“Ecoute pas ce que ton maître te dit, ce sont des bêtises.” C’est vraiment des bêtises en plus tu commences à développer une phobie de t’asseoir sur ton chat et le tuer par mégarde. Tu fais tellement attention quand tu marches ou t’installes quelque part dans la maison. Milady est si petite, plus petite qu’un sein de Birdie, pour l’instant. Elle va grandir et les dépasser, tu le sais. D’ailleurs t’as pas vérifié cette fois mais Milady a été assez futée pour s’échapper de ton point de chute. T’as rien capté et c’est tant mieux. Tu t’en serais voulu longtemps, même si tout va bien. Fait attention Jordan ! Je fais attention !! Oui bon c’est vrai tu viens de te réveillé c’est pas évident de réfléchir à tout. De plus que tu ne penses qu’à ces béquilles là.

“Nan, ça ira. Tu peux me traîner dans le salon.” Tu secoues la tête avec un sourire amusé aux lèvres. Le vocabulaire qu’elle utilise montre bien combien elle aime pas la situation mais tu le sais déjà ouais. Va vraiment falloir que tu files vite acheter tout ce qu’il faut. Ca va carrément l’occuper avec que du positif de décorer ses béquilles. “Oh! J’avais pas vu qu’y avait des bonbons ici! C’est toi qui les as mis là ?” T’as le nez dans ton téléphone pendant quelques secondes alors qu’elle est également en train de se redresser pour le traînage jusqu’au salon. « Yeah, yesterday. » Tu pensais qu’elle avait vu. Tu pourrais parler aussi Jordan au lieu de juste poser les trucs et attendre qu’elle s’en rende compte par la force du saint esprit. Tu poses ton téléphone car l’heure est arrivé au décollage. “Tu peux m’attraper mon truc sur la chaise là-bas, s’il te plait ?” Et madame veut se vêtir. Tu vas lui chercher son truc qui est non loin. Tu niches ton nez dedans instinctivement parce que t’es stupide et accro comme ça. Tu aimes juste son odeur. Tu lui donnes et la mate s’habiller avec un doux sourire aux lèvres. “All set and ready to go.” « Copy that Agent B. » Que tu dis avant de la soulever comme une fleure.

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Quand tu reviens de tes courses à droite à gauche un peu plus d’heure une sera passée. T’as les béquilles dans une main et un sac plastique de l’autre avec nombreuses bombes de peintures (plus que les couleurs qu’elle avait dit, car tu es faible et tu veux lui faire très plaisir) ainsi qu’une à paillette. Tu as du faire plus de boutique que prévu car le petit shop à côté des la pharmacie n’avait pas les paillettes et hors de question que tu rentres sans celui là. « I’ve got things for you. Loads of things. » Que tu dis en allant déposer le sac et les béquilles (grises, y’avait pas de choix) sur le canapé car bien évidemment tu vas pas la faire se lever.

« Yeah, yesterday. » Quel amour qu’iel peut être. Qu’iel est tout le temps, ouais. Avouons-le ; ton partenaire coche toutes les cases de perfection à tes yeux. Tu radotes, tu le sais ? I know, mais tu le penses vraiment. Jordan est à tes petits soins et fait absolument tout pour que tu te sentes aussi bien que possible, que ce soit dans la tête ou dans le corps. Combien de fois tu vas te le répéter à quel point le grand blond est extraordinaire ? Autant de fois que tu le peux apparemment. Même si iel est de nouveau sur son téléphone et tu fais la moue parce que c’est pas bon, les écrans, si tôt. Oh, range ta canne, mamie, et laisse la jeunesse faire son temps. Je t’entends rouspéter et c’est drôle de voir que tu te vexes quand ton âge est souligné. Non, tu n’es pas vieille. Et ça n’a rien à voir avec ça. C’est une question de principe. Et puis flûte, t’as envie que Jordan se réveille avec toi dans son champ de vision et non son téléphone. Même si tu sais que t’es son fond d’écran, ça ne compte pas. Tu rouspilles tellement pour rien, petit oiseau, tu es épuisante. Et puis regarde-le en train de sentir ton vêtement avant de te le donner. Jordan est complètement accro lui aussi. Ce n’est pas parce que ses jolies prunelles claires ne sont pas sur toi pendant une minute que c’est la fin - I wasn’t thinking that! Presque, Birdie, presque. « Copy that Agent B. »

Tu lui as demandé un plaid pour tes jambes et un café sur la table basse que Jordan a rapproché du canapé et t’as commencé à écrire quelques minutes après qu’iel soit parti sur un fond de documentaire sur des vols d’avion qui ont mal fini à la télévision. Il y a bien que quand ton amoureux n’est pas dans les environs que tu peux regarder ce genre de trucs. Cela ne t’empêche pas d’écrire même si tu lèves la tête pour écouter les enquêtes de temps de temps. Quand Jordan revient, tu es passée sur netflix pour un documentaire criminel - oui, il faut croire que ton cerveau a besoin de s’abreuver en macabre, que voulez-vous, je ne la contrôle pas. Milady est à côté de toi posée, comme si elle te surveille, quand son joli minois et ses oreilles se redressent et se tournent vers l’entrée. Tu entends la porte du bas claquée et tu la gratouilles doucement au crâne. “You’re smelling dad coming home, that’s cute.” Et effectivement, y’a ton royal servant débarquant avec tous ses sacs qu’iel dépose sur le canapé. « I’ve got things for you. Loads of things. » Tu te redresses complètement le buste pour aller voir ce qu’il y a dedans et “Oh fuck, t’as pensé aux paillettes! T’es un génie, ma rosée du matin, j’espère que tu le sais.” Même toi, tu n’y avais pas pensé. Puis tu regardes les béquilles, mi grimaçant mi dépitée avant de pousser la table du mieux que tu peux pour te mettre debout. “Okay, let’s see.” Ce n’est pas le plus confortable, tu dois descendre d’un cran ou deux le réglage mais au moins, tu seras un minimum libre de tes faits et gestes. “Better than nothing.” Tu en profites d’être debout pour aller embrasser ton partenaire en tendant ta bouche vers lui. “Thank you, love.” Parce que sans lui, il est clair que tu ne serais pas allée très loin, n’est-ce pas. Tu te rassois en soupirant. “Va falloir que je prenne la main mais ça va le faire. Ca sera encore mieux quand ça sera tout coloré.” Tu as un joli terrain à peindre. Il va juste falloir que tu fasses attention à ne pas les peindre quand il ne faudra pas - genre, si tu en as besoin.

Tu regardes Birdie nicher son nez dans le sac, t’attends de voir sa réaction à ce que tu as pris. “Oh fuck, t’as pensé aux paillettes! T’es un génie, ma rosée du matin, j’espère que tu le sais.” Meilleure réaction. Le sourire sur ton visage est instantané. Ma rosée du matin, c’est pas souvent qu’elle te sort des noms comme ça. Ca t’amuse toujours énormément. Tu ne pensais pas qu’elle te prendrait pour un génie vis à vis des paillettes car c’est quand même de Birdie Cadburry qui va customiser ses béquilles dont on parle là. C’est limite le b.a ba pour la blonde d’Elimbah. Tu la connais que trop bien et tu veux tellement ne plus voir son visage triste d’hier à l’hôpital, tu mets les bouchées doubles car tu sens que c’est maintenant le pire de tout. Elle n’a pas encore le plâtre et c’est bien moins facile de se déplacer sans se faire mal. Tu vas pas la lâcher une seule seconde aujourd’hui et jusqu’au prochain rendez vous à l’hôpital. Tu ne prends pas la peine de répondre à ses mots parce que t’es modeste et tu ne sais pas quoi répondre en réalité. Ca te semble tellement logique. L’important là c’est combien elle a son esprit occupé avec des choses qui lui font du bien.

Y’a Milady qui s’accroche à ta jambe et tu t’assois sur le canapé pour la prendre sur toi et la caresser. “Okay, let’s see.” Tu observes Birdie se mettre déjà à l’oeuvre avec les béquilles. Tu sais ce qu’elle va faire et tu te lèves - l’air de rien - afin d’être proche au cas où elle se casse la figure. “Better than nothing.” Oui elle a l’air de gérer plutôt bien pour une première tentative. Elle est pas tombée mais y’a quand même ton bras qui est venu proche de sa personne - sans la toucher. Juste en prévention. Et elle tend les lèvres vers toi. “Thank you, love.” Tu souris doucement en allant déposer un baiser sur sa jolie bouche. « My pleasure. » Et voilà qu’elle est déjà en train de se rassoir, ce qui est une très bonne idée à ton avis.

Elle n’a pas l’air bien contente de tout ça malgré tout. Normal. “Va falloir que je prenne la main mais ça va le faire. Ca sera encore mieux quand ça sera tout coloré.” Tu hoches la tête alors que tu t’installes à côté d’elle sur le canapé après avoir fait attention à ce que Milady ne s’y trouve pas. « On s’installera sur la terrasse pour faire ça. » Parce que c’est à côté, pas besoin d’aller loin et c’est dehors, y’aura pas l’odeur de la peinture. Et oui tu as dit on parce que tu as envie de peindre avec elle ouais. Et puis tu entends le son de la télé, tu commences à regarder et tu comprends qu’il s’agit d’un truc de criminel. « Do you dream about these things sometimes? » Tu trouves ça intéressant à regarder des fois mais Birdie elle c’est souvent quand même.

« My pleasure. » Tu sens son regard sur toi même quand tu ne le vois pas. Tu le sens aussi physiquement parce que Jordan est grand et qu’il est difficile de le louper. Mais tu n’as pas forcément vu qu’iel faisait attention à ce que tu ne tombes pas, et surtout à être là au cas où ça arriverait. Tu ne captes pas ses émotions ressenties et c’est tant mieux car à le voir aussi inquiet, tu l’aurais embrouillé en lui rappelant que tu n’es pas une incapable. Là n’est pas le sujet puisque dans tous les cas, tu ne vois rien. Tu sais juste que Jordan s’est relevé et que son corps est à proximité du tien alors que tu testes.

Avant de te rasseoir car les compresses sont peut-être serrées mais elles glissent un peu, ce n’est pas agréable. Tu grimaces de nouveau parce que t’as posé ton pied par terre sans faire exprès, une erreur qui vaut chère puisqu’elle se répercute jusqu’en haut de ta jambe. C’est fort déplaisant. Tu glisses contre l’épaule de ton partenaire qui s’installe à côté de toi sur le canapé, les yeux branchés de nouveau sur la télévision. « On s’installera sur la terrasse pour faire ça. » Heureusement qu’il y a une terrasse. Bon dieu que ça aurait été chiant s’il aurait fallu descendre les escaliers pour aller dans le jardin. Si encore ça avait un accès à la terrasse, mais non. Cette maison est mal foutue à certains endroits. “Bonne idée. Un jour avec du soleil de préférence.” Sous la flotte, ça serait plus compliqué, surtout pour le séchage. Tu bloqueras cette journée exprès pour. Même si ça va demander plus d'une journée. Tu apprécies que Jordan s’inclut dans le processus. Iel veut vraiment être là même dans les activités comme ça. Surtout dans les activités comme ça. Ça se voit tellement que tu aimes les activités manuelles. Ton partenaire a l’air d’apprécier de les partager avec toi, ça fait plaisir à voir.

« Do you dream about these things sometimes? » Tu le regardes en te demandant de quoi iel parle ; son visage sur la télévision, tu comprends tout de suite. Tu secoues la tête. “Never.” Tu mords ta lèvre. “J’aime bien la partie psychologique de ces émissions. C’est ce que je retiens le plus donc… Non, mes rêves sont bien plus délirants. Et mes cauchemars s’apparentent plus à des scènes parfois réelles, parfois modifiées.” Tu ne saurais pas l’expliquer mais t’es persuadée que Jordan comprendra. Le monde du sommeil est si obscur mais le seul moyen de visualiser les tréfonds de son âme. Le seul moyen d’expression de son subconscient. Ces émissions ne t’atteignent vraiment pas. C’est loin de toi. Tu lèves ton visage vers lui en souriant. “Don’t worry, I’m a bit psycho but I won’t kill you. Except by love perhaps.” La plus noble des attaques à ton sens, n’est-ce pas ?

“Bonne idée. Un jour avec du soleil de préférence.” C’est la surprise qui peut se lire sur ton visage. Tu aurais cru que vous feriez ça le plus rapidement possible mais apparemment non. Tu la laisseras prendre les devants et si tu la vois être misérable à vouloir rien faire - ce qui serait terrible - tu lui proposeras de t’en occuper de ton côté. Elle a besoin de belles béquilles le plus rapidement possible pour pas qu’elle se brise le coeur à chaque fois qu’elle posera les yeux dessus. Dès qu’elle s’en servira.

Birdie toute calée contre toi, tu regardes ce qui défile à l’écran; Ton bras s’étant glisser autour de ses épaules pour des histoires de confort. Vous êtes bien plus à l’aise comme ça. “Never.” Ça te surprend comme réponse. Tu tournes la tête vers elle. “J’aime bien la partie psychologique de ces émissions. C’est ce que je retiens le plus donc… Non, mes rêves sont bien plus délirants. Et mes cauchemars s’apparentent plus à des scènes parfois réelles, parfois modifiées.” Sa réponse continue de te surprendre. Tu n’aurais pas cru qu’elle serait autant dans la psychologie comme ça. Son minois se relève vers le tiens. “Don’t worry, I’m a bit psycho but I won’t kill you. Except by love perhaps.” Là elle te fait sourire. « I would be honoured to be killed by you. » Ton fantasme à la Romeo et Juliette qui ressort d’une rapidité impressionnante. Tu sais que tu vas te faire taper mais c’est elle qui l’aura cherché. « Tu aimes découvrir le côté psychologie de sociopathes mais tu fais pas de thérapie pour essayer de comprendre la tienne ? » Que tu dis en essayant de comprendre. « I mean… Aux dernières nouvelles je crois pas que tu voyais quelqu’un. Je me trompe peut être. » Car elle a sa vie et ses secrets que tu n’essaies pas de découvrir. Ce serait une belle surprise qu’elle te dise qu’elle est suivi. « Tu préfèrerais tout voir sous forme de documentaire ? » Tu demandes sérieusement car tu peux comprendre que parler soit compliqué. Tu te mordilles la lèvre inférieure. Ok I might gonna upset her. C’est un sujet délicat mais elle t’a véritablement rendu curieux·se avec ses mots. I’ve said too much. Mais non allez Jordan, tu poses juste des questions, elle t’a toujours dit que tu pouvais en poser et elle a toujours apprécié quand tu le fais - trop rarement. Hmm. True.

« I would be honoured to be killed by you. »
“You’re insufferable. I won’t kill you then, voilà.”

Et toc, la sentence est irrévocable. Tu cales de nouveau ta tête contre son épaule en te disant que jamais tu ne pourras toucher à un de ces jolis cheveux blonds pour lui faire du mal. Pas dans ce sens-là en tout cas. Tu souhaites que Jordan soit dans ton existence le plus longtemps possible alors il serait très malheureux que tu prennes sa vie entre-temps. Non, tu n’y penses même pas et de toute façon, là n’est certainement pas le but de tes explorations dans ce genre de documentaires. Ce ne sont pas tant les crimes qui te fascinent - elles te donnent souvent envie de vomir - mais les raisons. Il y a tellement de critères, outre les pathologies, qui entrent en jeu. Tu trouves ça absolument fascinant. « Tu aimes découvrir le côté psychologie de sociopathes mais tu fais pas de thérapie pour essayer de comprendre la tienne ? » Alors celle-là, tu ne t’y attendais pas. Tellement pas que tu portes de nouveau ton attention visuel sur Jordan en écarquillant les yeux. « I mean… Aux dernières nouvelles je crois pas que tu voyais quelqu’un. Je me trompe peut être. » C’est qu’iel continue et signe ses paroles, en plus. Tu ne t’étais vraiment pas préparée à entendre une telle répartie. Jordan n’a pas tort et tu en as conscience. Mais la liaison entre ton cerveau et celui de meurtriers n’a pas lieu d’être… Si ? « Tu préférerais tout voir sous forme de documentaire ? » Tu hausses tes sourcils. “Je cherche pas à trouver d’hypothétiques réponses sur moi dans le cerveau de psychopathes, Jor.” Tu avais ta phrase d’avant pour rigoler mais là, tu trouves sa réflexion plutôt absurde. “Tu trouves que j’ai pas assez mal avec ma cheville, faut que t’en rajoute une couche ?” Ton timbre n’est ni méchant ni cassant mais plutôt sarcastique. Tu le juges fortement de te juger en retour alors que ça n’a rien avoir en premier lieu. “Les sociopathes sont les cas les plus extrêmes au monde. Ils sont bien plus intéressants que… Des expériences malheureuses. Les documentaires n’ont rien avoir avec des séances chez un psy.” Tu reposes ta tête de nouveau contre Jordan en secouant la tête. “Je préfère me focaliser sur les autres que sur moi-même. C’est plus facile et plus intéressant. Et puis je vais bien.” Ta vie n’a pas été un long fleuve tranquille mais tu n’es pas à plaindre non plus. Tu as une existence des plus géniales, pourquoi t’irais consulter ? C’est complètement ridicule. “J’ai rien d’une sociopathe.” Que tu murmures ; tu tiens juste les morceaux comme tu peux et, à ton avis, tu ne t’en sors pas si mal que cela.

“You’re insufferable. I won’t kill you then, voilà.” C’est de la fierté que tu ressens de l’entendre dire ces mots là. T’es stupide mais elle t’a tendue une perche bien trop immense pour ne pas sortir ça dans le plus grand des calmes. Elle te connaît bien. Elle aurait dû deviner.

Par contre toi plus tu vois la réaction de Birdie à tes mots tu te dis vraiment que tu aurais du la fermer. “Je cherche pas à trouver d’hypothétiques réponses sur moi dans le cerveau de psychopathes, Jor.” Hein? Tu comprends pas du tout ce qu’elle dit là car… C’est pas ça que tu voulais dire. Tu t’es sûrement mal exprimé. “Tu trouves que j’ai pas assez mal avec ma cheville, faut que t’en rajoute une couche ?” Tu fronces le nez. Elle ne te frappe pas cela dit, ça doit aller non ? Elle a l’air d’aller non ? I don’t know. Ca a l’air d’aller je te dis. Y’a l’air mais y’a peut être pas la chanson.  “Les sociopathes sont les cas les plus extrêmes au monde. Ils sont bien plus intéressants que… Des expériences malheureuses. Les documentaires n’ont rien avoir avec des séances chez un psy.” « La finalité c’est un peu la même je trouve… » Que tu dis. Si elle aime réfléchir sur leur psychologie pourquoi pas la sienne à elle ? Cos she’s scared that’s why. “Je préfère me focaliser sur les autres que sur moi-même. C’est plus facile et plus intéressant. Et puis je vais bien.” Sure… T’aimes pas l’entendre être ouvertement dans le déni. Mais t’as le sentiment qu’il est préférable que tu te taises. C’est pas le moment elle l’a bien dit. Elle a le pied cassé et toi tu branches là dessus. It just… happened. Oui oui t’avais rien de prévu.

“J’ai rien d’une sociopathe.” Tu fronces le nez en serrant ton bras autour d’elle car miraculeusement elle est toujours bel et bien là malgré que tu l’aies vexée. « C’est pas ce que j’ai dit… Mais j’ai compris, c’est pas le moment pour parler de ça. » Quelque chose te dit que ça ne sera jamais le moment et que la cheville a bon dos. « I’ve felt so much better once I started to understand things about me… I still don’t have all of the answers but I have a lot and… I know why I am the way I am. Why I react in some ways or others... » Jordan ? T’as dit juste avant que c’était pas le moment. I’m talking about myself. Oui et t’arrives juste pas à te retenir de donner ces détails là. « Je suis pas un sociopathe non plus. » Tu fais quoi là ? T’essaies de dire un truc qui vous rapproche ? I guess.

« La finalité c’est un peu la même je trouve… » Pas à ton sens car ça n’a strictement rien avoir. Il n’y a aucun rapport entre comprendre comment fonctionne un cerveau perverti par le mal et le reste. Oh tu comprends où Jordan veut en venir mais ce n’est vraiment pas le moment pour en parler. Il y a ta cheville, ton handicap passager, ta tronche qui reste assez marquée par l’alcool bu la veille et cette affreuse bouche pâteuse qui ne veut pas te quitter. Si déjà en temps normal, tu aurais naturellement été sur la défensive, c’est encore pire aujourd’hui. Tu penses que Jordan a compris le message, qu’iel va être assez futé pour laisser pisser et ne pas revenir sur un sujet que tu ne souhaites pas aborder. Tu vas bien, merci pour toi. « C’est pas ce que j’ai dit… Mais j’ai compris, c’est pas le moment pour parler de ça. » Voilà que tu préfères. Ton attention sur ce qui défile à l’image sur l’écran alors que tu tentes de desserrer un peu la mâchoire qui s’est tendue malgré tout.

« I’ve felt so much better once I started to understand things about me… I still don’t have all of the answers but I have a lot and… I know why I am the way I am. Why I react in some ways or others... » Tu fermes les yeux. Tu reprends une respiration. Tu déglutis. Un, deux, trois, quatre. Tu ne comprends pas sa persistance à vouloir que tu consultes quelqu’un. Ce n’est pas la première fois qu’iel te le dit et ça t’agace un peu plus à chaque fois. Cette sensation qu’il y a un truc qui débloque en toi. Tu n’as besoin de personne pour savoir pourquoi tu réagis comme si et comme ça. Tu sais les épreuves que t’as parcouru. Personne d’autre que toi-même est au courant de ce que t’as subi. Tu n’as pas besoin de te poser dans un putain de fauteuil ou de téléphoner à une personne inconnue pour te dire comment tu fonctionnes. « Je suis pas un sociopathe non plus. » Si tu avais tes deux jambes valides, tu te serai levée pour fuir dans ton atelier - ou plutôt t’y calmer avant de t’énerver pour de bon. Mais là, tu es frustrée de tes capacités limitées. Alors tu te contentes de garder le visage vers la télévision et de marmonner un simple “Good for you.” sans donner suite. Tu ne vas pas lui donner de bâton pour te faire battre. Si tu renchéris, Jordan va continuer et tu n’es vraiment pas d’humeur. Tu vas encore parler plus vite que tu réfléchis et ça va vous blesser tous les deux. Alors autant éviter et couper court. En espérant que Jordan capte le message lui aussi. There’s a red flag over here.

“Good for you.” J’aurai dû la fermer. Mais c’est plus fort que toi quand tu comprends pas pourquoi elle s’obstine à dire que tout va bien chez elle. C’est pourtant elle qui te dire les pires choses pour te blesser quand elle perd le contrôle d’elle même. Comment quelqu’un qui t’aime autant pu vriller au point de dire des choses si blessantes ? Au point d’utiliser des choses que tu lui as confié à ton sujet pour faire un trilliard de fois plus mal qu’un simple reproche d’une personne lambda à qui tu ne t’es jamais ouvert. Tu lui en as sûrement trop dit sur toi en réalité. Tu n’as que toi à blâmer pour ça Jordan. Tu vois elle, elle ne s’ouvre pas aussi loin et tu aurais du faire pareil. Tu as ton psy et tes amis qui savent ton histoire depuis le début ou pas loin et eux ils comprennent, eux ils t’épaulent et ils ne remettraient jamais ça en plein dans ton visage car ils savent d’où t’es parti. Tu t’en veux d’avoir parlé car tu sens autant que tu entends combien Birdie s’est refermée. Ca te rend juste triste de voir qu’elle a autant peur d’elle même alors que ça lui ferait un bien fou. Tu le sais. Tu es passé·e par là. Mais bon, elle va bien. Elle le dit c’est qu’elle le croit vraiment, non ? J’veux pas croire ça. Parce que clairement y’a personne sur cette planète qui va bien. Tu es dans des mixed feelings parce que d’un côté tu es triste - ou peut être même vexé·e? - qu’elle ne s’ouvre pas plus à toi et d’un autre tu te dis qu’elle ne s’ouvre pas à elle même et qu’elle stoppe tout ça d’un bloc car elle va bien. C’est qu’elle va vraiment pas bien du tout au fond pour avoir ce genre de réaction et y’a réellement rien que tu puisses faire. Si elle ne veut rien faire, tu peux pas la changer Jordan. J’aurai dû rien dire. Eh oui mon petit. Tu sauras pour la prochaine fois. Ce sujet est trop trop trop délicat vu l’état dans laquelle elle se met. Oui tu te répètes car t’es juste là, dans le silence, à regarder l’écran de la télé. Y’a ta main autour de ses épaules toujours et t’as comme la sensation que tu ferais mieux de l’enlever mais à la place tu vas poser ton nez sur le dessus de sa tête pour respirer son odeur et y déposer un baiser. I’m sorry. Mais tu n’oses rien dire de plus car ça relancerait le sujet d’une certaine façon. Tu veux pas. Tu en as trop dit. Elle a eu le dernier mot kinda, mais tu as reçu le message. Ca ne se reproduira plus. Jamais. I promise.

Le silence devient plombant malgré le bruit de la télévision. Tu entends ton coeur battre fort, la tête qui reprend ses tourbillons et putain que t’es pas en état pour toutes ces conneries. Tu sens que tu aurais envie de lui dire de te foutre la paix avec ça. Ou de lui demander ce qu’iel attend de toi exactement. Que tu rouvres les blessures et les épreuves que tu tentes de nicher aux tréfonds de ton esprit ? Les expériences malheureuses qui t’ont fait grandir et qui t’ont aussi forgé au fil du temps ? Tu n’as pas envie de ressasser tout ça. Et pourtant, maintenant que Jordan a joyeusement donné un coup de pied dans la fourmillère, tu ne penses qu’à toutes ces boites que tu fourres dans le fond de ta mémoire. Ces dossiers qui te font détester le moment d’aller au lit, les moments de solitude, les moments où tu peux penser. Tu sens son visage contre le sommet de ton crâne ; tu papillonnes tes paupières avec rapidité. Tu n’as pas envie de te disputer avec lui et ce nuage-là, celui avec les éclairs, est parti. Tu peux au moins te féliciter d’avoir eu la réaction la plus posée qui soit.

Cependant, le silence est inconfortable et tu n’arrives même plus à entendre ce qu’il se dit à la télévision. Tes oreilles bourdonnent et tes pensées ne sont plus là. Good job, Jor. Tu finis par fermer les yeux pour tenter de dissiper ce foutu voile dans ta tête. I’m fine, I’m fine, I’m fine. Tu le sais que tu vas bien. Ta vie n’est pas à plaindre. Tu as tout ce qu’il te faut. Tu aimes ton existence, ton entourage, ta famille. Tout est parfait. Fuck you. “J’ai besoin de m’allonger.” Ce qui n’est pas faux. Il te faut aussi un médicament pour ta tête. Voilà, te centrer là-dessus, c’est mieux. Tu te détaches de Jordan et t’attrapes tes béquilles. Ça va être chiant, ça fait mal aux mains, tu songeras à mettre quelque chose pour rendre le maintien plus confortable. Tu es longue à avancer et ça te frustre. Fuck it all. Au moins, t’arrives dans la salle de bain sans trop de difficulté - outre tes mains qui sont déjà douloureuses et la lenteur du parcours. Tu cherches le paracétamol avant de reprendre la route vers la chambre. Ton bandage glisse mais tu t’en fous. Il devrait être refait mais ça aussi, tu t’en fiche. T’as juste envie d’être tranquille, de soigner ta tête aussi bien de ses pensées que de ses maux. Tu essaies de faire tenir tes béquilles contre ta table de chevet mais elles tombent au sol avec bruit. Tant pis. Tu veux juste sombrer. Tu fourres ta tête dans Mister Grenouille et les larmes que tu retenais s’échappent. Y’en a pas beaucoup mais y’en a quand même. Peut-être que tu ne vas pas si bien que ça. Shut up. I miss home. Bien sûr. Elimbah te manque, ça fait longtemps que t’y es pas allée. Mais j’ai du mal à croire que ce n’est que ça. Est-ce que Jordan n’aurait pas (encore) appuyé sur un point sensible, après tout ?