« Bon Dieu, Rox', je viens juste de poser un pied à Brisbane, tu veux bien me laisser souffler ? » Le téléphone collé à mon oreille, mes bras sont occupés à jongler entre ma veste, mon sac et ma valise, que je récupère tout juste sur le tapis de l'aéroport. « Tu préfères que je dise à Destiel d'y aller peut-être ? » Voilà, depuis l'arrivée du nouvel animateur, ma chère patronne sait très bien sur quel bouton appuyer pour me faire réagir, et ne se gène absolument pas pour en abuser, sachant que je marche à chaque fois. « Hors de question. J'y vais. » Agacé, je ne laisse pas à Roxy la possibilité d'ajouter un mot triomphant de plus et raccroche. Moi qui attendais impatiemment mon retour à la maison, je me dis que j'aurais certainement mieux fait de rester à Londres encore une journée pour échapper à cette soirée. Mais j'avais promis à Joanne de rentrer aussi vite que possible. Une promesse à moitié tenue, puisque j'étais finalement resté quatre jours en Angleterre au lieu de trois. Désormais, j'appréhende mon arrivée chez nous. J'aurai à peine le temps de m'excuser de nouveau aussi platement que possible pour ces vingt-quatre heures d'absence supplémentaires que je vais devoir expliquer que je ne pourrais pas être à la maison ce soir à cause d'un énième gala. Le genre auquel je ne peux pas échapper. Organisé en grande partie par ABC, il s'agit d'une grande soirée regroupant non seulement les grosses pointures des médias, mais aussi tous ceux qui sont avides de faire parler d'eux et se complaisent dans un bain de cette foule susceptible de leur apporter encore plus de notoriété. Sont donc invités bon nombre de célébrités, acteurs, musiciens, auteurs, mannequins -dont je ne comprendrai jamais la présence dans ce genre d'occasions, à part jouer les pots de fleur humains, mais qu'importe- entre autres politiciens et représentants d'ONG (et quelques personnes ayant gagné leur place grâce à la chaîne). Autant dire, un grand rassemblement du gratin de Brisbane dont je me passerai volontiers après avoir traversé le globe en avion pour la seconde fois en moins d'une semaine. Lorsque j'en parle à Joanne, une fois rentré, cela ne semble pas l'enchanter non plus. Pour une fois, je me surprends à insister pour qu'elle m'accompagne. Je sais déjà qu'elle sera mal à l'aise dans cet environnement, que, comme toujours, elle sera légèrement paniquée -ce qu'elle masquera certainement dans quelques coupes de champagne. Mais je ne me vois absolument pas passer cette soirée seul, éreinté dans une pièce remplie de personnes que je ne souhaite pas côtoyer. Heureusement pour moi, la jeune femme accepte de se rendre à ce gala également. C'est donc à peine deux heures après avoir posé un pied sur le sol australien que je monte de nouveau en voiture pour nous conduire, apprêtés comme il se doit, à l'hôtel où se déroule la soirée. « Nous ne resterons pas longtemps, d'accord ? Nous faisons acte de présence, et nous trouverons le moyen de nous esquiver rapidement. » dis-je à ma fiancée, une main posée sur sa cuisse, quelques secondes avant que le voiturier vienne frapper à la fenêtre de ma portière afin de garer l'Audi. Rapidement, je vole un baiser à ma belle, puis descends du véhicule. L'entrée de l'hôtel est noire de monde, de journalistes, d'invités brillants sous le crépitement des flashs. Tant que nous sommes en retrait et discrets, je fais signe à l'une des hôtesses de venir vers nous. « J'aimerais que vous fassiez entrer Miss Prescott par l'autre côté. » dis-je tout bas à la jeune femme qui s'exécute immédiatement, conduisant ma cavalière vers une autre porte qui n'a pas l'attention des appareils photo. Connaissant Joanne, la première chose à laquelle elle pensera est que je ne souhaite pas m'afficher avec elle, par honte, ou je ne sais quel autre prétexte ridicule. Le fait est que je préfère lui épargner le bain de photographes -et une éventuelle crise de panique. Je respire un grand coup et m'avance vers les marches. Cette masse de flashs est un vrai cauchemar. Je traîne là un bon quart d'heure, le temps de saluer toute une tripotée d'invités, poser, poser encore. La prochaine voiture qui s'arrête laisse descendre une silhouette que je connais bien. Et, immédiatement, mon sourire devient bien plus sincère. Je me dirige sans attendre vers Hannah à qui j'offre une brève accolade. « Dieu merci, tu es là. Joanne est aussi là, à l'intérieur. Vous allez sauver ma soirée. » dis-je avec un immense soulagement. « Je rentre à peine de Londres, et ABC m'a propulsé ici. Je compte sur toi pour m'épauler. » La comédienne sait à quel point je ne suis pas d'un naturel bavard, d'autant plus lorsque je suis fatigué. Elle aura intérêt à tenir les conversations pour nous deux. Ou trois, en comptant la timide Joanne. Mais je ne doute pas qu'elle saura accaparer l'attention pour nous l'épargner. Nous traînons auprès des photographes encore quelques minutes, le temps qu'Hannah soit prise en photo sous tous les angles possibles, seule, à mon bras, ou auprès de quelqu'un d'autre. Ce n'est qu'après ce passage obligé que nous parvenons enfin à l'intérieur. La salle de réception de l'hôtel est pleine à craquer. Impossible de retrouver ma fiancée dans la foule.
Pas d'ordre de passage. Have fun, et que le bain de sang commence
Devant son miroir, Hannah hésitait. C’était bien la première fois depuis des mois qu’elle n’avait pas envie de se rendre à un événement mondain. Pourtant, les galas, elle connaissait, c’était ça son monde, du champagne, une jolie robe, des conversations qu’on allait oublier le lendemain, des journalistes, des photographes… Oui, c’était son monde. Elle était de retour en Australie après un bref aller retour à Londres, pour un photoshoot, une offre qui lui avait paru intéressante et s’éloigner de Brisbane quelques jours lui avait paru logique. Logique oui, mais la brune avait été surprise de voir Jamie dans le même avion qu’elle. Et pourtant non, ils ne s’étaient pas concertés, c’était tant mieux pas vrai? Hannah avait joué le jeu, sans vraiment faire attention et avait accepté de diner avec lui avant de partir, vu qu’elle rentrait un jour avant lui. Mais elle n’arrivait pas à s’ôter les aveux de Kelya de la tête, son Jamie, celui que la psychologue aimait tant et celui pour qui elle avait parcouru le monde, fait du mal et bien plus encore, était également le Jamie d’Hannah. Enfin non pas dans ce sens là… C’était compliqué et comme la brune l’avait dit à la psychologue, elle n’avait aucune intention d’arrêter de voir le Keynes. Il était son ami et les amis ne disparaissaient pas comme ça. Elle était très tentée de l’appeler, pour savoir s’il était bien rentré et lui demander s’il avait des plans pour ce soir, ils pouvaient toujours fuir cette soirée là et aller faire autre chose, n’importe quoi... Hannah poussa un autre soupir, non, bien sûr que non, s’il venait de rentrer il devait passer tout son temps libre avec sa fiancée.
Encore une autre chose qui avait stoppé Hannah dans l’avion et qui l’avait empêché de parler de Kelya, comment ruiner son bonheur, vraiment? Elle n’était pas aussi cruelle. Elle trouverait le bon moment, au calme, loin des yeux de tous pour lui parler de tout ça, tout simplement. La brune fixa son propre reflet dans le miroir et se demanda où était le problème. Il n’y en avait pas, aucun d’ailleurs, Jamie était avec Joanne et c’était tout, le couple allait être heureux et comme elle l’avait dit à Jamie, elle serait là le jour du mariage pour s’assurer que tout se passe bien. Rien de plus, rien de moins. Mais cela ne lui ôtait toujours pas l’envie qu’elle avait de se jeter dans son lit et de passer la soirée là, juste là. Ou passer un coup de fil à quelqu’un pour venir lui tenir compagnie. James? Hmm… Peut être. « Allez Hannah, tu en as vu d’autres. » se murmura t-elle avant de se jeter un dernier coup d’oeil dans le miroir et de descendre pour aller prendre sa voiture. C'était la bonne chose à faire, elle ferait une apparition, son agent serait content, son père serait content et voilà.
Pour quelqu’un qui n’avait pas envie d’assister à ce gala, Hannah avait sorti le grand jeu. Oui, la brune était toujours en pleine contradiction mais elle se disait que quitte à ne pas avoir envie d’y aller… Autant y aller et faire les choses en étant la moins discrète possible. Aussi, quand son chauffeur lui fit signe qu’ils étaient arrivés, difficile de ne pas le comprendre avec les nombreux flashs qu’elle apercevait déjà, Hannah finit par ouvrir la portière elle-même et sortir du véhicule tête la première. Son diadème en diamant était bien en place sur ses mèches brunes et sa robe qui semblait en montrait trop virevoltait derrière elle. Elle eut à peine le temps de se faire à son nouvel environnement et aux cris des journalistes qu’un visage familier apparut devant elle. « Dieu merci, tu es là. Joanne est aussi là, à l'intérieur. Vous allez sauver ma soirée. » Jamie, bien entendu il était là. Elle lui offrit un franc sourire et lui attrapa automatiquement par le bras. « Oh tu peux compter sur moi Keynes, toi et ta fiancée vous allez passer une très bonne soirée, tu vas en oublier le décalage horaire. »
Son envie de fuir était bien loin à présent, Jamie avait un véritable effet positif sur elle et elle se prêta volontiers au jeu des photographes. Et si en temps normal, le regard de l’actrice était braqué sur les caméras, les objectifs et autre, elle préféra lever le regard vers Jamie et articuler un « Tu n’es pas si mal pour quelqu’un qui vient juste d’arriver… L’avantage d’être un homme je suppose. Si je ne t’adorais pas autant je crois que je te détesterais juste pour ça. » Après quelques photos supplémentaires, Hannah laissa Jamie la guider à l’intérieur. La Siede n’arrivait jamais à l’heure et ce soir n’était pas une exception, la salle de réception était déjà bondée. « Okay alors si on veut survivre, enfin moi en ce qui me concerne, je refuse de le faire sobre, surtout que maintenant que tu sais que je suis plus amusante après quelques verres… Toi aussi d’ailleurs, mais il me semble que ça devait rester notre petit secret, non? » Hannah faisait référence à leur dernière sortie, bien avant de se croiser à Londres et là encore, ils avaient tellement parlé que la brune avait à peine touché à son verre.« Allons chercher à boire et ta promise, allez. » Ce n’était pas une suggestion, c’était un ordre qu’elle lança, toujours au bras de Jamie.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Pas plus de trois jours. C'était ce qu'il avait dit. Il en avait fallu quatre. Ce n'était peut-être rien pour une personne lambda, c'était limite pour Joanne. Une promesse à demi-teinte, lui qui attachait une si grande valeur à ce genre de choses. Surtout que la dernière journée passée était une journée de libre, mais Sophia travaillait, et James ne disait pas avoir le moral. Non pas qu'elle détestait la présence des chiens, loin de là, mais bon. Elle parvint tout de même à un peu se satisfaire de ce qu'elle avait en faisant une immense balade avec eux, au grand plaisir des deux canidés. Joanne avait effectivement eu sa consultation chez le médecin. Elle allait un peu mieux, retrouvant un appêtit certain, mais toujours des petites baisses de tension de temps à autre, encore gérable pour elle, même si elle était seule à la maison. Pour le moment, aucun résultat, aucun diagnostic, son médecin avait tenu à faire toute une batterie d'examens, et tous les résutlats n'étaient pas encore sortis. Et il ne voulait pas s'avancer sur de faux diagnostics avant d'être absolument sûrs. Jamie venait tout juste de rentrer à la maison, le visage marqué par le décalage horaire. Il arrivait en trombe, et visiblement contrarié, s'excusant très brièvement du prolongement de son séjour avant d'embrayer sur une autre nouvelle qui l'enchantait encore moins. Il devait repartir incessamment sous peu pour encore l'un de ses galas. Une promesse à peine tenue, des excuses des plus brèves, puis un gala auquel elle ne s'était pas préparée, c'était beaucoup de choses à encaisser en une fraction de secondes. La fatigue jouait certainement, le fait d'avoir été seule plus longtemps que prévu aussi. C'était déjà un peu trop. Joanne était un peu surprise qu'il soit si insistant qu'elle l'accompagne. D'habitude, c'est le contraire. Sans dire mot, sans demander quoi que ce soit, Joanne prit le temps de se changer et d'enfiler une longue robe noire, certainement l'une de ses tenues de gala préférées, pour dire qu'elle en avait une. Elle ne cherchait même pas à avoir une seule explication sur les raisons de cette journée supplémentaire passée là-bas. Soit, il n'allait pas vouloir en parler, soit il resterait dans le vague, et Joanne n'avait pas trop la tête à lui tirer les vers du nez pour en savoir plus. Elle se maquilla, se coiffa d'un chignon assez simple.
La voiture venait tout juste de s'arrêter devant l'hôtel en question, le trajet avait été bien silencieux. Jamie lui assura qu'ils n'en auraient pour pas longtemps, qu'ils rentreraient. Elle se contenta d'acquiescer par un simple signe de tête et un sourire plus que discret. Il l'embrassa rapidement avant qu'il ne quitte la voiture, on vint ouvrir la portière côté passager, et le jeune voiturier aider la belle à en sortir en lui tendant une main qu'elle prit volontiers. Elle fit une profonde expiration avant d'engager le pas, histoire de se donner un peu de courage pour cette soirée. Bien évidemment, il vint demander à l'une des hôtesses de faire entrer sa fiancée par une porte plus discrète et à l'abri de nombreux regards et appareils photo. Elle commençait presque à en avoir l'habitude, mais elle l'interprétait toujours de la même manière. Ce sentiment s'était certainement bien accentué depuis qu'il lui avait offert la bague. Déçue, encore une fois, elle suivait l'hôtesse sans trop parler. L'employée l'emmena dans une immense salle de réception déjà noire de monde. La belle blonde la remercia avec un grand sourire, puis l'hôtesse s'éclipsa aussitôt. Et là voilà seule devant tous ces invités. La majorité d'entre eux avait déjà une coupe de champagne, ou autre boisson alcoolisée en main. Il y avait un bar très soigneusement conçu. Et en plus des tables pleines d'amuse-bouches qui longeaient quelques murs, il y a de nombreux serveurs prêts à servir ces délicieuses mignardises auprès de chaque invité. C'était tout ce dont Joanne avait besoin pour tenir lors de ces soirées. Le champagne, et les mignardises. D'ailleurs, un des serveurs vint très rapidement lui en proposer une coupe qu'elle accepta. Pendant de longues minutes, elle restait plantée, à regarder tout ce qui l'entourait. Joanne cherchait Jamie du regard, mais il était presque impossible de répérer qui que ce soit dans cette immense pièce. Alors elle se mit à marcher aléatoirement entre les différents groupes qui s'étaient formés, jusqu'à ce qu'elle reconnut une silhouette qu'elle connaissait très bien. Son regard s'illumina subitement, et un sourire se dessina sur ses lèvres tout en s'approchant de la personne en question. Elle se posta juste à côte de lui. "J'espère que tu ne comptes pas boire comme un trou pour le reste de la soirée." dit-elle en le regardant, alors que James venait tout juste de la reconnaître. La belle blonde se mit à rire, puis l'enlaça longuement et chaleureusement. "Qu'est-ce que je suis heureuse de te voir, cela faisait bien trop longtemps." Elle l'embrassa sur la joue pour le saluer, en pure et simple amitié, comme elle avait l'habitude de la faire avec lui. "Je suis venue avec Jamie, mais il doit certainement être encore trop occupée à se faire prendre en photo là-bas." dit-elle avec une mine un peu triste. "Tu vas bien, toi ?"
Bordel James, ressaisis-toi ! j'hurle contre moi-même en venant frapper - de mon poing - les parois de la douche. Je suis une vraie loque depuis plusieurs jours, l'ombre de moi-même. Je ne sors plus, ne mange plus, ne dors plus. Tout cela depuis cette fameuse dispute avec Gabriella. Enfin dispute, c'est un euphémisme... Je me souviens encore de la colère que la jeune femme a piquée, ses cris raisonnent sans cesse dans ma tête. Et je ne peux pas la blâmer, je suis l'unique responsable. Cela avait été à la hauteur du mal que je lui avais causé, de la déception qu'elle avait ressentie. Que c'est-il passé ? Je lui ai simplement montré mon vrai visage, dévoilé qui je suis réellement. Un imbécile, un sombre connard, un enfoiré de première. J'ai avoué avoir eu des relations avec d'autres femmes, peu après les baisers que nous avons échangés dans sa librairie. Deux relations pour être exact, avec Sophia et Hannah. Pour Sophia, je n'étais pas vraiment fautif... La blonde a débarqué comme ça chez moi, au milieu de la nuit, et s'est littérament jetée sur moi. Il n'y avait rien à faire, absolument rien. J'étais bien trop perturbé, et j'avais attendu cet instant depuis tellement de temps. Avant de rencontrer Gabriella, bien sûr. Concernant Hannah, c'est bien plus compliqué. La jeune femme et moi entretenons une relation très particulière depuis de nombreuses années, flirtant toujours avec les limites. Nous les avons finalement franchies, c'est juste tombé au mauvais moment. Avec elle, j'ai complètement oublié tout le reste, tant l'actrice exerce un pouvoir incroyable sur moi. Je suis d'une faiblesse avec les femmes, c'en est pathétique...
Je ne comprends toujours pas comment j'ai pu autant merder, la situation a tellement dérapé. Mais c'est ainsi, les choses sont telles qu'elles sont aujourd'hui. Je n'ai plus de nouvelle de Gabriella, et je le regrette amèrement. Mon quotidien se résume à rester chez moi pour me lamenter sur mon sort, comme si ça allait arranger les choses. Mais je suis résigné à ce qu'elles ne s'arrangent pas, c'est impossible à mes yeux. Je suis allé trop loin cette fois, j'ai trop joué et j'ai perdu. A force de jouer avec le feu, je me suis brûlé comme on dit... La seule chose qui vient perturber cette triste routine, c'est ce gala auquel je dois me rendre ce soir. Organisé en partie par ABC, il se déroule dans un hôtel de la ville. Tout le gratin de Brisbane a été invité : acteurs, chanteurs, comédiens, présentateurs, mannequins, etc. C'est Nyx, ma nouvelle agent, qui m'a appelé pour m'en parler et me dire que j'y étais attendu. Ce qui est normal, tant ma popularité est croissante dans ce pays. J'enchaîne les boulots depuis quelques temps et je commence à avoir une certaine notoriété. Et encore, je sais que ce sera pire quand mon livre sortira. Mais je n'y suis pas encore, heureusement. C'est donc pour cet événement que je prends ma douche, que je me prépare. Si au départ je ne voulais pas m'y rendre, j'ai quand même accepté tout de suite. Pas le choix avec Nyx, j'ai bien compris comment la jeune femme marche et j'ai intérêt de suivre le moindre de ses désirs pour qu'elle ne parte pas. Et au final, ce n'est pas plus mal. Ça va me faire prendre l'air et me changer les idées, du moins je l'espère. Je termine ma douche sans plus tarder, me sèche, me coiffe et enfile un charmant smoking, très coûteux, ainsi qu'un nœud papillon. Maintenant que je suis prêt, je sors de chez moi pour me rendre à l'hôtel au volant de ma Porsche 991 Carrera 4S, un petit plaisir que je me suis offert cet été.
Sur place, je dois bien évidemment me diriger vers l'entrée principale, et affronter un parterre de journalistes et photographes. Même si je n'ai pas la tête à ça, je me prête à ce petit jeu sans réelle difficulté. C'est qu'à force d'y être confronté, je le maîtrise à la perfection désormais. Je souris, prends la pose, reste plusieurs minutes devant les photographes. Puis je monte quelques marches, m'arrête et recommence. Ce petit jeu dure plusieurs minutes jusqu'à ce que je pénètre enfin dans l'hôtel et arrive dans la salle de réception. Quelques personnes viennent m'accoster, généralement pour me féliciter de ma dernière couverture de magazine ou de mon dernier défilé. Certains connaisseurs me parlent même d'anciennes campagnes, notamment pour Channel et Ralph Lauren. Cela me fait plaisir mais je ne suis réellement pas d'humeur, alors je coupe court aux conversations et trouve rapidement le chemin du bar. Je m'y assois et commande directement un whisky, dont je bois une longue gorgée quand je l'ai en mains. La soirée va être plus longue que prévue, tant je n'ai tout compte fait pas envie d'être ici. Je n'ai rien envie de faire, envie de voir personne. Je veux juste rester enfermé chez moi et continuer de me morfondre comme je sais si bien le faire. Une douce voix me sort de mes sombre pensées. C'est une voix féminine, mais surtout que je connais. Je tourne la tête et tombe face à Joanne, souriante comme toujours. Joanne, quelle agréable surprise ! dis-je alors qu'un sourire sincère se forme sur mon visage. Ça alors, je ne m'attendais vraiment pas à croiser une connaissance ici, encore moins une amie telle que Joanne ! Je sens tout de suite mon cœur se réchauffer grâce à sa présence, la soirée ne sera peut-être pas si merdique que ça finalement. C'est toujours trop long de toute façon, même quand on se voit toutes les semaines. Je me penche vers elle et passe mon bras autour de sa taille pour l'enlacer en retour. Puis je pose aussi mes lèvres sur sa joue en guise de salutation. Tiens, je vais enfin rencontrer le fameux Jamie. Il était temps. souris-je en évoquant le compagnon de Joanne, ou plutôt fiancé désormais. Depuis le temps que j'entends parler de lui, je suis heureux de pouvoir enfin mettre un visage sur son nom. On fait aller. dis-je assez tristement, en saisissant mon verre pour le porter à mes lèvres. Et toi ? demandais-je, remarquant la mine triste qu'elle affiche après m'avoir annoncé que son Jamie devait se faire prendre en photos à cet instant précis. Tu es ravissante ce soir. Tu veux peut-être boire quelque chose ? l'invitais-je très poliment à m'accompagner pour boire.
Gala de la muerta. James ♣ Jamie ♣ Joanne ♣ Hannah ♣ Gabriella. Ca va chier des bulles...••• Il y avait du monde, beaucoup de monde. Cette foule fit presque paniquer Gabriella. Ce n'était pas son genre d'aller à ce type de soirée. Préférant celles au coin d'un feu, à lire un roman, un bon thé à porté de main. Mais elle devait s'y rendre, pour la librairie. Gagner des places pour cette soirée était un signe du destin, pensa la jeune femme. Il y avait moyen de faire un peu de publicité pour la boutique et de rencontrer du beau monde. L'Anglaise portait une robe que l'une de ses clientes lui avait confectionné. Cette dernière mettant en valeur ses courbes généreuses dans la plus grande élégance. Elle avait essayé tant bien que mal de cacher ses cernes et les traces de ces nombreuses heures à pleurer. Aminci et le visage terne, il fallut plus de maquillage que d'habitude pour effacer tout cela. On respire et on se calme… Gaby n'aimait pas ce genre d'ambiance. Et encore moins lorsqu'elle risquait de rencontre les dernières personnes au monde qu'elle voulait croiser. Gaby en était sûre, Jamie serait bien présent ce soir. Comment pouvait-il rater cette soirée ? C'était inconcevable… Quant à Monsieur Evans, il était fort probable que le mannequin y pointe le bout de son nez. Comme si voir des campagnes publicitaires de grandes marques avec sa tête deux mètre sur deux ne suffisait pas à son malheur. L'idée de le voir brisa ce cœur déjà bien faible. Non mais qu'est-ce que je fous là sérieux… L'idée de partir loin d'ici lui avait déjà traversé plusieurs fois l'esprit. Après tout, pourquoi se jeter dans la gueule du loup ? Ça rimait à quoi de se comporter de la sorte ?
Elle était là, à avancer vers la grande salle de l'hôtel tout en de se demandant pourquoi ses pieds faisaient le contraire de ce qu'elle pensait. Mais Gabriella Rhodes était une femme fière, alors ce gala était une aubaine pour prouver à son frère et au français qu'elle pouvait vivre sans eux… Même si c'était complètement faux. La libraire voulait que tout s'arrange avec Jamie, que son frère soit de nouveau à ses côtés. Lui demander pardon encore une fois, en espérant qu'il soit prêt cette fois-ci à l'entendre… Pour ce qui est de James, tout était différent. Comment lui pardonner l'impardonnable ? Pourquoi s'était-il comporté de la sorte ? C'était à ne plus rien y comprendre. Un soir, il vient à la libraire pour l'embrasser et un autre, à lui avouer qu'il venait de se taper la moitié des filles de Brisbane… Sombre connard. Gaby lui a hurlé dessus comme jamais. Le traitant de tous les noms d'oiseaux possible. Réduisant à poussière tout ce qu'ils venaient de vivre ensemble. La brune pensait que tout était fichu. Comment avait-il pu être aussi cruel envers elle ? Gaby n'y comprenait toujours rien. Le pensant incapable d'être adepte de la méchanceté gratuite.
Arrivée à l'intérieur, Gabriella aperçut de nombreuses têtes connues. Des acteurs, des chanteurs... Tout le monde était présent. La simple petite libraire ne savait pas où se mettre. Ce monde n'était pas le sien. Cependant, de nombreuses personnes venaient vers elle pour simplement discuter. C'était bien plus simple qu'elle ne le pensait. En un rien de temps, elle se retrouva entourée de quelques hommes et femmes tout aussi connus les uns que les autres à parler de tout et de rien. Gabriella leur expliqua son métier. Ils avaient l'air de s'y intéresser, ne sachant pas vraiment si c'était par simple politesse ou par réelle curiosité. L'Anglaise les fit rire par diverses anecdotes lors de l'ouverture de la boutique, les galères des travaux, des clients parfois très étranges…
Mais tout cela donna soif à la jeune femme. « Excusez-moi, je reviens...» Elle partit d'un pas assuré en direction du bar. « Un Martini s'il vous plaît...» Alors que l'anglaise attendait son cocktail, son regard se posa sur deux silhouettes reconnaissables entre milles, bien trop près d'elle à son goût.
Oh merde…
James était bien là et quelques mètres d'elle, accompagné de… Joanne ? Non mais c'est quoi ce bordel ? « Voilà mademoiselle… Mademoiselle ? » Gaby était encore sous le choc. « Oui...Pa… Pardon, merci... » La jeune femme prit son verre et s'en alla le plus vite possible du bar en espérant que le mannequin ni la fiancée de Jamie ne l'aient pas aperçu.
Comme à son habitude, Hannah a sorti le grand jeu ; elle coupe le souffle à toute personne posant son regard sur elle. J'aime son audace, son allure, la manière dont elle remonte fièrement le menton, dévoilant sa mâchoire si caractéristique aux photographes qui s'en délectent. A la voir, nul doute qu'elle se sent comme un poisson dans l'eau. Après tout, elle comme moi baignons dans tout ceci depuis toujours. Mais elle a plus d'aisance à faire semblant de s'y faire et vouloir s'y intégrer un minimum que moi. Prêtant assez peu d'attention aux photographes, la comédienne trouve que le décalage horaire ne se lit pas sur mon visage. Je ris à cette remarque, que je trouve vraiment ridicule ; « C'est très gentil, mais je n'en crois pas un traître mot. Je dois avoir l'allure d'un zombie. Surtout à côté de toi. » Hannah a eu tout le temps de s'apprêter, calculer les moindres détails de sa tenue. Pour ma part, j'ai sauté de l'avion à la maison, au dressing et à la voiture en moins de deux heures. Je ne suis même pas certain d'avoir jeté un coup d'oeil dans un miroir pour savoir à quoi je ressemble. J'ai simplement attrapé un costume noir et une cravate. Nous arrivons finalement à l'intérieur ; à côté, l'extérieur ressemble à un havre de paix. La salle de réception est bondée de monde qui se marche sur les pieds. Si cela m'impressionne un peu, je ne veux même pas imaginer comment doit se sentir Joanne, seule dans cette foule. Quel idiot j'ai été de ne pas penser à lui donner un point de rendez-vous pour se retrouver. C'est un enfer, ici. Hannah m'assure qu'elle ne compte pas passer la soirée sobre -ce que je peux comprendre. « Je ne vois pas de quoi tu veux parler. » dis-je en haussant les épaules lorsqu'elle évoque notre sortie à la dégustation de vins. A vrai dire, je ne sais pas si l'alcool me rend plus drôle. Mais plus détendu, pour sûr. Raison pour laquelle je ne compte pas prendre de verre ce soir. « Rien à boire pour moi. Je sens que la moindre goutte d'alcool me fera dormir par terre. » j'avoue, non sans une pointe de déception, parce qu'une coupe de champagne aurait été la bienvenue pour décrisper mes muscles. Je suis dans un rare état de nervosité, que je mets sur le compte de la foule et de la hâte avec laquelle nous avons du débouler ici par surprise. Je prends une grande inspiration, cherchant à réunir tous les morceaux de moi-même pour faire face à la soirée. Sans opposer de résistance, je suis Hannah qui, à mon bras, nous mène vers le bar où s’agglutinent une centaine de personnes en manque de boisson alcoolisée. Du regard, je ne cesse de chercher Joanne, soucieux. Elle a peut-être réussi à intégrer un groupe avec qui elle discute, à moins qu'elle ne tourne aussi à ma recherche, si elle n'est pas carrément sortie en pensant m'arracher aux photographes. Vu tout le monde présent, j'ai peur de mettre un certain temps avant de la retrouver. Ne regardant pas vraiment devant moi, je manque de percuter une jeune femme. Non, Gabriella. Mon regard, surpris, se pose sur ma sœur. Bon dieu, qu'est-ce qu'elle fait là ? Une libraire dans une soirée pareille ? C'est sans une once de chaleur dans la voix que je lui adresse un bref « Bonsoir. » La jeune femme est donc l'une des gagnantes des places qu'avait offert la chaîne. Le hasard ne m'a pas à la bonne. Je ne la quitte pas du regard tandis qu'elle se présente à Hannah. Je me tourne ensuite vers mon amie, et ajoute avec la politesse qui m'a été inculquée ; « Gaby tient une librairie dans notre quartier, je pense que tu aimerais beaucoup. » Nom, qualificatif, et quelques mots mettant en valeur la personne que l'on introduit. Une habitude bien rodée. Par dessus l'épaule de Gabriella, j'aperçois enfin la petite blonde qui m'intéresse au bar. Je suis tellement soulagé de la trouver si vite que j'en oublie qu'elle semble en pleine conversation avec un homme -dont je ne vois que le dos. En revanche, je note l'accolade. Et le baiser sur la joue. Et le large sourire qu'elle lui adresse. Et… Qui c'est, ce type, au juste ? « Joanne ! » Je m'esquive du bras d'Hannah et me glisse jusqu'à ma fiancée. Je passe un bras autour de sa taille et dépose un baiser sur son front. « Je suis désolé de t'avoir fait autant attendre, mon ange, les photos n'en finissaient pas. J'ai cru que je n'arriverai jamais à te mettre la main dessus. » Mais qu'importe cela ; entre ma journée supplémentaire à Londres et ce gala de dernière minute, je pense que je vais rentrer à la maison avec une jeune femme aussi fatiguée que contrariée ce soir. Là seulement, je me rappelle que j'ai certainement interrompu une discussion. « Avec qui tu discu... » Je me retourne pour faire face à l'interlocuteur, et le saluer. Mon regard tombe sur James, un verre à la main, et que je sens au moins aussi mal en point que moi. Je fais un terrible ami en ce moment pour mon entourage, à ne prendre des nouvelles de personne et en donner moi-même très peu. L'avantage, c'est que je sais aisément que mon ami mannequin se porte assez bien lorsque je croise l'une de ses campagnes publicitaires dans la rue. J'espère que les contacts que je lui avais donné lui ont été d'une quelconque utilité. J'adresse un large sourire au jeune homme à qui j'offre une accolade des plus amicales. « James ! J'aurais du me douter que tu viendrais. C'est une bonne surprise de te voir ce soir, nous avons à peine le temps de nous croiser en ce moment en plus. » Restées légèrement en retrait, je fais signe à Gaby et Hannah de s'approcher. « Venez par là vous deux. » Indiquant chaque protagoniste un par un, j'effectue de brèves présentations ; « James, voici Gabriella, ma demi-sœur, arrivée de Londres il y a quelques mois, et Hannah, une de mes très chères amies et divine comédienne. » J'ai beau m'efforcer d'adresser un regard à Gaby, l'exercice est assez difficile. Je préfère ne pas la regarder vraiment, histoire qu'on ne puisse pas deviner le mépris dans mes yeux. Néanmoins, il s'agit de ma famille, et je ne compte pas la rejeter en public. « Mais, du coup, toi et Joanne, vous vous connaissez déjà ? » je demande à James, faisant référence à la manière dont j'ai pu rapidement apercevoir ma fiancée se montrer particulièrement chaleureuse avec lui. En réalité, la réponse à cette question est évidente. D'ailleurs, Joanne a plusieurs fois mentionné son ami James. Quel hasard cela serait qu'il s'agisse du même James que j'ai rencontré à l'université. Non, le monde est vaste, et bourré de James -pour preuve, nous sommes deux sur un mètre carré. James… Loin d'avoir oublié l'histoire du baiser avec ce fameux ami James, mon regard se pose brièvement sur Joanne, n'ayant pas besoin de mots pour qu'elle comprenne que j'espère qu'il ne s'agit pas de ce James.
« Si tu es aussi tendu, je pense que tu as vraiment besoin d’alcool… Et ne me dis pas que c’est cette petite soirée qui te met dans un état pareil, ça ce n’est rien, juste toi, moi, ta fiancée… et nos cinq cent amis les plus proches. » Hannah eut un léger rire, fixant Jamie pendant quelques secondes. Elle se doutait bien qu’elle n’arriverait pas à lui faire retrouver le sourire aussi facilement, c’était une soirée sans semblait-il. Le brun n’avait visiblement aucune raison de vouloir être ici et Hannah pouvait tout à fait le comprendre. Malheureusement, avec tous ces photographes, il ne pouvait pas faire de sortir discrète avec Joanne. Quoi que… Hannah était certaine qu’elle pouvait soudoyer un des employés de l’hôtel ici présent pour leur trouver une sortie bien plus silencieuses que les marches qu’il venait d’affronter. Et quand elle disait soudoyer, elle ne parlait évidemment pas d’argent, déjà, comme la plupart des personnes de son rang, Hannah ne se baladait pas avec de l’argent liquide sur elle, c’était dire à quel point elle était riche. Mais dans cette robe, on ne pouvait absolument rien lui refuser la brune en était certaine, la preuve, on s’écartait déjà sur leur passage, elle et Jamie trouvant sans problème leur chemin dans la foule. « Mais je viens de trouver ce qui m’intéresse. » Elle annonça joyeusement alors que ses yeux venaient de se poser sur le bar. Juste un verre, juste une petite goutte d’alcool, ça ne pouvait pas faire de mal pas vrai? Hannah en était persuadée et elle pouvait convaincre Jamie de ne boire qu’un seule verre avant de l’aider à trouver Joanne. Hannah ne l’avait toujours pas félicitée pour ses fiançailles et elle tenait à le faire en personne.
Cependant, Hannah ne put pas mettre sa main sur un verre comme elle le souhaitait, non, une jeune femme brune dans une élégante robe venait de les aborder. La comédienne la fixa, un sourire professionnel sur les lèvres et elle haussa un sourcil vers Jamie tandis qu’elle se présentait. « Une demi-soeur? Oh il m’avait caché ça… » Le ton d’Hannah était plus léger que celui de son ami et l’actrice comprit en une seule seconde que Jamie n’était pas enchanté de voir Gabriella en cette soirée. Certes, de l’extérieur, il aurait pu passer pour un gentleman qui présentait simplement Gabriella mais Hannah commençait à bien connaitre les expressions de l’homme. Il n’était pas juste fatigué par son voyage et irrité de ne pas trouver Joanne, il y avait quelque chose d’autre. Mais Hannah n’était pas là pour poser des questions gênantes et encore moins pour accuser Gabriella de l’avoir troublé, elle allait rester elle aussi polie et cordiale. Elle attrapa donc la main de Miss Rhodes et la serra avant de se présenter elle aussi. « Hannah Siede, sa distraction personnelle et favorite, enfin c’est ce que j’aime me dire. » Est-ce qu’elle en faisait trop? Probablement mais le discret n’avait pas été son genre et elle adressa un sourire mutin à Gabriella avant de regarder Jamie s’éloigner pour… Ah, Joanne, évidemment. « Il a trouvé sa belle on dirait bien. » commenta t-elle simplement. Elle se tourna vers Gabriella, la logique voulait qu’elle fasse de son mieux pour s’entendre avec la libraire, c’était la soeur de Jamie alors autant ne pas lui jeter la pierre… Enfin pas tout de suite évidemment. « Je suis actrice en ce qui me concerne, et je suis une très grande accro de lecture, peut être que je passerai faire un tour dans votre librairie. » Une promesse qu’elle ne tiendrait pas si Jamie souhaitait qu’elle garde ses distances avec Gabriella mais ça… Ils en parleraient plus tard.
Beaucoup plus tard car déjà le brun revenait vers elle avec Joanne et James. Le visage d’Hannah s’illumina presque aussitôt et elle lâcha un léger rire face à l’autre mannequin. Le monde était tellement petit. « Joanne, tu es superbe, et félicitations pour vos fiançailles, je suis certaine que tu feras une superbe mariée. » Hannah était sincère et elle prit la blonde quelques secondes dans ses bras avant de se tourner vers son cavalier du soir. « James Evans! Le monde est très petit semble t-il et j’ai failli t’appeler mais le hasard est bien fait n’est-ce pas… » Elle ne le prit pas dans ses bras comme Joanne non, avec lui c’était bien plus que ça, mais c’était plus fort qu’elle, elle joua avec le noeud papillon du mannequin pendant quelques secondes avant de s’écarter et de fixer Jamie. « Toujours pas envie de boire je suppose? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Le léger incident qui s'était passé en James et Joanne n'avait porté aucun préjudice à leur amitié. Ils préféraient aussi éviter le sujet, l'oubliant peu à peu. Il ne savait pas ce qu'il faisait, elle ne savait plus où elle en était. Le mannequin l'embrassa à son tour sur la joue, comme il avait l'habitude de le faire. C'était bien le seul homme qui se permettait d'être assez tactile avec elle, et qui ne dérangeait pas trop Joanne. C'était un peu dans sa nature, d'être ainsi avec elle. "Pourtant, je ne peux pas dire que mon emploi soit chargé, en ce moment." répondit-elle avec un rire. "D'ailleurs, je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelles la semaine dernière. Je n'étais pas très bien, et j'ai du aller voir mon médecin lundi dernier." Elle haussa les épaules. "J'ai du faire quelques examens, mais toujours pas de diagnostics. Je dois t'avoue que mes nuits sont loin d'être tranquilles." ajouta-t-elle, souriante malgré tout. Elle ne préférait pas parler de l'absence de Jamie qu'il avait du prolonger sans avoir donné d'explications pour le moment. Puis elle craignait vraiment que ces résultats ne révèlent quelque chose de grave, ça la stressait beaucoup. Son sourire était large et sincère. "Mais oui, tu vas le rencontrer, enfin !" dit-elle, vraiment enthousiaste. Jame ne semblait pas être dans son assiette, elle le remarqua facilement avec le ton qu'il avait employé. Il lui retourna la question, et elle soupira. "Une période un peu difficile, je dois avouer. La fatigue n'arrange rien." Elle ne voulait pas ternir la soirée avec tout ce qui lui posait problème même si elle savait que son ami serait tout à fait ravi d'être cette oreille attentive, comme il l'avait toujours été. Il préféra la complimenter sur sa tenue. Un peu gênée, Joanne sourit et baissa les yeux, flattée. Le mannequin lui proposa de boire quelque chose. Sa flûte de champagne était malheureusement vide. "Oui, volontiers. Un verre de muscat serait parfait." L'abonnée à la boisson pétillante voulait un peu changer ses habitudes, sans trop d'excès. Pendant qu'elle se faisait servir, elle dit. "A vrai dire, ..." Joanne comptait lui raconter ces derniers jours, les journées à rallonge de Jamie depuis qu'il avait commencé son émission, puis ce gala surprise. Une mauvaise surprise. Mais son cher et tendre apparut et appela sa belle de vive voix. Il glissa sa main autour de sa taille tout en l'embrassant sur le front -certainement pour rappeler à tous les mâles de cette salle qu'elle était bien à lui-, s'excusant de son absence. D'un sourire discret, elle répondit juste "Ce n'est pas grave." Elle avait un peu l'habitude maintenant, elle prenait tout sur elle, ayant toujours de gros doutes sur ce comportement qu'il avait adopté depuis le début de leur relation. Son fiancé se demanda ensuite qui était son interlocuteur, coupant sa phrase en plein milieu. Ses yeux bleus regardaient alternativement Jamie et James, remarquant bien qu'ils devaient se connaître. Son fiancé le tutoyait, l'enlaça même. Joanne ne savait pas si son visage était en pleine décomposition ou s'il exprimait uniquement de la surprise. Ca changeait pas mal de choses. Il s'empressa de lui présenter Gabriella et Hannah, qui était bien évidemment. Pas de Jamie sans Hannah durant ces soirées là, la blonde l'avait bien compris. Elle était néanmoins ravie de voir sa nouvelle amie, cela faisait un bout de temps qu'elles ne s'étaient plus vues. Son fiancé cherchait à savoir si sa belle et James se connaissaient déjà. D'une voix parfaitement douce et calme, elle lui répondit "Oui, ça fait quelques mois maintenant. Peu après qu'il soit arrivé ici. Je t'en ai déjà parlé plusieurs fois." Hannah se précipita sur la conservatrice afin de l'enlacer plus que chaleureusement. Joanne ne se laissa pas prier pour en faire de même, heureuse de la revoir. Elle souriait timidement à son compliment. "Que dire de toi, dans ce cas ?" lui répondit-elle les yeux pétillants. L'actrice était aussi très enthousiaste à l'idée de ces fiançailles. Il était vrai qu'elles ne s'étaient pas croisées depuis, malheureusement. "Je ferai très certainement appel à toi pour essayer la robe, si ça ne te gêne pas. Mais nous n'en sommes pas encore là." lui dit-elle tout bas pour que ce ne soit pas audible pour tout le monde, notamment Jamie. La belle blonde sentait un regard se poser sur elle, lourd de sens, et c'était celui de son fiancé. Elle savait très bien ce qu'il pensait, ce qu'il cherchait à travers à travers les iris bleus de sa belle. Son regard fut tout aussi bref que le sien. Des yeux qui voulaient que oui, c'était bien lui, mais qu'il ne fallait pas en faire un plat. Même si elle était particulièrement contrariée à cause de lui, sa main venait enlacer la sienne, faisant en sorte qu'il sente bien la bague de fiançailles, de lui rappeler que c'était bien lui qu'elle avait choisi d'épouser. Que ce baiser n'était rien, que l'erreur avait été reconnu, que c'était oublié. Elle ne voulait pas qu'il s'en prenne à James comme ça. Le pauvre semblait déjà être bien tourmenté sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Joanne apercevait Gabrielle, un peu à l'écart. Elle lui adressa un franc sourire. "J'ignorais que tu assistais à des galas." lui dit-elle, curieuse. A vrai dire, elle ignorait plein de choses de ce gala puisqu'elle y avait été conviée à la dernière minute. A côté, Hannah se montrait très familière avec James, à qui elle réajusta son noeud papillon - geste qui était assez intime aux yeux de la conservatrice. Elle observa avec attention la scène sans dire mot, le visage neutre. Il y avait une tension plus que palpable dans ce groupe de conversation. A cause de l'histoire du baiser, elle en était certaine. Mais quelque chose lui disait qu'il y avait encore beaucoup plus que ça, ça la mettait mal à l'aise, l'air devenait rapidement lourd pour elle. Heureusement, le barman lui adressa enfin son verre de muscat. Elle le remercia chaleureusement, répondant à Hannah avec un sourire amical "S'il ne le veut pas, je t'accompagnerai avec plaisir." Elle passa sa main sur le dos de Jamie, du bout des doigts, espérant de tout coeur qu'il ne s'emporte pas de trop à cause de cette histoire qu'il devait certainement ressasser inlassablement dans sa tête, maintenant qu'il savait de qui il s'agissait.
Croiser Joanne ici égayait significativement ma soirée, et me permettait d'envisager des perspectives bien plus réjouissantes quant à son déroulement. Moi qui pensait rester seul à boire comme un trou et à m'ennuyer profondément, ce n'était plus le cas désormais. Et même si au fond je reste dans un mauvais état à cause des derniers événements de ma vie, la blonde me fait sourire sincèrement pour la première fois depuis des jours. Nous nous saluons intimement, comme à notre habitude. Le baiser échangé il y a des semaines n'est plus qu'un lointain souvenir, et nous avons su rapidement passer outre pour ne pas remettre en cause notre amitié. J'étais perturbé par les sentiments amicaux que je développais pour elle, elle était perdue... rien de plus. C'est la conclusion à laquelle nous étions arrivés, et elle nous convenait très bien jusqu'alors. Le mien est un peu plus chargé je dois t'avouer, je n'ai vu personne depuis des jours ! ne mentis-je qu'à moitié. Hormis le fait que je passe mon temps enfermer chez moi ces derniers temps, je n'avais vraiment pas une minute à me consacrer ! Nyx m'a obtenu de nombreux contrats publicitaires et j'ai rencontré une éditrice, Kaecy, qui est intéressée par mon livre. Et je ne l'apprends que maintenant ? lui lançais-je un regard réprobateur. Tu sais que j'aime savoir quand il t'arrive ce genre de choses ; tu peux m'appeler à n'importe quel moment pour ça. Depuis cette fameuse fois où Joanne s'était retrouvée à l'hôpital et où j'avais lamentablement échoué en tant qu'ami en n'allant pas la voir, je mettais un point d'honneur à me racheter et à essayer d'être un ami exemplaire. Je ne peux cependant pas resté longtemps fâché devant le sourire que m'offre la jeune femme, toujours impressionné par la force de caractère dont elle sait faire preuve. Nous parlons de son Jamie et nous rendons compte qu'il était enfin temps que nous nous rencontrons ! Je partage son excitation, même si j'appréhende un peu après tout ce qu'il s'est passé entre eux, et tout ce qu'elle a pu me dire de lui. La conservatrice m'apprend d'ailleurs que ce n'est pas simple en ce moment dans sa vie, avant de commander à boire pour m'accompagner. A ce moment, je n'avais pas vu Gabriella à quelques mètres de nous, bien trop absorbé par ma conversation avec Joanne. Je l'encourage du regard à me parler quand elle ouvre la bouche, mais nous sommes interrompus par l'arrivée de son compagnon.
Mon regard ne quitte pas cet " inconnu " qui, finalement, ne l'est pas tant que ça. Ce qu'il dégage m'est familier, tout comme sa voix ou encore sa silhouette. Lorsque son visage n'est plus caché par Joanne, je le reconnais enfin. Jamie ?! Nos regards se croisent, la surprise peut s'y lire aisément. C'est en prononçant son prénom qu'un déclic se produit en moins, que des connexions semblent se faire dans mon cerveau. Le Jamie de Joanne serait donc aussi mon Jamie ?! Je déglutis difficilement face à ce constat, et la première pensée qui m'assaille est la suivante : Merde, j'ai embrassé la fiancée de Jamie. J'ai du mal à y croire, à comprendre ce qu'il est en train de se passer. Je finis par sortir de ma stupeur et rendre son sourire à l'anglais, tout en l'enlaçant en retour. Oui désolé, je voulais t'appeler mais j'ai pas eu une minute ! Je suis tellement à côté de la plaque que j'ai pas fais le rapprochement entre ABC et toi ce soir, je m'attendais pas à te voir... Ça me fait plaisir. dis-je dans la plus grande sincérité bien qu'un peu déboussolé. C'est alors que Jamie se retourne pour inviter des personnes à nous rejoindre. Je jette un œil par dessus mon épaule et mon cœur manque un battement : Hannah et Gabriella se dirigent droit vers nous. C'est une blague ? Je suis en plein cauchemar c'est ça ? J'ai l'impression de pouvoir tomber dans les pommes à tout moment tant la situation est irréelle et complètement hors de contrôle. Comment peuvent-elle être toutes les deux ici ? Et ensemble de surcroît ? Sans parler de la révélation Jamie d'il y a quelques secondes, j'ai vraiment du mal à garder la tête hors de l'eau. C'est un cauchemar, un véritable cauchemar. Les jeunes femmes s'approchent et j'ai l'impression de voir mes bourreaux arriver. Je le pressentiment que tout peut arriver ce soir, absolument tout.
Jamie, apparemment au courant de peu de choses, me présente l'actrice et sa sœur. Puis, sans plus attendre, il me demande des " comptes " vis-à-vis de Joanne. Qui s'empresse d'ailleurs de répondre à ma place, et je l'en remercie intérieurement. J'acquiesce de la tête en la regardant avant de reporter mon attention sur son fiancé. Voilà, depuis mon arrivée. je tente un sourire mais j'ai l'impression de grimacer plus qu'autre chose. Je pâlis à vu d’œil et cela me met de plus en plus mal à l'aise, tant j'ai l'impression d'être pris aux pièges entre des relations qui je pensais ne pourraient jamais être connectées, ni de près ni de loin. Excepté pour Gaby et Jamie, évidemment. Discrètement, j'observe Jamie qui semble parler avec Joanne par le regard, mais Hannah vient attirer mon attention en s'approchant de moi. Avec tout ce qu'il se passe, j'ai du mal à accorder à chacun toute l'attention qu'il mérite. Mon regard se pose sur elle et des images de nos retrouvailles me reviennent en tête... ce n'est absolument pas le moment. Comme puis-je faire comme si de rien n'était avec elle, alors que Gaby se trouve juste à quelques pas de nous ? L'attitude désinvolte de la jeune femme me fait cependant sourire en coin, bien que ce soit beaucoup moins charmeur qu'à l'accoutumée. Il faut dire que les circonstances ne me donnent pas vraiment envie d'être dans mon état naturel pour le moment. Le monde est très petit en effet... je ne savais pas que tu connaissais Jamie. Était-ce une relation récente ou qui date de Londres tout comme c'est le cas de lui et moi, ainsi que d'elle et moi ? Je n'en ai aucune idée, mais force est de constater que le brun et moi partageons de nombreuses connaissances communes. Et finalement, vient le tour de Gabriella. J'ai soigneusement évité de croiser son regard jusqu'à présent mais je n'ai plus le choix, Jamie ne comprendrait pas pourquoi je ne la salue pas. Je détourne donc les yeux d'Hannah pour les déposer sur la libraire... Mon rythme cardiaque s'accélère immédiatement. Je ne l'avais pas revue depuis notre dispute, elle ne semble pas au mieux de sa forme... et c'est à cause de moi. La culpabilité me tord l'estomac et j'aimerais m'enfuir en courant. J'hésite d'ailleurs très sérieusement à le faire, plutôt que de devoir affronter tout ça maintenant. Je ne sais pas comment la jeune femme va réagir, mais connaissant son caractère fougueux, je doute qu'elle fasse comme si de rien n'était... Je n'esquisse même pas un sourire ni rien, et ose à peine lui adresser la parole. J'ai l'impression de ne pas mériter de lui parler, de n'avoir pas le droit. Plus le droit, pas après ce que j'ai fais... Gaby... la saluais-je poliment, la voix moins sûre qu'à l'accoutumée. C'est définitivement trop pour moi, et quand Hannah parle de boire ; je me retourne, empoigne mon whisky et le termine cul sec comme un vrai alcoolique. Puis je me retourne vers toutes les personnes présentes, j'ai l'impression d'être au centre du monde et de canaliser les regards. La soirée promet.
Gala de la muerta. James ♣ Jamie ♣ Joanne ♣ Hannah ♣ Gabriella. Ca va chier des bulles...••• Gabriella se sentait coincée, ne sachant plus où se mettre, où aller. À cet instant, elle aurait aimé être une petite souris pour se cacher et passer inaperçue. Trop tard. Jamie lui répondit avec une telle froideur qu'elle se raidit sur place. Jamie était du genre rancunier et il faut dire que la sœur l'avait bien cherché… L'inconnue n'avait pas l'air de connaître son existence. Ce qui ne surprit pas la jeune femme. Gabriella sourie, mais un malaise se lisait sur son visage. C'était loin d'être le grand amour entre eux. Cependant, il se montra poli et courtois en expliquant à son amie que Gaby était libraire, faisant même allusion sur le fait que ce lieu pourrait lui plaire. Mais la jeune femme n'était pas dupe. Il n'y avait aucune chaleur, aucune affection dans sa voix. Il cherchait juste à ne pas porter préjudice à sa sœur. Ne voulant pas créer de scandale dans une soirée si huppée. C'était ni l'endroit, ni le moment pour laisser place aux querelles familiales. Et pourtant…
Hannah, ce prénom lui glaça le sang. Non, ce n'est pas possible… Gabriella lui serra la main tout en se demandant qu'est-ce que sa phrase insinuait. Distraction… Personnelle ? Gaby tourna ses yeux vers son frère, comme pour lui demander qui était cette femme pour lui. Mais la sœur ne pouvait pas imaginer autre chose qu'une simple amie. Il tenait tellement à sa Joanne… C'était un drôle de personnage. Hannah était belle à en mourir et sa façon d'être ne pouvait que troubler. Jamie regardait derrière elle, il venait certainement d'apercevoir sa fiancée. Il s'éloigna sans rien dire, laissant les deux jeunes femmes ensembles. Gaby avala une grande gorgée de son cocktail. Espérant perdre un peu pied avant que les choses se compliquent. Elle sentait arriver les emmerdes. C'était un sixième sens chez la jeune femme. Il faut dire qu'elle a de l’expérience à ce sujet. « Oui, la belle Joanne, sa fiancée... » Dit-elle, sans pour autant paraître froide, mais histoire de marquer le territoire de la petite blonde que Gaby appréciait particulièrement. Impossible de ne pas craquer en voyant ce brin de femme aussi craquante que rayonnante au côté de son Jamie.
Une actrice, Gaby se disait bien que ce visage lui était familier. « Votre visage me disait quelque chose, je comprends mieux maintenant pourquoi… Et avec plaisir... » La libraire était bien trop occupée à regarder la scène qui se passait devant ses yeux. James prenant son frère dans ses bras. Avec tous ces événements, elle faillit oublier ce que le français lui avait dit lorsqu'il était venu lui faire croire à l'impossible. Ses yeux étaient rivés sur lui. Plus sombre que jamais. Marius lui avait redonné du poil de la bête. Une lueur de tristesse se lisait à travers sa colère. Monsieur James Evans briseur de cœur et anciennement huitième merveille du monde recalé au rang de connard de première. Ça fait mal. Elle faillit briser son verre en repensant à cette soirée où le mannequin était passé aux aveux. Salopard…
Lorsque son frère fit signe de les rejoindre Gabriella eu l'envie de prendre ses jambes à son cou. Mais en voyant le visage paniqué de James, un sourire en coin se dessina sur ses lèvres. Elle avança en leur direction, Hannah à ses côtés. Qu'il était drôle de le voir ainsi. Le français si à l'aise à l'accoutumer. Il avait l'air de l'éviter du regard et il avait bien raison. La jeune femme ne le quittant pas une seconde avec un regard plus noir que jamais.
« Bonjour Joanne... » La jolie blonde la fit sortir de ses tourments. Gaby lui souriait sincèrement. C'était bien la seule à qui elle voulait sourire ce soir. La brune s'approcha à son tour pour lui faire la bise. « J'ai juste gagné des places… Ce n'est pas vraiment à mon habitude de venir dans ce genre de soirée.» Un petit rire crispé sorti du bout de ses lèvres. « Je vous félicite… Je suis très heureuse pour vous deux. » La sœur souriait sincèrement à son frère et à sa fiancée. « Ce n'est pas donné à tout le monde de trouver une personne sur qui on peut compter et pour qui on compte réellement…» Le verre aux lèvres, Gaby se retourna vers James d'une manière assez subtile tout en prenant place pas loin de lui. Histoire qu'il s'enfonce un peu plus dans son trou.
Jamie présenta l'actrice et sa sœur au Français. Gabriella resta sans rien dire, pour le moment. Mais le volcan qui était en elle, ne demandait qu'à déverser sa lave brûlante. Il y avait un nouveau malaise entre Jamie et Joanne ainsi que James qui avait l'air de ne plus savoir où se mettre. Alors il connaissait aussi la fiancée de son frère, sans le savoir ? J'espère sincèrement pour toi que tu n'as pas touché à un seul cheveu de Miss Prescott… Elle se pinça les lèvres pour éviter que cette phrase ne sorte de sa bouche. L'actrice se montra très intime avec lui, jouant avec son nœud papillon tout en lui expliquant qu'elle avait hésité à lui téléphoner. « Je suis tout à fait d'accord avec vous Hannah, le hasard fait extrêmement bien les choses…» Le sarcasme se lisait sur son visage. Il n'y avait certainement que James qui comprendrait le réel sens de sa phrase. Alors c'était bien elle… Gabriella déposa ses yeux sombres sur l'actrice un long moment avant de se retourner sur James qui l'appela par son petit surnom. Ce qui fit pouffer Gabriella. Gaby…
Comment osait-il l'appeler ainsi ? La rage était un mot bien trop faible pour comprendre l'intensité avec laquelle elle le foudroyait du regard. La dernière fois que Gabriella regarda une personne de cette manière, c'était son propre père et c'est loin d'être un compliment... Mais d'un coup, la brune se mit à lui sourire, le sarcasme était à son apogée. « Monsieur Evans, vous nous faites l'honneur de votre présence ? » Gaby battait des cils. « Oh, vous êtes sûrement occupé à trouver une nouvelle proie à ramener dans votre lit ce soir ? Ça va être dur de trouver l'une sur qui vous n'avez pas encore usé de votre charme… Entre une qui est déjà fiancée sur laquelle, je l'espère, vous n'avez rien tenté, une à qui tu as brisé le cœur et pour finir...» Elle se retourna vers l'amie de Jamie, le sourire aux lèvres. « Je crois comprendre que vous n'êtes pas que la distraction personnelle et favorite de mon frère mademoiselle Siede...» Gabriella se rapprocha dangereusement de James son visage à quelques centimètres du sien. Elle avait envie de le gifler. Son cœur était brisé. «Rappelle-moi encore une fois Gaby et ce n'est pas mon verre que tu te prendras en pleine figure cette fois-ci, EVANS !»
Le regard de Joanne me donne une réponse qui me tord le coeur et l'estomac. Je plisse les yeux et serre les dents, quelque part entre la surprise, le dégoût et la colère. Le genre de colère qui m'avait quitté depuis des mois. Cette soupe d'émotions me reste en travers de la gorge et me laisse un goût amer des plus écoeurants. C'est donc ce James qui l'a embrassée. Qui a osé la toucher alors qu'elle avait quelqu'un dans sa vie. Je n'ai pas oublié de quelle période de notre relation il est question, et c'est sûrement la seule chose qui m'inspire un semblant de clémence, mais particulièrement faible. Ma mâchoire se serre un peu plus. La scène tourne en boucle dans ma tête, mon imagination malsaine s’attelant à me faire voir cet ami qui m'est cher poser ses lèvres sur celles de ma fiancée. Une vision qui relance chez moi de terribles envies de faire rencontrer mes phalanges et son visage. Honnêtement, je pense que le choc de la nouvelle ajouté à ces pulsions qui m'habitent parviennent à me rendre légèrement tremblant tant je dois prendre sur moi, ne serais-ce que pour ne rien dire et n'adresser aucun regard assassin à James. Non, mon regard reste exclusivement sur Joanne, tombant parfois sur ses lèvres, et les voyant apposées à celles du français. J'ai l'estomac retourné. La jeune femme glisse discrètement sa main dans la mienne, et bien entendu je devine qu'elle souhaite me rappeler la présence de la bague à son doigt, censée m'apaiser. Je caresse le bijou du bout des doigts, cherchant à réunir assez de calme pour poursuivre cette conversation. Quand mon regard se pose sur le reste du groupe, ce n'est que pour mieux voir Hannah s'amusant à réajuster le nœud papillon du jeune homme, avec une moue que je lui connais bien. En peu de temps, j'ai appris à comprendre la plupart des petits jeux de la comédienne. Et celui-ci en dit long. Donc ils se connaissent. Ils se connaissent très bien. Mes yeux passent de l'un à l'autre régulièrement, puis à Gaby, qui porte une expression étrange sur son visage lorsque James l'appelle par son surnom -preuve qu'ils se connaissent également, et que je ne suis décidément au courant de rien, ce qui est un enfer à vivre pour mon obsession du contrôle. Hannah réitère sa proposition de boire un verre. « Je suis en train de reconsidérer la question. » dis-je, ne pouvant pas m'empêcher d'observer James cette fois. S'il n'est pas idiot, il aura vite compris que je sais concernant son écart avec Joanne. Et qu'il a intérêt à faire profil bas. Gabriella prend alors la parole, le ton assassin. Je fronce les sourcils en entendant ses paroles. Elle évoque d'abord Joanne, seule fiancée du groupe -et je lève les yeux au ciel lorsqu'elle dit espérer que James ne l'a pas touchée. Puis je comprends rapidement la suite. Tout du moins, que j'avais raison au sujet du lien entre Hannah et James, et que celui-ci a visiblement fait du mal à Gaby. Qu'il lui a brisé le coeur. Sans savoir le pourquoi du comment, cela suffit à me faire bouillir le sang. Savoir ma sœur blessée, deviner cette lueur douloureuse dans son regard… Je prends une grande inspiration pour me contenir et garder la face, mais elle ne tient qu'à un fil -et je sais que Hannah la première le verra bien. La colère s'est saisi de mon rythme cardiaque qui s'emballe peu à peu. « James, tu me suis. » dis-je sans lui laisser le choix. Je me tourne vers Joanne à qui j'adresse un faible sourire et dépose un baiser furtif sur ses lèvres. « Je reviens. » Pour le français, en revanche, je ne promets rien. Suivi de près par James, je m'enfonce dans la foule et l'emmène dans le jardin de l'hôtel, dans un coin relativement isolé. Puisque deux et deux font toujours quatre et qu'il ne faudra donc pas longtemps au jeune homme pour comprendre mes intentions, je n'attends pas plus longtemps pour me tourner et lui coller une droite. Après des mois sans le moindre excès de violence de ce genre, j'en avais presque oublié toutes les sensations. La libération que procure un coup qui met l'adversaire à mal, mais aussi la douleur dans les doigts après avoir rencontré les os du crâne. « Ca, c'est pour l'autre soir. » Je lui en devais une, pour le crochet qu'il avait osé m'assener chez moi après avoir débarqué de nulle part à n'importe quelle heure de la nuit. Sans lui laisser la moindre chance de reprendre ses esprits, je lui offre un nouveau coup qui le déséquilibre légèrement. Je décharge ma colère sur lui, sur le fautif, et même mes phalanges rougies me font du bien. « Ca, c'est pour avoir touché à Joanne. » Rien à faire qu'il ne savait pas nous étions ensemble à l'époque. Ma colère à ce sujet suffit à m'aveugler. Je pensais l'avoir digéré, mais le fait est que c'est fort loin d'être le cas. « Et ça, c'est pour Gabriella. » dis-je après avoir violemment enfoncé mon genou dans son ventre pendant qu'il se tenait penché en avant suite au coup précédent. Je me retiens de lui en donner un dernier pour mon propre plaisir, ou peut-être pour avoir couché avec Hannah. Attrapant le mannequin par le col, je le plaque à la façade du bâtiment. Suite au soir de sa visite, nous savons lui et moi que sa carrure pesant trente kilos tout mouillé ne devrait pas perdre son temps et son énergie à essayer de se dégager. « C'est quoi ton problème, James ? Tu embrasse une femme prise, tu te tapes tout Brisbane et tu brises le coeur de ma sœur ? Tu crois arriver où comme ça ? » je demande, trahissant de l'inquiétude pour lui. Une immense colère, et de l'inquiétude. Il reste mon plus vieil ami. Même s'il ne m'inspire que du dégoût à ce moment précis. Il est deux choses à ne pas atteindre me concernant ; ma fiancée, et ma famille. Le Français s'est permis de toucher les deux. Je ne peux pas m'ôter de la tête la lueur que j'ai vu dans le regard de Gabriella. Son expression lorsqu'elle s'adressait à lui. Pour savoir la briser mieux que personne, je devine aisément lorsqu'elle est blessée. Et elle l'est. Une idée qui suffit à me rendre fou. Pas besoin de connaître les détails de leur histoire, cela ne m'importe absolument pas. Le fait qu'il lui ait fait mal est une raison largement suffisante pour le lui faire payer. Pas de diplômatie dans ce cas. Impossible. Ces coups, je ne pouvais pas les contenir sans finir par exploser -je ne le voulais pas non plus. J'inscris la leçon en rouge sur son visage, afin qu'il ne l'oublie pas. « Tu dois faire honte à Emma, sombre connard. »
Est-ce que William Shakespeare était en charge du récit de cette soirée? Hannah se posa la question, une fois, deux fois alors que son visage, vide de toute expression cependant, se promenait sur le petit groupe. Joanne semblait légèrement tendue et cette main qui serrait celle de Jamie... Ça, cachait quelque chose. James? Que s'était-il passé avec James? Hannah, perdue au possible, ne le montrait pas. Dans toutes les occasions, elle devait paraitre dans son élément et ce soir ce n'était pas vraiment différent. Aucune émotion ne passait sur ses traits fins, aucune avant que Gabriella prenne la parole. Pour saluer James... À sa façon. Oh, donc tout le monde se connaissait? Hannah réprima un rire, vraiment, elle les trouvait tous ridicules à souhait et elle avait envie de secouer Jamie et de lui montrer. Voilà, ce qui arrivait quand on s'attachait aux gens et qu'on accordait trop d'importance à tout ça. Mais si, l'amitié, l'amour, tout ça. Tous ces sentiments qui venaient tout corrompre et qui empêchaient qu'on fasse une erreur. Sans espoir d'être pardonné du moins...
À la remarque de Gabriella sur sa propre personne, Hannah eut un sourire, rayonnant, du genre qui aurait pu guérir le cancer. Alors quoi? Oui, elle avait couché avec James, que Gabriella accroche bien son petit coeur de libraire si elle tenait au mannequin parce qu'Hannah l'avait fait rêver et danser pendant des mois et des mois. Des années, alors non, pas la peine de se montrer désagréable avec elle. Elle n'avait jamais menti à James et il ne lui avait jamais menti en retour, elle, elle assumait pleinement ses actes, c'était eux qui tentaient d'être heureux sur le dos des autres. Risible vraiment. "Santé!" dit Hannah alors que l'atmosphère ne s'y prêtait absolument pas, elle attrapa un verre de champagne et le vida rapidement d'un trait, absolument pas gênée par cette ambiance. Son regard se posa alors sur Jamie, bonne ou mauvaise, c'était le Keynes qui allait décider de la tournure des évenements de ce soir. Tout le monde se pressait à ses pieds et tout le monde était lié à lui d'une manière ou d'une autre. Surtout le coeur de Joanne et quand il demanda à James de le suivre, Hannah comprit. Elle comprit en un simple coup d'oeil que c'était cette colère qu'il avait tenté de lui cacher qui allait dominer. Mauvaise soirée donc? Dommage... Le champagne était si bon. James et Jamie s'éloignèrent de quelques mètres et Hannah en profita, elles se retrouvaient entre femmes alors pendant quelques secondes, le masque tomba et c'est un regard noir qu'elle adressa à Gabriella.
"Que les choses soient claires entre nous ma chérie, ce n'est pas James qui m'a ramenée dans son lit, c'est bien l'inverse qui s'est passé. Chose que vous apprendrez très vite avec moi Miss Rhodes, les hommes ne me mènent pas à la baguette, c'est l'inverse." Hannah tenait à clarifier ce point, que Gabriella la déteste, la maudisse mais... Pour les bonnes raisons. Elle n'était pas de celles qui gloussaient devant le mannequin et qui étaient vite oubliées. Non. Elle était Hannah et ça, James allait s'en souvenir et Gabriella aussi. "J'aimerais dire que c'est un plaisir de vous avoir rencontré Miss Rhodes, mais ma bonne éducation m'empêche de mentir... Question de principe, vous comprendrez." Elle jeta un sourire à Gabriella puis à Joanne, de nouveau joueuse et enjouée. Jamie venait juste de quitter son champ de vision et elle gratifia les deux autres femmes d'une légère courbette avant de lancer un simple: "Maintenant veuillez m'excuser, quelqu'un doit bien s'assurer que vos chers et tendres ne s'amusent pas trop n'est-ce pas? Je me porte volontaire." Sans attendre de réaction de la part des deux autres, Hannah tourna les talons et elle disparut dans un froissement de tissus, faisant confiance à sa mémoire photographique pour retrouver les deux hommes. Jamie et James, non, ça allait forcément coincer, ce n'était pas deux parties de sa vie qui ne devaient pas se rencontrer... Hannah accéléra l'allure, trop habituée à courir en talons dans le fond pour faire attention, elle ne se retourna meme pas pour s'excuser alors qu'elle bousculait quelqu'un non, pas le temps. Un jardin... Pourquoi pas se dit-elle. Hannah tourna et elle finit par les voir.
Elle se figea, une seconde de trop, une seconde pour que Jamie lui donne un autre coup, brutal et froid, le faisant payer pour un crime surement trop grand aux yeux du Keynes. Non, pas James. "Jamie!"Hannah ne hurlait jamais en dehors de la scène et son propre cri en cet instant la surprenait. Elle avait pris sa décision sans le réaliser et en quelques enjambées elle parcourut la distance qui la séparait des deux hommes, poussant Jamie. Enfin, elle tenta, ce n'était pas avec sa force qu'elle allait changer quelque chose. Elle jeta un bref regard à James, mal en point avant de tourner son attention vers Jamie. "Lâche le mon dieu, lâche le peu importe ce qu'il t'a fait, si tu tiens autant à moi que tu aimes le prétendre lâche le." dit-elle sur un ton pressant, ses mains tentant encore une fois de faire s'écarter Jamie. Elle renonça avec un soupir de frustration et la brune finit par s'écarter elle-même. Elle venait de réaliser à quel point elle avait été idiote, aussi idiote que toutes les autres parce qu'elle n'avait vu que le bon côté de Jamie et qu'elle n'avait pas une seule seconde douté. Quelle belle idiote. "Mon dieu... C'est ça qui arrive quand on s'approche trop près de toi? C'est ça qui arrive quand on a le malheur d'enfreindre les règles du grand Jamie Keynes, hein?" Se sentant trahie au possible, Hannah fixait Jamie, tremblante.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Ce n'était peut-être qu'un malheureux concours de circonstances de voir que toutes ces personnes se connaissaient l'une l'autre. Malheureux, car la tension était plus que palpable, Joanne ne s'y sentait pas bien. Jusqu'ici, tout le monde avait été des plus agréables avec elle, mais le ton employait changeait vivement lorsqu'ils parlaient entre eux. Son fiancé lui tenait toujours la main, Gaby, après l'avoir saluée, expliqua brièvement la raison de sa présence ici, puis les féliciter de leurs fiançailles. Jusqu'ici, tout allait relativement bien. Il y avait juste le regard de Jamie qui en disait long sur ses pensées lorsqu'il avait compris qu'il s'agissait bien de ce James là qui l'avait embrassé. Joanne culpabilisait beaucoup, alors qu'elle n'y était pas pour grand chose. Elle savait qu'elle était en train de le contrarier. La manière dont Jamie la regardait parfois, ses yeux verts se fixant soit sur ses iris bleus ou ses lèvres, expliquait tout. Il ne digérait absolument pas l'information, elle aurait espérer le contraire. Que leurs fiançailles lui fasse oublier cette mauvaise passe. Mais la soeur de Jamie s'emporta dès que James l'appela de son surnom. Le calme avant la tempête, une tornade s'abattait sur le groupe. Tout dégénérait, Gabrielle s'emportant contre le mannequin. La belle blonde n'y comprenait plus rien, écoutant malgré la conversation. Les interprétations allaient bon train et Joanne se sentait très rapidement visée par ce qu'elle disait. Son coeur paniquait. Il y avait là un affreux malentendu mais Joanne fut bien incapable de dire quoi que ce soit. Elle voyait Jamie lever les yeux au ciel lorsqu'elle parlait de Joanne. Tout allait tellement vite, la situation lui glissait entre les doigts. Elle avala cul-sec son muscat, dans le plus grand des malaises, avant de déposer sur le verre sur le bar. Elle serrait la main de Jamie, baissant les yeux. Elle ne savait plus qui vraiment regardé. Un lourd silence s'imposait, et Gabriella se refusa de continuer à rester de marbre et prétendre qu'il n'y avait rien à dire à ce sujet. D'un côté, elle n'avait pas tout à fait tort. De l'autre, Joanne espérait que cette soirée soit supportable, mais cela ne semblait pas être le cas. Elle interrogeait du regard à la fois James, Hannah et Gabrielle, sincèrement inquiète de la situation. Elle voyait le visage de Jamie se décomposer. Avant qu'elle n'ait le temps de lui dire quoi que ce soit, il donnait un ordre de l'accompagner. Il n'était pas dans son état normal, Joanne le savait. La façon dont il sourait faiblement, qu'il lui vole ce baiser, pire qu'un bandit. Il disait revenir. Elle ne fit qu'acquiescer d'un léger signe de tête, sachant qu'elle ne ferait pas le poids si elle lui disait quoi que ce soit. De toute façon, elle n'oserait pas s'interposer. Hannah gardait son allure et sa prestance habituelle, de se laissant pas perturber par tout ce qu'il venait de se passer. Elle sirotait rapidement son champagne, qu'elle bu ensuite cul-sec. Une seconde plus tard, elle regardait Gabriella d'un air sombre. Jamais la jeune blonde n'aurait pensé que le mannequin puisse avoir un regard aussi assassin. Elle fut tout aussi abasourdie d'entendre son discours. Alors, elle avait une relation avec James. La blonde ne savait pas si toute cette histoire n'était qu'une mauvaise blague du destin ou si elle rêvait, tout simplement. Dans tous les cas, elle ne parvenait pas à placer un seul mot. Le visage d'Hannah changea totalement lorsqu'elle regarda la seule fiancée présente, d'un sourire amicale et franc, avant qu'elle ne s'excuse pour partir à la recherche des deux gentlemen. Pétrifiée, elle regarda la mannequin partir. Joanne ne savait plus s'il fallait pleurer, rester ainsi pétrifiée, parler à Gabriella, les rejoindre. "Je te jure que ce n'était rien. Il... C'était pendant la période où ça n'allait vraiment plus entre Jamie et moi, et il m'a embrassé. Il est perdu..." C'était ce qu'elle espérait croire de James. Sa voix était douce, et hésitante, ça débordait de sincérité. Elle espérait que Gabriella lui fasse confiance. "Ca ne signifiait rien. Ca a même vite été oublié, nous n'en avons plus jamais parlé." Leur amitié avait reprit son cours habituel. "Je n'aime que Jamie, Gabriella. Il n'y à que lui que je veux aimer et épouser." Elle n'osait pas l'appeler par son surnom depuis qu'elles s'étaient rencontrées, elle ne savait pas si elle pouvait se le permettre. Joanne lui adressa un sourire des plus amicales, espérant vraiment et profondément que ce baiser n'ait pas d'incidence sur leur amitié naissante. Après quoi, Joanne s'inquiéta pour Jamie. Elle saisit doucement la main de Rhodes afin de l'emmener avec lui. "Viens." Elle se faufila entre les différents groupes de conversation. Il y avait tellement de monde, c'en était difficile de trouver des visages connus. De sa main libre, Joanne surélevait un peu le jupon de sa robe afin que personne ne marche dessus. Elle jetait de temps en temps des coups d'oeil derrière elle pour voir si Gabriella allait bien. Commençant à gravement paniquer et s'inquiéter, elle accélérait le pas cherchant vivement du regard son fiancé. Elle avait un mauvais pressentiment. Ce genre d'émotions la faisait très rapidement fondre en larmes, mais elle n'en était pas encore. Elles parvinrent enfin à s'extirper de la foule. Désespérée, elle se dit qu'ils pouvaient très bien être dehors. Il faisait déjà nuit, l'air était plus que frais, faisant frissonnant la peau de la belle blonde. Passée les porte-fenêtre, elle regarda à sa gauche et à sa droite. Personne. Elle lâcha la main de Gabriella et avança de quelques pas, paniquée de n'avoir personne dans son champ de vision. Elle regarda d'un air profondément inquiet et désespérée la soeur de Jamie, au bord des larmes. La voix d'Hannah retentit soudainement, mentionnant le prénom de son fiancé. Le souffle court, Joanne ne se posa pas de questions avant de se précipiter vers l'endroit d'où le cri provenait. Le spectacle était horrifiant. James plaqué au mur par son fiancé. Le mannequin était en sang, défait, alors qu'Hannah ne cachait pas sa déception. La belle blonde plaça la main devant sa bouche, choquée par la scène qui se jouait devant elle. Elle fit tout son possible par réassembler ses esprits au plus vite. Elle s'approcha lentement d'eux. "Jamie, je t'en conjure, lâche-le." Sa voix restait pour le moment douce et calme. Délicatement, elle posa sa main sur son bras, la glissant doucement jusqu'à la sienne afin de l'inciter à ce qu'il lâche prise. Voilà qu'elle avait du sang de James sur ses propres doigts. Elle regardait son ami brièvement, mais d'un air très sincèrement désolé. Puis elle se concentra à nouveau sur l'homme qu'elle aimait. "Tu ne voudrais pas lui faire plus de mal. Tu le regretterais." lui dit-il tout bas. Il fallait bien faire allusion à l'excès de colère qu'il avait eu lorsqu'elle devait le récupérer à l'hôpital un beau soir. Joanne avait toujours espéré avoir le pouvoir de l'apaiser par un geste, par un mot. Là, elle avançait dans l'aveugle, ne sachant trop comment il était. C'était bien la première fois qu'il était poussé à bout depuis qu'il prenait ses traitements. Voyant qu'il ne comptait pas détendre les muscles de son autre bras, Joanne se rapprocha de lui, s'interposant entre lui et Jamie. Des larmes s'étaient coulées sur ses joues. Ce n'était pas de la peur, ou de la déception, juste une profonde tristesse de savoir que tout avait si rapidement dérapé. Triste de savoir que Jamie était encore tout à fait capable d'être aveuglé par une rage noire malgré ses traitements. Elle garda sa main ensanglantée dans la sienne. De l'autre, elle lui caressait tendrement là joue. "S'il te plaît." lui chuchota-t-elle, en le regardant droit dans les yeux.
Mes yeux croisent enfin ceux de Gabriella, et je pense que je serais déjà mort si elle avait le pouvoir de le faire. Tant de noirceur, tant de colère... Cela contraste avec la façon qu'elle avait de me regarder jusqu'à présent. Où sont passées les étoiles ? La malice ? Cette étrange lueur si agréable à fixer ? A présent, j'ai l'impression d'être redevenu le James de Londres à ses yeux. Non, c'est même pire, elle ne m'avait jamais haï à ce point auparavant. Je suis son pire ennemi ; l'homme à abattre. Le sourire qu'elle me fait, le ton qu'elle utilise, me fendent le cœur. J'encaisse, sans sourciller. Je savais qu'elle ne jouerait pas la comédie, qu'elle réglerait notre linge sale en public. Ce caractère fougueux de la brune, je le connais et l'apprécie. Enfin, quand il ne se retourne pas contre moi comme c'est le cas en ce moment. Elle me balance certaines vérités, maintenant qu'elle connait le pire de moi. Quand elle évoque Joanne, je fais tout pour rester impassible. Si elle savait que je l'avais embrassée, elle aussi... Un coup d’œil vers Jamie et je comprends que lui, il le sait parfaitement. Entre lui et sa sœur, je ne sais pas lequel j'ai le plus envie d'éviter de regarder à cet instant. Mais je reporte mon attention sur la libraire, qui n'en a pas fini avec moi. C'est au tour d'Hannah de prendre, mais j'imagine que l'actrice saurait encaisser cela avec aplomb, comme toujours. Ce qui n'est pas mon cas en ce moment, j'éprouve beaucoup de difficultés à rester de marbre face à tout ça. Gabriella m'explose à la figure, et j'ai le pressentiment que ce n'est que le début des ennuis. Son visage n'est plus qu'à quelques millimètres, je peux sentir son souffle contre le mien quand elle me hurle dessus. Je n'ai désormais même plus le droit d'utiliser son surnom... et encore une fois, je suis le seul fautif. J'ai l'impression que mon cœur va exploser dans ma poitrine, tant cette situation m'est insupportable. Voir l'anglaise me détester autant est une vision d'horreur, je n'aurais jamais pensé que notre relation prenne cette direction un jour. Je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire. Il n'y a pas de remède miracle, ni de formule magique pour me sortir de là. Aucune de mes paroles ne sauront l'apaiser ; elle ne veut de toute façon même pas m'écouter. Je suis dans une impasse, et il vaut mieux ne rien dire que de l'énerver encore plus. Je reste donc parfaitement immobile, continuant de la fixer avant qu'elle ne se recule. Je reste raide mais baisse les yeux quelques instants vers le sol, comme un gamin prit en faute. Je ne veux pas affronter les regards d'Hannah, Jamie, Joanne... Non, c'est trop dur. Je ne veux pas y lire la déception, la colère, l'incompréhension. Ma seule envie est de partir, loin d'ici. De disparaître même. D'ailleurs, je pense que c'est ce que je vais faire : partir.
« James, tu me suis. » Son ton me fait presque sursauter, je relève les yeux aussitôt. Silencieux, je le suis sans jeter un regard vers les femmes qui nous entourent. J'imagine qu'il doit attendre des explications, je lui en dois c'est une certitude. Après tout, il vient de se rendre compte que d'une façon ou d'une autre, je suis lié avec Hannah, Gabriella et Joanne. Et il sait aussi que j'ai embrassé sa fiancée, couché avec l'actrice et fait du mal à sa sœur. Même s'ils sont en froid, je suppose qu'il ne va pas laisser passer ça aussi facilement. Perdu dans mes pensées, je ne vois pas le temps passer et me retrouve dans les jardins en sa compagnie. Je prends une grande inspiration et décide de faire le premier pas, pendant qu'il me tourne encore le dos. Jamie, je... Je suis désolé d'avoir embrassé Joanne, je ne pensais pas que c'était toi sinon je ne l'aurai jamais touchée ! Et pour Gabriella, j'aurais du t'en parler, je suis vraiment désolé... C'est ce que je voulais dire, c'est ce que j'allais dire. Mais je n'en ai pas le temps ; l'anglais se retourne et me fout une bonne droite. Je recule d'un pas sous la surprise et la force du coup, et porte instinctivement ma main en direction de ma lèvre douloureuse. Que vient-il de se passer ? Je ne vois pas le second coup arrivé et celui-ci me déséquilibre bien plus que le précédent ; il me fait beaucoup plus mal aussi. Mais ce n'est rien à côté du coup de genoux qui suit. Celui-ci me coupe la respiration et me fait plier en deux dans un hoquet de douleur. Mes bras sur le ventre, j'essaye de reprendre mon souffle et de rassembler mes idées. Je ne pensais pas qu'il allait réagir aussi violemment, sans même me laisser le temps de m'expliquer... Mais apparemment, il n'en a pas fini. Je sens ses mains me saisir par le col, puis le mur froid contre mon dos. Je n'essaye même pas de me dégager de son emprise, tant je n'ai aucune chance de lui résister. Je ne le peux déjà pas en pleine forme, alors après les coups que je viens de recevoir... Le visage ensanglanté, j'arrive à trouver son regard derrière les mèches de cheveux qui me retombent sur le visage. D'un côté, je lui en veux de me reprocher mon comportement avec Gabriella ; il ne l'a pas épargnée non plus si mes souvenirs sont bons. D'un autre côté, la famille c'est la famille, il a tous les droits de m'en vouloir. Et pour Joanne c'est pareil, dans tous les cas j'ai embrassé une femme prise, et ça ne se fait pas. J'écoute ce qu'il me dit mais ne répond pas. Je n'ai aucune réponse à lui apporter, aucune réponse à ses questions. Je ne sais pas ce que je fais, je ne sais pas où je vais, je suis complètement perdu... « Tu dois faire honte à Emma, sombre connard. » m'assène-t-il durement. Je me raidis contre le mur derrière moi, sans lui je crois que je pourrais m'effondrer au sol tant mes forces me quittent. C'est bien pire qu'un coup de poignard, je sens mon cœur se fissurer rien qu'à l'évocation d'Emma. Et il a raison : elle aurait honte. J'ai honte. Un cri se fait entendre au loin, mais je n'y prête pas attention ; je ne suis plus là.
Je suis détruit, complètement détruit. D'abord par les coups que Jamie vient de me porter, mais surtout par le poids de ses mots et de son regard. Déçu, colérique, trahi... J'ai l'impression qu'un camion vient de me passer dessus tant je me sens lessivé et mal en point. Je ne me suis jamais autant détesté qu'à cet instant. Pourquoi ce comportement ? Pourquoi faire du mal à tous ceux que j'apprécie ? Pourquoi ? Hannah me sort de ma torpeur en essayant de s'interposer entre lui et moi. Elle semble tenir tête à l'anglais, et cela aurait pu me faire plaisir si je n'étais pas aussi amoché, tant physiquement qu'émotionnellement. Je tourne les yeux vers elle, ce qu'elle ne peut pas voir puisqu'elle fait face à Jamie et me tourne donc le dos. Laisse Hannah, ne te mêle pas de ça. lui demandais-je d'une voix faible. Je pose ma main sur son épaule pour lui intimer de s'écarter. Elle n'a pas à être entre nous, je ne le veux pas. J'imagine qu'elle a ses propres comptes à régler avec lui, et ses propos confirment cela, mais je prends cette situation un peu plus à cœur depuis que les poings de l'anglais se sont abattus sur mon visage. Mon attention se reporte sur mon vis-à-vis, le regard toujours aussi dur. Le dos de ma main vient essuyer du sang qui coule le long de mon menton, et je crache à nos pieds le liquide rouge qui s'accumulait dans ma bouche. Ne parle pas d'Emma. Jamais. j'ordonne froidement, yeux dans les yeux. Tu crois que c'est facile pour moi peut-être ? Que je suis heureux dans ma vie ? Que ça me plaît de faire autant de conneries ?! finis-je par crier, éprouvé. Tu penses peut-être que je prévois tout ça ? Que je voulais embrasser ta fiancée ? Que je voulais blesser ta sœur ? Je ne mentionne pas Hannah, n'éprouvant pas de regret vis-à-vis de ma relation avec elle. Tu penses valoir mieux que moi hein ? Parce que toi, tu n'as pas blessé Gabriella peut-être ?? je m’époumone, l’œil mauvais. J'ai l'impression que personne ne veut me laisser une chance de m'expliquer, que personne ne veut m'écouter. Ça vaut aussi bien pour Jamie que pour Gaby. Tu te permets de me juger, de me prendre de haut... Tu sais quoi ? Va te faire foutre ! lui hurlais-je au visage. Je suis sensé tout encaisser sans broncher ? Je n'ai pas le droit de ressentir des choses, d'avoir des sentiments ? Je ne suis pas parfait, je n'ai jamais prétendu l'être... Ma voix retombe lentement, je suis à bout de nerfs. Je sens que je vais craquer. J'en veux terriblement à Jamie, qui s'en prend à moi sans même savoir exactement ce qu'il s'est passé. Même si je le mérite, j'aurais aimé qu'il me laisse une chance, qu'il me fasse confiance pour une fois dans sa vie. Mais non, je suis toujours le fautif, je n'ai même plus le droit au bénéfice du doute. Je finis par écarter légèrement les bras, ne détournant pas mon regard du sien. Allez viens, je sais que t'en meurs d'envie. le défiais-je du regard. C'est quand même pas tout ce que t'as dans le ventre, Keynes ? Je l'invite à déverser sa haine contre moi. Je craque, pète les plombs. S'il ne décide pas de recommencer, je vais tout faire pour le faire craquer. Y compris reparler du baiser avec Joanne, je n'hésiterai pas à toucher là ou ça fait mal pour qu'il se jette sur moi et me rue de coups. Mes mains viennent agripper ses poignets, non pas pour qu'il me relâche mais au contraire pour maintenir la pression qu'il exerce sur moi. Je l'incite à continuer, à se laisser aller. Je souhaite qu'il me frappe, qu'il continue encore et encore. Je mérite d'être frappé, je mérite de souffrir. Sous l'impact de ses coups, j'ai l'impression d'expier mes fautes, de recevoir ce que je mérite. Cela me donne un aperçu du mal que je peux causer autour de moi, et de la douleur que j'ai infligé à Gabriella. Je mérite tout ce qui m'arrive. Non, je mérite même bien pire. Je m'offre à celui qui a décidé d'être mon bourreau ; j'attends que la sentence tombe.
Je n'ai absolument pas envie de lutter contre Jamie, de me battre contre lui. Je ne suis pas là pour m'opposer à lui, mais simplement pour subir sa colère, sa déception. Mais c'est au tour de Joanne d'arriver et de perturber notre confrontation. La blonde, le visage larmoyant, se dirige vers nous et s'approche de son fiancé pour le calmer. Ses paroles sont réconfortantes et douces, comme toujours. Je l'observe essayer de calmer l'anglais, le caresser, tenter de le raisonner. Nos regards se croisent un instant, je peux y voir la peine qu'elle ressent. Mais aussi l'incompréhension. Elle ne doit rien comprendre la pauvre, elle ne savait pas pour moi et Hannah, ni pour moi et Gabriella... Quel horrible ami je fais. Je détourne les yeux de honte et remarque enfin que Gabriella se trouve elle aussi près de nous. Super, tout le monde a donc pu profiter de mon cassage de gueule en bonne et due forme. Un long soupire franchit mes lèvres, je regarde toutes les personnes se trouvant ici à tour de rôle. L'une de mes mains quitte le poignet de Jamie pour se poser sur la main de Joanne, qui elle-même se trouve sur les phalanges de son fiancé. Joanne... Laisse-nous, s'il te plaît. je lui intime d'une voix douce mais ferme. Ce geste, a priori innocent, ne l'est pas tant que ça. Mes yeux reviennent dans ceux de Jamie avec insolence. J'espère que voir ma main sur celle de Joanne l'aidera à ne pas se calmer ni se contenir. Nous venons à peine de commencer, ça ne peut pas déjà se terminer.
Gala de la muerta. James ♣ Jamie ♣ Joanne ♣ Hannah ♣ Gabriella. Ca va chier des bulles...••• S'il y a bien une chose à savoir sur la libraire, c'est qu'elle était douée pour créer des étincelles sur son passage. Douée pour trouver les mots qui blessent, le moyen de faire comprendre le mépris, la haine ou le dégoût qu'elle ressentait à votre égard. Et c'est exactement ce qu'était en train de vivre James. Elle venait de lui cracher son venin en pleine figure. Mais sous ces paroles se cachait une profonde tristesse. Le mannequin, sur son passage, lui avait brisé le cœur en mille morceaux. Il l'avait achevé. La faisant espérer à un possible amour avant de la jeter d'une falaise par son simple aveu. Sa mère, son père, Charlie, Jamie… Et lui. L'Anglaise venait de vivre en l'espace de quelques mois toutes les façons par lesquelles vos proches pouvaient vous faire souffrir. Chacun a leur manière.
À quelques centimètres de son visage, la libraire préféra reculer. Son regard avait pour fâcheuse de la faire chavirer et ce n'était pas le moment de se laisser entourlouper une seconde fois par le bleu azure de ses yeux. Elle n'en avait que faire de tous ces regards qui étaient fixés sur eux. J'en ai rien à foutre… Le voir statique, complètement paumé lui donna envie de le frapper. De lui foutre une fois de plus un coup de pochette sur ce visage si parfait. Mais elle voyait dans ses yeux, que tout cela ne l'avait pas laissé indifférent. Il souffrait. Tout comme elle.
Gabriella leva son verre à son tour afin de suivre Hannah en buvant le reste d'une seule traite avant de le poser sur le bar. La jeune femme ne dit pas un mot de plus. Bien trop énervée pour répondre au beau sourire de l'actrice. Pensant surtout à calmer ses nerfs, cette rage qui la consumait à petit feu. Préférant enfouir l'irrésistible tentation d'enterrer vivants les deux amants. L'imaginer avec elle était une chose à laquelle Gaby ne préféra pas penser. S'efforçant de tourner ses yeux vers son frère. Car si Gabriella était capable de créer des étincelles, Jamie était une vraie bombe à retardement. Et avec son discours, la sœur avait bien peur d'avoir appuyé sur le détonateur. Quand ce dernier ordonna à James de le suivre, la jeune femme comprit instantanément ce qui allait se passer.
La libraire venait de signer l'arrêt de mort du français. Elle se sentait déjà complètement coupable de tout ce qui allait se produire. Je suis vraiment conne... Gaby regarda le dos de James disparaître dans la foule. Tout en se laissant affaiblir par la culpabilité. Mais Hannah sortit la libraire de ses pensées. Son regard était aussi noir que possible. Ce qui fit rire intérieurement l'anglaise. Il n'y avait que le regard assassin de Jamie pour la faire frémir. Gaby se mordit la lèvre pour se concentrer sur le monologue de l'actrice. Elle est mignonne… Croyant certainement que ses paroles allaient la provoquer ou la toucher. Mais à vrai dire, c'était plutôt l'inverse. Gaby avait réussi à faire sortir de ses gonds la demoiselle. Ayant touché de trop près sa petite fierté de femme fatale. « Ce qui est bien avec les femmes de mon genre, n'ayant aucune éducation (désolée maman). C'est que nous n'en avons strictement rien à foutre des principes. » Dit-elle, les yeux rivés sur Hannah, en prenant un verre sur le plateau d'un serveur qui passa au même instant. C'était pas faux. Gabriella s'en fichait royalement. Elle ne savait parler qu'avec son cœur. Blessé ou non.
Elle regarda l'actrice s'éloigner, bien décidée à rejoindre les hommes. Non mais elle sait qu'elle risque de mourir là ? Oh, si la soirée pouvait se terminer sur une note positive… Gaby se retourna vers Joanne qui avait l'air complètement paniqué. La petite blonde commença à lui expliquer la source du malaise qui avait entre les deux amis. Alors James avait bien osé embrasser la fiancée de son frère. Mais il est intenable ce mec… Une lueur d’incompréhension se lisait sur son visage lorsque Joanne évoqua le fait qu'il était perdu. « Joanne... » Gabriella posa une main rassurante sur son amie. « S'il y a bien une personne sur cette fichue planète incapable de vouloir blesser gratuitement ses proches, c'est bien toi… » Son sourire était aussi sincère que rassurant. « Je sais que tu aimes mon frère plus que tout au monde… Il faut au moins ça pour le supporter celui la. » Dit-elle timidement sous le ton de la rigolade. Pensant que ça pourrait détendre l'atmosphère. Pour lui faire comprendre qu'il n'y avait aucun malaise entre elles.
Mais son sourire s'effaça en repensant à James. L'inquiétude crispait totalement son visage. Qu'ai-je fait ? "Viens." La blonde lui prit la main et l'amena jusqu'au jardin. Sur le chemin, le cœur de la brune battait la chamade. Terrifiée à l'idée de retrouver le mannequin très amoché. À cet instant, Gaby pensa à la fois où James l'avait sauvé des griffes d'un homme un peu trop insistant. Oui, il savait se battre, mais Jamie était bien plus costaud que lui. Arrivées dehors, les deux femmes n'avaient aucune idée d'où le reste du groupe se trouvait. Joanne était complètement paniquée. « Ne t'inquiète pas, on va les trouver...» Au même moment, la voix d'Hannah retentit au loin. Gabriella laissa son verre tomber à terre et se mit à courir le plus vite possible jusqu'à ce qu'elle tombe sur les deux hommes et la jeune femme. En voyant la scène, ses mains se posèrent instinctivement sur ses lèvres. Complètement sous le choc. Elle n'avait jamais vu son frère dans un tel état de rage. Mais c'était bien le français qu'elle regardait. Il était en sang. Des larmes commençaient à couler sur son visage. Le voir ainsi était complètement insoutenable. C'était elle la responsable de tout cela. Une fois de plus, à cause d'elle, James était blessé.
« Tu dois faire honte à Emma, sombre connard. » Quoi ? Gaby en tomba presque à la renverse. Comprenant le réel sens de cette dernière. Repensant à ses retrouvailles avec lui, son visage lorsqu'elle prononça aussi son nom. Pourquoi il ne lui avait rien dit ? Pourquoi il ne lui avait pas expliqué avant ? Tu n'es qu'un imbécile… C'était bien trop à supporter en une seule soirée. Une main se posa sur son cœur. Gabriella ne savait pas quoi faire, ni quoi dire… Se raidissant un peu plus entre chaque parole du français. Il hurlait. Et plus la brune entendait la souffrance dans sa voix plus les larmes coulaient sur son visage. Non, il ne voulait pas la blesser… Emma était morte, et comme l'avait dit Joanne, il était perdu. Mais une partie d'elle lui en voulait toujours. Gaby reçut comme un coup dans le ventre lorsque le mannequin fit référence au mal que Jamie lui avait fait. Tais-toi… Arrête… Je t'en supplie... Gabriella avait peur que Jamie l'achève une bonne fois pour toute…
Mais James avait pour objectif de provoquer son frère. Quand Joanne s'approcha des deux hommes, Gabriella eut envie de la retenir. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire contre eux ? Mais s'il y a bien une personne qui pouvait réussir à calmer Jamie, c'était bien elle. La petite blonde se montra encore plus douce qu'à son habitude. Essayant de calmer tant bien que mal la colère de son futur époux. Gaby priait pour qu'elle réussisse à l'apaiser. Les yeux de James se posèrent sur Gabriella. Son cœur explosa sous le poids de son regard. Elle était complètement effrayée, tremblante en imaginant le pire. Mais le mannequin avait décidé de mourir ce soir. Plus que Jamais provocateur. Non... Elle ne pouvait plus se taire. «ARRÊTEZ JE VOUS EN SUPPLIE !» Ce cri plus que déchirant résonna dans tout le jardin. Ne supportant plus de voir les deux hommes de sa vie s’entre-tuer. Elle n'arrivait plus à faire semblant. Encaissant autant depuis tant de mois, Gabriella était anéantie.