Tu avais usé de tout ton registre de défaite et Lily avait trouvé une solution à chacune de ces soi-disant défaites. Bouche-bée, tu avais fini par dire oui à contrecœur à ce rencard dont elle s'était bien refusé de révéler quoique ce soit à propos de cet homme. Pas même un prénom. Sûrement avait-elle peur que tu aies fouillé sur les réseaux sociaux pour lui trouver tous les défauts du monde. Trop de cheveux, pas assez de cheveux. Trop blond, trop brun. Trop éduqué, pas assez éduqué. Toutes les raisons sont bonnes pour ne pas s'embarquer de nouveau dans une histoire d'amour. Tu sais bien, pas besoin de s'investir émotionnellement, juste de rencontrer de nouvelles personnes, ça ne fait de mal à personne. Ça te fera sûrement du bien. Elle n'a pas tort Lily. Elle te pousse parce qu'elle pense que c'est le mieux pour toi. C'est sûrement pour ça que tu as fini par accepter. Juste une soirée, avec un homme qu'elle a presque décrit comme l'homme parfait. Trop parfait, c'est la raison que tu lui donneras pour lui dire que ça ne fonctionnera pas.
Tu as eu envie d'arriver en retard pour que ce soit lui qui n'ait pas envie de te revoir. Tu as même eu envie de choisir une tenue particulièrement moche pour qu'il ne te trouve pas de son goût. Mais, bien sûr, que tu en es incapable. Tu es arrivé la première et en avance. Vestimentairement parlant, tu n'en a pas fait trop, mais tu as quand même opté pour du vert olive, parce que ça fait bien ressortir tes jolies yeux. Tu as commandé un cocktail pour patienter. Tu espères presque qu'il arrive en retard pour avoir une raison de partir avant même qu'il arrive. C'est idiot quand on a aucune de qui on attend. Tu regardes partout sans savoir ce que tu espères voir. À chaque homme qui arrive, tu te demandes si c'est lui. Jusqu'à ce que, soudainement, un visage familier s'avance vers toi. Tu fronces un peu les sourcils, cherche dans ta mémoire alors qu'il semble faire la même chose de son côté. Puis, ça te reviens tout d'un coup. « Deklan ? » que tu questionnes soudainement après avoir réussi à concorder un visage avec un nom dans tes souvenirs. Bon sang, ça doit faire, quoi, au moins une bonne dizaine d'années ? Minimum, oui. Il doit sûrement venir rejoindre quelqu'un. Enfin… tu ne sais plus trop ? C'est quand même pas lui que Lily envoie ? C'est une blague, c'est ça ? « C'est toi l'ami de Lily ? » que tu questionnes par la suite, ne comprenant plus trop ce qui est en train de se passer. C'était quoi les chances pour que ça tombe sur lui ? Si c'est pas lui, tu dis pas non pour que Deklan prenne sa place Curieusement, ce petit rendez-vous improvisé que tu voulais fuir à tout prix tournait au positif. Deklan a toujours été d'agréable compagnie, et tu ne peux pas nier que ça te ferait très plaisir d'avoir de ces nouvelles après toutes ces années. Est-il encore entre Los Angeles et Brisbane ou est-il de retour dans sa ville natale ?
7 janvier 2022. Quand la vieille dame devant lui rouspéta, Deklan ne put s'empêcher de lui adresser un sourire désolé. Parfois, il était tellement dans la lune qu'il ne voyait plus les gens autour de lui. Il avait failli ne pas s'arrêter au feu rouge des piétons et s'était arrêté de peu en attendant le grincement d'une vieille bagnole qui avait anticipé l'action du frère aîné des Lewis. Il s'excusa d'un signe de main, alors qu'il sentait le regard de cette vieille dame encore sur lui. Il râlait aussi tout seul dans sa tête en pensant qu'il était en train de suivre stupidement une idée folle de Lily. Il y a un an en arrière il n'aurait jamais pensé que lui et Lily auraient pu s'aligner plus de deux mots sans s'injurier ou se toiser du regard. Pourtant, il avait fallu que Matt décède pour que les deux personnes qu'il aimait le plus au monde enterrent enfin la hache de guerre. Deklan y pensait souvent, toujours au fond de sa tête, son meilleur ami hantait chacune de ses journées. Il était devenu son moteur, et même si son deuil n'était pas encore terminé car il naviguait entre colère, tristesse et incompréhension, le jeune homme voulait quand même le rendre fier.
Donc, encore une fois, il fit plaisir à Lily et accepta de se rendre à ce rendez-vous. Deklan n'était pas du genre à se poser sentimentalement parlant. Il n'avait jamais été du style à s'attacher, même si dans le passé, l'ancien surfeur professionnel avait eu une relation qui avait vraiment compté pour lui. Il n'y pensait plus vraiment, de l'eau avait coulé sous les ponts, et surtout, il avait bien changé... Quand on le regardait avancer dans la rue, alors qu'il avait abandonné son longboard au DBD, il paraissait d'être un homme charmant, les traits sur son visage présageait qu'il n'était plus si jeune mais la malice dans ses yeux révélait encore son âme d'enfant. Il passait le pas de la porte, et ses yeux regardaient un instant ses chaussures - il n'avait pas vraiment fait d'efforts. Il se passa la main dans sa barbe qu'il n'avait pas taillé depuis quelques jours. Il inspira un grand coup et leva enfin la tête. La jeune femme qui le verrait ce soir ne se dirait probablement pas qu'elle a tiré le gros lot. Il portait un jeans foncé, un t-shirt blanc plutôt ample qui ne laissait pas vraiment paraître ses atouts. Deklan n'était pas vraiment anxieux ou stressé, il voulait juste en finir ; il avait même déjà préparé son excuse à Lily. Oui, il lui dirait qu'elle n'était pas du tout son genre, la veuve ne serait pas étonnée de voir que Deklan jouait les difficiles.
Le voilà avancé jusqu'au bar machinalement, il avait vu une jeune femme qui semblait dans l'attente. Il s'était avancé, et en croisant finalement son regard, il comprit qu'il la connaissait, mais il était incapable de se rappeler d'où et quand ses yeux s'étaient déjà posés sur elle. « Deklan ? » Le brun fronça les sourcils, sa première impression était bonne - ils se connaissaient bel et bien. « C'est toi l'ami de Lily ? » Il se pinça les lèvres en retenant un sourire avant de répondre : « Ami serait un bien grand mot. » rétorqua-t-il avant de sourire, Lily ne serait même pas étonnée de l'entendre dire ça. Il aimait encore la détester malgré tout. « Pour l'amour de Dieu, Jules - je me souviens. » finit-il par dire, levant les yeux au ciel un instant et se prenant plus de dix ans dans la gueule. Il s'approcha encore pour aposer son coude sur le bar et la fixer : « Tu n'as pas pris une ride, toujours aussi fraîche et jolie. » finit-il par dire, un regard attendri posé sur elle. Soudainement, Deklan se sentait soulagé de ne pas avoir à prétendre de partir à cause d'une urgence, peut-être qu'ils allaient profiter de ces retrouvailles inattendus pour rattraper le temps perdu. « Je vois que tu ne m'as pas attendu. » un regard jeté à son cocktail, il sourit à son attention avant de se tourner et faire signe au barman. « Une bière, s'il vous plaît. » qu'il dit d'un ton enjoué avant de reposer son attention sur la jolie brune. « Bon alors, tu deviens quoi ? »
Pour un rendez-vous surprise, c'en est tout une lorsqu'au lieu d'un parfait inconnu, c'est un fantôme du passé qui se pointe le bout du nez. C'est fou ce que cette grande ville peut être si petite à l'occasion. « Ami serait un bien grand mot. » Tu fronces les sourcils sans trop savoir ce que cette phrase pouvait bien vouloir dire. Un ami d'un ami d'un ami, peut-être ? Lily n'avait pourtant que des bons mots sur lui - elle en a toujours sur peu importe qui elle a bien envie de te présenter. Pourquoi est-ce que tout le monde se sent toujours obligé de caser une amie célibataire ? Oh bien sûr que non, Lily n'était pas la seule à se mettre sur ton cas. Elle était simplement celle qui avait le plus de volonté et celle à qui tu n'arrivais pas à dire non sans comprendre pourquoi. Finalement, ça ne t'engageais à rien. Du moment que tu te pointais au lieu de rendez-vous, tu considérais que ta part du marché était faite. « Pour l'amour de Dieu, Jules - je me souviens. » Ah, il faut croire que Deklan a mis plus de temps à te reconnaître que l'inverse. En même temps, tu ne peux pas vraiment lui en vouloir - parce que t'en veux jamais à personne. Mais surtout, parce que, vous deux, c'est une vieille histoire de plus de dix ans et que ce fut plutôt bref aussi. « Tu n'as pas pris une ride, toujours aussi fraîche et jolie. » Oh bien sûr que le compliment te fait plaisir, et te fait sourire surtout. « Toujours aussi charmeur. » Et charmant, ça va de soi. Lily a vraiment sorti l'artillerie lourde. Quel défaut allais-tu vraiment pouvoir trouver chez Deklan ? Hm, facile. Tu pourras fournir l'excuse d'une histoire du passé.
« Je vois que tu ne m'as pas attendu. » Ton cocktail bien entamé qu'il désigne. En fait, le truc, c'était de le boire le plus rapidement possible pour pouvoir partir tout aussi rapidement. Maintenant, tu te sens un peu idiote. Il fait signe au barman de s'approcher pour passer commande à son tour. « Une bière, s'il vous plaît. » « C'est moi qui t'invite, pour me faire pardonner. » que tu ajoutes avec un sourire en coin. Bon, tu sais bien qu'il n'y a rien à pardonner, mais bon quand même. Le barman revient avec la commande de Deklan qu'il dépose devant lui. Tu viens prendre ton verre que tu relèves vers lui. À quoi trinquer ? « À nos… retrouvailles ? » que tu proposes. À quoi d'autre ? Bon, ce n'est peut-être que le temps d'un verre et pas vraiment des retrouvailles. Ton verre se cogne au sien juste avant de porter le verre à tes lèvres. « Bon alors, tu deviens quoi ? » Depuis les dix et quelques dernières années ? Il faut dire que tu en es tristement au même point. Célibataire sans enfants. Une nouvelle carrière plus ou moins élogieuse. Les bibliothèques sont plus ou moins derrière toi. « Hum, je bosse pour une maison d'édition depuis quelques mois. » C'était pas mal ça qu'il y avait de nouveau dans ta vie. Enfin, ce dont on parle avec un inconnu. Vous avez beau vous connaître un peu, vous restez quand même plus ou moins des inconnus. « Et toi ? Ça fait longtemps que tu es de retour à Brisbane ? » Parce qu'aux dernières nouvelles, il vivait à Los Angeles et revenir n'était pas dans ses plans sur le court terme.
7 janvier 2022. Deklan s’était traîné jusqu’ici – il ne savait pas encore pourquoi il avait accepté ce rendez-vous mais il semblerait que le destin ait bien fait les choses. L’ancien surfeur ne s’était pas déplacé pour rien car lorsqu’il passa le pas de la porte, il retrouva une vieille connaissance. Il ne put s’empêcher de nuancer la supposée amitié entre lui et Lily ; c’était plus fort que lui. Le temps mais surtout le douloureux événement en date qu’était le décès de Matt avait fait que les deux avaient fini par enterrer la hache de guerre. Toutefois, il aimait entretenir cette méfiance envers la brune même s’il avait appris ces dernières semaines à la connaître. Le temps apaiserait certainement encore les choses. Mais revenons à nos moutons, et Deklan était tout à fait stupéfait de reconnaître Juliet Rhodes devant lui. Il serait venu avec un peu plus d’enthousiasme s’il l’avait su. « Toujours aussi charmeur. » se permit-elle de reprendre alors que Deklan lui offrit un grand sourire satisfait. Deklan était d’un naturel charmeur mais bienveillant. Il n’insistait jamais trop, et leur connexion à l’époque avait été naturelle.
Il s’installa à ses côtés, ne manquant pas de lui faire remarqué qu’elle s’était permise de commencer sans lui. C’était une boutade bien entendu, il s’en fichait pas mal d’ailleurs mais dans la foulée, il commanda une bière pour tenter de la rattraper. « C'est moi qui t'invite, pour me faire pardonner. » Il ne détourna pas son visage qui était tourné vers le barman, mais ses yeux se tournèrent pour la regarder alors qu’il arborait un sourire en coin. « Ok ok, bon on est en 2022, faut bien que je me fasse au girlpower et à l’enterrement du patriarcat. » lança-t-il sur le ton de l’humour tandis que le barman revint avec sa pression. Il se tourna de nouveau vers la brunette et tendit son verre vers elle : « A nos… retrouvailles ? » « Evidemment. » approuva-t-il en trinquant avant de prendre une grande gorgée de cette bière rafraîchissante. Puis bien évidemment, il joua les curieux et demanda ce qu’elle était devenue depuis tout ce temps. « Hum, je bosse pour une maison d'édition depuis quelques mois. » Il acquiesça doucement d’un mouvement de tête. « Et ça te plaît ? » demanda-t-il alors, car peut-être qu’elle était tombée dans ça par hasard mais qu’elle n’aimait pas ce qu’elle faisait. « Et toi ? Ça fait longtemps que tu es de retour à Brisbane ? » Il vint aussitôt reprendre une gorgée dans sa pinte et regarda ailleurs un instant avant de reposer son attention sur Juliet. C’était un sujet délicat pour lui, il ne parlait jamais de son accident. « Depuis 2016 oui, donc ouais ça commence à faire maintenant. » avoua-t-il simplement, sans trop de détails même s’il sentait la question sur le surf arriver très vite sur le tapis. Il jeta un œil à sa main. « Mmh – laisse-moi deviner… Pas d’alliance… avec un aussi joli minois. Qui t’a brisé le cœur ? » demanda-t-il d’un air taquin, tout en essayant doucement d’éviter le sujet de son accident. Toutefois, peut-être que de son côté, il lançait un sujet qu’elle ne voudrait pas aborder non plus. En réalité, Lily ne lui avait pas dit grand-chose à son sujet, alors il allait le découvrir de sa propre bouche.
« Ok ok, bon on est en 2022, faut bien que je me fasse au girlpower et à l’enterrement du patriarcat. » « Exactement. » Ton sourire en coin reflète sur le sien. Pourquoi est-ce que les hommes ont encore du mal à laisser une femme payer l'addition ? Tu n'y comprendras jamais rien à ce besoin de pourvoyeur qu'ils ont. Qu'il en profite pendant que ça passe plutôt. Son verre en main, tu proposes un toast en l'honneur de vos retrouvailles. « Evidemment. » Son verre vient cogner sur le tien, alors que vous prenez tous deux une gorgée de vos boissons respectives. Et naturellement, vient le moment où il prend de tes nouvelles. Ca va de soi que depuis plus de dix ans, ta vie et la sienne ne sont plus tout-à-fait les mêmes. « Et ça te plaît ? » qu'il te demande lorsque tu lui parles de ton nouveau boulot. Une question à double tranchant. « Oui, j'aime beaucoup. » Ça te plaît, oui, plus que tu ne l'aurais pensé. Ça ne t'avait jamais passé par la tête une seule seconde de bosser dans une maison d'édition, mais maintenant que t'es dedans, ça te semble si évident que tu y as ta place. Le hic, c'est le patron et la lourde ambiance au bureau qui pèse pour beaucoup. Et lui ? Qu'est-ce qu'il devient depuis ces dernières années ? « Depuis 2016 oui, donc ouais ça commence à faire maintenant. » Environ six ans donc. Encore étonnant que vos chemins ne se soient pas croisés avant. Brisbane est une grande ville, mais on a parfois l'impression qu'elle est si petite tant on croise tout le temps des visages connus à des endroits où on n'a pas tellement envie. « Qu'est-ce qui t'a donné envie de rentrer ? » que tu lui demandes par la suite. La dernière fois, revenir à Brisbane ne semblait pas être une option sur le court terme. Pas assez pour entretenir une relation à distance jusqu'au moment où il reviendrait parce que cette date semblait lointaine et possiblement inexistante. En même temps, de 2010 à 2016, tu l'aurais attendue longtemps.
« Mmh – laisse-moi deviner… Pas d’alliance… avec un aussi joli minois. Qui t’a brisé le cœur ? » Oh, alors, on va directement dans le vif du sujet, hm ? La soirée est pas encore trop jeune pour parler des exs copains ? Ou c'est peut-être une manière détournée de savoir c'est quoi ton problème pour être encore seul à ton âge. Encore heureux que le physique n'y soit pour rien. « J'pourrais te retourner la même question tu sais. » que tu répliques en riant doucement. Lui aussi, il est seul. C'est par choix ? Quelqu'un lui a brisé le cœur lui aussi ? « Je suppose que c'est le classique : je voulais des enfants et lui non. » que tu ajoutes pour expliquer ta dernière rupture - et le cœur brisé qui est venu avec. C'est la version très très courte de ta rupture avec Alfie. Ce n'est qu'une raison parmi tant d'autres, mais tu ne comptes pas en évoqué d'autres pour le moment. « Et toi ? C'est quoi ta raison ? » C'est lui qui a abordé le sujet en premier hen.
7 janvier 2022. La situation était plutôt cocasse et en réalité, Deklan était soulagé de ne pas avoir à inventer une excuse pour partir à la sauvette. Retrouver un fantôme du passé, et qui plus est, un aussi joli souvenir que ce que pouvait être Juliett, n’était peut-être pas une mauvaise chose. Ces derniers mois avaient été compliquées avec le décès de son meilleur ami, il s’était complètement donné à son travail en s’oubliant un peu. Au moins avec cette soirée, il aurait une parenthèse qui lui permettrait de souffler, et de ne plus être le manager du DBD, ou l’aîné d’une fratrie déchirée, il était juste Deklan qui buvait une bière avec une vieille connaissance. « Exactement. » approuva-t-elle alors que Deklan avait enfin sa bière devant lui. Aussitôt, les deux anciens amants vinrent trinquer à leurs retrouvailles hasardeuses, n’ayant jamais pensé une seconde que Lily aurait pu être l’orchestre de tout ça. L’un et l’autre prenait des nouvelles, et Jules lui apprenait apprécier son travail, c’était le principal après tout et il était bien placé pour en savoir quelque chose. Il finit par répondre à ses interrogations, et il craignait toujours le sujet du passé, le point noir de sa vie, l’accident qui avait tout bouleversé. « Qu’est-ce qui t’a donné envie de rentrer ? » Deklan eut un petit rire étouffé, venant regarder son verre, puis ses doigts tapotant ce dernier, nerveux, ne sachant comment il pourrait se sortir du sujet qu’il évitait perpétuellement. Devait-il mentir ? Devait-il être honnête ou tout simplement dire qu’il ne voulait pas en parler ? Il hésita un instant mais se dit qu’un silence trop long pourrait peut-être aussi être suspect. « Rien. » lâcha-t-il finalement, fixant son verre, il vint finalement relever la tête pour la regarder. « C’est pas moi qui l’ai voulu. » finit-il par dire, restant vague mais sachant pertinemment que Jules voudrait en savoir plus… Ca lui permettait de gagner du temps et de prendre un peu de contenance pour parler de son accident.
Le sujet qui s’en suivit était plus léger, et Deklan préférait parler mille fois de ses échecs amoureux plutôt que de son accident. « J'pourrais te retourner la même question tu sais. » Il rigola, balançant sa tête en arrière avant de la regarder à nouveau. « Je suppose que c'est le classique : je voulais des enfants et lui non. » finit-elle par dire, pour répondre à sa question. « Je vois, un classique en effet. » approuva-t-il alors qu’il ne pourrait jamais comprendre ceux qui ne voulaient pas d’enfant. Si la vie en avait voulu autrement, si il avait pu rencontrer la bonne comme on dit, il aurait rêvé d’avoir une grande famille. Mais à trente cinq ans, il était bel et bien encore célibataire et sans enfants et pourtant, il s’occupait de ses nièces comme si elles étaient ses filles. En tout cas, Deklan ne se permit pas de demander plus de détails, il se doutait que c'était un sujet délicat. « Et toi ? C’est quoi la raison ? » Il la regarda un instant, et vint prendre une gorgée de sa pinte. Il pensait à la seule femme qu’il n’avait jamais réellement aimé, avant qu’elle ne le brise en partant du jour au lendemain, puis à ses dizaines d’histoire qui avaient permis d’alléger son cœur sans pour autant le lui voler… « Je n’ai pas rencontré la bonne… » dit-il, hésitant. « C’est une réponse ça ? » enchaîna-t-il avec un petit rire. « Non, plus sérieusement… J’aurais aimé. Mais la vie en a voulu autrement. » confia-t-il sur un ton plus sérieux, venant poser ses noisettes dans les siennes. Il était sincère, il aurait aimé pouvoir trouver quelqu’un, mais après son premier amour, il n’avait jamais réussi à se poser.
« Rien. C’est pas moi qui l’ai voulu. » Oups, sans vraiment le vouloir, on dirait que tu viens de toucher une corde sensible et c'est bien mystérieux. Tu te demandes ce qui a bien pu se passer là-bas ou même ici pour qu'il doive rentrer à contre coeur. La question te brûle les lèvres. Tu as tendance à être un peu trop curieuse. C'est loin d'être une qualité quand ça devient intrusif pour les autres. « J'suis désolé. Te sens pas obligé d'expliquer quoique ce soit. » Mais si t'as envie d'en parler, te gêne surtout pas. La balle est dans son camp à savoir s'il veut partager ou non ses (més)aventures avec toi ou non. Juste pas le regard que tu poses sur lui, ça crève les yeux que la curiosité te démange. Et puis, ce n'est pas pour te vanter, mais tu es d'une excellente écoute, muette comme une tombe si c'est ce qu'il faut.
« Je vois, un classique en effet. » Les deux principales causes de séparation dans un couple ? Les enfants et l'argent. Alors, oui, c'est un classique de votre quand l'un désir des enfants et que l'autre non. C'est une raison suffisante pour que personne ne tente de chercher davantage d'explication. Les véritables raisons de ta dernière rupture sont bien plus compliquées que ça. Tu ne serais jamais partie parce que Alfie ne désirait pas d'enfant - même si on sait tous que tu aurais fini par le rendre responsable de tous tes malheurs sans comprendre pourquoi. Tu le tien déjà responsable (dans un sens) pour ce désir d'avoir un enfant qui vient de t'éclater en plein visage. « Je n’ai pas rencontré la bonne… C’est une réponse ça ? » Est-ce que toutes les personnes célibataires ne l'étaient pas pour cette raison ? Bien sûr que certains c'est par choix, mais c'est sûrement un choix qu'il ne prendrait plus s'il rencontrait la bonne comme il le sous-entend. « Disons que c'est la réponse facile, oui. » que tu lui réponds en riant doucement. C'est la réponse qu'on donne quand on a pas envie d'y répondre honnêtement. « Non, plus sérieusement… J’aurais aimé. Mais la vie en a voulu autrement. » « Je suis du genre à penser que rien n'arrive pour rien. » Le bon et le mauvais karma, l'âme sœur cachée quelque part, tout ça. Un brin trop romantique et positive ? Absolument. Même les périodes les plus difficiles d'une vie ont une raison d'exister. Elles nous permettent d'avancer et retrouver un équilibre qui n'aurait pas lieu sans. « Tu trouveras au moment où tu t'y attends le moins. C'est toujours comme ça. » C'est aussi un classique de ne pas arriver à trouver l'amour quand on le cherche trop. Et quand on ne le cherche pas, ça nous tombe dessus. Et puis, il n'y a pas de raison pour que Deklan ne trouve pas chaussure à son pied. Il est charmant, drôle et intéressant. Que demandez de plus ? Bon, c'est pas faux que tu n'as pas eu le temps de le connaître assez pour découvrir tous ses défauts.
7 janvier 2022. Retomber sur Juliet après toutes ces années lui rappelait une époque douce où tout était encore bien dessiné autour de lui. En discutant pour rattraper le temps perdu, ils pouvaient tout de même se rendre compte qu’une bonne décennie s’était écoulée et qu’ils avaient chacun vécu leur lot de réussite, tout autant que de défaite. « J’suis désolé. Te sens pas obligé d’expliquer quoique ce soit. » Deklan pouvait sentir dans son regard qu’elle voulait en savoir plus mais elle était trop bien élevée pour lui demander clairement. Le brun en parlait rarement, voire jamais mais il s’était toujours senti à l’aise avec la petite brune. « J’ai eu un accident qui a chamboulé toute ma carrière, on va dire. » précisa-t-il finalement, avec un sourire timide au visage, presque gêné mais après tout, c’était ce que c’était : un accident. Deklan n'avait rien pu y faire, et il aurait très bien pu même ne plus être là pour le raconter...
Les deux anciens amants finirent par se rendre curieux l’un et l’autre sur leur situation amoureuse. En effet, s’ils étaient tous les deux ici c’était qu’ils étaient bel et bien célibataires, sinon Lily n’aurait pas manigancé ce petit date. Deklan ne savait pas si ses réponses pouvaient éclairer Juliet, mais il ne savait pas réellement quoi dire de plus. Ce n’était pas très passionnant. Il avait vécu une belle histoire avec une femme qui finalement s’était barrée sans se retourner et depuis il enchaînait les petites histoires éphémères sans vraiment trouver l’amour, le vrai. Il semblerait qu’il avait cramé sa seule chance avec son premier amour et qu’il n’était maintenant destiné qu’à vivre des histoires sans importances. « Disons que c’est la réponse facile, oui. » Il sourit à cette remarque. Il était vrai que Deklan ne se mouillait pas trop avec sa réponse. Il haussait les épaules en venant prendre une gorgée de sa bière. « Je suis du genre à penser que rien n’arrive pour rien. » Il pencha la tête d’un côté, venant l’observer avec attention. « Je suis pareil. » confia-t-il, lui qui était de nature optimiste à tenter de chercher toujours le positif dans les pires événements. La pire année de sa vie avait été sa rupture suivie de son accident, il avait mis du temps à s’en remettre mais aujourd’hui il en était ressorti plus fort. « Tu trouveras au moment où tu t’y attends le moins. C’est toujours comme ça. » ajouta-t-elle avec bienveillance. « C’est ce qu’on dit, oui. » Il croisa son regard, lui partagea un sourire, et finit sa bière d’une grande gorgée avant d’ajouter : « Nos chemins ne se recroisent pas pour rien, alors ? » Après tout, si tout arrivait avec une raison alors leurs retrouvailles inattendues devaient certainement avoir un sens dans leur vie. La question était s'ils prendraient ces retrouvailles comme une opportunité pour concrétiser quelque chose qu'ils n'avaient pas pu faire il y a des années.
« J’ai eu un accident qui a chamboulé toute ma carrière, on va dire. » On va dire. Le sourire triste ? ou déçu peut-être ? qu'il tire par la suite de cette révélation te fait froncer les sourcils doucement. Il a eu un accident qui l'a forcé à prendre sa retraite avant l'âge, voilà ce que tu en comprends. Un accident en surf ? Probablement. Quoi qu'il peut aussi très bien s'être fait renverser par une voiture. Ça aussi, ça fait des ravages qui ne pardonnent pas. Tu laisses tout de même le sourire le plus chaleureux que tu peux avoir prendre place sur ton visage alors que ta main vient se poser délicatement contre son avant-bras sur le comptoir. « J'suis désolé. » Parce que c'est évident que c'est un sujet qui le touche beaucoup. Ce n'est sûrement pas évident de dire adieu à ses rêves du jour au lendemain. « Tu peux encore surfer ? » que tu lui demandes. C'est pas parce qu'il n'est plus disposé à la compétition que ça veut forcément dire qu'il ne peut plus monter sur une planche. Il a seulement osé remonter depuis son accident ? Ce que ça peut faire le stress post-traumatique. Physiquement, d'un œil rapide, il a toujours ses deux jambes. Tu ne vois pas ce qui l'empêcherait de surfer de nouveau, mais t'es bien loin d'être une experte en la matière.
« Je suis pareil. » Un éternel optimiste lui aussi ? Tu ne peux pas dire que ça te surprend tant que ça. Deklan t'a toujours semblé être un bon vivant. C'est le genre de personne dont on a envie de s'entourer. Il n'y a pas vraiment d'explication. C'est ce qu'il dégage, c'est tout. « C’est ce qu’on dit, oui. » Qu'on finit toujours par trouver la perle rare quand on ne la cherche pas. Une phrase que toute personne qui recherche activement sans trouver déteste particulièrement. C'est tout de même pas faux. On a souvent tendance à ne pas voir ce qui se passe directement sous notre nez. « Nos chemins ne se recroisent pas pour rien, alors ? » Bien joué. Il n'en manque pas une. Piégé à ton propre jeu ? Peut-être bien, oui. C'est un petit sourire en coin qui prend naissance à la commissure de tes lèvres. « Peut-être qui sait ? » Dans quel but ? La soirée est encore trop jeune pour vraiment le dire. Peut-être que ce n'était qu'une légère erreur de parcours et que vos retrouvailles étaient pour "rien", en un sens. L'avenir vous le dira. Pour l'instant, vos verres sont vides. « Ça veut dire que tu paies la prochaine tournée ? » Ça veut dire que tu as envie d'étirer cette soirée encore un peu plus longtemps ? « Pas trop déçu d'être tombé sur moi ? » que tu demandes, curieuse. C'est ça la surprise avec les blinds dates, on ne sait jamais sur quel genre de personnes on va tomber. Toi ? Tu n'étais pas du tout déçu.
7 janvier 2022. Deklan ne parlait jamais de son accident de surf, il avait dû le faire pour expliquer son retour à Brisbane, et il se retrouvait face à Jules aujourd’hui, devant répéter encore l’épisode de sa vie qu’il n’aimait pas ressasser. Son sourire disparut très vite après l’avoir dit à voix haute. « J’suis désolé. » Elle n’y était pour rien, personne n’y était pour grand-chose. La seule chose qu’il pouvait regretter était d’avoir insisté ce jour-là pour conquérir malgré la météo désastreuse. C’était lui le fautif dans cette histoire et c’était aussi peut-être pour ça qu’il n’aimait pas en parler. « Tu peux encore surfer ? » Techniquement, oui. Son médecin l’avait autorisé au bout de plusieurs mois de rééducation à reprendre le sport, mais il n’avait jamais osé remettre les pieds dans l’eau depuis l’accident. Cette peur d’y retourner s’était d’autant plus accentuée après la mort de Matt, son meilleur ami, mort d’un accident de surf. « Techniquement, oui. Mais je n’ai jamais osé remettre un pied dans l’eau depuis. » Depuis l’accident, depuis ce jour-là, il se permettait seulement des baignades en piscine, triste quand on vivait en Australie avec les plus belles plages au monde… Mais c’était plus fort que lui.
« Peut-être qui sait ? » Le hasard faisait parfois un bon travail. Certains y voyaient des coïncidences mais les gens comme Juliet ou Deklan aimaient croire qu’il y avait un sens à tout ce qui pouvait arriver, autant les événements heureux que malheureux avaient forcément un sens dans la vie. « Ça veut dire que tu paies la prochaine tournée ? » enchaîna-t-elle d’un ton léger et presque taquin, faisant comprendre à Deklan qu’elle n’était pas forcément dérangée de prolonger ce moment. « Tu n'as pas une urgence ? une amie en détresse ? un imprévu de dernière minute ? » répondit-il alors le sourire taquin au visage, car c’était parfois les excuses qu’on sortait quand on souhaitait s’éclipser poliment d’un date raté. Il leva finalement la main vers le barman qui aussitôt se dirigea vers eux, et Deklan demanda de remettre une tournée. « Pas trop déçu d’être tombé sur moi ? » Il haussa les épaules, mimant une moue hésitante… Il bloqua un instant sur elle pour voir sa réaction et finit par rire. « Non non j’rigole ! Pas déçu, je suis content de te revoir. » qu’il finit par dire avec un ton doux et sincère. « Après tout, on s’était quittés en bons termes, et non pas parce qu’on ne pouvait pas se blairer, je me trompe ? » demanda-t-il finalement alors qu’on leur posa leur verre devant eux, il paya la tournée et leva son verre vers la jeune femme. « Vraiment, c’est un plaisir. Et toi ? pas trop déçu ? » demanda-t-il en retour, aussi curieux qu’elle. Il porta sa bière à la bouche venant apprécier un peu plus ce moment où pour une fois, il arrivait à déconnecter de tout – du travail, de la pression, du stress. Pour une fois, il était un trentenaire célibataire qui pensait d’abord à lui.
« Techniquement, oui. Mais je n’ai jamais osé remettre un pied dans l’eau depuis. » Est-ce une manière de parler ? A t-il seulement jamais retourner surfer ? Ou il ne s'est vraiment jamais même rebaigné dans la mer ? Oh Juliet et ton syndrome du sauveur, t'as terriblement envie de t'en mêler. Tu as les lèvres qui te brûlent, mais les mots ne franchiront pas l'étape finale. C'est pas le bon moment. Pas au premier rendez-vous. Ça prend une bonne confiance entre deux personnes pour traverser une barrière comme celle-ci. Ça viendra. Tu as plus d'un tour dans ton sac. « Tu voudrais ? » que tu oses quand même demander. « C'est pas moi qui vais te faire remonter sur une planche. Tu te souviens comment c'était désastreux ? » que tu ajoutes en riant doucement, usant de la nostalgie pour désamorcer un peu la bombe. Tu n'as jamais vraiment été une grande sportive. Mais bien sûr qu'elle avait tenté de surfer avec Deklan pour ses beaux yeux. C'est à peine si tu avais réussi à tenir debout. Mais bon, avec son court séjour à ce moment-là. Vous n'y aviez été qu'une seule fois. Peut-être qu'à force, t'arriverais à quelque chose de presque acceptable.
Que tu termines ton premier verre était déjà un miracle en soi. Tu ne t'en attendais certainement pas en arrivant ici. Alors que tu proposes que ce verre s'étire en un deuxième verre, c'est encore plus miraculeux. « Tu n'as pas une urgence ? une amie en détresse ? un imprévu de dernière minute ? » Il faut croire que les défaites pour se sauver d'un rencard raté sont toujours aussi clichés. Ton sourire s'étire en même temps que le sien. « Pas pour l'instant. Je te promets rien pour plus tard. » que tu plaisantes en lui adressant un clin d'oeil complice. Bien sûr que non que tu n'allais pas user de cette technique pour te sauver d'ici. Quand tu partiras, c'est que ce sera le temps de rentrer, c'est tout. Deklan s'occupe donc de faire signe au barman qui amène deux nouvelles consommations quelques secondes plus tard. Et alors que tu lui demandes s'il n'est pas trop déçu d'être retombé sur un fantôme du passé, il mime l'hésitation quelques secondes. « Non non j’rigole ! Pas déçu, je suis content de te revoir. » De nouveau, c'est un sourire plus timide qui se glisse sur ton visage alors que tu glisses une mèche de cheveux derrière ton oreille. Bien sûr que ça fait toujours plaisir à entendre. « Après tout, on s’était quittés en bons termes, et non pas parce qu’on ne pouvait pas se blairer, je me trompe ? » Non, il ne se trompe pas. Vous vous étiez quittés parce que Dek était retourné hors continent et certainement pas en mauvais terme. Son départ t'avait même un peu attristé. Tu avais beau connaître la fin avant même que ça commence, on pense toujours qu'on peut arriver à suivre les règles sans se blesser. Autant dire que ça ne se passe jamais comme prévu. « Non, c'est vrai. Ça m'avait rendu un peu triste que ça se termine même. » Enfin, à l'époque tu veux dire. C'est quand même une vieille histoire que tu t'es remise depuis bien longtemps. Ça n'avait pas duré assez longtemps pour vivre une peine d'amour interminable comme tu sais si bien les vivre. Mais ce serait faux de dire que tu n'as versé aucune larme suite à son départ. « Vraiment, c’est un plaisir. Et toi ? pas trop déçu ? » « Pas du tout, ça me fait très plaisir d'avoir de tes nouvelles. » Depuis tout ce temps. Tu prends ton verre entre tes mains pour venir en prendre une nouvelle gorgée. « Tu m'as pas dit ce que tu faisais dans la vie !? » que tu réalises soudainement. Si de ton côté tu lui avais parlé de la maison d'édition, le sujet était dérivé sur autre chose avant qu'il ne réponde à son tour.
7 janvier 2022. Deklan n’était pas très expansif quand il fallait parler de son accident de surf. Pourtant, c’était survenu il y avait plus de sept ans. Il se souvenait encore du jour où il avait tanné les organisateurs pour poursuivre la compétition malgré la mauvaise météo. Deklan était d’un tempérament téméraire, il n’avait généralement pas froid aux yeux et cette fois-ci, on pouvait dire que il en avait payé le prix. Juliet s’intéressait à cette partie de sa vie même si l’ancien surfeur se montrait plutôt timide quant à ses confidences. « Tu voudrais ? » Il leva les yeux pour la regarder. « C’est pas moi qui vais te faire remonter sur une planche. Tu te souviens comment c’était désastreux ? » Et cette remarque le fit sourire, le mettant quelque peu à l’aise. « Oh tu sais, je ne sais pas si je pourrais remettre les pieds sur une planche un jour. Mon plus grand regret est sûrement d’avoir trop insisté ce jour-là. J’étais jeune, téméraire, fougueux et je n’ai pas réalisé à quel point la météo était désavantageuse pour nous. J’étais plutôt dans le mode ‘j’veux gagner, j’veux encore prouver que je suis le meilleur’, un excès d’égo qui m’a coûté ma carrière. » confia-t-il, il ne savait pas si c’était l’alcool qui l’invitait à parler aussi facilement mais il poursuivit : « Si j’avais voté comme tout le monde, si j’avais été plus sage, je serais encore probablement sous les feux de la rampe. Aujourd’hui, ma carrière est derrière moi, j’en ai fait le deuil – je crois. Enfin, c’est le genre de choses qui t’arrive et tu finis par te dire que si c’est arrivé, c’était qu’il y avait une raison. Pour autant, je ne peux pas t’assurer que je serai prêt à refaire du surf. En plus… » Il se pinça les lèvres, n’étant pas sûr que finir sa phrase était une bonne idée pour le bien de la bonne ambiance qui régnait jusqu’ici entre eux. « Non, oublie. » finit-il par dire, il s’était ravisé car parler de son meilleur ami décédé n’était clairement pas la meilleure chose à faire. En plus il avait terminé son verre, et lui qui ne buvait pas si souvent, ne devrait peut-être pas enchaîner aussi vite…
Pour autant, la brunette face à lui ne semblait pas dégoûtée à l’idée de prolonger encore un peu la soirée. « Pas pour l’instant. Je te promets rien pour plus tard. » Elle lui fit un clin d’œil et il comprit qu’il avait le feu vert pour recommander une fois, cette fois-ci c’était lui qui payait sa tournée. Il lui avoua ne pas être déçu de l’avoir retrouvée même s’il ne se serait jamais imaginé retomber sur elle un jour. Il était d’autant plus étonné de se dire qu’elle connaissait Lily. « Non, c’est vrai. Ça m’avait rendu un peu triste que ça se termine même. » A cette époque-là, Deklan ne souhaitait pas réellement se poser avec quelqu’un, toujours un pied dans un avion, il n’était clairement pas prêt à assumer une relation. Il avait été clair avec Juliet, et ils avaient réussi à profiter du peu de temps ensemble. « On était jeunes à l’époque, et en toute honnêteté, je n’aurai pas su te rendre heureuse comme tu le méritais quand on s’est rencontrés. » déclara-t-il simplement, un sourire affectueux au visage. Pas assez mature, pas assez beaucoup de choses, et même s’il s’était toujours promis de bien traiter les femmes, il avait brisé quelques cœurs sans le vouloir. Il était toujours resté honnête pour au final qu’on lui brise le cœur à son tour quelques années après avoir rencontré Juliet. Mais il était tout de même curieux de savoir si de son côté, elle avait été déçue de se rendre compte qu’il était son date. « Pas du tout, ça me fait très plaisir d’avoir de tes nouvelles. » C’était une bonne chose même s’il n’était pas certain qu’elle veuille plus que de ses nouvelles, en soit. « Tu m’as pas dit ce que tu faisais dans la vie !? » finit-elle par ajouter alors qu’il était en train d’entamer son second verre de la soirée. « Je gère le café-bar de Lily, je suis son manager principal. Puis à mes heures perdues, je fais influenceur sur les réseaux. J’entreprends des sessions de sport en ville pour les plus motivés d’entre nous, je donne des conseils sur le sport et la santé, en gros. » dit-il, sa voix était plus légère que lorsqu’il parlait du surf. En effet, cette reconversion s’était faite naturellement, autant pour le café que pour le statut d’influenceur. « Mais promis, je suis pas imbu de moi-même ! » déclara-t-il en levant ses deux mains en l’air, un sourire amusé sur les lèvres.
« Oh tu sais, je ne sais pas si je pourrais remettre les pieds sur une planche un jour. Mon plus grand regret est sûrement d’avoir trop insisté ce jour-là. J’étais jeune, téméraire, fougueux et je n’ai pas réalisé à quel point la météo était désavantageuse pour nous. J’étais plutôt dans le mode ‘j’veux gagner, j’veux encore prouver que je suis le meilleur’, un excès d’égo qui m’a coûté ma carrière. » Ton menton vient prendre appuie dans la paume de ta main alors que tu es attentive à son discours. Pour quelqu'un qui n'avait pas envie d'aborder le sujet, il est devenu particulièrement bavard. Est-ce l'alcool ? Ou une confiance que tu as su instaurer dans ces quelques minutes passées ensemble ? Possiblement un peu des deux. « Si j’avais voté comme tout le monde, si j’avais été plus sage, je serais encore probablement sous les feux de la rampe. Aujourd’hui, ma carrière est derrière moi, j’en ai fait le deuil – je crois. Enfin, c’est le genre de choses qui t’arrive et tu finis par te dire que si c’est arrivé, c’était qu’il y avait une raison. Pour autant, je ne peux pas t’assurer que je serai prêt à refaire du surf. En plus… » Il s'arrête soudainement. Tu fronces légèrement les sourcils, comprenant que la suite de son discours semble particulièrement difficile à aborder. « Non, oublie. » Et visiblement, c'est un sujet assez délicat pour qu'il n'ait pas envie d'aller plus loin dans la discussion. Il s'est déjà pas mal vidé le coeur. Il faut savoir respecter les limites de l'autre. « Rien n'arrive pour rien. » que tu débutes. C'est ce que vous disiez quelques instants plus tôt. Il a aussi dit qu'il partageait cette pensée. Le pense t-il encore après avoir abordé le sujet. « J'suis certaine qu'il y a d'autres belles choses qui t'attendent ici. » Parce que si sa carrière de surfeur est terminé, il y aura surement d'autre projet qui deviendront aussi cher que sa carrière l'était avant. « Tu dois être content de retrouver ta famille ? » Tu te souviens plus trop si c'était des frères, des soeurs, mais tu te souviens qu'il venait d'une famille assez nombreuse. « Et un jour, tu seras prêt à remonter sur une planche. » que tu ajoutes en lui souriant doucement. Éternelle optimiste ? Absolument. Sa carrière est sûrement perdu à tout jamais, mais son loisir retrouvera sa place un jour ou l'autre. Son accident lui a sans doute permis d'acquérir une certaine expérience et de ne pas répéter les mêmes erreurs. « On était jeunes à l’époque, et en toute honnêteté, je n’aurai pas su te rendre heureuse comme tu le méritais quand on s’est rencontrés. » Oh ce n'est pas ce que tu voulais sous-entendre. Tu sais parfaitement qu'à ce moment-là, c'était pas le bon moment pour lui. Pour toi ? Peut-être bien, mais ce n'était pas la bonne personne de par son mode de vie nomade. À des milliers de kilomètres l'un de l'autre, ça n'aurait jamais fonctionné. « Je sais, t'inquiète. Tu as été honnête avec moi et c'était très apprécié. » Deklan aurait facilement pu jouer de tes sentiments et repartir à L.A sans un mot, mais il a eu la bonté d'être honnête depuis le jour un. Quoique est-ce que c'était vraiment la distance le problème ? À entendre Lily te parler de lui, s'engager ne semble pas être une de ses priorités. C'est loin d'être la tienne non plus en ce moment pour être totalement honnête. « Je gère le café-bar de Lily, je suis son manager principal. Puis à mes heures perdues, je fais influenceur sur les réseaux. J’entreprends des sessions de sport en ville pour les plus motivés d’entre nous, je donne des conseils sur le sport et la santé, en gros. Mais promis, je suis pas imbu de moi-même ! » Alors c'est de là qu'il connaît le défunt mari de votre amie commune. Ou peut-être que leur amitié est bien plus vieille que ça ? C'est sûrement un sujet ardu à aborder aussi. Mieux vaut tenir ça mort pour l'instant. Du moins, c'est pas toi qui va embarquer dans le sujet, mais s'il y va, tu vas suivre. « Ah, c'est vrai ? Faudrait vraiment que j'aille faire un tour un de ses jours. » Depuis le temps que tu te dis que tu devrais arrêter au DBD sans jamais le faire. Voilà une bonne raison de le faire ? On dirait bien. « Je sais, je dois être la seule personne à Brisbane à n'avoir jamais mis les pieds là-bas. » que tu ajoutes en riant doucement.
7 janvier 2022. Retrouver Juliet était comme recroiser un fantôme du passé. Alors si parfois on n’était pas forcément ravis de retomber sur des anciens visages de notre passé, ici ce n’était pas le cas de Deklan. Juliet n’avait pas pris une ride, ou presque. Elle était toujours aussi fraîche et elle inspirait toujours autant confiance. La jeune femme lui rappelait d’ailleurs son ex petite amie, petite, brune aux regards de biche et a l’air angelin, il était clair que s’ils avaient pu se fréquenter plus longtemps, les deux auraient pu faire un couple solide, Deklan en était certain. Lily n’était peut-être pas si folle d’avoir voulu caser son amie avec lui. En tout cas, c’était avec facilité que l’ancien surfeur professionnel se livrait à la jeune femme. Il ne voulait pas rentrer dans les détails mais il lui raconta tout de même l’accident qu’il avait vécu des années plus tôt et qui avait bouleversé sa vie. « Rien n’arrive pour rien. » finit-elle par commenter alors que Deklan avait eu l’impression d’en dire beaucoup trop. « J’suis certaine qu’il y a d’autres belles choses qui t’attendent ici. » Il la fixait en hochant de la tête, car en effet, depuis, de l’eau avait coulé sous les ponts et il avait su rebondir. « Tu dois être content de retrouver ta famille ? » Voilà bien un des seuls arguments qui lui avaient permis de tenir le coup à l’époque. « Ca fait – mmh, presque sept ans que je suis de retour dans le coin maintenant, et c’est vrai que j’apprécie être proche de ma famille. En plus, ma sœur a eu une petite fille l’an dernier, donc ça me permet d’être là pour elles, aussi. Et mon frère aussi est devenu papa. » qu’il précisa avec un sourire enthousiaste sur le visage, les yeux pétillants car il aimait plus que tout ses nièces. « Et un jour tu seras prêt à remonter sur une planche. » Par contre ça, il en était moins sûr, il fit une moue dubitative ne voulant pas la contredire car c’était un sujet qu’il n’abordait jamais.
Mais les deux anciens amants revenaient sur leur histoire, plus de dix ans depuis cette histoire éphémère et Deklan n’en gardait que de bons souvenirs. « Je sais, t’inquiète. Tu as été honnête avec moi et c’était très apprécié. » L’influenceur était un homme authentique et ça lui faisait plaisir qu’elle le souligne – il n’aimait pas faire du mal et était donc toujours honnête envers les femmes qui entraient dans sa vie. A l’époque, il ne cherchait pas à se poser encore moins quand il venait sur Brisbane pour voir sa famille. Aujourd’hui, tout était différent, son âge, son attitude et même son métier… « Ah c’est vrai ? Faudrait vraiment que j’aille faire un tour un de ses jours. » Il sourit, se demandant tout à coup comment elle pouvait connaître Lily. « Je sais, je dois être la seule personne à Brisbane à n’avoir jamais mis les pieds là-bas. » Il rit avec elle, en portant son verre à sa bouche puis il reposa ses yeux sur elle et répondit : « On fait le meilleur café. » assura-t-il pour lui donner un argument de plus pour venir là-bas. « Et en plus, il paraît que les baristas là-bas sont hyper charmants ! » ajouta-t-il avant d'émettre un petit rire, lui qui n'était pas le roi des violonistes, il aimait tout de même séduire, et c'était une tentative comme une autre... « Comment as-tu rencontré Lily du coup ? » finit-il par demander, curieux de savoir comment on pouvait devenir amie avec une femme comme Lily, où tout n’était qu’apparences et préjugés.
« Ca fait – mmh, presque sept ans que je suis de retour dans le coin maintenant, et c’est vrai que j’apprécie être proche de ma famille. En plus, ma sœur a eu une petite fille l’an dernier, donc ça me permet d’être là pour elles, aussi. Et mon frère aussi est devenu papa. » La famille est ce qu'on a de plus précieux. Voilà une valeur que Deklan semble partager avec toi. Tu n'as pas la chance comme lui d'être une tante pour l'instant, mais honnêtement, ça te ferait un coup dure à avaler si ton petit frère avait des enfants avant lui - ce qui va s'en doute arriver puisqu'il a bien plus de carte en main que toi pour concevoir un enfant, genre une femme. « C'est vrai ? T'as des photos ? » que tu demandes soudainement curieuse en te penchant légèrement vers lui prête à visualiser tout ce qu'il aura sous la main. Enfin, c'est peut-être plus un truc de filles d'avoir des millions de photos de leur enfant et/ou neveu. Le sujet tourne tranquillement sur le DBD qui est apparemment l'endroit où bosse Deklan. Un café où tu n'as jamais mis les pieds, ce qui est quand même assez surprenant vu la popularité qu'il a auprès des jeunes et des moins jeunes de Brisbane. À croire que ton chemin n'était pas destiné à recroiser celui de Deklan avant que Lily décide d'y mettre son grain de sel - une bonne ou une mauvaise chose ? Tu ne saurais dire encore pour l'instant. « On fait le meilleur café. Et en plus, il paraît que les baristas là-bas sont hyper charmants ! » - « Oh vraiment ? » Un sourire amusé se glisse soudainement contre tes lèvres. « Je devrais y aller quelle journée pour vérifier si ta théorie est exacte ? » Pour le café ou les baristas ? Autrement dit, quelles sont les journées à privilégier pour que vos chemins se recroisent de nouveau ? Est-ce que c'est une invitation à poursuivre sur un second rendez-vous ? On dirait bien oui. Lily serait ravie. D'ailleurs, parlant de Lily… « Comment as-tu rencontré Lily du coup ? » Un peu comme lui sans doute; par l'entremise d'une autre personne. « Disons qu'on avait une connaissance commune. » Avait, parce que cette personne fait encore partie de l'entourage de Lily, mais elle ne fait plus partie de la sienne. C'est trop tôt dans la soirée pour l'annonce le coloc de Lily c'est mon ex ? Sans doute. Ça viendra bien assez rapidement. Si ça se trouve, le chemin de Deklan a déjà croisé celui de Alfie. « Lily m'a dit que tu étais un ami de Matt ? » Est ? Étais ? On ne sait jamais comment aborder le sujet d'un proche décédé. En espérant que tu ne te sois pas trop mise les pieds dans les plats. « Vous vous êtes rencontrés par le DBD ? » que tu lui demandes par la suite.