hanging on a feeling

Kyte Savard & @Asher Buckley

Y’a de la tristesse dans les yeux du gamin. Une vague de nostalgie et de questionnements qui assombrit son joli minois. Ça a quelque chose de touchant, la façon dont il essaie de garder la tête haute alors que les émotions s’écroulent à l’intérieur. Il a beau fanfaronner et jouer au con, il a toujours eu un truc pour les sensibles, Kyte. Les écorchés vifs, les artistes, les âmes éventrées que la vie ne cesse de malmener. Ils ont quelque chose d’authentique, quelque chose de vrai. Quelque chose qui lui donne l’impression de parler à une véritable personne et pas un copié collé bienséant de tout ce qu’il faut être pour être accepté par la société. C’est touchant ouai, mais c’est crève-cœur aussi. Surtout quand Ashers lui confie qu’il ne sait pas à quand remonte son dernier instant de bonheur. Il secoue la tête, comme un grand père affectueusement moralisateur. « Faut r’médier à ça mon p’tit gars ! » Il prescrit avec le sérieux d’un médecin, ne lui sort pas une ordonnance de son petit calepin, mais presque. Parce que trop de gens se contentent d’être un fantôme dans leur propre vie, de la regarder défiler sans chercher à la raccrocher. Trop de gens laissent les coups durs leur pomper chaque précieux instant de bonheur. Il a appris de la plus douloureuse des façons que ces deux antipodes coexistent pour le meilleur comme pour le pire. Et voilà bien longtemps qu’il ne laisse plus le désespoir lui retirer ce qu’il y a de beau et d’agréable dans une journée. Comme le sourire d’un étranger, la glace à la pêche offerte par la gamine déguisée en princesse médiévale l’autre jour en ville, le rire d’Alex quand elle baisse enfin sa garde, la couverture douce de ses souvenirs qui le bercent alors qu’il s’endort sous les étoiles. Monsieur, c’est à vous. La voix douce, guillerette, s’infiltre dans ses pensées. A ses côtés, Ashers semble tout aussi déboussolé, et pourtant c’est à lui qu’elle s’adressait. Leurs regards se croisent, un genre de remerciement dans celui du gosse, une appréciation silencieuse que Kyte lui renvoie sans la moindre hésitation. Il y a certaines choses que l’on ne peut pas exprimer avec des mots. Les animaux l’ont bien compris, eux. C'est ce à quoi il songe en regardant son compagnon se diriger vers le fond du salon pour se faire raser le caillou. Bon, c’est pas tout mais j’vais y aller, moi. Il se relève, époussette distraitement son jean, offre un grand sourire et une courbette à la jeune fille qui lui a servi ses boissons et le regarde prendre la sortie sans trop comprendre. Les mains dans les poches, le nez vers le ciel trop bleu, Kyte sifflote un air joyeux. Car ce n'est pas une nouvelle coupe qu’il est venu chercher, ni même un biscuit ou la boisson chaude qu’il a dégustée. Ce dont il avait besoin, ce qu’il voulait, c’est de rencontrer un humain, prendre le temps d’échanger. Alors ouai, ça lui a fait sa journée.    

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