Ca fait deux semaines que j’ai pas mis les pieds en dehors du terrain vague. Deux semaines que j’entends plus la radio parce que ça commence à craindre beaucoup trop dehors. J’ai l’impression de vivre dans une autre dimension, ici au terrain, personne n’a rien, tout le monde est encore en vie et se porte bien. On a érigé une espèce de barricade et foutues toutes les voitures dans l’entrée pour que personne ne puisse rentrer sans montrer pate blanche. Ici, les hommes et les femmes qui vont et viennent doivent limite se foutre à poil pour pouvoir mettre un pied dans notre camp. La moindre trace suspect exige de se foutre en quarantaine, d’être sous haute surveillance pour voir si on devient pas un de ces monstres bouffeur de cerveau. Si j’avais cru qu’un jour ce serait Zombieland ici… « Jina ! » c’est Marc qui frappe sur ma caravane avec ses grosses mains toutes sèches, il a plus de corne que tous les autres hommes réunis, ça fait tout trembler. Pour sure que lui, s’il se fait mordre, il à rien à craindre. « Quoi ? » je lance en ouvrant la porte de ma caravane, mettant un pied dehors. C’est la gerbe qui me prend tout de suite quand je vois que ma mère est juste devant mes yeux. Non, c’est pas ma mère, c’est ce qu’il en reste, une balle plantée dans le crâne alors que son épaule est complètement déboité. Je lui vomi dessus sans pouvoir me retenir. « Espèce de connard ! » que je lance en fonçant sur Marc, c’est quoi son putain de problème à lui ? Je m’agenouille par terre, touchant le visage de ma mère ou plutôt ce qu’il en reste. « La touche pas, tu sais pas c’que ça peut faire ! » le regard que j’lui lance veut autant lui dire d’aller s’faire foutre alors que mes yeux se remplissent de larmes. Ma mère, c’était tout c’qu’il me restait.

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Tous des connards, ca règne en bon bonhomme, c’est devenue une dictature où t’as plus rien l’droit de faire. J’ai l’impression qu’ils prennent même du plaisir à enfoncer leur lame de couteau dans des crânes. Des vautours. Ca fait deux semaines que j’suis partie, mon sac à dos sur les épaules sans vraiment savoir où j’pouvais aller. On m’avait dit que ce serait pas une bonne idée d’aller à Brisbane mais c’était là que j’voulais être. J’voulais m’assurer de ne pas partir avec d’être sûre que personne ne soit encore en vie. Angus, Cait, Lena, Seth, tout l’monde. Mais j’avais surtout croisé personne.
Je faisais peur à voir, mon jean était trouvé de partout, on voyait même mon boxer à travers à force de me faire accrocher par des barbelés. Il était plus tellement bleu, il tirait plutôt vers le noir alors que mon slip était rouge ruby. Un contraste qui finirait bientôt par ne plus se voir non plus, ca fait combien de jour que j’ai pas changé mes fringues ? Trop longtemps. Je pue tellement que je ne sens plus rien. Mon t shirt est tâché de sang, du rouge qui vire au brun. J’aurai du mettre un truc foncé, du noir plutôt que ce vert clair. Comme si j’avais réellement ouvert mon armoire pour choisir ma plus belle garde-robe. Heureusement que j’ai des DocMartens, si j’avais mis au moins un an à ne plus avoir mal aux pieds avec, maintenant, c’était comme si j’avais des chaussons aux pieds et avec ça, j’étais sûre que rien ne puisse me faire mal aux pieds à présent. « Putain ! » pile au moment où mes yeux se posent sur mes pompes, un oiseau me chie dessus. C’est pas sérieux ça ?! Je lève les yeux au ciel, éblouie par le soleil, d’ici peu, il sera bientôt recouvert par les nuages menaçants qui arrivaient droit depuis l’est. « eh merde ! » je souffle en poursuivant mon chemin, ce serait pas mal si j’arrivais à trouver un truc à manger. J’vais bientôt etre obligée de m’introduire dans des propriétés privées et la dernière fois que j’avais fais ça, j’étais tombée sur trois bonhomme trois fois plus grand que moi qui avaient bien faillit faire de moi leur quatre heure.


@Kieran Halstead

Il a un peu perdu la notion du temps, Kieran et ce n’est pas un mal car s’il avait conscience du temps écoulé depuis le début de cette foutue apocalypse, il paniquerait encore plus qu’il ne le fait d’ordinaire.  Personne pensait qu’il tiendrait plus de vingt-quatre heures et le voilà, longtemps après (on a dit qu’il avait aucune notion du temps), toujours debout et toujours vivant. Et, pour être honnête, c’est une sacré surprise qu’il le soit encore quand tant d’autres autour de lui ont péri. Des gens bien plus adaptés à cette nouvelle vie – mais il faut croire qu’avoir de grandes jambes, une sacré lâcheté et les talents d’un nerd sont finalement bien plus utiles que prévus. Quoi qu’il en soit, Kieran paniquerait s’il savait que le temps qui passe le rapproche inévitablement de sa mort et, surtout, de la fin de l’humanité. Il conserve un maigre espoir de trouver une communauté qui a su survivre et à partir de laquelle le monde pourrait renaître de ses cendres (il aide volontiers à la procréation, c’est un peu le problème quand on est aussi timide, ce motif reste aujourd’hui sa dernière chance de ne pas mourir puceau) et, surtout, dans laquelle il pourra s’intégrer (et plus particulièrement dans les membres féminines de la communauté). Mais il n’a pas encore eu de chance depuis qu’il est seul et il perd chaque jour cet espoir, malgré son désir de s’y accrocher. Le monde est condamné, ça semble de plus en plus évident et ce n’est qu’une question de temps avant que la race humaine ne soit définitivement plus qu’un lointain souvenir.

Il n’a pas plus d’idée quant à l’heure qu’il est alors qu’il s’est barricadé dans cette maison il y a de ça trois mois (ressenti : trois ans, mais eh, l’avantage de n’avoir aucune idée de la réalité). Les stores sont fermés, les rideaux bien tirés, aucune lumière extérieure ne vient jusqu’à l’intérieur par peur que le monde puisse découvrir son existence. Il ne prend pas non plus le risque de magouiller les circuits électriques (alors qu’il le pourrait, l’avantage d’avoir piqué la maison d’une star, c’est qu’il y a un générateur) pour les mêmes raisons. Celui-ci lui a servi à faire fonctionner l’électricité pour désactiver l’alarme quand il s’est introduit ici et désormais assurer la sécurité de la maison : tout est barricadé et l’énorme portail qui entoure cette baraque de riche est sa plus belle défense contre les intrus. Il a branché une ou deux caméras, les principales, pour avoir une vue d’ensemble sur la rue devant la maison et sur le jardin derrière lui ; histoire de s’assurer qu’aucun intrus ne viendrait le déranger et dans le cas contraire, s’enfermer dans le bunker au sous-sol ou fuir (c’est même plus probable). Ces caméras lui servent aussi à épier, façon Fenêtre sur Cour, quand il aperçoit la silhouette d’une jeune femme (il n’en a pas vu depuis très longtemps, pardonnez-le d’être un peu trop enthousiaste) dans la rue. Il ne peut s’empêcher de rire face à sa mésaventure, et comme il a le cœur sur la main (et beaucoup d’énergie à dépenser avec ce générateur et le fait qu’il est le seul à l’utiliser avec parcimonie), il fait quelque chose qu’il n’a pas fait depuis longtemps : il met le nez dehors. Bien sûr, il s’est assuré de surveiller les alentours, mais elle a l’air d’être seule, cette fille – dans quel cas, même la plus belle paire de boobs ne l’aurait pas fait sortir de chez lui par peur d’être attaqué. Kieran n’est néanmoins pas assez con pour se jeter dans la gueule du loup et il reste à bonne distance, bien caché dans l’immense jardin de la demeure, le nez sur la télécommande du drone auquel il accroche un paquet de mouchoir et une bouteille d’eau qu’il dirige vers la jeune femme. La caméra de l’appareil lui permet de vérifier une chose : elle rend encore mieux à l’image qu’au travers de la caméra placé dans la rue, oui. Et oui, même l'apocalypse ne l'a pas privé de sa charité qui ressemble à de la naïveté.

@Jina Crawley  

Savoir choisir la maison dans laquelle s’introduire, c’était pas donné à tout le monde et surtout pas donné à moi. J’ai toujours fais mauvaise pioche jusqu’à maintenant. Soit parce que les proprio ont tout pris avec eux en partant, soit parce que quelqu’un d’autre était déjà passé par là, soit parce que c’était infesté de zombie et que je prendrai trop de risque à m’y engouffrer. Je savais pas tirer au pistolet et contrairement aux films américains, ca cour pas les rues ici. Je connaissais pas de chasseur chez qui je pourrais aller voler un fusil et la blinde de cartouche. Ma seule défense, c’est mes jambes et le canif que j’ai dans la poche, qui me sert autant à ouvrir des conserves qu’à graver des trucs à la con dans des poteaux en bois et qu’à défoncer des portes d’entrées.
Je m’arrête devant cette grande villa, le portail est haut, les grilles sont bien pointues, ca a l’air d’être intact de l’autre côté mais j’ai aucune foutu idée de comment je pourrais passer sur ce gazon presque impeccable sans finir embrochée sur un pic. C’est pas l’idée de me tuer, mais j’suis persuadée que la bas, y a de quoi manger et peut être même encore un peu d’eau courante dans les tuyaux. Peut être qu’en faisant le tour de la propriété, je trouverai une faille… qui sait. Je fais alors quelques pas, quitte à aller chez les voisins, dont le système de sécurité est bien moins élaboré, pour prendre un peu de hauteur et y voir plus clair. Sauf qu’avant de pousser la porte du portail en fer encore ouvert, j’entends un bruit qui souffle au dessus de mois. Je fais un bon en avant pour me cacher derrière une voiture et quand je lève les yeux, je vois un … « un drone… ? » bordel, c’est quoi ce truc. Y a une bouteille d’eau et un paquet de mouchoir accrocher. Je me redresse, en espérant que ce truc n’allait pas attirer l’attention sur moi. Je jete quand même un coup d’œil autour de moi, de nous ? pour voir si je suis toujours en sécurité. Ou du moins, pas trop en danger. De mon mètre cinquante, je suis obligé de sauter pour attraper l’engin et surtout l’eau qui en pend. Première tentative échouée. « Descend, bordel ! » je souffle et saute à nouveau, les bras tendus, encore un échec. J’vais finir par m’enerver et si jamais j’arrive à chopper cette merde, j’vais la balancer loin d’ici. « Vien… par … ici ! » ca y est ! la bouteille est dans mes mains, je l’arrache, rien à foutre du paquet de mouchoir ! j’veux de l’eau, ca fait trop longtemps que j’ai pas bu de l’eau en bouteille, ce luxe ! ca fait trop du bien. L’eau me coule dessus, mouille mon cou et même mon t shirt mais ca m’est égal. Au moins, ca rafraichi aussi « Y a quelqu’un ? » y a qui, aux commandes de ce truc ?

Bon, d’accord, il avoue tout. Il aurait certainement dû attendre plus que quelques minutes pour envoyer son drone à la rescousse de cette demoiselle en détresse (pour une fois que ce n’est pas lui, la demoiselle en détresse), afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un piège. Il a vu toutes les saisons de The Walking Dead quand le monde était encore normal, il sait très bien que ça pourrait être le début d’une sale histoire. Il le sait, et ça ne l’empêche pas de foncer tête baissée parce qu’il n’a pas vu d’humains depuis très (trop) longtemps. La dernière fois qu’il s’est essayé à sympathiser avec quelqu’un qui passait dans la rue, ça remonte à plusieurs semaines déjà et l’adorable invité (pas du tout) lui a caché qu’il s’était fait mordre par un putain de zombie. Kieran n’a pas eu d’autres choix que de l’enfermer à la cave et d’attendre que le temps fasse son œuvre. Bon, puisqu’il s’agit de Kieran, il s’était bien gardé de préciser son plan et s’était contenté d’inventer un bobard pour que le type le suive jusqu’à la cave où il lui était passé à côté en courant pour mieux refermer la porte derrière lui. Il avait crié seulement quatre jours, dix heures, vingt-trois minutes et huit secondes avant que ce soit un drôle de grognement qui remplace les hurlements d’agonie et Kieran, incapable de tuer même pour se sauver, avait eu une merveilleuse idée : se démener pour trouver du béton et condamner la cave plutôt que d’avoir à se salir les mains. Oui, n’allez pas chercher la logique dans son attitude, il y en a pas. Comme il n’y en a pas quant au fait d’avoir prêté main forte (drone fort) à cette jeune femme simplement parce que BORDEL, UNE FEMME, CA EXISTE ENCORE.

Et ça pue vraiment le piège quand elle saute sur place pour attraper le drone et qu’à des mètres de là, Kieran écarquille les yeux en observant la caméra avant de détourner la tête, l’impression d’être un peu trop un voyeur quand même. « Y a quelqu’un ? » Il a détourné la tête deux secondes et quand il reporte son regard sur la caméra, elle a le visage et (surtout) le t-shirt mouillé. Même à des mètres de là, les joues de Kieran se teintent de rouge alors qu’il baisse la tête. « Euh oui coucou. » Il finit par bafouiller en activant le micro (jsp s’il y a des micros sur les drones on va dire oui c’est une ua merci). « Le mouchoir c’était pour ta crotte de pigeon sur la tête... » Il souligne, un peu déçu que sa gentillesse n’ait pas servi (mais pas déçu du reste, pardonnez-le). « T’as besoin d’autre chose ? » Non, vraiment, pour quelqu’un qui a passé des heures à regarder des séries sur les invasions zombie, il n’a retenue AUCUNE leçon. Limite il pourrait lui donner les clés de la demeure et lui lécher lui-même sa crotte sur la tête, voyez-vous. Il y a vraiment des mystères dans ce monde et la survie de Kieran Halstead en fait partie.

« Euh oui coucou. » je me retourne, fais un tour sur moi. Je vois personne alors que cette voix est bien trop proche de moi. Mon cœur commence à battre à milles à l’heure et je suis aussi enervée d’avoir ce sentiment de pas contrôler la situation. Quelqu’un est en train de se jouer de moi et j’apprécie pas. « Le mouchoir c’était pour ta crotte de pigeon sur la tête... » BORDEL c’est ce foutu drone qui me parle. Je relève encore la tête. Quoi ? J’ai une crotte de pigeons sur la tête, en plus d’en avoir une sur mes pompes ? Je refais un saut pour chopper les mouchoirs et cette fois, j’y arrive du premier coup. Je les décroche du truc qui vol et d’où la voix me parle. « Merci. » je souffle en prenant un mouchoir que je passe sur ma tête. Putain, une douche, pitié, donnez-moi une douche ! « T’as besoin d’autre chose ? » OUI ! « t’es qui ? » j’avais encore jamais fais la conversation à un objet électronique comme ça. « J’me suis endormi pendant trop longtemps et maintenant, c’est les machines qui ont pris le contrôle ? Est-ce que au moins, les zombis ont fini par tous être éliminés ? » je frotte toujours ma tête après avoir un peu mouiller le mouchoir cette fois, pas trop d’eau non plus, l’eau c’est précieux. « T’es là-dedans ? » que je dis en pointant la grande villa. Il a plutôt intérêt à y être ouais, que de me dire qu’il est dans le taudis juste à côté. « j’me fou à poil si tu veux t’assurer que j’suis clean avant d’me laisser entrer, mais j’ai l’impression que ça a l’air plus cool la dedans. » plus safe, plus chaud, plus confortable, plus tout, que du positif.
Je reprends ma marche, pour prendre de la hauteur et voir de l’autre côté du portail, le drône me suit. « Arrête de faire ça et contente toi de me dire comment entrer ! J’suis toute seule, tu vois bien, j’vais pas te faire de mal. » j’suis qu’une nana sans défense, il parait. Et lui, a entendre sa voix, il a pas l’air d’être un vieux croulant, c’est déjà ça. « J’m’appelle Jina. S’te plait… » que je dis en jetant un œil à ce drône avec un air qui implore sa pitié. « j'ai la dalle, je pue et j'ai mal partout, ca te convient? »

« Merci. » C’est pour lui, ça lui fait plaisir. Ça lui a coûté un paquet de mouchoirs qui ne serviront pas à ses séances de masturbation quotidiennes, c’est donc un geste hautement symbolique qu’il fait là et il est ravi qu’elle l’apprécie à sa juste valeur, suffisamment pour le remercier. Et il n’a pas assez binge-watché Dead Set pour savoir qu’offrir l’hospitalité n’est pas une bonne idée et qu’être coincé avec quelqu’un qui veut vous buter, ça peut être très compliqué, mais eh, Kieran est faible et en a marre de discuter avec les tableaux de maître que le précédent occupant des lieux possède (merci Hugh Jackman, Wolverine et certains navets ont au moins servi à quelque chose, belle contribution à l’humanité). « t’es qui ? » Est-ce qu’il doit réellement révéler son identité ? C’est pas comme si c’était dangereux de le faire, non, c’est sortir de sa cachette qui l’est, mais son prénom, lui ? Sans importance. « Euh bah un drone. » Il souligne avant de rire légèrement à sa prochaine réflexion : « J’me suis endormi pendant trop longtemps et maintenant, c’est les machines qui ont pris le contrôle ? Est-ce que au moins, les zombis ont fini par tous être éliminés ? » À ses yeux, si les machines avaient pris le contrôle, ils seraient moins dans la merde, mais non, il a fallu que ce soit les bouffeurs de cervelles qui parviennent à prendre le contrôle du monde, tu parles d’un cadeau. « Oui, c’est ça. On a décidé de se rebeller et maintenant avec mes potes drones on essaie de couper le plus de têtes possible. » Vu que cette femme a toujours la sienne sur ses épaules, on peut dire que c’est un grand succès. « Mais là c’est notre jour de congé, c’est pour ça que je te parle. » Oui, voilà, c’est mieux.  « T’es là-dedans ? » Elle désigne sa villa (empruntée) du doigt et Kieran ne sait plus quoi répondre, se contentant de se cacher un peu plus derrière l’un des pommiers qui traîne dans le jardin. « Non ? » Avec plus d’assurance, ce serait mieux. « j’me fou à poil si tu veux t’assurer que j’suis clean avant d’me laisser entrer, mais j’ai l’impression que ça a l’air plus cool la dedans. » « Quoi ?! » À poil ? « Tu le ferais ? » Genre... elle est sérieuse ? Elle se dénuderait devant la baraque juste pour prouver sa bonne foi ? « J’veux dire, non, non, le fais pas, non, pas besoin. » C’est pas l’envie qui manque, mais il est certain qu’il n’arriverait plus à parler (ahah si seulement c'était le seul problème) et qu’elle en profiterait pour l’attaquer – parce qu’il n’oublie pas cette hypothèse et qu’il continue de guetter un peu les alentours. Lorsqu’elle bouge, il continue de la suivre. « Arrête de faire ça et contente toi de me dire comment entrer ! J’suis toute seule, tu vois bien, j’vais pas te faire de mal. » « Comment je peux être sûr que personne est caché plus loin ? » Il l’interroge, alors qu’elle continue de le supplier. « J’m’appelle Jina. S’te plait… » Elle a les yeux dignes d’un emoji et lui, la faiblesse d’une brindille. « j'ai la dalle, je pue et j'ai mal partout, ca te convient? » Non pas vraiment, mais puisqu’il est toujours aussi con, évidemment qu’il ne lui en faut pas plus. « Euh oui, bon c’est d’accord. Mais si tu fais un geste de trop, j’ai d’autres drones à l’intérieur qui te tireront dessus sans aucune pitié. » Voilà, elle va pas demander à ses alliés cachés dans les buissons de l’attaquer si elle joue sa vie à entrer là-dedans, n’est-ce pas ? Retournant à l’intérieur, il conserve la télécommande du drone dans une main tandis qu’il s’affaire à braquer les caméras sur la porte et sur le devant de la maison. « Je vais déverrouiller, je te laisse cinq secondes pour entrer. » Il lui annonce d’un ton bien plus assuré ; cinq secondes, ça ne devrait pas suffire à une invasion, n’est-ce pas ? Pianotant sur son écran de contrôle, il finit par lancer le top départ : « maintenant ! » Allez, stp, sois assez rapide pour ne pas que la grille se referme sur toi et t’embroche, parce que j’ai pas d’amis et ça me manque.

« Oui, c’est ça. On a décidé de se rebeller et maintenant avec mes potes drones on essaie de couper le plus de têtes possible. » Ce mec est vraiment bizarre, c’était vraiment le moment de faire de l’humour ? bon, j’ai peut être commencé mais la surenchère, c’est toomuch. « Mais là c’est notre jour de congé, c’est pour ça que je te parle. » vraiment toomuch. Est-ce que j’pouvais au moins profiter du jour de repos pour me reposer moi-même ? Si ca me laissait un jour de répit pour ne pas à avoir à me cacher et à courir dès que j’entends un bruit derrière moi, je prends. Et je m’en irai juste avant que le congé soi terminé, histoire de garder ma tête, encore quelques jours. A choisir, je crois que je préfère les zombis, ils sont moins agiles et visent moins bien qu’un drone. Il est suspicieux et c’est normal. A sa place, j’aurai même pas chercher à communiquer avec quelqu’un de l’extérieur, mais s’il a décidé de sortir l’artillerie lourde avec son engin, qu’en plus, il m’a donné de l’eau et un mouchoir, c’est qu’il doit bien s’emmerder tout seul dans sa villa. J’suis sûre qu’il est tout seul. Comment j’pourrais faire pour qu’il m’ouvre ? « Quoi ?! » pff forcément, suffit qu’une nana propose à un mec de retirer ses sapes pour que directement, ça l’interpelle. « Tu le ferais ? » l’expression de mon visage veut tout dire : même pas en rêve. Mais en  même temps, si c’était la seule chose à faire pour qu’il accepte, je signe directement. Une chose me dit que j’aurai pas besoin d’aller jusque là.  « J’veux dire, non, non, le fais pas, non, pas besoin. » ah, quand même.  « Bon du coup ? On fait quoi ? » enfin, on… c’est plutôt à lui de décider maintenant. Il fait quoi ? Si dans trois minutes, j’ai rien réussi à négocier, j’me casse, je perds déjà trop de temps. « Comment je peux être sûr que personne est caché plus loin ? » je regarde partout autour de moi. C’est vide, même les zombis trainent pas dans le coin. « t’as qu’à envoyer ton drone faire le tour du quartier, tu verras qu’il y a pas de convoi… » obligée de sortir ma tête de petite nana qui fait pitié. A l’image du chat botté dans Shrek. C’est ma dernière carte à jouer. « Euh oui, bon c’est d’accord. Mais si tu fais un geste de trop, j’ai d’autres drones à l’intérieur qui te tireront dessus sans aucune pitié. » mes muscles se détendent et un sourire apparait sur mon visage. « Promis, je ferai rien contre toi ! » et je suis sûre qu’il bluff. A moins qu’il soit un mec complètement taré, je vois pas qui aurait des drones qui tirent à balles réelles chez lui… c’est pas un campement militaire ici, si ?  « Je vais déverrouiller, je te laisse cinq secondes pour entrer. » Je regarde l’entrée du portail, s’il est sérieux, cinq secondes ca va être vraiment juste… « Attend, QUOI ? » « maintenant ! » putain, il est vraiment sérieux ! Le portail electrique s’ouvre et moi, j’ai juste à me mettre à courir super vite pour passer à temps. Un … j’y arriverai pas… Deux … je ralentie pas ! Trois… impossible … Quatre… okay, je saute ? ! Cinq ! Bordel, ca se referme ! Six… ok, je suis dedans. « Alors, tu vois ?! » je fais la maline, mais je dois reprendre mon souffle ! J’ai cru que ça passerait jamais. Mes mains posées sur mes genoux, je respire difficilement, je me redresse en grimaçant, me rendant mieux compte du terrain et de cette villa. On dirait que tout est encore intacte ici. « Tu me laisses rentrer chez toi cette fois ? » je dis en frappant à la porte. Combien de temps il allait me laisser cette fois ci ?

« Bon du coup ? On fait quoi ? » C’est une bonne question, ça, à laquelle il n’a pas vraiment la réponse puisqu’il se tâte encore à la laisser entrer ou non. Au pire, quitte à mourir aujourd’hui, autant que ce soit en bonne compagnie : même si ses camarades viennent le dépecer, il aura eu cinq minutes d’interaction avec un autre être humain et ça, ça n’a pas de prix (enfin, si, celui d’une vie du coup, mais c’est un détail). « t’as qu’à envoyer ton drone faire le tour du quartier, tu verras qu’il y a pas de convoi… » C’est une bonne idée à laquelle il s’exécute à moitié en déplaçant un peu son drone autour d’elle dans l’espoir d’y voir quoi que ce soit (enfin non, il a plutôt espoir de ne rien trouver, mais s’il y a effectivement des gens cachés, il aimerait autant le voir maintenant). « Promis, je ferai rien contre toi ! » Une part de lui murmure que ce n’est pas dans ce monde-là qu’ils peuvent faire des promesses, mais il a néanmoins envie d’y croire, Kieran. Et puis, elle a l’air plus débrouille que lui. Si ça se trouve, il ne sera plus obligé de condamner toutes les pièces de cette maison les unes après les autres juste parce qu’il y a un foutu zombie enfermé dedans qu’il n’a pas pu se résoudre à tuer – oui, ce serait vraiment bien d’avoir un petit coup de main de ce côté-là. « Attend, QUOI ? » Sa gentillesse est néanmoins moins forte que sa peur ; alors que dans une dernière crainte d’être pris au piège, il ne laissera qu’un temps minime pour lui laisser l’opportunité de le rejoindre à l’intérieur. « Alors, tu vois ?! » C’est un bon point pour elle, elle est déjà en bonne forme physique et elle peut être une alliée de taille. Il devrait s’inquiéter qu’elle soit désormais à l’intérieur du terrain, mais, de toute évidence, même si elle décidait de lui la faire à l’envers, il aurait l’avantage de comprendre la console de commandes et quitte à crever, encore une fois, il le fera sans laisser l’opportunité à son groupe de venir occuper les lieux. « Hé mais j’ai pas douté de toi, hein. » Cinq secondes, ça ne veut pas dire qu’il doutait d’elle, juste qu’il se protégeait, nuance. « Tu me laisses rentrer chez toi cette fois ? » Ah, bah, là, il n’a définitivement plus le choix. « Oui, oui, c’est bon, j’arrive. » Il s’arme néanmoins d’un couteau qu’il glisse à l’arrière de son pantalon noir au moment de se mettre en marche, avant de s’arrêter dans la première des huit chambres de cette maison et de prendre un instant pour s’observer dans le miroir à travers le peu de lumière qui parvient à se glisser entre les fines ouvertures du store. C’est important, de faire une bonne impression. Bon, là, il doit avouer que ce n’est pas bien difficile en comparaison de l’état dans lequel la jeune femme se trouve. En dehors de ces murs, si la vie était « normale », il ne paierait pas de mines, avec son dress code tout en noir. Un pantalon noir qui est étonnement bien repassé compte tenu des circonstances (c’est un peu l’avantage, quand on ne sort pas, on apprend à faire le ménage), un t-shirt à motif Star Wars qui est l’une des dernières pièces rescapées de son armoire à lui et non celle de Hughie (il lui a piqué sa maison, ils sont intimes, oui), une vieille paire de converses aux tâches incrustées de sang et de boue. Il réalise que ce n’est pas vraiment l’idéal non plus et il s’empresse de fouiller à l’intérieur de la commode à sa gauche (c’est-à-dire qu’il envoie balader tous les fringues entre le lit et le sol à la recherche du graal). Celui-ci se présente sous la forme d’une chemise bleu claire qu’il se dépêche de mettre par-dessus son t-shirt. Il entreprend de la boutonner un instant avant de se raviser, trop formel. Oui, voilà, il va la laisser ouverte, c’est un peu plus représentatif de son look et son t-shirt est franchement drôle pour quiconque connait la saga. Il se débarrasse également rapidement de ses chaussures pour piquer une paire de mocassins bien trop soignée pour être crédible, avant de passer rapidement une main dans ses cheveux pour leur donner forme, puis de coller celle-ci à sa bouche et expirer une ou deux fois pour juger de son haleine. Il prend quand même le temps de piquer un chewing-gum à la menthe qu’il trouve sur son chemin lorsqu’il arrive enfin près de la porte. Il respire une dernière fois, anxieux, la main sur la poignée, avant d’ouvrir celle-ci et d’afficher son plus beau sourire nerveux. « Hé saaaalut ! » Ok, il aurait aussi dû bosser son introduction. « Hé viens par là toi. » Il souffle à l’égard du drone qu’il ramasse – et là, franchement, ça valait bien la peine de se coller un couteau près des fesses alors qu’il vient déjà de la quitter du regard, quel débutant. « Euh, bah du coup, entre et euh... bienvenue ? » C’est ça qu’on dit, quand quelqu’un débarque chez soi, non ? Il ne sait plus, Kieran, ça fait bien trop longtemps qu’il n’a vu personne et son sourire d’idiot qui le quitte pas en dit long (ou le fait passer pour le pire des sociopathes).

Il arrive… J’arrête alors de frapper à la porte pour lui faire comprendre que j’étais bel et bien là. Oui bon, il me voyait à travers son drone, mais ca restait bizarre de parler à cette chose qui volait au-dessus de ma tête. D’ailleurs, l’engin se posa au sol, comme si plus personne n’était aux commandes. Obligé de lâcher son jouet pour venir ouvrir ? Ca s’ouvre pas à distance la maison non plus ? J’attends. J’attends beaucoup trop longtemps, qu’est ce qu’il fou ? Je fais quelques pas autour de la maison, sans trop m’éloigner de l’entrée mais tous les stores sont baissés et c’est difficile d’y voir à l’intérieur. La seule chose que j’arrive à voir, c’est mon reflet dans chacune de ces fenêtre et … ca fait peur à voir. J’ai hâte de pouvoir prendre une douche. D’ailleurs, je baisse un peu la tête pour pouvoir observer mon crâne et vérifier s’il n’y a pas de résidu de crotte de pigeon sur mes cheveux… on dirait pas. Ils sont moitié gras, moitié sec, j’arrive pas à déterminer l’état dans lequel ils se trouvent, eux aussi. Je souffle en revenant près de la porte, toujours pas ouverte. Bordel… c’était quoi son but ? Me faire rentrer mais pas me laisser venir à l’intérieur ? Je relève le poignet, près à frapper à nouveau quand enfin, la porte s’ouvre. « c’est pas trop tôt ! » que je lance alors que je ne vois pas encore à qui appartient la voix du drone. « Hé saaaalut ! » je fais un pas en arrière. Ca pourrait être pire, ca pourrait être carrément pire même. « salut. » qu’est ce qu’il sent bon. Qu’est-ce que je dois puer la mort… j’ai honte. Je tire sur mon t shirt comme si, ca servait à quelques chose alors qu’il me passe devant pour ramasser son drone. « Euh, bah du coup, entre et euh... bienvenue ? » je fronce les sourcils, plus habituée par tant d’amabilité. Je passe devant lui, sans jamais lui tourner le dos, on sait jamais. « c’est chez toi ? » que je demande en jetant un rapide coup d’œil à la grande villa plongée dans la pénombre. « J’veux dire, t’as toujours habité ici ou… » ou il est venu parce que c’était grand ouvert et que c’est surement l’endroit le plus safe que j’ai jamais vu jusqu’à présent, pour le moment. « ou-est-ce que j’peux prendre une douche ? » j’suis sûre qu’il y a mille salle de bain ici. « Et t’aurais des fringues pour moi ? Maitre Yoda. » je dis en fixant son t shirt, sous la chemise bleue, un assemblement de très mauvais gout, mais bon je porte un jean qui a un trou au cul, j’ai rien à dire. « t’es tout seul ? » oui, bon, parce que une grande maison comme ça pour un mec seul, tout d’un coup, ca deviendrait presque louche. J’espère que c’est pas un traquenard, que j’vais pas me retrouver entourée de quinze personne dans moins de dix secondes…

« c’est pas trop tôt ! » Vous voyez, là, c’est le moment où il commence à regretter d’avoir ouvert le terrain à cette ingrate, même si dans son enthousiaste, Kieran ne s’en formalise pas plus longtemps. Les gens n’étaient déjà pas beaucoup plus aimables avec lui quand tout allait bien, alors il imagine que maintenant qu’ils sont persécutés, qu’ils baignent dans leur propre pisse et qu’ils se font grignoter un orteil ou deux à l’occasion, ils le sont encore moins. Ça se comprend. « salut. » Bon, l’enthousiasme n’est a priori pas partagé et au pire, bah... il court vite, Kieran, il lui fera le même coup qu’aux autres en l’enfermant dans une des nombreuses pièces de la demeure s’il faut. Mais ce serait dommage, elle n’a pas encore essayé de le tuer alors qu’en général, après deux minutes d’interaction, il a déjà un couteau planté dans l’épaule ou une fracture du nez – et ce n’est même pas toujours pour lui piquer sa baraque que le seul fait qu’il soit agaçant. Elle lui passe à côté sans le quitter du regard et lui, il baisse le sien, intimidé – elle arrivera définitivement à le tuer si elle le veut. « c’est chez toi ? J’veux dire, t’as toujours habité ici ou... » « Euh, non pas vraiment. » Il répond, à bonne distance de la jeune femme, toujours le nez baissé bien qu’il s’oblige à relever la tête de temps à autre, juste histoire de la surveiller. Mais il fuit son regard autant qu’il le peut alors qu’il essaie de s’expliquer : « C’est euh celle de Hugh Jackman en fait. » Et oui, ça sonne comme une mauvaise blague, mais suffit de fouiller un peu pour comprendre qu’il a sa tronche partout parce qu’a priori il s’aimait beaucoup, le Hugh. « Et euh en fait, hm, j’ai pu craquer sa sécurité à partir du générateur qu’il a au sous-sol, c’est pas bien compliqué, fallait juste un ordinateur satellite et j’en avais un euh et un peu de connaissances, aussi et donc bon euh voilà ? » C’est aussi simple que ça, rien de bien sorcier, hm. « ou-est-ce que j’peux prendre une douche ? » « Hm, où tu veux. » Vraiment ? « Enfin sauf dans l’évier de la cuisine, haha. » Il rit nerveusement un instant avant de réaliser que ce n’était pas drôle et de se racler la gorge alors qu’il relève péniblement les yeux. « Euh, c’est juste qu’il y a quatre salle de bains à l’étage, alors bon, t’as le choix, tu vois... » « Et t’aurais des fringues pour moi ? Maitre Yoda. » « Tu connais Star Wars ? » Il demande d’une voix soudainement plus forte et d’un regard bien plus réveillé. Attendez, c’est une fille et EN PLUS elle aime la saga ? Bon, ok, ce n’est pas exactement ce qu’elle a dit, mais c’est ce qu’il veut comprendre. « t’es tout seul ? » « Ouais, c’est un peu chiant, d’ailleurs. Ça fait super longtemps que j’ai vu personne, je suis trop content. » Il se retient de justesse de tapoter dans ses mains avant de se reprendre. « Euh enfin bref excuse-moi. » Et bien qu’il comprenne son envie de se laver et de changer ses fringues, Kieran se reprend rapidement : « Mais toi, pourquoi t’es seule là-dehors ? » Encore lui, ça se comprend, il n’avait pas le courage ni l’utilité nécessaire pour s’intégrer dans un groupe, mais elle ? C’est de plus en plus rare ceux qui survivent seuls, principalement parce que c’est beaucoup plus de galères et il recommence à avoir des doutes.

Hugh Jackman ? Vraiment ? Il se fou de moi. Je lève les yeux, balaie l’ensemble de la pièce du regard. Depuis quand Hugh Jackman habitait à Brisbane ? Enfait, j’ai aucune idée de qui habite vraiment à Brisbane, en fait. Il pourrait bien y avaoit n’importe qui qui habite dans cette putain de ville, je le saurai pas ! « Et euh en fait, hm, j’ai pu craquer sa sécurité à partir du générateur qu’il a au sous-sol, c’est pas bien compliqué, fallait juste un ordinateur satellite et j’en avais un euh et un peu de connaissances, aussi et donc bon euh voilà ? » je hoche la tête, il peut bien être rentré par la porte ou par la chatière que ça m’est égal. J’comprends pas son truc de système de sécurité et d’ordinateur satellite, j’le crois sur parole. Mais il doit surement être intelligent pour savoir faire ça. C’est un bon plan, mais il a surtout l’air d’être ce genre de geek qui sait mieux survivre dans les jeux vidéo que dans la vraie vie. Sortie de sa maison dorée, il devient quoi, Hugh Jackman ? « bien joué. » je lance en hochant la tête, quand même impressionnée de son butin. Et puis, si ca se trouve, Hugh Jackman se promène sur les quais, à la recherche de cervelles abandonnées. Plus rien n’appartient à personne dans ce monde. Combien y a de chambre et de douche ici ? J’suis sûre qu’il y en a suffisamment pour ramener tout mon camp ici. Tant pis pour eux, ces connards, qu’ils crèvent dans leur dépotoir. « Hm, où tu veux. » où alors ? je le regarde, j’attends surtout qu’il me montre la voie. « Enfin sauf dans l’évier de la cuisine, haha. » ca s’voit que ça fait longtemps qu’il a pas du voir du monde… si ce n’est à travers l’écran de son drone. « Euh, c’est juste qu’il y a quatre salle de bains à l’étage, alors bon, t’as le choix, tu vois... » bon, à l’étage, au moins, j’avais cet indice, j’allais faire le tour du proprio et ouvrir toutes les pièces jusqu’à tomber sur ce qui ressemble à une des salle de bain. Je fais un pas en avant, tout en restant face à lui. C’est bien beau de pouvoir prendre un douche, ce sera bien mieux si je pouvais avoir des fringues propres et qui sentent bon, la lessive de préférence. Est-ce qu’il y a de la lessive ici ? Ca existe encore ? « Tu connais Star Wars ? » je fronce les sourcils. « Qui ne connait pas Star Wars ? » franchement ? Suffit pas d’avoir vu tous les films pour connaitre Maitre Yoda, c’est juste culte. « Mais j’aime bien. » si c’est sa question. Après, je suis pas une fan, j’ai vu tous les films et pas forcément dans l’ordre qu’il faut les voir, mais c’était un bon moment. Je commence à monter les marches, cette fois, bien obligée de lui tourner le dos, il va surement voir ma culotte et franchement, j’m’en fou. « Ouais, c’est un peu chiant, d’ailleurs. Ça fait super longtemps que j’ai vu personne, je suis trop content. » je me retourne un instant, avec un léger sourire sur les lèvres. J’ai au moins l’impression d’être un peu utile. « Euh enfin bref excuse-moi. » j’hausse les épaules. « T’inquiète pas. » j’crois que c’est normal, d’être content de voir des gens, dans ces cas là. J’ai l’impression que j’suis pas forcément en danger avec lui, il confirme qu’il y a personne et y a pas un bruit, ca m’étonnerait que quelqu’un m’attende en silence avec un couteau aiguisé entre les dents. « Mais toi, pourquoi t’es seule là-dehors ? » une fois arrivée à l’étage, je fais une pause, je laissant me rejoindre avant de lui répondre. « Parce que j’ai toujours été seule. » plus ou moins. « Ma mère est morte, et j’ai préféré partir d’où j’étais parce que des hommes se prenaient un peu trop pour des caïds et des petits chefs en manque d’autorité. J’préfère ça… » je dis en regardant les trois portes devant moi. Surement des couloirs ou je sais pas. Y a bien une salle de bain, peu importe où j’vais. Ce sera la porte de droite. « Ca fait deux semaines que j’suis partie… ca commençait à être long et j’suis crevée… » je me tourne à nouveau vers lui. « Alors, j’suis contente aussi de trouver quelqu’un… »

« bien joué. » Un large sourire s’affiche sur ses lèvres, jusqu’à en montrer toutes ses dents, Kieran étant ravi d’être complimenté par une femme (plus que d’être complimenté puisque c’est quelque chose qu’il peine à accepter, ne se pensant pas mérité) et oui, c’est un peu ridicule et à vrai dire même si un type lui collait une tape viril sur l’épaule en lui disant « bien joué, petit », il aurait sûrement la même réaction, puisqu’il cherche constamment l’approbation des autres. Il a l’impression d’avoir eu celle de Jina – puisqu’elle s’était présentée ainsi – et ça lui suffit pour afficher cette tête proche d’un état d’euphorie. Et ce n’est qu’après sa question et ses tentatives de réponses que son sourire diminue, lorsqu’il réalise qu’il aurait simplement pu lui proposer de lui faire un tour du propriétaire. Pour garder un œil sur elle (officiellement), pour rester près d’elle (officieusement). Son sourire reprend place sur ses lèvres lorsqu’elle évoque Star Wars et il en oublie de répondre à son interrogation. « Qui ne connait pas Star Wars ? » C’est vrai et à vrai dire, ça ne répond pas à la vraie question, quant à savoir si elle aime, surtout, ou si elle est capable d’y faire référence dans le langage courant, dans quel cas elle serait une femme à marier (ok, il s’emballe un peu, là, Kieran). « Mais j’aime bien. » « Mais c’est génial ! » Il s’exclame, toujours trop joyeux pour ne pas être complètement ridicule. Il se reprend en baissant la tête un instant, obligé de relever celle-ci quand Jina entreprend de monter les marches de l’escalier et qu’il continue de la suivre du rega... Elle a un trou. Elle a un trou dans son pantalon et il peut voir ses sous-vêtements et c’est super gênant et il baisse la tête et est-ce que quelqu’un lui a dit il faut que quelqu’un lui dise la pauvre elle va attraper froid avec un courant d'air comme ça mais il faut être subtile car c’est gênant on a dit et... « T’as un trou à ton pantalon. » Bon, pour la subtilité, on repassera. Vous voyez, c’est exactement pour des raisonnements comme celui-ci et une maladresse comme celles de ses paroles qu’il est foutrement seul, Kieran. Sa main sur la rambarde de l’escalier, il avance à tâtonnant parce que s’il relève les yeux, il les aura pile au niveau du trou de son pantalon et au cas où vous l’auriez pas encore compris, c’est gênant. « Parce que j’ai toujours été seule. » Depuis le début de tout ceci ou depuis le début de son existence ? « Ma mère est morte, et j’ai préféré partir d’où j’étais parce que des hommes se prenaient un peu trop pour des caïds et des petits chefs en manque d’autorité. J’préfère ça… » « Désolé pour ta mère. » S’il est désolé d’apprendre la première nouvelle, la seconde tend à le rassurer légèrement – parce qu’il est très loin d’aimer lui-aussi les petits caïds et qu’il a plus ou moins la certitude qu’elle n’imposera pas sa loi entre ces murs. « Il y a un risque qu’ils t’aient suivi ? T’es partie en bons termes ? » Le truc, c’est qu’il n’a jamais vécu dans une communauté depuis le début de tout ceci, alors il s’imagine que quand vient le moment de se quitter, on se sert la main et on se souhaite bonne continuation. « Ca fait deux semaines que j’suis partie… ca commençait à être long et j’suis crevée… » Deux semaines ? Non, personne n’a autant de motivation à suivre quelqu’un, ils devraient être safes. « Alors, j’suis contente aussi de trouver quelqu’un… » Il affiche un sourire toujours aussi béat alors qu’il souligne « c’est cool. J’veux dire, que tu sois aussi contente d’avoir trouvé quelqu’un. Parce que moi aussi et... » Okay okay il s’enfonce, là c’est le moment de se la fermer. « Je-ouais je te l’ai déjà dit, juste, c’est cool d’être content à deux d’avoir trouvé quelqu’un, tu vois ? » Non, non, c’est de pire en pire alors qu’il écarquille les yeux. « Euh je-j’ai-c’est pas... » C’est pas ce que je voulais dire, je sais plus comment parler aux gens, les excuses sont nombreuses, mais il se contente de baisser la tête. « T’as-t’as une chambre là, choisis, choisis les habits que tu veux et euh je... j’vais aller te... aller te préparer à manger, ouais, voilà. » Voilà c’est mieux, il maîtrise mieux la cuisine et la fuite dans les escaliers (manquant de se casser la gueule d’ailleurs puisqu’il a sauté deux par deux les marches) que le fait de cesser de bafouiller face à un autre être humain. Elle est pas facile, cette apocalypse.

« Mais c’est génial ! » manquerait plus qu’il me propose de regarder toute la saga dans la salle de cinéma de Hugh Jackman et on oublierait que c’est la merde dehors. C’est peut être ça, d’habiter dans ce genre de bunker, ca permet d’oublier ce qu’il se passe un peu à l’exterieur. Y a jamais personne qui a essayé de s’introduire ici depuis qu’il y est ? Suffirait que je lui pose la question pour que ça arrive la nuit suivante, il me prendrait pour une traitre. J’vais me taire, on sait jamais. « T’as un trou à ton pantalon. » je m’arrête dans ma montée et me tourne brutalement vers lui. « Je sais. » et alors, il a jamais vu un slip rouge ? Un bout de peau ? « tu vas t’en remettre ? » c’est bien pour ça que j’lui ai demandé des fringues, parce qu’au cas où il avait pas remarqué, les miens sont pas en bon état. Et ça fait une semaine que j’ai des courants d’air dans le jean, s’il veut tout savoir. Manquerait plus que quand je retire mes sapes, y ait une trace de crasse qui marque bien le trou en question. C’est sûr que ça arrivera. D’où la douche, aussi.
« Désolé pour ta mère. » j’hausse les épaules, me surprenant moi-même de pas avoir une larme qui coule depuis sa disparition et de pas ressentir le manque. Je l’ai vu avec le visage complétement déchiqueté à mes pieds, ça m’a donné la gerbe et plus rien. C’est flippant de rien ressentir comme ça alors que ma mère est la seule personne que j’ai toujours eu à mes côtés. La seule. « Il y a un risque qu’ils t’aient suivi ? T’es partie en bons termes ? » je secoue la tête, y a pas de raison que quelqu’un m’ait suivi jusqu’ici, surtout que ça fait trop longtemps que j’suis partie et que personne ne m’a retenu. J’me suis pas barré en brûlant leur camp, j’suis juste partie et personne n’a insisté pour que j’reste. Chacun sa merde, j’imagine. On m’a juste mis en garde en me disant que jamais j’allais m’en sortir seule. J’me suis contenté de leur adresse mon plus beau majeur sans même me retourner. Finalement, retrouver quelqu’un a qui faire la conversation, ca fait du bien. « c’est cool. J’veux dire, que tu sois aussi contente d’avoir trouvé quelqu’un. Parce que moi aussi et... » je fronce les sourcils en le regardant, j’ai l’impression que lui, ca fait très très très longtemps qu’il a parlé à personne. « Je-ouais je te l’ai déjà dit, juste, c’est cool d’être content à deux d’avoir trouvé quelqu’un, tu vois ? » c’est gênant. « Euh je-j’ai-c’est pas... » oui baisse les yeux, tais toi, ça vaudra mieux pour tout le monde. « T’as-t’as une chambre là, choisis, choisis les habits que tu veux et euh je... j’vais aller te... aller te préparer à manger, ouais, voilà. » je me retourne vers ce qui semble être les chambre en question. « Merci. » que j’me contente de lui dire, pour la chambre et pour la douche et pour le repas qu’il allait préparer. Est-ce que j’allais manger chaud ? On dirait. Un vrai repas cuisiner ? C’est fou, j’aurai jamais pensé que ça pourrait de nouveau arriver… Finalement, c’est avec un doux sourire que je m’engouffre dans une chambre, peut être que j’pourrais trouver des fringues de femmes… si Hugh Jackman était marié ? Aucune idée… j’vais fouiller.
Ca fait des semaines que j’ai pas pris de douche chaude et j’en ai sans doute un peu abusé, ca fait du bien, c’est aussi écœurant de voir l’eau devenir toute brune en coulant sur mon corps. Mais rapidement, le gel douche et le shampoing avaient fait leur taf. Presque vingt minutes à profiter de cette eau chaude – qui reste indéfiniment chaude … ca existe ? – ca fait du bien. En sortant de là, serviette autour de la taille, j’allais dans une chambre où j’avait bien trouvé des vêtements, rien à ma taille bien sûre, tout était bien trop grand, mais en retournant le pantalon, ca fera l’affaire.


« J’ai vu une baignoire, demain, je te préviens, je suis capable de rester la journée dedans. » que je lance après être descendu à nouveau, attirée par l’odeur de la cuisine. « Enfin, si t’accepte que j’reste encore jusqu’à demain… » c’était peut être prétentieux de penser qu’il me mettrait pas à la porte et j’avais pas du tout envie de sortir d’ici. « J’me sens en sécurité ici… » que j’avoue, avec ce sentiment qu’il pourrait pas m’arriver quelques chose de mal, en tout cas, pas à cause de lui. « T’as vu ? » je dis, en tirant sur le t shirt un peu trop grand, mais c’était aussi un star wars. Ca m’fait sourire. « J’ai trouvé des fringues de nana… bon, ça, c’est surement pas à elle, parce que vu la collection de pantalon en cuire, j’suis sûre que Star wars, c’était pas son délire ! » j’allais peut être pouvoir m’amuser à essayer toute sorte de fringues et jouer les tueuse de zombie version badass, sexy, geek… « et j’ai plus de trou, dans mon pantalon ! » et surtout, je sens bon. Bref, le bonheur. « tu fais quoi de bon ? »

Elle s’arrête brusquement et lui-aussi, par la même occasion, alors qu’elle admet : « Je sais. » Elle sait qu’elle a un trou dans son pantalon et continue de le porter quand même ? C’est bizarre comme concept. Et puis, Kieran se souvient que tout le monde n’a pas l’opportunité de profiter de la collection de pantalons en cuir de Hugh Jackman (non, il n’en a jamais essayé un ou deux... ou dix ou vingt). « tu vas t’en remettre ? » « Quoi ? Ouais, ouais, bien sûr. » Je suis un bonhomme, moi, m’en faut plus pour me déstabiliser, duh. Dans tous les cas, ce seul constat lui confirme qu’il fait bien de rester enfermé dans cette baraque plutôt que d’essayer d’affronter le monde extérieur, quand bien même il souffre terriblement du manque de contact et que, il faut l’admettre, il n’a plus aucune notion du temps depuis qu’il est ici et qu’il s’ennuie à mourir. La salle de cinéma, c’était sympa les premières semaines, mais maintenant, il ne sait plus quoi faire. L’avantage d’être un gros dormeur, c’est qu’il passe bien la moitié de sa journée à profiter des lits king size de la demeure, mais pour autant, le sommeil n’est jamais réparateur même pour quelqu’un autant en sécurité.

S’il est désolé pour sa mère, il ne perd pas pour autant le sens des priorités et la nécessité de s’assurer qu’aucun de ses anciens compagnons n’ait décidé de la suivre sous prétexte d’une rancœur qui ne pourrait disparaître qu’au moment d’achever la jeune femme. Ce serait dommage pour elle, mais à choisir, il est suffisamment lâche et égoïste pour considérer que sa vie vaut plus que celle de cette Jina (qui pense différemment, de toute façon, dans le monde dans lequel ils vivent ?) Elle secoue la tête, mais elle ne lui donne pas de réponse bien précise et il pince les lèvres, Kieran, anxieux à l’idée que ce soit une manière de ne pas se faire virer d’ici en cachant la vérité (ou, en tout cas, en l’enjolivant). Ouais, enfin, si elle savait qu’il est incapable de foutre qui que ce soit dehors et que ça ne l’a pas souvent aidé, ni maintenant, ni quand le monde allait bien. Il garde sa suspicion dans un coin de sa tête, s’ordonnant de faire le tour du propriétaire quand elle sera sous la douche, ne serait-ce que par sécurité et s’assurer que personne ne peut deviner qu’il y ait d’âme qui vive à l’intérieur de cette maison – quitte à se plonger encore un peu plus dans l’obscurité. Et quand elle souligne qu’elle est aussi heureuse que lui d’avoir trouvé quelqu’un à qui faire la conversation, il n’arrive pas à rester rationnel, le jeune homme, s’enfonçant avec ridicule à mesure qu’il essaie de parler (sans vraiment savoir ce qu’il voulait dire, de toute façon). Vaut mieux qu’il lui prépare à manger, oui, c’est mieux. « Merci. » Il pince les lèvres l’air de dire « ouais t’inquiète, l’accueil chaleureux c’est une routine », avant de redescendre à l’étage.

Il passe d’abord un certain temps à vérifier les alentours avant de sortir, se glissant discrètement dans la serre derrière le jardin, qu’il a maquillée à l’extérieure de façon à faire croire qu’elle est abandonnée. Elle est volontairement cassée par endroit (jamais sur les côtés pour ne pas qu’on puisse voir l’intérieur), elle est aussi dégueulasse que dégoûtante, avec ses plantes grimpantes et sa boue jusqu’à son dessus, mais à l’intérieur, elle regorge de merveilles. Il fait le plein ; s’assurant une fois revenu à l’intérieur que les rideaux sont suffisamment étendus pour couvrir les faibles lumières qu’il allume. Il se met aux fourneaux, faisant néanmoins attention aux ressources, prônant l’eau de pluie et les petits réchauds à gaz qu’il peut recharger, sans passer par l’usage du générateur. « J’ai vu une baignoire, demain, je te préviens, je suis capable de rester la journée dedans. » Il sursaute presque quand il entend sa voix, bien qu’elle puisse lire le doute sur son visage. « Enfin, si t’accepte que j’reste encore jusqu’à demain… » C’est pas vraiment le problème principal, ça. « J’me sens en sécurité ici… » Oui, il connaît ça. « Nan, nan, tu peux, mais, juste... j’essaie quand même de faire gaffe à l’eau et à l’électricité, tout ça. On sait jamais. Alors euh... si tu peux faire, genre, le deuil de ton bain, ce serait cool ? Ou alors, une fois, mais après, hm... ceinture, tu vois ? » Il ne veut pas claquer tout le générateur pour des caprices ; elle est propre, aujourd’hui, non ? Bon, maintenant, il n’est pas sûr que ce soit acceptable, mais lui, il se douche pas vraiment tous les jours depuis qu’il vit ici (heureusement qu’il l’a fait hier). Ça tient plutôt du côté d’une fois par semaine, parce qu’il faut faire gaffe. « T’as vu ? » Il pose son regard sur elle et plus particulièrement sur le t-shirt qu’elle tire et un large sourire s’affiche sur les lèvres de Kieran. Oui, bon, elle a peut-être trouvé le moyen de l’acheter pour qu’il concède à lui laisser la baignoire. « J’ai trouvé des fringues de nana… bon, ça, c’est surement pas à elle, parce que vu la collection de pantalon en cuire, j’suis sûre que Star wars, c’était pas son délire ! » Il grimace légèrement. « Les... les pantalons, c’est... les miens. » Il confesse, restant sérieux un instant avant de rire doucement – il est pas très drôle, bon, soit, ça fait pas partie de ses qualités. « et j’ai plus de trou, dans mon pantalon ! » Le réflexe de dire « ah sérieux, montre ? » est vite oublié alors que ce serait gênant. « Ah cool ! C'est une bonne nouvelle pour euh éviter les courants d'air ou hm, les coups de soleil à cet endroit, tu vois. » Oui, voilà, c’est mieux, ça (pas vraiment). « tu fais quoi de bon ? » Se décalant légèrement pour lui permettre d’observer leurs victuailles, il débute : « Alors, le restaurant Jackman vous propose au menu, des tomates cerises pour l’apéritif, une omelette aux champignons en plat principal accompagnée de sa salade fraiche et un soufflé aux pommes avec son zeste de citron. » Il répond fièrement, tel le meilleur chef gastronomique alors que, concrètement, il a juste quelques légumes qui poussent dans le jardin arrière et trouvé un dictionnaire français dans les affaires du Hugh. « Ouais, bon en vrai, j’enlève pas de viandes par ici alors forcément... je fais avec ce que je peux. » C’est sur qu’une salade, des tomates, des œufs, c’est sûrement pas ce à quoi elle s’attendait comme festin, mais Kieran n’a pas encore eu l’occasion de tomber sur des animaux (hormis ses deux poules, Sawyer et Spencer) et de toute façon, il n’aurait pas le courage d’en tuer pour se nourrir. « Mais si tu veux, il y a encore pas mal de conserves dans le garde-manger. Il doit bien y avoir du rôti en boîte ou des trucs du genre. » Il ne promet pas la qualité, ceci dit. Bon, il ne la promet pas non plus concernant ses propres talents culinaires. L’avantage d’être seul, c’est qu’il s’en fiche bien que ce soit dégueulasse.

A partir du moment où j’ouvre la bouche pour lui dire que je réservais la baignoire pour le lendemain, je vois son visage se décomposer. Qu’est-ce qu’il a ? Il a tuer quelqu’un la dedans ? Il a peur qu’un esprit sorte du syphon ? Que du sang coule par le robinet ? « Nan, nan, tu peux, mais, juste... j’essaie quand même de faire gaffe à l’eau et à l’électricité, tout ça. On sait jamais. Alors euh... si tu peux faire, genre, le deuil de ton bain, ce serait cool ? Ou alors, une fois, mais après, hm... ceinture, tu vois ? » le deuil de mon bain. LE DEUIL DE MON BAIN ? j’ai jamais vu une baignoire aussi grande, aussi spacieuse, aussi belle, digne d’un film et j’devrais m’en passer ? Je sens déjà les larmes rouler sur mes joues, j’pourrais lui faire pitié, non ? Et puis ok, si c’est pas demain… un jour quand même non ? Enfin, combien de temps c’était ok que je reste ici ? Au final, il a pas répondu à ça… ou alors si ? Non ? Je suis trop restée bloquée sur ce bain. « Ok… » je lâche difficilement… « juste une fois ? » je fais la moue, il sait pas comment ça me permettrait de me sentir bien. « J’en sortirai tellement fripée que… j’aurai plus envie d’un deuxième. » je viens de passer deux semaines sans pouvoir prendre de douche, franchement, je pouvais m’en passer pendant quelques jours et je comprenais quand même son raisonnement… j’allais m’y faire.
Bon, ceci dit, j’espérais au moins que cette fois, avec ce t shirt que j’avais choisi, il allait se détendre. Et voilà enfin un sourire quand il capte le dessin. Mieux que la tête qu’il me tirait juste avant ! Etonnant d’ailleurs, de trouver un t shirt du genre alors que quand on voit les autres fringues dans la même penderie, ça n’a rien à voir. « Les... les pantalons, c’est... les miens. » oh merde ! Quoi ? Il se fou d’ma gueule ? C’était une vanne ? Je me permet de lui taper sur l’épaule en plissant les yeux. « C’est pas drôle. » bon, peut être. « Tu rentrerai même pas dedans, de toutes façons. » c’est des pantalons pour petits culs ça. Mais surtout, des pantalons sans trou, pour le coup, un bonheur ! « Ah cool ! C'est une bonne nouvelle pour euh éviter les courants d'air ou hm, les coups de soleil à cet endroit, tu vois. » en parlant de ça… j’avais pas pris le temps de vérifier avant de me rhabiller. « Ca s’pourrait bien que j’en ai déjà un ! » c’est que le soleil tape fort en ce moment. Ca pardonne pas !
Monsieur le chef cuisto me présente le menu en cours de réalisation. Comment c’est possible de pouvoir encore manger des vraies choses ? Il sort ça d’où ? Je salive en entendant le mot tomates… faut l’faire quand même. Omelettes ,champignons, soufflé aux pommes, c’est la goutte d’eau. « Ca m’donne trop d’émotions, regardes ! » je lui tends mon bras sous les yeux pour lui faire voir la chair de poule que ça me procure, incroyable ! « Ouais, bon en vrai, j’enlève pas de viandes par ici alors forcément... je fais avec ce que je peux. » j’hausse les épaules et secouant la tête. « Attends ! » c’est lui qui fait pousser tout ça ? « T’as un jardin ici ? » bah bien sure, c’est la maison de Hugh Jackman, doit bien y avoir un jardin, un potager, j’avais vu quelques arbres fruitiers déjà… impressionnant ! j’suis vraiment tombée au bon endroit, enfin… j’espère ! « Mais si tu veux, il y a encore pas mal de conserves dans le garde-manger. Il doit bien y avoir du rôti en boîte ou des trucs du genre. » Je me tourne vers deux assiettes qui étaient déjà sortie, près de l’évier. « Je mets la table ? » autrement dit, c’est très bien comme ça, les frissons en témoignaient largement.
En deux minutes, une table de restaurant quatre étoiles est dressées – on va dire ça comme ça. « Ca fait combien de temps que t’es ici ? et comment ça se fait que t’es tout seul aussi ? » oui, chacun son tour les questions intimes, pas de raison ! Il peut bien me dire ce qu’il veut aussi, mais j’avais envie de lui faire confiance…