“Te lève pas tout de suite.” Avait-elle murmuré à l'oreille de Rose, dégageant délicatement sa chevelure rose bonbon pour venir déposer des baisers dans le creux de son cou. “Dix minutes et je reviens te chercher. Triche pas !” Avait-elle ajouté ensuite, déposant un dernier baiser dans la nuque de l'australienne avant de se lever et sortir du lit. Elle avait ensuite filé dans la cuisine, fermant la porte de la chambre derrière elle. Elle s'était peut-être surestimée en se donnant dix minutes, mais elle savait que sa reine n'était pas forcément celle de la patience et qu'il fallait donc agir vite pour que la surprise soit totale. Aujourd'hui, elle voulait que ce soit la journée de Rose. Elle avait eu trente ans, il y a un mois de ça. Une nouvelle dizaine, une nouvelle page dans sa vie qui méritait d'être fêtée. Elle s'en était un peu voulu, Itziar, de ne pas pouvoir faire quelque chose de vraiment spécial pour elle le jour même de son anniversaire. L'ouverture de Paradise City était passée avant, l'enjeu avait été bien trop grand pour ne pas sauter sur l'occasion de choisir la date symbolique de la Saint Valentin comme date d'ouverture. Certes, elle avait trouvé le temps de passer un moment avec la jeune femme lors de la soirée et avait bien pris soin de lui montrer à quel point elle l'aimait quand elles étaient rentrées à l'appartement au petit matin, mais à ses yeux, ce n'était pas suffisant. Ça n'aurait jamais été suffisant. Rose méritait bien plus que cela. Elle méritait une journée digne de son statut, d'autant plus pour célébrer son anniversaire.

Ça n'avait été que partie remise. Elle lui avait promis qu'elle ne l'avait pas oubliée et qu'elle avait bien prévu quelque chose pour son anniversaire. Ça n'avait pas été des paroles en l'air. Si elle lui avait demandé de ne pas se lever tout de suite, c'était pour pouvoir dresser la table et lui préparer son petit-déjeuner favori. Elle n'avait pas visé un autre repas, parce qu'elle connaissait parfaitement ses compétences en cuisine et faire brûler l'appartement était probablement le pire cadeau d'anniversaire qu'elle aurait pu lui faire pour ses trente ans. Elle ne s'y connaissait pas forcément en superstition, mais elle imaginait qu'une surprise du genre ne pouvait rien annoncer de bon. Elle avait donc fait simple. C'était l'intention qui comptait à ses yeux. D'autant plus que la journée de Rose ne faisait que commencer. Ce n'était qu'une surprise parmi d'autres, la moins importante sans doute. Le paquet qu'elle venait déposer à côté de l'assiette de Rose était bien plus personnel. Elle était allée le récupérer la veille et l'avait caché au fond d'un placard en espérant que l'australienne n'aille pas chercher quoi que ce soit dedans. Elle avait manigancé, derrière son dos avec Mia, la propriétaire de la boutique que Rose affectionnait tant. Elle avait imaginé une robe qu'elle lui avait demandé de créer. Une robe rose, dans un tissu léger, qui lui permettrait également de bouger avec aisance, ce qui serait important pour la suite de la journée. Pour l'heure, la table était dressée, le petit-déjeuner était prêt et le cadeau était en évidence, il ne lui restait plus qu'à aller chercher sa reine. C'est par un baiser qu'elle l'invite à se lever, la prenant pas la main pour la conduire ensuite jusqu'à la cuisine. Elle lui tire la chaise, l'invitant à s'asseoir. “Il va falloir prendre des forces pour cette journée.” Déclare-t-elle en souriant. “Mais avant, je te laisse ouvrir le paquet. Ca te dira pas ce qu'on va faire, mais ça te sera utile.” Déclare-t-elle en souriant venant s'asseoir en face de l'australienne.

L'idée de faire confectionner une robe pour Rose ne lui était pas venue tout de suite. Elle ne lui était d'ailleurs pas venue avant le jour de son anniversaire. Dans un sens, s'il n'y avait pas eu l'ouverture de Paradise City, elle aurait pensé à un tout autre cadeau et en voyant le sourire sur les lèvres de Rose alors que la jeune femme sort délicatement la robe de son emballage, elle se dit que c'était un coup du destin. Que celui-ci avait pu lire dans son esprit, y avait vu son idée de cadeau initial, n'avait pas été complètement satisfait et avait donc tout mis en œuvre pour lui laisser un peu plus de temps pour réfléchir. C'était ça, elle en était certaine. Le choix aurait dû être évident finalement. Rose qui passait son temps à créer des tenues toutes plus somptueuses les unes que les autres pour ses nombreuses clientes, n'avait pas forcément le loisir de connaître ce bonheur de recevoir un vêtement spécialement conçu pour elle. “Elle l'est pas autant que toi.” Commente l'espagnole en souriant. Elle ne se fait pas prier pour se lever, ses bras venant enlacer le corps de l'australienne. Laissant ses lèvres se faire capturer par les siennes. “Ca me fait plaisir. Elle sera encore plus belle une fois portée, t'as un talent pour magnifier les vêtements.” Qu'elle ajoute, capturant de nouveau les lèvres de l'espagnole. Ce cadeau, c'était pour Rose, mais elle avait presque l'impression de se faire un cadeau à elle-même occasion puisque, même si elle n'allait pas porter la robe, elle allait pouvoir profiter de la vue qui n'aurait probablement rien à envier aux plus beaux paysages. Tout le monde y trouvait son compte, à bien y réfléchir.

Aujourd'hui, cependant, c'était la journée de Rose. Il n'y avait personne d'autre qui comptait pour Itziar à ce moment précis. Raison pour laquelle elle ne rechigne pas, comme elle aurait eu tendance à le faire, quand l'australienne annonce aller se doucher, lui laissant tout le loisir de débarrasser la table. “Je t'en dirai plus quand tu seras prête. Tu peux prendre ton temps, mais laisse-moi un peu d'eau chaude.” Lui lance-t-elle alors que la jeune femme libère son étreinte autour de son cou avant de filer dans la salle de bain. Ou presque. Puisqu'elle réapparait rapidement dans la cuisine pour récupérer la robe qu'elle avait oubliée dans la précipitation, de quoi faire sourire Itziar, qui secoue la tête en déposant les couverts dans l'évier. Elle s'assoit dans le canapé, la vaisselle finie et en profite pour répondre à quelques mails, le seul moment de travail qu'elle s'accordera aujourd'hui. Quelques minutes avant que Rose ne sorte de la douche. A la seconde où elle entend la porte de la salle de bain s'ouvrir et le plancher craquer elle se tourne pour contempler sa reine. “Wow …” dit elle en se levant. “Fais voir.” Ajoute-t-elle, attrapant délicatement la main de Rose pour la faire tourner sur elle-même, l'occasion de profiter d'une vision à 360° de sa tenue. “T'es trop belle, elle te va à merveille. Il manque un dernier petit détail par contre.” Annonce-t-elle avant de s'éclipser et de filer dans la chambre où elle ouvre exactement le bon tiroir pour récupérer l'incontournable accessoire. Une couronne, qu'elle vient sur la tête de Rose pour compléter son look. “Voilà, là c'est tout bon. Maintenant je vais pouvoir me doucher vite fait, mais avant, le programme.” Annonce-t-elle, marquant une courte pause avant de continuer. “Alors, je me suis dit que ça pouvait être cool d'aller faire un tour à Dreamworld, tu pourras me montrer toutes tes attractions préférées et quand on en aura marre, on pourra faire autre chose. Ce que tu veux. C'est ta journée. Je suis toute à toi aujourd'hui. Mon téléphone va rester là. Pas de travail, pas de vie d'adulte. Juste toi et moi.” Finit-elle, venant déposer un baiser sur les lèvres de sa reine guimauve. “Ca te va ?” demande-t-elle tout de même, prête à n'importe quel changement de programme si ça ne convenait pas à la jeune femme.

Itziar s'est chargée de la tenue de Rose. De la robe jusqu'à l'accessoire ultime qui trône maintenant fièrement sur la tête de la styliste. Pour le reste, elle lui laisse champ libre. Choisir une paire de chaussures est loin d'être une tâche compliquée. D'autant plus quand on s'appelle Rose Grant et que la mode est quelque chose d'inné. Itziar, elle, aurait tendance à hésiter pendant de longues minutes. Il fallait dire qu'elle en avait des paires de chaussures. Elle avait arrêté de les compter. Elle savait que c'était probablement la pièce vestimentaire qu'elle possédait en plus grand nombre. Elle savait aussi qu'elle en avait qui se ressemblaient bien plus que nécessaire et qu'elle pourrait donc s'en séparer sans se sentir lésée. Cependant, c'était son pêché mignon et elle accordait une importance toute particulière à la manière dont elle se chaussait. Malheureusement, cela voulait parfois dire essayer plusieurs paires avant de trouver celle qui sera l'heureuse élue du jour. Rose, outre le fait qu'elle était l'élue du coeur de l'espagnole, était aussi la reine du jour. Un anniversaire à célébrer comme il se devait, bien qu'en retard. Lorsque Itziar lui énonce le programme, elle scrute sa réaction à la recherche du moins doute, du moindre signe qui pourrait lui faire penser qu'elle avait fait le mauvais choix et qu'elle allait devoir improviser. Elle y était préparée, même si elle était plutôt sûre d'elle sur ce coup-là, elle n'écartait pas pour autant la possibilité d'un loupé. “C'est vrai ? Ça te convient ?” Lui demande-t-elle pour confirmer. Comme si le sourire de Rose, ou même le baiser qu'elle vient déposer sur ses lèvres n'étaient pas suffisant en guise de réponse. Il ne lui en faut cependant pas plus pour filer à la salle de bain pour une douche express. A peine rentrée qu'elle est déjà sortie, se plaçant devant le miroir pour se maquiller légèrement, s'asperger de parfum et coiffer ses cheveux. Sa routine n'allait pas plus loin et elle était dans la chambre en sous-vêtements avant même que Rose n'ait eu le temps de dire ouf. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de remarquer que la styliste avait eu le temps de préparer sa tenue pour la journée, ce qui ne manqua pas de la faire sourire, ses yeux pétillants. “Je vois que la tenue n'a pas été choisie au hasard.” Lui lance-t-elle en s'approchant. Elle enfile délicatement le vêtement. Monnaie courante avec les pièces créées par sa reine. Elle en prend soin comme s'il s'agissait d'une énième merveille du monde et ne pourrait se résoudre à les malmener. “Je te remercie d'avoir pensé à mes pieds dans le choix des chaussures. Je vais pouvoir cavaler toute la journée.” Ajoute-t-elle alors qu'elle vient se placer devant l'australienne, lui tournant le dos afin qu'elle remonte la fermeture éclair de sa robe. Elle se retourne ensuite et dépose un baiser sur sa joue. “T'es prête pour TA journée ?” demande-t-elle large sourire sur les lèvres. “T'auras juste une petite corvée avant qu'on arrive, ce sera de m'indiquer le chemin. Mon carrosse à deux roues et pas très efficace sans GPS.” Ajoute-t-elle, la prenant par la main pour l'emmener hors de l'appartement.

Elle fait attention sur la route. Respecte à la lettre les limitations de vitesse dans les rues de Brisbane. Elle n'est jamais réellement une folle du volant, assise sur son scooter, mais elle prend d'autant plus de précautions quand Rose est derrière elle. Elle ne supporterait pas que quelque chose arrive à la personne qui lui est la plus chère. Alors, elle met peut-être un peu plus de temps que nécessaire pour arriver jusqu'au parc d'attractions, mais l'entrée se dessine au loin. ‘Dreamworld' apparaît en lettres géantes. “Si la meilleure des co-pilotes veut bien me faire le plaisir de descendre.” Annonce-t-elle, le scooter une fois garée alors qu'elle retire délicatement le casque que la jeune femme portait sur la tête. “Il y a pas à dire, rien te va mieux qu'une couronne.” Lance-t-elle avec un clin d'œil. Elle attache son bolide ainsi que les casques, mettant soigneusement la clé dans son sac pour ne pas la perdre. Sa main droite venant machinalement se glisser dans la main de l'australienne. “C'est un peu bête si je te dis ‘joyeux anniversaire' une fois de plus alors que c'était il y a plus d'un mois ?” demande-t-elle. Elle savait que ça n'avait pas grande importance, mais tout de même. Elle voulait vraiment souligner le fait que c'était bien ce qu'elles célébraient aujourd'hui. “T'as carte blanche, fais moi découvrir tes attractions préférées, mais par pitié épargne moi tout ce qui est maison hantée, sinon la journée risque d'être courte.” Lance-t-elle en plaisantant, l'entrainant avec elle vers l'entrée du parc.

Se retrouver à l'autre bout du pays ne semblait pas être la pire des idées. Tant que Rose était à ses côtés, elle était prête à aller n'importe où. Persuadée aussi que se perdre n'importe où ne serait pas si effrayant que cela si l'australienne était avec elle. Elle était tout ce dont elle avait besoin. Sa présence seule étant capable de rendre agréable la plus compliquée des situations. Alors, finalement, si elles parvenaient à se perdre entre leur appartement et leur destination de la journée, ça ne lui semblait pas si grave que cela. Si son scooter approchait de la panne sèche, elle n'aurait qu'à s'arrêter pour le remplir avant de repartir sur la route. Tous les chemins mènent à Rome comme on dit et avec Rose comme passager derrière elle, elle était prête à en emprunter des centaines. Cependant, elle tenait tout de même à rejoindre le parc d'attractions, au moins pour aujourd'hui. Elle ne voulait pas que Rose passe sa journée d'anniversaire assise à l'arrière de son scooter à tourner en rond dans la ville sans parvenir à leur destination. Par chance, elles n'habitaient pas si loin du parc, ou tout du moins, elles habitaient suffisamment proches pour que les panneaux de signalisation indiquent régulièrement le chemin. Il lui suffisait d'ouvrir l'oeil pour se repérer et se concentrer pour faire attention à la route plus qu'aux bras de Rose autour de sa taille. C'était sans doute cela le plus compliqué. Compliqué, mais pas impossible. Rien n'était impossible quand Rose faisait partie de l'équation. C'était sans doute pour cela que l'espagnole avait réussi à trouver le chemin de Dreamworld sans trop de difficultés. C'était également sans trop de difficultés qu'elle ôtait le casque de la tête de sa reine, pour venir repositionner la couronne qui complétait sa tenue. “Je demanderai des photos en guise de preuve, mais je ne remettrai pas totalement en cause la véracité de cette légende, qui n'en est peut-être pas une.” Répond-elle en plaisantant. Elle n'était pas naïve. Elle savait que les enfants ne naissaient ni avec une réelle couronne sur la tête, ni avec une cuillère en argent dans la bouche, mais l'image était là. Elle ne peut d'ailleurs s'empêcher de rire à celle que Rose met dans sa tête. Un an de plus pour chaque ‘joyeux anniversaire' qui pourrait sortir de sa bouche aujourd'hui. “On me souffle à l'oreille que c'est pas comme ça que ça marche, mais je testerai bien quand même, on sait jamais, juste pour voir à quel point tu seras belle dans dix ans.” Elle en profiterait pour admirer la vue, pour se donner un aperçu de ce visage qu'elle souhaite voir se réveiller à ses côtés jusqu'à la fin de sa vie. Puis elle trouverait un moyen de la faire revenir en arrière, ou de remonter le temps, pour qu'elle puisse tout de même profiter des belles années que lui prévoit cette trentaine fraîchement atteinte.

Cette nouvelle dizaine acquise n'était pas pour autant une raison de mettre de côté son cœur d'enfant, bien au contraire. Il fallait l'entretenir, le chérir, chaque jour un peu plus et quoi de mieux pour cela qu'une journée entourée de manèges et de jeux en tout genre. Itziar est du genre aventureuse, dans ce genre de situation, mais émet tout de même une certaine réserve quand il s'agit d'attractions ayant le potentiel de l'effrayer. Quoi que. “Je pourrai avoir peur dans beaucoup d'attractions si j'ai le droit de me coller à toi pour me rassurer.” Lui répond-elle en riant, venant déposer un baiser sur sa joue, juste avant leur arrivée devant les caisses. Elle achète deux tickets, en tend un à l'australienne, la laissant passer les tourniquets la première, suivant ses pas. Elle la suit d'ailleurs jusqu'à la première attraction de la journée, laissant Rose s'occuper du plan. Elle n'en prend même pas, se contentant de la suivre pour cette journée qui est la sienne. Un sourire se dessine sur ses lèvres quand l'australienne s'arrête devant la grande roue. “Le vertige ça ira normalement, mais on sait jamais, reste bien près de moi au cas où.” plaisante-t-elle, se rapprochant légèrement d'elle. Elle n'avait pas le vertige et elle le regrettait presque puisqu'elle n'avait finalement pas d'excuse pour s'accrocher dramatiquement à Rose durant tout le tour. Quoi que, elle n'avait pas besoin d'excuse et pouvait de toute façon se blottir contre elle si elle en avait envie. Elle avait privilège en tant que princesse. Une princesse qui ne perdait pas pour autant son sens de la compétition face à sa reine. “T'es sûre de toi ? Je peux repérer l'enseigne les yeux fermés ! Va falloir être rapide. Si tu trouves, je paye la glace, si je trouve, je choisis la prochaine attraction.” Déclare-t-elle, un large sourire sur les lèvres. Elle n'était pas certaine de repérer le club d'ici, mais ce n'était pas impossible, l'enseigne étant aussi imposante que voyante. “Par contre, pas de triche, on a le droit de chercher qu'une fois en haut. Tu dois me regarder dans les yeux jusqu'à ce qu'on y soit, si tu ris, tu perds cette première étape.” Ajoute-t-elle alors que la roue se met en marche.

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Elle prend le jeu très au sérieux, Itziar. Telle une enfant, elle compte bien ne pas perdre une seconde, une fois en haut pour chercher des yeux la devanture de Paradise City. Cette journée a beau être celle de Rose, ça ne veut pas dire qu'elle va la laisser gagner. Ce ne serait pas marrant ainsi. Elle va donc participer activement à la compétition. Elle rajoute même ses propres règles. Un jeu a besoin d'un cadre. D'actions autorisées et interdites. Tous les coups ne sont pas permis. Quoi que, tant que la triche ne peut être avérée, faut-il réellement rester fair play ? Jouer de ses atouts ne peut être interdit. C'est même la base de la diversion. “Bien sûr que si je ris, je perds. Les règles s'appliquent aussi à moi. Par contre, c'est à toi de ne pas te noyer dans mon regard, moi j'ai bien d'autres moyens de te brouiller la vue.” lance-t-elle avec un clin d'œil. Elle en profite d'ailleurs pour tirer légèrement sur sa robe, faisant descendre le col de celle-ci, rendant le décolleté un peu plus visible. Au cas où Rose n'avait pas compris où elle voulait en venir. Elle annonçait la couleur. Que ce soit par son regard où ses autres atouts, elle comptait bien entendu lui faire perdre du temps et lui compliquer la tâche. Elle ne se risquerait cependant pas à quelques sourires aguicheurs, par peur de laisser échapper un rire qui la ferait immédiatement perdre. Dans le fond, elle se fiche de gagner, ce qui lui importe, c'est le jeu et le moment complice avec Rose. Rose qui elle aussi à quelques tours dans son sac pour la déconcentrer. Elle connaît ses faiblesses, en témoignent les doigts qui viennent délicatement caresser ses genoux alors que la roue a pris de la hauteur. Elle retient un rire, mais ses yeux pétillants la trahiraient presque. “Tu serais pas en train de tricher là ?” demande-t-elle en souriant, ne tentant pas pour autant de se soustraire à cette tentative de chatouille. Elle apprécie beaucoup trop le contact avec sa reine pour oser retirer sa main ou bouger les jambes. S'en est presque physiquement impossible. Elle préfère risquer de perdre. Elle sait que le sommet est proche et qu'elle pourra bientôt se mettre à chercher le Paradise City.

Elle ne perd pas de temps à se mettre en recherche et c'est sûrement un coup de chance, sa position lui donnant un avantage peut-être, mais elle repère rapidement l'enseigne. Sans aucune difficulté. C'est un pur hasard. Elle n'a même pas eu le temps de repérer les lieux et de remettre en place les endroits qu'elle connaît. Elle n'a pas de mérite, mais elle crie victoire et pointe du doigt l'enseigne rose qui se distingue entre les bâtiments ternes. “Oui, regarde, juste là.” répond-elle, indiquant à Rose l'emplacement du club. Elle apprécie la récompense. Son sourire ne la quittant pas. C'était l'effet que lui faisaient Rose et ses baisers sucrés. “Toi tu mérites une récompense pour ta participation.” Déclare-t-elle, venant déposer un baiser dans son cou. “T'auras bien évidemment le droit à une glace aussi.” Ajoute-t-elle. Parce que ce jeu n'en était pas réellement un et qu'il n'y avait pas de vrai enjeu. Peu importe le résultat, une glace aurait été de mise. Il fallait bien se faire plaisir en cette journée spéciale. “Je suis nulle à Où est Charlie ! J'ai pas la patience et surtout, j'ai peur de rester coincée comme ça.” Lance-t-elle, se mettant à loucher pour regarder Rose afin d'illustrer ses propos. “Tu voudrais de moi si j'étais comme ça ?” Elle tire la langue, pour en rajouter une couche avant de se mettre à rire. Elle se laisse distraire. Facilement. Elle se fait avoir. Regarde dans la direction que lui indique Rose. Plisse même les yeux pour essayer d'apercevoir la voiture rose. “Je vois rien.” Déclare-t-elle alors que Rose vient s'installer sur ses genoux. Elle ne l'en empêche pas. Bien au contraire. Elle enroule ses bras autour de la taille de la jeune femme. “Quelque chose me dit qu'il n'y a rien à voir et que je viens de me faire avoir comme une bleue.” Elle rit doucement. Serrant un peu plus ses bras autour de Rose. “Il est pas confortable le siège de la grande roue ?” Demande-t-elle avant d'ajouter. “T'as de la chance qu'on soit suspendues si haut parce que là j'ai très envie de te chatouiller, mais je sais que c'est vraiment pas une bonne idée. Je voudrai pas que la journée soit écourtée.” Elle était prudente tout de même. Elle savait que trop gigoter dans ce genre de nacelle n'était particulièrement recommandé. Elle se contente donc de capturer les lèvres de Rose dans un tendre baiser. Avant de s'enquérir de la suite du programme. “Tu veux faire quoi ensuite ? Une autre attraction ? Ou tu veux ta glace tout de suite ?” Itziar suivait aujourd'hui, Rose prenait les décisions.

Itziar n'est pas dupe. Elle connaît bien Rose. Elle connaît également toute l'étendue de sa malice. C'est pour cela que lorsque la jeune femme vient prendre position sur ses genoux, elle ne cherche pas à repérer une quelconque voiture rose qui de là, fait probablement la taille d'une fourmi. A la place, elle préfère passer ses bras autour de la taille de l'australienne. La rapprochant un peu plus d'elle d'un geste tendre, presque machinal. Elle ne peut s'empêcher de rire à la réponse, l'air de rien de sa reine guimauve. Toutes les excuses sont bonnes, même si elle n'en a besoin d'aucune pour s'installer sur ce qui pourrait s'apparenter à son trône. “Tu crois vraiment m'avoir avec quelques mots doux ?” Lui répond-elle en riant. Rose n'avait même pas besoin de répondre d'ailleurs, la réponse était évidente. Oui, elle pouvait l'avoir avec quelques mots doux. Elle pouvait l'avoir avec tout un tas de choses qui laisseraient probablement de marbre n'importe qui d'autre. Une simple caresse, ou un simple baiser sur le coin des lèvres et elle se trouvait projetée sur un petit nuage, son cœur battant la chamade. Elle n'aurait jamais pensé ressentir ce genre de choses, persuadée que ce n'était que des exagérations un peu niaises. Elle comprenait maintenant. “C'est très bête même, mais je voudrai pas que notre journée soit coupée court pour un incident qui peut-être éviter.” Parce que le but d'aujourd'hui était de profiter, de passer du bon temps et certainement pas de finir à l'hôpital parce qu'elle n'aurait pas été capable de respecter une règle on ne peut plus simple. “J'espère que la récompense sera à la hauteur de mon effort quand même.” Ajoute-t-elle. Parce qu'il fallait avouer que l'envie de venir lui chatouiller les côtés était forte et que s'en empêcher n'allait pas être chose facile. Changer de sujet et détourner son attention lui permettait de garder ses mains pour elle au moins jusqu'à ce que la grande roue les ramène en bas. “On fait ce que tu veux, c'est toi qui décides. Par contre, je pense qu'il va vouloir qu'on descende une fois en bas et qu'on fasse la queue pour remonter.” Répond-elle en souriant. Ça ne la gênait pas. Le programme de la journée lui importait peu. Ce qui comptait pour elle était de passer du temps avec Rose. Ca lui suffisait amplement et si la jeune femme souhaitait passer la journée dans la grande roue, alors, Itziar passerait la journée dans la grande roue assise à ses côtés. La jeune femme l'entraine finalement ailleurs, une fois la roue arrêtée, vers le quartier réservé aux enfants. “Je me disais bien ! Ca me paraissait étrange que tu m'aies pas emmenée là en premier, mais je parie que c'est la roue qui t'a distraite.” Lui lance-t-elle avec un clin d'œil. Elle connaissait Rose, elle était également familière avec son éternelle âme d'enfant, qu'elle chérissait tout autant que la jeune femme se tenant à ses côtés.

L'attraction que Rose lui propose la fait sourire. Sa remarque d'autant plus et avant toute réponse, elle l'entraîne un peu plus vers la file d'attente qui les conduira jusqu'aux fameux rondins de bois. “Tu crois que j'ai peur de me mouiller ?” lui demande-t-elle en plaisantant. “Tu sais que je pense avoir été un poisson ou un animal marin dans une autre vie.” Qu'elle ajoute très sérieusement. Elle aimait être dans l'eau depuis aussi loin qu'elle se souvenait et elle n'était pas du genre à avoir peur de se mouiller alors que la température s'y prêtait particulièrement. “C'est plutôt toi qui vas avoir peur non ? La guimauve et l'eau ça fait pas bon ménage non ? Si t'as peur de fondre, tu pourras t'accrocher à moi.” Qu'elle propose, parfaitement consciente que Rose n'est pas en sucre et qu'elle n'a pas non plus peur de se mouiller, mais ça l'amuse. Elle est ravie de voir que la file d'attente n'est pas bien longue et qu'il ne leur faut pas bien longtemps pour parcourir les quelques lacets qui les séparent du manège. Itziar s'installe devant Rose. Se mettre derrière et l'utiliser comme un bouclier humain contre l'eau serait tricher. Si Rose devait ressortir mouillée de cette attraction, il était normal qu'il en soit de même pour elle. “Oublie pas de sourire pour la photo quand on va plonger.” lance-t-elle avant que le wagon ne démarre. Le plongeon ne se fait pas attendre, tout comme la douche qui vient avec alors que le rondin de bois atterri dans l'eau. Elle est trempée, mais ça la fait rire et c'est d'ailleurs en riant qu'elle se tourne vers Rose une fois sortie du wagon. “Alors ? Ca rafraichit non ?” demande-t-elle en plaisantant “Heureusement qu'on vit en Australie et qu'on sera sèches en un rien de temps, on aurait eu l'air maligne sans serviette sinon.” Bien qu'ailleurs, elles ne se seraient peut-être pas jetées sur cette attraction en début de matinée et auraient attendu la fin de journée pour ne pas avoir à continuer trempée. “On va voir la photo ? C'est par là je crois.” Déclare-t-elle en pointant du doigt le stand à côté de la sortie, entraînant Rose avec elle. Devant les écrans, elle se met à la recherche de leur photo. Elle cherche une chevelure rose, bien plus facile à repérer que ses boucles blondes. “Tu la vois ? Si elle est bien je l'achète, ça nous fera un bon souvenir non ?” Itziar et les photos, c’était toute une histoire, elle en prenait de tout, tout le temps, portant une affection particulière pour ces souvenirs indélébiles. Elle savait que Rose avait un peu plus de mal, alors elle prenait toujours soin de lui demander la permission, sans jamais insister.

Itziar n'a pas peur d'être mouillée, bien au contraire, l'eau est son élément. Bien que Verseau, elle n'est pas autant à l'air dans les airs qu'elle l'est dans l'eau, que ce soit dans la chaleur d'un bon bain, savamment parfumé ou dans la fraîcheur iodée de l'eau de mer. Elle est comme un poisson dans l'eau, comme qui dirait. Alors, finalement, cette attraction, ces rondins de bois qui viennent chuter dans l'eau, c'est clairement pour elle. Elle ne redoute pas la descente. Bien au contraire, elle attend le moment où l'embarcation aura fini de dévaler la pente pour venir éclabousser tout ce qui se trouve dans son périmètre restreint. Elle aurait pu être un peu plus réticente s'il faisait réellement froid. Passer la journée mouillée, alors que la température extérieure n'est pas élevée n'est pas agréable, mais le problème ne se posait pas ici. Elle monte donc joyeusement dans le rondin de bois, venant poser l'une de ses mains sur celles de Rose jointes à sa taille. Elle rit aux éclats quand le rondin chute, elle en oublie même de poser pour la photo, mais à cet instant précis, ça n'a pas vraiment d'importance. Le résultat est sans appel. Elles sont trempées, il n'y a rien eu pour leur empêcher de prendre l'eau en pleine figure. Ca l'a fait sourire quand en sortant, elle se rend compte que Rose n'est pas en reste. Que malgré sa position dans le rondin, elle aussi a eu la chance de déguster. “Ca aurait pas été très pratique. Deux infirmières malades, ça me semble pas bien efficace.” Qu'elle répond en souriant. Après tout, comment serait-elle censée prendre soin de sa reine si elle n'était pas en forme ? Une Rose en pleine forme, qui s'occupe d'elle alors qu'elle est malade, lui semble bien plus opportun, mais ça, c'était seulement son point de vue, elle ne doutait pas que Rose en avait peut-être un légèrement différent. Cependant, là n'était pas la question, la météo était clémente et il y avait donc très peu de chance que l'une ou l'autre n'attrape une pneumonie aujourd'hui. D'ailleurs, elle n'a pas le temps de penser à une pneumonie ou quelconque maladie pulmonaire puisqu'elle pense immédiatement à la photo qui a été prise au moment où le rondin entamait sa chute vertigineuse. Elle entraîne donc Rose avec elle, les yeux rivés sur les écrans. Si en haut de la grande roue, c'était elle qui avait repéré d'un coup d'oeil l'enseigne de Paradise City, un coup de chance, vraiment, ce coup-ci, c'est Rose qui a un oeil de Lynx. Elle repère la photo en un temps record et ce n'est qu'en suivant l'index de la jeune femme qu'elle parvient à voir sa chevelure pastel sur l'écran. “T'es très bien ! On dirait que tu es en train de faire un vœu." Répond-elle en souriant. La jeune femme apparaissant les yeux fermés sur la photo. La faute sans doute à un mauvais timing entre l'appareil automatique et le moment où elle avait eu besoin de cligner des yeux. La photo n'en restait pas moins jolie aux yeux de l'espagnole. “Ou alors t'as eu peur, mais c'est pas grave, si tu veux on peut dire que c'est ma beauté effectivement.” La taquine-t-elle, laissant la jeune femme capturer ses lèvres dans un tendre baiser. Elle paye pour la photo, une fois que la vendeuse leur donne la copie imprimée. “T'as pas à me remercier.” Dit-elle a Rose avant de venir déposer un baiser sur sa joue. Parce qu'elle lui donnerait tout ce qu'elle possède, si ça pouvait lui faire plaisir. Elle n'avait pas de limite pour sa reine. Son sourire n'avait pas de prix.

Elle se laisse donc de nouveau entraîner dans les allées du parc, ses doigts entrelacés avec ceux de Rose. Ça ne la gênerait pas de passer la journée à se promener comme ça. Elle n'avait pas besoin de plus. Quoi que, une licorne géante prisonnière d'un stand de tir à la carabine manquait peut-être à leur équation parfaite. Elle remarque tout de suite le regard de Rose. Elle sait ce qui a attiré son attention. Elle la connait. Si elle devait avoir un animal totem, ce serait sans doute une licorne à la crinière colorée. Doucement, elle l'entraine vers le stand. Avant même que l'australienne ne dise quoi que ce soit. Parce qu'elle n'a pas besoin de parler pour qu'Itziar comprenne. Itziar sait que ce sera là, leur prochain arrêt de la journée. C'est une évidence. “Elle a l'air malheureuse ici. Ca va vraiment pas.“ Qu'elle lance en souriant avant d'ajouter. “Ca fait longtemps que j'ai pas fait ça. Je peux rien promettre, mais on peut essayer. Ca coute rien non ?” Elle s'approche un peu plus avant de sortir son portefeuille de sa poche et de tendre un billet à la personne qui lui tend la carabine. “Tiens ! Tu commences, tu essayes une fois et ensuite je tente. Faut que je vois un peu comment ça marche avant.” Elle tend la carabine à Rose, la laissant essayer en premier, tentant de son côté d'analyser ses meilleures chances de réussir sa mission. Quand elle récupère l'arme factice, elle s'installe bien en face de la cage contenant les ballons. “Bon, là, pas de blague, faut pas me déconcentrer, la vie de cette licorne en dépend.” Plaisante-t-elle avant de pointer la carabine vers ses cibles. “Allez, je me lance.” Elle ferme un oeil, respire un coup et tire.

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