Quelle idée elle avait eu de venir ici ! Comme si elle n’avait pas pu choisir un parc tout simple. Non, il fallait qu’elle prenne celui au sommet de la ville parce qu’elle s’était dit qu’à défaut de vraiment le voir lui, ils auraient une belle vue sur le fleuve, la ville et le ciel. Excellente idée jusqu’à ce qu’elle se retrouve face à une montée qui lui avait donné beaucoup de peine avec ses talons. Fort heureusement, elle était arrivée avec de l’avance pour pouvoir tout préparer et se remettre de l’effort fourni. Il était à peu près 20h45 quand elle se mit debout pour admirer son travail. Des petits plats maisons typiquement Irlandais – ça, il allait l’apprendre plus tard – accompagnés des bières de son pays – entre autres boissons softs, on ne sait jamais s’il ne tenait pas à boire trop d’alcool – pour mieux terminer avec quelques douceurs sucrées. Le tout disposé sur une nappe à pique-nique achetée pour l’occasion. Dans le magasin, elle s’était d’ailleurs dit que c’était dommage de ne pas faire des pique-niques plus souvent. C’était sympa, sans prise de tête, ça faisait plaisir à tout le monde et ça lui avait rappelé le grand pique-nique organisé par sa promo, il y avait douze ans de ça, pour fêter leur dernière année d’études. Probablement le dernier pique-nique en date qu’elle avait fait d’ailleurs. Elle se promettait intérieurement que celui avec Jackson ne serait pas le dernier.
C’était au moment de lui partager sa géolocalisation pour qu’il puisse la retrouver dans le parc qu’elle sentait un petit stress monter. Dans quoi elle allait se mettre encore ? Rencontrer un mec, trois à quatre fois plus fort qu’elle, dans un parc presque vide – et qui allait très certainement se vider compte tenu de l’absence de lumière artificielle ici – , de nuit, qui courait plus vite qu’elle c’était sûr… il ne fallait pas franchement tenir à la vie pour prendre un tel risque ou au contraire, peut-être avait-elle encore un peu d’espoir en l’humanité. Allez savoir… elle n’avait, de toute façon, pas vraiment le temps de se poser plus de questions que ça qu’elle distinguait, quelques instants plus tard, une silhouette dans la pénombre qui se dirigeait dans sa direction. Elle n’avait pas besoin de voir son visage pour savoir que c’était lui. Un nouveau cran de stress venait d’être franchis, chatouillant ses reins et retournant son estomac, tant bien que mal maîtrisé par un souffle discret. Ça faisait combien de temps qu’elle n’avait pas rencontré quelqu’un via une application ? D’autant plus une application réputée aujourd’hui pour être une plaque tournante de coup d’un soir ? Trop longtemps pour que ce soit de suite naturel alors qu’elle affichait tout de même un sourire de façade détendu quand il arrivait à sa hauteur.
L’hésitation et l’appréhension s’envolaient dès l’instant où elle s’était permise une accolade rapide, de celle qu’on partage avec ses amis, en profitant pour lui glisser quelques mots. « Bon anniversaire à ma totally spie préférée. » La connerie déjà au bord des lèvres, elle n’avait pas su s’en empêcher tandis qu’elle s’éloignait déjà de lui. « Je n’ai pas de cadeau concret mais j’ai au moins ça. » Disait-elle en présentant rapidement le coin pique-nique de ses mains mais surtout la ville éclairée sous un ciel étoilé et une douce lune reflétés dans le fleuve. Une jolie vue au plus haut sommet de Brisbane. « J’espère que le coin te plait, si ça te convient pas on peut trouver ailleurs si tu veux. » disait-elle en haussant les épaules. Elle espérait surtout que le dîner allait lui plaire et, égoïstement, que sa petite personne allait lui plaire aussi parce qu’il existait toujours ce décalage entre les messages et la réalité et, parfois, il pouvait s’avérer être un gouffre. Elle ne voulait pas de ça ce soir. « Tes amis ont oublié ton anniversaire pour que tu décides de le passer avec moi ? » disait-elle sur un ton plaisantin, prenant place sur la nappe de pique-nique. Elle aurait bien l’air con si c’était le cas mais sa curiosité était piquée et c’était une façon dérivée de demander pourquoi il avait choisi l’option « fille de Tinder » et non « amis pour la vie » pour fêter son trente-cinquième anniversaire. Typique chez Debbie, pas vrai ?
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Dernière édition par Deborah Brody le Sam 19 Fév 2022 - 14:06, édité 1 fois
Bouteille de champagne dans une main, portable dans l'autre afin de rejoindre le point de rendez-vous, Jackson avance à pas mesurés. Sa cheville rafistolée par Sofia lui permet désormais de marcher correctement mais l'obscurité est telle autour de lui qu'il préfère ne pas prendre le risque d'avancer trop vite et de trébucher sur un obstacle. L'herbe est une étendue noire sous ses pieds hésitants. Tandis qu'il grimpe la pente en direction du sommet, son regard se pose sur la ville en contrebas. Des années qu'il n'avait plus mis les pieds dans ce parc. Au moins 20 ans, maintenant qu'il y pense. La réflexion s'accompagne d'un léger tacle à l'égo. S'il n'a pas peur de vieillir et accepte le temps qui passe comme une fatalité imparable, Jax accuse tout de même le coup. Aujourd'hui, il est officiellement plus proche des 40 que des 30. Il la sent, planant au dessus de sa tête, l'ombre menaçante de la remise en question. Raison pour laquelle il s'accommode parfaitement de ce rendez-vous dans le noir, bien décidé à rester hors de portée des radars et à passer ce cap sans tomber dans le panneau des rétrospectives déprimantes ou du listing de tous ses actes manqués l'année précédente. La triste vérité, c'est qu'il ne se souvient même pas de ce qu'il faisait, le soir de ses 34 ans.
Lorsqu'il arrive à une vingtaine de mètres du point indiqué par le GPS, Mills se prête au jeu et coupe le portable. Plus de rétro-éclairage, seulement la lueur du maigre croissant de lune pour éclairer le chemin. Dans l'obscurité, il remarque un peu plus loin une silhouette immobile semblant regarder dans sa direction. Jax se rapproche, un fin sourire aux lèvres, amusé par les émotions que cette rencontre provoque en son for intérieur. Il retrouve avec étonnement les frissons d'excitation de son adolescence, lorsqu'il s'agissait de venir ici avec une fille pour lui en mettre plein la vue et d'attendre impatiemment qu'elle lui prenne enfin la main.
Puisque sa vue est obscurcie par le manque de lumière, ses autres sens prennent le relai. Son adorât, par exemple, saisit la fragrance du parfum de Swad avant même que cette dernière ne se rapproche pour lui offrir une accolade. Il jurerait avoir déjà senti une odeur similaire, mais n'arrive pas à remettre le doigt dessus. Son ouïe s'imprègne de la voix de la jeune femme et l'enregistre quelque part dans son cerveau pour lui attribuer cette caractéristique, à défaut d'encrer une image sur sa rétine. Mills pousse un soupire amusé à l'entente du surnom, il sait qu'elle n'a pas fini de le taquiner avec ça et préfère ne pas songer au fait qu'elle ne se trompe pas de beaucoup en l'assimilant à un espion. L'heure n'est pas aux réflexions concernant ses activités professionnelles, Jax a toujours été strict là dessus : le jour de son anniversaire est un jour chômé. Il sourit en guise de salut, conscient que ses dents sont probablement la seule partie de son visage qu'elle peut clairement distinguer et maintient le silence. Dans la foulée, il l'observe présenter le pique-nique et l'écoute proposer de bouger si cela ne lui convient pas. Il secoue la tête de gauche à droite pour manifester son opinion : la vue est parfaite, c'est proprement le meilleur spot du parc. Aussi prend-il place sur la nappe, déposant sa bouteille et retirant sa veste après le coup de chaud de son ascension.
Mills sait qu'à l'instant ou il ouvrira la bouche, un lien plus concret que les quelques messages échangés sur Tinder se créera entre eux et cela n'a rien à voir avec les courbes appréciables que le clair de lune contraste sur le corps de l'irlandaise. Il le sent plus qu'il ne le rationalise : cette fille est sympa de nature, elle semble réellement avoir à cœur qu'il passe une bonne soirée d'anniversaire et cela le touche suffisamment pour qu'il se retienne de l'envoyer chier au moment ou elle décide de le piquer sur ses amis. '' Tu sais ... '' Commence-t-il de son timbre grave et chaud, bien loin du ton glacé d'Halloween et des menaces à peine voilées, '' Tu pourrais simplement admettre que ça te flatte et j'te répondrai que je ne regrette pas d'avoir pris ce pari. '' Le ton est donné, il a un sourire dans la voix. Jackson n'est pas venu parler des circonstances l'ayant poussé à garder cette soirée privée. Il est passé voir ses parents dans la matinée, s'est bien évidemment fait harceler de textos tout au long de la journée et a même trouvé un cadeau de Louisa dans sa boîte aux lettres. La raison de sa présence ici n'a rien à voir avec le dépit, mais si Swad veut se l'entendre dire, il faudra qu'elle s'expose et se montre plus explicite car la rhétorique ne fonctionne pas avec Jackson. Il y est imperméable.
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Dernière édition par Jackson Mills le Sam 5 Mar 2022 - 22:29, édité 2 fois
Il ne disait pas grand-chose et pourtant elle l’écoutait d’une oreille attentive. Quand bien même elle n’y voyait rien – hormis son profil lors des quelques secondes où il pouvait être parallèle à la lune – ses yeux cherchaient à voir. Elle le scrutait sans le dévisager, elle imprimait le peu dans son esprit parce que c’était mieux que rien. C’était son idée et si ça créait quelques frustrations, elle s’en accommodait sans difficulté. Elle aimait bien trop l’idée de ne pas être influencé, dans un sens comme de l’autre, par le physique de l’autre. En dehors même de toute cette histoire avec Camil, ce n’était pas pour rien qu’elle avait un profil Tinder anonyme – ou presque. Sa bio était claire : son désir avant tout était d’apprendre à connaître, intimement persuadée que c’était le chemin qu’elle avait pris avec le fêté du jour. « J’admets. » disait-elle avec un sourire à mi-chemin entre le ravissement et la timidité. Bien sûre qu’elle était flattée que son choix se soit porté sur elle pour la soirée de son anniversaire mais elle n’en restait pas moins curieuse du pourquoi. Elle n’insistait pourtant pas, ne souhaitant pas le mettre mal à l’aise, comprenant bien qu’il esquivait quelque peu la question – c’était tout du moins ainsi qu’elle le comprenait.
« J’admets aussi que tu es plus intimidant en face-à-face. » Murmurait-elle, légèrement penchée vers lui, avant de rire comme si elle venait de lui confier un secret à ne surtout pas lui dire. « C’est marrant comme c’est tout de suite moins évident quand on a pas le temps de réflexion entre deux messages. » avouait-elle. Peut-être cela venait-il de la sensation qu’elle avait d’être comme une adolescente qui parle pour la première fois à son amoureux secret ? Pourtant ça n’avait rien de secret entre eux, encore moins d’amoureux et elle n’était plus une ado depuis bien longtemps – sauf peut-être dans sa tête de temps en temps. A vrai dire, elle ne comprenait pas bien elle-même ce petit stress qu’elle ressentait alors pour mieux l’éviter, elle reportait le questionnement sur lui. « C’est un truc que tu fais souvent ? Rencontrer des filles sur Tinder, je veux dire. » interrogeait-elle en se souciant peu de la finalité de ces rendez-vous. Probablement qu’elle venait de là, sa difficulté à entamer la conversation : rencontrer quelqu’un par le biais d’une application de rencontre, elle n’y était pas du tout habituée, bien plus encline aux rencontres en direct.
Toujours attentive à ce qu’il pouvait lui répondre, elle le lâchait néanmoins du regard pour attraper la glacière qu’elle avait apporté. De cette dernière, elle en sortait deux verres à cocktail ainsi qu’un shaker qu’elle brasait un instant avant de diviser le contenu dans les deux contenants. « Il y a un petit truc que je ne t’ai pas dit. En dehors du champagne et de ma bêtise avec la pomme pétillante, ce soir on va boire et manger exclusivement Irlandais. J’espère que ton estomac est prêt à prendre un uppercut de gras. » lançait-elle en lui tendant son verre. Il ne fallait pas se leurrer, l’Irlande n’était pas connue pour sa cuisine diététique, bien au contraire. « Figure-toi que je me suis un peu amusée cet après-midi. Je ne savais pas quel plat choisir pour te faire goûter alors au lieu d’en faire un gros, j’ai décidé d’en faire plusieurs mais en version petits individuels dans des petits ramequins. » Au moins de cette façon, elle était sûre qu’il allait aimé au moins l’un d’entre eux – en priant pour qu’il en aime plusieurs à vrai dire, elle avait conscience que c’était un grand gaillard à nourrir qui lui faisait face. « Il faut que tu sois indulgent par contre, je suis pas un grand chef de cuisine mais j’ai essayé. » Et elle s’était étonnée d’y parvenir. Bien entendu, elle n’avait pas tenté de le faire en suivant son expérience quasiment inexistante mais elle avait suivi des recettes trouvées sur internet et elle avait même appelé sa mère pour lui demander de lui envoyer quelques-unes des siennes. Au cours de l’après-midi cuisine, elle s’était surprise à aimer ça, appréciant cette pointe de fierté quand elle goûtait ses préparations et qu’elles étaient réussies – parce que oui, elle avait goûté, elle n’allait pas lui ramener un truc immangeable non plus. Elle s’était appliquée dans la présentation, même en sachant qu’il ne la verrait pas et c’était une satisfaction sans pareille qui s’était éprise d’elle lorsqu’elle avait terminé et que tous ses plats étaient face à elle. Elle qui n’avait jamais pris le temps de cuisiner s’était découvert une activité qu’elle avait apprécié et qui avait eu le don d’occuper son esprit embrumé de ces derniers mois.
L'oreille tendue aux confidences, Jax se laisse charmer par le rire incroyablement contagieux de sa voisine. Cette mélodie l'incite à dialoguer d'avantage, elle réchauffe sa froideur et fait fondre quelques glaçons de la banquise dont est constitué son comportement social depuis son accident. « Pas de '' Contrôle+Z '' in real life ... » Répondit-il, taquin, dans un jargon de geek dont il sait qu'elle saisira la référence. Mills comprend le sentiment de la jeune femme sans pour autant se sentir concerné. Pour l'animal instinctif qu'il a toujours été, fréquenter les gens dans le monde physique, sans écran ni temps de latence entre l'action et la réaction, a plus d'avantages que d'inconvénients. Sentir, écouter, toucher, observer, vibrer ... Jax est un capteur vivant ; ce genre de félins insaisissables non pas parce qu'ils courent ou sautent plus vite que les autres mais bel et bien parce qu'ils sentent le vent tourner avant même que les nuages ne l'indiquent. Aussi se fit-il à son ressenti lorsqu'il s'agit de juger Swad.
Car c'est bien là l'utilité de ce pique-nique, indépendamment du fait que son anniversaire leur serve de prétexte au partage d'une bonne bouffe en plus d'un point de vue imprenable sur Brisbane. Retourner la question du '' pourquoi ? '' à la jeune femme ne l'effleure même pas car Jax sent la réponse dans chacun des regards qu'elle lui jette à travers l'obscurité : son interlocutrice le scrute et le jauge, qu'elle le conscientise ou non. Les mouvements de son corps et ses inflexions de voix laissent clairement transparaître le message ... « C’est un truc que tu fais souvent ? Rencontrer des filles sur Tinder, je veux dire. » ... et ses propos enfoncent le clou. « J'suis pas sûr que tu me crois si j'te dis que non. » Sincère, franc, sans filtre. Jackson Mills dans toute sa brutalité. Lui se fout de savoir si Swad cumule les dates sur Tinder. Ce qui l'intéresse, c'est de connaître la tournure que prendra le leur et ce qu'elle lui raconte à propos des bons petits plats qu'elle a préparé allume une lumière dans le fond de son regard. L'estomac, un organe de choix par lequel éveiller l'intérêt de Jackson !
« Gave-moi autant que tu veux, je serai faire honneur à tes efforts de préparation. » Répondit-il humblement, confiant quant à ses capacités de goinfre, tout en récupérant le cocktail tendu dans sa direction. Il profite qu'ils aient tous les deux leur verre à la main pour lever le sien au clair de lune et invite sa voisine à trinquer avec lui. « A l'Irlande et au temps qui passe. » 35 ans ... Mills porte le breuvage à ses lèvres, surpris par la fine pellicule de mousse à la surface du liquide et séduit par le goût qu'il ne reconnait pas immédiatement. « Hum ... » Grognement appréciateur. « Nan, dis rien, laisse-moi deviner ! » Il reprend une gorgée qu'il laisse trainer dans sa bouche avant d'avaler, s'amusant à faire des gargarismes dans l'espoir d'arracher à Swad un autre de ces rires particulièrement rayonnants. « Fuck. Non, j'sais pas. Un indice ? » Jax se prête au jeu. Il lui tarde de goûter à tout et son regard saute d'un plat à l'autre en essuyant la frustration de n'avoir accès ni aux formes, ni aux couleurs des aliments. Lui qui salive à la seule vision d'un hamburger saignant sur son fil Instagram ne peut s'empêcher de se pencher pour renifler ce qui se trouve sur la nappe. Il a faim, c'est évident.
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Dernière édition par Jackson Mills le Sam 5 Mar 2022 - 22:29, édité 1 fois
« Tu devrais. » être sûr qu’elle allait le croire. « Il me semble pas que tu m’ait donné de raison de penser que tu mens. Ce n’est pas maintenant que je vais remettre en doute ta parole. » Peut-être un peu naïve et crédule mais ce n’était pas grave. Jamais elle ne pourrait vérifier cette information de toute façon – à moins d’avoir accès à son compte mais ce n’était pas une chose qui l’intéressait et puis Deborah était du genre à croire en l’humain, en son fond foncièrement bon en tout cas parce qu’elle en avait connu des raclures pour savoir que ce bon fond était parfois évincé au profit d’autres intérêts rendant l’humain en question beaucoup moins reluisant. Ici, ce n’était pas le cas. Elle n’avait aucune raison de croire le contraire de ce qu’il disait. « En revanche je dois admettre que ça me rend perplexe. Tu aurais fini par proposer qu’on se voie si j’en avais pas pris l’initiative ou ça serait resté au stade de CTRL+Z ? Je me demande ce qui t’a poussé à me rencontrer si ce n’est pas un truc que tu fais souvent. » S’il était franc, elle pouvait l’être aussi et cette franchise avait le don de la détendre un peu. Les choses étaient simples, elles l’avaient toujours été depuis leurs premiers messages, c’était un aspect qu’elle appréciait beaucoup. Leurs discussions étaient sans fioriture. Lorsqu’elles en étaient parsemées, ce n’était que par nécessité pour mieux jouer sur les mots, s’en amuser, ressentir les choses, vibrer…
« Tu sais que tu me fais presque peur quand tu dis ça ? J’ai l’impression de ne pas en avoir fait assez. » disait-elle en se mordant la lèvre inférieure, un véritable doute se glissant dans ses paroles. « Tu sais quoi ? Je sais que tu pourras te rattraper avec le dessert, lui c’est une portion normale. Un cake café-Bailey’s sauce caramel comme tu en as jamais mangé. Dessert de ma maman, une véritable artiste avec son fouet, tu vas voir. » Fière de sa mère ? Sans aucun doute quand bien même elle lui trouvait quelques défauts sur certains aspects. « Promis, le goût du Bailey’s est là mais plus l’alcool. Je veux pas que tu crois que je cherche à te mettre la tête à l’envers. » s’exclamait-elle alors que son verre entrant gentiment en contact avec le sien, de quoi faire tinter le verre sans en mettre partout. « Aux trentenaires sur Tinder. »
Soucieuse d’entendre son appréciation sur ce qu’elle avait prévu en apéritif, elle le laissait goûter et songer en silence, amusée par son attitude qui n’avait aucun mal à la faire rire et pour cause… « Mon père te tuerait pour oser faire ça. » Gargariser une boisson de son pays, c’était presque blasphème pour son géniteur. « Autant sur la cuisine, je n’étais pas très sûre de moi quand je l’ai faite mais l’alcool, tu peux me faire confiance. On ne rigole pas avec ça en Irlande. C’est mon père qui m’a tout appris dans ce domaine et aujourd’hui je l’en remercie. C’est grâce à lui que je n’ai jamais bu, ou presque, le fameux verre de trop. Il m’a toujours épatée de ses connaissances dans ce domaine alors que sincèrement, hormis l’amour de sa culture, il n’y a aucune raison pour qu’il soit si pointu spécialement là-dedans. Un grand homme avec une tête pleine. » Disait-elle dans un rire, n’en pensant pas moins, avant de tremper ses lèvres dans son breuvage justement dosé. Merci papa. « Cette boisson s’appelle littéralement le cocktail Irlandais donc… pour sa base, si je te dis alcool fort local, légèrement vanillé, distillé par la maison « Le Jameson », tu me dis ? » Trop d’indices ? Pas assez ? Ce qui était sûr c’est qu’elle parlait beaucoup trop et que, peut-être, elle allait le gaver autrement qu’avec de la bouffe finalement.
« Tiens, tu me donneras des nouvelles de ça aussi. Je me suis dit qu’on allait commencer avec le plus léger, c’est préférable vu ce qui nous attend pour la suite. » parce qu’elle avait bien compris qu’il avait faim – et ce n’était pas étonnant puisque pour être dans le noir, il avait fallu attendre une heure un peu tardive pour dîner – elle lui tendait un petit bol isotherme, spécialement conçu pour retenir la chaleur, contenant une soupe aux fumets de poisson et de morceaux de légumes tel que de la carotte et du céleri. « Je te présente le seafood chowder. Plat typique pour les jours où il fait froid avec légumes et pêche du jour. Bon je ne suis pas allée pêcher mais j’ai pris du saumon, poisson irlandais par excellence ! » expliquait-elle, plongeant déjà sa cuillère dans le bouillon pour attraper les morceaux et manger. Il n’y avait que ce moyen-là pour faire taire la pipelette : la bouffe.
« Et je te laisse te demander. » Nouveau sourire, plus large que le précédent. Jackson renvoie la balle comme il répond aux messages sur Tinder : avec une insolence bonne enfant qui fait son charme autant qu'elle irrite. Peut-être est-ce parce que Swad lui a vendu le dessert avant même d'entamer le plat, mais Mills trouve à ce cocktail un arrière goût sucré. Il se lèche les lèvres, curieux de savoir de quoi est composée la mixture. A côté de lui, la jeune femme lui parle de son pére et joue aux devinettes. « Whisky ! » S'exclame-t-il alors, claquant des doigts pour signifier qu'il l'avait au bout de la langue.
« Tiens, tu me donneras des nouvelles de ça aussi ... » Jackson n'entend pas la fin de la phrase. Ses narines, dilatées par l'odeur de la soupe reniflent le pot avec envie. Il sent son estomac gargouiller, le pressant de goûter pour connaître la saveur du plat. « Je te présente le seafood chowder. Plat typique pour les jours où il fait froid avec légumes et pêche du jour. Bon je ne suis pas allée pêcher mais j’ai pris du saumon, poisson irlandais par excellence ! » La description est prometteuse, assez pour lui faire plonger la cuillère dans le pot avant même qu'elle ne termine sa phrase. Gourmand, il gobe deux autres lampées, aspire quelques légumes et reprend, la voix rendue plus chaude par la tiédeur du breuvage :
« - OK, » commence-t-il en reposant le bol pour prendre une autre gorgée de son cocktail, « tu marques un point avec la soupe, j'te lâche une info : J't'aurais pas proposé qu'on se voit, j'serai venu te livrer un plat. » Il plaisante, conscient que sa réplique pourrait le faire passer pour un sociopathe. Le genre d'humour bancale qu'un mec devrait éviter lors d'un premier rendez-vous - surtout dans le noir - mais l'agent s'en moque. Il considère avoir suffisamment blagué avec la brune par messages pour qu'elle saisisse le degré de conversation. Résolument pas au premier, en l'occurrence. « Tu sais, cette histoire de livreur de pizza et de carte de crédit qui ne fonctionne pas ... »Rendant les modalités de paiement tout de suite beaucoup plus intéressantes à négocier ...
Mills laisse un petit silence s'installer puis éclate de rire. « Gyal, je donnerai cher pour voir ton expression faciale right now ! » La référence au scénario du livreur de pizza et de la milfe en robe de chambre, il sait que Swad l'a autant que celle du contrôle + z. Ou bien c'est qu'elle lui a menti en se présentant comme la web designeuse du site de boules le plus cliqué du pays.
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Dernière édition par Jackson Mills le Dim 6 Mar 2022 - 12:24, édité 5 fois
Un froncement de nez mélangé à un sourire s’affichait sur son visage alors qu’elle le bousculait un peu – pas de quoi faire tomber quoi que ce soit, encore moins lui. Elle finirait par le savoir, elle se le promettait intérieurement. « Ouiiii, c’est ça. » s’exclamait-elle sur le whisky, visiblement ravie qu’il reconnaisse l’une des boissons locales de son pays natale. « Tu rajoutes deux traits d’absinthe, deux de curaҫao, un de liqueur de marasquin et un de boisson amère à l’angustura et boom, tu as le cocktail irlandais. » Un savant mélange entre le fruité, l’épice, les agrumes et le floral. Un petit piège a lui seul si on avait l’idée d’en faire sa boisson principale de la soirée.
Curieuse de son avis, elle l’écoutait attentivement tout en continuant de manger. A vrai dire, elle ne comprenait pas bien où il voulait en venir, plus intriguée par ses dires que peureuse, déjà trop habituée à ses bêtises pour craindre quoi que ce soit venant de sa part. « Je me demande si c’est un bon ou un mauvais point qui a été marqué là. » ces quelques mots coincés dans un rire parce qu’elle en venait à se demander si « lui livrer un plat » sous-entendait que ce n’était pas bon et qu’il valait mieux que ce soit lui qui cuisine la prochaine fois. Bien trop terre-à-terre sur le coup, elle ne se rendait compte de ses propos que lorsqu’il s’expliquait au pire moment : celui où elle venait de prendre une cuillère de soupe. Partagée, elle s’efforçait de garder la bouche fermée pour ne pas en foutre partout mais elle ne savait pas s’empêcher de rire de façon étouffée pour autant. Le rire de Jackson qu’elle trouvait communicatif n’aidait en rien, la forçant à poser sa main sur sa bouche pour qu’il se taise quelques secondes, qu’elle puisse reprendre un peu de contenance et avaler sa bouchée. « Si tu cherches à m’étouffer, je te pries de ne pas le faire avec de la soupe, il y a des méthodes plus intéressantes. » balançait-elle dans un sourire mutin sans une once d’hésitation alors que sa main était descendue dans son cou pour appuyer ses propos. De la répartie ? Elle en avait un peu – même s’il fallait avouer que c’était surtout le plaisir de la connerie pour le coup.
Le restant de la soupe vite avalé, elle attrapait une bouteille d’eau pour servir deux verres, sachant parfaitement ce qui les attendait pour la suite. « Un jour, ça sera ton tour de me faire ton plat préféré. » Enfin à conditions qu’il y ait une suite à cette rencontre mais ça ne faisait presque aucun doute dans son esprit. « Je ne pouvais pas ne pas cuisiner ce qui arrive. L’Irish Stew. » Une petite cocotte tendue vers lui, elle ajoutait quelques mots : « Plat national. Agneau, pommes de terre, carottes, oignons et évidemment, sauce à la bière. » Piquant dans son plat, les souvenirs des dimanches en famille lui revenaient en mémoire. C’était fou comme l’Irlande pouvait lui manquer parfois et sa famille encore plus, surtout ces derniers temps. « Tu m’as jamais vraiment parlé de ta famille. Tu as des frères et sœurs ou tu es un modèle unique ? »
Jackson se marre, fier de sa connerie, secouant le visage pour échapper à la main de sa voisine qu'il laisse finalement prendre place sur sa bouche car il l'entend collapser dans le noir. L'idée n'était pas de l'étouffer mais sentir les doigts de Swad glisser le long de son cou en y faisant référence lui arrache un frisson. « Me donne pas ce genre d'idées ... » Il n'en dit pas plus. Son interlocutrice sait qu'il démarre au quart de tour.
« Un jour, ça sera ton tour de me faire ton plat préféré. » Mills attrape la cocotte, curieux de goûter à ces nouvelles saveurs, la soupe et le cocktail l'ayant déjà convaincu que ce qui suivra sera forcément bon. « Ahhh mais mon plat préféré ne se cuisine pas, il s'achète au meilleur food truck de la ville. Ces gars là savent ce qu'ils font ! »L'amour et l'admiration sont perceptibles dans sa voix tandis qu'il s'apprête à inaugurer L’Irish Stew. La première patate est une révélation. Appelé à plus de ferveur par son estomac aux aboies, Mills se goinfre. L'obscurité a le mérite de cacher ses manières de sauvage. À peine s'il ne lèche pas la cuillère entre chaque bouchée pour être certain de n'en perdre aucune goutte. C'est que ça lui plait bien, le goût de la bière dans les légumes !
Quand l'irlandaise l'interroge sur sa famille, Jax repense à leurs conversations à propos de son frère champion de course en fauteuil et de ses parents ultra catho. Lui ne s'est pas étendu sur Gloria et Idriss Mills, trop habitué à les protéger des conséquences néfastes que son job pourrait avoir sur eux. '' Des proches que personne ne connait sont des proches plus difficilement ciblables '', l'une des premières choses que l'on apprend en intégrant le MOSC. L'agent a ce réflexe de peser ses mots avant de répondre, jouant avec son verre d'eau pour justifier son silence. « Modèle unique. J'aime cette expression. » Parce qu'elle vise à flatter l'ego mais aussi et surtout parce qu'elle a quelque chose de réconfortant pour un homme dont la peur la plus viscérale est de perdre son identité. « Ma mère est Australienne, mon père est Botswanais. » Des informations qu'il consent à offrir, ajoutant même l'habituel « (juste au dessus de l'Afrique du sud.) » destiné à orienter géographiquement l'esprit de ses interlocuteurs concernant ce pays que les occidentaux ne connaissent généralement pas.
« J'parie que ça te rend nostalgique. » Reprend-il après avoir reposé sa cocotte parfaitement vidée de son contenu. Devant eux, la ville continue de briller de milles feux et, la nuit chassant peu à peu la fin de soirée, des étoiles commencent à faire leur apparition. Pendant quelques secondes, Jax se demande à quoi ressemble le ciel du Botswana. Son père, resté discret quand aux raisons de son immigration en Australie, ne lui a jamais parlé de la terre de ses ancêtres. Mills soupçonne des histoires difficiles à raconter et n'a pas insisté pour savoir. Il se dit qu'il ira voir de ses propres yeux le plus beau des continents du monde mais que sa place est pour l'instant en Australie. Le procès houleux qui se dessine à l'horizon incite Jackson à vouloir s'assurer que le coupable finira bel et bien derrière les barreaux. Si pas, que ses collègues le suivent ou non dans sa vendetta, c'est entre quatre planches que prendra fin la carrière de Hoover. Mills s'en est fait la promesse en lui laissant la vie sauve, en octobre.
Elle se retenait de lui dire que c’était lui qui avait commencé et même si dans la nuit il n’était pas capable de le distinguer, son sourire amusé le disait pour elle. Mais bien avant les bêtises, c’était lui qui l’intéressait avant tout alors elle prêtait davantage attention aux réponses qu’il lui fournissait qu’aux bêtises échangées – même s’il fallait l’avouer, ça avait au moins le don de la détendre et de la rendre légèrement moins bavarde. « Tu es en train de me dire que tu es mauvais cuisinier ? Pitié, ne casse pas le mythe. » le fameux mythe du sportif qui sait cuisiner la fadeur des légumes sans les baigner dans l’huile ou le fromage. Pour le peu qu’elle avait connu, ils avaient toujours eu le don de rendre délicieux des aliments incapables de l’attirer par eux-mêmes. Cela dit, elle pouvait bien parler… sa propre personne cassait le stéréotype des trentenaires bonnes à marier parce qu’elles sont bonnes derrière les fourneaux. Le dîner de ce soir n’était pas mauvais mais il ne collait absolument pas à l’image de la femme qui se lance en cuisine en suivant son instinct, loin de là. « Et c’est quoi ce plat préféré ? Je peux savoir ou tu comptes me faire la surprise ? »
Rapidement, la discussion prenait une tournure plus sérieuse. Pas dramatique mais plus personnelle. La famille. Un sujet qui lui tenait à cœur et elle avait deviné dans les messages de son interlocuteur que c’était aussi le cas de son côté, quand bien même elle ne savait pas grand-chose de lui. Elle l’avait simplement deviné dans son désir de se rendre au pays de ses ancêtres. Sa gamelle à son tour terminée, elle comprenait qu’il était sûrement fils unique lorsqu’il appuyait ses propos. Son verre à la main, une gorgée sur sa fin, elle hochait légèrement la tête. « Ah oui d’accord, je vois. » à peu près, où se situait le Botswana à présent qu’il avait plus ou moins indiqué sa géolocalisation. « Et tu comptes y aller avec eux ou tout seul ? » La question était anodine mais elle oubliait trop facilement qu’à leurs âges, elle était chanceuse d’avoir ses deux parents encore en vie et que ce n’était pas forcément le cas de tout le monde. Elle allait probablement vite savoir si elle venait de faire une boulette maladroite ou non.
« Ouais, j’avoue. » disait-elle, en haussant une épaule, comme prise sur le fait d’une évidence. Bien sûr que ça la rendait nostalgique, d’autant plus qu’elle n’avait pas pu se rendre en Irlande cette année pour les fêtes de fin d’année – notamment à cause de cette satané grossesse nerveuse – alors forcément, ça lui manquait toujours un peu. « Cela dit, ça m’apprend aussi à être un peu plus indépendante et c’est pas plus mal parce que tu peux me croire, c’était pas gagné au début. » disait-elle dans un rire, se moquant gentiment d’elle-même. « De ton côté, tu t’es senti indépendant à quel moment ? » Indépendante, elle l’était, surtout depuis que son frère était rentré au pays et qu’elle avait pris la décision de ne pas le suivre mais elle admettait sans mal que c’était venu très tardivement dans sa vie donc elle était naturellement curieuse – comme à chaque fois – de savoir ce qu’il en était de son côté. « Coddle ? » disait-elle en lui tendant le troisième plat tant il était rapide pour manger. « Tu excuseras l’Irlande pour le manque de variation de légume, à croire que c’est le pays de la patate et de l’oignon. » ouais, encore mais… « J’espère que le sportif que tu es saura apprécier la variété de viandes. » Saucisses, bacon, le tout cuit dans un bouillon de poulet… de quoi ravir des carnivores.
« Je suis un excellent goûteur. » Répond-il, un sourire dans la voix, préférant présenter le verre à moitié plein que de l'admettre à moitié vide. « On garde la surprise, tu devras deviner ce que c'est. »
Jax s'imagine furtivement lui bander les yeux devant son Mac'n'Cheese fétiche. Cette image le perturbe aussitôt qu'elle pop dans son esprit, provoquant un froncement de sourcils discret. Il la chasse d'une nouvelle gorgée d'eau et se concentre sur la question concernant ses projets de voyage. A ses yeux, péleriner est une activité qui se fait avec soi-même, sans les autres. « Seul. » La fermeté avec laquelle Mills articule le mot parle plus qu'un long discours : Les tripes bien accrochées et les couilles de le faire, c'est tout ce dont il a besoin. Il se retient d'ailleurs d'ajouter un '' avec ma bite et mon couteau '' peut-être un peu trop lourdingue et ravale son rire tandis qu'il regarde toujours le ciel, comme hypnotisé par la beauté des étoiles.
« Cela dit, ça m’apprend aussi à être un peu plus indépendante et c’est pas plus mal parce que tu peux me croire, c’était pas gagné au début. »« A ouais ? » Jax tourne la tête en direction de la brune. Il se demande ce qu'il se cache derrière cette autodérision. « Moi j'dirais 14-15 ans. » Après l'agression de sa mère, assurément, mais ça l'agent se garde de le préciser. Il se souvient avoir commencé la boxe à ce moment là et, par la même occasion, son entraînement pour le concours de police. Vingt ans déjà. Le temps passe trop vite.
« Coddle ? » A nouveau, l'ogre attrape son plat et se met à le dévorer. A peine le temps d'articuler un remerciement à Swad qu'il plonge déjà sa fourchette dans l'assiette. « Viandes, patates, oignons ... » Mâchonne-t-il entre deux bouchées, « ... ils ont tout compris les Irlandais ! » Un petit claquement de langue accompagne sa réplique tandis qu'il tend vers elle son poing fermé. « Check ça ! »
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Dernière édition par Jackson Mills le Ven 29 Avr 2022 - 0:25, édité 1 fois
« Entendu. » disait-elle simplement concernant son plat préféré, loin de s’imaginer que de son côté, son imagination avait trottiné sur un terrain plus glissant. Curieuse, elle se concentrait sur le reste de la discussion, notamment sur son futur voyage sur les terres de ses ancêtres. La fermeté dont il faisait preuve dans sa réponse, sans plus d’explication, la mettait quelque peu mal à l’aise. Elle avait eu la sensation d’avoir dit une connerie, ce qui expliquait aisément les paroles qui suivaient. « Désolée, je voulais pas te blesser ou quoi que ce soit. » Elle avait clairement l’impression d’avoir posé la question de trop, que sa curiosité avait – une fois de plus – fait du tort sans que cela ne soit son intention. La réalité voulait surtout qu’il était simplement moins bavard qu’elle et que l’obscurité l’empêchait de voir l’expression de son visage – et par conséquent de deviner qu’elle ne l’avait pas blessé mais juste qu’il n’avait rien à ajouter.
« Ouais. Disons que mon frère et moi, on était comme cul et chemise et la chemise avait peut-être un peu trop tendance à s’appuyer sur le cul et se laisser porter. » disait-elle dans un rire. Elle était la chemise, sans aucun doute possible. « Disons que j’ai longtemps été une femme-enfant comme on dit et s’il m’arrive encore de faire des conneries et d’avoir des moments d’insouciance, aujourd’hui je les assume et je sais être sérieuse quand il le faut. J’ai trop longtemps profité de sa gentillesse et je pense avoir mûri d’un coup après son accident et toutes les conséquences que ça a eu. » En réfléchissant un peu, c’était une fois de plus son frère qui lui avait permis de grandir et d’avancer dans sa vie d’adulte. Par moment elle se demandait ce qu’elle serait devenue sans son soutien. « C’est vachement jeune 14-15 ans. » de son point de vue en tout cas et si la question du pourquoi la titillait farouchement, elle n’osait pourtant pas demander, conséquence directe de la méprise quelques minutes avant.
Amusée par son appétit, elle checkait son poing du sien… du moins elle tentait ! Dans la pénombre, elle loupait son coup, ripant son petit doigt contre le sien avant de rire de sa maladresse évidente, le rose montant à ses joues, ce qu’il ne serait heureusement pas capable de voir. « Désolée. » disait-elle en le checkant correctement cette fois avant d’entamer son plat à son tour. Les uns après les autres, ces minis plats commençaient sérieusement à faire une assiette complète et de son côté, elle commençait à caler, ne picorant que quelques morceaux avant de refermer sa boite et la mettre de côté, bien plus en appétence pour la discussion que la bouffe finalement. « Je sais que j’ai tendance à parler pour deux et que ça laisse rarement l’occasion d’en placer une mais tu es pas très bavard ou curieux comme gars, pas vrai ? » ou est-ce que c’était elle qui ne lui inspirait pas confiance ? Il ne lui posait pas de question, il répondait le plus concis possible, il ne semblait pas curieux de la personne qu’il avait en face de lui. Elle se posait naturellement la question de savoir si ça venait d’elle ou si c’était simplement sa nature à lui d’être comme ça.
Spoiler:
@Jackson Mills, comme quoi le flood, ça a du bon, ça m'a donné envie de te répondre de suite même si j'avais d'autres rps à faire avant, normalement
Cul et chemise. Jackson tente de s'imaginer ce que cela signifie pour la jeune femme. Fils unique, il ne pourra jamais deviner ce que la fraternité apporte aux enfants de familles nombreuses mais son amitié de longue date avec Louisa le laisse supposer que c'est à cela que ressemble une relation fraternelle. Bien que la leur se soit toujours plus apparentée à une compétition constante qu'à un support sur lequel se reposer pour se la couler douce, Jax imagine sans mal Fleming assumer à sa place et inversement, si la situation les y contraint. Après avoir survécu à la tromperie, l'agent suppose que leur lien serait capable de tout endurer. Il se revoit marcher sur les traces des vikings ou gravir les montagnes norvégiennes avec elle et laisse l'obscurité cacher le sourire tendre qui étire ses lèvres à cette pensée. Leurs dernières vacances étaient de loin les meilleurs de la décennie écoulée. « J’ai trop longtemps profité de sa gentillesse et je pense avoir mûri d’un coup après son accident et toutes les conséquences que ça a eu. » « Hum ... » Acquiesce-t-il, réservé mais attentif, saisissant cette fois-ci avec certitude et sans aucune difficulté le sens profond de ce que sa voisine lui partage. Des conséquences, Mills a du en affronter pas mal, lui aussi, que ce soit après l'agression de sa mère ... ou, plus récemment, après la sienne. « J't'ai dis, j'suis précoce. Remember le break parental. » Plaisante-t-il pour alléger la conversation, désireux de rester dans une ambiance bon enfant en cette soirée d'anniversaire.
Là où Swad semble caler, Jax réitère et lèche sa fourchette. Son estomac, ce puis sans fond, pourrait engranger le PIB agricole de l'Irlande à lui tout seul. Il est en train de vérifier qu'aucune patate n'a échappé à son attention lorsque la brune enfonce des portes ouvertes, lui arrachant au passage un petit rire désabusé. Il a l'impression d'entendre Sparrow. « Je sais que j’ai tendance à parler pour deux et que ça laisse rarement l’occasion d’en placer une mais tu es pas très bavard ou curieux comme gars, pas vrai ? »« J'écoute, j'observe, j'agis. » Répond-il, soldat jusque dans la façon militaire dont sa psyché se structure lorsqu'il s'agit de rapport sociaux. Puis, concédant que cela puisse mettre mal à l'aise - particulièrement dans le noir - il s'allonge sur la nappe, prenant appui sur ses coudes. Le profil de Swad se découpe contre le ciel étoilé, rappelant à Jackson qu'il n'est pas en mission et que la froideur qui le caractérise dans sa vie professionnelle n'a pas de raison d'être ce soir.
« Tout le monde ment. » Reprend-il après un temps de réflexion. S'il n'a pas de problème avec ce constat, c'est parce qu'il est le premier à mentir pour gagner son chèque à la fin du mois et c'est aussi pour cette raison qu'il n'accorde qu'une importance relative à ce que les conversations entre les individus apportent de certitudes relatives. Mills est un agent fédéral spécialisé dans l'infiltration. Se méfier et ne se fier à aucune évidence fait partie de ses déformations professionnelles ; il en a fait un réflexe de survie difficilement dissociable de sa personnalité. « C'est un challenge pour moi d'accepter de te voir sans te voir. J'ai l'habitude de me fier plus à mes sens qu'à ce qu'on me raconte. » Or, ce soir, Jax ne voit ni ne touche. Il a relevé cette odeur étrangement familière lors de leur accolade et gouté aux bons petits plats de Swad mais cela ne suffit pas pour à nourrir son instinct. En alerte, ses capteurs restent ouverts à toute nouvelle information que le timbre de voix ou les gestes de sa voisine pourraient laisser paraître au delà des questions qu'elle lui pose et des confidences qu'elle lui fait. « Le concept de la femme-enfant, par exemple, je l'avais saisi bien avant ce soir. » Révèle-t-il, souriant de plus belle, la poche pleine des messages qu'elle lui a envoyé sur Tinder et de ses petits jeux d'allumeuse qu'il apprécie au delà du fait que cela parle à sa libido. « Et j'aime ça. » Parce que les homme préfèrent les chieuses, c'est bien connu.
Destin, es-tu là ? a écrit:
WIN : Une étoile filante déchire l'obscurité, provoquant l'émerveillement de leur âme d'enfant. Jackson pointe le ciel du doigt afin d’orienter l'attention de Swad sur les étoiles tandis que lui revient en position assise : « Fais un voeux ! » Il profite qu'elle s'exécute pour l'embrasser dans le cou. « J't'ai entendu le penser d'ici ... »
SO CLOSE : Un bruit suspect s'élève tout à coup du côté de la glacière. Un raton laveur est en train de se faire la malle avec le dessert ! Il parait que ça porte la rage ces bêtes la !
LOSE : Durant sa ronde de nuit, le gardien du parc arrive avec sa lampe, attiré par leur conversation. C'est la fin de l'anonymat pour Swad et Closer : le faisceau lumineux, en plus de leur niquer la rétine, révèle leur visage. « Vous avez pas lu les panneaux ou quoi ? Fermeture du parc à 20 heures ! Aller, oust, du balais les amoureux ! »
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Dernière édition par Jackson Mills le Ven 29 Avr 2022 - 9:36, édité 6 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Elle se faisait silencieuse quand le moment s’y prêtait. Comprendre pourquoi il l’était lui-même, se mettre à sa place pour adopter sa façon de penser. Il était un observateur, une oreille plus qu’une bouche et il agissait en conséquence de l’idée qu’il se faisait des gens. Elle commençait à comprendre dès l’instant où il abordait le mensonge. Pas besoin de plus pour que sa lanterne s’éclaire. Il l’avait bien dit : tout le monde ment. Alors à quoi bon s’attarder sur des paroles quand les actes parlent davantage ? Si elle pouvait comprendre la logique, elle ne pouvait pas s’empêcher de trouver ça dommage. Si elle comprenait bien, dans l’éventualité d’un mensonge, il préférait ne croire en rien, ne se fier qu’aux actes. Dans cette suite logique, elle se demandait s’il avait cru en ce qu’elle lui avait dit sur Tinder. « Pour ce que ça vaut, je t’ai jamais menti. » Chacun avait son point de vue sur le mensonge mais du sien, elle n’avait pas menti. Camil était bien un ami, elle l’aidait bien à mener ses projets. Elle n’avait juste pas précisé la nature de l’aide. Elle était bien venue en Australie pour son frère mais il n’était pas la seule raison non plus. Pour elle, elle n’avait pas menti. Elle avait seulement gardé une part de privé face à un inconnu qui ne s’était pas montré plus curieux que ça. Si ça avait été le cas, probablement qu’elle lui aurait dit la vérité, tout comme cette fois où il lui avait demandé son plus grand rêve et qu’elle avait parlé de son fils, clairement un événement de sa vie très privé dont elle parlait peu, pour ne pas dire jamais, à l’origine même de sa grossesse nerveuse. « Ça me fait plaisir que tu ait accepté de me rencontrer en tout cas. » dans les conditions qu’elle lui avait imposé : se voir sans se voir. Un challenge pour lui, la sensation qu’il lui donnait un peu de sa confiance pour elle. Ça ne pouvait que lui faire plaisir.
Flattée de son compliment sur la femme-enfant, le rose lui montait aux joues mais elle n’avait pas vraiment le temps de se manifester qu’il lui sommait de regarder le ciel étoilé. Sans vraiment réfléchir, sous sa demande, elle fermait les yeux pour faire un vœu. A peine le temps d’y réfléchir qu’un puissant frisson traversait son échine sous le baiser surprise de Closer. Son côté enfant lui faisait remonter une épaule sous la chatouille provoquée. L’adulte tournait son visage vers le sien et si elle n’était pas capable de voir ses yeux, elle ne les devinait que trop bien, charmeurs et provocateurs. « Je crois que tu as mal entendu... » Un murmure à peine soufflé, comme un secret entre eux alors que son visage s’était rapproché, qu’elle pouvait sentir son souffle alcoolisé contre sa peau. Quatre-vingt-dix pourcents du chemin. Les dix pourcents restants sonnaient comme une demande d’autorisation de quelques secondes et comme il ne semblait pas s’éloigner, elle s’autorisait à réduire à néant la distance. Ses lippes trouvaient les siennes sans difficulté, dans un baiser chaste aux allures de découvertes timides à la fois grisantes.
Il la sent frissonner et sourit contre sa peau douce avant que Swad ne se dérobe. Le parfum de son shampoing est enivrant ; il lui donne des envies de plus que Jackson se surprend à ressentir pour si peu. Ce genre de baiser n'est pas le premier que l'agent administre à une femme, pourtant il suffit qu'elle brise le contact pour le frustrer autant que si elle lui avait repris un plat avant qu'il n'ait pu en goûter ne serait-ce qu'une bouchée. Son corps, bien qu'étranger à celui de l'inconnue, associe son odeur à quelque chose de terriblement sexy sans que Jax soit capable de se l'expliquer. Des images de dentelles et de draps froissés lui parasitent l'esprit tandis qu'il pourrait jurer avoir déjà humer cette fragrance. Mais où ? Joueur, il accueille ce sentiment d'ambiguïté avec délice. Mills sait que les batailles gagnées d'avances n'ont pas la même saveur que celles requérant de persévérer pour réussir.
« Je crois que tu as mal entendu... » Sa sangle abdominale se contracte aux inflexions plus graves de la voix féminine. Au delà des mots, Jackson saisit parfaitement les énergies émanant de sa voisine et se délecte de l'imaginer si proche de lui alors que leurs souffles se rencontrent. Une légère odeur de whisky vient s'ajouter au mélange olfactif. Grissant. Jax laisse faire, séduit par la prise d'initiative. « Moi qui me vantait de savoir écouter... » Répond-il sur la même fréquence, le timbre imprégné d'humour et la peau en alerte, attendant de savoir d'où viendra le prochain contact.
Des lèvres féminines, ainsi qu'en décide Swad. Jax ferme les yeux. Il accueille la pression humide de leurs bouches qui se rencontrent en se focalisant sur les étincelles que cela déclenche sous ses paupières. Son sang ne contient pas suffisamment d'alcool pour justifier pareilles conséquences, il faut que le désir soit plus profond qu'une simple envie de fourrer sa langue dans la bouche de la brune pour provoquer ce genre de choses. Instinctivement, sa main vient se placer derrière la nuque de la jeune femme. Pas pour approfondir le baiser mais bel et bien pour éviter qu'il ne prenne fin trop rapidement. Jax est curieux de voir si le phénomène persiste, si d'autres impulsions nerveuses viennent faire imaginer à ses yeux fermés des couleurs qui n'existent que dans sa tête. Cela dure plusieurs secondes, une minute peut-être. Il n'a jamais pris le temps de compter quand ce qui rythme l'instant est agréable ...
Enfin, Mills sépare leurs lippes de la distance nécessaire pour garder la nuque de la jeune femme dans la paume de sa main tout en laissant de l'espace à la conversation : « C'est abusé comme tu sens bon. » Il en devient un peu obsessionnel, preuve que l'animal derrière ses aspects d'homme charmant continue de flairer avec la ferme intention de mettre le doigt sur la raison de cette impression de déjà vu. Mais puisqu'il ne semble pour l'instant pas capable de se souvenir de ce détail, Jackson enchaîne sur un autre qui, il en est certain, viendra titiller la mémoire de la brune : « Si tu veux que ça s'arrête, t'as juste à dire ton prénom. » Déjà sa main libre se fraie un chemin dans le dos de Swad afin d'y exercer une pression visant à la rapprocher de lui. Des gestes calmes, sans précipitation, mais suffisamment fermes pour afficher la couleur : le sens qui le pilote, désormais, est celui du toucher.