Il n’y a rien que tu aimes plus au monde que lorsqu’on suit ton lead sans se poser de question, comme elle le fait. Parce que t’es celle qui suit, normalement. La petite dernière, le petit mouton. Mais pas ici, pas ce soir. Tu mènes et elle suit et bientôt, tu es prête à couvrir les murs de peinture, juste dans le but de te rebeller contre le monde entier. « Arrête! » Tu as à peine fait une tâche de peinture sur le mur qu’elle t’arrête dans ton mouvement et tu lui lances un regard noir, à la gamine alors qu’elle pointe une caméra qui est directement pointée en votre direction. Oh well. « On est surveillé!! » « J’espère qu’ils apprécieront le show alors. » Tu tires la langue, avant de flasher la caméra en levant ton chandail (on va prétendre que c’est l’alcool qui te monte à la tête) sans jamais savoir si quelqu’un regarde vraiment le feedback de cette caméra et sans vraiment t’y attarder plus longuement tu te remets à ton œuvre. « Bande de pervers psychopathes! » s’exclame Jina et tu éclates de rire alors que tu poursuis ton dessin sans jamais vraiment savoir à quoi s’est censé ressembler, ton truc. « Allez, commence. » que tu l’intimes d’une voix forte, n’ayant pas envie d’être la seule à vivre le trip de la soirée. Tu ne sais pas combien de temps vous passez à rire comme des gamines et taguer le mur des pires obscénités qui vous passent par la tête, mais la bouteille se vide rapidement, bien trop rapidement et c’est bien trop tard que tu remarques les deux personnes au bout de la rue, bien trop tard encore que tu remarques qu’ils sont en uniformes. « Fuck Ji, cours! » Et il ne reste plus qu’à espérer que vous soyez encore en mesure de vous échapper parce qu’ils approchent bien trop vite, les popos.

 
« Dis Ji, t’as déjà été avec une fille? » ca sort d’où, cette question ? Mes yeux deviennent ronds alors que je comprends pas pourquoi elle me pose cette question. Est-ce qu’elle est intéressée ? « Jamais. » je fronce les sourcils. Ca m’a même jamais traversé l’esprit en fait. Pas que j’sois contre, juste, non, c’est jamais arrivé tout court. Et bon, j’ai pas l’impression que ce soit le moment ou l’endroit pour avoir ce genre de conversation. C’est pour ça qu’elle voulait utiliser mon corps comme toile de peinture ? entre l’alcool et le joint, peut être qu’elle sait plus trop ce qu’elle veut dire. « Ou avec un mec même. » « Oui ! » qu’est-ce qu’elle insinue ? Je suis sorties avec plusieurs garçons, jamais sérieusement, mais ça c’est mon problème. Elle a pas à savoir pourquoi ou comment… personne a besoin de savoir ça. Mais elle est pas obligé non plus d’avoir la vérité. Qui pourrait entendre qu’une nana de mon âge soit encore vierge ? Qui pourrait le comprendre ? Même moi, j’ai du mal à me l’expliquer et une fille comme Léo, c’est sûre qu’elle capterait pas. Elle serait la première à me proposer de rencontrer un mec, à forcer le destin, mais c’est pas une question d’envie ou quoi, c’est juste que je ne peux pas. « Plusieurs même. » que j’me sens obligé de préciser, en haussant les épaules. « T’as des plans pour moi, c’est ça ? » et si elle me redonnait cette bouteille pour boire encore un peu ? Pendant qu’elle s’amuse à écrire ses graffiti sur son mur, sous la caméra de surveillance tout droit dirigée vers nous. Ca a pas l’air de la déranger de savoir qu’elle risquait gros là. Si les flics débarquait, on serait bonne pour une amende et moi, j’ai pas de fric à dépenser la dedans.  « J’espère qu’ils apprécieront le show alors. » et me voilà avec une paire de seins sous les yeux, tout droit dirigés vers la caméra. J’suis sure que pour le coup, si quelqu’un nous regardait, il se rincerait bien l’œil. « Allez, commence. » hochant la tête, je lui prends la bombe des mains et commence à asperger le mur de la peinture en spray. J’ai aucune idée de quoi écrire, avec la légère sensation que mon corps commence à ne plus être totalement coordonné. Ca ressemble sans doute à rien et c’est d’autant plus drôle que le singe que j’ai essayé de faire n’a rien d’un singe. Pourquoi un singe d’ailleurs ? C’est vraiment trop nul. « Fuck Ji, cours! » je relève la tête alors que Leo est déjà partie loin et moi, je comprends même pas ce qu’il se passe. Olala, oh faut courir, ok, oh y a deux personnes qui s’approchent. Bah oui, trop facile de faire c’qu’on veut sous une vidéo surveillance sans qu’il n’arrive rien. J’l’avais oublié celle là. Je lâche la bombe sur place, m’occupe de prendre la bouteille bientôt vide et je rattrape Leo – non, je suis toujours derrière elle. « Attends ! » bordel, comment elle fait pour courir aussi vite alors que moi, j’ai déjà un point de côté et je m’essouffle.
Je me sens alors retenu d’une main posée sur mon épaule, m’arrêtant net dans ma progression. « Par ici, cocotte ! » et en deux seconde, je suis collée au sol, voyant une silouhette me passer devant, toujours à la poursuite de Léo. « La fête est finie ! » qu’il me glisse dans l’oreille alors qu’il m’aide quand même à me relever. « Elle va pas aller bien loin, t’en fais pas… » pas un mot en retour, bordel, j’suis bonne pour être embarquée, il a pas l’air de juste vouloir me coller un PV. Trop de chose, dégradation, trouble de l’ordre public, consommation d’alcool sur la voie publique, et le cannabis qu’on avait consommé juste avant ? « Bah tu vois… la voilà ! » qu’il me dit alors que Leo arrive à son tour accompagné de l’autre flic.

« Jamais. » Elle aurait presque l’air mal à l’aise de répondre à ta question Jina, quand elle fronce les sourcils et te regarde comme si tu venais de lui poser la question la plus indiscrète qui soit. « Oui! » Oh elle s’indignerait presque, la gamine et ça te fait rire. « Plusieurs mêmes. » « On dirait pas. » que tu te contentes de répondre d’une voix lasse alors que ton attention se reporte sur le projet de la soirée. « T’as des plans pour moi, c’est ça? » « Ça pourrait pas t’faire de tort Crawley, t’es coincée du cul et même ça, ça a pas l’air d’aider. » que tu ricanes en pointant la bouteille d’alcool qui n’a de cesse de changer de mains entre les tiennes et les siennes. Oh mais ce n’est certainement pas toi qui vas s’occuper de décoincer la petite gamine, elle n’est pas trop ton genre. « T’inquiète, j’suis pas en train de te faire des avances. » Non, tu te contentes seulement d’être chiante et de poser des questions inappropriées parce que ça t’amuse, parce que tu n’as rien de mieux à faire, enfin, c’était avant que Jina ne remarque la caméra de surveillance et que tu décides de lever ton chandail comme la gamine immature que tu sais réellement être en tout temps. Ça va te retomber dessus tout ça, tu le sais et pourtant, tu décides de l’ignorer quand tu t’attardes ensuite à taguer le mur des pires conneries qui te passent par la tête. Tu n’as aucune idée de ce que Jina est en train de dessiner, ça ne ressemble pas à grand-chose son truc mais peu importe, ça te fait pouffer de rire et c’est bien tout ce qui compte. Jusqu’à ce que la police débarque et que soudainement, dessiner sur le mur de l’édifice ne soit plus la priorité. Tu cours, tu cries à Jina de faire pareil, mais elle est lente à réagir la gamine, l’alcool et le weed peut-être, tu ne sais pas, mais tu n’as pas de temps à perdre à l’attendre, même quand elle te crie après. Tu n'as vraiment pas envie de finir la nuit au poste, alors tu continues de courir, mais rapidement, tu réalises que le policier a pris un raccourci et il t’a rattrapé. « Lâche-moi. » que tu t’exclames alors qu’il t’attrape avec vigueur pour te ramener là où Jina s’est aussi fait prendre. Vous êtes des vraies débutantes et ça te fait rire aussi que ça te fait chier, quand vous vous retrouvez menotter et assise à l’arrière de la voiture de police. Ce n’est qu’une question de minutes avant que vous ne vous retrouviez dans une cellule. « Parker, ça faisait longtemps. » « Tu t’ennuyais Gordon? » C’est quand, la dernière fois qu’il y a un Parker qui a fini au poste? Ariane a été partie pendant six mois, et ton cousin s’est assagi depuis que sa guindée était enceinte. Peut-être bien que c’est toi, la dernière à être venue.  « Vous avez droit à un appel. » Tu roules des yeux parce que tu le sais. Tu connais la procédure. Tu risques de te faire arracher la tête si tu appelles Wyatt à cette heure-là. Parce que Monsieur est responsable maintenant, Monsieur est papa, Monsieur a pu le temps de se faire chier avec les conneries de sa cousine. « T’as quelqu’un a appelé toi? » Tu pourrais peut-être appeler Reese, mais lui aussi, il risquerait de te faire la morale et tu n’es pas certaine que tu as envie de gérer avec ça cette nuit.

On dirait pas, oui oui, faut croire que les efforts que tente de faire Jina pour passer pour une nana qui se font dans la masse et qui a zéro problème avec son corps et son intimité sont ne servent à rien. Bien sûre qu’elle ne trompe qu’elle-même, bien sûre qu’elle est grillée à dix kilomètres et pourtant, elle est encore persuadée que tout le monde gobe ce qu’elle peut dire. Oh, comme la fois où elle avait raconté cette nuit torride qu’elle avait passé avec Angelo, l’espagnol de passage à Brisbane que personne n’avait jamais croisé. Comme la fois où elle avait terminé sa nuit chez Kristof, le letton beau gosse que personne n’avait jamais croisé. Comme toutes les autres fois. « Ça pourrait pas t’faire de tort Crawley, t’es coincée du cul et même ça, ça a pas l’air d’aider. » qu’est ce qu’elle est censé répondre ? A part retourner dans cet appartement et retrouver celui qui voulait s’occuper d’elles quelques minutes plus tôt, elle n’allait pas faire une démonstration de ses talents maintenant ? Flemme. Ouais, flemme. « T’inquiète, j’suis pas en train de te faire des avances. » la voilà rassurée, tien. Serait pas tant de changer d’sujet en allant gribouiller quelques conneries sur ce mur ? Sous l’œil de la caméra, très bonne idée. Pourquoi elles avaient pensé que ça passerait comme une lettre à la poste et que personne n’allait tenter de les dissuader ?
Le gout du risque, il parait. Vouloir toujours se mettre dans des situations inconfortables pour laisser l’adrénaline prendre le contrôle. Ca gagne pas toujours, la preuve, voilà deux agents en uniformes qui se dirigent vers elle et face à qui, elles n’ont aucune chance. Jina ne court pas assez vite et visiblement, Léo non plus puisqu’elle est de retour, bras liés dans son dos. Direction le poste de commissariat… une première pour Jina qui ne faisait plus la maline à présent.
« Parker, ça faisait longtemps. » « Tu t’ennuyais Gordon? » On dirait bien qu’ils se connaissent, manquerait plus qu’ils soient intimes en plus de ça. Le fantasme du flic qui se tape sa détenue sexy, et inversement. Pourquoi Jina se mettait à penser à ça maintenant ? N’importe quoi. Jina n’avait pas forcément une répugnance pour la police, mais elle n’aimait pas les cowboys qui se prenaient pour des caïds et imposaient leur loi du plus fort. Bien sûre qu’ils étaient plus forts qu’elles deux. Jina n’avait aucune reconnaissance pour ces hommes-là, ceux qui profiteraient de leur uniforme pour en faire de trop. Si elle admirait des gens, des figures de l’autorité, elle aurait plutôt tendance à souligner le courage de ceux qui agissent dans l’ombre, agents de la résistance. Elle avait suivi des cours sur les guerres occidentales et les guerres mondiales, elle connaissait par cœur les histoires de Marcelle Henry, Rose Valland ou encore Simone Michel-Levy, ces femmes qui avaient toutes participé à tenir tête à un pouvoir totalitaire. Jusqu’à en mourir avec honneur. Oh Marcelle Levy, elle en avait sauvé des vies étrangères, qu’elle ne connaissait même pas, elle y avait laissé sa peau et même sous la torture, elle n’avait jamais rien dit. Ça c’est signe de courage. Pas ces hommes-là en uniforme. « Vous avez droit à un appel. » qu’il leur lance à travers les barreaux de leur cellule. Jina relève les yeux et se tourne vers Leo. « T’as quelqu’un a appelé toi? » elle réflechi un instant, surement pas sa mère, elle n’était pas là de toutes façons. « Ma meilleure amie… j’suis sûre qu’elle pourrait venir. » Cait, toujours disponible et toujours là pour couvrir Jina surtout. « Et toi ? » si Leo n’avait personne, Cait était leur femme. Encore une femme…

Ce n’était pas ça, le plan. C’était quoi déjà d’ailleurs, le plan? Vous étiez dans une soirée, mais la soirée était pourrie. Le monde entier te faisait chier. Tu as cherché à te changer les idées avec la pire des idées qui soit et parce que tu ne peux jamais t’empêcher de faire couler les gens avec toi, tu as emmené Jina along for the ride. Ouais, c’est ça qui s’est passé. Le mur et la peinture, ton t-shirt levé devant la caméra, un gros fuck you à peu importe qui s’amuse à perdre son temps à visionner les caméras de surveillance de ce bâtiment. Tu aurais dû savoir que ça finirait avec une escorte policière. Que ça se terminerait avec ta présence bien trop habituelle dans ce poste de police merdeux, à faire du small talk avec les mêmes officiers, à raconter les mêmes conneries parce que le temps a beau passé, mais rien ne change vraiment. Toi, tu ne changes pas en tout cas, Eleonora. Tu restes totalement fidèle à toi-même, abonnée des conneries et des mauvais plans, persuadée que tu n’es bonne qu’à ça de toute façon alors à quoi bon vouloir prouver autre chose? Tu te laisses tomber contre le mur. Un appel, évidemment que vous avez droit à un appel. Tu as des options et pourtant, aucune ne te tente réellement. Wyatt? Il viendrait, même si tu te fais croire le contraire. Même si tu préfères le classer dans la catégorie de ceux qui t’abandonnent parce qu’il est occupé avec son bambin désormais. Ariane? Elle, elle appartient réellement à la catégorie de ceux qui t’abandonnent. Reese ou Win? Meh. Ils te feraient sûrement la morale, autant l’un que l’autre. Tu n’as pas envie, pas du tout. Jina doit bien avoir quelqu’un, non? C’est une grande fille, elle sait se débrouiller. Elle peut vous sortir de là. « Ma meilleure amie… j’suis sûre qu’elle pourrait venir. » La meilleure amie de Jina it is, then. « Et toi? » Plusieurs, mais aucune que tu ne comptes utiliser cette nuit. « Pas vraiment, non. » Tu relèves le regard vers la brune. « Appelle ta meilleure amie et dit lui de faire vite, j’ai pas que ça à faire. » Vraiment, Leo? Tu demandes à une inconnue de venir te sauver le cul et tu donnes des ordres en plus? Franchement. « C’est la première fois que tu te fais arrêter? » Dis que non Ji, raconte une histoire intéressante, une histoire drôle, n’importe quoi pour faire passer le temps.

« Pas vraiment, non. » Okay, Jina avait bien compris qu’elle devrait appeler Cait pour la faire venir. Cait était sa carte de sortie et elle savait qu’elle n’hésiterait pas à venir la chercher. Elle pouvait compter sur elle en toutes circonstances, même si, cette fois, c’était bien la première fois qu’elle l’appelait pour la sortir d’une garde à vue. C’était la première garde à vue tout court de Jina. Elle ne se semblait pour autant pas se faire tant de soucis, plutôt résignée, pas déprimée, elle n’avait pas l’impression d’avoir commis un crime et comme c’était sa première fois, peut être qu’on lui en tiendrait pas vraiment rigueur, un simple avertissement ? Et Leo semblait être bien connue ici… il suffirait de penser qu’elle a agit sous son influence, ce serait pas déconnant. En espérant que Léo ait pas plus de problème… à force de fréquenter les lieux, d’être habituée, peut être que la caution allait être trop salée. Aucune idée. Jina n’avait pas les moyens de payer quoi que ce soit et puis si ca se trouve, les cautions, c’est que dans les films et les séries américaines que ça existe. Oh merde, Jina a aucune idée de comment fonctionne la justice en Australie. « Appelle ta meilleure amie et dit lui de faire vite, j’ai pas que ça à faire. » elle lève les yeux au ciel, Jina et au lieu de l’envoyer chier, elle hoche quand même la tête pour s’executer. « Ok, j’vais l’appeler. » elle s’approche de la grille pour signaler au policier qu’elle allait passer son appel mais Leo l’arrête avant qu’elle ait le temps d’ouvrir la bouche. « C’est la première fois que tu te fais arrêter? » elle fronce les sourcils Jina, ca devrait être une habitude de se faire arrêter ? « Oui et je t’emmerde. » car elle sentait clairement le jugement entre ses lèvres. « J’en ai rien à foutre si c’est pas sexy d’être normale. » elle se tourne vers le flic et lui fait signe. « J’vais passer mon appel. » qu’elle lui lance, attendant qu’il daigne se bouger pour venir lui ouvrir et la laisser téléphone.
Elle s’eclipse cinq minutes, tente la négociation avec Cait qui n’en revient pas de ce qu’elle entend et en même temps, il est déjà bien tard, elle a surement fermé les yeux depuis des heures et doit sans doute partir tôt pour aller faire sa prochaine garde… mais elle accepte quand même de venir.
Jina de retour dans la cellule, vient avec son air triomphant. « Elle sera là dans moins d’une heure. » l’heure la plus longue de sa vie, sans doute…


@Caitriona Regan c'est quand tu veux

« Ok, j’vais l’appeler. » Tu soupires tout en haussant les épaules, comme si tu t’en foutais alors que pourtant, tu n’as qu’une envie : te tirer d’ici au plus vite. Certes, tu n’avais pas eu la meilleure des idées avec ce plan de vandalisme et tout ce qui avait suivi, mais tu aurais quand même préféré pouvoir échapper à la police. La fuite avait été courte et inutile toutefois et le retour derrière les barreaux, même pour quelques heures seulement n’était pas vraiment la fin que tu t’étais imaginée en sortant ce soir. En cherche constante de stimulation, c’est Jina qui écope et tu peux clairement ressentir que sa patience se fait de plus en plus limitée envers ta personne, une réaction à laquelle tu es habituée, malheureusement pour elle. « Oui et je t’emmerde. » « Oh c’est qu’elle sait dire des gros mots la gamine. » Tu pouffes de rire, tu ne devrais pas, clairement. Ta sortie de ce trou dépend d’elle après tout, vous l’avez déjà établie. Dommage que ça ne soit pas suffisant pour t’empêcher d’être cruellement chiante. « J’en ai rien à foutre si c’est pas sexy d’être normale. » Tu fronces les sourcils, aussi surprise qu’amusée par sa réaction alors qu’elle fait signe au garde, prête à passer son appel. Tu t’enfonces un peu plus sur le banc alors qu’elle disparaît pendant quelques instants, à te demander si c’est elle qui est trop straight ou plutôt toi qui est un peu trop délinquante. Tu n’as jamais rien connu d’autre après tout, tu viens d’une famille où faire un tour au poste de police est quelque chose de récurrent, de ceux qui ont le sang chaud et un penchant un peu trop prononcé à contrer quelconque règlement. Est-ce que ça fait de toi une mauvaise personne? Peut-être. Tu préfères ne pas t’attarder trop longtemps sur la question, surtout que Jina revient avec la meilleure nouvelle de la soirée. « Elle sera là dans moins d’une heure. » C’est long, une heure, mais c’est mieux que de passer toute la nuit ici et tu le sais. Jina est agacée de ton comportement, ce qui explique sans doute le silence qui perdure alors que les minutes filent toutes plus lentement les unes après les autres. Tu ne réagis pas tout de suite quand vos noms sont appelés par l’un des gardiens et qu’une silhouette s’approche de votre cellule. Sans grande surprise, la silhouette s’approche de Jina, et tu t’en foutrais bien de savoir qui est la meilleure amie de la gamine, si ce n’était pas du fait que tu reconnus la voix qui s’éleva dans votre cellule silencieuse depuis bien trop longtemps. Caitriona Regan. De toute la population de Brisbane, il fallait bien évidemment que la meilleure amie de Jina soit ta nouvellement retrouvée demi-sœur. Tu échappes un rire sarcastique, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention des deux jeunes femmes et le choc qui se lit sur les traits de la rouquine est similaire à ce que tu ressens présentement. « Putain mais c’est quoi cette mauvaise blague? » « Regan, quel plaisir de te revoir. » Le tout dit sur le ton le plus sarcastique possible, évidemment. « J’pensais pas qu’on serait emmenées à faire des belles activités de sœurs de sitôt. » Tu lui lances un regard qui se veut aussi noir que provocateur. Tu ne sais même plus ce que tu cherches à faire quand il s’agit de l’interne, tout ce que tu sais c’est que sa simple présence a le don de t’irriter au plus haut point. « T’attends quoi pour nous sortir d’ici? » Si tu continues d’aboyer comme ça, il y a des grandes chances qu’elle te laisse derrière, ta charmante demi-sœur…

Forcément, Cait avait pas reçu la nouvelle de la meilleure façon qu’il soit, mais en tout cas, elle avait accepté de venir et j’en attendais pas moins. Je savais que je pouvais compter sur elle coûte que coûte, c’est pas pour rien que j’avais utilisé ma carte joker pour elle. Alors que l’appel est fini, je reviens dans la cellule, soigneusement accompagnée de l’agent qui me colle au derrière, surement de peur que j’me barre en courant. Il avait pas encore compris que c’était pas moi qui était plus à craindre ici et que j’étais pas du genre rebelle, pas autant, en tout cas. Ce petit tour en cellule m’avait fait vite redescendre de mon petit nuage d’ailleurs. Il était loin, le moment où je faisais des fucks à la caméra, hein. Quelle idiote…
Tout est silencieux, enfin, relativement silencieux, quand je reviens, que j’annonce à Leo qu’on sera bientôt sauvé, le temps que Cait ne débarque et nous sorte de là. Elle dit plus rien, elle est plaquée contre son mur et moi, contre le mien, contrariées toutes les deux sans doute. Elle a l’air d’avoir l’habitude quand même, pas si effrayée non plus, juste en colère d’avoir été prise, c’est tout. De toutes façons, vu comme elle connait bien la maison, elle doit avoir une carte d’invitation spéciales. Elle a jamais fait de travaux d’intérêt généraux à force de prendre un abonnement ? Peut être que j’m’emballe trop, que le flic c’est juste un ex qui se venge à la première occasion ? Nan, là aussi, j’me fais surement encore des histoires. Bon, Cait, tu fou quoi ? Il est super tard, j’suis crevée et j’me sens terriblement sale aussi…
« Je peux les voir? » je me redresse en entendant la voix de Cait plus loin, les murs sont si fins ici, qu’on entend absolument tout ce qu’il se passe dans les autres pièces et même si des couloirs et des portes nous séparent. Je m’assoie sur le banc qui nous sert de lit, pas confortable du tout, même pas un matelas. Et quand je suis sûre que c’est Cait, qui pointe le bout de son nez, suivie à nouveau de prêt par un agent, je me mets debout, prête à ce qu’on nous libère enfin. « Cait ! » j’suis si soulagée de la voir, si heureuse en même temps. « Jin! Ça va? » je hoche la tête rapidement, ca va mieux, en fait. « Merci d’… » le regard qu’elle pose sur Elenore me glace presque le sang, encore plus quand elle fait un pas en arrière. « Putain mais c'est quoi cette mauvaise blague? » « Regan, quel plaisir de te revoir. » serieux ? Mon regard joue au ping pong, c’est quoi ca ? D’où elles se connaissent aussi ? « J’pensais pas qu’on serait emmenées à faire des belles activités de sœurs de sitôt. » oh putain. Mon regard est encore plus confus. Bordel bordel. De quoi elle parle? « T’attends quoi pour nous sortir d’ici? » « Fais nous sortir, s’te plait. » ou au moins moi, en fait… bon, non, Leo aussi, j’la laisserais pas pourrir là. mais j'ai l'impression qu'elles sont pas forcément très potes... soeur ? Nan, rien à voir, surement une connerie de provocation, d'un vieux trucs entre elles... « je t'explique plus tard... » enfin, j'ai l'impression que c'est moi qui devrait avoir des questions à lui poser...