I may not always win, but I never back out of a fight. @Seth Moriarty

Adossée au mur du cinéma en attendant que Maisie ait fini son service, Theo affichait un air concentré sur l’écran de son téléphone, visiblement absorbée par une tâche ô combien importante et prenante. La tâche en question ? Essayer de comprendre comment fonctionnait ce foutu site Onlyfans dont lui avait parlé son amie. Elle scrollait depuis de longues minutes déjà sur des comptes plus invraisemblables les uns que les autres. Et alors qu’elle avait plutôt bien assimilé le fait que certaines personnes puissent être intéressées par des vêtements déjà portés, elle avait en revanche beaucoup plus de mal à saisir ce que d’autres pouvaient trouver d’intéressant à des…chaussures de semelles sales ? Il allait falloir que Maisie lui explique davantage le fonctionnement de la plateforme ; mais s’il y avait de l’argent à se faire, elle était partante. Qu’est-ce qu’elle risquait à entrer en contact avec des pervers à l’autre bout du monde après tout ? Même en imaginant un scénario catastrophe, elle se savait parfaitement capable de se mesurer à quiconque viendrait la chercher d’un peu trop près. Mais également secrètement persuadée de pouvoir se mesurer à un Mister T en puissance, Theo n’était probablement pas très objective dans sa façon de raisonner et dans son jugement. Et c’est avec cette idée en tête qu’elle daigna enfin détacher les yeux de son smartphone pour regarder autour d’elle et vérifier si son amie était sortie. Ce qui n’était vraisemblablement pas le cas. Pourtant, Theo avait la désagréable impression de se sentir épiée. Elle balaya donc une nouvelle fois des yeux les alentours avant que son regard ne se fixe sur le visage d’un brun à quelques mètres d’elle qui la fixait de manière un peu trop insistante. Quoi ? Elle avait un truc sur le visage ? Elle le toisa de haut en bas, les sourcils froncés, avant de s’approcher de lui. « Y a un problème Seth ? » Ou sinon, elle aurait pu commencer par "Bonjour", mais ça lui ressemblait beaucoup moins. Elle avait eu l’occasion de croiser le frère de Maisie à quelques reprises chez elle mais ils ne s’étaient jamais véritablement adressé la parole auparavant (les banalités consistant à saluer les gens semblant lui être peu familières à lui aussi). Elle n’avait jamais véritablement compris la relation qui les unissait ; son amie passant aisément de propos plutôt élogieux à des critiques acerbes quand il s’agissait d’évoquer le sujet de son frère. Theo n’avait jamais cherché à creuser davantage la question, considérant qu’il ne s’agissait tout bonnement pas de ses affaires, mais elle devait avouer que cela l’intriguait. Et puisqu’elle n’avait de toutes façons rien de mieux à faire en attendant la brune, elle venait de décider à l’instant que c’était le moment parfait pour se faire sa propre idée de l’individu. « Tu squattes aussi le canapé du cinéma en plus de celui de ta sœur ? » Une remarque acerbe accompagnée d’un regard charmant et d’un sourire mi-amusé, mi-provocateur : elle était là la recette préférée de Theo. La recette idéale pour se faire une idée du caractère de la personne qu’elle avait en face d’elle. Et quelque chose lui disait déjà que pour le coup, Seth ne risquait pas d’être en mal de répartie. Les prochaines minutes s’annonçaient déjà très divertissantes.

T'es à deux doigts de te tirer d'ici. Déjà que t'as pas vraiment le droit d'être ici, Maisie, elle prend son temps. Elle le fait sûrement exprès pour qu'on te foute à la porte. Dommage qu'il n'y ait que des demeurés qui bosses ici et que personne ne portera vraiment fait que t'es sur la blacklist du cinéma. Reste que t'es quand même toujours sur tes gardes quand tu mets les pieds ici. Toujours prêt à prendre la poudre d'escampette avant que les problèmes arrivent. Sauf qu'au loin, il y a cette fille, cette blonde que tu fixes depuis une bonne dizaine de minutes. Tu l'as déjà vu quelque part sans pour autant te souvenir de où et quand. T'as des problèmes avec elle aussi ? Ce ne serait pas si surprenant. La voilà justement qui remarque ta présence et qui fait quelques pas vers toi. Tu sauras bien assez rapidement si elle vient, ou non, avec des problèmes. « Y a un problème Seth ? » Ah bah génial, elle se souvient de ton prénom alors que jamais tu ne pourrais dire le sien. Elle a dit Seth et pas connard où tout autre surnom plus affectif les uns que les autres, ce qui est quand même bon signe. Mais, vraiment, tu ne vois toujours pas d'où tu l'as vu. Sûrement dans une situation beaucoup trop alcoolisée où t'arrives même plus à te souvenir de ton propre prénom. Elle est là sur le bout de ta langue la remarque acerbe et dégradante pour la femme. Elle ne demande qu'à sortir, et elle va te gifler, outrée, tu sais déjà. Toutefois, la blonde reprend, heureusement, la parole avant que tu n'aies le temps de faire tes petites remarques à la con. « Tu squattes aussi le canapé du cinéma en plus de celui de ta sœur ? » Ah bah voilà qui t'aide un peu mieux à saisir de qui il s'agit. Toujours incapable de te rappeler son prénom - l'as tu seulement déjà su ? Maisie n'est pas vraiment du genre à te parler de ses copines. Moins t'en sais, mieux c'est selon elle. « Pourquoi ? T'as envie de me proposer le tien ? » Toujours pratique d'avoir un canapé de plus à mettre dans sa liste pour quand les temps sont durs, c'est-à-dire tout le temps.

Tu prends quelques secondes pour la détailler de la tête au pied. Tu te demandes quel genre de fille c'est. Elle est du genre trop gentille que tout va la choquer ? Ou le genre de fille, encore trop gentille, mais que les mauvais garçons les excitent ? - elles sont nombreuses celles-là. Ou c'est une autre tarée qui va te gifler en cinq minutes, tes préférées. Peu importe dans quel catégorie elle se trouve, si tu peux envoyer un message à Maisie pour lui dire qu'elle t'emmerde et que tu t'es tiré avec sa pote, c'est déjà une victoire. Tu regardes discrètement à droite et à gauche. Personne à l'horizon. Rappelons que t'as toujours pas le droit d'être ici, et surtout, ajoutons une raison de plus au délit commis dans cet endroit. Tu passes par dessus le comptoir pour te retrouver du côté du pop corn et des friandises. « Tu veux quoi ? » L'idée de piger dans la caisse te prend pendant quelques secondes, mais il ne faudrait pas traumatiser blondie dès les premières minutes. Un petit vol de pop corn et deux-trois friandises, c'est rien. Surtout si c'est Maisie qui doit repayer, même si bon, en vérité, personne ne remarquera. Ce qui est plutôt dommage. « T'es plus du genre à aller voir un film ou à grimper sur le toit ? » C'est une invitation ? Oui carrément.

Theo avait vu suffisamment de comptes OnlyFans dérangeants pour la journée. Pour le mois même. Et certaines images allaient mettre un peu trop de temps à s’effacer de sa mémoire à son goût. Alors le frère de Maisie était une distraction comme une autre en attendant qu’elle finisse son service et daigne la rejoindre. Et sur une échelle du divertissement de 1 à 10, elle avait plutôt hâte de voir où il se positionnait. « Pourquoi ? T'as envie de me proposer le tien ? » Un honorable six. Six et demi ? Il y avait du potentiel à exploiter, à n’en pas douter. Theo hocha la tête, restant silencieuse quelques secondes. Venait-il de lui couper l’herbe sous le pied avec sa répartie et de la déstabiliser par la même occasion ? Pas vraiment. Elle était simplement en train de décompter intérieurement le nombre de choses que Will et Prim pouvaient avoir à lui reprocher ces derniers temps afin de déterminer s’ils seraient capable de la mettre dehors si elle ramenait un parfait inconnu dans leur colocation en guise de blague un peu douteuse. Ne parvenant pas à se souvenir si elle avait payé sa part du loyer ce mois-ci, elle jugea préférable de reporter pour l’instant cette plaisanterie à plus tard. « Oui bien sûr. Logé, nourri, blanchi. Avec le beurre, l’argent du beurre et la crémière, ça te conviendrait ? » Son ton ironique dénotait à la perfection avec son visage impassible. Ses propos étaient pour cette fois bien trop extrêmes pour ne pas comprendre qu’elle se moquait de lui, mais dans d’autres circonstances elle aimait se jouer de ses interlocuteurs en les perdant dans l’ambiguïté qu’il existait entre ses propos sarcastiques et son expression faussement aimable.
Ses sourcils se froncèrent très légèrement en constatant qu’il était à son tour en train de la détailler. Etait-il aussi en train de tenter de la catégoriser ? Où est-ce qu’elle se situait sur son échelle à lui ? « Tu veux quoi ? » Elle l’observa passer par-dessus le comptoir sans s’en émouvoir plus que de raison mais en le plaçant à présent à une note méritée de 7 niveau divertissement. Elle observa les différentes options qui s’offraient à elle avant que sa main n’attrape une barre chocolatée. Elle se saisit ensuite de son sac pour en sortir un billet qu’elle fit glisser à côté de la caisse et qui lui permettrait de couvrir son achat mais aussi ceux de Seth. « Ce que je veux ? Eviter des ennuis à Maisie. » Elle lui lança un sourire ironique qui s’évapora bien rapidement de son visage. La rabat-joie ? Oui et non. Theo aurait pu agir de la même manière si son comportement n’avait pas risqué d’avoir des répercussions directes sur son amie. Elle était toujours très prompte à s’attirer des problèmes à elle et aux personnes qui gravitaient autour d’elle…mais un hypothétique renvoi pour la brune ? Le jeu ne semblait pas en valoir la chandelle. Il lui arrivait encore de faire preuve d’un minimum de raison occasionnellement. « T'es plus du genre à aller voir un film ou à grimper sur le toit ? » Elle l’observa de longues secondes, en essayant de déterminer si sa proposition était sérieuse ou non. Est-ce qu’il avait vraiment accès au toit ? Elle jeta un coup d’œil à son téléphone et autour d’elle mais Maisie ne semblait toujours pas être dans les parages. Tant pis. Elle avait de toutes façons l’habitude de la voir débarquer en retard ou de ne pas la voir débarquer du tout. Aujourd’hui ne ferait pas exception à la règle. Pour la forme et pour laisser planer une once de doute, son regard vint se poser un instant sur les films à l’affiche prenant un air faussement concentré avant de reporter son attention sur Seth. Quelques nouvelles secondes de silence avant de répondre : « On monte par où ? » Un fin sourire vint étirer ses lèvres, l’invitant à lui montrer le chemin, curieuse de découvrir s’il avait véritablement le moyen de les faire monter sur le toit ou si elle avait juste à faire à une grande gueule aux intentions plus prétentieuses que ses moyens.

« Oui bien sûr. Logé, nourri, blanchi. Avec le beurre, l’argent du beurre et la crémière, ça te conviendrait ? » Ça veut dire non ? C'est dommage. L'offre était plutôt alléchante. « J'en attends pas moins. » C'est sûrement pour ça que t'es toujours déçu du manque de traitement de faveur que les autres ont à ton égard. Tu mériterais d'être traité comme un roi tout le temps. Vu que les autres ne le font pas, tu le fais toi-même. Comme en allant te servir derrière le comptoir de la cantine du cinéma. On est jamais mieux servis que par soi-même à ce qui paraît. Elle veut quoi blondie ? Tu peux faire un effort pour la servir, mais non, elle pige elle-même. Très bien. Elle fait comme elle veut. « Ce que je veux ? Eviter des ennuis à Maisie. » Emmerdante, t'aurais dû deviner. Elle te fait lever les yeux au ciel. T'es tenté de mettre l'argent qu'elle vient de glisser à côté de la caisse dans tes poches dès qu'elle aura le dos tourné. M'ouais, c'est sûrement ce que tu feras. Comme si Maisie allait avoir des ennuis pour une barre chocolatée, un immense sac de pop corn et un soda - à quand les bières au cinéma ? Ce serait bien plus amusant pour la suite. Enfin, y'aura une suite ? Non sûrement pas, parce que la blonde va sûrement juste bouffer son chocolat en attendant ta soeur pour faire leur truc de filles ennuyeux. Se mettre du vernis et parler des garçons qui les emmerdes. Maisie en a sûrement long à dire sur son Angus à la con. Elle regarde l'affiche des films. Elle va vraiment choisir le film ? C'est pour faire des saloperies dans le noir ? Ce serait trop beau pour être vrai. « On monte par où ? » Ah. Voilà qui est un peu plus intéressant. « Allez, viens. » C'est un sourire espiègle qui prend toute la place dans ton visage alors que tu repasses de l'autre côté du comptoir avec tes achats (vols) à la main.

Tu te diriges dans les couloirs du cinéma jusqu'à traverser la première porte réservée aux employés". Un bref coup d'oeil à droite et à gauche pour être certain qu'il n'y a personne. Enfin, si, y'a bien quelqu'un, mais vous n'êtes pas dans son champ de vision. Ça va le faire. Tu poses ton index sur tes lèvres pour qu'elle reste silencieuse. Tu lui montres la deuxième porte à moins de cinq pas de vous. Tu la laisses passer d'abord en prenant soin de refermer silencieusement les portes derrière vous. Et c'est la partie la moins fun qui s'annonce; grimper les escaliers jusqu'au toit. Moins tu fais d'effort, mieux tu te portes. Être essoufflé, ça t'arrives juste quand tu te sauves d'un type qui veut te casser la gueule. Avec de la chance, tu réussi à courir assez vite. L'instinct de survie, tout ça. Arrivé en haut, tu vas t'asseoir sur le bord de l'immeuble, les jambes dans le vide. « J'parie que t'es le genre de filles qui bluff tout le monde. » Avec ses airs angéliques, alors qu'elle n'en est rien. Juste a te voir la gueule, personne n'a de doute à savoir si t'es quelqu'un de bien ou non. Pas de mauvaise surprise. Alors qu'elle… on verra bien. Tu glisses une cigarette entre tes lèvres avant de tendre le paquet vers elle. Un vrai gentlemen.

« J'en attends pas moins. » Bien évidemment. Elle n’avait toujours aucune idée de la personnalité qu’il pouvait avoir mais le fait qu’il ait tendance à considérer les gens comme lui étant redevables sans raison apparente se lisait comme le nez au milieu de la figure. « T’es pas habitué à ce qu’on te dise non, je me trompe ? » C’était clairement l’hôpital qui se foutait de la charité. Et non pas que la réponse l’intéressait véritablement de toutes manières. Si elle avait envie de lui dire non, elle ne s’en priverait pas et c’est bien là tout ce qui lui importait. L’avis des autres et leur façon d’agir avec Seth n’étaient clairement pas sa priorité. En revanche le fait qu’il se permette de lever les yeux au ciel en la voyant déposer de l’argent sur le comptoir pour éviter des ennuis à son amie et -accessoirement- sa sœur ? Est-ce qu’il était au courant que certains s’étaient pris des coups de poing pour moins que ça ? La rumeur disait que la violence ne pouvait pas résoudre tous les problèmes de la terre…pourtant jusqu’à présent Theo s’en était plutôt bien sortie en l’utilisant pour résoudre les siens. Pourquoi changer une technique qui avait fait ses preuves ? Malheureusement pour elle, heureusement pour lui, le comptoir qui les séparait l’empêchait d’amorcer un quelconque mouvement dans sa direction. Il serait toujours temps d’y revenir plus tard. Pour l’heure, l’idée de pouvoir monter sur le toit l’enchantait plus que celle de voir son nez se mettre à saigner. « Allez, viens. » Curieuse et toujours prête à se lancer dans une aventure qui sortait des sentiers battus mais surtout, la plupart du temps, des règles établies par la société, elle le suivit docilement. Tentée l’espace d’une seconde de se mettre à faire du bruit pour éveiller l’attention de la personne présente mais peu attentive à eux, Theo décida finalement qu’elle préférait pour l’instant aller jusqu’au bout de l’expérience. Il serait toujours temps de faire du bruit en redescendant pour finir leur péripétie sur une note sympathique : une petite course poursuite pour finir la soirée, qui n’en rêvait pas ?
Arrivée en haut des escaliers, elle s’arrêta quelques secondes pour observer la vue. Ok. Ca valait définitivement plus le coup qu’un nez dégoulinant de sang. Un sourire satisfait aux lèvres, elle vint s’asseoir en tailleur à côté de Seth. « J'parie que t'es le genre de filles qui bluff tout le monde. » Ses sourcils se haussèrent presque imperceptiblement. Comment son secret pouvait-il être éventé si facilement ? Elle qui faisait tant d’efforts pour se montrer agréable et aimable depuis le début de leur conversation. C’était incompréhensible (ou pas). Elle fixa le paquet de cigarettes qu’il lui tendait avant de reporter son attention sur lui, l’air presque grave. « T’as l’air d’avoir morflé dans les escaliers…t’es conscient que la cigarette ça va pas vraiment t’aider du point de vue de l’endurance ? » Oh elle savait le prendre mieux que personne ce petit air donneur de leçons. Un air innocemment arrogant qui donnait assez facilement envie de la gifler. Elle avait volontairement éludé sa question, seulement pour mieux lui répondre dans ses gestes. En effet, elle laissa son sourire s’étirer un peu plus avant de s’emparer d’une des cigarettes du paquet et de la porter à ses lèvres. Sortant un briquet de son sac, preuve qu’elle était habituée du fait, elle l’avait allumée avant de se pencher vers Seth pour lui offrir d’allumer la sienne. Elle était bien consciente que ses propos moralisateurs, aussi ironiques se voulaient-ils, étaient aussi parfaitement vrais. Mais le fait de pratiquer différents sports et de fumer ne la dérangerait pas outre mesure tant qu’elle n’aurait pas constaté de manière concrète une véritable différence sur ses performances. Et pour l’instant, ces escaliers ne l’avaient pas essoufflée le moins du monde. Alors pourquoi changer ses habitudes ? « Et toi t’es le genre de mec qui trompe personne…Enfin… » Elle lui jeta un coup d’œil avant de se rectifier, jugeant qu’il y avait certaines situations dans lesquelles il ne devait probablement pas hésiter à tromper les gens…ses conquêtes par exemple ? « …qui dupe personne et qui assume pleinement ses actes j’imagine ? » Différents l’un de l’autre et pourtant assez similaires d’une certaine manière. Elle faisait juste preuve de plus de subtilité. Parfois.

« T’es pas habitué à ce qu’on te dise non, je me trompe ? » C'est sûrement le défaut de tous les gosses de riches ouais. C'est un rire moqueur qui résonne. Elle est marrante à se la jouer détective privé. Elle arrivera jamais à te cerner à cent pourcent. Surprendre les autres, c'est ta spécialité - pas dans le bon sens du terme évidemment. C'est très surprenant à quel point tu peux décevoir tout le monde, à quel point tu t'enfonces toujours un peu plus alors qu'on te pense tous déjà au fond du trou. Guess what ? C'est dans un trou noir sans fond que t'es. Et vous savez ce qu'on dit sur les trous noirs ? Qu'ils engouffrent tout ce qui gravite autour d'eux. Elle a envie de s'engouffrer blondie ? Elle est au bon endroit. « Faut croire que mes parents ont mal fait leur boulot. » que tu lui réponds en haussant les épaules. Toujours la faute des parents, c'est connu. Un peu de ça et de ton cerveau défectueux sans aucun doute. Peut-être bien aussi qui a quelques cellules affectées par la consommation de produits illicites depuis trop longtemps. Un beau cocktail de tout ça, ça donne Seth si jamais vous vous demandiez la recette - nahh, un c'est bien suffisant.

L'instant d'après, tu diriges ta partenaire d'infortune de la soirée à travers les couloirs du cinéma, jusqu'aux escaliers (faut faire attention pour pas faire une chute jusqu'en bas) qui mène au toit et à la vue sur le night life de Brisbane, les étoiles et toutes ses conneries presque romantique si elle serait avec quelqu'un d'autre. Tes jambes ballotent dans la vide alors qu'elle vient s'installer en tailleur à tes côtés. « T’as l’air d’avoir morflé dans les escaliers…t’es conscient que la cigarette ça va pas vraiment t’aider du point de vue de l’endurance ? » qu'elle te lance alors que tu tends ton paquet de clopes vers elle. Et puis quoi encore ? Elle joue la petite fille parfaite. Elle joue l'arrogante. Et c'est suffisant pour piquer ta curiosité. « Mon endurance se porte très bien. Te gêne pas si t'as besoin de preuve. » Et non, c'est pas une proposition d' aller courir un cent mètres pour le prouver. Si t'es pas en danger de mort, la course c'est pas ton fort. Disons que t'as de l'endurance quand c'est le temps d'en avoir : quand l'orgueil est touché ou quand c'est le temps de sauver ta peau. Mademoiselle fausse parfaite finit par se servir dans ton paquet et broyer son endurance au passage à l'écouter parler. Quel hasard qu'elle ait justement un briquet sur elle pour s'allumer. Quand elle se penche vers toi pour faire de même avec ta cigarette, tu n'as le temps que de sentir son parfum boisé avant que l'odeur de cigarette prime sur tout le reste. Bah dis donc, c'est que le chemin de la fumée jusqu'à ses poumons se fait beaucoup trop facilement pour que ce soit la première fois. « Et toi t’es le genre de mec qui trompe personne…Enfin… qui dupe personne et qui assume pleinement ses actes j’imagine ? » « On joue aux devinettes ? » Elle devrait laisser tomber, parce qu'elle n'est pas très doué. Tu l'as cerné bien plus facilement que l'inverse. Assumer tes actes ? Nahhh vraiment pas. T'es qu'un putain de lâche, mais ne gâchons pas la surprise tout de suite. C'est que tu commences à peine à t'amuser, tu ne voudrais pas déjà perdre ton nouveau jouet. « J'suppose qu'on devra se revoir pour voir si t'as raison. » C'est une invitation ? Peut-être bien, à suivre selon le déroulement de cette soirée.

Tu recraches la fumée dans les airs, laisse tomber ton mégot de cigarette dans le vide. Avec de la chance, il va tomber dans les cheveux de Maisie qui sort les vidanges. C'est suffisant pour que ses cheveux passent au feu ? Hm, ça mérite d'être testé. D'ailleurs, parlant de Maisie… « T'es entrain de poser un lapin à ma soeur ou c'est elle qui t'en pose un ? » C'est pas que t'aimerais bien qu'elle te dise qu'elle a choisi ta belle gueule plutôt que la compagnie de ta frangine, mais… ouais c'est carrément ça.

« Faut croire que mes parents ont mal fait leur boulot. » Il était un peu chiant avec son assurance naturelle et son impertinence non ? Ou bien était-ce simplement parce qu’elle avait l’impression de se regarder dans un miroir qu’elle réagissait de la sorte ? Peu importante. Il était chiant à agir de la sorte. Mais il devenait beaucoup plus intéressant quand il lui proposait des escapades interdites sur le toit du bâtiment. Toutefois pas encore assez intéressant pour qu’elle ne cesse de lui lancer quelques remarques désagréables (qu’elle aurait en vérité de toutes façons lancées même si elle avait eu affaire à la personne la plus intéressante du monde, ne nous leurrons pas). « Mon endurance se porte très bien. Te gêne pas si t'as besoin de preuve. » Son regard était tourné vers le ciel, observant les étoiles qui n’étaient pour une fois pas cachées par la pollution lumineuse de la ville. Elle ne daigna même pas se retourner vers lui pour réagir à sa provocation. Un sourire amusé vint toutefois étirer le coin de ses lèvres avant qu’elle ne réplique : « Je note l’invitation. On vérifiera ça à l’occasion. » Ou bien peut-être qu’elle mettrait simplement son plan à exécution au retour et qu’elle ferait en sorte qu’ils se fassent remarquer pour leur attirer des ennuis et prouver que le fait de courir plus vite que lui (elle n’avait aucun doute là-dessus) lui permettrait d’éviter de se faire attraper par un vigile. Mais elle devait reconnaître que l’idée de Seth comme la sienne se valaient. Il serait toujours temps d’étudier les pour et les contre de chacune d’elles plus tard. Ou d’agir de manière impulsive sur le moment. « On joue aux devinettes ? » Oui, le qui-est-ce était sa passion secrète. « J'suppose qu'on devra se revoir pour voir si t'as raison. » Elle lui lança cette fois-ci un regard en coin, un sourcil arqué et une expression dubitative sur le visage. Elle prit son temps pour répondre, tirant une nouvelle fois sur sa cigarette puis laissant la fumée s’échapper lentement de sa bouche avant d’être balayée par l’air frais de la soirée. « Dix minutes avec moi et tu ressens déjà l’irrépressible besoin de me revoir ? » Oui, ses chevilles et son ego se portaient parfaitement bien si vous vous posiez la question. Il fallait toujours qu’elle en rajoute une couche, qu’elle en fasse trop. Mais étant donné qu’il semblait en être de même pour Seth, elle se doutait qu’elle n’avait pas vraiment de soucis à se faire quant à la manière dont il allait accueillir ses remarques. « Je suppose oui… » répondit-elle finalement à sa question. « Mais la vraie question est la suivante : auras-tu réussi à retrouver mon prénom d’ici notre prochaine rencontre ? » Une provocation qui était un pur coup de bluff. Il n’avait pas prononcé son prénom en la voyant s’approcher de lui, et à aucun moment elle ne s’était présentée. Il se pouvait qu’il sache parfaitement comment elle s’appelait, mais étant donné la désinvolture dont il faisait preuve ce soir-là mais aussi le peu de fois où elle l’avait croisé au détour d’un canapé, elle avait quelques doutes sur cette hypothèse et se plaisait à l’imaginer chercher dans sa mémoire quel pouvait être son prénom. Bien qu’il soit davantage probable qu’il décide finalement de lui en inventer un. Moins difficile, plus rapide. Elle se redressa et se tourna vers lui tout en se rapprochant par la même occasion, venait faire en sorte que ses genoux viennent toucher ses jambes. Puis elle se pencha légèrement en avant, un air énigmatique sur le visage, comme prête à lui confier le plus grand des secrets quand en réalité elle demanda dans un savant mélange de provocation et de parfaite innocence : « Alors ? J’ai une tête à m’appeler comment Seth ? Thérèse ? Marie-Agnès ? Jeanne ? » Faites vos jeux. « T'es entrain de poser un lapin à ma soeur ou c'est elle qui t'en pose un ? » Elle se pinça les lèvres, réfléchissant pour une fois sérieusement à la question. « Je dirais qu’on est en train de se poser un lapin réciproque. » Maisie n'était pas à l’heure et Theo s’était éclipsée entre temps. Peut-être que son amie avait tout simplement oublié leur rendez-vous. La blonde était prête à se trouver tout un tas d’excuses pour justifier son comportement quand en vérité elle devait simplement reconnaître que sa curiosité vis-à-vis de Seth l’avait emporté et qu’il ne faisait aucun doute qu’elle avait posé un lapin à son amie. Il serait toujours tant de s’excuser plus tard (Maisie avait malheureusement l’habitude de ses retards et de ses empêchements de dernière minute), pour l’heure sa préoccupation principale se tenait en face d’elle et affichait une expression satisfaite qui la faisait osciller entre une envie de le gifler et un profond besoin de répondre invariablement à ses provocations.

« Je note l’invitation. On vérifiera ça à l’occasion. » C'est quand ça à l'occasion ? Ce soir ? La semaine prochaine ? Sinon, c'est perdu d'avance. T'es pas si patient que ça. T'auras déjà eu le temps d'oublier qu'elle existe tout simplement. Parce que honnêtement, si elle ne t'aurait pas abordé la première, tu n'aurais sûrement jamais fait le lien entre elle et Maisie. Ça veut pas dire pour autant que tu ne l'aurais pas approché. Copine de Maisie ou pas, elle a un joli cul. Ce qui reste une bonne raison pour aborder une fille, non ? « Dix minutes avec moi et tu ressens déjà l’irrépressible besoin de me revoir ? » Hm, peut-être bien, peut-être pas. Il peut s'en passer des choses dans une soirée. Pour l'instant, ce que tu découvres n'est pas pour te déplaire. Ça lui en a pris combien de minutes à elle pour préférer s'éclipser avec toi sur le toit plutôt que de passer du temps avec ta frangine ? Dix secondes. « Pas toi ? » Bien sûr qu'elle en crève d'envie elle aussi. Sinon, elle se serait déjà tirer d'ici. C'est beau la confiance en soi. T'en manque pas et elle semble pas en manquer non plus. « Je suppose oui… » Elle suppose. Tout ce que tu retiens c'est le oui. Oui, elle veut te revoir. Où ? Quand ? Comment ? « Mais la vraie question est la suivante : auras-tu réussi à retrouver mon prénom d’ici notre prochaine rencontre ? » Connasse. C'est un rire moqueur qui s'échappe d'entre tes lèvres - à moins que ce soit un rire nerveux. C'est pas comme si Maisie te parlait sans cesse de ses copines. Et c'est pas comme si ça t'intéressait vraiment qu'elle le fasse non plus. Tu ne peux pas dire un seul prénom de ses copines. Pourtant, elle en a pas tellement. Avec un caractère de chien comme le sien, les copines, ça court pas les rues. Elle s'est seulement présentée les quelques fois où vous vous êtes vu ? À l'entendre parler, oui, tu devrais le savoir. Bordel. Elle se retourne légèrement vers toi. Ses genoux viennent toucher tes jambes. Ton regard s'abaisse quelque seconde vers ce contact avant de remonter dans son regard bleuté. Elle est en train de flirter ou de jouer les arrogantes ? Les deux. Et franchement, ça t'en prend pas plus pour t'allumer. « Alors ? J’ai une tête à m’appeler comment Seth ? Thérèse ? Marie-Agnès ? Jeanne ? » Elle roucoule à ton oreille. Ta langue se glisse rapidement sur ta lèvre inférieure. Putain. Pourquoi est-ce que t'as l'impression que si tu ne trouves pas la bonne réponse t'es complètement foutu ?  C'est sûrement aucun des trois choix qu'elle vient de nommer. Ou c'est un piège et c'est justement là dedans ? De toute manière, tu mets bien trop de temps à répondre à sa question piège (ouais c'est ce que s'est) pour qu'elle n'ait pas conscience que t'en a aucune foutu idée. Alors, mensonge ou vérité ? Ce serait probablement la prendre pour une conne d'en inventer un. C'est impossible que tu tombes dessus par hasard. Faisons semblant que tu es quelqu'un d'honnête. « J'peux te dire que je l'oublierais plus jamais. » Bon allez, c'est bien rattraper quand même, non ? Et ce n'est même pas un mensonge en plus. Alors ? C'est quoi le prénom qui va avec ce joli visage faussement angélique ? Même si elle ne te le dit pas, tu le découvriras avant la prochaine rencontre. « Je dirais qu’on est en train de se poser un lapin réciproque. » C'est pas tout-à-fait ce que tu avais envie d'entendre, mais ça veut quand même dire en partie qu'elle préfère ta présence à celle de Maisie. Ce qui n'a rien de très surprenant. De quoi flatter ton égo encore un peu plus. « Pas de chance pour elle. » Mais beaucoup de chance pour toi. Tu viens emprisonné son menton entre ton pouce et ton index. Tes yeux scrutent rapidement les traits de son visage, s'attardent particulièrement sur ses lèvres. Dix minutes et tu ressens l’irrépressible besoin de la revoir. Dix de plus et tu crèves d'envie de l'embrasser. Vous vous embrassez ou pas ? Elle va te gifler ? Hm, peut-être bien. T'es prêt à courir le risque. Ce sera ni la première ni la dernière fois que tu te prends une claque en pleine tronche. C'est sans plus attendre que ton visage s'approche du sien pour aller l'embrasser.

« Pas toi ? » Elle le provoquait bien volontiers avec ses questions qui ne s’embarrassaient pas d’une quelconque subtilité. Mais elle devait reconnaître qu’il avait de la répartie. Est-ce qu’elle avait envie de le revoir ? Assurément. Ça n’était pas tous les jours qu’elle tombait sur quelqu’un qui l’intriguait autant et au bout de si peu de temps. Elle avait enfin l’impression d’avoir en face d’elle quelqu’un à la hauteur de son (mauvais) caractère. Elle se contenta simplement d’un sourire en coin en guise de réponse à sa question. C’était suffisant, non ? En revanche si elle comptait sur le fait qu’il se souvienne de son prénom pour lui accorder une prochaine rencontre, il y avait fort à parier pour que cela n’ait pas lieu avant un certain temps si elle n’y mettait pas un peu du sien. Etait-il vraiment du genre à mener l’enquête pour découvrir le prénom d’une parfaite inconnue, et une amie de sa sœur par-dessus le marché ? Elle avait quelques doutes sur la question. Le fait qu’il se mette spontanément à rire ne faisait pas pencher la balance en sa faveur mais elle était au moins satisfaite d’avoir tapé juste avec sa supposition. Et elle n’était pas vraiment le genre de personne à s’offenser pour si peu. Ils ne s’étaient pas beaucoup croisés après tout. Et si Maisie lui comptait occasionnellement les frasques de son frère, elle se doutait que l’inverse n’était pas vrai et qu’elle ne se précipitait pas chez Seth pour lui dire ce qu’elles avaient fait de leur journée. Mais tant qu’à faire, autant se servir de cet avantage qu’elle avait sur lui pour le provoquer un peu plus. En faisant ostensiblement rimer provocation et séduction à considérer la façon dont elle s’était retournée vers lui pour se rapprocher et ne plus le lâcher du regard. « J'peux te dire que je l'oublierais plus jamais. » Un léger rire s’échappa de ses lèvres à cette affirmation lancée avec aplomb alors qu’il avouait par la même occasion qu’il n’avait strictement aucune idée de comment elle pouvait s’appeler. « T’es conscient que c’est une longue période de temps "plus jamais" ? » Elle émettait une nouvelle fois des doutes sur le fait qu’il soit véritablement capable de ne pas oublier son prénom si elle daignait le lui donner. Mais quelle importance ? « J’en déduis que ça ne te dérange donc pas d’emmener de parfaites inconnues sur des toits ? » Enfin de parfaites inconnues…il savait au moins qu’elle connaissait Maisie. C’était déjà pas mal. « Pas de chance pour elle. » Pas de chance pour qui ? Ha oui. Sa sœur. Elle devait reconnaître que son esprit avait présentement d’autres préoccupations que de se rappeler qu’elle était initialement venue voir son amie. Et Seth avait le don de la captiver juste suffisamment pour lui faire oublier ce détail. Elle le laissa emprisonner son menton sans ciller, sans même un mouvement de recul, son regard restant focalisé dans celui de Seth. Une toute petite voix lui soufflait qu’elle ferait mieux de reculer, que ça n’était certainement pas la meilleure idée qu’elle ait eue étant donné le lien qu’elle avait avec sa sœur. Une autre voix, plus forte et malheureusement contrôlée par sa légendaire impulsivité, lui disait quant à elle qu’elle n’en avait strictement rien à faire et qu’il serait toujours temps d’avoir des regrets plus tard (bien qu’assumer ses choix, qu’ils soient bons ou mauvais, n’ait de toute manière jamais été un problème pour elle). Etait-il vraiment en train d’hésiter quant à l’action à entreprendre quand son regard ne pouvait être on ne peut plus clair sur ses intentions ? Sa main gauche vint se poser sur la cuisse de Seth au moment où il se pencha pour l’embrasser, répondant à son baiser avant de laisser ses lèvres glisser lentement vers sa joue. Elle y déposa un baiser avant d’approcher de son oreille pour y murmurer : « Emily ? » Ses lèvres parcoururent à nouveau quelques centimètres pour venir se déposer contre sa mâchoire : « Ou bien…Emma peut-être ? » Elle se détacha quelque peu de lui pour reculer son visage et observer sa réaction, plutôt satisfaite de pouvoir le faire tourner en rond de la sorte au vu du sourire en coin qu’elle affichait. Elle laissa de longues secondes s’écouler avant de rapprocher à nouveau son visage du sien pour venir l’embrasser et murmurer cette fois tout contre ses lèvres : « Theodora. » Ses doigts effectuèrent une infime pression sur sa cuisse, comme pour lui confirmer que c’était cette fois-ci le bon prénom à retenir des fois que cela ne soit pas assez clair. Alors ? Parviendrait-il à ne plus jamais l’oublier celui-ci ?

« T’es conscient que c’est une longue période de temps "plus jamais" ? » Ouais, parfaitement conscient. Tout comme t'es parfaitement conscient de ne tenir que dix pourcent de tes promesses. Est-ce que la blonde fera partie de ce maigre pourcentage ? Peut-être si elle arrive à captiver ton attention assez longtemps. Peut-être si elle te ghoste pas pendant deux mois parce que t'as brisé son petit cœur ou une connerie du genre. Autrement dit, les chances étaient maigres, mais elles étaient là quand même. Laissons le futur nous dire ce qui en sera. « Tu comptes jouer sur chaque mots que j'dis ? » Faut en prendre et en laisser. Parfois, il y a une fin à "plus jamais". Tu te doutes bien que dans quarante ans, la jolie blonde ne sera qu'un lointain souvenir oublié parmi tant d'autres. Et elle le sait aussi. Mais ça l'amuse. Tant mieux si elle s'éclate. C'en fait un sur deux. « J’en déduis que ça ne te dérange donc pas d’emmener de parfaites inconnues sur des toits ? » Pourquoi ça te dérangerait d'amener de parfaites inconnus sur un toit ? « Et ça te dérange pas de suivre un parfait inconnu dans un lieu isolé. » De vous deux, c'est bien elle qui devrait le plus se méfier. T'as pas entendu souvent des rumeurs de mecs qui se font violer dans un endroit sombre et morbide. Toujours les meufs les victimes. Et tu te doutes bien que Maisie n'a sûrement pas fait grand éloges en ton honneur. Alors, ouais, de vous deux, c'est elle la plus idiote à prendre le risque d'être toute seule sur un toit avec un semi-inconnu. Elle peut prétendre connaître ta soeur et les rumeurs qu'elle a envie de colporter sur toi, elle te connait pas du tout. Elle aime le danger ? Elle aime l'inconnu ? Peu importe ce qui la motive, tu mords rapidement à son jeu de séduction qu'elle débute à peine. Se tourner autour, se faire languir jusqu'à plus savoir se retenir, c'est bien, c'est bien. C'est aussi bien d'aller directement au but et d'arrêter de faire semblant que c'est pas ce qu'on veut le premier soir et gnagnagna. Les filles, elles aiment toujours prendre trop leur temps. C'est sûrement pour ça que tu avances d'abord avec prudence - l'image d'une potentielle gifle n'est jamais bien loin. Mais la blonde a plus l'air d'être du genre à se brûler les ailes qu'à avancer prudemment. Elle se penche en même temps que toi lorsque tu t'avances vers elle pour lui voler ses lèvres une première fois. Sa main se pose contre ta cuisse, la tienne se cale contre sa nuque. Ses lèvres s'égarent contre ta peau jusqu'à ton oreille. « Emily ? » On y revient alors ? Tu l'a trouverais énervante si tu serais pas aussi déconcentré par ses lèvres qui retrouvent refuge contre ta mâchoire cette fois-ci. « Ou bien…Emma peut-être ? » Peut-être. On dirait bien que tu sauras jamais. Pas de soucie. T'es prêt à relever le défi de le trouver avant la prochaine rencontre. Merci les réseaux sociaux. Ce devrait être assez facile. « Theodora. » qu'elle perd contre tes lèvres avant de t'embrasser de nouveau. C'est ça ? C'est pas ça ? Franchement, c'est dur de s'y retrouver. Mais si faut choisir dans le lot… « Emma c'est plus facile à retenir. » Ouais elle peut pas s'appeler Emma au lieu d'un prénom bien trop long ? Qu'elle te laisse une chance de tenir ta promesse pendant au moins une semaine. « Hey! Vous avez pas le droit d'être là! » « C'est quoi ces conneries.. » que tu grommelles en te retournant pour voir d'où provenait la voix - qui manque clairement de crédibilité niveau menace. C'est qu'un ado qui bosse ici. Pas de quoi en faire tout un plat. « J'vais appeler les flics! » Ça a au moins le don de te faire rire. C'qu'il est marrant celui-là. Il va leur dire quoi aux flics ? Qu'il y a deux personnes qui flirtent illégalement sur le toit du cinéma ? Ils ont certainement mieux à faire. « Ouais, ouais, c'est ça. Fou nous la paix. » La seule chose que t'as sous la main, c'est ton soda à moitié plein. Voilà ce qui va éclater au sol juste devant le type qui se pense roi du monde. Dommage qu'il ne soit pas assez proche pour le recevoir en pleine gueule. Mais bon, il dégage. C'est tout ce qui compte.

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« Tu comptes jouer sur chaque mots que j'dis ? » Nouveau sourire en coin en guise de réponse. C’était une question rhétorique ? Dommage : « Probablement oui. » C’est même une certitude si on considère à quel point ça a l’air de l’agacer. « Et ça te dérange pas de suivre un parfait inconnu dans un lieu isolé. » Touché. Mais non, le frère de Maisie n’était pas vraiment le genre d’inconnus à la déranger. Il la provoquait. Il l’intriguait. Mais l’inquiètait-t-il ? Non, clairement pas. Il en fallait de manière générale beaucoup pour parvenir à inquiéter Theo. Certainement à tort, elle gagnerait sans aucun doute à se méfier davantage de certaines situations dans lesquelles elle tendait à se retrouver. Mais où serait donc l’imprévu et le fun qui en découlait dans tout ça ? Elle se contenta donc pour l’heure d’un simple haussement d’épaules pour répondre à sa question. Elle n’avait strictement aucun état d’âme à suivre un "parfait inconnu", tout comme elle n’en avait aucun à en embrasser un. Surtout quand elle avait l’opportunité de prendre plaisir à jouer avec ses nerfs. L’idée de posséder une information (et quelle information) qu’il ne détenait pas l’amusait tout particulièrement. Cela ne l’avait pourtant pas empêchée de révéler son secret qui aurait tôt ou tard finit par être éventé. « Emma c'est plus facile à retenir. » Son visage toujours à quelques centimètres du sien, elle leva les yeux au ciel, faussement agacée. Evidemment qu’il pouvait se montrer aussi contrariant qu’elle. Il pouvait bien l’appeler comme il en avait envie, ça n’était pas sa priorité actuellement. Et c’était bien ce qu’elle comptait lui faire comprendre au moment où son attention fut attirée sur le côté par un employé (à partir de quel âge les recrutaient-ils exactement dans ce cinéma ?) venu les menacer d’appeler la police. « Ouais, ouais, c'est ça. Fou nous la paix. » Elle observa la canette de Seth effectuer un vol plané pour venir s’écraser aux pieds de l’inconnu. Il ne lui en fallait vraisemblablement pas davantage pour l’effrayer et le faire déguerpir. Un air dubitatif s’afficha sur son visage au moment où elle posa à nouveau son regard dans celui de Seth pour déclarer : « Wow. Quel homme tu fais. Incroyablement menaçant. » En même temps, il n’avait pas eu besoin de se lever pour faire partir l’intrus alors pourquoi faire inutilement des efforts ? La cannette avait suffi. Toutefois un pas lourd ne tarda pas à se faire entendre derrière eux, attirant une nouvelle fois l’attention de Theo. « Wow. Quel homme. Incroyablement menaçant. » Non, elle ne venait pas de se transformer en disque rayé. Non elle ne parlait plus de Seth cette fois-ci. Et non, sa réflexion n’était plus ironique mais bel et bien premier degré au vu de l’homme imposant qui venait d’apparaître dans l’encadrement de la porte. « Vous allez me suivre gentiment et on va aller discuter tous les trois. » Son ton était froid, sec et sans appel. Discuter de quoi ? Elle n’avait rien à lui dire. Et si c’était pour que la discussion finisse avec un ridicule et cliché "on va appeler vos parents", elle n’avait pas besoin de ça non plus. Theo jeta un coup d’œil en direction de Seth avant de daigner se lever, l’invitant silencieusement à en faire de même. « Ok, on se calme. On a rien fait de mal jusqu’à preuve du contraire. » Certes ils étaient peut-être montés illégalement sur le toit du cinéma, mais si on s’attardait à ce genre de détails forcément…La blonde s’approcha lentement de l’homme qui devait facilement faire quatre têtes de plus qu’elle et qui était aussi large qu’elle n’était grande. Elle n’était jamais contre un combat, elle en était même souvent à l’origine. En revanche elle prenait toujours le temps de jauger au préalable son adversaire pour voir quelles possibilités s’offraient à elle. Et avec un gabarit pareil, les possibilités étaient assez minces. Elle s’arrêta finalement bien en face de lui, sans un mot, un sourire au coin des lèvres, probablement un peu trop sûre d’elle comme à son habitude. « Qu’est-ce que tu fous Blondie, t’as l’intention de pass.. » Blondie ? Elle préférait encore Emma. Il ne lui en avait pas fallu plus pour se rapprocher du sol avant de venir balayer les pieds de son adversaire avec sa jambe dans un geste sûr et rapide. La vitesse lui avait permis de déstabiliser monsieur muscle qui vint s’étaler de tout son long sur le sol. « Bouge ! » Elle avait lancé un regard en direction de Seth avant de se mettre à courir vers l’escalier qu’ils avaient emprunté pour monter. Elle se doutait que son coup n’allait pas l’immobiliser bien longtemps et qu’il ne tarderait pas à les rejoindre à grandes enjambées. Quant à ce qui les attendait en bas des escaliers ? Risquaient-ils quelque chose ? Maisie serait-elle en mesure de les aider si elle était là ? Theo n’était pas prête à faire autant de paris avec si peu de certitudes, aussi dévala-t-elle les marches de l’escalier à toute vitesse en appuyant sur chaque clenche de porte qu’ils croisaient en chemin. Elles étaient toutes fermées. « Bordel. » Si elle n’avait pas l’air plus paniquée que ça, elle n’avait pas non plus l’intention de se laisser bêtement piéger. En entendant derrière eux les pas lourds de leur poursuivant qui s’était vraisemblablement relevé et qui semblait à présent débiter un certain nombre d’injures d’après ce qu’elle parvenait à en percevoir, Theo décida de bifurquer dans un couloir non éclairé où se trouvaient trois autres portes. C’était quitte ou double. Il fallait que l’une d’elles soient ouverte pour qu’ils puissent faire profil bas et tenter de se barrer discrètement plus tard. Theo était bien consciente de ne pas pouvoir papillonner et compter sur son air angélique cette fois-ci pour s’en sortir. Venant appuyer sur la poignée de la deuxième porte, elle poussa un soupir de soulagement en la sentant s’ouvrir. Elle attrapa l’avant-bras de Seth pour venir le tirer sans ménagement avec elle à l’intérieur de la pièce et refermer derrière eux. La pièce était sombre, elle ne savait pas exactement où ils venaient de tomber mais elle resta silencieuse, le dos collé à la porte le temps d’entendre les pas de leur poursuivant se faire plus lointains. Puis elle vint sortir son téléphone de la poche arrière de son jean pour déclencher le flash (allumer la lumière ne lui semblant pas vraiment être une idée de génie), et voir où ils se trouvaient. Ses yeux s’écarquillèrent en découvrant des dizaines de bobines de vieux films autour d’eux. « Je m’attendais pas à ça…On se fait une projection privée en attendant de pouvoir sortir de là ? » En sortiraient-ils seulement ou finiraient-ils par se faire attraper ? Pour l’heure, elle avait choisi en tout cas de jouer la prudence en chuchotant pour s’exprimer. Autant faire profil bas le plus possible. Elle posa son téléphone sur une étagère et parcourut quelques titres présents. Certains d’entre eux étaient des classiques, mais la plupart lui étaient parfaitement inconnus. Une fois son inspection terminée, elle finit par se retourner vers Seth, une expression sérieuse sur le visage. « On en était où déjà ? Ha oui… » Elle avait fait un pas dans sa direction avant de s’arrêter. « Voyons voir…Emma… » Elle avait levé ses mains pour se mettre à compter sur ses doigts. « Mh…quatre lettres. Et Theo ? » Elle recommença son petit cinéma en faisant à nouveau le compte sur ses doigts avant de prendre un air exagérément surpris. « Incroyable. Quatre lettres aussi ! Du coup niveau simplicité à retenir, tu crois que tu peux t’en sortir ? » Sa tête était venue s’incliner légèrement sur le côté, son air innocent laissant place à une claire provocation. « Et ton endurance au fait ça va ? Pas trop essoufflé après tout ça ? » Combien de temps allait-il mettre avant de regretter sérieusement d’être coincé avec elle ?

« Wow. Quel homme tu fais. Incroyablement menaçant. » Le ton sarcastique qu'elle emploie à le don de t'agacer. Elle est sûrement là, la première lumière rouge que cette fille-là ne pourra que t'amener des emmerdes. Ça tombe bien, c'est ce que tu cherches les emmerdes, non ? « Quoi ? Tu veux que j'aille casser la gueule d'un gamin de quinze ans ? » T'es con, mais pas si con que ça. Toucher à un mineur, c'est jamais une bonne idée. Bon, tu dis pas que c'est quelque chose qui n'arrivera jamais, mais à voir à quel point il est terrorisé à pratiquement rien, c'est pas ce soir que ça va se passer. « Wow. Quel homme. Incroyablement menaçant. » qu'elle répète, te force à te retourner de nouveau pour voir si le trouillard s'est trouvé des couilles dans la cage d'escalier. Mais non, il s'est plutôt trouvé un ami à qui les autres ont plus envie d'obéir qu'à lui. Vous allez me suivre gentiment et on va aller discuter tous les trois. » C'est un rire gras qui s'échappe d'entre tes lèvres. Oui, oui, discuter. Si tu dois prendre tes jambes à ton cou et abandonner Theodora au passage, tu ne vas pas te gêner. Tant pis pour elle. C'est elle qui se lève la première, mais tu ne tardes pas à l'imiter. « Ok, on se calme. On a rien fait de mal jusqu’à preuve du contraire. » Bon la voilà qui essaie de négocier pour se sauver le cul. Vous êtes que deux idiots qui se sont introduits sur un toit, c'est pas comme s'il y allait avoir de grave conséquences à votre geste. Elle a peur de se faire taper sur les doigts ? Theodora s'approche de lui. Un peu trop près si on te demande ton avis. À quoi est-ce qu'elle joue ? Elle compte jouer de ses charmes pour que monsieur muscle oublie son délit ? Ouais, ça risque de marcher. Tu pourras sans doute t'éclipser tranquillement pendant qu'il est obnubilé par ses yeux de prédatrice. « Qu’est-ce que tu fous Blondie, t’as l’intention de pass.. » Il n'a même pas le temps de terminer sa phrase qu'il se retrouve direct sur le cul. Attends, attends, il vient de passer quoi là ? Elle vient vraiment de le faire tomber par un simple glissement de jambe ? On dirait bien. Et merde, c'est à ce moment là, la deuxième lumière rouge ? Absolument. Blondie, haute comme trois pommes va t'éclater la gueule un de ses jours. « Bouge ! » La voix de Theodora suffit à ce que tu te bouges, passe par dessus le cadavre au sol, qui n'en restera pas un bien longtemps, avant de dévaler les escaliers à toute vitesse derrière elle. Dans la cage d'escalier, tout ce qui résonne, ce sont les grognements de rage du type qui s'est fait avoir par une jolie blonde et ton rire. Oh oui, bien sûr que ça t'amuse. T'as pas peur de te faire attraper. T'as pas peur des possibles conséquences qui pourraient venir avec. T'as peur de rien. T'es trop con. « Bordel. » Toutes les portes qu'elle tente d'ouvrir en chemin sont verrouillées, jusqu'à ce qu'une cède sous son poids. Elle entre et t'attire avec elle à l'intérieur. Vient ensuite quelques minutes de silence entre vous deux. Ton sourire s'agrandit au son des voix et des pas de l'autre côté de la porte jusqu'à ce que les bruits deviennent de plus en plus sourd. Sauvé ? Ouais, pour l'instant du moins. « Je m’attendais pas à ça…On se fait une projection privée en attendant de pouvoir sortir de là ? » Tu te retournes sur ces paroles. Le flash de son cellulaire vous laisse apercevoir des bobines de films. Écouter un film ? Hm, faut croire. Tu préférais le toit. « Tu trouves quelque chose qui te plaît ? » que tu lui demandes en prenant appuie sur le mur derrière toi alors qu'elle zieute les bobines l'une après l'autre pendant quelques minutes. Elle peut bien choisir celui qu'elle veut, les chances que tu sois attentif au film sont très minces. « On en était où déjà ? Ha oui… » qu'elle débute en se retournant vers toi. Elle fait quelques pas en ta direction et ton sourire s'élargit un peu plus. Ouais, t'aime mieux reprendre là où vous étiez que de regarder un film. « Voyons voir…Emma… » Elle compte sur ses doigts. Un, deux, trois, quatre. « Mh…quatre lettres. Et Theo ? » Elle répète de nouveau son compte sur ses doigts. Elle te fait lever les yeux au ciel. « Incroyable. Quatre lettres aussi ! Du coup niveau simplicité à retenir, tu crois que tu peux t’en sortir ? » - « On s'embrassait, c'est là qu'on était. » Et en parallèle elle révélait son vrai prénom, mais c'était bien loin d'être la partie la plus amusante. Tes bras s'étirent pour venir attraper Theo par la taille et briser les derniers centimètres qui vous séparent. « Et ton endurance au fait ça va ? Pas trop essoufflé après tout ça ? » Courir pour le simple plaisir de courir, tu ferais même pas deux cents mètres, mais courir parce que t'as un type au cul, c'est pas pareil. C'est comme si l'adrénaline venait avec un second souffle. C'est fou ce que ça peut faire. « Très bien. C'est maintenant que t'as besoin de preuve ? » Tu lui laisses même pas le temps de répondre que tes lèvres retrouvent rapidement le chemin jusqu'aux siennes. Tes mains sous ses cuisses la soulèvent. Après quelques pas vers l'avant, tu la déposes sur une table qui, avouons-le, n'a pas l'air si solide que ça. Sûrement aussi vieille que les bobines dans la salle. Tes lèvres découvrent pour la première fois sa nuque. Son parfum vient te chatouiller les narines alors que tes mains contre ses hanches pressent son corps un peu plus contre le tien.

Un lapin posé, un flirt engagé, une brute épaisse déséquilibrée et une course poursuite lancée : Theo ne s’attendait définitivement pas à passer une soirée aussi productive et palpitante. Ca n’était évidemment pas pour lui déplaire et elle devait reconnaître que, bien qu’elle adorait Maisie, il y avait fort à parier qu’elle n’aurait pas été en mesure de lui procurer autant de sensations fortes. Mais quelle était la suite des opérations à présent pour les deux idiots coincés dans une pièce qu’ils étaient ? Il n’y avait pas un million de possibilités pour passer le temps…si ? Voyons voir : se raconter des blagues minables pour se divertir, inventer un jeu digne d’un enfant de 5 ans pour s’occuper, débriefer sur le duo catastrophique qu’ils formaient à eux deux et, la solution la moins imaginable de toutes : discuter pour apprendre à faire connaissance. Theo avait plutôt choisi d’effectuer un rapide tour des différentes pellicules à leur disposition, une alternative somme toute bien plus réjouissante qu’une quelconque discussion profonde et ennuyante. « Tu trouves quelque chose qui te plaît ? » Son index parcourait encore quelques-unes des bobines, la tête légèrement tournée sur le côté pour déchiffrer les titres qui y étaient inscrits. Elle les lisait de manière absente, sans que l’information ne monte véritablement à son cerveau, de la même manière qu’il arrivait à quelqu’un de dissipé de lire plusieurs pages d’un livre avant de réaliser qu’il n’avait strictement rien retenu et pouvait recommencer sa lecture au début. Et dissipée, elle l’était à juste titre. D’une part parce qu’elle venait d’échapper à un vigile ayant la carrure de Mike Tyson, d’autre part parce que les ennuis n’étaient pas nécessairement totalement derrière eux. Et un point bonus pour Seth dont la présence dans la pièce ne l’aidait pas à rester particulièrement sérieuse et concentrée (non pas que cela lui arrive de l’être très souvent de toute manière). Elle avait laissé retomber son bras le long de son corps à sa question, avant de se retourner pour lui faire face. Est-ce qu’elle trouvait quelque chose qui lui plaisait ? « Oui. » Son air mutin, son sourire en coin et son regard insistant ne laissaient planer aucun doute quant au fait qu’elle n’était pas en train de parler des pellicules qu’elle venait de passer en revue. La blonde s’était prudemment rapprochée, non sans se moquer une nouvelle fois de lui, ravie de constater l’agacement que cela lui procurait. Elle arrivait à se montrer à la fois insolente, arrogante, mais aussi parfaitement innocente dans les propos qu’elle tenait. On ne la changerait plus et elle s’étonnait encore parfois de parvenir à trouver des gens qui acceptaient de la côtoyer malgré sa personnalité. Mais Seth était différent de ces gens-là. Ils jouaient tous deux dans la même cour : celle des personnes qui n’avaient clairement pas peur des conséquences de leurs actes. Et si elle se rendait bien compte que cela risquait de mener à une escalade problématique et sans fin, ça n’était malheureusement pas pour lui déplaire. « On s'embrassait, c'est là qu'on était. » « Oh, vraiment ? » Son sourire en coin se fit un peu plus marqué. Elle glissa ses bras derrière sa nuque au moment où il vint l’attraper par la taille pour les rapprocher, non sans lui glisser une dernière pique pour la forme (et parce que ça l’amusait beaucoup). « Très bien. C'est maintenant que t'as besoin de preuve ? » La technique de Seth consistant à venir l’embrasser avant qu’elle n’ait le temps de répliquer était somme toute la meilleure pour la faire taire. Elle laissa pour une fois bien volontiers de côté son besoin de toujours avoir le dernier mot pour répondre à son baiser, ses cuisses venant se serrer autour de son bassin le temps qu’il la dépose sur la seule table de la pièce mais ne relâchant pas pour autant leur prise une fois assise. Sa tête bascula légèrement sur le côté pour lui laisser le champ libre pour accéder à sa nuque, son corps venant se coller un peu plus au sien avant qu’elle ne choisisse le pire moment pour lancer : « Je suis pas certaine que tout ça soit une idée de génie… » Un éclair de lucidité. Et même si ces mots lui avaient échappé dans un élan qui manquait cruellement de conviction, il n’en restait pas moins qu’elle venait de faire preuve d’un minimum de bon sens. Ses mains ramenèrent le visage de Seth en face du sien. Seuls quelques centimètres les séparaient et la proximité de leurs corps, le fait de sentir sa respiration contre sa poitrine ne l’aidait pas à garder les idées claires mais elle tenait à avoir toute son attention concernant la remarque qu’elle venait de faire. Ils étaient deux cerveaux en mesure (ou en incapacité totale) de réfléchir à la question. Deux cerveaux qui auraient à assumer les conséquences de leurs actes. Effectivement, ça n’était pas une idée de génie. Parce qu’ils restaient au beau milieu d’une course poursuite en pause. Parce qu’ils feraient bien de penser au meilleur moyen de sortir de là. Parce que Maisie bossait là. Et avant tout et surtout, parce que Seth était le frère de son amie, putain. Theo savait pertinemment que leur relation était spéciale et conflictuelle, et que ce qu’elle était en train de faire risquait de s’apparenter à de la haute trahison. Est-ce qu’elle se sentait coupable ? Un peu. Est-ce qu’elle se rendait compte de la situation dans laquelle ils se trouvaient et de la catastrophe qui s’annonçait ? Evidemment. Pourtant, aussi consciente et convaincue qu’elle était de tout ça, son regard se détacha de celui de Seth pour s’attarder quelques secondes de trop sur ses lèvres, ses doigts quittant son visage pour venir se positionner contre son torse. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes avant qu’elle ne vienne l’embrasser, ses doigts glissant le long de son T-shirt pour en attraper l’extrémité d’une main, son autre main s’échappant déjà contre sa peau alors qu’elle soufflait entre deux baisers : « En même temps, je me suis jamais vantée d’être un génie. » Fair enough.

Et elle a trouvé quelque chose qui lui plaisait ? « Oui. » Au sourire qu'elle a, ce n'est pas dans les bobines de films qu'elle a trouvé ce qui lui plaisait. C'est pas pour te vanter, mais elle a plutôt bon goût ouais. Ton sourire en coin apparaît lorsqu'elle s'avance vers toi tel un félin prêt à attaquer sa proie. « Oh, vraiment ? » Oui, vraiment. Ses bras viennent naturellement se loger derrière ta nuque au moment où tes mains se glissent contre ses hanches, réduisant à néant la distance entre vous deux. Les baisers deviennent rapidement maître de la conversation alors que tes lèvres en profitent pour explorer les différentes parcelles de sa peau. Et puis… « Je suis pas certaine que tout ça soit une idée de génie… » Tour s'arrête d'un coup. C'est pas sérieux tout ça ? Ça semble l'être quand elle t'arrête pour prendre ton visage entre ses mains, te forçant ainsi à la regarder droit dans les yeux. Elle se dégonfle ? On dirait bien. Non, ce n'est sûrement pas une idée de génie comme elle le dit. Et puis, quoi ? Elle n'a pas vraiment prise beaucoup de décisions de génie depuis qu'elle t'a abordé si on te demande ton avis. C'est parce que c'est ici ? C'est parce que c'est toi ? C'est parce que c'est trop rapide ? Un mélange de tout ça probablement. Tu ne peux pas nier que toi, ça t'fais plutôt marrer de penser à t'envoyer en l'air avec la copine de ta soeur sur son propre lieu de travail. « On fait rien de mal. » que tu ajoutes, insistes un peu en posant ton front contre le sien, ton souffle se cassant contre sa peau. Tes mains remontent le long de ses cuisses pour se loger dans le bas de son dos. Ta tête s'éloigne de la sienne pour mieux la regarder. Ses yeux brillent-ils vraiment de malice ou c'est juste ce que tu as envie de voir ? Alors Theo ? On arrête ou on continue ? Ses doigts qui descendent le long de ton torse semble dire que oui. Encore plus lorsqu'ils remontent peau contre peau. « En même temps, je me suis jamais vantée d’être un génie. » Et bien vous êtes deux alors. Tes lèvres retrouvent rapidement les siennes alors que tes mains se veulent rapidement plus aventureuses. Elles viennent épouser chaque courbe de sa silhouette. La noirceur est chiante pour les yeux, mais elle aiguise tous les autres sens. Le désir grimpe en flèche par le bout de tes doigts qui entrent en contact avec la dentelle, par le simple son de sa respiration qui s'accélère, par les soupirs que tu étouffes d'un nouveau baiser. C'est excitant les lieux publics. Peut-être un peu trop. Ça ne laisse pas place aux préliminaires pendant des heures. C'est vite fait, bien fait. La peur de se faire surprendre, l'adrénaline de l'interdit, ça te monte peut-être un peu trop à la tête. Au point où t'as peut-être oublié un petit détail; t'as pas de préservatif. T'es pas si con d'habitude (étonnant ouais) mais les courbes de Theo sont bien plus enivrantes que la raison.

* * *

Tu ouvres légèrement la porte qui mène vers le couloir. Depuis le temps, la voie doit être libre, non ? Le filet de lumière qui entre dans la salle te laisse toutefois le bonheur de pouvoir mater une dernière - ou une première? - fois les fesses de Theo qui se retrouve bien trop rapidement recouvert de son jeans. Putain ce qu'elle est belle. Ses cheveux en bataille qui trahissent parfaitement ce qui vient de se passer dans cette pièce y est sûrement pour quelque chose. « Allez, viens. » que tu murmures en lui faisant signe de te suivre d'un coup de tête. Ta main se lie à la sienne au moment où elle arrive assez près de toi. C'est tout en douceur que tu refermes la porte derrière toi avant de t'aventurer en toute discrétion dans le couloir. Rapidement, vous réussissez à retourner du côté du cinéma. Ils ne vous retrouveront jamais ici, parmi la foule qui doit sortir de la représentation au même moment. Oh que tu as le sourire victorieux en cet instant alors que vous marchez avec les autres vers la sortie. « Tu me prêtes ton téléphone? » que tu lui demandes en glissant une main dans le bas de son dos alors que la deuxième se tend vers elle, paume vers le ciel.