Elle doit avoir un soucis, en ce moment, Jina. Elle passe sa vie à courir derrière des bus. Elle passe sa vie à dormir bien trop longtemps. Soit, elle n’entend pas son réveil, soit elle oublie simplement de l’activer. Si hier, elle était partie en retard, les yeux pas en face des trous, au point de sortir du bus en se rendant compte qu’elle avait mis ses sous-vêtement par-dessus ses fringues, aujourd’hui, elle avait bien pris soin d’y faire attention. Rien à signaler, elle pouvait se mettre à courir jusqu’à l’arrêt, persuadée qu’elle n’aurait jamais son bus pour autant. Elle avait dormi chez Lena cette foi, du côté de Bayside et elle savait qu’un bus la guidait tout droit vers Redcliffe, parfait pour elle. Elle n’avait pas fait trois cent mètre en courant qu’elle avait déjà un point de côté et il manquait plus qu’il se mette à pleuvoir. Elle commençait à être toute mouillée dehors, n’ayant pas pris soin de mettre une veste adaptée ni de prendre un k-way. La brune perdait espoir sur le fait de pouvoir arriver à temps à son travail mais elle ne lâchait pas l’affaire pour autant.
Lorsqu’elle s’approchait de son arrêt de bus, au beau milieu du quartier résidentiel, elle cru voir la silhouette du car arriver au loin. Elle pris une grande inspiration et se mis à accélérer vers celui-ci, faisant des grands gestes, priant que le chauffeur la voit au loin. Il s’était arrêté et avait mis ses warnings en attendant que la demoiselle n’arrive. « Merciiii ! » qu’elle lance alors qu’elle arrive tout près de la porte encore ouverte. Mais à peine devant, celles-ci se referment et le chauffeur ne la calcule même pas. La brune pense à une blague et fait un pas de plus, pour frapper à la fenêtre quand le bus démarre et qu’à ce même moment, elle se retrouve à faire un grand écart sur la chaussée. La pluie s’abattant encore plus fort sur elle, la voilà non seulement mouillée mais en plus humiliée. Tout ça pour ça... elle voyait même ce gamin, le nez écrasé contre la vitre, qui hurlait de rire, il se bavait presque dessus.
Jina, elle, par terre, son pantalon baigne dans une flaque d’eau toute brune. Alors qu’elle leva les yeux pour tenter de s’accrocher à quelques chose ou quelqu’un, elle leva la main vers ce mec qui attendait juste à côté d’elle, comme si elle voulait qu’il l’aide à se relever. Mais quand son regard se posa sur celui de Seth, elle déchanta… Elle savait déjà qu’elle n’aurait aucune aide de sa part. Elle relâcha son bras pour prendre appui directement sur le sol, se relevant, défaite par une telle scène. Il avait bien de quoi se foutre de sa gueule pour les années à venir, en plus de sans doute lui en vouloir pour la dernière fois. En tout cas, il avait meilleur mine. « Ca a l’air d’aller mieux. » qu’elle dit, ravalant sa fierté. Qu'est ce qu'il fait dans l'coin, celui là?

@Seth Moriarty

C'est toujours sympa de se réveiller dans un endroit que tu connais pas. Encore mieux quand tu t'souviens même pas comment t'as fait pour te rendre jusqu'ici. Bayside, c'est loin de chez toi. Le plus chiant, c'est de trouver un moyen pour rentrer. Parce qu'un taxi coûterait bien trop cher et qu'il te reste à peine quelques dollars dans tes poches - encore heureux qu'il t'en reste. Le transport en commun est ta seule et unique option. Au moins, l'arrêt de bus est pas trop loin. Avec la pluie à l'extérieur, t'auras pas le temps d'être trop trempé. Mais bien sûr, alors que t'arrives, le bus part. Quelle merde. T'es bien trop lâche pour faire comme cette fille, tout aussi désespérée que toi d'arriver une minute trop tard, et de courir après le bus en espérant le rattraper. Et bah non hen. Comme si le chauffeur en avait quelque chose à foutre des retardataires. Il l'attend pas elle, ni personne d'autre. Il a un horaire à suivre. Il ne peut pas attendre tous les idiots qui sont pas capables d'être là à l'heure. Et puis, elle doit regretter sa tentative de rattraper le bus la brune puisqu'elle se retrouve rapidement le cul directement dans un flaque d'eau. Bah, au moins elle réussit à te fait rire un peu. Au moment où tu passes à côté d'elle, elle s'accroche à ton bras pour s'aider à se relever. Sérieux ? T'étais à deux doigts de dégager ton bras, kit à la repousser directement dans l'eau - la main sur le coeur hen - jusqu'à ce que ton regard croise sien. Ah tiens donc, Jina. C'est elle qui relâche rapidement sa prise sur ton bras pour se relever toute seule. « Ca a l’air d’aller mieux. » Sa voix est paisible, mais l'est-elle vraiment ou elle bouille encore à l'intérieur ? Qu'elle t'ignores si elle a encore l'aventure du chat à travers la gorge. Tu comptes toujours pas t'excuser. T'as rien fait de mal. C'est elle qui en demande trop. Mais, ouais, ça va mieux. Les blessures ne sont pas encore toutes guérit, mais ton visage est impeccable. De l'extérieur, t'es presque comme un neuf. Presque. « Mieux que toi sans aucun doute. » que tu lui lances avec un sourire en coin avant de poursuivre ton chemin pour aller te réfugier sous l'abri d'autobus. Tu ne vas pas rester planté là comme un con à te faire mouiller sur la tête. Tu prends place en te laissant lourdement retomber sur le banc. Tu glisses une main dans tes cheveux mouillés pour les envoyer vers l'arrière. Tu jettes un regard rapide vers Jina. Vous faites comme s'il s'était rien passé ou pas ? À elle de voir. Tu retires ta veste avant de la tendre vers elle. « Tiens, tu vas attraper froid. » Bon, ta veste est elle aussi un peu mouillée. Elle pue sûrement la bière, mais c'est déjà moins pire que ses fringues complètement détrempées. Qu'elle en profite de ta soi-disant générosité, c'est pas tout le monde qui y a droit. Ouais, elle a le droit de se sentir spéciale Jina. C'est pas pour autant que tu comptes l'admettre si elle en fait la remarque. Faut pas pousser sa chance quand même.

Etalée de tout son long, trempée de la tête aux pieds, la brune pouvait rêver mieux comme situation pour se retrouver de nouveau nez à nez avec le Moriarty. A vrai dire, elle n’aurait pas été fière de le recroiser, quelque soit le contexte, mais elle aurait préféré éviter cette humiliation supplémentaire. Faut dire qu’elle est pas du genre à s’enerver et à s’emporter, Jina, que la dernière fois qu’elle s’en est pris à Seth, elle avait surement de bonnes raisons de le faire mais qu’aujourd’hui, de le voir devant elle, peut être qu’elle culpabilisait déjà. Peut être que c’était pas la peine d’être aussi virulente pour un simple chat – ne dites pas à Cait qu’elle pourrait utiliser le terme « simple chat » en parlant de son bébé. Et puis, Seth était pas en forme lui-même, la dernière fois, elle lui en avait peut être trop demandé. Il n’avait pas fait exprès de laisser cette porte fenêtre ouverte et ce n’était pas de sa faute si le chat avait fugué par envie de liberté après avoir été enfermé dans un appartement pendant des mois voir des années. Son regard était confus, à la Crawley. Seulement, elle est contente de voir qu’il s’en remet, doucement. « Mieux que toi sans aucun doute. » elle baissa la tête, contemplant l’étendu des dégâts, tout ça pour un bus qui était parti sans elle, aucune pitié pour les blessés de guerre, sous un temps impitoyable. Quand elle redresse la tête, Seth est déjà deux pas plus loin, prêt à s’abriter quand on se demande pourquoi Jina est toujours sous la pluie. Elle fini par le rejoindre, regardant la place restante sur le banc aux côtés du brun. Elle le regarde retirer sa veste, si disant qu’il serait sans doute mieux sans, moins à l’étroit, loin de se dire qu’il allait lui proposer de la porte. « Tiens, tu vas attraper froid. » les yeux noisette de la brune devinrent tout ronds, de surprise et la culpabilité dont elle faisait preuve s’amplifiait à nouveau. Elle pris la veste et l’enfila en quelques secondes au dessus de ses vêtements humides mais elle ressentie aussitôt qu’elle avait moins froid. « Merci. » fit-elle en faisant un nouveau pas vers lui, tapotant sur son flanc pour qu’il se pousse un peu, qu’elle puisse avoir suffisamment de place, elle aussi. « Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? » elle leva le nez pour voir dans combien de temps allait passer le prochain bus. « merde. » bus supprimés… bus supprimés… trafics interrompu. « va falloir trouver un plan B ! » on en connait une qui allait se faire taper sur les doigts au travail aussi. Elle dégaine son téléphone pour prévenir aussitôt sa chef qu’elle aurait du retard, elle attendait une réponse assez salée, ce pourquoi, elle ne regarderait plus son téléphone jusqu’à arriver… si bien qu’elle arrive un jour.

« Merci. » Jina prend la veste que tu lui tends pour l'enfiler sur ses épaules. Aucun commentaire sur la surprise de ta charité. C'est jour de fête, qu'elle en profite. Tu te déplaces légèrement vers la gauche lorsqu'elle te pousse juste avant qu'elle ne vienne prendre place à tes côtés. Elle semble pas trop t'en vouloir pour la dernière fois. Ce qui est plutôt curieux vu la colère qu'elle avait déferlée sur toi. Elle devait être dans cette période du mois où toutes les femmes deviennent de vrai folle frustré de la vie. Tant mieux, ç'aurait été chiant de devoir faire un effort pour réparer votre relation alors que t'as absolument rien à te reprocher. On s'en fout du chat de sa coloc qui est même pas mort en plus. « Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? » Tu hausses légèrement les épaules. Bonne question. Y'avait une fête dans le coin la veille. La fête de qui ? Aucune idée. T'as reçu une invitation ou tu t'es invité tout seul ? Encore là, aucune idée. Tu t'es réveillé dans une maison inconnue ce matin et les cadavres qui traînaient ici et là ne te disaient absolument rien. Mais bon, c'est pas comme si t'avais chercher à élucider le mystère avant de te tirer au petit matin. Pas le temps de voir si tu t'es fait des amis ou des ennemies la veille. Vu ton nombre d'amis, la réponse serait sûrement dans la négative - comme c'est surprenant. « J'étais chez quelqu'un. » Réponse très précise (non). C'est mieux que de répondre la vérité. Quoique ce n'est pas faux non plus hen. C'était bel et bien la maison de quelqu'un. De toute façon, Jina a déjà oublié ta réponse au même moment où elle vérifie les horaires de bus. « merde. va falloir trouver un plan B ! » Tu te penches légèrement vers elle en fronçant les sourcils pour constater les faits par toi-même. Les bus sont tous cancellés. Sérieusement ? C'est quoi cette connerie ? Ils choisissent bien leur journée alors que la pluie semble s'empirer et non se calmer. Foutu Bayside à la con. Tu fouilles dans tes poches pour en ressortir un maigre billet de dix dollars. « T'as combien sur toi ? » Parce que vous irez pas très loin avec juste ton propre argent. Alors que si vous combinez ton gain au sien, ce sera peut être pas si mal. Assez pour faire quelques kilomètres au sec. « Appelle un taxi, on fera le reste à pied. » C'est pas comme s'il y avait milles solution qui s'offrait à vous. Personne ne viendra te chercher. Encore moins à Bayside. Quelqu'un viendrait la prendre elle ? « Sauf si t'as quelqu'un qui peut passer te prendre ? » Et qui peut t'embarquer au passage, évidemment. Peu importe où il va débarquer Jina, ce sera déjà mieux que ton dix dollar qui te fera avancer d'à peine cinq minutes en taxi.

C’était pas la peine de revenir sur leur dernière rencontre, Jina était du genre à éviter le conflit, en réalité. C’était pas souvent, qu’elle osait vraiment faire des remarques et s’emporter et quand ça arrive, elle finis toujours par culpabiliser. Et peut être que ça en valait pas la peine. Seth fait parti de ceux qui la déstabilisent totalement, ceux avec qui, elle a du mal à être totalement elle-même et ceux qui peuvent largement en profiter. Elle est bien moins indulgente quand il s’agit des personnes qu’elle apprécie réellement et avec qui elle peut vraiment être celle qu’elle est. Angus en fait encore les frais aujourd’hui, mais elle lui en voudra sans doute encore longtemps d’avoir eu autant de facilité à l’écarter de sa vie. Elle a toujours une boule au ventre quand elle pense à lui, toujours un pincement au cœur et c’est souvent, qu’il lui manque. Mais bête comme elle peut être, il lui est difficile de juste l’exprimer tel quel. Elle préfère ignorer, s’emporter, être d’une mauvaise foi sans nom et parfois, rayer des voitures – non, c’est pas elle, bien sûre. Elle devrait surement mettre plus d’énergie à tenter de recoller les morceaux, à être plus tolérante, comme elle peut l’être avec Seth qui pourtant, ne fait pas grand-chose pour mériter une telle ouverture d’esprit. Mais Seth, au final, il est toujours là. Et là encore, il aurait pu l’envoyer chier, au lieu de ça, il lui a même passé sa veste. Un grand gentleman, hm.
« J'étais chez quelqu'un. » très précis, comme réponse – non. Mais elle s’en contentera, de toutes façons, elle a presque déjà oublié la réponse quand elle se rend compte que les bus ne passeront plus. Fin de service. Quel bordel. « T'as combien sur toi ? » rien. Elle tapote quand même sur les poches de son jean et jette un coup d’œil dans son sac à dos, mais elle connait la réponse quand même. Seth lui colle dix dollars sous le nez, c’est déjà mieux que rien, mais ça les fera pas aller au centre ville et c’est pas aujourd’hui que Jina arrivera à l’heure au taf. Mais ça, elle avait déjà fait une croix dessus. « Appelle un taxi, on fera le reste à pied. » autant dire que le taxi les déposera à peine au bout d’la rue. Le temps qu’il arrive, les dix dollars seront déjà presque bouffé par la réservation et les quelques kilomètres qu’il aura fait pour la prise en charge. Elle souffle. « Sauf si t'as quelqu'un qui peut passer te prendre ? » elle secoue la tête, Jina. Personne. Cait est en pleine astreinte. Et elle avait pas grand monde sur qui elle pouvait compter. « On va faire du stop. » du stop, bonne idée, y a juste à tendre le bras, lever le pouce en l’air. Y a bien des voitures qui passeront pour les conduire au centre ville. « Essaie de faire une gueule de mec sympa et ça devrait l’faire. » et elle, avec son pantalon trempé, ca devrait l’faire aussi ? elle fait trois pas en avant, se place près de la route et lève déjà son pouce.

WIN > même pas cinq minute d’attente, une voiture s’arrête, une jeune femme les embarque, belle gosse, elle n’a d’yeux que pour Seth.
SO CLOSE > dix minutes d’attente, un père de famille s’arrête avec un adolescent côté passager. Pas très commode mais serviable. L’adolescent n’a d’yeux que pour Jina
FAIL > Personne, pas une seule voiture ne passe dans le coin. Va falloir trouver un autre moyen pour bouger de là.

Cette idée aussi de venir traîner dans le coin de Bayside, vraiment la pire qui soit. Les bus sont tous annulés et Jina confirme d'un signe de tête que personne ne viendra la chercher. Et pourquoi pas ? Ça te semble carrément impossible qu'elle est personne a appelé quand elle est dans la merde. Elle veut sûrement pas le faire. Mais pourquoi ? Tu es à deux doigts d'insister lorsqu'elle offre une nouvelle solution. « On va faire du stop. » Du stop ? Ouais, peut-être bien qu'avec une fille à tes côtés les chances que quelqu'un vous embarque sont augmentées. Ou alors, au contraire, ta présence réduit les chances de Jina de se faire embarquer. Ouais, c'est sûrement ça. Tout le monde est prêt à aller aider une jolie demoiselle en détresse. C'est autre chose quand c'est un sale type qui a besoin d'aide. La météo joue quand même en votre faveur pour que les autres aient pitié de vous. Ça devrait le faire. Ça ne coûte rien d'essayer. « Essaie de faire une gueule de mec sympa et ça devrait l’faire. » - « Hilarant. » que tu remarques en grimaçant. De retour sous la pluie battante, vous en profitez tout de même pour avancer vers la ville. T'es complètement trempé en moins de cinq minutes et la pluie aura bientôt raison de ta veste, sur Jina, qui se retrouvera de nouveau gelée. Quelques voitures passent sans qu'aucune ne s'arrête pour vous embarquer. Quel idée de merde finalement. T'aurais dû retourner dans la baraque que tu ne sais même pas à qui elle appartient. Il y avait sûrement un peu d'argent à la traîne pour te payer un taxi. T'es sur le point de devenir grognon, la gueule de bois aide pas à ton humeur, quand une caravane s'arrête finalement sur le bord de la route. Ah bah oui, la petite famille du bonheur est prête à vous embarquer. C'est évidemment Jina qui s'occupe des politesses d'usages, alors que tu t'enfonces vers l'arrière où il reste tout juste assez de place pour elle et toi à côté d'un ado prépubère. La chance qu'elle a la brune de se retrouver coincé entre vous deux.  La route se fait plutôt silencieusement. Le père n'a pas l'air si sympa et peu enclin à parler. Encore surprenant qu'il se soit arrêté. Mais bon, ça t'va. Tu veux juste un lift, pas des nouveaux potes. C'est lorsque ton regard se tourne vers la droite, c'est là que tu remarques le filet de bave qui coule (t'exagère à peine) de l'ado qui regarde Jina. Ouais, c'pas faux qu'après être passé sous la pluie, son tee-shirt est plutôt révélateur. « La vue t'plait ? » que tu lui lances sèchement alors que le visage du jeune tourne au rouge pour s'être fait prendre en flagrant délit. Rapidement, il regarde vers l'extérieur comme si ses yeux ne s'étaient jamais posés sur la poitrine de Jina. « Connard. » que tu grognes dans ta barbe, juste assez pour que ce soit perçu par celui qui est visé, mais pas par le conducteur qui pourrait vous foutre à la porte pour avoir insulté son gosse pervers - oh ouais vraiment pas ton genre de faire ça toi nooooonnnnn. Ton bras s'étire le long du banc derrière Jina, comme si t'avais un territoire à préserver alors que c'est absolument pas le cas.

Seth a pas l’air fermé à ma proposition de faire du stop pour se rapprocher de la ville. C’est aussi à lui d’y mettre du sien s’il veut que quelqu’un s’arrête pour de bon et nous embarque. Il est beau gosse, il a juste à se forcer à sourire un peu et ça ira bien. Cette fois, il est pas totalement recouvert de bleu, il fera pas peur. C’est notre jour de chance. On doit surement faire pitié en plus, avec la pluie qui n’arrête pas de tomber sur nos épaules. Heureusement que sa veste me protège pour les cinq prochaines minutes, mais c’est pas suffisant avant que quelqu’un ne s’arrête vraiment. Ca semble être trop long pour Seth qui fait déjà la gueule. Il a rien compris. « Encore un effort. » au moins, il tend sa main avec son pouce en l’air, c’est déjà ça.
Les voitures passent une à une, mais rien, ils sont sans doute trop pressés, pas l’habitude de faire dans la générosité aussi. Ici, les gens friqués ne montrent qu’ils ont le cœur sur la main que lorsque c’est publiquement utile. Ils ont rien à nous prouver, à nous.
« Seth ! » là, c’est pour nous, j’le sens, la caravane ralentie et quand elle met son clignotant pour venir sur le bas côté, y a plus de doute. Surement pas quelqu’un de Bayside, avec un bolide pareil, manquerait plus que ce soit quelqu’un du camp, mais je reconnais pas la caravane, je devrais pouvoir faire profil bas, sans attirer les soupçons de Seth. « tu vois, quand tu veux. » je souris, amusée, surement plus que lui. Je laisse le véhicule s’arrêter et on grimpe rapidement dedans, juste à côté du gamin quand on a fini de se présenter. C’est serré derrière, j’me retrouve en sandwich entre Seth et un adolescent qui a pas l’air très ouvert. « La vue t'plait ? » je redresse la tête, me tournant vers Seth quand je vois que son regard est droit dirigé vers l’ado a côté d’moi. Je fronce les sourcils, voit son regard vitreux et envieux, merde. J’avale ma salive, comprends rapidement ce qu’il se passe. Je referme la veste de Seth sur ma poitrine et me glisse un peu plus vers le brun à côté d’moi. Histoire que le gosse se fasse pas trop de film. Je lui met un léger coup de coude dans les côtes, qu’il fasse pas de vague, tout va bien se passer, on peut pas se faire larguer ici, on est encore trop loin du centre ville. « Connard. » je lève les yeux au ciel et le bras de Seth se glisse derrière mes épaules et me serre contre lui. « ca va aller… » je lui glisse dans l’oreille quand cette fois, je sens même une main se glisser contre ma cuisse. « Seth… » j’suis pas bien. On dirait qu’il fait pas exprès mais j’ai bien l’impression que si. Ca va mal finir cette histoire. « on change de place ? » j’vois pas bien comment on peut faire alors qu’on peine à bouger et que c’est pas si grand que ça et le risque c’est aussi que Seth finisse par péter un cable… belle idée le stop.

Vous savez, la patience et la gueule de bois ne vont pas forcément bien ensemble. Déjà que tu as la fâcheuse tendance à ne pas en avoir, ajouté à ça un mal de crâne et une nuit de sommeil très courte, c'est encore pire. Ça devrait sûrement pas être ton problème que ce gamin se rince l'oeil sur le tee-shirt de Jina que la pluie a rendu un brin transparent. Mais un coup ta veste refermer sur elle, le spectacle est bel et bien terminé pour lui. Tu ne peux pas t'empêcher d'avoir un geste possessif envers elle en venant glisser ton bras derrière elle. Ça devrait suffir à calmer le gosse. T'as toutefois droit à un coup dans les côtes de la part de la brune qui espère sans doute que tu pètes pas les plombs pour un simple adolescent qui a les hormones dans le tapis. Vous êtes tous passés par là les mecs. À quinze ans, il en faut très très peu pour être le moindrement excité. Alors une jolie nana au tee-shirt explicite, c'est clair que ça lui plaît hen. T'aurais fait pareil, mais bon, ça on va pas le dire. « ca va aller… » On verra bien. T'es déjà agité. T'as déjà hâte de sortir de cette caravane. Le centre-ville, c'est bien trop loin d'ici. Ce qui est sans doute la raison pour laquelle Jina veut te calmer. Ce serait trop con de se retrouver à marcher sous l'averse de pluie une fois de plus. « Seth… » - « Hm ? » Tu te retournes vers Jina sous sa voix. Elle a pas l'air très bien. Elle a la gueule de bois elle aussi ? Elle va gerber ? « on change de place ? » Dure de lui dire non avec ses petits yeux suppliants. C'est là que tu comprends que l'ado s'amuse à faire genre qu'il met sa main à côté de lui, donc qu'il touche complètement par hasard la cuisse de Jina. Mon cul ouais. « Passe devant. » que tu lui dis en lui faisant un coup de tête pour qu'elle se redresse. Tes mains se posent sagement sur sa taille pour pas qu'une secousse dans la voiture la fasse tomber sur le cul. Tu te glisses vers la gauche pour prendre la place de Jina alors qu'elle fait de même vers la droite. « Ça va derrière ? » qu'il demande le paternel en se demandant sûrement pourquoi vous pouviez pas attendre jusqu'à destination avant de bouger. « Ça lui donne la gerbe quand elle est pas à côté de la fenêtre. » Ou c'est son fils qui lui donne la gerbe plutôt ouais.  Il doit bien se demander pourquoi elle y a pas pensé avant, mais il pose pas plus de questions non plus. Maintenant assis dans le centre, tu prends bien tes aises. T'as pas la petite taille de Jina qui pouvait bien cadrer entre deux mecs. Nahhh, tu prends plus de place que nécessaire. Ça veut aussi dire que tu coinces le gosse entre toi et la porte de la voiture. Il peut encore respirer ? T'espères que non.

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Seth capte vite et me fait passer à sa place rapidement, donnant l’excuse que j’ai la gerbe au père qui capte pas pourquoi on se bouscule derrière. Et c’est là que ça commence à s’agiter encore plus. J’vois bien c’qu’il se passe, c’est en silence en plus, mais j’vois bien qu’ils s’activent tous les deux et je sens les bousculades se répercuter sur mon épaule. Puis, c’est de moins en moins silencieux… « Alors, elle est bonne ? » Seth ne cherche même pas à répondre par la parole qu’il se penche directement vers le gamin et commence à lui mettre une première baffe. Il faut moins de temps pour que le père ne capte vraiment ce qu’il se passe, alors que j’essaie de me pencher vers lui pour le retenir. Un coup de frein brutal me repousse à l’arrière de mon siège et me fait même cogner contre la fenêtre. « Mais, ca va pas ? » le vieux devant se retourne brusquement, le véhicule à l’arrêt et nous hurle dessus. « Vous dégagez, bande de merdeux ! » Je me détache et ouvre déjà la portière quand le gamin rend la monnaie de sa pièce à Seth avec un autre coup dans le dos. « Sors Seth, ça sert à rien. » on sait pas sur qui on tombe vraiment et j’ai pas envie que ça finisse encore plus mal. Meilleure idée de vouloir faire du stop, en général, ça tourne pas au fiasco comme ça. Faut toujours que ça tourne mal avec Seth. Enfin, j’dis pas que c’est sa faute, j’suis bien contente qu’il soit là, mais faut dire qu’il y a souvent un dénominateur commun à nos rencontres.
En deux secondes dehors, j’suis de nouveau trempé, le père est prêt à descendre de la voiture pour faire sortir lui-même Seth et le trainer dehors. Il le choppe par la ceinture et le fou par terre sans mesurer sa force. Une fois qu’il est totalement dehors, il retourne dans sa caravane et démarre après avoir craché par la fenêtre. J’me penche vers Seth pour l’aider à se relever. « J’suis désolée. » dis-je, presque tremblante, prenant toute ma part de responsabilité. « On est plus très loin. » je crois bien, à voir le temps qu’on a passé dans la voiture. On devrait être à dix minutes à pied, sous la flotte, c’est déjà mieux que trois heures à marcher.
Je sens mon corps qui s’emballe, les palpitations, l’adrénaline qui a pris le dessus et la peur de devoir assister à un vrai massacre. Sans doute heureusement que le vieux ait surtout agit pour protéger son connard de fils et qu’il avait pas la foi de se battre contre Seth, mais si on était tombée face à des pires connards, ça aurait pu finir plus mal. J’ai aucune idée de ce qui me pousse à faire ça, mais là, j’me réfugie dans ses bras, comme pour trouver une protection après ce moment gênant voir terrifiant pour moi.

« Alors, elle est bonne ? » Est-ce qu'il vient vraiment de dire ça ? C'est fou pareil à quel point une situation peut complètement changer selon la personne qui est visée. Oh t'as aucun problème à vanter tes prouesses sexuelles, particulièrement quand tu te rappelles pas du prénom de la fille. Mais quand c'est Jina le sujet de conversation alors qu'elle en a visiblement pas envie, tu réfléchis pas trop. Tu réfléchis jamais et c'est bien ça le problème en fait. Le coup part en moins d'une fraction de seconde. C'est con, vous êtes un peu à l'étroit ici. Faudrait quand même pas que Jina finisse en dommage collatéral. Un coup de coude en pleine gueule est si vite arrivé. C'est pas très intelligent de sa part d'essayer de te retenir. Tu dégages facilement la main de Jina, déjà prêt pour le prochain coup, mais la voiture freine violemment au même moment. « Mais, ca va pas ? » Son fils est un putain de pervers et c'est toi qui va pas ? On sait tous que t'es pire. Ferme ta gueule. « Vous dégagez, bande de merdeux ! » Jina est déjà en train de sortir et c'est pas mal la seule raison qui te pousse à faire pareil. « Sors Seth, ça sert à rien. » Sans doute, ouais. Sauf qu'au moment où tu t'apprête à la suivre, le gamin te fou un coup directement dans le dos. Il vient de signer son arrêt de mort. Tu te retournes vers lui pour le frapper de nouveau. Une fois, deux fois, trois fois. Plus facile quand y'a pas de troisième passager à l'arrière. Le manque de place t'empêche quand même de lui éclater la gueule à grand coup de pied. Sans que tu ne te rende compte de rien, t'es brusquement attiré vers l'arrière alors que le paternel (c'est vrai il existe celui-là) te tire de sa bagnole jusqu'à ce que tu te retrouves le cul dans le gravier. Tu grognes un coup, mais avant que tu puisses te relever, la voiture est déjà partie. Bande de trouillards. « J’suis désolée. » qu'elle s'exclame la brune alors qu'elle veut essayer de t'aider à te relever. C'est pas le moment ma douce, il voit trop rouge. Bien sûr que tu repousses brusquement son aide en te redressant tout seul de mauvaise humeur. « On est plus très loin. » Ah oui, la pluie, c'est vrai. Tu ne t'en rends même plus compte. T'as les jointures en sang et tu penses qu'à une chose. « J'vais les buter. » que tu grognes en pestant contre la voiture qui sera bientôt à perte de vue. Oui bien sûr Seth, tu vas buter un cinquantenaire avec son ado à toi tout seul à une adresse inconnue. Très intelligent ton raisonnement.

Jina te ramène toutefois à la réalité quand elle vient se réfugier dans tes bras. Tu figes dans la seconde. Elle va quand même pas se mettre à chialer, si ? Non, non, non, hors de question que tu gères une crise de larme ou quelconque émotion qui s'en approche. C'est très très maladroitement que tu lui fais une genre d'accolade du genre j'me fous pas de toi, mais j'suis clairement pas la bonne personne chez qui trouver du réconfort. Ça dure peut-être quinze secondes avant que tu y mettes fin. « Viens on rentre. » C'est dit comme si votre lieu d'habitation était le même alors que, pas du tout. Vous pouvez pas vivre plus loin l'un de l'autre. C'est plus près chez toi. Pourvu que Leo soit pas là. Pas envie de la supporter celle-là. Ta main se glisse dans celle de Jina pour la tirer en direction de ton appartement. Aucune chance pour que la pluie se calme hen. Même avec ta veste, t'es presque sûr que Jina ressent la fraîcheur de la pluie. Vous mettez un bon dix minutes de semi-marche, semi-course avant d'arriver chez toi. Personne n'a finit le cul dans un trou d'eau. C'est déjà ça de gagner. Leo est pas là, franchement, c'est jour de fête. Tu files à la salle de bain pour prendre des serviettes et revient dans le salon pour en tendre une à Jina. « J'voulais pas m'emporter… » que tu débutes. Ça veut dire que t'es désolé ça. C'est bien pour ça qu'elle tremblait nah ? Certainement pas parce qu'un mec lui a frôlé la cuisse. Y'a pas de quoi en faire toute une histoire.  Elle ne doit pas être friande de la violence. Elle devrait se tenir loin de toi si c'est le cas. « Tu veux des fringues p't'être ? » De quoi être de retour au sec. Elle peut bien piger dans les fringues de Leo. C'est pas nécessaire de demander la permission. Elle peut surtout si Leo veut pas en fait.

Tout se déroule beaucoup trop rapidement, j’ai comme l’impression d’être totalement impuissante et de ne rien pouvoir gérée. Témoin d’une scene suréaliste, victime et incapable de réagir si ce n’est d’espérer que Seth va enfin sortir de cette caravane et surtout, sans être trop amoché. A croire qu’à chaque fois qu’on allait se voir, j’allais être obligée de jouer à la petite infirmière qui soigne les blessures de monsieur. Mais pour l’occasion, finalement, rien de trop visible, il s’en sortait pas trop mal une fois qu’on l’avait foutu dehors. Alors qu’il a le cul dans les graviers, je tente de lui venir en aide pour qu’il se relève mais il rejette ma main tendue. Je ravale ma salive et ma fierté et le laisse se relever tout seul, avec son impulsivité redoutable. Quel emmerdeur. Je ressens quand même une grande part de culpabilité en voyant les phalanges de ses doigts en sang. C’est qu’il fait pas semblant quand il s’y met et j’me demande vraiment d’où vient ce besoin viscérale de toujours en venir aux mains… pourquoi est-ce qu’il faut toujours qu’il ait l’impression d’avoir le dernier mot, le dernier coup ?
J’ai envie de chialer parce que j’ai rien compris à ce qu’il venait de se passer et que j’ai l’impression d’être souillée de la tête aux pieds, d’être considérée comme un bout de viande qu’on peut toucher et choisir, gouter et assaisonner comme on le désir. Ça m’répugne. « Viens on rentre. » qu’il souffle en reculant et faisant un pas près de la route. La pluie qui continue de s’abattre ne devient qu’un petit détail dont ni lui ni moi semblions nous soucier jusqu’à ce qu’on arrive chez lui. C’est la première fois que j’mets un pied ici. Je reste immobile au beau milieu du salon, alors que la veste de Seth goute sur le sol de la pièce. Je finis par la retirée quand il revient avec une serviette entre les mains. « Merci. » je la passe dans mes cheveux et la pose ensuite juste sur mes épaules. « J'voulais pas m'emporter… » Mon regard se redresse vers lui en je me contente de hocher la tête en réponse. J’lui en veux pas. « Tu veux des fringues p't'être ? » je baisse mes yeux vers mon pantalon trempé, si trempé que j’ai pas l’impression qu’il reste une trace de tissus sec. « J’veux bien… j’espère que t’as une ceinture, si tu comptes me donner un de tes pantalons. » et j’vais sans doute devoir le rebrousser dix fois pour pas marcher dessus non plus. « t’habites pas tout seul ? » oh non, on dirait bien qu’il partage l’appartement avec quelqu’un. Y a quelques indices ici et là, y compris les pompes de nanas qui trainent dans l’entrée.

 « Merci. » qu'elle te répond alors que tu tends une serviette vers elle. C'est pas gagné que la serviette éponge tant que ça les ravages de la pluie, mais c'est sans doute mieux que rien, ouais. Elle serait sans doute bien mieux dans des vêtements secs. « J’veux bien… j’espère que t’as une ceinture, si tu comptes me donner un de tes pantalons. » Ouais, pas faux. Tu peux bien lui refiler un tee-shirt, mais pour le reste, ça va pas le faire. Tu doutes que juste un tee-shirt lui convienne, parce que, bon, la vue serait plutôt agréable et que Jina semble contre les vues agréables. Pas de chance. « T'inquiète, j'ai ce qu'il faut. » que tu lui annonces en disparaissant une première fois dans la pièce qui te sert de chambre depuis déjà bien trop longtemps. Tu trouves un tee-shirt qui traîne au sol. Ça va, il a presque l'air propre. Tu en profites également pour retirer tes fringues détrempées qui te collent au corps. Tu les laisses à même le sol avant de remettre des vêtements secs. Tu reviens dans la salon au bout de quelques minutes. Tu poses d'abord le tee-shirt entre les mains de Jina alors que tu te diriges vers la deuxième porte fermé. « t’habites pas tout seul ? » Non et c'est justement dans sa chambre que tu pénètres. Leo te tuerait sans doute pour avoir violé son intimité. Ça va, tu comptes pas fouillé dans ses affaires de lesbienne. Tu veux juste essayer de trouver une paire de pantalon - qui ne donne pas l'impression d'être la reine des putes - pour donner à Jina. « Non, mais elle n'est jamais là. » que tu lui réponds en revenant quelques secondes plus tard avec une paire de jeans en main. « C'est l'mieux que j'peux t'offrir. » Ton tee-shirt et le pantalon d'une nana qu'elle connait pas donc. On va se garder une petite gêne pour lui trouver des sous-vêtements hen. Elle risquerait d'être choquée par la lingerie vulgaire de Leo - ouais, elle fait sans doute exprès de te donner un avant-goût à chaque fois qu'elle se penche "regarde ce que t'auras jamais" putain d'allumeuse hen.

Jina file se changer pour se retrouver au sec. Le tee-shirt est bien trop grand, et bien trop long. C'est dommage, on verra jamais si le jeans moulant de Leo lui fait un joli cul - c'est sûr que oui. Rappelons que t'étais prêt à défoncer la gueule du mec qui avait le regard baladeur sur ton amie alors que tu fais (ou voudrait?) faire exactement pareil. C'est à rien n'y comprendre. « Tu devineras jamais qui j'ai croisé l'autre jour. » Croiser n'est sûrement pas le mot adéquat, puisque ça n'avait rien d'un hasard, mais pour être une surprise, c'en était toute une. Enfin, t'étais pas mal le seul à être surpris. « Sutton. » Voilà une éternité où vous avez passé la plupart de vos soirées ensemble. Angus, Jina et toi. Aux dernières nouvelles, Jina et lui avaient également couper contact, mais c'est pas comme si Angus était le centre de vos conversations. Il était mieux dans les oubliettes. « Il se tape ma soeur. » Ouais, il se la tape. Il ne forme pas un couple avec elle, surtout pas. Il la baise parce que c'est un con qui a soif de vengeance.

« T'inquiète, j'ai ce qu'il faut. » et il disparait tandis que moi je reste plantée là, sans rien faire, les bras croisés sur ma poitrine, j’attends. J’ai le temps d’observer et de capter quelques détails ici et là qui me laissent fortement croire qu’il habite pas tout seul. J’en avais aucune idée et en même temps, je lui ai jamais demandé. J’évite de trop entrer dans l’intimité des gens, simplement pour qu’ils évitent d’entrer dans la mienne. Seth connait une partie de moi qui n’est pas moi, de fausses idées qu’il se fait à mon sujet et en réalité, j’ignore si ça me convient comme ça ou pas. Mais c’est plus simple, de lui faire croire que j’ai un appartement plutôt que de vivre en caravane. Parce qu’on m’a toujours jugé pour ce choix là et que j’ai pas la force de me justifier tout le temps. Coller à ce qu’on attend de moi, c’est toujours plus simple que d’assumer la vérité, toujours.
Seth revient et me donne des fringues qu’il parachute entre mes bras, j’y jette un œil, ça devrait aller, de toutes façons, c’est mieux que mes vêtements mouillés. « Non, mais elle n'est jamais là. » je hoche la tête, c’est bien ce qu’il me semblait. J’me demande qui peut accepter de vivre avec Seth, ou bien l’inverse, avec quel genre de personne il accepte de vivre aussi. « C'est l'mieux que j'peux t'offrir. » « ca ira très bien, merci. » je disparais à mon tour dans la salle de bain pour me changer, j’en profite pour me sécher vraiment avec la serviette qu’il m’avait donné juste avant et je reviens avec des fringues qui n’étaient pas les miens, mais qui faisaient très bien l’affaire. Le t shirt me tombait presque sur les cuisses et recouvraient même mes coudes, mais ça allait très bien comme ça, j’avais l’impression que le jean me moulait bien trop le cul pour être à l’aise mais là, pas de soucis.
« Tu devineras jamais qui j'ai croisé l'autre jour. » j’lui donne deux secondes pour me faire son annonce, ça a l’air croustillant. « Sutton. » ah. J’hausse les épaules. « J’l’ai revu y a pas longtemps aussi… » chez Lena tiens. « Il sort av… » « Il se tape ma soeur. » je me racle la gorge. « Hein ? » j’y comprends rien là. « Ta sœur ? » attends, me dit pas que j’ai encore zappé un épisode et que Seth c’est le frère de Lena ? Non, bien sûre que c’est pas le frère de Lena. Angus se tape juste deux meufs à la fois ou alors il s’est foutu d’ma gueule pour de bon ? « Je savais pas… » en même temps, même si on s’était vu et qu’on avait tenté d’avoir enfin une vraie conversation, on était loin d’en être à se raconter nos vies respectives. « Depuis quand ? il savait que c’était ta sœur ? » sure qu’il serait capable de faire ça juste pour l’emmerder, en vérité. tout comme Seth pourrait se taper la soeur d'Angus, s'il en avait une...