Though I guess that presupposes that there is a wine I wouldn’t drink.
« Je savais que je faisais bien de travailler ici. Je trouve que c’est une excellente idée, il y a peut-être quelque chose à exploiter ? » Une moue dubitative sur le visage, je réfléchis très sérieusement à une manière adaptée pour mettre une telle chose en place. Le dessert gratuit pour chaque personne qui trouve l’ingrédient secret de tel ou tel plat. Une idée intéressante et un véritable coup de marketing positif pour l’Interlude. Rare sont les restaurants gastronomiques proposant de telles choses. Mais rien ne me semble infaisable ceci dit et je sais que je risque donc de passer de longs moments à me creuser la tête sur cette idée qui reste assez plaisante. « Pourquoi pas, à voir. En faisant une journée ou une soirée sur un thème bien spécifique ça peut être une idée intéressante à exploiter. » Parce que je ne pense pas que l’on pourrait toujours offrir le dessert aux personnes découvrant un ingrédient ‘secret’ dans chaque plat. Ça représenterait certainement une grosse perte de bénéfices. Mais ce n’est pas sur cette question que nous continuons à débattre et c’est un sujet bien plus sérieux qui s’installe presque naturellement entre nous. Theodora n’est pas de ces personnes très ouvertes et parlant sans aucun problème de ses sentiments et ses peurs. Je ne la connais pas réellement personnellement mais j’ai fortement l’impression que nous nous ressemblons sur ce point. Je ne me confie pas. Ou du moins très peu et à un nombre de personnes réellement restreint. Se mettre à nu, avouer ses peurs et ses faiblesses est sans aucun doute une des choses les plus compliquées à faire selon moi et sans que je ne me souvienne exactement comment, c’est presque ce qui est en train de se passer en ce moment-même. Theodora n’a pas l’air d’avoir une relation très simple avec sa mère. J’y comprends et crois y déceler un grand manque d’affection entre les deux femmes. Pas qu’elles ne s’aiment pas – qui suis-je pour avancer ce genre de chose ? – mais peut-être plus que la communication entre les deux semble compliquée ce qui fait grandement souffrir la fille dans ce duo. Theodora me touche et j’essaie de la soulager comme je le peux à mon niveau. « J’étais pas prévue. Elle était vraiment super jeune quand elle m’a eue. » J’hoche doucement la tête en signe de compréhension. Je ne sais pas à quel point sa mère était jeune quand elle est tombée enceinte. Mais ce dont je suis sûr c’est que si Alex ne m’avait pas tenue à l’écart de sa première grossesse j’aurais aimé mon fils plus que tout au monde. J’étais jeune moi aussi, peut-être pas autant que la mère de l’apprentie, mais j’avais vingt-deux ans. Je venais à peine de terminer mes études et mon salaire de commis dans un petit restaurant n’aurait sûrement pas été suffisant pour subvenir parfaitement à tous les besoins du petit. Mais je sais que mon amour pour ce petit être aurait été plus fort que tout. « Elles ont énormément de chance d’avoir un père comme toi, et je pense qu’elles doivent déjà le savoir. » Un petit sourire sincèrement touché vient s’étrier sur mes lippes. Je ne pense pas être un père parfait mais j’essaie tant bien que mal d’être le meilleur possible pour mes deux princesses que j’aime plus que tout au monde. L’amour parental est fort et pour moi il a été instantané. Peut-être que ce n’est pas le cas pour tout le monde, finalement et je pense que Theodora est mieux placée que moi pour parler de sa relation avec sa mère. « Sa manière de m’aimer m’a toujours donné l’impression de ne pas être désirée et d’être la source de beaucoup de regrets. Je l’ai jamais directement confrontée au sujet de ce ressenti mais ça reste…très dur à porter. » Ça doit être dur à vivre et la jeune femme semble avoir bien trop de poids sur les épaules.« Dans ce cas-là à toi de lui montrer que tu n’as pas besoin d’elle pour t’en ressortir et devenir une grande personne. » que je lui dis, sous un autre ton avec un peu plus d’énergie. C’est avec un regard rempli de bienveillace que je poursuis. « Tu as tout pour t’en sortir et te faire un nom, pour te démarquer des autres. Je t’assure. Même si ce n’est pas facile tous les jours, moi je crois en toi. » C’est bien la raison pour laquelle j’ia décidé de la prendre sous mon aile. « Et dans cinq, dix, quinze ou vingt ans, quand elle sera invitée à la soirée d’ouverture de ton propre restaurant, ta mère regrettera de ne pas avoir été là à tes côtés. Et tu pourras lui montrer ta propre réussite. » Je suis persuadé qu’elle en a toutes les capacités du monde.
Though I guess that presupposes that there is a wine I wouldn’t drink. @Caleb Anderson
« Pourquoi pas, à voir. En faisant une journée ou une soirée sur un thème bien spécifique ça peut être une idée intéressante à exploiter. » Elle s’était permise de l’observer durant sa délibération intérieure. Il n’avait pas l’air de prendre ça à la légère et de lui répondre ça pour ne pas la vexer : l’idée semblait sincèrement l’intéresser. Aussi Theo n’avait-elle pu s’empêcher de sauter sur l’occasion pour répondre : « En tout cas si t’as besoin de réfléchir davantage à cette idée, ou si t’as besoin de bras en plus pour la mettre en œuvre, je suis ton homme ! Ou plutôt ta femme ? ou heu…ton apprentie, prête à aider quoi. » Pleine d’aplomb, elle ne se laissait même plus déstabiliser par les bêtises qui sortaient parfois de sa bouche sans qu’elle ne le réalise. Son visage était sérieux et faisait foi de son implication dans ce projet qui n’en serait peut-être jamais un. Mais s’il venait à se concrétiser, alors elle voulait en être. C’était somme toute très simple : si Theo avait la possibilité d’aider Caleb d’une quelconque manière que ce soit et de façon à évoluer et gagner en responsabilités par la même occasion, alors elle était forcément partante. Pour l’heure et sans qu’elle ne s’en rende réellement compte, elle était partie dans un déballage d’histoires familiales et des préoccupations très personnelles ; ce qui ne lui ressemblait pas vraiment. Probablement parce que Caleb était à la fois un mentor mais aussi une figure paternelle qui avait pu lui faire défaut au cours de sa vie. Oh son père avait été là à sa manière mais sa séparation avec May ne lui avait pas permis de toujours répondre présent. Parce que Theo avait vécu avec sa mère et que c’était sur elle qu’elle devait se reposer en cas d’imprévus, de problèmes, d’urgences…et May s’en était acquittée comme elle pouvait, mais davantage par devoir et non pas parce que c’était ce qu’une mère faisait naturellement pour son enfant. Son jugement était certainement biaisé et très loin d’être objectif mais elle avait l’impression de n’avoir connu que le conflit permanent avec sa mère. Elle y était pour beaucoup, elle ne rechignait jamais à une provocation verbale et aux problèmes en tout genre, mais peut-être faisait-elle aussi ça pour attirer son attention et exprimer à sa manière toute la frustration qu’elle ressentait à ne se sentir que comme une obligation aux yeux de sa mère. Un boulet à trainer dont il fallait s’occuper jusqu’à ce qu’elle puisse se montrer suffisamment indépendante pour la laisser tranquille. Et ce moment avait fini par arriver, mais leurs relations ne s’étaient pas calmées pour autant. « Dans ce cas-là à toi de lui montrer que tu n’as pas besoin d’elle pour t’en ressortir et devenir une grande personne. » Une expression sérieuse sur le visage, son regard s’était tourné pour se poser dans celui de Caleb. « Tu as tout pour t’en sortir et te faire un nom, pour te démarquer des autres. Je t’assure. Même si ce n’est pas facile tous les jours, moi je crois en toi. » C’était ce qu’elle voulait plus que tout au monde : réussir à s’en sortir seule. Parce qu’elle avait un caractère foncièrement indépendant, mais aussi parce qu’elle avait ce besoin viscéral de montrer à sa mère qu’elle n’avait jamais eu besoin d’elle et que cela allait continuer comme ça. Lui prouver qu’elle pouvait se débrouiller seule et réussir dans la vie sans avoir eu de modèle -ou tout du moins pas auprès d’elle-. Elle avait envie de pouvoir mériter ce qui lui arriverait et se sentir ainsi légitime et accomplie. Et les mots de Caleb lui faisaient du bien. Parce que malgré toute l’indépendance qu’elle s’évertuait à exposer au monde entier, elle avait besoin que quelqu’un lui fasse confiance et croit en elle. Elle avait besoin d’un œil objectif qui pouvait lui affirmer qu’elle n’était pas en train de faire n’importe quoi, de bousiller sa vie, de se lancer dans des projets pour lesquels elle n’était pas faite. « Et dans cinq, dix, quinze ou vingt ans, quand elle sera invitée à la soirée d’ouverture de ton propre restaurant, ta mère regrettera de ne pas avoir été là à tes côtés. Et tu pourras lui montrer ta propre réussite. » Un sourire sincèrement touché vint étirer ses lèvres alors qu’elle ne savait pas bien comment accepter ce compliment, car il n’aurait pas pu lui en faire de plus grand. Elle avait une furieuse envie de lâcher ses ustensiles et de le prendre dans ses bras. Mais ça n’était décemment pas professionnel. Et Theo étant Theo, elle était de toutes manières bien incapable de faire preuve d’une quelconque réaction aussi personnelle. Mais son merci et sa gratitude se lisaient aisément dans le regard qu’elle lui lançait. « Je te remercie de croire en moi. Je prends chaque jour un peu plus conscience de la chance que j’ai d’être ici. Et en attendant les vingt prochaines années, j’ai hâte de pouvoir continuer à évoluer au sein de l’Interlude. » et de te rendre fier. A défaut de pouvoir rendre sa mère fière de quoi que ce soit. S’il y avait bien une personne à qui elle devait tout ce qu’elle était en train de vivre : c’était Caleb. Et présentement, seul son avis lui importait.
Never cook with a wine you wouldn’t drink. (Caleb)