normality -- @Roman Sterling  

☽ 25 février 2022. Elle avait un air renfrogné au visage mais c’était plus fort qu’elle. Joy avait horreur du mensonge, mais surtout d’être prise pour une conne. Fallait le dire comme c’était mais la chirurgienne avait été prise pour le dindon de la farce depuis bien trop longtemps maintenant. Elle était d’autant plus touchée qu’elle s’était confiée à lui lors de son roadtrip, lorsqu’elle avait croisé son chemin, et pourtant Roman n’avait pas retenu la leçon. Il ne s’était pas totalement ouvert à elle. Elle l’affrontait finalement dans les yeux pour lui faire comprendre qu’elle était déçue, sans détours, sans en faire trop non plus, la brune lui faisait part de ce qu’elle ressentait au lieu de s’enfuir comme elle aurait pu le faire. « Je ne sais pas quand est-ce-que j’t’l’aurais dit. Je ne sais pas comment j’aurais pu te le dire, ni même quand … je pense qu’on cherche toujours le bon moment et qu’au final, il n’y jamais de vrai bon moment. » Des paroles, encore et toujours des paroles. « C’est nouveau pour moi tout ça… » finit-il par confier d’une petite voix, elle fronçait les sourcils, ne comprenant pas trop ce qu’il voulait dire. « Qu’est ce qui est nouveau ? » demanda-t-elle alors finalement, les bras croisés, les sourcils froncés, elle était encore là à l’écouter, alors il ferait mieux de s’ouvrir à elle, en toute sincérité avant qu’elle n’abandonne.

« Je suis désolé, Joy. Je comprends si tu préfères prendre tes distances. Je comprends et respecterais. Après tout, tu me dois absolument rien. » Si son air de chien battu avait l’air de ne faire aucun effet sur Joy d’apparence, elle voyait bien au fond qu’il était attristé de la situation. Elle hésitait entre le cœur et la raison, son cerveau lui disait d’arrêter de se faire prendre pour une conne lorsque des signaux rouges apparaissaient et qu’elle refusait de les voir, et son cœur qui avait envie tout de même de lui faire confiance. « C’est à toi de voir… je serais là si jamais tu ne veux pas m’effacer complètement du paysage. » Elle pencha la tête en le regardant, cherchant des réponses claires et nettes dans son esprit mais c’était plus compliqué que prévu. « Tu me mets dans une position que je déteste. » pesta-t-elle pour ne pas faire durer le silence trop longtemps. « Que vais-je apprendre encore ? Que t’es un serial killer ? Que t’as une femme et des enfants ? » finit-elle par ajouter sur un ton ironique, mais elle le fixait droit dans les yeux pour le mettre aux pieds du mur. « Si t’as des choses à dire, c’est maintenant ou jamais. » déclara-t-elle fermement, lui laissant une dernière chance de tout lui dire, car elle ne le pardonnerai pas deux fois.  

normality -- @Roman Sterling  

☽ 25 février 2022.  Joy était plutôt décontenancée par la scène qu’elle venait de voir. Elle ne savait plus qui croire, quoi croire, elle se disait qu’à nouveau elle faisait face à une personne qui n’était pas authentique face à elle. Elle s’était attachée à l’image d’un Roman drôle, compréhensif, qui savait écouter, et qui avait aussi su lui changer les idées en temps voulu. Jamais une seconde elle s’était projetée quoique ce soit avec lui, mais maintenant qu’elle faisait face à son mensonge, elle se disait déjà qu’elle ne pourrait jamais lui faire confiance. Elle serrait les dents, lui disant qu’elle détestait la position dans laquelle il venait de la mettre. Elle voyait bien qu’il était gêné et triste de cette situation mais il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même. « Pas de femme. Pas d’enfant. Pas de cadavres dans le placard ou dans mon jardin. Je préfère commencer par là pour que les choses soient claires. » C’était déjà un bon début, elle le regardait avec un air sérieux et imperturbable. « Tu veux que je te dise la vérité … elle est pas bien jolie, Joy. Je suis le gagnant d’un télé-crochet. Être chanteur, être connu, ça avait jamais été mon souhait … je voulais juste pouvoir jouer ma musique et la partager mais les choses se sont emballées rapidement et j’étais pas vraiment préparé au monde du show-biz. J’ai menti et trahi une vieille amie. Je lui ai menti en me disant que c’était pour son bien mais maintenant, je me rends compte que c’était surtout pour moi que je mentais. Maintenant que j’ai tout pour être heureux, que je vis le rêve : les concerts, les albums, les festivals, les factures pour lesquelles je n’ai pas à me faire de souci … je prends conscience que ma vie d’avant me manque. Mes parents, mon père, le ranch, avoir des amis, de vrais amis. Tout est devenu futile. Alors quand je t’ai rencontré, quand je me suis rendu compte que tu ne connaissais pas Roman Sterling, j’ai été soulagé … pour la première fois depuis bien longtemps, je pouvais être moi-même. Je pouvais être celui d’avant. C’était égoïste de ne pas te dire : „hey au fait, l’hôtel dans lequel on se trouve, j’y ai réservé la moitié des chambres pour les membres du groupe et les roadies. Hey au fait, on a pas à se faire de souci pour Hope car personne n’osera refuser un truc à la petite star que je suis …“ je pouvais être Manny. Tout ce que j’ai pu te dire, c’est la stricte vérité, Joy. Je t’ai apprécié dès les premiers mots et je n’ai jamais eu l’intention de te blesser ou de te manquer de respect. » Aussi sincère qu’il était, Joy n’arrivait pas à éprouver de la compassion pour son petit être. Il était en manque d’anonymat, soit – quelle triste nouvelle, mais elle avait toujours l’impression d’avoir été prise pour un jambon. « Ce que j’ai pu apprendre de toi, les conversations que nous avons pu avoir … j’ai envie d’apprendre à te connaître davantage tout comme j’ai envie que tu me connaisses davantage. » Joy soupira et finit par détourner le regard, les bras croisés, elle tenait dans le poing fermé la laisse de Hope. La chienne s’impatientait de ne plus avancer mais pour le moment, c’était le cadet de ses soucis. Elle tourna finalement le visage pour le regarder et lui répondre : « Je suis désolée que tu regrettes ton anonymat. Mais j’ai besoin de personnes sincères dans mon entourage. Mon roadtrip m’a permis faire le point sur ce que je veux et ne veux plus dans mon envie, tu es bien placé pour le savoir. » Oui il l’était puisque lors de leur rencontre, Joy s’était énormément confiée à lui, bizarrement, elle s’était confiée à un inconnu sans savoir pourquoi – mais depuis cette nuit-là, elle s’était sentie connectée à lui. Maintenant, elle avait l’impression que leur lien n'était tissé que sur des mensonges. « Je suis plus trop d’humeur pour me balader… » confia-t-elle, avec une moue désolée mais elle avait besoin de prendre du recul. « Je vais y aller. »