L’avoir chez elle est, ici, à Brisbane, est quelque chose qu’elle ne pensait pas concevable voilà encore quelques mois. Pas plus tard que quelques heures plus tôt, elle n’aurait jamais parié sur le fait de passer sa soirée avec lui, encore moins de laisser ses propres pieds frôler les pieds de la villa de l’héritier, et encore lui de la sienne. L’instant installe un silence pesant alors qu’ils pénètrent à l’intérieur, tous les deux très certainement happés par les souvenirs d’un passé plus doux. Leur présent est plus abrupt, incertain et rancunier, parce qu’ils ont vécu cette séparation qui les ont tous deux touchés à leur façon. Gabrielle s’absente pour se diriger vers l’étage enfin de revêtir quelque chose de plus présentable alors que ses vêtements sont encore bien mouillés. Elle laisse Channing découvrir son intérieur par lui-même, pouvoir faire la comparaison avec sa villa à Los Angeles, où il cherchera certainement les similitudes. Certains bibelots l’ont suivi jusqu’ici, de nombreux objets auxquels elle tenait mais rien de bien encombrant. Le plus gros de l’ameublement a été acheté ici ou était déjà fourni avec la maison qu’elle a acquis à son arrivée. « Merci » C’est une serviette qu’elle lui tend pour qu’il puisse à son tour se sécher et elle répond par un simple hochement de tête à ce petit merci.

« C'est toujours le cas. » Sûrement pour éviter que le malaise, qui s’est installé bien malgré eux, perdure, Gabrielle se permet de faire une remarque sur ce bibelot auquel Channing semblait porter un intérêt tout particulier avant qu’elle ne le rejoigne. Elle le sait très bien qu’il le déteste, la remarque a été faite sur un ton léger et ironique. Il lui a suffisamment fait comprendre lorsqu’il vivait avec elle à Los Angeles – parce qu’on ne peut pas dire que ce n’était pas le cas quand tous les matins, ils se réveillaient dans les bras l’un de l’autre, qu’ils faisaient leur footing ensemble, qu’ils se rejoignaient pour la pause déjeuner et que le soir, elle avait la chance de le retrouver bien souvent derrière les fourneaux, et qu’elle finissait par s’endormir dans ses bras devant la télévision. Une vraie vie de couple en somme qui a rythmé leur vie pendant presque deux années et dire que Channing n’avait pas élu domicile chez elle serait de mauvaise foi. Alors, oui, ce bibelot, il le connaissait par cœur, et pourtant, il semblait encore happer par celui-ci. Surement la surprise de le retrouver intacte après tout ce temps et surtout après un si long périple. « Mmh... un coup de chance. » La remarque fait arquer un sourcil à la jeune femme qui affiche un léger sourire moqueur, retrouvant là le scepticisme de l’héritier face à cette statuette.

Gabrielle fait cette proposition sans réellement y réfléchir, celle de lui sécher sa chemise afin qu’il ne reparte pas avec celle-ci détrempée. Une proposition naturelle et bienveillante qui ne devrait même pas amener à se poser de questions sur le pourquoi une telle proposition. En tout cas, l’avocate ne se la pose pas, tout comme elle ne réfléchit pas lorsqu’elle lui indique ce tiroir dans sa salle de bain, celui qui abrite son sèche-cheveux. Ce même tiroir qu’elle a ouvert quelques mois plus tôt après que son lavabo ait été bouché par ce quelque chose, retrouvé par Caelan et qui lui vaut toujours des moqueries à ce sujet de sa part. Même au parloir, le Leckie trouve encore le moyen de glisser une vanne à ce propos – un subterfuge pour contourner ses questions et ses inquiétudes, soit. Ce tiroir, c’est celui qu’elle a donc ouvert pour y planquer le plus rapidement possible ce collier qu’il a retrouvé en débouchant sa tuyauterie, ce même collier qu’elle avait balancé de colère après son premier face à face avec l’héritier. A croire que le destin ne tenait pas à ce qu’elle l’égare à tout jamais, celui-ci avait finalement été épargné à avoir une fin tragique dans les eaux usées grâce à un amas de cheveux qui empêchait donc l’évacuation. Depuis ce jour où elle l’a vite rangé pour éviter d’aborder le sujet avec Caelan – un échec cuisant, certes – la jeune femme ne la plus touchée. Bien sûr qu’elle ouvre ce tiroir régulièrement et qu’elle tombe nez à nez à chaque fois avec ce collier qu’elle fixe soit avec amertume, soit avec dédain soit avec nostalgie. Un tiroir qu’elle referme vite cependant, tout comme Channing vient à le faire dès l’instant où elle se retourne pour voir s’il l’a trouvé « Trouvé. Tu disais ? » Gabrielle fronce les sourcils mais ne fait pas le rapprochement, pas ce soir, quand l’alcool présent dans ses veines semble l’enivrer suffisamment pour oublier ce petit détail. Elle le regrettera certainement le lendemain matin quand elle rangera le sèche-cheveux et tombera à son tour nez à nez avec le collier… « Rien de bien important » finit-t-elle par lui répondre alors qu’il semble distrait et que cet air qu’il adopte lui rappelle ce qui la faisait sourire et craquer de la même manière à l’époque. Il se charge lui-même de faire sécher sa chemise et le bruit de l’appareil ne leur permet pas d’échanger quelques mots en attendant. Gabrielle a pris appui sur le rebord du lavabo et observe l’héritier faire distraitement.  « Ca fera l'affaire. » Elle se contente de sourire et le laisse alors enfiler sa chemise, se redressant pour venir se positionner au milieu de la pièce, voulant certainement éviter de laisser s’attarder son regard sur Channing et cette chemise qu’il boutonne délicatement.

Elle sent que la fin de la soirée approche, et étonnamment, elle n’en a pas l’envie. Pourtant, elle ne le retiendra pas, parce qu’elle sait au fond qu’ils ne sont plus ce qu’ils ont pu être et que s’attarder encore plus en sa compagnie les amènerait à emprunter une pente glissante. Celle de la tentation, celle de se retrouver, comme lors de la soirée du nouvel an, ce sujet sur lequel ils n’ont pas eu l’occasion de revenir encore, bien que la signification de cet instant n’ait pas nécessairement besoin que l’on pose des mots dessus pour comprendre pourquoi ils se sont laissés aller. Un dernier adieu, une dernière danse accordée, pour clôturer un peu mieux cette relation, dont la fin a été négligée… Ils ne devraient même pas être ensemble présentement, et autant l’un que l’autre le sait, parce qu’ils savent très bien le risque qu’ils prennent en le faisant… « Est-ce que… Gaby se raccroche alors à ce silence qu’il rompt, son regard venant se poser dans celui de l’héritier est-ce qu'on partagerait pas ce fameux carré de chocolat avant que je rentre ? » La surprise doit se lire sur ses traits puisqu’il poursuit « Pour terminer la soirée ? » Pourquoi un frisson parcourt son échine à cet instant ? Est-ce cette proposition en elle-même qu’il lui fait ? Est-ce dû à cette manière particulière qu’il a d’en faire la proposition ou est-ce l’excitation de se dire qu’ils s’accordent encore quelques minutes ensemble ? Gabrielle ferme les yeux une fraction de secondes quand il la contourne et en prend une autre pour se retourner et lui répondre « Est-ce parce que tu n’en avais plus chez toi que tu m’as trempé de la tête au pied, afin de me raccompagner chez moi et venir puiser dans mon stock ? » lâche-t-elle avec malice, pour camoufler ce qu’elle ressent actuellement, pour camoufler ce grand oui accompagné d’un trop grand sourire qui la trahirait. « Tu as de la chance que je l’ai refait pas plus tard qu’hier ». C’est à son tour de venir se faufiler entre l’embrassure de la porte et lui, lentement, pour prendre la direction de la cuisine, l’héritier sur ses pas.

Gabrielle ouvre un placard en hauteur, se mettant sur la pointe des pieds pour atteindre son stock, sortant une tablette de chocolat et également un paquet de biscuits au chocolat d’une célèbre marque australienne « J’ai découvert ces merveilles en arrivant ici… et je ne peux plus m’en passer depuis » avoue-t-elle en souriant, déposant les gourmandises sur le plan de travail « Ouvrir une bouteille de vin pour les accompagner ne serait pas raisonnable… mais peut-être qu’un verre d’eau ou un thé glacé te tente à la place ? » Elle ouvre son réfrigérateur, en attendant que Channing lui fasse part de son choix puis se saisit de deux verres après qu’elle dépose sur un plateau. « J’ai une terrasse sur le toit… On peut aller s’y installer si tu veux » propose-t-elle alors qu’elle se saisit du plateau pour s’y rendre.

Ils s’installent sur la petite banquette où ils ont une vue imprenable sur l’océan un peu plus loin en contrebas et derrière, une vue sur le quartier dont les lumières de celui-ci sont leurs seules sources de lumière. Gabrielle ne tarde pas à se saisir du paquet de gâteaux au chocolat « Tu en veux un ou tu préfères la tablette de chocolat ? » Elle marque une pause avant d’ajouter « Les deux n’est-ce pas ? » Elle lui tend alors un biscuit non sans avoir ce sourire amusé au bout des lèvres et lorsqu’il vient à s’en saisir, elle le retire, l’empêchant ainsi de l’attraper « Je ne sais toujours pas si tu le mérites » dit-t-elle en riant et portant le biscuit à ses lèvres se saisissant d’un bout « Après tout… c’est à cause de toi que j’ai fini trempé… encore une fois » dit-t-elle une fois après avoir avalé le premier morceau, le encore une fois faisant explicitement référence à leur première rencontre.   « Peut-être devrais-je me contenter de te laisser sur ta faim… » et sur ces derniers mots, elle prend une deuxième bouchée du biscuit, gardant soigneusement le paquet dans ses mains pour qu’il n’ait pas l’opportunité de se servir lui-même.

« Mmh... peut-être ? » Elle en doute mais en même temps comment pourrait-t-elle le savoir quand elle n’a jamais été réellement dans son chez lui ? Mis à part ce soir, une première d’ailleurs, d’une manière assez furtive qui plus est.  Ils se sont vite dirigés vers l’extérieur et elle n’a pas eu le loisir de découvrir l’intérieur de sa villa. Impossible donc pour elle de connaitre l’existence d’un quelconque garde-manger secret. Contrairement à lui qui a eu tout le loisir de connaitre, des années en arrière, toutes les habitudes de l’avocate. Elle connait ses péchés mignons, sait qu’il affectionne tout particulièrement mais c’est une supposition qu’elle a faite un peu plus tôt quant à cette éventuelle réserve secrète qu’il pourrait avoir lui aussi. En tout cas, elle se souvient très bien qu’il contribuait à alimenter la sienne, réjouissant plus d’une fois la jeune femme qui pensait celui-ci vide parce qu’ils avaient terminé la dernière tablette de chocolat la veille. « Quel homme chanceux je fais. » Et cette fois, c’est elle qui l’a réalimenté la veille, pour elle bien sûr, ne s’étant pas douté une seule seconde qu’elle serait accompagné ce soir pour y puiser dedans, et encore moins, accompagné de son ex- amant. Il est tentant à cet instant d’en faire la remarque, mais ce serait sûrement jeter un froid qui n’est pas nécessaire, quand leurs relations semblent apaisées et qu’autant l’un que l’autre, semblent éprouver un certain plaisir à la présence de l’autre. « et tu les mets en hauteur afin de réprimander la tentation ? » Gabrielle grimace alors qu’elle dépose les fameuses petites merveilles, aka les Tim Tam, sur le plan de travail « Le moins du monde » et il sait très bien que c’est le cas quand elle avait cette même habitude à Los Angeles, qu’il s’amusait lui-même à les mettre au plus haut mais qu’elle usait de son regard de merlan frit pour le convaincre de lui attraper une gourmandise en hauteur. Le souvenir revient d’ailleurs dans sa tête, le sourire qui se dessine davantage sur ses lèvres en est la preuve mais, là encore, elle ne le partagera pas. A la place, elle demande à Channing ce qu’il préfère boire, l’idée d’un verre de vin n’étant sûrement pas la meilleure après qu’ils aient pu pratiquement deux bouteilles. « Un verre d'eau serait parfait, merci. ». Elle s’exécute alors, sort deux verres du placard en hauteur qui se trouve derrière elle avant de se diriger vers le frigo pour en sortir une carafe d’eau. Tout ceci déposé sur un grand plateau dont elle se saisit, elle propose qu’ils aillent sur la terrasse sur le toit pour s’installer et terminer la soirée « Je te suis. ».

Le jeune homme sur ses talons, ils grimpent à l’étage puis emprunte à nouveau un autre escalier qui leur permettent d’arriver sur la terrasse qui surplombe la villa. C’est sûrement un des arguments – entre autres – qui a poussé la jeune femme à s’acquérir de cette maison « Tu dois venir souvent ici... c'est superbe. » Il a raison, Gaby aime venir se réfugier ici, à l’abri des regards quand, elle, en revanche, a  le loisir d’observer tous les alentours. L’océan d’un côté, la ville bien au loin de l’autre, elle a l’impression de retrouver une certaine confiance les jours où les doutes la gagnent ou de retrouver un certain apaisement les jours où elle sent qu’elle peut perdre pied. « Je me sens un peu comme… la reine du monde d’ici » dit-t-elle sur un ton amusé alors qu’elle s’est déjà installée sur la banquette et que Channing en fait de même. Elle se penche pour se saisir du paquet de biscuit et demande au jeune homme ce qu’il préfère. Mais, voyant son hésitation – et sûrement connaissant que trop bien sa gourmandise – elle répond un peu à sa place en proposant les deux « Je sais me tenir je te signale.. mais oui, puisque tu proposes. » Un léger rire moqueur s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’elle ouvre le paquet pour venir se saisir d’un gâteau et le tendre à Channing. Mais elle se ravise alors qu’il tend la main pour l’attraper, n’étant pas réellement certaine qu’il mérite celui-ci après avoir lancé les hostilités un peu plus tôt. « C'est plus fort que moi, d'accord ? Gabrielle pouffe de rire alors qu’elle savoure ce gâteau sous son nez et je te le déconseille, tu sais à quel point je peux être grognon le ventre vide. » Seulement le ventre vide ? serait la réponse la plus naturelle qu’elle pourrait sortir à l’instant mais ne le fait pas, là encore, un bon moyen de mettre de l’huile sur le feu dans un contexte qui se veut apaiser. Parce que depuis qu’elle l’a retrouvé à Brisbane, elle a l’impression que c’est ce qu’il est devenu « Mister Grumpy… » souffle-t-elle alors, toujours avec cette malice qui lui est propre, cherchant à le faire réagir d’une manière ou d’une autre. Et ça semble fonctionner puisque voilà qu’il tente de lui reprendre le biscuit en question mais qu’elle ne se laisse pas faire, esquivant à la perfection ses attaques « Tu ne paies rien pour attendre. » « Really ? » dit-t-elle en le regardant toujours assisse sur la banquette quand lui s’en est levé. Elle s’apprête d’ailleurs à remettre le gâteau entre ses lèvres pour en prendre un autre morceau mais voilà que Channing se penche au-dessus d’elle, ce qui ne manque pas de la perturber. Leur regard se trouvent un mince instant, tout comme le silence, agréable cette fois, le gâteau dans sa main, son bras plié en arrière. Son sourire s’agrandit, celui-ci le défiant de lancer l’offensive pour récupérer cette satanée gourmandise. Et c’est ce qu’il fait, sauf qu’il a face à lui une Gabrielle qui n’est pas prête de le laisser remporter la bataille. Elle se débat, gigotant un peu trop dans tous les sens au point que… « Merde ! » voilà que la banquette se renverse soudainement, Gabrielle ne comprenant pas ce qui se passe en se retrouvant l’instant d’après la tête à l’envers et les pieds en l’air. L’héritier s’est retenu comme il a pu, se retrouve en équilibre au-dessus d’elle et Gabrielle, tout comme lui, sont incapables de laisser échapper un rire « Je suis vraiment désolé... ». Il peut l’être, encore une fois fautif d’une situation bien cocasse, ne manquant pas de la ramener là aussi des années en arrière quand ils s’étaient retrouvés dans une position similaire en plein milieu de Central Park à New York. Mais Gabrielle n’a pas réellement le temps de se perdre dans ses pensées, ni de réagir qu’il s’est déjà saisi du bout de gâteau restant, les autres étant échoué partout sur le sol « Mais ! » laisse-t-elle échappé lorsqu’il s’en saisit « J'ai gagné. » « En trichant ! » rétorque-t-elle du tac au tac, quand il a toujours l’ascendant sur elle, ne semblant pas enclin à bouger. Ses sourcils se froncent et alors qu’il rit toujours, elle, affiche une mine quelque peu boudeuse « Je partage mais... prends en juste un bout. » Un de ses sourcils s’arque à présent, son regard se plantant dans celui de l’héritier. Ils sont proches, terriblement proches, bien trop même, au point qu’elle est perturbée et qu’elle ne prête pas tout de suite attention à ce geste qu’il a de mettre le restant de gâteau entre ses dents. C’est lorsqu’il se penche vers elle, montrant clairement qu’il attend d’elle qu’elle s’en saisisse de la sorte, qu’elle en prend conscience et un sourire renait sur ses lèvres « Tu ne m’en penses pas capable, c’est pour ça ? » l’interroge-t-elle alors qu’elle laisse échapper un petit rire. Rire qui s’estompe peu à peu, Gabrielle perturbée à nouveau par cette proximité. Ils sont trop proches, beaucoup trop proches…. Leur dernière proximité n’était pas censée les rapprocher à nouveau, elle était censée les éloigner définitivement… Qu’étaient-t-ils en train de faire au juste ? Une terrible erreur sûrement, qui pourrait être facilement mis sur le dos de ces nombreux verres de vin qu’ils se sont enfilés… mais qu’ils le veulent ou non, c’est surtout leur complicité qui renait quand tout semble facile et naturel entre eux… Bien trop au point que Gabrielle se laisse aller. Elle s’autorise à s’approcher pour venir se saisir d’un petit bout du gâteau qu’il tient entre ses dents. La malice reprenant le dessus alors qu’elle se soulève légèrement, elle esquive alors sur le côté pour atteindre son oreille et venir y susurrer « Détrompes-toi… ». Et alors qu’elle se recule légèrement pour retrouver son regard, c’est sa main qui vient à se saisir du gâteau qu’elle lui retire entièrement, non pas pour le déguster mais pour l’envoyer rejoindre ceux déjà éparpillés à même le sol. L’air surpris du jeune homme ne manque pas de la faire sourire davantage avant qu’il ne disparaisse aussitôt, retrouvant son sérieux Ils sont trop proches… mais elle ne peut pas résister. Elle en est incapable et tait toutes ses pensées pour venir se saisir des lèvres désormais libres de l’héritier. C’est un baiser qu’elle lui offre à la place de cette gourmandise chocolatée, un de ceux qui se veut passionnel, passant ses bras autour de la nuque de Channing pour l’inciter à se rapprocher d’elle. Le baiser dure quelques secondes, peut-être un peu plus, mais Gabrielle ne laisse aucun doute face à ses intentions ce soir. Elle en est presque désolée lorsqu’elle libère ses lèvres parce qu’il aurait tous les droits de la repousser quand ils savent aussi bien l’un que l’autre qu’ils ne devraient pas se l’autoriser. « On ne devrait pas… » amorce-t-elle alors qu’elle plante son regard dans le sien et que son pouce s’autorise à caresser doucement sa nuque, inconsciente elle-même de ce geste « mais… » s’interrompant dans sa phrase, peut-être parce qu’elle préfère éviter de poser des mots sur les raisons qui l’ont poussé à agir de la sorte, Gabrielle se mordille légèrement la lèvre inférieure et vient, une fois de plus, trouver les lèvres de l’héritier.

« Je ne râle pas. »Il ne le fait peut-être pas à voix haute mais les expressions sur son visage, celles qu’elle lui connait par cœur, parle pour lui. Et même si ses traits sont plus détendus qu’ils n’ont pu l’être avec elle jusqu’à présent et ce, depuis leurs retrouvailles à Brisbane, Channing a toujours cet air préoccupé, mécontent et ça, elle doit reconnaitre qu’elle lui connait beaucoup moins. Elle peine d’ailleurs à retrouver l’homme dont elle est éperdument amoureuse, celui au sourire éclatant et a l’air toujours relax, celui qui s’était finalement bien accoutumé à la vie californienne, se glissant à merveille dans l’état d’esprit de la ville dans laquelle il avait élu domicile quelques mois durant. Ce soir, elle en retrouve des bribes, au point qu’elle s’autorise à des éclats de rire en sa compagnie et à se laisse aller à le taquiner, retrouvant une certaine complicité avec l’héritier.

Une complicité reprenant place bien trop facilement, les laissant se perdre dans le regard de l’un et de l’autre entre deux éclats de rire au point qu’ils ne font pas attention à cette proximité dangereuse mais confortable, alors que la position est, quant à elle, loin de l’être. Ils ont basculé en arrière et au lieu de se redresser, ils restent quelques minutes dans la même position à continuer à se chercher avec cette histoire de barre chocolatée, Channing proposant à Gabrielle de s’en saisir d’un morceau alors qu’il place celle-ci entre ses dents. C’est tentant, terriblement tentant. Et ce n’est pas ce chocolat qu’il l’est. Non. Ce qui est tentant pour la jeune femme est de venir se saisir de cette stupide friandise pour lui permettre d’accéder aux lèvres de l’héritier. Parce que c’est elles qui l’attirent, c’est elles que ses propres lèvres ont envie de retrouver. Cette proximité est traitresse et ce vin dont les effluves continuent de poursuivre son chemin dans son organisme l’est tout autant. Mais surtout, c’est cette attirance indéniable qu’elle ressent envers Channing, qu’elle pensait dépassée, qui la pousse à céder. Qui la pousse à venir se saisir effectivement de la barre chocolatée pour l’envoyer rejoindre les autres au sol et laisser ses lèvres se joindre à celle du Walker, échangeant ce baiser parlant et brûlant, auquel il répond alors qu’elle noue ses mains autour de sa nuque qu’elle caresse. Il est agréable ce baiser, il est réciproque surtout et c’est ce qui fait qu’il l’est encore plus. Ils s’interrompent dans ce moment pourtant, Gabrielle en profitant pour dire à l’héritier qu’ils ne devraient pas… mais la tentation est là, omniprésente et c’est pour cette raison qu’elle l’embrasse à nouveau.  « Non, on devrait peut-être pas... » A cet instant, l’avocate a un doute. Est-ce qu’il le pense vraiment ? Elle le regarde se redresser et donc s’éloigner d’elle et il a ce geste, celui où il vient à lui tendre la main pour l’aider à se redresser à son tour et à se mettre sur ses deux pieds. « mais après tout... pourquoi pas ? » Et une esquisse de sourire prend place sur les lèvres de l’américaine, alors qu’elle reste silencieuse, retrouvant le regard noisette de Channing qui laisse sa main effleurer sa joue, caressant agréablement sa peau avant qu’il n’ajoute, laissant la jeune femme de marbre durant tout ce temps « Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça… ? » Il n’y a rien de mal à ça. Rien quand ils n'ont de compte à rendre à personne, quand ils sont maitres de leurs choix, bons ou mauvais qu’ils puissent être. Parce qu’ils laissent parler leurs désirs à cet instant, celui de se retrouver physiquement, de s’autoriser une fois de plus à se perdre dans les bras de l’un et de l’autre, pour une nuit ou plusieurs, mais il y a aussi le risque de reproduire cette erreur, celle similaire au passé. De s’aveugler dans ce qui s’apparente à une relation qui n’aurait rien de sérieux, et qui finira indéniablement par se transformer en autre chose, ce autre chose qui restera un non-dit et qui aura raison, une fois de plus, de leurs souffrances en réouvrant les blessures du passé. Et si Gabrielle en a conscience, pour autant, elle chasse cette raison de ses pensées et noue à nouveau ses bras autour de la nuque de l’héritier, en se mettant sur la pointe des pieds « Nothing » murmure-t-elle alors qu’elle approche ses lèvres de l’héritier, les effleurant seulement sans s’en saisir pour autant, ses yeux se fermant quelques secondes « Il n’y a rien de mal à se retrouver occasionnellement juste… et son regard croise celui de l’héritier alors qu’elle réouvre les yeux et poursuit en susurrant pour le plaisir ». rien de plus parce qu’on sait que ce serait une erreur autrement. Elle se mordille la lèvre inférieure et ne tarde pas à venir embrasser à nouveau Channing d’une manière plus équivoque. Son corps se presse contre le sien, ses mains caressant plus vivement sa chevelure avant de s’agripper davantage à lui quand il l’invite à la soulever et qu’elle passe ainsi ses jambes autour de ses hanches. Ses lèvres se perdent dans son cou, déposant des baisers subtils ou plus insistants sur sa peau alors qu’il prend la direction de l’étage inférieur pour leur permettre de se retrouver dans la chambre de l’avocate. Quelques éclats de rire rythment leur chemin jusqu’à celle-ci, surtout quand l’héritier en y ignore la direction et qu’il les dirige en premier lieu vers la porte de son bureau. Elle y glisse un wrong door dans le creux de l’oreille avant de lui indiquer la bonne. Et lorsqu’ils y arrivent, ils basculent rapidement sur le lit et Gabrielle a ses derniers mots « Nothing serious » qu’elle prononce dans un murmure, comme pour s’en convaincre elle-même, son regard s’ancrant quelques secondes dans celui de l’héritier, attendant sa confirmation, avant de se perdre dans ses bras pour le restant de la nuit.