“T’es sûre que t’as pas oublié ta brosse à dents ?”
“T’as prévu des médicaments ?”
“T’as tes billets ? Ton passeport ?”
“Rappelle-moi à quelle heure est ton vol.”
“Tu m’enverras des messages, hein ?”

Tu es chiante. Tu es étouffante. Mais t’en as rien à faire. C’est le fardeau à porter à Will pour t’imposer un départ. Un départ de son cul hors d’Australie, à la conquête de dinosaures qui méritent visiblement plus son attention qu’envers toi. Non, tu ne vas pas batailler ni être à la hauteur de l’importance d’une espèce qui est extincte depuis si longtemps. Une espèce qui te fascine aussi malgré toi parce qu’ils appartiennent à l’imaginaire mais que les os découverts au fil des décennies ne sont qu’une preuve tangible que si, ils ont bien existé. Mais là, ils t’emmerdent royalement, les dinosaures. Ils t’enlèvent ton meilleur ami, ton mari et cela deux jours après votre première année de mariage. Tu te sens presque trahie car la célébration a un petit goût amer dans la bouche. Will qui part, tu n’en as pas l’habitude ; ce n’est pas différent des autres personnes qui se tirent aussi dès que la première occasion se présente mais c’est différent parce que c’est Will. Will le casanier. Will qui préfère son chez lui au monde entier. Will sur lequel tu comptais pour ne jamais partir, ne jamais déloger, être ton point d’ancrage dans ce monde qui va et qui vient autour de toi.

Mais non, Will part et ça fait un mal de chien. Tu as beau être préparé à cette éventualité depuis des mois et savoir la date de son départ réel depuis des semaines, il n’empêche que t’as le cœur lourd et bredouillant quand tu te réveilles le jour du départ. Tu regardes le plafond avec dépit, avec une moue triste alors que t’as un blond de chaque côté qui ont l’air de dormir tranquillement pour l’instant. Venant de Jordan, c’est plutôt surprenant ; mais sachant que tu as tapé la conversation tard avec Will dans le lit, ton partenaire vous a rejoint assez tard dans la nuit - ou tôt dans la matinée, cela dépend du point de vue. Alors t’as d’abord tourné ta tête vers lui pour observer son joli visage endormi. Jordan va avoir le droit à son oiseau avec des sentiments aussi différents qu’opposés, oscillant entre la joie de son départ pour LA qui se rapproche et la petite tristesse de savoir Will loin d’elle. Mais ce n’est que deux semaines. Tu déposes un baiser sur le front de Jordan avant de te tourner vers Will. Lui, t’as envie de le pincer. C’est fou comme tu n’as même pas eu besoin du réveil pour ouvrir les yeux. Il faut dire que ton mari part en fin d’après-midi, tu as encore quasiment toute la journée pour l’emmerder royalement. Alors tu le regardes avec ton bras plié sa tête et tu piques son doigt plusieurs fois contre sa joue. “Will. Will. Will.” que tu répètes inlassablement. “T’as raté ton vol, je crois.” oh quelle garce que t’es. Il se rendra compte que tu te fous de lui quand il posera les yeux sur le réveil mais qu’importe - ça devrait le réveiller rapidement, n’est-ce pas ?

@will cadburry

« Appelle-les, dis-leur que j’arrive et de pas faire décoller l’avion sans moi ! » il bondit, il rentre, il fonce dans ta connerie comme un coq courant dans la gueule d’un tigre qui se tient juste devant lui. C’est hilarant à voir même si au final, tu le disputes silencieusement en lui tapant le bras car y’a Jordan qui dort et iel est si adorable quand Morphée l’entraîne dans son monde que tu ne veux pas qu’iel soit réveillé par vos conneries. Oui, c’est de ta faute mais toi, tu as été silencieuse donc Will pourrait faire un effort de l’être aussi. Tu as réussi à camoufler ton rire au milieu de tout ça malgré tout et ça, c’est un joli exploit qui n’est pas donné à tout le monde. Tu te manges un oreiller une fois, puis une deuxième fois et tu frappes ledit oreiller pour qu’il arrête de t’agresser alors que c’est justifié - non. « Espèce de menteuse ! Il est que dix heures trente du matin. » tu as la main qui se porte au cœur alors que tu le regardes se casser la figure comme un buffle à l’extérieur du lit. Il n’a aucune grâce, Will, mais par contre, pour quelqu’un qui vient de se réveiller, il a de la force - t’as sûrement réveillé son dragon interne en le faisant paniquer de la sorte et t’es vraiment fière de toi.

Même si pour l’instant, ça ne se voit pas car tu râles alors qu’il te tire hors du lit et, si ce n’est pas la chaleur qui te manque car c’est quand même l’été. Non, c’est vers la silhouette de Jordan que tu boudes car iel te manque déjà, ou alors tu veux le faire croire pour offrir deux onces de résistance à peine convainquant à ton mari qui te pousse par le dos. « Voilà, comme ça toi aussi t’es réveillée. “Pff.” t’évites de parler pour l’instant car tu ne veux pas réveiller ton amoureux ; t’apprécies de voir qu’iel recharge les batteries. Mais t’es vraiment pas désolée si Will n’a pas eu le temps de le faire avec les siennes. Il aurait tout le loisir de dormir dans l’avion. Et à l’hôtel. « Tu me fais des pancakes ? » “Avoue qu’au moins, ça t’a bien réveillé. Je suis un réveil hyper efficace.” alors que si Jordan te fait ça le jour de ton départ pour LA, c’est clair que tu le tues. Tu te laisses pousser jusqu’à la cuisine avant de te retourner pour taper ses mains. "Ça suffit, ouuuui! Je vais te les faire, tes pancakes, ok!” c’est une envie que tout le monde a en ce moment alors cette fois, vous avez tous ce qu’il faut pour en faire. Tu as même acheté une petite poële à pancakes en forme de coeur. En période de St Valentin, c’est encore mieux. Tu es romantique (niaise) comme ça. Et franchement, tu préfères que ton mari se foute de toi pour la forme de tes pancakes que de te rappeler qu’il va bientôt partir. Tu sors tout le nécessaire pour préparer la pâte. “C’est dommage que tu puisses pas prendre la lampe qu’on s’est offerte. Ca aurait été drôle de pouvoir la tester à une distance aussi longue.” de jolies lampes qui s’allument si l’autre la touche de l’autre côté de la ville. Joli cadeau de mariage de vous à vous. Mais de l’autre côté de l’océan, tu doute de son efficacité. “Qui s’occupe de Miaous ?” que tu demandes en mettant le beurre dans le micro-onde avant de t’occuper des œufs et du sucre dans le premier saladier. Ton téléphone, allumé sur une recette, est posé sur l’ilôt car tu n’as pas cette mémoire à retenir les recettes, aussi simple soit-elle.

Il ne fout rien d’autre que poser son cul directement sur le plan de travail pour te regarder faire. Non, tu es de mauvaise langue car il y a ton mug Hedwige qui trône à côté de la plaque de cuisson avec du café chaud. C’est au moins la moindre chose qu’il puisse faire, ce grand idiot qui s’en va jouer les scientifiques à l’autre bout du monde. Quelle idée d’être passionné de bestioles mortes depuis des milliards d’années - même si franchement, y aurait eu des dragons, tu aurais été pareille que lui, soyons honnête. Tout comme son incapacité à s’asseoir sur un tabouret ; non, ton mari préfère s’installer directement sur l’îlot, juste pour être sûr de choper son dû une fois les pancakes déposés dans le plat. Vous êtes mignons tous les deux - ce n’est pas votre premier rodéo, après tout. Vous en avez partagé des petits déjeuners - quand ce n’était pas un long repas sucré qui dure toute la nuit. Mais malheureusement, vous n’êtes plus tout jeune donc faire des nuits blanches est impensable à l’heure actuelle. Y’aurait limite que Jordan qui serait capable de cet exploit avec toi. Lui pourrait tenir. Mais toi, tu as un minimum à respecter.

« Au pire je t’appellerai à n’importe quelle heure du jour et de la nuit pour remplacer cette lampe. » au pire ? Tu fais un bruit qui ressemble à un couinement désagracieux et pas satisfait alors que tu frappes sa cuisse avec ta spatule. “C’est pas ‘au pire’. Tu m’appeleras, un point c’est tout. Si tu le fais pas, je le ferai, de toute façon.” parce que cette fois, ce n’est pas un abandon de deux ans, promis juré. Cette fois, c’est Will qui part, seulement pour deux semaines et il promet de revenir. Enfin, il n’a pas promis mais… Il reviendra. Y’a toutes ses consoles et ses collections, tous ses jeux et son ordinateur et, pas des moindres, il y a toi. La pièce maîtresse de son existence, oui oui - hey, vous avez vos bagues pour vous rappeler que votre amitié n’est pas factice. Elle n’est pas illusoire ; tu es sincèrement triste de le voir partir mais il t’a promis de te ramener un cadeau donc ça, ça va un peu se rattraper pour ton moral - il ne t’en faut pas beaucoup, au final. « Prim va s’occuper de lui. Je lui fais confiance, elle gère déjà avec Nutella. » tu lèves un coin d'œil et un demi-sourire à WIll. “Prim, hein. Ca se passe bien ? Mieux ? Vous avez pas… Repris du bon temps ensemble ?” tu ris de l’intérieur mais tu fais mine de rester un minimum sérieuse de l’extérieur car il ne faudrait pas que Will s’énerve ou se vexe contre toi pour vos derniers instants ensembles - il ne va pas mourir non plus. “Tant mieux, ceci dit. J’aime les animaux et je t’aime toi mais je suis pas sûre que j’aurai pu garder ton chien pendant deux semaines.” beaucoup trop de contraintes et dieu sait à quel point tu n’aimes pas ça. Tu as déjà assez à faire avec ton travail et le jardin que tu essaies d’embellir avec amour.

« Ooohhhh. » voilà que Will se lève alors que tu mélanges les ingrédients nécessaires, un oeil sur ton téléphone, une main menant ton mug vers tes lippes pour quelques gorgées alors que tu regardes ton mari prendre la poêle. Evidemment qu’il a vu et évidemment qu’il va trouver quelque chose à redire. « T’as acheté cette poêle pour moi ? » tu souris malgré tout - voilà pourquoi il va te manquer, ce con. « T’es a-do-rable d’avoir pensé à moi comme ça. Moi aussi je t’aime ma sauterelle paradisiaque. » tu relèves une mèche sur ton crâne quand Will vient t’embrasser sur la joue. “Mow, ça aurait mérité un petit bisou sur la bouche, non ?” tu tends vulgairement ladite bouche dans une forme de bouche de poule ridicule - ce n’est pas toi que ça choquerait sachant que c’est ce que tu as fait au restaurant le mois dernier. “Un petit souvenir de plus pour me rattacher à ton bon souvenir. J’ai si peur de t’oublieeeeeeer, Wiiiiiiiiiill!” que tu dis en t’agrippant à son bras, le visage marqué par un air surjoué de tristesse. “Tu m’as démasqué, ça a toujours été toi, je vais rompre avec Jordan sur le champ!” et c’est que tu continues dans ton délire, en plus. Même si tu glousses avant de grimacer car ces derniers mots ne sont pas si drôles que ça, à vrai dire. “Nan, jamais je ne pourrai quitter Jordan pour toi. C’est un grand brise coeur ce que je dis là, je sais, mais il va falloir être fort.” tu tapotes son épaule avec une expression compatissante - vous n’êtes vraiment pas amis pour rien, tous les deux.

« Ça va super, oui ! On baise comme des lapins, d’ailleurs tu m’en voudras pas mais avant de partir il va falloir que j’aille la voir. Deux semaines, ça va être long… » t’éclates de rire parce que ça pue le mensonge total et l’acte amplifié par les propos de Will qui se veulent ironiques au possible. Tu comprends son langage parce que vous parlez le même, tout comme tu ne peux pas comprendre à quel point Will est aussi peu intéressé par la chaire - notamment celle de sa colocataire. Totalement platonique, tu n’as jamais rien vu de mal à cela, pour ta part. Tu n’es pas franchement du genre à être regardante dans tous les cas. Mais tu es toujours contente de voir que Will sort parfois de sa zone de confort. Il lui faut juste le petit coup de boost dont il a besoin. “Oh mais c’est que tu dois être une bête de sexe, mon cher et tendre époux!” que tu t’exclames en levant la main et les yeux en l’air, le buste courbé avant de continuer ton rire adorable. C’est un point que tu ne veux jamais savoir si c’est vrai ou non. Enfin, en tout cas, tu ne comptes pas le vérifier par toi-même. Visiblement, tu préfères les blonds plus grands que toi et à l’oreille plus musicale qu’à l'œil scientifique. « C’est mieux comme ça et au moins Miaous reste à l’appart. En plus je crois qu’il a peur de toi, il me l’a dit il y a quelques semaines. J’ai essayé de le questionner pour comprendre mais il a été incapable de m’en dire plus. » tu bats la main en même temps que tu bats ta pâte. “Il sait que j’ai une préférence pour les chats. Il est juste jaloux.” une conclusion simple et rapide à établir dans l’éternel débat chien vs chat. Non pas que tu choissises car tu aimes les animaux, qu’ils soient à poil, à plume, à écaille, dans la mer, sur terre, dans les airs, qu’importe. Mais il faut bien avouer que tu as un attrait pour les fauves - et les chats sont clairement les plus accessibles à voir en direct.

Vient la grande scène où tu prétends vouloir rompre avec Jordan pour un crush inexistant envers Will - si t’avais eu un vrai crush, tu n’aurais pas attendu vingt ans pour le lui faire comprendre. « Allons, allons. Ressaisies-toi. » tu souris légèrement parce que malgré tes efforts, tu grimaces à l’idée de rompre avec Jordan, ça ne te plaît pas, tu ne veux pas y penser. Même Will serait triste pour toi - d’autant que ça serait lui qui récupérerait les pots cassés. Dieu sait que tu n’es pas évidente à vivre quand t’es malheureuse et brisée. Deux choses que tu n’es pas, aujourd’hui. « Ouais ouais. » te voilà en train de faire chauffer le premier pancake dans la poêle alors que t’as un sourire de coin. « C’est ce que tu dis maintenant parce que tu as bien vu que ton petit numéro n’a pas vraiment fonctionné sur moi. » tu arques un sourcil. “Mon petit numéro ?” car t’as eu le temps de lui faire des milliards durant toute votre existence commune, il va falloir qu’il soit plus précis. « Désolé, Barbie, t’es trop blonde pour moi je te rappelle que j’ai toujours préféré les brunes. » il n’est pas croyable. “Crois-moi, darling, si j’avais voulu te charmer, je t’aurai dans la poche plus rapidement que Quicksilver se faisant tirer dessus.” sympa, la référence, Cadburn. Tu n’as pas plus joyeux ? « C’est bien beau, on fait les cons mais en attendant les pancakes avancent pas. Je vais devoir partir et prendre l’avion le ventre vide si je fais un malaise tu l’auras sur la conscience. » tu lèves les yeux au ciel. “Fais gaffe ou tu risques de manger une poêle brûlante si tu continues.” que tu dis avec sarcasme en lui souriant grandement de cet air peste qui te va si bien.

“J’ai déjà assez de trucs sur la conscience comme ça, je vais m’épargner ça aussi.” tu retournes ton pancake en regardant le coeur un peu dégoulinant qu’il forme - c’est le premier, on te pardonne. “Tu vas vraiment me manquer, Will. Je sais que je vais être en apnée jusqu’à ton retour. Je me suis jamais totalement pardonnée de t’avoir lâchée comme une merde pendant deux ans. Je crois que c’est pour ça que j’angoisse le plus de voir les gens partir. Parce que je suis déjà partie et que j’ai failli ne jamais revenir. Je vous ai laissé, toi et la famille, sans mot, sans message, sans rien. Depuis que tu m’as dit que t’allais partir, j’ai cette peur panique en moi que tu veuilles me faire ce que je t’ai fait. Mais c’est pour ça que je vais t’harceler de messages et que je serai toujours disponible si t’as besoin de moi. C’est con et c’est idiot parce que c’est moi la lâche. C’est moi qui vous ai abandonné.” tu soupires légèrement en ôtant le pancake que tu n’as pas lâché des yeux pour mettre à cuire le prochain. “Au final, j’ai fait ce que j’ai toujours peur de subir en retour ; d’être abandonnée. C’est plutôt ironique.” ironique et triste mais tu n’as pas eu la sensation d’avoir eu beaucoup le choix à l’époque. Tu passes le bout de ta langue sur ta lèvre supérieure avant de relever les yeux vers ton mari. “Donc crois-moi, ma conscience est déjà assez blindée comme ça.” que tu finis par dire avec un léger sourire mélancolique ; oui, Will a parlé sur le ton de l’humour mais toi, t’as voulu être sincère pendant deux minutes. Qu’il réalise la portée de son départ. Que ça te touche réellement. Que tu es contente mais que tu sais que tu vas pleurer quand même. L’oisillon quitte son nid. Mais il reviendra, quoiqu’il arrive. Parce qu’il n’est pas lâche, Will. Il est bien plus courageux que toi à bien des égards.

« Bien sûr que je le suis. » tu aimerais presque voir ça mais… Non, tu ne préfères pas quand même. Il y a des limites avec Will et tu l’aimes trop en plus de le respecter plus que n’importe qui sur cette planète pour songer à ces images-là. Le considérant comme un frère éloigné de ta personne, c’est presque incestueux d’avoir ce genre de pensées. Et puis, il y a un imaginaire constant qui imagine toujours Will aussi pur et aussi innocent alors que tu as très bien conscience qu’il a été marié pendant longtemps et qu’il y a eu des conquêtes l’an dernier - deux, mais c’est déjà de plus que l’an d’avant… Non ? « Je vois pas pourquoi cette idée te semble si folle. » tu te contentes de pouffer un peu plus de rire parce qu’il sait que tu sais qu’il bluffe totalement. Tu tapotes sa cuisse en souriant. “Pour ça que ta femme est allée voir ailleurs, hein.” en tout cas, à tes yeux, c’est une belle excuse pour tromper l’autre. Tu n’as pas de problème avec Jordan pour ça ; iel est excellent dans ce domaine. Ce n’est pas toi la gourde qui ira chercher un meilleur pieu ailleurs. « Ta scène théâtrale quand tu m’as dit que tu allais quitter Jordie pour mes beaux yeux. » oh, ça. “Tu m’as percé à jour.” que tu dis en remontant la main contre ton front. « Non je ne pense pas. Désolé de briser tes rêves. » oh toi, t’es persuadée que si. Mais vous vous voyez trop comme les meilleurs amis du monde que vous êtes pour être sérieux dans vos propos. Car quand tu as la volonté, tu persistes. Qu’il demande à Jordan. Ou même à Heather.

« T’as quoi sur la conscience ? » voir le pancake en forme de coeur complètement déformé t’inspire. Une pâle image de ton ressenti sur ce qui te pèse, toujours et constamment dans un coin de ta tête et sur tes épaules. Tu te rappelles de ta lâcheté, de ton abandon, de ta fuite nette et pure de la ville. Tes raisons furent légitimes mais ce n’étaient pas des excuses pour autant. Tu es partie après un mariage et tu es revenue pour un mariage. Cela est assez ironique quand on y pense. « Je ne pourrais jamais te faire ça. » tu serres la mâchoire parce que “je sais” car il n’est pas lâche ni stupide comme toi. Il est loyal et il tient à toi. Dieu seul sait que toi aussi. Même si tu n’as pas été capable de le montrer pendant quelques années. En jouant la morte. « Tout le monde fait des erreurs Bird, personne n’est parfait pas même toi. » tu ne quittes pas ton pancake des yeux, tu le retournes quand tu vois les petites bulles commençant à éclater. Evidemment que tu n’es pas parfaite - le monde courerait à sa perte sinon. “J’aurai quand même aimé avoir fait de meilleurs choix. Venir te voir, te parler, avouer à quel point j’étais misérable.” accepter ce qui t’es arrivé, ou au moins le réaliser. Apprendre à vivre avec, panser tes blessures, ton mal-être. Porter plainte - tu aurais pu, tu sais où ton aggresseur habitait. Ou squattait, en tout cas. La culpabilité t’a rongé ; tu avais un devoir à faire. Celui de protéger d’autres potentielles victimes ; mais tu n’as pas réussi à franchir le cap. Que des regrets d’une conscience alourdie. Mais tout ça, même encore aujourd’hui, tu n’arrives pas à en parler. Tout simplement parce que tu ne l’as jamais assumé. Ni accepté, quand bien même ce ne sont pas des choses que l’on accepte mais avec lesquelles on vit au quotidien. « Tu sais que tu es l’une des personnes les plus importantes dans ma vie. Si c’est pas la plus importante, j’ai déjà vu ce que donnait ma vie sans que t’en fasses partie et crois-moi j’ai pas vraiment envie de renouveler l’expérience. » tu mords ta lèvre car c’est rare de vous voir aussi sérieux. C’est aussi rare d’entendre Will ne pas rebondir de façon légère, bien au contraire. Ses mots te touchent et te rassurent.

Tu as le temps d’enlever le pancake pour mettre le suivant, mieux réussi visiblement, que ton meilleur ami, le meilleur du monde, vient te prendre dans ses bras. « Je t’aime, l’oublie pas. » ta spatule toujours dans la main, tu plaques ton visage contre son épaule alors que ton bras libre va autour de lui. Tu n’as pas besoin de le dire, Will le sait. Mais ça se touche autant que ça te surprend de l’entendre dire ces mots. « Et tu vas vraiment me manquer toi aussi. J’aurais bien aimé pouvoir t’embarquer avec moi. » tu serres tes dents encore un peu plus mais tu renifles légèrement malgré tout. Quand tu te redresses, tu essuies ta joue en retournant ton pancake. “Ton côté sentimental me surprendra toujours.” que tu dis pour briser un peu ce moment bien trop sérieux. Mais tu tournes malgré tout ton attention sur lui, un franc petit sourire sur tes lèvres malgré la petite mélancolie de ton regard. “Mais ça fait plaisir à entendre. Je t’aime aussi, tu le sais. J’aurai pas pu trouver meilleur mari.” et ça, c’est assez étrange à entendre vu ta situation amoureuse mais tu te comprends en disant ça ; Will est là depuis ta naissance (plus ou moins) et il sera là jusqu’à vos derniers jours. Même si tu es amoureuse de Jordan, Will est une présence solide, loyale, nécessaire et toujours fidèle. Il est irremplaçable, tout simplement. “Même si je suis sûre que tu vas me détester quand on sera à l’aéroport.” parce que tu sais d’avance que tu vas l’étouffer et ne pas le lâcher jusqu’à la dernière minute.

T’as eu la surprise d’un Will dans ton lit quand t’es venu enfin te coucher. Tu es resté très tard au téléphone hier - tout à l’heure? - c’est ça de travailler avec des gens qui sont à l’autre bout de la planète. Vous avez encore des trucs à voir avec ton collaborateur le lendemain. C’est d’ailleurs son appel qui te réveille ce matin là. Tu as configuré ton téléphone pour que le mode ’ne pas déranger’ se désactive si tu reçois un appel de certains numéro. Tu n’aurais pas cru qu’il appellerait si tôt et t’es assez grincheux parce que tu n’as clairement pas assez récupéré. C’est toujours quand tu dois te réveiller à une horaire contre ta volonté que ton corps a l’air enclin à dormir bien et longtemps.

Tu sors de la chambre, vêtu d’un boxer et tu essaies d’enfiler un t-shirt en même temps mais tu galères parce que comme tes yeux sont pratiquement totalement fermés toujours, c’est un t-shirt de Birdie que tu as pris. Bien sûr il est trop petit. Arrivant dans le salon te rendant compte que tu as loupé l’appel car tu as mis trop longtemps à répondre. Mais c’est pas grave, tu vas le rappeler dans cinq minutes. Juste le temps pour toi de prendre à boire, du chocolat et descendre dans ton studio. Tu es coincé dans le tshirt que tu persistes encore à vouloir enfiler. Heureusement tu connais ta maison par coeur et tu n’as pas besoin de tes yeux pour te diriger. “Mais ça fait plaisir à entendre. Je t’aime aussi, tu le sais. J’aurai pas pu trouver meilleur mari.” Tu entends Bird mais tu ne la vois pas parce que tes yeux bien que à moitié dans le t-shirt, sont de toute manière encore fermés. “Même si je suis sûre que tu vas me détester quand on sera à l’aéroport.” Tu l’entends plus fort alors que tu te diriges vers la cuisine, ça veut dire qu’ils sont là, tous les deux. Car oui tu te souviens que Will est là et visiblement ta pudeur n’es pas un problème là car ton torse est carrément visible vu comme t’arrives toujours pas à mettre le t-shirt. Ta tête est passé dans le col mais pas ton bras et tu tiens ton téléphone de l’autre. T’as vraiment la tête dans le cul au point d’embrasser le dessus de la tête de Will alors que tu voulais viser Birdie. Tu t’en rends compte parce que l’odeur des cheveux ainsi que la texture n’est pas la même et puis tu captes la forme de ta moitié à côté. Tu embrasses le dessus de sa tête en guise de bonjour. Passage obligatoire quand tu te lèves de ton lit et qu’elle est là. Tu te détournes ensuite pour choper une brique de jus de fruit dans le frigo. Ton téléphone sonne déjà de nouveau ça te fait ouvrir les yeux et faire les choses un peu plus rapidement. C’est donc en boxers, avec le t-shirt autour de ton cou, un téléphone où tu cherches le bouton pour décrocher et un jus de fruit sous le coude que tu files de la cuisine direction ton studio pour la suite.

Spoiler:

« Quoi ?! Tu me trompes ? »
“Tous les jours. Plusieurs fois. Dans différentes positions.”

Will va te détester car ce sont des informations réelles mais encore une fois, c’est son châtiment pour être aussi con. Tu rigoles de ta bêtise qui s'ajoute à la sienne, vous faites une paire tellement excellente et unique. Ton mari n’est pas idiot, il sait très bien ce que t’as voulu dire mais il préfère passer ça sous l’humour et le dérisoir. Quelque chose que tu peux comprendre et qu’en plus, ne t’étonne pas venant de lui. C’est que ça pique toujours autant, il faut dire. En tout cas pour Will. Son amour propre en a pris un sacré coup. Alors que toi, petite peste qui dira que ça sentait le roussi cette histoire depuis le début, tu le vis très bien. Une de perdues, dix de retrouvées. D’où l’intérêt de Tinder. « J’ai toujours été doué pour la legilimancie. » “C’est ce que t’aime croire, ouais.” que tu affirmes en le regardant avec un sourire de coin, peu convaincue pour ta part. C’est juste qu’il te connait bien et qu’il a bien compris que ton histoire avec Jordan n’est pas du flanc. T’habites avec lui, après tout, ce n’est pas rien, toi qui n’as jamais atteint ce niveau auparavant.

« Au moins si un jour je réussis à inventer une machine à remonter dans le temps, tu sais ce que tu changerais. » t’as un bref petit sourire en baissant les yeux sur le pancake qui commence à noircir sévèrement. Il y a d’autres choses que tu changerai. Comme la raison qui t’a poussé à partir de Brisbane. Sans cet évènement tragique dans ton être, tu n’aurai pas été mieux en fuyant. Tu aurais peut-être gardé ton optimisme, ta naïveté, une certaine innocence. Et tu n’aurais pas abandonné Will pendant de trop longs mois. “Je suis une Gryffondor ; c’était prévu d’avance que j’allais être amenée à avoir des décisions irrationnelles et spontanées, et sûrement stupides.” tu es une téméraire, tu agis avant de réfléchir, tout l’inverse de Will. De Jordan. Deux beaux aigles qui ne peuvent qu’admirer la lionne qui passe son temps à emmêler sa crinière dans les problèmes. C’est poétique. « M’en parle pas, j’angoisse d’avance. » un sourire un peu plus franc se forme sur tes lèvres alors que tu sors le pancake cramé sur une autre assiette - pour toi, car ça ne dérange pas de manger du trop cuit, bien au contraire. “Faut bien que je serve à quelque chose. T’emmerder est un travail à plein temps.” d’autant que Will sait très bien de rendre la pareille et ta vie serait d’un ennui mortel sans lui dans les environs.

Tout comme Jordan qui se pointe, silencieux de celui qui vient de se réveiller avec sa tronche matinale et ses cheveux dans tous les sens - adorable, attrayant, magnifique, t’es pas objective, t’as les yeux en coeur, tu t’en fous. « Mon Jordie d’amooooouuuuur. » d’autant qu’on voit son torse et qu’iel a l’air de galérer à mettre son shirt mais… C’est le tien, non ? Putain, ton partenaire va te niquer un tee shirt sans même s’en apercevoir. Mais quand Jordan s’en va embrasser le sommet du crâne de Will, là, tu dis qu’iel ne s’aperçoit de rien du tout pour de vrai. L’exemple même de la tête dans le cul. Qui vient quand même t’embrasser toi aussi et t’embrasser son torse qui est juste là en guise de salutation, ta main allant caresser son dos brièvement avant qu’iel ne se détourne pour le frigo, tel un automate. “Tu veux pas un pancake ?” mais Jordan trace sa route et… “Okay, je prends ça pour un non.” sûre que si tu lui présentes une petite pile remplie de chocolat sous le pif, ça sera dévoré en moins de deux secondes. « Toi aussi tu vas me manquer ! » tu secoues la tête en souriant, tournant un autre pancake dans la poêle. « Ça doit te voir plaisir de voir à quel point ton mari et ton partenaire s’entendent à merveille. » tu roules des yeux. “Tellement que je me sens presque de trop parfois.” avant de sourire encore plus fort. “A vrai dire, totalement. J’aurai pas pu supporter que les deux nigauds les plus importants de mon existence ne s’entendent pas… Ce que t’as vécu, en faites.” que tu réalises, encore. Toi, ça t’amusait, mais du point de vue de Will, ça devait l’être beaucoup moins. “C’est déjà assez chiant que Jordan aime pas Heather alors toi… Je crois que j’aurai fait du vaudou et des incantations pour vous forcer d’une façon ou d’une autre.” et le pire, c’est que t’es sérieuse en disant tout ça.

« Vous foncez tête baissée sans trop réfléchir. » Est-ce que ce n’est pas là la définition même de Birdie Cadburry ? Il faut bien avouer que quand tu as fait le test le plus sérieux du monde, aka Pottermore, et que tu as vu les couleurs rouge et or s'afficher, tu es restée bouche bée. Tu ne savais pas vraiment à quoi t’attendre mais certainement pas à ça. Mais avec le temps et le recul, c’est la plus parfaite des maisons pour toi. Irréfléchie, tempétueuse, fonceuse, irresponsable, casse-cou, autant de qualités que de défauts selon les points de vue qui font de toi la plus fière des lionnes. “Pour ça que j’ai besoin d’un Serdaigle dans ma vie pour réfléchir à ma place.” Que tu dis d’un ton mieilleux, comme pour brosser ton mari dans le sens du poil avant qu’il daigne à être moins ronchon - même si la conversation est clairement plus sentimentale et que Will paraît tout aussi doux que toi pendant quelques minutes. « T’es perdue sans moi de toute façon. » Tu arques un sourcil en retournant grossièrement le pancake dans la poêle. “La réciproque est aussi valable. Tu t’emmerderai sans moi.” Parce qu’il n’y a que toi pour séparer son derrière de son canapé pour lui faire voir un peu le monde. Même si là, le petit aigle va s’envoler loin du nid par ses propres moyens et ça te fait grincer des dents - tu n’aimes vraiment pas ça. Mais comme c’est le rêve et l’ambition ultime de Will depuis des années, tu es aussi contente. Quand même. Un peu. Beaucoup. N’exagérons pas.

« Ouais je comprends, il y a une certaine alchimie entre nous. Tu peux pas comprendre. » tu pouffe de rire tout en roulant des yeux. Tu te mords aussi la lèvre pour t’empêcher de dire une bêtise que Will n’apprécierait pas - et Jordan non plus, d’ailleurs, parce que c’est totalement indiscret. Comme quoi, tu peux être pudique et discrète quand tu le veux. « Sauf que moi je suis adorable et attentionné et que jamais je me comporterais avec Jordie comme toi tu étais avec Sofia. » Tu fais la moue alors que t’enlèves le pancake pour le mettre sur la pile de l’assiette que tu tends à Will. “Mange tant que c’est chaud. Il doit y avoir du sirop dans le frigo ou du chocolat liquide sous le placard là-bas.” T’es déjà en train de faire ton autre pancake pour ta propre assiette - ça te donne faim, tout ça. « La seule personne qu’Hannah aime, c’est elle-même. » De ta spatule, tu frappes Will au bras. “Tais-toi un peu.” Il ne va pas s’y mettre lui aussi. Qu’est-ce qu’il en sait alors qu’il ne l’a vu qu’une seule fois pour l’instant. « T’inquiètes pas je le protégerais comme si ma vie en dépendait. » Là, tu as une moue pensive alors que tu regardes vers le haut, ton doigt tapotant ton menton. “Mmh… Je préfère que ce soit moi qui le fasse. Je me fais plus confiance en bouclier que vous tous réunis.” Evidemment. Tu es celle qui protège et qui se bat. Cela n’a rien d’étonnant. “J’ai fait des efforts avec Sofia. Ce n’est pas de ma faute si tu as plus de points communs avec Jordan que moi avec elle.” Enfin, en tout cas, ils aiment tous les deux les desserts, bébé Yoda et dormir avec toi, c’est déjà ça, non ? Et la musique. Will joue, Jordan aussi - tu as beaucoup trop de musiciens dans ton entourage. “Je suis adorable et attentionnée. Quand je le veux.” Que tu marmonnes dans ta barbe en remettant de la pâte à cuire. “Mais quand il s’agit des histoires de cœur de mon meilleur ami, je dois être vigilante.” Tu ne vas pas lui brandir sous le pif et pour la énième fois depuis son divorce, le bon vieux “je t’avais prévenu” mais tu le penses fortement. Le passé est le passé et maintenant, c’est l’avenir qu’il faut visualiser. Pas trop non plus car il ne faut pas oublier le moment présent.