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 (craker #22) let us lose ourselves in the moment

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Message(#)(craker #22) let us lose ourselves in the moment - Page 2 EmptyMar 22 Fév 2022 - 20:12

« T’es la personne à qui je veux en parler. » L’aveu se glisse dans un murmure à peine audible, de ceux que l’on pourrait prétendre ne jamais avoir entendu, mais qui se grave sur la peau dans la mémoire de l’instant. De toutes les propositions faites, aussi farfelues soit-elle, je n’avais guère envisagé être la personne vers qui elle souhaiterait se tourner. Talia me semblait être la candidate parfaite autant par son statut d’amie que de mère. Le rôle me paraît soudainement immense, à la hauteur du traumatisme qui est venu nous ébranler. « Quand je serai prête. » Sera-t-elle un jour capable de revenir sur cette journée et son déroulé à mille lieux de tout ce qu’elle avait pu anticiper ? Pas tout de suite, quand tout semble encore à vif. Je n’ai pas besoin de croiser son regard pour savoir que le film ne cesse de se rejouer en boucle dans son esprit et qu’elle s’accuse de tous les maux quand bien même elle n’était responsable de rien. La nature avait fait un choix que l’on se doit de digérer pour mieux le surmonter. À me plonger dans les souvenirs de ce jour, mes doigts viennent lentement se glisser le long de son poignet, à la recherche d’un pouls qui se veut rassurant, loin de l’odeur imprégnée du sang et de cette image graver à mes paupières d’une Rosalie qui perd connaissance. « Je serais là. » Cela fait deux mois que je me tiens prêt pour le jour où elle ne sera plus capable de tout contenir et que la bombe finira par exploser. J’attends sans forcer, tirer sur la corde ne permettrait que de lui faire cracher les sentiments de surface, ceux qui sont bons pour l’opinion extérieure et qui contente l’image d’une mère qui se cherche. Je ne suis pas intéressé par les faux standards qu’elle s’efforce de matcher, alors j’attends patiemment que l’implosion est lieu pour embrasser à bras ouverts les reproches qu’elle s’adresse en silence. J’ai conscience qu’à tout moment l’équilibre peut sombrer face à une Rosalie prête à tout pour ne rien avouer.

À trop marché sur le fil, on n’a de cesse de flirter avec le vide qui nous appelle. Les silences semblent avoir assez duré quand l’un comme l’autre, on s’efforce de verbaliser ce qui nous paralyse sans jamais mettre le doigt sur la formulation qui se voudra de donner un sens à la situation sans jamais trop en révéler. Dissimulé derrière nos remparts, on s’efforce de se perdre dans le quotidien, d’offrir toute notre attention à Gabriel, sans jamais adresser la proximité que tout cela nous concède. « Y’a pas besoin de mettre les mots. » N’est-ce pas ce qu’elle recherche pourtant, à tant vouloir initier la conversation depuis le début de la soirée ? Lui concéder un tiroir aurait dû s’avérer suffisant, à mon humble avis. Comme le signe d’une volonté d’aller de l’avant sans constamment chercher à définir ce que l’on s’autorise. Mais Rosalie en veut plus, à sous-entendre qu’elle se retient d’agir comme bon lui semble. Si j’admets être l’initiateur de la distance imposé, je reste surpris de son aveu empli d’une franchise fraîchement retrouvé. « Tu me poses vraiment la question? » Son air outré entraîne mon rire tandis que nos corps cherchent à se mouvoir dans la même danse pour mieux s’accorder sur des vérités crachées en face-à-face. « Combien de fois est-ce que tu m’as reproché de pas me retenir justement? » La question se veut rhétorique tant la réponse tient dans le millier de versions différentes à une époque où elle s’autorisait toutes les dérives sans en accorder la moindre réciprocité. C’est blessant Rosalie, n’est-ce pas ? De vouloir quelque chose avec ses tripes, mais de se retrouver au pied d’un mur qui refuse de vous accorder le moindre semblant d’émotions. Les rôles n’ont eu de cesse de se mouvoir pour finir par s’inverser. « Ça ne t’a jamais empêché de faire ce que tu voulais vraiment. » Le reproche n’en est pas réellement un, plutôt un constat flagrant des dernières années écoulées qui nous laisse au milieu de cette conversation, dans la bataille entre celle qui aimerait se prouver et celui qui a trop donner. Une part de ma personne souhaiterait lâcher prise pour de bons, laisser notre instinct dicter la suite, mais il y a des souvenirs ancrés qui me rappellent sans cesse à l’ordre quant à la réalité de notre dynamique instable.

C’est l’instinct qui parle lorsque je choisis de me laisser glisser sur le sol, entre les deux transats, pour imposer une distance tant que pour avoir tout le loisir de croiser son regard. Je la connais par cœur Rosalie, quand elle se redresse ainsi, qu’elle sème ses idées sans trop les affirmer avec force. « J’hais ça quand tu fais ça. » À vouloir gagner du temps, je réalise seulement que la réciprocité est de bonne guerre. Dans un sourire espiègle, je viens porter la cigarette abandonnée à mes lèvres. Si l’on se doit de se lancer dans le vide, je vais avoir besoin de nicotine. « Quand tu trouves le moyen de retourner la question sans y répondre. » La flamme du briquet éclaire faiblement mon visage avant que je ne relève les yeux vers elle. « Je saurais toujours faire pour gagner du temps. » A quoi bon prétendre le contraire quant à danser autour d’elle, je ne cherche qu’à grappiller des minutes supplémentaires avant qu’elle n’abaisse le couperet. Rosalie a toujours su mener les conversations quand je suis celui qui se complet dans son mutisme, heureux de n’avoir rien à dire. Le silence, c’est bien, il n’impose rien, se contente de peu et ne demande aucune révolution autour d’un statut quelconque. J’ai conscience de ce qu’elle demande malgré tout, je réalise, lentement, que la brune cherche à bien faire. Avant, elle aurait décidé sans même ouvrir le dialogue. Mais c’était avant. Quand Gabriel n’était pas encore né, lorsqu’elle n’avait pas frôlé la mort et que l’on se plaisait à se faire du mal pour toujours se prouver que les sentiments ne viendront pas gagner. « J’veux pas faire semblant qu’on est rien l’un pour l’autre. » C’est un pas vers l’avant, quelque chose que l’on n’a jamais pris le temps de se dire auparavant. À défaut de foncer dans le mur, on entreprend autrement vers un chemin qui ressemble à s’y méprendre à la maturité. Et pourtant, je reste celui qui hésite, incapable de donner la version de mes désirs quand ils semblent, pourtant, matcher avec les siens. Ne voit-elle pas tout ce qu’elle représente ? « Tu réalises que cela fait plusieurs mois que l’on vit sous le même toit et que personne n’est mort. » Il y a eu des disputes, certes, mais toutes plus futiles les unes que les autres pour une histoire de vaisselle pas faites ou de ronflement intempestif. On n’a jamais aussi bien vécu l’un avec l’autre que depuis que l’on s’accorde à garder des distances. Comprends ce que je veux sous-entendre Rosalie, que l’on s’en sort peut-être mieux lorsque l’on s’accorde à n’être que des amis qui tente d’élever un enfant ensemble. Ma jambe tressaute à mesure que le silence s’allonge, je tire sur ma cigarette comme si la fumée allait m’insuffler le dernier élan nécessaire. « Personne ne fait semblant. » que je murmure le regard vissé au carrelage. Il faudrait que je nettoie le balcon moi, non ? Ou peut-être juste cesser de jeter mes cendres par terre. Ce n’est pas Gabriel qui s’agite dans son sommeil ? Le bébé dort à poings fermés, quand je rêverais de l’entendre hurler, et je peux sentir les prunelles de sa mère qui s’attarde sur mon profil. Personne ne fait semblant Rosalie, aucun de nous n’en serait à tatillonner aussi prudemment si tout n’était que supercherie.

Des semaines, des mois, des années durant, j’ai attendu ce moment où elle finirait par m’accorder toute son attention. Je l’ai vu s’épanouir avec un autre en ne disposant de quelques miettes de son temps. Je voulais Rosalie tout entière lorsqu’elle n’était pas mienne, j’étais capable de le verbaliser avec force et hurlement tant je savais que la probabilité se réduisait à néant. Tout était déjà perdu d’avance. Aujourd’hui la donne à changer. Rosalie n’est plus promise à personne et voilà qu’elle exprime la volonté de retrouver une exclusivité d’antan. Soudainement, il est bien plus complexe de lui accorder une confiance, en lui offrant un accès a tout ce qu’elle avait piétiné savamment. Cet instant un peu fou, je ne l’imaginais plus. Voilà qu’il s’amène avec sa charge de remise en question et de doute en tout genre. Tout me trahit, de ma jambe qui tressaute, à mes ongles qui agressent ma peau, je ne suis sûr de rien et pourtant, s’en viens un réel saut vers l’avant. « J’veux pas que tu te retiennes. »

Tu peux approcher Rosalie, peut-être que l’on pourrait apprendre à faire autrement.
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Message(#)(craker #22) let us lose ourselves in the moment - Page 2 EmptyMer 23 Fév 2022 - 11:57

« Je serais là. » La soirée qui devait opérer sous le signe de la simplicité ne cesse de vous surprendre et de prendre des tournants qui se veulent bien plus émotifs que ce que tu n’avais pu t’imaginer. Tu n’espérais qu’une chance de faire les choses bien cette année, et voilà qu’entre le vin qui pousse à certaines confidences et la discussion qui s’ouvre peu à peu, des promesses prennent place et viennent rassurées les esprits qui s’inquiètent, les cœurs qui ne veulent pas s’attacher plus que de raison mais qui y ont déjà trop donné, trop à perdre. Pour la première fois depuis votre retour de l’hôpital, vous osez expliciter peu à peu ces choses qui se sont pourtant installées naturellement entre vous. Ta valise n’a plus lieu d’être, c’est ici que tu restes, encore pour un temps au moins quand vous savez parfaitement que c’est ce qu’il y a de mieux pour Gabriel, et pour vous aussi. Tu ne t’imagines pas avancer dans cette saison compliquée de ta vie sans lui à tes côtés, et si tu peines à le verbaliser concrètement, ça devient peu à peu plus aisé de mettre des mots sur ce fait. Que tu as besoin de lui. Que tu vacilles, mais que tu t’accroches, et que ce serait impossible de le faire sans son soutien, sans sa présence. Sa promesse devient ce pilier essentiel que tu n’osais pas demander, mais qui pourtant te fait un bien fou sur le moment. Tu sais que ce ne sera pas toujours facile, tu sais qu’il y aura inévitablement les moments de doutes, les moments où tout cela semblera impossible, insensé parce que ce n’est pas ici que vos histoires auraient dû vous mener et pourtant, malgré la douleur, malgré les nuages noirs qui persistent au-dessus de ta tête, et de la sienne aussi sans doute, tu ne voudrais être nulle part ailleurs. Comme si enfin, tu pouvais assumer pleinement que c’est ici que tu as envie d’être, tout simplement. Que c’est lui qui sait le mieux te compléter, quand les défenses tombent enfin et que vous vous permettez d’être aussi vrai que possible.

S’ils se font de moins à moins difficile à initier, les moments d’extrêmes honnêtetés entre vous deux demeurent de ces moments rares, de ceux qui coûtent tant le processus de réapprendre à se parler franchement est difficile et va à l’encontre de ce que vous avez fait des années durant. Lui admettre cette retenue vis-à-vis de votre proximité physique n’a rien de facile, mais semble être un élément essentiel à mettre en lumière tant de vivre ensemble pousse forcément à une distance diminuée entre vous deux, sans que tu n’oses toutefois franchir des limites qui se veulent de moins en moins claires et précises. Te voilà étonnée de sa réaction face à ton aveu et il est bien impossible de parler de ce qui est sans admettre ce qui était. De parler de comment tu agissais autrefois, de celle que tu étais, de celle qui prenait égoïstement encore et encore et qui ne s’excusait jamais pour rien. Les regards qui s’entrechoquent avec aisance, les rires qui atténuent les mots pourtant sérieux, un brin dangereux, c’est une recette difficile à maîtriser et qui pourtant se veut toujours gagnante entre vous, quand vous osez vous y mettre à deux. « Ça ne t’a jamais empêché de faire ce que tu voulais vraiment. » « À trop vouloir, j’ai fini par tout perdre. » À trop jouer avec le feu, tu avais bel et bien fini par te brûler. Et même s’il est là maintenant, même si le Destin s’est joué de vous de la plus tordue des façons avec cette grossesse accidentelle et tout ce qui en a découlé, tu n’oublies en rien que tout se devait d’être terminé, qu’il est parti après ton anniversaire sans jamais avoir l’intention de revenir. « J’ai fini par te perdre. » que tu murmures tout en baissant les yeux au sol, parce que c’est bien plus facile de dire ça à tes pieds que de le lui dire à lui. Tu n’oublies en aucun moment tout le mal que tu as pu lui faire, toute la destruction qui a rythmé votre relation pendant longtemps et encore moins le blâme qui te revient dans ce bordel. « J’ai pas envie de refaire les mêmes erreurs. » Tu as mis trop de temps avant de comprendre et d’assumer, bien trop longtemps avant d’être honnête ne serait-ce qu’avec toi-même alors oui évidemment, tu étais prudente. Oui, tu faisais attention. Tu faisais de ton mieux pour ne pas te laisser dicter par la moindre de tes pulsions, la moindre de tes volontés. Il y avait trop en jeu, trop à perdre.

Tu te relèves doucement sur le transat et il s’éclipse au même moment, de façon à ce que vous vous retrouviez face à face, vos visages faiblement éclairés par la lune et les lumières toujours allumées dans le salon. Vous ne cessez de vous lancer la balle, à voir qui sera le premier à admettre de manière précise ce qui se passe dans la tête de l’un ou de l’autre. C’est facile de s’éclipser pour s’empêcher d’être trop vrai, bien plus difficile d’assumer jusqu’au bout toutes les vagues d’émotions qui te traversent dès qu’il s’agit de Wyatt Parker. « Je saurais toujours faire pour gagner du temps. » « Et moi je n’en ai plus à perdre. » C’est donc ça qui se passe, quand on frôle la mort de trop près? On réalise enfin que le temps est précieux, que de prétendre et de jouer trop longtemps n’apporte en rien le bonheur? Il y a un léger sourire triste qui se forme au bord de tes lèvres alors que tu le vois jouer davantage avec cette cigarette qu’il n’a toujours pas allumé même après de longues minutes. Il vient la porter à ses lèvres et son briquet illumine son visage pendant quelques secondes alors que la fumée s’échappe rapidement, une distraction de plus entre vous deux, mais une qui ne t’empêche pas de dire ce que tu retiens depuis plusieurs semaines. « Tu réalises que cela fait plusieurs mois que l’on vit sous le même toit et que personne n’est mort. » Plusieurs mois que vous dansez autour du pot sans jamais dire quoique ce soit aussi, mais ça, tu n’as pas besoin de le répéter parce que tu sais qu’il sait très bien lui aussi. Il tire sur sa cigarette, tu le connais assez pour savoir qu’il tente d’occuper mains et esprit pendant quelques secondes et tu ne presses rien. Tu ne cherches pas une réponse absolue, tu ne t’attends pas à une quelconque déclaration. Il est bien là, le changement majeur entre la Rosalie d’avant et celle d’aujourd’hui. Par le passé, tu aurais forcé les choses. Tu aurais demandé, exigé, jamais satisfaite du peu qu’il est en mesure de t’offrir. Aujourd’hui, tu as le recul de comprendre et la sagesse d’accepter qu’un peu, c’est beaucoup mieux que rien du tout. « Personne ne fait semblant. » Mais personne n’assume pleinement. Son regard se veut fuyant désormais, sa jambe saute dans tous les sens et c’est de la torture autant pour lui que pour toi d’être prisonniers de cet entre-deux. Tu ne peux néanmoins pas faire le prochain pas pour lui. Tu ne veux plus forcer les choses, tu refuses de l’obliger à agir s’il ne s’en sent pas capable. Tu passes tes jambes de l’autre côté du transat, de manière à diminuer un peu la distance entre vous sans toutefois aller trop vite. Tu attends, ton regard qui s’attarde sur son visage, sur ses traits fatigués, sur ses cheveux en bataille et les milliers d’autres détails chez lui qui t’ont fait fondre dès la première fois que tu l’as vu.

Son visage se lève finalement dans ta direction et ton souffle se coupe quand vos regards se retrouvent à nouveau. « J’veux pas que tu te retiennes. » « T’es sûr? » Tu poses la question, mais tu tends déjà la main pour l’aider à se relever et venir reprendre place à tes côtés sur le transat. Tu ne délies pas tes doigts des siens, effrayée qu’il change d’idée au moment où tu couperas le contact. Ton regard passe de vos mains jointes jusqu’à son visage, tu t’accroches à son regard cette fois alors que ta main libre vient glisser doucement contre sa joue. « J’veux rien brusquer, ni risquer tout ce qui va bien depuis quelques mois. » Tu sais que c’est impossible d’effectuer ce virage entre vous sans prendre le moindre risque, mais c’est important de lui rappeler qu’en tout temps, peu importe ce qui se passe, Gabriel et votre habileté à être de bons co-parents pour lui reste ton ultime priorité. Ta main glisse dans son cou, jusqu’à la base de ses cheveux et ton front se colle contre le sien, ton souffle qui s’accorde au sien sans que jamais tu n’oses briser les derniers centimètres de distance entre vos lèvres. « Un jour à la fois? » C’est bien tout ce que vous pouvez vous offrir, tout ce que vous pouvez faire désormais.
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Message(#)(craker #22) let us lose ourselves in the moment - Page 2 EmptyDim 6 Mar 2022 - 14:14

« À trop vouloir, j’ai fini par tout perdre. » Ses mots résonnent dans le silence qui s’en suit, inconsciemment, parce que mon esprit se prépare toujours au pire, j’attends la retomber. Les regrets qu’elle pourrait exprimer d’avoir lâchés son ancienne vie pour se retrouver dans cet appartement, dans cette situation. L’esprit se blinde pour mieux se parer au pire. Tout mon corps se retrouve sur la défensive, prêt à cracher une liste d’horreur qui ne fera aucunement sens, mais qui se voudra de limiter les dégâts. Enfermer dans des habitudes qui ne sont plus, je me crois prêt à encaisser. C’est bien ce qui devait finir par arriver de toute façon quand je suis bien incapable de lui offrir la vie qu’elle semblait chercher à se construire avec l’autre. « J’ai fini par te perdre. » Il faudra une seconde ou deux avant que la portée de ses mots m’atteigne réellement, avant que je ne prenne pleinement conscience que jamais elle n’avait eu idée d’évoquer sa vie passée. Mon regard se lève à nouveau sur sa silhouette, Rosalie qui cherche à se faire si petite sur son siège, elle qui verbalise tout ce qui n’avait jamais été admis auparavant. « J’ai pas envie de refaire les mêmes erreurs. » A-t-elle, ne serait-ce que conscience de l’impact de ses mots ? Cela sonne comme des aveux tardifs, cherchant à sauver ce qui n’est plus sauvable, mais c’est bien plus que cela. Leur rayonnement se veut plus intense et cela vient titiller des sensations longuement remise au placard dans l’espoir de protéger le peu d’estime qu’il pouvait rester à certains endroits. J’avais besoin de l’entendre tout ça. Il était nécessaire que les erreurs soient admises pour envisager un quelconque avenir, mais il est bien difficile de formuler la moindre phrase cohérente quand tout vient te heurter ainsi. Dans un geste lent, et juste pour lui prouver que j’ai entendu, mes doigts viennent caresser sa cheville, seul point accessible depuis le refuge que j’ai trouvé sur le sol. J’ai entendu et je suis d’accord, c’est bien tout ce que ce léger toucher viens signifier. Peut-être qu’il est temps d’avancer désormais…

Les réalisations sont lentes, la conversation progresse à reculons quand l’un admet des erreurs, l’autre refuse de s’ouvrir un peu plus. Il faut du temps pour appréhender les choses autrement. Soudainement, les possibilités s’offrent à nous, sans contrainte aucune si ce n’est notre propre désir de vouloir construire quelque chose qui fait sens. Gabriel est un poids énorme dans l’équation, aucun de nous deux ne veut en arriver à léser le petit garçon qui n’a jamais demandé à naître, mais pour la première fois, il semblerait que Rosalie me laisse pleinement le choix. Elle n’impose rien, si ce n’est abattre ses dernières cartes dans l’envie de prouver combien les choses ont changé. Je danse autour des approximations, cherche à gagner du temps, quand elle n’a plus envie de flirter avec le danger. L’époque du chaos semble révolue, enterrer sur le champ de bataille sans aucune envie de reprendre les armes. Rosalie se livre comme jamais auparavant, laissant sous-entendre une évolution que je n’avais réellement vu venir ou que je me refusais de voir venir. À trop joué derrière mes barricades, je me perds dans mes explications. Rien ne fais réellement sens, mais il est si complexe de se livrer à l’inconnu. Par le passé, on a su faire. Une fois, dans une tentative à peine contrôler, on avait su être se couple libérer qui avançait au gré du vent. Désormais il ne reste que la volonté égoïste de ne pas voir l’autre disparaître sans réellement savoir si l’on sera capable de la moindre normalité sans cri et déception.

Tout paraît flou, parfaitement incertain et très probablement dangereux, mais je n’ai jamais été aussi sûr de vouloir prendre le risque du pas vers l’avant. « T’es sûr ? » Et en une seconde, je me retrouve à ses côtés de nouveau, le cœur légèrement tremblant, mon regard plongé dans le sien. « N’insiste pas. » Si elle questionne chacune de mes décisions, on finira droit dans le mur, il faut qu’elle accepte la folie de l’instant, la décision qui tombe sans raisonnement. À cette seconde précise, je suis certain de vouloir cela, dans trois minutes et si son incertitude s’enchaîne à la mienne, je ferais tout voler en éclats. « J’veux rien brusquer, ni risquer tout ce qui va bien depuis quelques mois. » Lentement, ma main vient se glisser sur sa nuque dans la confirmation de tout ce qui vient d’être dit. Je ne veux rien brusquer non plus, je me demande encore comment on saura se réapprivoiser sans les contraintes, sans le défi constant de chercher à se faire du mal. « Un jour à la fois? » Ses lèvres sont bien trop proches pour rester intouchables. Tout mon corps se penche vers elle dans le seul désir de verrouiller les mots dans un baiser qui compte bien plus que la moindre parole. « Un jour à la fois. » A notre rythme, à notre manière, sans le jugement extérieur, sans la pression de devoir se cacher pour vivre.

Il était probablement temps de démarrer un nouveau chapitre.
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