Un mois. Voilà le temps qui est passé depuis que j'ai fermé la porte de cet appartement derrière moi. Il s'est passé tellement de chose pendant ce mois, que ç'en est effrayé. Tentative de suicide, sauvetage in extremis par Hayden, petit roadtrip de Sydney à Brisbane à deux, trois semaines en psychiatrie, des hauts, des bas, mais surtout des hauts, au final. J'ai réussi à m'ouvrir à ma psychologue au bout de la 6ème séance et depuis je sens que je remonte la pente. Je me suis découvert une passion pour le yoga et la méditation, mais aussi le tir à l'arc. Des sports calmes qui m'aident à me concentrer et à me focaliser sur ce qui est réellement important. Mais surtout, surtout, j'ai appris que, par je ne sais quel miracle, ma moelle épinière commençait à guérir. Chaque jour, j'ai un peu plus de sensation dans les jambes. Enfin, c'est surtout la droite qui semble s'en remettre plus vite. Je suis au point de pouvoir bouger légèrement mon gros orteil. En y arrivant, j'ai éclaté en sanglots devant le médecin, tant l'émotion était énorme.

Mais pendant tout ce temps, Daniel était omniprésent, caché quelque part dans le fin fond de mon esprit. Il lui arrivait de ressortir régulièrement, puis de moins en moins. Je ne l'oublie pas, c'est impossible. Je pense, d'ailleurs, que je ne l'oublierais jamais, mais je parviens sans trop de problème à le repousser. Et s'il vient me hanter et que je ne parviens pas à repousser, je m'efforce à penser aux moments joyeux que nous avons vécu. Mais j'ai peur. Peur de notre rencontre. Quelque pars je sais que je pourrais sans problème l'ignorer et tout faire pour ne pas croiser son chemin, mais c'est impossible. Il faut bien que nous nous revoyons, ne serait-ce que parce que j'ai besoin de récupérer mes affaires que j'ai encore laissé chez lui. Au moins mon ordinateur, le reste n'est pas totalement important. J'ai repoussé et repoussé le jour où je devrais lui faire face, jusqu'à me rendre à l'évidence que je devrais un jour l'affronté.

Et donc, me voilà, là, devant l'appartement de Daniel. Son pick up est garé devant sur le trottoir, donc je sais qu'il est là. Sauf s'il est aller sortir ses chiens ce que, d'un côté, j'espère. Enfin. Prenant une profonde inspiration, je lève le poing, déglutis, pince les lèvres, puis frappe 5 coups rapides. J'ai fait ça instinctivement. Pendant deux mois c'est de cette façon rapide de frapper à la porte que j'ai signalé ma présence. Peut-être que Daniel s'en rappelle ? Ça m'étonnerait. Mais peu importe. Je souffle doucement, m'efforçant de garder mon calme.

Du mouvement derrière la porte. Grosse bouffé de stresse. Je me recule et heureusement que je l'ai fait, sinon un homme bien éméché me percutait. Je le suis du regard, l'observe s'en aller en titubant, ayant visiblement du mal à rester debout et a garder un équilibre digne de ce nom, avant de me retourner. C'est à ce moment que mon regard tombe sur Daniel qui me fixe avec une surprise certaine. Il semble même carrément gêné en me voyant, trahit par son regard fuyant. Je ne suis, moi-même, pas franchement à l'aise lorsqu'il me demande si ça va.

Je ne me vois pas lui expliquer pourquoi je ne débarque qu'après un mois, à nouveau, ici, chez lui. Il s'en foutrait de toute manière de savoir les raisons qui m'ont poussées à rester éloigné de lui pendant ces dernières semaines. Alors, refoulant mon malaise et m'obligeant à me calmer, j'hausse les épaules  « Ouais, ça va » répondais-je simplement avec un sourire.

J'observe mon ex-copain -et me dit que cette appellation est juste horrible- puis lance un rapide coup d’œil vers l'intérieur de son appartement. Celui-ci n'est pas franchement rangé, au contraire. Il semble sale et l'odeur qui s'en dégage  n'est vraiment pas agréable. Un mélange de sueur, d'alcool, de fumée -et pas que de la cigarette- et sans doute aussi du vomit. Je ferme un instant les yeux et prends une inspiration en levant à nouveau mon regard sur Daniel  «Et toi, ça va ? Depuis le temps, je veux dire » lui retournais-je la question.

Et c'est là que je le remarque. Ses pupilles dilatées, ses yeux injectés de sangs et ses grosses cernes ainsi que son teint blafard. Comme s'il n'avait plus dormit ou qu'il avait fait la fête toute la nuit. Ouais voilà, peut-être que l'état de son appartement, l'odeur et l'ivrogne qui en est sortit sont le résultat d'une fête bien arrosée que Daniel a organisé cette nuit, ici ? J'espère que c'est le cas bien que dans le fond je me doute qu'il n'y ait qu'une seule et unique réponse possible. Mais pour l'instant, c'est bien le cadet de mes soucis. Tout ce que je veux, moi, c'est récupérer mes affaires et partir au plus vite. Si Daniel se fait bavard, pourquoi pas, je resterais discuter un peu. Mais je me promet de m'en aller au moment où ça dérapera.

 «Tu … je suis venu récupérer les affaires que j'avais laissé chez toi  » reprenais-je timidement  « Surtout mon ordinateur en fait » je grimace légèrement, craignant qu'il ait déjà tout jeté ou donné. Quelque part, il aurait peut-être même eu raison de le faire.

 «On fait aller » est une réponse qui m'aurait sans aucun doute frustré. Avant. Aujourd'hui, je l'accepte telle quelle et hoche simplement la tête. Ça ne veut pas dire oui, ça ne veut pas dire non. Daniel semble, lui-même, ne pas savoir ce qui se passe et encore moins comment il va. Mais ce n'est pas mon problème à moi. Il ne me dira rien de plus, je le sais, à quoi bon essayer d'arranger les choses alors ? Lorsqu'il m'invite à entrer, j'hoche la tête et le laisse se décaler sur le côté avant de pousser sur les roues de mon fauteuil.

Une fois dedans, et la porte fermée derrière moi, je remarque qu'effectivement, je ne m'étais pas trompé. L'appartement de Daniel est un pur chaos. Comme s'il ne l'avait plus jamais rangé depuis que je suis partit. Je me demande un instant comment il fait pour vivre dans ce taudis -'il se drogue' voilà la réponse que me donne une petit voix dans le fond de mon être- avant que je ne suive mon ex copain vers sa chambre. Là j'y entre et, en attendant que Daniel ne descende le carton dans lequel il a rangé mes affaires, je flatte la tête de ses chiens qui sont venus me dire bonjour. Ils m'ont pas mal manqué finalement, eux. Mais encore une fois, je ne m'attarde pas, pensant que si je les caresse encore aussi gentiment je risque de ne plus vouloir partir, et me redresse une fois le carton posé au sol.

 « Merci Daniel » disais-je en m'approchant dudit carton. Je me penche en avant et l'ouvre avant de le prendre sur mes genoux. Là je le fouille. Je trouve sans peine mon ordinateur et les reste de mes affaires. Bien que cette partie là soit plus ou moins futile. Au final, je relève mon regard lorsque l'américain m'adresse à nouveau la parole de son lit.

Ce qu'il y a de neuf dans ma vie depuis la dernière fois?Oh, rien, simplement une tentative de suicide et 3 semaines interné en psychiatrie dont 1 semaine complètement isolé des autres avec comme seul contact extérieur, les autres dépressif. Voilà ce que j'aurais bien aimé lui répondre. Mais ne serait-ce pas une façon détournée pour l'accuser ? Je ne veux pas qu'il pense ça, alors je ne dit rien de tel, haussant finalement les épaules.

 « Rien de spécial » avouais-je  « J'ai repris contact avec Madison » je lève les yeux au ciel  « Enfin, c'est plutôt elle qui a fait le premier pas vers moi, mais bref, c'est sans importance » je fait un signe de la main  « J'habite chez un ami que j'ai rencontré à Sydney où j'étais pendant 3 jours» pour essayer de me tuer reprenais-je pour moi-même avant d'afficher une moue de réflexion  «hm, sinon ….rien  » j'arque un sourcil  « Ah, ah si !» mon sourire se fait un peu plus franc, plus joyeux  «J'étais à l'hôpital pour passer une batterie improbable de test -scanner, radio, échographie, enfin tout ce bazar- et ils ont dit que ... » je me tais un instant en pose une main sur ma cuisse droite  « Que les chances que je puisse remarcher sont à 99%, finalement » je me mordille l'intérieur de la lèvre inférieure pour éviter à mon sourire de s'agrandir d'avantage  « Je sens mes jambes » reprenais-je d'une voix étranglée par l'émotion qui menace de me gagner à nouveau. Cette nouvelle est celle qui m'a sortie de la dépression. Et je me dois de la partager avec Daniel, là, tant elle m'enchante. Il est d'ailleurs le premier de mes connaissance-à part Gabriella et ma famille- à le savoir. Et peu m'importe qu'il ne soit pas content pour moi. Je crois que je peux être heureux pour deux, en ce moment même.

Alors que je parles et donne de mes nouvelles à Daniel, celui-ci fait je ne sais quoi devant moi. Il fouille frénétiquement un tiroir, puis un suivent et fini à quatre pattes devant son lit. Je l'observe tout en parlant des choses joyeuse. Le fait que Madison et moi nous reparlons, que j'habite chez un ami mais surtout, je lui parle de cette plus merveilleuse nouvelle de ma vie : le fait que je pourrais remarcher un jour. Daniel, ayant trouvé son briquet, l'enflamme et fait chauffer la pipe à crack qu'il tient en main. Ainsi donc il a replongé. Tant pis pour lui, ce n'est plus mon soucis. Je continue sur ma lancé en lui disant d'une voix étouffée par l'émotion que je sens mes jambes.

La réaction de mon ex copain est imminente : il s'étouffe avec la fumé. Sa quinte de toux est atroce mais hilarante et je dois me faire violence pour ne pas rigoler. Ça ne se fait pas, le pauvre. Je souris simplement et hoche vivement la tête lorsqu'il me dit que c'est 'énorme'.  « énorme, c'est bien le mot » souriais-je en l'observant se lever et ricaner. Son rire est agréable. Il l'a toujours été. Mais il finit par se calmer et, se rasseyant, enchaîne les questions. Quand pourrais-je remarcher ? Si je pourrais me déplacer sans aide ? Si je vais faire de rééducation ? Si j'ai prévenu mes proches ? Puis, il se passe nerveusement une main dans la nuque, s'excusant de s'emballer.

 « Y’a pas de mal » le rassurais-je en secouant la tête  « J'ai eu plus ou moins la même réaction si tu veux savoir» j'hausse les épaules  «Mais, dans l'ordre : je ne sais pas quand je pourrais remarcher. Le plus vite possible serait le mieux, mais je ne me fais pas d'illusion. Après deux ans sans avoir poser les pieds au sol et sans avoir utiliser mes jambes, les muscles ont fondu et on presque totalement disparu. Je n'ai plus aucune force et … enfin, ouais, j'ai commencé la rééducation y a trois jours, en sortant de l'hôpital » je souris  « Le kiné m'a seulement bouger les jambes pour l'instant pour pas qu'elles ne s’en-raidissent, mais ...»

Je me penche un peu et fixe mon pied droit. Fronçant les sourcils, je m'humidifie les lèvres et me concentre un maximum jusqu'à ce que le bout de mon pied ne se lève. A ce moment là, mon sourire reprends place sur mon visage  « Tu vois ?» demandais-je en désignant mon pied que je parviens à lever une deuxième puis une troisième fois  «Ce n'est pas grand chose pour beaucoup de monde, mais pour moi c'est énorme » je relève le regard vers le jeune homme  «Pour ce qui est de marcher … ce sera étape par étape. Sans doute le déambulateur avant puis les béquilles. Il se pourrait même que je ne pourrais plus jamais me passer de béquilles car je pense bien que je garderais pas mal de déficits, mais ...putain … Daniel. Je vais quitter mon fauteuil un jour » je me pince les lèvres et le regarde, les larmes aux yeux. Mais pour une fois ce sont des larmes de joie. La joie la plus extrême que je n'ai plus ressentie depuis bien trop de temps. .

La réaction de Daniel est adorable. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce qu'il montre aussi ouvertement sa joie. Lui qui a pris l'habitude d'être extrêmement discret et de moins en moins enclin à montre ses sentiments, il laisse littéralement sa joie exploser lorsque je lui dit ce qu'il m'arrive. Et c'est sincère. Son regard, son sourire, son ton. Il n'y a rien de plus sincère. J'ai l'impression de retomber quelque mois en arrière, lors de cette soirée où nous nous sommes embrassé pour la première fois. Ainsi que je revivre les semaines qui ont précédés cette soirée chez Paul. Là où tout s'est retourné contre nous.

Je chasse rapidement cette pensée négative pour me concentrer sur ce qui est réellement important. Je lui explique un peu la suite des évènements, ce qui va se passer maintenant mais surtout je lui montre ce que je sais déjà faire. Et son étonnement n'est aucunement joué. Il me dit que c'est extra et ça ne fait que confirmer qu'il est très content pour moi. Je lui offre un large sourire tout en précisant que, bien qu'il y ait des chances que je ne puisse jamais me passer de béquilles, je pourrais au moins marcher. Et c'est ça qui est le plus important. C'est là que Daniel pointe un doigt vers moi et exige que je vienne le voir une fois que je serais debout. J'hoche vivement la tête en rigolant doucement  « Évidement que je viendrais te voir » disais-je en souriant largement  « Je pense que je vais aller dans un centre de rééducation. Enfin, je verrais bien avec mon médecin, c'est lui qui décidera, mais avoir de la thérapie intensive au début, sera sans doute ce qu'il y a de plus judicieux  » J'hausse les épaules  « Mais comme dit, je ne me fait pas d'illusion, je sais bien que je ne pourrais pas me lever du fauteuil et marcher. Pas comme dans Kill Bill où elle fait sa rééducation en 10 min après 10 ans de coma

Je rigole doucement à ma référence puis hausse les épaules lorsqu'il me demande si je veux boir un truc. A la base je ne voulais pas rester mais peu importe. Un café ne me tuera pas, non ? J'hoche donc doucement la tête  « Va pour un café » je le laisse ensuite sortir après s'être plaint de la musique. Je reste un instant dans la chambre, seul et souffle doucement. Jusqu'ici, tout va bien. Le malaise qu'il y avait entre nous avant vient de se dissiper, je crois. Et c'est tant mieux. Alors, carton sur les jambes, je sors de la chambre et souris en l'entendant s'excuser pour le bordel  « C'pas grave, va» le rassurais-je en m'avançant vers le canapé. Je pose le carton sur le sol puis me hisse sur le canapé, remarquant au passage les traces de brûlures. Sans doute des cigarettes.

J'attrape un coussin et me cale bien contre le dossier tout en observant Daniel s'activer dans la cuisine. Je préfère me concentrer sur lui plutôt que de regarder autour de moi. J'avoue que je n'ose pas trop bouger. Mais peu importe  « Et toi alors ? Du neuf depuis … la dernière fois ?» demandais-je, bien que je me doute de la réponse : il a replongé, c'est évident. J’aperçois une seringue usagée sur l'un des meubles. Il organise donc de nouveau des soirées de camés ? Sans doute. Enfin, je ne suis pas là pour le juger et je préfère ne pas me bourrer l'esprit avec les conneries qu'il puisse faire. Ce ne sont plus mes problèmes, je préfères qu'il les garde pour lui-même.

Je retourne la question à Daniel par pure politesse, histoire de ne pas tomber dans un silence lourd et profond. J'avoue ne pas espérer une quelconque réponse, ou au moins qu'il ne me dise pas clairement avoir replonger. Je ne sais pas dans quel état ça me mettrait, ça. Ainsi donc, assit sur le canapé, je l'observe en silence, attendant une réponse de sa part, et prie pour qu'il ne m'avoue rien de fâcheux. Au final, ce qu'il dit est plutôt positif. Il a réussi à rembourser une bonne partie des frais d'avocat à ses parents, tout comme il ne devrait pas tarder à pouvoir payer son amende. J'hoche la tête en souriant.

 « C'est super cool ça » disais-je avec un sourire. Directement, une autre question me brûle les lèvres : comment ? Comment peut-il avoir assez d'argent pour payer tout ça ? Je crois que je ne préfère pas savoir, au final. Et si je savais lire dans les pensées de Daniel, je saurais que la réponse est pire que ce que je j'imagine. Ainsi donc, je me tais et prends la tasse en main, le gratifiant d'un sourire et l'observe s'assoir à côté de moi. Il évoque son chien, Mike, qui avait un coup de moue dernièrement mais qui a simplement besoin de sortir un peu plus et qui va mieux maintenant « top. Tant mieux s'il va bien» j'adore ses chiens et je sais que Daniel ferait tout pour eux.



Et la suite est tellement étonnante que j'en reste bouche bée pendant de longs instants. Daniel s'excuse. Sincèrement. Il me dit être désolé d'avoir agit comme un connard la dernière fois tout comme il est désolé pour les dernières semaines que nous avons passées ensemble. Je baisse le regard lorsqu'il continu en disant que , bien que ça ne veuille sans doute plus dire grand chose, je n'avais pas besoin qu'on me parle comme une merde et qu'un peu de tact n'aurait pas été mal. J'hoche doucement la tête. Il n'a vraiment pas tort sur ce coup.

Et pourtant, après qu'il ait conclut par le fait que j'ai eu beaucoup de courage à le supporter j'hausse les épaules.  « ça ne change rien pour toi, mais pour moi ça change tout » soufflais-je avant de prendre une profonde inspiration et relever le regard vers mon ex copain  « Merci Daniel » souriais-je en enroulant mes doigts autour de ma tasse  «Je … tu peux pas savoir à quel point j'avais besoin d'entendre ça » je soupire doucement  «J'ai vraiment été mal après notre séparation. Du genre... » je me tais. Je ne vais pas évoquer ma tentative de suicide. Pas ici, pas maintenant, jamais.  « … vraiment très mal» je baisse le regard  « je pensais sincèrement que je ne signifiais vraiment rien du tout pour toi » j'hausse les épaules puis souris  « Alors entendre ces excuses ça me fait du bien. Bien plus que tu ne le penses réellement, je crois »

Je suis venu ici dans la simple optique de récupérer mes affaires. Jamais, oh grand jamais, je n'aurais imaginer ne serait-ce qu'une petite seconde, que cet homme allait me présenter ses excuses. Je pensais prendre mon carton, que nous échangerons de simple formalité puis que je repartirais. Voilà comment j'imaginais notre rencontre. Mais jamais je ne pensais que j'aurais a faire face aux excuses de Daniel. Et ça me rassure, ça m'enlève un autre très gros poids des épaules  « Excuses acceptées » reprenais-je plus doucement en hochant une fois la tête avant de prendre une gorgé du café.

Je ne savais pas que Daniel s'excuserait. Je ne savais même pas qu'il était encore capable de ce faire, à vrai dire. Après tout ce qu'on a vécu ce dernier mois, je pensais réellement qu'il n'y avait plus aucune once de compassion et d'humanité en Daniel. Mais apparemment, je me suis trompé. Je ne vais pas m'emballer, je pardonne, certes, mais je n'oublie pas. Ces deux mois que nous avons vécu sont à jamais graver en mois et ont sans doute laisser des traces indélébile. Je choisi simplement de ne plus y penser tous les jours, d'accepter cela comme une erreur de passage et de continuer à vivre avec. Pourtant, malgré que ç’ait été une erreur, je l'assume. Totalement ? Je ne sais pas. Mais en parti, oui.

J'accepte donc sans hésiter les excuses que me fournies Daniel. Il n'explique pas pourquoi il était comme ça, il me dit simplement être désolé d'avoir agit ainsi. Et c'est tout ce que je demande. J'ai toujours espérer qu'il fasse le premier pas dans mon sens et le voilà. Deuxième bonne nouvelle en une semaine ? Vont-elles s'enchaîner ? Les temps de malheurs sont-ils réellement derrière moi ? Je l'espère tant. Lorsque mon ex copain commence une phrase sans la finir, je l'interroge du regard. J'aimerais tellement connaître la suite de ses paroles ! Puis-je tenté de le forcer à me parler et à me dire ce qu'il comptais prononcer ? Je ne penses pas. Je risque simplement de le braquer et gâcher ce moment si particulier que nous n'avons plus eu depuis … depuis que nous nous sommes mit ensemble, je crois. Mais peu importe.

Lorsqu'il reprends à nouveau être super content pour moi, je lui souris tendrement et hoche la tête.  «Moi aussi je suis content » répondais-je avec un petit rire avant de prendre une gorge de mon café. C'est alors que Daniel me demande si mon frère est au courant de ma situation actuelle. J'incline légèrement la tête sur le côté.  « Tu veux dire … pour le fait que je pourrais à nouveau remarcher ?» demandais-je avant d'hausser les épaules  « Oui. Il a été le deuxième mit au courant » je désigne Daniel d'un coup de tête  « tu es le troisième, si tu veux savoir » reprenais-je naturellement.

Même si, à la base, je ne comptais pas le lui annoncer, du moins, pas de si tôt, je pense que c'est vraiment ce qu'il y avait de mieux à faire. Ça fait tellement plaisir de le voir tellement enjoué. Il est aussi heureux que moi j'ai l'impression et s'est juste génial, ça. Me reculant contre le dossier du canapé, je reprends une plus longue gorgé de mon café.  « J'ai fait connaissance avec Liv » brisais-je finalement le silence ayant peur que celui-ci ne se fasse trop pesant  « C'est elle l'infirmière qui m'a annoncé que je remarcherais » je relève mon regard sur Daniel  « Ne me demande pas pourquoi c'est une infirmière qui a fait ça, ça reste un mystère pour elle et moi » je rigole doucement puis hausse les épaules  « elle est vraiment gentille. Adorable et … super jolie » je comprends pourquoi on peut tomber sous son charme, reprenais-je pour moi, dans ma tête. Je ne suis même pas sûr à 100% si Daniel s'est ou non entiché d'elle. Mais je dois dire que maintenant que je connais Liv, ça ne m'étonne qu'à moitié.

Pourquoi évoquais-je le prénom de Liv ? N'est-elle pas une des raisons pour lesquelles ça a dégénéré entre Daniel et moi ? N'est-ce pas à cause de d'elle que j'ai perdu l'homme que j'aimais -et que, dans le fond, j'aime toujours- ? Non. Non ce n'est pas la faute à Liv, ni même celle de Daniel. On ne contrôle pas l'amour, notre relation en est la preuve ultime. Je n'aurais jamais pensé pouvoir ressentir quelque chose d'aussi fort pour une autre personne, un homme qui plus est. Mais là n'est pas la question.

Je vois bien que l'évocation du nom de la rousse semble destabiliser Daniel. Il ne le montre pas, mais il a quelques minuscules détails qui ressortent lorsqu'un sujet le met mal à l'aise ou autre. Son regard devient plus fuyant, le blanc de ses phalanges ressort un peu lorsqu'il enserre légèrement sa tasse et ce qu'il me sort signifie tout. Elle est marié. Et ça ne semble pas lui convenir. Je ferme un instant les yeux, cette déclaration me touchant plus que je ne l'imaginais. Mais j'essaie de passer outre ce sentiment et remercie secrètement Daniel de se lever à ce moment là. Au moins il ne remarquera sans doute pas ma réaction.

Lorsqu'il reprend la parole, c'est pour s'excuser à nouveau. Je relève le regard et lui souris.  «Deux excuses en même pas cinq minutes, t'es sûr que ça va ? » demandais-je avec humour avant de me pencher en avant et poser la tasse sur la table basse  «Je ne te dirais pas 'c'est pas grave' étant donné que je t'en ai réellement voulut et que ...voilà  » reprenais-je en relevant le regard sur Daniel  « Mais j'accepte tes excuses, encore une fois » je me déplace sur le canapé puis me hisse dans mon fauteuil.

Après avoir mit mes pieds en place sur le repose pied, je défais les freins et roule vers la cuisine. Là, je m'immobilise à l'entré et observe un peu le jeune homme puis soupire  « Daniel ?» demandais-je avant de baisser le regard et jouer nerveusement avec mes doigts  « Tu … on peut de nouveau être amis, au moins … ?» demandais-je finalement d'une petite voix. C'est tout ce que je demande, au final. Si déjà nous ne pouvons pas être ensemble, autant être de simples amis, non ?