La balade à peine commencée, tu la taquines. Tu n’es pas décidée à la laisser profiter tranquillement du paysage. Ce serait mal te connaître. Tu te devais de l’embêter, c’est dans ta nature. C’est une façon de lui montrer tes sentiments, d’attirer son attention, même si t’as pas besoin de ça. Ce n’est qu’une autre marque d’affection. L’attaquer sur son scooter était voué à la faire réagir. Son bolide est le second amour de sa vie. Quoique peut-être plus le troisième. Tu mettrais plus sa collection de chaussures en seconde position. La première te revenant de droit bien sûr. « Je me permets si je veux ! » Tu lui tires la langue en parallèle. Une réaction enfantine digne de ta mentalité. Tu ris dans la foulée. Il est hors de question de vous disputer pour son engin motorisé. Tu détestes les conflits depuis toujours. Tu les fuis au maximum. Quoi qu’il en soit, elle défend son deux-roues. Tous ses arguments tiennent la route. Tu n’en as jamais douté. Tu n’as jamais eu l’objectif de lui démontrer les faiblesses de son moyen de transport. Surtout qu’il est ton moyen de transport préféré. Tu ne l’utilises pas toi-même à cause de ta maladresse, ce serait un coup à faire de nombreuses chutes et prendre le risque de l’abîmer et/ou te blesser. Sans oublier son manque de praticité en robe. « C’est plutôt toi que j’apprécie. » Tu lui souris tendrement. Tes sorties en scooter n’auraient pas la même saveur sans ta princesse en conductrice. Ta vie en générale n’aurait pas la même saveur sans elle. Elle y a apporté une touche délicieuse dont tu ne peux plus te passer. Telle est la force de l’amour. Et tes doigts baladeurs sur son genou prouvent la force de ta malice. Tu essayes de la chatouiller, de la faire rire. Dans un contexte plus privé, ce geste aurait également pu te servir à tenter de l’exciter, à lui signifier gentiment un début d’hostilités lubriques. Dans ce train, tu es sage. Tu es toujours sage de toute façon en tant qu’enfant innocente. La serveuse l’est un peu moins. Elle te cherche avec ce baiser dans ton cou et sa réplique. Tu reconnais bien là la joueuse. « C’est pas faux. Surtout que j’ai un peu de mal à rester éveillée. J’ai une vilaine blonde qui m’a réveillée de bonne heure ce matin. » Tu glousses de ta plaisanterie. Elle n’est nullement vilaine et tu ne lui en veux pas de cette initiative. Au contraire, tu l’as remercieras longtemps pour ce moment. Ce cadeau d’anniversaire sera gravé pour toujours dans ta mémoire de poisson rouge. Il est même gravé dans ton cœur. Tes opales pétillantes de malice plantées dans les siennes, un rictus mutin étirant tes lippes, tu formes deux jambes avec ton index et ton majeur. « C’est la petite bête qui monte… » Tu remontes lentement tes amis digitaux sur sa cuisse. Si lentement que tes mouvements ressemble à des caresses déguisées. Tu admets que c’est volontaire. Pour ta défense, tu ne connais rien de mieux pour rester éveillée. Chanter à la rigueur, mais c’est moins drôle et ce serait risquer de chasser le magnifique soleil du jour. Tu es à présent sur le haut de sa cuisse. « qui monte… » Tu débutes l’escalade de son tronc. Tu t’attardes exagérément sur sa hanche, une zone particulièrement chatouilleuse chez elle. Tu ne fais aucun mouvement en ce sens. Tu grimpes jusqu’à sa poitrine, tes pattes de fortune piétinant son sein droit. « qui monte… » Ton sourire s’élargit. Tu effectues de légères pressions sur ce dôme de chair recouvert de tissu. Tu continues ton ascension vers son épaule. A ce niveau, tu te diriges vers sa nuque, avant de venir effleurer ses cervicales. « et qui appelle sa maman pour te manger ! » Ce n'est vraiment les paroles de la comptine, Rose. Tu les as modifiées à ton avantage, pour justifier la suite des événements. Aidée de ta position tu l’attires vers toi afin de fondre dans son cou. Tu pousses des grognements bestiaux pendant que tu la couvres de baisers. Tu ris en parallèle, incapable de conserver ton rôle animalier tant ton comportement est puéril. Il ne rime à rien. Vous ne pouvez pas profiter de la vue sur le parc en plus alors que c’était le but de cette attraction. Quelle importance ? L’important est de s’amuser, ce que tu fais à l’heure actuelle. Tu es certaine qu’Itziar ne t’en voudra pas. Tu la soupçonnes même d’apprécier l’instant tant elle aussi est une grande enfant par moment. Et c’est surtout une femme amoureuse de sa reine guimauve.
Itziar n'est pas réellement vexée, bien au contraire, ça l'amuse plus qu'autre chose. Elle sait que Rose apprécie les balades à l'arrière de son scooter. L'espagnole est aussi la première à reconnaître qu'il n'avance pas très vite. Ce n'était pas pour la vitesse qu'elle l'avait achetée. C'était pour la praticité. Pour pouvoir se déplacer sans dépendre des transports en commun. Bien que lent, il lui permettait d'aller d'un point A à un point B bien plus vite que si elle utilisait le bus. Elle ne s'en passerait pour rien au monde. Même pas pour une voiture qui ne lui permettrait pas de se faufiler en cas d'embouteillages. Alors, elle rit, tout simplement, d'autant plus quand Rose lui tire la langue, signe à ses yeux qu'elle a raison et que l'australienne n'a rien à ajouter. Pour la forme, elle lui retourne sa grimace bien qu'elle ne peut s'empêcher de sourire bêtement à la remarque qui suit. Il n'y a pas de doute, plus que le scooter, c'est Itziar que l'australienne apprécie. L'inverse était tout autant vrai, l'espagnole appréciait bien plus l'australienne et elle devait avouer que les balades en scooter étaient devenues bien plus agréables depuis que la styliste prenait place derrière elle. Heureusement pour l'australienne, la blonde ne s'endormait pas au volant de son bolide, pas plus qu'assise dans ce train. Elle avait cette faculté à pouvoir fonctionner avec un minimum d'heures de sommeil, une résistance qu'elle devait sans doute à son job de serveuse qui lui avait modelé un emploi du temps décalé ces dernières années. Rose, elle, était plutôt du genre marmotte et Itziar l'avait effectivement privée d'une bonne grasse matinée ce matin. “C'était pour la bonne cause !” Lui répond-elle en souriant. “Et puis c'était pas si tôt que ça quand même.” Ajoute-t-elle. Elle ne l'avait pas réveillée aux aurores. Elle ne s'y serait pas risquée. Elle savait qu'il aurait été extrêmement difficile de faire sortir sa reine du lit avant le lever du soleil. Elle l'avait donc un peu bousculée, mais pas trop.
Elle comprend vite que Rose plaisante aussi, enfin, elle dit peut-être vrai pour sa difficulté à rester éveillée, mais Itziar repère rapidement la malice dans ses yeux. Juste avant de sentir deux doigts parcourir sa peau, tels deux minuscules jambes en train de grimper au rythme de la comptine entonnée par la styliste. Elle sait où ce genre de choses mènent, Itziar. Parce que Rose connaît ses points faibles. Notamment, elle sait à quel point l'espagnole est chatouilleuse. Elle met donc en place une gentille torture. Elle connaît la petite bête. Elle sait même ce qui l'attend. Elle connaît la destination finale. Tout comme la petite bête semble connaître ses faiblesses. La manière dont elle s'arrête un peu plus longtemps sur ses hanches ne semble pas anodin. A croire qu'elle sait parfaitement où venir la chatouiller. Quoi que, puisqu'il ne s'agit que de Rose aux commandes de cette petite bête improvisée, ce n'est pas si étonnant. La jeune femme la connait par coeur. Elle ne déplace pas ses doigts au hasard. Son but semble clairement de la chatouiller pour qu'elle se tortille sur le siège, tentant de chercher une échappatoire inexistante. Elle est coincée là, victime de cette vilaine bête. Elle ne peut s'empêcher de rire en gigotant à mesure que les doigts de Rose continuent leur ascension. La petite bête semble cependant prendre un chemin un peu inattendu. Tout du moins, un chemin différent, modifié. Tout comme les paroles de la comptine. Rose y ajoute sa touche personnelle. Pleine de malice. Comme à son habitude. Itziar ne peut s'empêcher de rire de plus belle quand l'australienne vient fondre sur son cou pour la couvrir de baisers. “Elle est vorace cette petite bête.” Lance-t-elle en riant. “J'en avais jamais rencontré des comme ça. D'habitude elle redescend aussitôt qu'elle est montée.” Plaisante-t-elle. Elle n'est pas en reste cependant, Itziar, puisque ses doigts viennent trouver les flans de Rose. Elle n'est pas la seule à être chatouilleuse. “Je crois que la copine de la petite bête vient de se pointer.” lance-t-elle, alors qu'elle continue son assaut. Passant totalement à côté du paysage que leur offre ce tour en petit train, mais finalement, ça ne semble pas être le plus important à l'instant présent. Ce qui comptait c'était de passer un bon moment avec Rose et marquer le coup pour son anniversaire. Comme il se devait.