when the rain begins to fall
Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell    

Alors voilà, c’est le moment où les deux frangines en sont à faire des confessions. C’est triste qu’il faille qu’elles se retrouvent face à un incident du genre pour ranger les griffes et trouver une façon de s’entendre. A choisir entre la situation actuelle et celle d’il y a encore quelques minutes à peine, Spencer a vite décidé. Elle préfère les chamailleries, et de loin. Pas de danger de mort, pas de pression morbide, juste deux ado avec leurs différences et leurs avis bien tranchés. « Moi aussi. » ça la ferait presque sourire, la cadette. Seulement voilà, elle n’en a aucune envie. Pas maintenant. Elle a beau tourner le problème dans tous les sens, elle ne voit pas trente-six alternatives à leur problème. Alors elle demande les clés, prévoit une sortie en trombe, elle ne sait pas vraiment. Elle improvise, comme d’habitude. Le but étant de créer une opportunité pour que Raelyn puisse se tirer, pour le reste… Elle avisera en temps voulu. C’est probablement très con, comme plan. D’ailleurs, c’en est même pas un du tout. Elle va se faire planter à la seconde où elle aura ouvert la porte et après ça sera au tour de sa soeur, c’est sûr. Mais elle est prête à mourir en essayant de se barrer plutôt que d’attendre que l’autre foute le feu au bahut et qu’elles se retrouvent prises dans les flammes sans pouvoir rien y faire. Spencer ne sait pas tellement comment réagir quand Raelyn l’entoure de ses bras. C’est un contact qui leur est complètement étranger, aux filles Blackwell. Elles passent leur temps à s’envoyer des mots durs ou des insultes à profusion, mais jamais ô grand jamais, elles ne font preuve d’affection. « Je t’aime Spence. » la plus jeune rend brièvement l’étreinte de son aînée, un peu maladroite dans ses mouvements, mais au moins elle essaie. « Moi aussi. » elle souffle. Au moins si ça tourne mal, elles l’auront dit une fois.

Elle serre les clés dans sa main et se prépare à ouvrir, fait signe à Raelyn de se tenir prête d’un geste de tête. Avec énormément de précautions, Spencer déverrouille puis jette un oeil dans le couloir. Rien. Elle retient un souffle et se faufile dehors. Toujours rien. Ne voyant personne, Blackwell va se coller à un mur non loin de la porte. Au moins elle ne se fera pas attaquer dans le dos, hein. Elle commence à faire du bruit, exagérant ses pas pour qu’ils résonnent et attirent l’attention à mesure qu’elle avance, elle a le coeur qui va lâcher, l’adolescente. Seulement voilà, elle a à peine fait trois mètres qu’elle entend sa soeur hurler. Ce qui veut dire qu’il est avec elle et qu’il n’a pas mordu à son hameçon.

Elle fait demi-tour rapidement et se rue dans la direction des cris. Au bout du couloir elle le voit, l’autre avec son couteau. Impossible de déterminer de qui il s’agit, mais tant pis. Elle ne voit pas Raelyn non plus, mais elle continue de crier, c’est qu’elle est en vie, non ? Coup de chance ou simple respect des normes de sécurité, y a un extincteur pas loin. Elle se prépare à faire un truc stupide. « Hey ! » qu'elle l'interpelle en gueulant. Il l’a vue, il s’approche déjà d’un pas décidé.

win: elle réussi à le décrocher rapidement, mais c’est bien trop lourd pour porter un coup. Elle dégoupille la sécurité et dès que l’autre est à portée, elle l’asperge et le désoriente assez pour gagner un peu de temps en attendant un miracle.
so close: elle le décroche avec difficulté, mais le temps qu’elle le fasse il est déjà là. Elle est obligée de laisser tomber l’objet qui fait un bruit d’enfer dans tout le couloir et elle prend ses jambes à son cou avec le tueur aux trousses.
fail: l’extincteur ne bouge pas, sans doute trop vieux ou abimé pour se décrocher facilement. Par contre, le tueur a le temps de lui foutre un coup de couteau au niveau du bras avant qu’elle ne se tire en trébuchant à moitié.

when the rain begins to fall
Raelyn Blackwell & @Spencer Blackwell
♫ allez hop

« Moi aussi. » On se les dit jamais ces choses là, la morveuse et moi. On n’a jamais réussi à s’entendre parce que, depuis le plus jeune âge, nous sommes deux opposés. Nous ne nous comprenons pas et nous envions toutes les deux notre soeur pour au moins une raison. Elle, parce que je suis la gamine parfaite, le centre de l’attention de nos parents et moi, parce que libérée de cette pression Spencer est bien plus libre que je ne le suis.

Je ne me propose pas pour échanger les rôles : Spencer est plus courageuse que moi et ça aussi je le lui envie. Elle se rue hors du bureau dans lequel nous nous étions enfermées comme si elle n’avait peur de rien et, moi, je lui laisse quelques secondes d’avance avant de partir dans la direction opposée. Je suis terrifée. Mon coeur bat à toute vitesse dans ma poitrine. De grosses larmes coulent sur mes joues et je ne suis même plus sûre de courir dans la bonne drection tant je suis déboussolée parce tout ce qui nous arrive.

A un moment, tout devient noir. J’ai l’impression d’avoir été frappée à l’arrière de la tête. Pas assez fort pour m’assomer, mais assez pour que je sois sonnée et incapable de me débattre quand je sens une main me pousser en avant. Je hurle à plein poumon et m’écrase contre le sol. Derrière moi; j’entends le bruit d’une  serrure qui se verrouille, et chancelante, je me redresse pour m’écraser contre la porte. Elle est fermée à clé et, j’ai beau tambouriner dessus, personne ne m’ouvre. J’ignore qui m’a enfermée là dedans, je n’ai même pas eu le temps de voir la silouhette de celui ou celle qui m’a agressée. Je reprends mes esprits et je regarde autant de moi, à la recherche de quelque chose pour âbimer la serrure. Rien. L’idée que j’ai eue il y a quelques minutes me reviens et je lève les yeux vers les faux plagonds. Je grompe rapidement sur le bureau, sur lequel il me faut empiler plusieurs gros dictionnaires et livre de cours pour pouvoir soulever une dalle.

Au terme d’un effort qui me paraît surhumain, j’arrive à me hisser à l’intérieur des faux plafonds. Ma chance, c’est que je suis légère et que, en rampant sur les réglettes en métal, je ne devrai pas le casser. Ma robe se prend dans tout ce qui traîne et se déchire, mais je me démène pour fuir le plus loin possible. A un moment, j’entends des cris en dessous de moi. Je dégage une dalle et j’aperçois une silhouette cagoulée sous moi. Elle court après Spencer et je rassemble mon courage. Je tombe du plafond et saute sur l’homme - c’en est un, j’en suis certaine - pour l’écraser de mon poids, en espérant qu’il sera sonné.