voyage d'affaires sur le sol européen

« Ne vous a-t-on jamais dit que j’étais parfaite, Monsieur Walker ? » Elle est malicieuse et lui se prête au jeu, son sourire espiègle rencontrant le sien alors qu'il s'installe au volant. Elle a fait un choix l'étant, parfait, mais qu'elle s'amuse de l'être également le fait forcément sourire. Pas qu'elle ne le soit pas dans son rôle et dans sa personne, mais le terme d'idéal l'inspire davantage à un schéma plus classique que celui qu'elle incarne. Mila a un tempérament qui lui est propre, est enjôleuse et séductrice, femme fatale et caractérielle, peut s'avérer tantôt maladroite tantôt autoritaire. et si Channing devait la qualifier, le terme de parfait n'est pas celui qui lui viendrait en premier à l'esprit. Pas que cela soit une mauvaise chose ou une critique, l'excellence étant subjective et différente pour tous, mais elle est plus conventionnelle aux yeux du brun. et non, personne ne lui a jamais dis qu'elle était parfaite. « Non. » souffle-t-il avec malice et moquerie, usant d'un clin d'oeil pour alléger ses propos bien que le ton qu'il emploie ne laisse aucun doute quant au fait qu'il plaisante. « Maintenant indique moi la route à prendre, je ne voudrais pas que ce programme aussi parfait que celle à son initiative soit perturbé. » lance-t-il en se reportant devant lui, les entraînant déjà sur les routes italiennes direction la plage pour une dernière excursion.

Ils atteignent leur destination à l'extérieur de la ville après plusieurs dizaines de minutes de route, garent la cabriolet à l'écart de la plage et terminent le trajet à pied en profitant du calme environnant. L'Italie va lui manquer, l'héritier le sait, et souhaite tirer le meilleur de ce que cette dernière journée peut bien avoir à leur offrir. Le duo s'installe dans un silence confortable, et ce jusqu'à ce que Channing entreprenne de leur préparer des sandwichs. « J’ai la chance de me faire servir par Monsieur Walker en personne ? » Il redresse le regard vers elle à sa remarque, souriant doucement tout en continuant de s'appliquer à leur préparer leurs encas. Il hausse mollement les épaules, comme s'il ne s'agissait là de rien de bien extraordinaire, et continue sans répondre de beurrer les pains. Il est après tout habitué à préparer bien plus extravagant lorsqu'il cuisine, pas qu'un peu de simplicité ne lui convienne pas tout autant. Il tend son repas à la brune puis se réinstalle, un sourire léger ne quittant pas ses traits. Ses épaules sont déchargées de leurs responsabilités et, pour le temps que cela durera, le brun veut profiter du moment. Il ne peut toutefois réfréner sa curiosité quant à savoir si Mila va lui faire faux bond ce soir, et interroge la demoiselle sur ses intentions sans noter la déception qui balaye son regard azur. Il ne l'a pas vue, ne la regardait pas en s'exprimant, et se contente trop tard de se reporter sur elle en notant un silence un peu plus long qu'il ne devrait l'être. « Je le reverrai sans doute lorsque tu me renverras en Italie pour peaufiner l’ouverture d’une filiale. Non ? » Il est silencieux à son tour, marque une pause en parcourant son regard avant que ses lèvres ne se plissent en une moue neutre. Elle dit vrai, il vient lui même de le lui proposer, et puisqu'elle a sa carte de visite en sa possession Mila peut effectivement l'utiliser quand bon lui semble. Elle n'a pas d'urgence à aller le voir ce soir, l'homme sera toujours là la prochaine fois qu'elle reviendra sur le pays. et peut-être l'opportunité lui permettra-t-elle de passer plus qu'une nuit en sa compagnie si elle se la réserve pour une semaine en revenant d'ici quelques mois. Channing acquiesce finalement, s'hydratant chastement les lèvres pour sortir de ses pensées. « Sûrement. » Il ne sera pas là pour le voir, et n'est quoiqu'il en soit pas censé accorder la moindre importance à son choix. « J’ai déjà d’autres projets pour ce soir, et ils t’incluent tous. » oh, vraiment ?

Elle se lève et lui reste paresseusement assis dans le sable, la regardant s'éloigner en l'invitant à la suivre. Son sandwich pas tout à fait terminé entre ses mains, l'héritier hésite en s'ornant d'un sourire distrait, pesant le pour et le contre quant au fait d'aller se baigner. Il se sent bien, au sec sur sa serviette, à grignoter morceau par morceau le pain qu'il s'est préparé, et n'est pas certain de vouloir aller se baigner alors que le soleil disparaît à l'horizon. « Tu viens ? C’est bientôt l’heure du bain de minuit, non ? » Elle se débarrasse progressivement de son maillot de bain et lui suit ses gestes du regard, toujours aussi immobile, suivant ses courbes des yeux alors que son sourire s'est fait plus sincère en étirant le coin de sa bouche. Elle s'éloigne en riant et il jette un dernier regard à son repas avant de se résoudre à l'abandonner pour partir à la suite de la brune, la rejoignant en abandonnant en chemin sa chemise et son pantalon. Il entre dans l'eau et éclabousse la demoiselle d'un mouvement rieur, plongeant par la suite ses mains à sa taille pour l'attirer contre lui, leurs rires résonnant parmi les vagues alors qu'ils profitent encore un peu de leurs vacances aménagées.

Ils sont rentrés à l'hôtel avec leurs chaussures à la main, du sable collé à la peau et portant l'odeur du sel sur leurs peaux. Le portier les a regardé d'un drôle d'oeil, le réceptionniste a souri et après avoir regagné leur suite et s'être passé sous l'eau les voilà à nouveau réunis dans les draps de satin. Le retour à Brisbane n'a jamais été aussi proche, mais plutôt que de laisser de quelconques pensées invasives perturber leurs derniers moments Channing ne tarde pas à sombrer en enroulant ses bras autour de l'italienne. et au petit matin, c'est lorsqu'elle en sort qu'il revient à lui en battant mollement des paupières sans vraiment comprendre les paroles qu'elle tient à son égard. « On se retrouve en bas dans une heure ? Je doute que le pilote de l’avion nous attende, si on arrive en retard. » Il soupire longuement pour toute réponse et lui tourne le dos, lui reproche en murmurant entre ses dents d'avoir fait s'engouffrer de l'air frais sous les draps, et referme les yeux. Il ne tient pas à se réveiller aussi vite, se jure de sortir du lit dans cinq minutes le temps de se remettre de cet abandon. Cinq petites minutes, comme d'habitude.

Lorsqu'ils sont enfin installés dans l'avion, Channing est presque certain d'avoir oublié son chargeur de téléphone à l'hôtel. Parti précipitamment parce-que s'étant réveillé cinq minutes avant leur rendez-vous présumé en bas de l'hôtel, le brun tâche de ne pas réfléchir davantage de peur de se rendre compte avoir oublié d'autres de ses biens sur place. Il regarde distraitement par le hublot lorsque le souffle chaud de son assistante à son oreille le fait frissonner, et son attention se reporte sur la brune. « Rejoins-moi dans deux minutes aux toilettes. » Il tourne la tête vers elle, ses sourcils se fronçant subitement. « Mila- » souffle-t-il, à moitié offensé. « Une dernière fois ! Je n’accepterai aucun refus ! Et puis … J’ai toujours rêvé de m’envoyer en l’air à des milliers de mètres d’altitude. » Il appuie un regard réprobateur sur la demoiselle alors qu'elle s'éloigne déjà, pas le moins impressionnée du monde par ses gros yeux menaçants, et le Walker la ferait volontairement poireauter dans la cabine si l'atterrissage n'était pas si proche. Il roule brièvement des yeux, se reporte sur le paysage cotonneux quelques secondes avant de se lever et de suivre ses pas.

Leur voyage est officiellement terminé. L'avion s'arrête sur la piste et ils descendent de l'appareil, retrouvant l'air australien et leur pays, et Channing frissonne à l'idée de retrouver le quotidien qu'il connait. Cette parenthèse lui a fait le plus grand bien, mais la réalité de Brisbane ne peut plus être ignorée plus longtemps et son coeur se serre déjà alors qu'il laisse ses souvenirs lui rafraîchir la mémoire. « Monsieur Walker, ce fut un plaisir. » Son regard met un moment à retrouver celui de son assistante, et il esquisse un sourire plat à l'encontre de l'italienne qui a tout comme lui perdu son étincelle significative. Channing lui est reconnaissant de ne pas rendre les choses plus compliquées, et se contente de serrer sa main tendu en rendossant avec une facilité si déconcertante qu'elle en est effrayante son costume de pdg. « Réciproquement Mila. » « Je vais prendre deux jours de congés pour … me remettre du décalage horaire. On se voit jeudi au bureau ? » Il acquiesce en laissant sa main quitter la sienne, silencieux, puis se remet en mouvement à son tour lorsqu'on décharge leurs bagages de l'avion et les entraine vers l'intérieur de l'aéroport. Retour à la normale.

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