'CAUSE IF YOU DON'T BELIEVE IT CAN'T HURT YOU AND WHEN YOU LET IT LEAVE IT CAN'T HURT YOU
« Je te le promets. J’ai jamais abandonné qui que ce soit. » Non ça c'est moi. C'est moi, celle qui abandonne, qui fait du mal aux gens et qui visiblement ait un don pour détruire les gens autour de moi. Caleb n'est pas comme ça, Caleb est loyal, Caleb est fidèle que ce soit en amour, en amitié ou envers sa famille, Caleb ferait tout pour les gens qu'il aime, et s'il ne l'a pas dit réellement, je sais qu'il ressent déjà une forme d'amour pour Nathan. Peut-être que moi aussi, mais je ne peux pas le dire, pas même me l'avouer et pourtant je viens d'avouer à Nathan avoir envie de faire partie de sa vie. Une chose que je n'avais encore jamais dite et qui pourtant, après quelques minutes passées avec lui me semble être tout ce qu'il y a de plus logique comme pensée. « Tu veux qu’on aille chercher les glaces tous les deux ? » Je sais qu'il veut bien faire Caleb, qu'il veut s'impliquer et lui montrer qu'il est là mais Nathan n'est pas vraiment réceptif. « Non c’est bon je peux y aller tout seul, je suis pas un bébé. » Il est assez direct dans sa réponse à Caleb, et je me sens coupable de les voir plus si proches l'un avec l'autre. Je sais que Caleb ne cherchait qu'à recréer un contact, faire quelque chose avec lui, se montrer présent pour lui mais Nathan n'est pas vraiment très enthousiaste. Il veut le faire, il sait le faire et il veut peut-être aussi prouver qu'il peut se débrouiller tout seul. Je le regarde quitter la table et une fois dos à nous, c'est presque instantanée que je laisse ma tête tomber en arrière sur la banquette et les yeux fermés je prends plusieurs longues inspirations. Ma main glisse à travers mes cheveux à plusieurs reprises avant que ma main vienne masser doucement ma nuque. Je savais que ce serait difficile comme moment, mais peut-être pas autant que ça et pourtant ça se passe pas si mal, enfin ça pourrait être bien pire quand on y pense. Mais, j'ai désormais des attentes, des espoirs, des envies, et aussi des craintes et toutes concerne Nathan, son avenir, son bonheur. « Ça va, il n’est pas trop difficile ? Il n’a pas toujours un très bon caractère. » C'est sur moi que le regard de Rebecca est posé. Elle n'est pas froide, elle ne me juge pas, elle le pourrait pourtant puisqu'elle connaît l’histoire de Nathan et elle est sans doute la personne qui a vu le plus les conséquences de mes erreurs sur Nathan. « Non, non ça va, il est distant et un peu froid mais il a toutes les raisons de l'être. » Je ne vais pas énumérer les raisons, on les connaît tout les trois, j'aimerai que tout se passe plus facilement, mais si Nathan m'a fait comprendre à quelques reprises qu'il m'en voulait beaucoup, il n'a pas été méchant ou agressif avec moi. « Il a découvert pour ma grossesse et j'ai peur que ça soit dur à gérer pour lui et que ça le fasse souffrir. Je sais pas comment le rassurer, je me sens tellement impuissante face à sa tristesse, je sais pas comment l'aider à gérer tout ça. » C'est un aveux d'impuissance de ma part, mais ce n'est en rien étonnant. Je sais à peine comme gérer tout ça à mon niveau, je sais à peine comment gérer mes émotions et mes peurs, alors comment je pourrais rassurer Nathan et l'aider à gérer une chose que je ne maîtrise pas réellement ? Ce qui est étonnant c'est que j'en parle avec Rebecca, mais elle est bien la seule qui peut nous aider à comprendre Nathan et peut-être aussi la seule qui pourra l'aider à gérer. « C'est normal que ce soit dur à gérer pour lui et je pense que la seule chose à faire c'est de lui laisser du temps. Il a énormément de questions qu'il a du mal à exprimer, il a du mal à exprimer ses émotions aussi, il a apprit à mettre de la distance avec les autres mais avec vous c'est différent pour lui et il est un peu perdu. La seule chose que vous pouvez faire c'est d’accueillir ses questions et ses doutes et lui répondre sans lui mentir. » J'écoute Rebecca nous parler de Nathan, c'est une éducatrice qui nous parle de lui, c'est une éducatrice la personne de référence pour Nathan et je trouve ça triste même s'il a eu la chance de tomber sur quelqu'un de bien, ça prouve qu'il est seul dans la vie de tout les jours, et c'est ma faute. Il aurait pu avoir Caleb, il semblait prêt à lui offrir une chance mais ça aussi, j'ai réussi à leur gâcher ce lien qui se créait entre eux. « Avant ça, il faisait des projets avec Caleb, il était pas distant avec lui et il semblait à l'aise. Je suis désolée chéri, ça se passait bien entre vous avant. » Avant que je ne m'immisce entre eux. « Maintenant j'ai peur qu'il n'ait plus envie de nous voir. » Je sais que Caleb doit avoir tout aussi peur, voir même peut-être encore plus peur que moi. Il le connaît plus, il a déjà passé des moments avec lui, il a fait des projets avec lui, avec enthousiasme et espoir et tout est remit en cause et je connais assez mon mari pour savoir qu'il doit en souffrir beaucoup. « S'il ne voulait plus vous voir, il l'aurait dit croyez moi, il l'a déjà montré par le passé. Il peut parfois réagir assez durement, se braquer et refuser toute discussion s'il se sent vraiment mal, visiblement il ne l'a pas fait. Il est un peu perdu en ce moment, c'est beaucoup d'informations d'un coup, mais Caleb, sans trahir la confiance de Nathan, je peux vous dire que j'ai beaucoup entendu parler de vous depuis quelques semaines, et je dois avouer qu'à cause de Nathan moi aussi j'ai hâte de goûter à vos fameux cookies, il en parle énormément. » C'est elle qui le connaît le mieux, elle à qui il parle le plus et je sais qu'elle ne dirait pas de telles choses juste pour nous faire plaisir. Elle n'a que l'intérêt de Nathan en tête et si elle nous dit ça, enfin surtout si elle dit ça à Caleb, c'est sans doute qu'elle a comprit que pour Nathan la présence de Caleb était importante. « Nathan a une peur bleue d'être abandonné et pour éviter ça, il a décidé de ne pas s'attacher. C'est pour ça qu'il a eu autant de famille d'accueil en si peu de temps. Et vous êtes arrivé dans sa vie, vous lui avez sauvé la vie et il a découvert que quelqu'un de spécial voulait le connaître et voulait lui donner de l'attention, c'est nouveau pour lui, mais je vous assure qu'il apprécie les moments passés avec vous et qu'il en a besoin, ne baissez pas les bras même s'il se montre froid avec vous. Vous savez ce que vous voulez comme relation avec lui ? » C'est à Caleb qu'elle s'adresse, à lui qu'elle dit à quel point sa présence est importante dans la vie de Nathan et je suis touchée par ses mots. Elle n'a aucune raison de nous aider à mieux le comprendre, et pourtant elle le fait, pour Nathan. Et je doute toujours d'être à ma place, je commence à me dire que Nathan serait plus à l'aise avec seulement Caleb. Qu'ils ont besoin de temps tout les deux et que ma présence rends tout plus compliqué. « Je devrais peut-être vous laisser toi et Nathan, vous avez des choses à vous dire. » Je m'enfonce sur cette banquette, je laisse mes épaules redescendre, mon corps s’affaisser un peu, je soupire doucement, je tiens le coup pour Nathan, parce que je dois être forte, je suis l'adulte, il est l'enfant et c'est à moi d'être forte, mais il n'est pas là, enfin il est là, à attendre les glaces, et pendant quelques secondes je me laisse un peu aller ne tenant plus face à tout ce que je ressens, les symptômes physiques semblent me gagner et j'ai peur de craquer et je me sens de moins en moins légitime ici alors que ma présence rends Nathan plus distant. Que ma grossesse est un rappel constant que Nathan n'a pas eu tout ce que cet enfant aura. Que c'est injuste, pour reprendre les mots de Nathan. Et je ne veux pas qu'il souffre à chaque fois qu'il me regarde. Mais au moment ou Nathan revient vers nous, je me redresse, je sens mon estomac se serrer en le voyant revenir et en réalisant qu'il est vraiment là mais que je ne sais pas si j'aurais la chance de le revoir après aujourd'hui et ça me terrifie parce que je ne veux absolument pas les laisser tout les deux, mais je le ferais si ça peut les aider. J'ai l'impression de ressentir ce que Caleb a vécu après sa première rencontre avec Nathan et je comprends désormais pourquoi il ne voulait absolument pas se projeter. « Y'a un parc juste à côté, on peut aller manger la glace dehors ? » C'est à Rebecca qu'il s'adresse et je suis certaine à ce moment qu'il a prit sa décision et qu'il ne veut plus passer de temps avec nous, du moins avec moi. « Si tu veux Nathan. » Et c'est ensuite en me regardant brièvement et surtout en regardant Caleb qu'il reprends la parole. « Vous venez manger votre glace au parc vous aussi ? » Cette proposition était un peu inespérée et s'il le dit avec une certaine désinvolture, il nous propose d'aller au parc avec lui et donc de prolonger encore un peu ce moment et niveau émotion je suis au bord de la crise de larme, incapable de lui répondre au risque de pleurer et je me sens vulnérable et pathétique, faible. Je laisse Caleb se charger de répondre pour nous deux parce que je sais que sur ce sujet nous allons être d'accord. Tout ce que Nathan est prêt à nous donner, je veux le prendre. Je réalise aussi que face à Nathan, j'ai oublié de me protéger et comme je lui ai dis, je sais désormais que je veux faire partie de sa vie. J'en ai pas le droit mais je le veux.
Ma glace et celle de Caleb en main, je le laisse débarrasser les plateaux et c'est en suivant Nathan et Rebecca que je découvre le parc dont Nathan parlait. Il n'est pas très grand mais il est plutôt bien équipés, quelques bancs, deux paniers de baskets, une petite aire de jeu pour enfant et un truc de skate. L'air extérieur me fait un bien fou, j'ai l'impression de pouvoir respirer un peu mieux même si chaque fois que mes yeux se posent sur Nathan, je me sens fébrile. Nathan parle avec Rebecca mais je n'entends pas ce qu'ils se disent, et c'est finalement après quelques minutes et un air différent sur le visage que Nathan se tourne vers Caleb et moi. « Rebecca va chercher un skate et un ballon dans sa voiture, tu sais faire du skate Caleb ? » Il a l'air plus à l'aise, un peu moins tendu en pleine nature et peut-être que c'est ce sur quoi il faut se concentrer pour le moment. Éviter les sujets difficiles et penser à partager des moments agréables avec lui, mais pour ça je vais devoir me détendre, pour Nathan mais aussi pour ce bébé et pour moi même et je me dis que voir Caleb sur un skate ça peut me détendre un peu qui sait ?
'Cause if you don't believe it can't hurt you and when you let it leave it can't hurt you
Nathan me repousse quand je lui propose de l’accompagner au comptoir pour aller récupérer les glaces pour la suite de notre repas et sa réponse est assez inattendue. Il m’envoie sur les roses, me disant ne pas avoir besoin de moi pour ça et une réponse aussi sèche et directe de sa part me fait beaucoup de mal. Je baisse les yeux, vraiment blessé par ses mots qui pourtant n’ont rien de méchant en soit. Il n’a pas besoin de moi pour ça, il peut le faire tout seul et en soit il a raison, mais la façon avec laquelle il me répond ne me laisse pas indifférent. J’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de mal, il a l’air de m’en vouloir ce que je peux totalement comprendre. Je lui ai caché la grossesse d’Alex, il se sent trahi et remet même sa confiance en moi en question. C’est douloureux mais tant pis pour moi, c’est mérité. Je me déteste. Alex et Rebecca discutent toutes les deux alors que j’ose à peine maintenir la tête haute pour regarder Nathan de loin. J’ai l’impression que quelque chose vient de se briser. Non, j’en suis même sûr ; quelque chose s’est brisé et le lien que je commençais à tisser avec lui s’est complètement brisé. C’est du moins mon ressenti, aussi douloureux soit-il. « C'est normal que ce soit dur à gérer pour lui et je pense que la seule chose à faire c'est de lui laisser du temps. Il a énormément de questions qu'il a du mal à exprimer, il a du mal à exprimer ses émotions aussi, il a apprit à mettre de la distance avec les autres mais avec vous c'est différent pour lui et il est un peu perdu. La seule chose que vous pouvez faire c'est d’accueillir ses questions et ses doutes et lui répondre sans lui mentir. » Il a l’habitude de mettre de la distance avec les gens, j’en viens presque à penser que j’aimerais être comme ça moi aussi. Je m’investis beaucoup, voire même trop peut-être et je finis toujours par être déçu même si là pour le coup, c’est totalement de ma faute. « Avant ça, il faisait des projets avec Caleb, il était pas distant avec lui et il semblait à l'aise. Je suis désolée chéri, ça se passait bien entre vous avant. Maintenant j'ai peur qu'il n'ait plus envie de nous voir. » Je secoue la tête de gauche à droite. « C’est pas du tout de ta faute. » Mais uniquement de la mienne, ‘est moi qui ai décidé de ne pas lui parler de la grossesse ou de Lucy et Lena et Alex n’a rien à avoir dans cette prise de décision. « S'il ne voulait plus vous voir, il l'aurait dit croyez moi, il l'a déjà montré par le passé. Il peut parfois réagir assez durement, se braquer et refuser toute discussion s'il se sent vraiment mal, visiblement il ne l'a pas fait. Il est un peu perdu en ce moment, c'est beaucoup d'informations d'un coup, mais Caleb, sans trahir la confiance de Nathan, je peux vous dire que j'ai beaucoup entendu parler de vous depuis quelques semaines, et je dois avouer qu'à cause de Nathan moi aussi j'ai hâte de goûter à vos fameux cookies, il en parle énormément. » Je relève brièvement les yeux vers elle lorsque je l’entends prononcer mon prénom. Elle me dit que Nathan lui a beaucoup parlé de moi et si habituellement cette information m’aurait fait sourire aujourd’hui ce n’est pas le cas. Parce que je sais que dorénavant elle n’entendra sûrement Nathan prononcer mon prénom. « Nathan a une peur bleue d'être abandonné et pour éviter ça, il a décidé de ne pas s'attacher. C'est pour ça qu'il a eu autant de famille d'accueil en si peu de temps. Et vous êtes arrivé dans sa vie, vous lui avez sauvé la vie et il a découvert que quelqu'un de spécial voulait le connaître et voulait lui donner de l'attention, c'est nouveau pour lui, mais je vous assure qu'il apprécie les moments passés avec vous et qu'il en a besoin, ne baissez pas les bras même s'il se montre froid avec vous. Vous savez ce que vous voulez comme relation avec lui ? » Apprendre que Nathan, du haut de ses dix ans il a une peur importante de l’abandon me fait beaucoup de mal. Moi aussi j’ai cette même peur sauf que contrairement à lui je n’ai pas été abandonné à la naissance. « Je ne sais pas… Je veux juste qu’il soit présent dans ma vie et je voudrais pouvoir avoir un rôle dans la sienne, mais c’est foutu maintenant. » Autant être honnête, il m’a envoyé bouler tout à l’heure et se montre bien moins enthousiaste à l’idée de passer du temps avec moi et je peux le comprendre, je le mérite. « Je devrais peut-être vous laisser toi et Nathan, vous avez des choses à vous dire. » Je la regarde longuement sans rien dire mais c’est tout de même un soupire qui ressort d’entre mes lèvres. Est-ce qu’elle est en train de dire qu’elle compte fuir à nouveau ? Oui, complètement. Rebecca vient de nous dire que Nathan a peur de l’abandon et pourtant Alex semble prête à l’abandonner une deuxième fois. Cette réflexion de se part m’agace. Est-ce qu’elle s’attendait à ce que Nathan lui fasse de grands sourires et qu’il lui saute dans les bras en parlant des heures et des heures avec elle ? Je la sens déçue, alors que mise à part l’annonce de la grossesse je trouvais même que l’attitude de Nathan envers Alex était plutôt correcte, il avait la même avec moi au début mais ça ne semble pas la satisfaire. « Y'a un parc juste à côté, on peut aller manger la glace dehors ? » « Si tu veux Nathan. » Je m’apprête à me lever pour lui dire au revoir et même potentiellement le regarder une dernière fois, parce que j’ai vraiment l’impression que tout est complètement gâché. « Vous venez manger votre glace au parc vous aussi ? » Je relève alors la tête vers lui et je suis presque sûr que la surprise est facilement perceptible sur mon visage. « Tu veux vraiment qu’on vienne ? » Oui, c’est bien ce qu’il a dit mais pourtant je me sens obligé de lui poser la question, et il me le confirme d’un signe de tête.
Sans hésiter une seule seconde nous les suivons à l’extérieur avec nos glaces à la main mais le trajet du mcdo jusqu’au parc se fait dans le silence du côté d’Alex et moi. Nathan ne nous parle pas, c’est avec Rebecca qu’il discute de je ne sais quoi et j’en viens même à jalouser cette femme et sa relation avec Nathan, pathétique, n’est-ce pas ? « Rebecca va chercher un skate et un ballon dans sa voiture, tu sais faire du skate Caleb ? » Encore une fois je relève les yeux vers lui, le regard sûrement plein d’espoir mais aussi toujours étonné qu’il m’adresse la parole. « Quand j’étais un peu plus vieux que toi j’ai eu une période où j’ai essayé de faire du skate… » je suis presque sûr qu’Alex ne le sait même pas, alors c’est aussi en la regardant que je lui réponds. «… j’étais pas très doué. » je lui avoue en grimaçant un peu. Lui, il rit doucement et moi qui ne pensais jamais réentendre ce son ressortir de sa bouche un jour je ne peux m’empêcher de sourire légèrement. « Tu en fais depuis longtemps ? » J’ose une question tout en mangeant un peu ma glace avant qu’elle ne fonde. « Ça fait trois ans que j’en fais vraiment. » Je m’assieds sur un banc tout en tirant doucement sur la main d’Alex pour l’inciter à se poser elle aussi. « Et toi tu as déjà fait du skate, Alex ? » Bien que je n’imagine pas du tout ma femme sur un skate, je sais qu’elle pourrait toujours m’impressionner. Durant son adolescence à Londres j’en doute, mais je sais que Rachel aurait facilement pu l’entraîner dans une galère pareille au moins une fois. Rebecca revient avec un skate et un ballon mais pour le moment Nathan s’assoit avec nous sur le banc pour manger sa glace. « Vous avez déjà joué au basket ? » Je secoue la tête de gauche à droite et ma réponse ne se fait pas attendre. « À l’école, oui, mais sinon non. J’aime pas vraiment le sport. » Ses yeux s’écarquillent en m’entendant lui confesser mon absence d'amour pour le sport, et au moins là-dessus il ne pourra que s’entendre avec Alex.
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C'est difficile de voir Caleb ainsi. Il a la tête basse, je sais qu'il doit s'en vouloir, qu'il doit aussi se sentir mal de voir Nathan lui parler ainsi et le repousser en quelque sorte. Il avait réussi à tisser un lien avec lui et le voilà de retour à la case départ ou presque. Rebecca me parle, elle essaye de m'expliquer le fonctionnement de Nathan, de m'aider à comprendre certaines choses qui pourront aider pour mieux comprendre les réactions de Nathan et ses besoins, et si je l'écoute avec beaucoup d'attention, je ne peux m'empêcher de me sentir coupable quand je vois Caleb le regard baissé, et j'ai l'impression qu'il se sent rejeter et je sais que c'est dur pour lui parce que Nathan est déjà devenu important pour lui. Tout allait bien entre eux. Ils avaient des plans qui semblaient les rendre heureux et enthousiastes tout les deux, et ce n'est plus le cas. Et l'élément qui est venu tout changer c'est moi, enfin ma grossesse, mais c'est ma présence qui les a éloigné et je m'en veux. « C’est pas du tout de ta faute. » Je ne peux m'empêcher de me sentir coupable malgré les mots de Caleb. Mais, faut dire que tout ce qui arrive de mal à Nathan, j'ai comme la sensation que c'est ma faute. La culpabilité de l'avoir abandonné qui n'est jamais loin et qui revient pour expliquer tout ce qu'il ne va pas. C'est bête sans doute, mais si on y réfléchit, si on est là, si Nathan découvre la grossesse seulement aujourd'hui, c'est bien parce que je l'ai abandonné en premier lieu. Si Nathan et Caleb ont besoin d'apprendre à se connaitre, c'est aussi parce que je l'ai abandonné, alors si c'est ma faute. Ca et le reste, ce sera ma faute. Et pourtant, je ne réagis pas aux paroles de Caleb, je sais qu'il n'apprécie pas que je me rabaisse, et je n'ai pas envie qu'en plus d'être triste, il se sente obligé de me rassurer. Je peux la gérer toute seule ma culpabilité, je l'ai fais avec plus ou moins (surtout moins) de réussite pendant dix ans, je peux le faire aujourd'hui encore. J'écoute Rebecca, et mon attention se porte sur Caleb quand Rebecca lui demande s'il sait ce qu'il veut comme relation avec Nathan. Ca peut sembler étrange comme question, mais elle est là pour veiller sur Nathan, pour s'assurer qu'il ne souffre pas et c'est une question légitime et surtout une réponse qui m'intéresse fortement. « Je ne sais pas… Je veux juste qu’il soit présent dans ma vie et je voudrais pouvoir avoir un rôle dans la sienne, mais c’est foutu maintenant. » Il dit ne pas savoir mais il a pourtant l'air d'avoir un avis sur la question. Il veut que Nathan fasse partie de sa vie, et je ne peux que comprendre ce qu'il ressent puisque je le ressens aussi. Je partage cette envie, et malheureusement je partage aussi son avis sur le fait que ce soit foutu. Sauf que moi je le sais depuis un moment que c'est foutu parce que je n'aurais jamais le pardon de Nathan. On ne peut pas pardonner ce que j'ai fais, enfin pas lui. Je déteste voir Caleb si triste, si déçu, si mal et mais, malheureusement je suis en revanche bien incapable de rassurer Caleb et je me sens impuissante, que ce soit devant la tristesse de Nathan ou celle de Caleb. Incapable de soutenir mon mari, incapable de trouver les mots pour le rassurer, incapable non plus de rassurer Nathan, incapable de me rassurer moi même, et j'ai l'impression de ne servir à rien, et pire encore d'être un obstacle aux envies de Caleb. « S'il ne voulait plus vous voir, comme je l'ai dis à votre femme, il l'aurait dit. Quand quelque chose le blesse ou ne lui plaît vraiment pas, il sait le faire comprendre. Il a déjà fugué de chez une famille d'accueil. Je ne sais pas ce qu'il attends de votre relation mais s'il voulait plus du tout vous voir, il ne serait plus là déjà. » C'est presque pitoyable que ce soit elle qui tente de rassurer Caleb, je devrais pouvoir le faire mais je ne peux pas parce que je ne connais pas Nathan, et je ne peux pas dire à Caleb que tout va bien se passer parce que j'en sais rien. Tout ce que je sais, ou du moins ce dont je suis persuadée, c'est que tant que je suis là, jamais ils ne pourront avoir la relation qu'il désire avoir avec Nathan. C'est ce que je me dis, c'est la conclusion à laquelle je suis arrivée alors que Nathan n'a pas été si dur avec moi. Froid et pas tendre dans ses propos, mais pas méchant non plus, mais je n'aurais jamais la relation qu'il avait avec Caleb, et je ne pourrais jamais l'aider à être heureux alors que je suis celle qui l'a rendu malheureux. Et quand je propose à Caleb de les laisser tout les deux, ce n'est qu'avec une intention positive, parce que je ne veux pas réellement partir mais si ça peut aider à leur relation je suis prête à le faire. Sauf qu'il ne me réponds pas. Il ne me dit pas rester, mais il ne me dit pas de partir non plus. Il soupir seulement et j'arrive à le faire lever la tête pour me regarder mais je sens à son regard que ce que j'ai dis ne lui plaît pas du tout. Alors, je ne bouge pas, je ne pars pas, je reste là et cette fois c'est moi qui baisse les yeux me sentant encore plus conne parce que je ne sers visiblement à rien, ni pour Caleb, ni pour Nathan, et je me sens toujours aussi mal, aussi stressée et anxieuse. Ma tête et mon estomac me font un mal de chien, et je me sens épuisée à force d'essayer de donner le change extérieurement alors qu'en moi c'est un bordel monstre. Mais Nathan revient vers nous avec son petit plateau et nos trois glaces et je réalise qu'il va encore falloir que je mange sous peine d'inquiéter ou d'agacer Caleb. Mon attention est vite rattrapée par la question de Nathan, il veut partir et ça me fait presque paniquer. Quelques instants, avant qu'il nous demande de venir nous aussi. Et si je suis émue par sa proposition, Caleb lui semble complètement prit de court et si surprise qu'il demande à Nathan s'il veut vraiment qu'on vienne. Nathan lui confirme d'un signe de tête et je prends le risque de parler malgré ma gorge serrée et l'émotion si vive. « C'est avec plaisir que l'on va venir avec toi. » Il nous demandait de venir au parc et pas de venir avec lui, mais je sais que la demande était la même et s'il me demandait de l'accompagner à la ferme voir les animaux, je crois que je le ferais avec plaisir aussi tant ce qu'il veut semble déjà compter plus que tout et ce qu'il veut la maintenant, c'est aller au parc et qu'on l'accompagne encore une preuve qu'il n'a pas décidé de tirer un trait sur nous. Pas encore du moins et je vais tout faire pour qu'il n'en arrive pas à cette conclusion.
Le silence est inhabituel chez moi, mais c'est mieux ça que je me mette encore à dire n'importe quoi. Caleb aussi est silencieux et si c'est moins surprenant pour lui, j'aimerais savoir ce qu'il pense, ce qu'il ressent, comment il se sent, mais c'est Nathan qui finit par rompre ce silence en s'adressant à Caleb pour lui demander s'il a déjà fait du skate. Je n'ai jamais vu mon mari sur un skateboard même si ça pourrait être une expérience assez drôle, dans d'autres circonstances. « Quand j’étais un peu plus vieux que toi j’ai eu une période où j’ai essayé de faire du skate… » Caleb me regarde et je souris légèrement en l'imaginant sur un skateboard plus jeune. C'est tellement pas lui, mais ça a le mérite de me faire sourire un peu d'apprendre cet élément sur Caleb, comme quoi j'ai encore pleins de choses à découvrir sur l'homme que j'ai épousé, et ce genre de petites choses sont amusantes. «… j’étais pas très doué. » Et si apprendre qu'il avait eu une période ou il a essayé de faire du skate m'a surprit, cette déclaration est un peu moins surprenante. Elle fait rire Nathan et ça aussi ça a le mérite de me faire sourire. L'entendre rire, l'entendre aussi s'intéresser à Caleb, vouloir partager des choses avec lui, c'est important et je me dis que peut-être tout n'est pas perdu pour eux. « J'aimerais beaucoup te voir sur un skate, tu en penses quoi Nathan ? » Je tente de participer à la discussion, de rester dans un sujet plus léger sans me moquer de Caleb parce que j'ai déjà eu une remarque de Nathan qui n'avait pas trop apprécié que je taquine Caleb alors je fais attention à ce que je dis. « Moi aussi, mais peut-être que tu es trop vieux pour ça ? » Il cache un petit sourire en prononçant ces mots, c'est Caleb qu'il regarde toujours et j'ai l'impression qu'il essaye de lui lancer un défi. « Tu en fais depuis longtemps ? » Les voilà de nouveau en train de se parler et ça a l'air de bien se passer. Aucun sujet tendu, aucune allusion à son abandon, à la grossesse, à sa maladie, ou à tout autre sujet compliqué. Ils parlent de Nathan et du skate et c'est bien plus simple à gérer comme discussion. « Ça fait trois ans que j’en fais vraiment. » Je me demande si ce n'est pas trop dangereux comme activité pour lui, il a une santé fragile et je voudrais pas qu'il se blesse. Voilà que je m'inquiète pour lui et que je me dis que je devrais le protéger, sauf que ce n'est pas mon rôle ça. Caleb me sort de mes pensées, enfin de mes inquiétudes, pour m'inciter à m'assoir sur le banc et je le rejoins sur le banc ma glace toujours en main. « Et toi tu as déjà fait du skate, Alex ? » Je relève les yeux vers lui, surprise qu'il me parle, enfin qu'il me questionne mais je ne tarde pas à lui répondre. « Non, enfin j'ai essayé une fois de monter sur un skate avec des amis quand j'avais vingt ans, mais je suis clairement pas très douée pour ça. Par contre je me débrouille avec des rollers, enfin je me débrouillais j'en ai pas refais depuis des années. » Depuis que j'ai quitté Brisbane et Rachel, depuis la naissance de Nathan il y a de ça plus de dix ans maintenant. « J'ai jamais fais de roller moi. » Il s'assied à côté de Caleb pour manger sa glace et sans trop réfléchir, je réagis à ses mots. « On pourrait en faire ensemble si tu veux un jour. » Pas avant cinq mois, ça c'est sur puisqu'il suffit de me voir pour comprendre que le roller n'est clairement pas la meilleure des activités à faire en ce moment, mais c'est sorti tout seul, je veux lui faire découvrir de nouvelles choses, des choses qu'il n'a pas eu le loisir de pouvoir essayer encore, je veux partager des choses avec lui, je veux passer du temps avec lui et je sais que c'est tôt, beaucoup trop tôt mais ma spontanéité a parlé pour moi. Il lève les épaules à nouveau, il ne dit rien, mais il ne me repousse pas ce qui en soit est encore une fois une réponse plutôt positive au vue de la situation. « Vous avez déjà joué au basket ? » Il change de sujet, mais il continue à discuter avec nous malgré le retour de Rebecca ce qui me semble encore une fois être un signe plutôt positif non ? « À l’école, oui, mais sinon non. J’aime pas vraiment le sport. » La façon dont Nathan regarde Caleb, est similaire à celle qu'il avait quand j'ai dis que je n'aimais pas les animaux. Il semble le juger un peu mais pas avec méchanceté. « Je sais, c'est dur à comprendre, ça m'a fait le même effet quand j'ai appris qu'il aimait pas le sport. Mais il a bien d'autres qualités. » Je regarde Nathan puis Caleb en lui souriant légèrement. Des qualités il en a énormément Caleb, et ce n'est pas son inintérêt pour le sport ou même son inculture à ce sujet qui vont changer ce que je ressens pour lui. « J'ai jamais joué en club, mais je me débrouille plutôt bien face au panier. » Face à un panier avec un ballon de basket, ou face à un gobelet avec une balle de ping-pong, mais pour la deuxième chose, il n'a pas besoin de l'apprendre. « Il y a des paniers la bas, on peut aller faire quelques shoots si tu veux. » Il me regarde en fronçant les sourcils, fixant mon ventre quelques secondes avant de baisser les yeux sur sa glace. « J'ai pas finis ma glace encore. » Il ne me réponds pas vraiment, je ne sais pas s'il n'a pas envie, s'il a envie mais qu'il n'ose pas mais je n'insiste pas. « La glace est trop bonne, tu devrais manger la tienne avant qu'elle soit toute fondue Alex. » Après le père, le fils. Mais, je l'écoute et je mange un peu de ma glace et finalement après trois cuillères, je réalise que j'ai l'estomac moins serré, et que je prends du plaisir à manger à nouveau, en même temps c'est une glace et les glaces enceintes je pourrais me nourrir que de ça. Mais, ça prouve aussi que l'attitude de Nathan envers moi, le fait qu'il me parle m'aide à me détendre un peu. « Merci pour le mcdo, alors Caleb tu en penses quoi ? C'était pas si horrible non ? » Il se lève et se dirige vers Rebecca pour prendre son ballon qu'il fait rebondir plusieurs fois sur le sol en dribblant utilisant ses deux mains avec facilité. « Tu joues au basket toi ? Tu sembles bien te débrouiller avec un ballon. » Et je crois que pour la première fois, je vois un petit sourire sur son visage suite à des mots de ma part. Il semble assez fier et avant de me répondre, il dribble encore un peu faisant passer le ballon sous sa jambe et sous l'autre comme pour montrer que oui il se débrouille avec un ballon. « Je suis plus fort en soccer mais au moins le basket je peux jouer tout seul il suffit d'avoir un panier et un ballon, mon ancienne famille d'accueil avait un panier et je jouais beaucoup. » Il n'a pas quitté son ballon, il est concentré à le faire rebondir sur le chemin. « Vous voulez venir faire quelques shoots avec moi, le premier à dix paniers gagne et peut donner un gage aux perdants ? » Il semble avoir retrouvé une partie de son enthousiasme alors qu'il nous propose un petit défi sportif, et je sais que ce n'est pas juste pour Caleb mais je ne dis rien trop heureuse au fond de pouvoir faire une activité avec lui. Je me retrouve sur un terrain de basket pour la première fois depuis assez longtemps et c'est en échangeant quelques passes avec Nathan que j'arrive à me détendre réellement. Pour la première fois depuis que l'on ait en présence de Nathan, je me détends, je profite du moment et je me sens plus naturelle. Nathan fait quelques tirs pour s'échauffer a-t-il dit et je me rapproche de Caleb. « Ça va bien se passer, regarde le il semble plutôt à l'aise là. » Sans doute bien plus à l'aise que Caleb sur un terrain de basket ça c'est sur mais je ne suis pas là pour taquiner Caleb mais vraiment pour savoir comment il se sent désormais. « Tu semblais vraiment pas bien tout à l'heure, tu vas mieux ? » Je sais que d'une minute à l'autre tout peut basculer, que pour le moment nous ne parlons que de sports, des passions de Nathan et que tout semble simple, mais la vérité est toute autre. Rien n'est simple, mais on va tenter de rendre ça aussi simple et naturel que possible. Jouer au basket ça devrait bien se passer non ? « Tu as dit que tu voulais qu'il fasse partie de ta vie, tu y penses depuis longtemps ? » Je jette des coups d'œil à Nathan qui continue à dribler et à shooter. « Vous venez jouer ? » Nathan nous rappelle à l'ordre en envoyant le ballon vers nous. « A toi l'honneur chéri. » Je donne le ballon à Caleb en lui souriant, et Nathan le regarde avec enthousiasme et une pointe de défi dans le regard.
'Cause if you don't believe it can't hurt you and when you let it leave it can't hurt you
Nathan est étonnant. J’étais persuadé qu’il partirait avec sa glace une fois récupérée mais pourtant, au lieu de tourner les talons et quitter l’établissement avec Rebecca il nous propose à Alex et moi de l’accompagner dans un petit parc non loin d’ici. C’était inespéré, très clairement mais nous saisissons l’occasion parce qu’il est hors de question de le décevoir de nouveau. Il fait du skate, une information que j’apprends en même temps que ma femme. « J'aimerais beaucoup te voir sur un skate, tu en penses quoi Nathan ? » Je souris en entendant l’intervention d’Alex qui ressemblerait presque à un défi. « Moi aussi, mais peut-être que tu es trop vieux pour ça ? » Nathan en fait de même, lui aussi semble me lancer un défi en plus du deuxième pic en à peine une heure sur mon âge. Trente-trois ans n’est pas pourtant pas si vieux que ça, non ? Jusqu’ici je n’ai jamais vraiment porté attention à mon âge qui défile mais peut-être que je devrais y faire plus attention dorénavant. « Non je ne suis pas trop vieux pour ça. » Ou du moins je ne pense pas. « Non, enfin j'ai essayé une fois de monter sur un skate avec des amis quand j'avais vingt ans, mais je suis clairement pas très douée pour ça. Par contre je me débrouille avec des rollers, enfin je me débrouillais j'en ai pas refais depuis des années. » Je souris doucement quand elle mentionne le fait d’avoir essayé le skate à ses vingt ans, c’est exactement la pensée que j’avais d’elle, mais je doute qu’il soit très important que je leur précise n’avoir jamais aimé le roller ils doivent tous les deux s’en douter. « J'ai jamais fais de roller moi. » Qu’il dit tout en prenant place à côté de moi. Je la regarde quelques secondes sans pour autant le fixer mais tout de même étonné de le voir s’asseoir à mes côtés. Je ne pensais pas pouvoir revivre ce genre de moment avec lui, pas après ce qu’il s’est passé tout à l’heure. Et puis Alex lui propose de faire du roller tous les deux mais il ne lui répond pas vraiment. Il se contente d’hausser les épaules et je pense qu’étant donné les circonstances elle devrait être heureuse qu’il ne la repousse pas d’emblée. « Je sais, c'est dur à comprendre, ça m'a fait le même effet quand j'ai appris qu'il aimait pas le sport. Mais il a bien d'autres qualités. » Je souris légèrement à la réponse d’Alex tout en levant les yeux au ciel. Ils aiment tous les deux le sport et Nathan semble étonné de comprendre à quel point je déteste cette discipline. « Je comprends pas comment c’est possible de pas aimer le sport ! » À mon tour, je lui réponds simplement en haussant les épaules. Certains aiment le sport mais moi je préfère cuisiner ou même lire. « J'ai jamais joué en club, mais je me débrouille plutôt bien face au panier. Il y a des paniers la bas, on peut aller faire quelques shoots si tu veux. » Je regarde les paniers que ma femme désigne d’un signe de la main mais de mon côté je les laisse parler tous les deux et me concentre sur ma glace. « J'ai pas finis ma glace encore. La glace est trop bonne, tu devrais manger la tienne avant qu'elle soit toute fondue Alex. » Pour la deuxième fois depuis qu’ils se connaissent, Nathan pousse Alex à manger et je ne peux m’empêcher de lâcher un léger rire en me penchant vers ma femme pour lui dire doucement. « Il a raison. » Mon épaule vient cogner doucement la sienne et mes lèvres se posent sur sa joue pour y déposer un baiser. J’essaie de l’aider à se détendre et de ma main libre que je viens poser sur sa cuisse pour la caresser. « Merci pour le mcdo, alors Caleb tu en penses quoi ? C'était pas si horrible non ? » Encore une fois, je souris – comme presque à chaque fois qu’il s’adresse à moi tant j’ai du mal à croire que tout ça soit vrai – et je pose mon pot de glace vide à côté de moi, sur la place que Nathan vient se libérer en se levant pour récupérer un ballon. « Tu veux que je sois 100% honnête avec toi ? » Je lui demande en le regardant jouer avec le ballon. Il hoche la tête, alors je continue. « C’est vraiment pas très bon. Trop gras, beaucoup trop gras. » Sans parler de la mauvaise qualité des aliments et que tout soit congelé. Je sais quand même que c’est un fast food et qu’on ne peut pas leur demander d’avoir le même qu’un vrai restaurant. « Je pourrais te faire des hamburgers meilleurs que ça. » Comme si ma phrase l’interpellait il relève soudainement la tête et s’avance vers moi. « Impossible ! » Sa réponse me fait encore une fois rire alors que j’avance ma main vers lui. « Je suis prêt à relever le défi. » Sa main vient serrer la mienne comme pour officialiser ce défi qui ne me fait pas vraiment peur.
Nathan s’éloigne de nouveau jouant encore une fois avec le ballon de basket et je le regarde faire sans un mot. « Tu joues au basket toi ? Tu sembles bien te débrouiller avec un ballon. » Et selon Alex il est vraiment doué avec un ballon dans les mains. Je vois son petit sourire rempli de fierté suite aux mots de ma femme. « Je suis plus fort en soccer mais au moins le basket je peux jouer tout seul il suffit d'avoir un panier et un ballon, mon ancienne famille d'accueil avait un panier et je jouais beaucoup. Vous voulez venir faire quelques shoots avec moi, le premier à dix paniers gagne et peut donner un gage aux perdants ? » Si Alex semble ravie de ce défi sportif lancé par Nathan moi j’accueille son idée en grimaçant très franchement. « Ça va bien se passer, regarde le il semble plutôt à l'aise là. » J’hoche la tête tout en frottant la paume de mes mains contre mes cuisses. « Tu semblais vraiment pas bien tout à l'heure, tu vas mieux ? » Aucun de nous deux n’allait bien tout à l’heure, que ce soit elle ou moi et je pense que la situation l’expliquait aisément. « Ça va oui. Et toi ? Et vous ? » Ma main qui se pose sur son ventre et comme dans un automatisme je viens l’embrasser avec douceur sur les lèvres. « Tu as dit que tu voulais qu'il fasse partie de ta vie, tu y penses depuis longtemps ? » Voilà une question à laquelle je ne m’attendais pas et je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur endroit ni le meilleur moment pour y répondre. « Pas vraiment non…enfin j’ai pas envie de l’abandonner maintenant que je le connais. Je pensais que tu t’en doutais. » J’ai peur que ce sentiment ne soit pas réciproque et ça me fait vraiment très peur. « Vous venez jouer ? » « A toi l'honneur chéri. » Je me retourne vers Alex qui me donne le ballon, je la fusille presque du regard. Elle sait très bien que je vais rater et j’aurais largement préféré ne pas être celui qui ouvre le bal. « C’est pas du jeu, je sais pas jouer à ce truc-là moi. » Je commence par râler. « Basketball. Pas ce truc-là.» Et voilà que j’ai presque l’impression de me faire engueuler maintenant. Je grimace. Je sais qu’ils vont tous les deux se moquer de moi et j’ai déjà envie d’arrêter ce défi. « Je ne sais même pas comment je suis censé tenir le ballon. » Je râle encore mais c’est vrai. Nathan rigole encore une fois mais cette fois-ci j’ai clairement l’impression qu’il s’agit d’un rire moqueur. Il se place à côté de moi et récupère le ballon pour me montrer comment le tenir et surtout comment se positionner pour marquer. En récupérant le ballon j’essaie de l’imiter mais c’est un échec parce que le ballon ne passe même pas à quelques centimètres du panier. « On sait très bien que c’est moi qui va perdre de toute façon… » Ça me semble même logique.
'CAUSE IF YOU DON'T BELIEVE IT CAN'T HURT YOU AND WHEN YOU LET IT LEAVE IT CAN'T HURT YOU
C'est dans un parc juste à côté du Mcdo que la journée se poursuit, avec Nathan toujours avec nous. Je ne sais pas exactement combien de temps nous allons avoir encore, si Rebecca a des impératifs de temps, je le pense oui mais elle ne nous a rien dit et pour le moment Nathan semble toujours avoir envie de passer du temps avec nous. Et je prends tout ce qu'il accepte de nous donner. C'est toujours avec un certain stress que j'aborde la suite de la journée, mais Nathan semble un peu plus à l'aise que dans le mcdo, et il nous en apprends un peu sur lui et ses passions. Il en profite aussi pour charrier un peu Caleb sur son âge, et sa remarque me fait un peu sourire. « Non je ne suis pas trop vieux pour ça. » C'est Caleb que je regarde à ce moment en tentant un petit sourire rassurant. « Non, c'est vrai t'es pas trop vieux chéri, mais il va falloir nous le montrer. » J'ai toujours aimé le taquiner, je le fais depuis notre rencontre et je n'ai pas arrêté d'aimer ça même si j'essaye de faire attention à ne pas trop abuser, mais aujourd'hui, le taquiner donne quelque chose de normal à cette journée. La seule chose finalement un peu normal. Caleb dans un mcdo, pas normal. Caleb qui parle de sport, pas normal. Nathan avec nous, absolument pas normal. Mais il est là et c'est bien la seule chose qui compte. « Je comprends pas comment c’est possible de pas aimer le sport ! » Je lâche un petit rire à la remarque de Nathan, il est encore jeune et ce sont des choses qu'il apprendra à comprendre plus tard, pour le moment j'aime découvrir ce qu'il aime et sentir son côté passionné. Et voir aussi qu'on a le sport en passion commune est aussi une chose qui me plaît parce que ça nous permet de pouvoir parler un peu, de pouvoir aussi envisager de partager des expériences. Du moins pour moi parce que lui semble toujours bien réticent à réagir à mes propositions. Il me repousse pas totalement c'est déjà ça et ça me semble être un point positif sur lequel je dois me concentrer au lieu de ressentir une certaine déception. Il est toujours là, assit à côté de Caleb à manger sa glace et accessoirement à m'inciter à manger la mienne ce qui semble faire rire Caleb. « Il a raison. » Je souris à Caleb quand je sens son épaule venir me bousculer doucement, et je sais qu'il a raison, enfin qu'ils ont raisons tout les deux, mais avant même que je n'ai pu répondre, Caleb vient embrasser ma joue et sa main se pose sur ma cuisse. Je le regarde un sourire sincère sur les lèvres pour lui montrer à quel point ses petits gestes me font du bien et m'aide à me calmer. « Merci d'être si calme chéri. » C'est un murmure que je prononce au creux de son oreille, je sais qu'il n'est pas calme réellement à l'intérieur et que ça doit être compliqué à gérer pour lui aussi toute cette journée et toutes les émotions, mais il arrive à le gérer et il arrive aussi à savoir ce dont j'ai besoin pour gérer mes émotions. J'ai besoin de lui, de sa présence, de son soutien. Et il m'offre tout ça, et je sais que sans lui je n'aurais pas réussi à m'en sortir jusqu'à ce moment. Nathan s'adresse à Caleb à propos du Mcdo et je les écoute en mangeant ma glace. « Tu veux que je sois 100% honnête avec toi ? C’est vraiment pas très bon. Trop gras, beaucoup trop gras. » Je souris en écoutant l'avis de Caleb. Il me l'a déjà dit pleins de fois, il m'a déjà parlé du fait qu'il n'aime absolument pas les fastfood, pour leur côté trop gras, pour la qualité des produits et pour la manière dont ils sont préparés aussi et il n'a pas tord. « Je pourrais te faire des hamburgers meilleurs que ça. » Ca aussi il me l'a déjà dit, mots pour mots, et je peux donc affirmer sans aucun doute qu'il en est largement capable oui. « Impossible ! » Nathan semble lui ne pas y croire une seconde. « Je suis prêt à relever le défi. » Je sais à l'instant même ou ils se serrent la main que mon mari va gagner ce défi. « Par expérience, je te conseille de ne pas faire de pari trop gros Nathan, parce que je t'assure qu'il va réussir ce défi. » J'interviens peut-être un peu tard, j'aurais du lui dire de ne pas défier Caleb la dessus, mais au fond de moi, je me dis que pour voir si Caleb peut vraiment réussir à faire de meilleurs burgers, Nathan devra accepter de revoir Caleb et ça me plaît comme idée, pour eux deux.
Nathan ne quitte plus son ballon, et après avoir en quelque sorte refusé mon idée de faire des tirs, le voilà qu'il propose un petit défi, mais cette fois à nous deux et je sais que si le premier défi lancé Caleb va le réussir haut la main et lui plaît, ce n'est pas le cas de celui là. Mais, je sais qu'il va le faire, juste parce que c'est proposé par Nathan. Je suis heureuse de le voir m'inclure dans l'activité, de pouvoir partager ça avec lui, avec eux deux même si Caleb grimace à l'idée de devoir se retrouver avec un ballon dans les mains. Pour le moment c'est Nathan qui joue, qui tente quelques tirs, qui dribble sur le terrain alors que nous le rejoignons Caleb et moi tout en profitant de ce moment pour discuter un peu tout les deux. « Ça va oui. Et toi ? Et vous ? » Avant que je ne puisse répondre, ses lèvres se posent sur les miennes, et je lui rends son baiser. Oubliant un instant que nous sommes dans un parc et qu'il y a Nathan à quelques mètres de nous, mais c'est lui qui initie le baiser et ça me fait un bien fou. Ma main se pose sur la sienne et la caresse avec douceur. « Ça va pour nous deux, ne t'en fais pas. » Il me connait assez bien pour savoir que je suis stressée, mais ce qui serait étonnant c'est de ne pas l'être dans une telle situation. « Il bouge un peu, c'est que tout va bien.» Ca fait que quelques jours que je sens le bébé bouger, un très léger mouvement que je reconnais désormais puisque c'est ma troisième grossesse. J'essaye de le rassurer, de lui montrer que je vais bien. Je tiens le coup et ce n'est pas mentir que considérer que nous allons bien, aussi bien que possible puisque pour le moment je n'ai pas craqué, pas fais de crise de nerfs, pas perdu le contrôle ce qui est plutôt une preuve que je vais relativement bien. Je sais que le stress n'est pas bon pour notre futur bébé, mais je ne peux pas l'éviter ce stress. Je me sens un peu coupable de lui infliger ça, mais c'est pour Nathan que je le fais et c'est une bonne raison. Je ne le sens pas très à l'aise face à ma question. « Pas vraiment non…enfin j’ai pas envie de l’abandonner maintenant que je le connais. Je pensais que tu t’en doutais. » Je secoue la tête de haut en bas pour lui signifier que oui je m'en doutais. « Je m'en doutais depuis le jour ou tu as dis que tu voulais le rencontrer pour être honnête. » C'était l'une des craintes que j'avais, je savais très bien que dès qu'il l'aurait rencontré, il s'attacherait à lui et c'est ce qui est arrivé. Et je le comprends parfaitement puisque je vis exactement la même chose aujourd'hui. « Mais je te comprends, je ne veux pas l'abandonner non plus. » Je baisse les yeux réalisant ce que je viens de dire. « Enfin, je veux plus le laisser tout seul. » Je ne sais pas exactement ce que mes mots signifient, je n'y ai pas réfléchis encore mais je lui ai dis, je serais là pour lui quand il le voudrait et Caleb lui a dit aussi, il est là pour lui, il ne le laissera pas seul, il ne l'abandonnera pas, il lui a promit et je sais que ça sera une discussion que l'on devra avoir par la suite. Mais, pour l'heure, Nathan est là et nous appelle pour venir jouer, et je compte bien profiter de ces moments avec lui. Surtout que c'est autour d'un moment sportif qu'on se retrouve. Je donne le ballon à Caleb et je vois bien qu'il n'est pas très enthousiaste à l'idée de vraiment jouer. « C’est pas du jeu, je sais pas jouer à ce truc-là moi. » Il râle et moi je souris à sa remarque. « Basketball. Pas ce truc-là.» Et cette fois, je ris à la façon dont Nathan réponds à Caleb parce qu'il a presque l'air de le disputer pour son manque de culture sport. S'il savait ce que j'ai déjà du entendre venant de Caleb, il saurait que c'est inutile de le reprendre à chaque phrase mais je trouve ça drôle. « Ba oui chéri, c'est du basketball. » Je lève les épaules en riant et en lui souriant pour le rassurer. « Je ne sais même pas comment je suis censé tenir le ballon. » De nous deux, je suis celle qui râle le plus en temps normal mais quand il s'agit du sport Caleb le devient bien plus que moi, il faut dire qu'il est clairement pas dans son élément sur un terrain avec un ballon dans les mains et Nathan après s'être légèrement moqué, vient à son secours. Je regarde la scène avec une tendresse dans les yeux oubliant presque la situation dans laquelle nous sommes en ce moment. Je les observe tout les deux sans un mot, je regarde Nathan montrer à Caleb comment il doit s'y prendre et j'aimerais faire une photo de ce moment mais je n'ose pas par peur de mettre mal à l'aise Nathan. Il faudrait que je lui demande avant mais pour le moment, c'est Caleb que je regarde son ballon en main prêt à tirer en direction du panier. Je crois que c'est bien la première fois que je le vois jouer au basket et je me demande s'il va réussir à mettre un panier. Ce qui est sur c'est qu'il ne réussit pas à mettre son premier tir, un air ball qui montre bien que Caleb n'a pas de talent caché au basket. « On sait très bien que c’est moi qui va perdre de toute façon… » Il ronchonne encore, et si je ris légèrement, je sais que je serais pareil, et même pire si c'était un défi cuisine que Nathan nous avait lancé. « Heureusement que tu vises mieux avec moi. » Les mots sont murmurés à son oreille pour être certaine que Nathan ne puisse pas entendre cette allusion clairement pas de son âge. « Tu vas peut-être perdre au basket mais si tu en mets un et que tu ronchonnes plus, je te promets que ce soir tu auras l'impression d'être le grand vainqueur. » C'est ma façon de le motiver, et de le détendre aussi un peu pour qu'il puisse profiter de ce moment même si je sais qu'il n'aime pas du tout l'activité. « Alex arrêtes de parler, c'est à toi de jouer. » Cette fois c'est moi qui me fait presque disputer parce que je parle avec Caleb. Je sens qu'il est prit dans le jeu Nathan et son côté compétitif m'amuse un peu je dois bien l'avouer parce que j'ai parfois le même. Il m’envoie le ballon et je le fais rebondir un peu devant moi. « Regarde chéri comment on fait pour la mettre au fond. » Je lui fais un clin d’œil avant de regarder le panier et de tirer. Je suis un peu surprise par le poids de mon corps qui me bloque un peu sur place mais le ballon rebondit sur le cercle avant de rentrer. « Ouai tu as eu de la chance. » Je crois voir un léger sourire sur son visage alors qu'il refuse de mettre en avant ma réussite. « A toi Nathan, montres nous ce que tu sais faire. » Il prends le ballon, montre ses qualités de dribbleur, avant de tirer et d'envoyer le ballon en plein dans le panier, un tir parfait et je l'applaudis pour le féliciter. « Il faut que tu tires un peu plus fort. » Nathan continue de conseiller Caleb, il lui donne le ballon, lui montre à nouveau comment placer ses mains, comment faire le geste aussi et si cette fois le tir de Caleb arrive à toucher une partie du panier, c'est contre la planche qu'il tape avant de revenir vers nous. « C'était trop fort là mais tu te rapproches. » Une demi-moquerie, demi-encouragement, je sais que Caleb peut accepter quelques moqueries mais pas trop quand même et j'essaye de le rassurer et de lui rappeler que c'est pas du tout son domaine et qu'il peut nous humilier tout les deux en cuisine, bien que jamais Caleb ne ferait une telle chose. « Dis toi que si on faisait un concours de celui qui fait le meilleur repas, on aurait aucune chance de te battre. » Et c'est juste après lui avoir dit ces mots que je tire à mon tour et que je marque à nouveau. « J'ai une idée, le gage pour les perdants c'est de préparer à manger pour le gagnant. » J'ouvre la bouche pour faire une remarque, pour dire que cela implique qu'on se revoit tout les trois, mais je ne dis rien. Je ne veux surtout pas gâcher ce moment ou venir faire douter Nathan qui enchaîne avant de tirer pour son second tir. « Et de faire dix pompes aussi, parce que c'est quand même un défi sportif et que cuisiner c'est pas vraiment un défi pour toi. » C'est à Caleb qu'il s'adresse encore et il semble acté pour Caleb comme pour Nathan que le perdant sera mon mari, faut dire que 0/2 pour démarrer c'est pas ce qui peut le rassurer sur ses chances de gagner qui avouons le étaient déjà très faibles. Nathan met son second tir et je suis vraiment impressionnée par ce qu'il nous montre. E le regarde aller chercher le ballon sous le panier et le ramener à Caleb, il a arrêté de se moquer, il l'encourage, il le motive, mais c'est encore un échec pour Caleb. C'est à mon tour de tirer et le ballon tape la planche avant de tourner autour du cercle et de rentrer. Nathan soupire en voyant le ballon entrer, je sais ce que ça signifie, je suis pareille. Il pensait prendre l'avantage et il voit le ballon entrer quand même et il ça le saoule. C'est à son tour et quand le ballon tape le cercle et ressort, c'est plus qu'un soupir qui sort de sa bouche. « Putain. » Il secoue la tête et va rechercher son ballon pour le ramener à Caleb qui rate à nouveau, j'ai presque l'impression qu'il n'essaye même plus mais il ne doit pas s'amuser. Je viens vers Caleb et je dépose un baiser sur sa joue. Nathan retourne chercher le ballon pour me le ramener, encore un aller-retour et quand il arrive à ma hauteur j'ai l'impression de le sentir essoufflé, fatigué et je me rappelle qu'il n'y a pas si longtemps il était encore à l’hôpital, mourant en attente d'une greffe et ça me refroidit un peu. « Si tu marques, je pourrais plus te battre. » Il me regarde, je vois la fatigue sur son visage, enfin c'est ce que je crois voir, mais je vois aussi son envie de gagner et je ne compte pas le décevoir. Mon tir est trop fort et il ne tombe pas dans le cercle, le premier que je rate et voir le sourire de Nathan quand il voit mon tir raté vaut bien plus qu'une victoire. Il se dirige vers le ballon et pour la première fois, je m'autorise un contact physique avec lui en posant ma main sur son épaule, un geste qui le surprends puisqu'il s'arrête net et me regarde sans rien dire. « Restes la je vais chercher le ballon. » Il ne bouge pas et me laisse aller chercher son ballon et lui renvoyer, c'est à lui de tirer et cette fois il met le panier ce qui lui redonne le sourire. Il ne nous reste plus qu'un tir chacun, et je sais déjà qui sera le gagnant parce que je n'ai pas l'intention de le priver de cette victoire alors que je vois à chaque paniers qu'il met, son sourire s'agrandir. Je rate mon dernier tir et Nathan n'hésite pas à me chambrer et à me rappeler que s'il marque, c'est lui qui gagne et il met son tir. Sa joie est communicative, même s'il n'a pas forcément la victoire modeste, mais c'est un enfant, et le voir ainsi est aussi une victoire pour moi. Je me dis qu'au moins il aura un souvenir joyeux de cette rencontre. « Je peux avoir une photo du vainqueur et du perdant ? » Je lui demande, moi aussi je veux un souvenir alors je tente de surfer sur l'euphorie du moment et j'espère que Nathan n'a pas la même attitude que Caleb face à un appareil photo. « Caleb tu veux faire une photo ? » Il ne réponds pas directement à ma proposition, il se tourne vers Caleb comme pour avoir son avis, accord, mais il ne refuse pas l'idée déjà même s'il ne semble pas vraiment enthousiaste. « Mais avant ça, Caleb tu dois faire dix pompes. » Il n'a pas perdu l'idée du gage et c'est en me regardant qu'il ajoute « techniquement tu as perdu aussi mais tu as marqué des paniers toi et puis tu vas pas faire des pompes avec ton ventre. » J'apprécie son geste même si je pourrais largement faire dix pompes, mais c'est Caleb qui a perdu et j'avoue avoir envie de profiter de voir Caleb faire des pompes devant nous. « Ton calvaire est presque fini chéri. Tu auras le droit à un massage ce soir. » La seconde partie de ma phrase n'est dédiée qu'à Caleb et je dépose un bref baiser sur ses lèvres pour le motiver. Nathan grimace en nous regardant et c'est finalement Rebecca qui arrive et qui vient mettre un coup dans la bonne humeur qui règne entre nous. « Nathan, il faut que tu boives un peu. » Il semblait un peu fatigué pendant la partie, mais la joie à sa victoire m'a fait oublié son état et je le regarde boire comme pour m'assurer qu'il aille bien et je réalise que je m'inquiète vraiment pour lui mais que je ne peux pas lui dire. « Encore trente minutes et après je vais devoir te ramener. » Et ce que je ne pensais jamais voir, c'est Nathan qui soupir en entendant la phrase de son éducatrice. C'est qu'il semble mécontent à l'idée de partir et c'est bon signe non ? Il échange quelques mots avec Rebecca sans que je ne puisse entendre ce qu'ils se disent, mais il revient vers nous et c'est à Caleb qu'il s'adresse. « Puisque tu as joué à ce truc là » Il se moque clairement de Caleb là. « J'aimerai qu'on puisse faire quelque chose que tu aimes. » Et c'est clairement un appel à partager un moment avec Caleb, un dernier avant de devoir rentrer au centre. Il joue encore un peu avec son ballon, en se dirigeant vers le banc et c'est sans regarder Caleb qu'il s'adresse à lui. « Tu crois qu'on va se revoir bientôt ? » Je sens sa vulnérabilité, l'incertitude dans sa voix, il ne dit pas en avoir envie mais à sa question je sens qu'il a besoin de savoir ce qu'il peut attendre ou non pour la suite et je sais qu'à ce sujet Caleb sera bien plus en mesure de le rassurer puisqu'il le croira sans doute bien plus que moi même si la confiance en Caleb n'est pas encore trop grande, leur lien est un peu plus établi que le notre qui est encore inexistant. Je m'assoies sur le banc, une main sur le ventre et je les regarde tout les deux, je ne veux pas qu'il parte, voilà tout ce que je suis en train de penser.
'Cause if you don't believe it can't hurt you and when you let it leave it can't hurt you
« Non, c'est vrai t'es pas trop vieux chéri, mais il va falloir nous le montrer. » J’ai encore l’impression qu’Alex est en train de me lancer un défi mais surtout je pense que je vais me sentir de plus en plus vieux si leurs remarques continuent ainsi. J’ai envie de rappeler à ma femme qu’elle n’a qu’un an de moins que moi et qu’au fond, ce n’est rien du tout. Mais je n’oublie pas qu’elle est enceinte et que ses hormones ne lui laissent jamais aucun répit alors je sais qu’elle pourrait fondre en larmes en quelques secondes. « Merci d'être si calme chéri. » Je lui souris doucement alors que ma main caresse sa cuisse comme dans un geste de réconfort. Si elle avait à quel point je suis tout sauf calme. Sauf que j’essaie de le cacher, j’essaie de ne pas lui montrer ni à elle ni à Nathan. À l’intérieur de moi-même c’est la panique, c’est la course et à chaque fois que j’ouvre la bouche j’ai peur de dire quelque chose qui ferait mal à Nathan. Par contre, Nathan, lui, ne semble pas le croire le moins du monde quand je lui affirme pouvoir lui cuisiner les hamburgers meilleurs que ceux qu’il peut avoir au McDo. « Par expérience, je te conseille de ne pas faire de pari trop gros Nathan, parce que je t'assure qu'il va réussir ce défi. » La réflexion de ma femme me fait sourire grandement. Elle sait de quoi elle parle, Alex. Des défis culinaires elle m’en a déjà lancé beaucoup et je pense les avoir tous remportés ou du moins, presque. Quand elle ne voulait pas perdre elle avait tendance à tout mettre en œuvre pour me faire perdre pied et me déconcentrer, croyez-moi elle est très douée pour ça et elle sait mettre son corps et ses attributs en valeur. « Tu lui as déjà lancé des défis comme ça ? » Je pourrais répondre à la question de Nathan mais c’est à Alex qu’il s’adresse et je préfère les laisser discuter tous les deux.
Nathan veut jouer au basket et même si je n’aime pas du tout ce sport – ou n’importe lequel – pour lui faire plaisir je prends sur moi et fais des efforts pour passer du temps avec ma femme et lui. « Ça va pour nous deux, ne t'en fais pas. Il bouge un peu, c'est que tout va bien. » Un nouveau sourire s’étire sur mes lèvres quand Alex me dit sentir la crevette bouger et avoir que ma main se trouve sur son ventre j’attends un peu dans l’espoir de le sentir moi aussi, mais malheureusement je n’ai pas cette chance. « Je m'en doutais depuis le jour ou tu as dis que tu voulais le rencontrer pour être honnête. » Et moi je l’ai compris le jour où je l’ai rencontré pour la première fois. Je me reconnais en lui, cet enfant est touchant et je me promets aujourd’hui de ne plus jamais le laisser s’éloigner de moi. J’ai envie de l’aider dans la vie, j’ai envie que la roue tourne pour lui offrir un peu d’amour de tendresse et de joie de vivre. Bien que je ne sois pas sûr qu’à moi seul je serais capable de l’apaiser au point de le rendre heureux, croyez-moi j’en ai envie et quelque chose me dit qu’Alex également. « Mais je te comprends, je ne veux pas l'abandonner non plus. Enfin, je veux plus le laisser tout seul. » Elle me le confirme, ma main qui caresse le dos de sa main je la regarde avec tendresse. « On va essayer de l’aider. » À nous deux on devrait pouvoir lui apporter un peu de positif dans la vie, non ? Je dépose un baiser sur son front avant que Nathan nous relancer pour le jeu. Et j’avais bien raison : je suis nul et ce truc-là ou le basketball ne m’aime pas non plus. J’essaie, mais malgré les conseils de Nathan le ballon ne rentre pas dans le panier, et ça me dépite. « Heureusement que tu vises mieux avec moi. » Les mots qu’Alex me murmure à l’oreille me font rire et je me retourne vers elle avec un petit sourire tout en me mordillant légèrement la lèvre. « Heureusement pour toi. » que je lui réponds en riant légèrement. « Tu vas peut-être perdre au basket mais si tu en mets un et que tu ronchonnes plus, je te promets que ce soir tu auras l'impression d'être le grand vainqueur. » Voilà encore une promesse de sa part qui ne me laisse pas indifférent et qui me donnerait presque envie de jouer. Sauf que Nathan nous ramène à la réalité. « Alex arrêtes de parler, c'est à toi de jouer. » On dirait presque qu’il est en train de l’engueuler et ses mots m’amusent beaucoup. Pour preuve je ris tout en poussant doucement Alex. J’ai l’impression de retrouver mon âme d’enfant et ce n’est pas désagréable. « Elle parle toujours beaucoup, je t’explique pas comme ça peut être dur à vivre au quotidien. » Une réflexion que je partage à Nathan sans pour autant chercher à ce qu’Alex ne l’entende pas, bien au contraire je glisse ses mots à Nathan à voix haute pour que ma femme puisse l’entendre. Mais Nathan ne réagit pas vraiment, il est bien trop occupé avec son ballon et si le jeu dure un certain temps je ne m’améliore pas pour autant. Au contraire. Je lance de nouveau plusieurs fois le ballon qui ne rentre jamais dans le panier, même s’il a bien failli le faire une fois. Et puis Nathan lance deux défis au perdant – donc moi – avant même que le jeu ne se termine. Le premier étant de préparer un repas pour le gagnant sauf que pour moi c’est tout sauf un défi. Ça serait même avec plaisir que je lui ferais à manger. En plus, si j’en crois ses mots il serait en train de sous-entendre qu’il aimerait que l’on passe du temps à trois de nouveau ? Et ensuite il ajoute que le perdant devra faire dix pompes. Il y a quelques temps j’aurais été incapable de faire cela ou du moins je l’aurais fait avec beaucoup de difficulté, mais maintenant que je me suis mis régulièrement au sport c’est un défi que je devrais pouvoir relever avec plus de facilité – mais sans envie ou plaisir.
« Je peux avoir une photo du vainqueur et du perdant ? » J’ai perdu, comme tout le monde pouvait s’en douter et le grand vainqueur de ce défi n’est nul autre que Nathan. « Caleb tu veux faire une photo ? » Nathan ne refuse pas, ce qui est inespéré pour moi et si je n’aime pas être sur les photos je n’hésite pourtant pas une seconde pour accepter. « Oui, oui avec plaisir. » que je lui réponds avec enthousiasme tout en m’approchant de lui. « Mais avant ça, Caleb tu dois faire dix pompes. Techniquement tu as perdu aussi mais tu as marqué des paniers toi et puis tu vas pas faire des pompes avec ton ventre. » La deuxième partie de sa phrase est dédiée à Alex et j’avoue être soulagé de le voir épargner ma femme enceinte de ce défi sportif. « Je préfère faire la photo avant, ça serait dommage d’avoir trop fatigué dessus. » Ma remarque fait rire Nathan bien qu’il lève les yeux au ciel en même temps et à ce moment précis j’ai l’impression de me voir à son âge. Je me baisse à sa hauteur pour la photo qu’Alex prend tout de suite. Je n’aime pas les photos mais pourtant je sais que ce cliché aura une valeur sentimentales particulière à mes yeux. Ensuite je m’installe au sol pour la deuxième partie de ce gage. Je sais qu’Alex ne va pas louper une miette de ce moment, ce qui m’amuse légèrement et quelques secondes plus tard les dix pompes sont faites et je me relève m’avançant vers Alex. « Ton calvaire est presque fini chéri. Tu auras le droit à un massage ce soir. » Je lui souris une nouvelle fois mais par contre en voyant la grimace de Nathan quand nous nous embrassons je ne peux m’empêcher de lâcher un petit rire. « Vous vous embrassez beaucoup. » Je ne sais pas s’il s’agit d’un reproche ou d’une simple constatation. « Tu comprendras quand tu seras plus vieux. Tu as déjà embrassé une fille ? » Je lui demande. Et si c’est le genre d’information que chaque père connait peut-être concernant son fils, moi j’apprends à le connaître avec dix ans de retard, donc je sais que nous alors avoir beaucoup de chose à rattraper. Rebecca revient vers nous pour rappeler à Nathan de boire et sans lui répondre il se lève pour prendre une bouteille d’eau et en boire plusieurs gorgées. « Oui, j’ai déjà eu des amoureuses et on se faisait des bisous. » Sa réponse me fait sourire avec beaucoup de tendresse, la simplicité et la naïveté avec laquelle il me dit ça est réellement touchante. Mais l’éducatrice nous ramène à la réalité en disant à Nathan qu’il est bientôt l’heure de partir. « Puisque tu as joué à ce truc là . J'aimerai qu'on puisse faire quelque chose que tu aimes. » C’est une intention qui me touche tout particulièrement. Je souris doucement mais c’est en baissant la tête qu’il part s’asseoir sur un banc. « Tu crois qu'on va se revoir bientôt ? » Toute sa vulnérabilité est perceptible dans le son de sa voix et sans hésiter une seule seconde je pars le rejoindre sur le banc et lui réponds rapidement. « On se revoit quand tu veux. Je me débrouillerais pour être disponible pour toi. » Je lui assure, mais j’ai la sensation que Nathan a besoin de plus précision, qu’il a besoin d’une vraie date alors je m’avance et lui propose déjà un prochain rendez-vous. « Si tu veux on peut se voir lundi prochain. Tu peux venir chez nous pour jouer avec Dobby et Nala et je te cuisine des hamburgers végétariens ? Pour te montrer que je peux faire mieux que McDo. » Nathan relève le regard vers moi, les yeux brillants mais cette fois pas à cause des larmes mais plutôt de l’émotion qu’il semble ressentir. Il regarde Alex quelques secondes et son attention se reporte sur moi. « Ça pourrait être bien oui. »
'CAUSE IF YOU DON'T BELIEVE IT CAN'T HURT YOU AND WHEN YOU LET IT LEAVE IT CAN'T HURT YOU
« Tu lui as déjà lancé des défis comme ça ? » Je secoue la tête pour répondre à Nathan. « Oh oui, mais il gagne tout le temps, même si parfois j'essaye d'être de mauvaise foi pour lui faire croire qu'il a pas réussi, mais il est vraiment trop doué en cuisine. » Et je sais que mon avis n'est pas des plus objectifs, mais sur ça Caleb ne peut pas vraiment me contredire, enfin il pourrait mais le fait que son restaurant ait décroché une étoile, qu'il soit plein tout les soirs et qu'il dégage autant de profils, devraient être des arguments plus efficaces que les miens et surtout plus difficile à contredire pour lui. « Et il t'a déjà fait des burgers meilleurs que ceux du mcdo ? » C'était ça la base du défi, et il semble toujours perplexe quand à la possibilité que des burgers meilleurs que ceux du mcdo puissent exister. Pauvre Nathan, il n'a pas encore goûté à de la vraie cuisine ça se sent. « Oh oui, des burgers, des nuggets, et même des frites meilleures, tu verras c'est un régal. » J'ose lui dire qu'il verra parce qu'il semble quand même assez intrigué et assez intéressé par l'idée de découvrir si oui ou non Caleb peut réussir ce défi. Je regarde Caleb du coin de l’œil et je lui souris. Je sais qu'il n'est pas trop à l'aise avec l'idée que l'on parle de lui alors qu'il est présent et qu'il n'est pas à l'aise avec les compliments non plus, mais je ne fais que dire des vérités et répondre aux questions de Nathan.
Nathan est là avec nous, et c'est pour lui que nous sommes là. Rebecca, Caleb et moi. Trois personnes qui essayent de permettre à Nathan de passer une belle journée, et Caleb fait beaucoup d'efforts puisqu'il se retrouve sur un terrain de basket prêt à jouer à un sport dont il ne connaît rien et qu'il n'aime pas. Mais, c'est pour Nathan alors il n'hésite pas. Nathan joue avec son ballon et nous en profitons pour parler un peu tout les deux. « On va essayer de l’aider. » Je ne pense pas pouvoir l'aider vraiment, après tout, c'est à cause de moi s'il est dans cette situation. Mais j'ai envie de croire qu'on peut lui apporter quelque chose, par notre présence déjà. Mais, aussi par cette forme d'affection que nous ressentons tout les deux pour lui. C'est difficile à expliquer, difficile à comprendre aussi comme situation, mais je suis face à un enfant que je ne connais pas et pourtant, j'ai envie de le connaître. J'ai envie de partager des choses avec lui, j'ai envie de le voir sourire, j'ai envie de le savoir heureux tout simplement. Je n'ai toujours voulu que ça, j'ai échoué par le passé mais je compte pas échouer à nouveau. Cette fois, Caleb est là, et je sais qu'il fera en sorte de nous aider à prendre les bonnes décisions pour lui. J'ai confiance en lui, bien plus qu'en moi même. Et s'il me dit qu'il a envie qu'on essaye de l'aider, alors je sais qu'on va réussir à l'aider. Caleb dépose un baiser sur mon front et depuis que nous avons quitté le mcdo, il multiplie les gestes tendres à mon égard et ça m'aide énormément à me détendre un peu. « Je ferais n'importe quoi pour le savoir heureux. » C'est en jetant un regard vers Nathan que je dis ces mots. Il nous attends pour jouer et c'est le premier moment plutôt heureux ou au moins détendu que je m'apprête à passer avec lui. Et si Nathan montre qu'il a déjà plutôt bien l'habitude et qu'il est à l'aise devant un panier, ce n'est clairement pas le cas de Caleb et je profite de ce moment un peu plus léger pour le taquiner et c'est avec un sourire et en se mordillant la lèvre, un geste qui me fait toujours craquer, qu'il me réponds. « Heureusement pour toi. » Il rit légèrement et moi je ris à mon tour un peu plus bruyamment ce qui attire le regard de Nathan, et il me regarde l'air surprit sans pour autant réagir ou me questionner. « Pour toi aussi, tu trouverai le temps long si tu avais besoin d'autant d'essais pour la mettre au fond. » Encore une phrase que je prends soin de lui glisser à l'oreille parce que Nathan n'a clairement pas besoin d'entendre ça, ni la promesse que je lui fais ensuite pour le motiver un peu. Sauf que cette fois Nathan réagit, non pas sur mes propos qu'il ne peut pas entendre, mais sur le fait que je parle visiblement trop pour lui ce qui semble beaucoup amuser Caleb et j'aime le voir détendu comme ça. D'humeur joueuse aussi. « Elle parle toujours beaucoup, je t’explique pas comme ça peut être dur à vivre au quotidien. » Cette fois c'est à mon tour de le pousser doucement en levant les yeux au ciel et en souriant. Oui je parle beaucoup, je le sais, et lui aussi il le sait, depuis notre rencontre c'est le cas. Sauf, que s'il dit que ça peut être dur à vivre au quotidien, ce que je ne réfute pas, je sais aussi que Caleb aime quand je parle beaucoup, il aime ça, du moins la plupart du temps. A l'exception de nos disputes.
La partie se termine, Nathan est le grand vainqueur et à voir sa joie, je sais que j'ai bien fais de le laisser gagner. Caleb a perdu, rien de surprenant, mais ce n'est pas ce que nous allons garder de ce moment. Le sourire de Nathan, son esprit de compétition, sa passion pour le sport, voilà ce que je veux garder et j'essaye même d'immortaliser ce moment en lui demandant s'il accepte de faire une photo. Il s'en remet à Caleb. « Oui, oui avec plaisir. » La surprise doit être visible dans mon regard, parce que Caleb enthousiaste pour faire une photo, c'est rare. Très, très rare même, mais je le remercie du regard et je lui souris parce que ça compte beaucoup pour moi et je comprends par sa réponse, que cette photo compte aussi pour lui. La première fois avec Nathan et elle risque d'être importante pour eux deux. Et, pour moi aussi même si je ne suis pas dessus, je saurais ce qu'elle représente et ce sont ces souvenirs que je veux garder. « Je préfère faire la photo avant, ça serait dommage d’avoir trop fatigué dessus. » Nathan rit à la remarque de Caleb mais ils finissent par se retrouver pour que je prenne la photo et alors que je fixe mon écran de téléphone pour m'assurer que la photo soit bien cadrée et pas flou, je ne peux que remarquer encore un peu plus la ressemblance entre les deux garçons. Je prends plusieurs photos pour être certaine d'en avoir une qui soit parfaite et c'est ensuite vers Caleb que mon attention se tourne. Mon mari qui fait des pompes, et si y'a quelques années, c'était un spectacle plutôt drôle, aujourd'hui, c'est une toute autre émotion que je ressens quand je vois Caleb faire du sport et des pompes notamment. Je le regarde un léger sourire aux lèvres et je me pince la lèvre inférieur quand il se relève et me regarde. « T'es sexy quand tu fais des pompes. » Je lui glisse ses mots alors qu'il s'approche de moi et qu'il m'embrasse, ce qui fait réagir Nathan. « Vous vous embrassez beaucoup. » Mes lèvres sont encore contre celles de Caleb quand je me mets à rire à la remarque de Nathan. « Tu comprendras quand tu seras plus vieux. Tu as déjà embrassé une fille ? » Je suis surprise par la question de Caleb, non pas que ça ne m'intéresse pas, bien au contraire. Mais, il a ''que'' dix ans et c'est trop jeune non ? Je ne sais rien des enfants de cet âge, je n'ai jamais côtoyé d'enfant de dix ans. Je n'ai pas d'enfant de dix ans. « Oui, j’ai déjà eu des amoureuses et on se faisait des bisous. » Tout semble si normal, si simple dans la façon dont il en parle, dont il le dit. Il y a encore des domaines dans lequel son innocence transparait même si j'aurais sans doute pleins de questions à lui poser sur ses amoureuses, mais ce n'est clairement pas mon rôle et pas le moment non plus. Je ne veux pas le mettre mal à l'aise, je voudrais savoir s'il a une amoureuse en ce moment, mais je garde cette question pour moi. « Je vois que tu es un petit tombeur avec les filles. » Je lui souris en espérant qu'il ne prenne pas de façon négative ma remarque, je suis à deux doigts d'ajouter qu'il pourrait sans doute donner des conseils en drague à Caleb, mais je ne veux pas que mon mari pense qu'il n'est pas capable de me séduire puisque c'est loin d'être le cas, la preuve je suis mariée à cet homme et folle amoureuse. C'est Rebecca qui vient nous ramener la réalité en face, Nathan va devoir partir, et rentrer au foyer. Seul. Et si c'est difficile à gérer pour moi, j'imagine comme ça doit être dur pour lui et ça se ressent dans la façon avec laquelle il s'adresse à Caleb. Il a longtemps tenté de cacher ses émotions, mais c'est toute sa vulnérabilité et ses incertitudes qui ressortent quand il demande à Caleb s'ils vont se revoir bientôt. « On se revoit quand tu veux. Je me débrouillerais pour être disponible pour toi. » Caleb réagit vite, Caleb réagit bien, comme toujours. Il sait rassurer les autres, il sait être là pour les autres et il réponds présent pour Nathan. « Si tu veux on peut se voir lundi prochain. Tu peux venir chez nous pour jouer avec Dobby et Nala et je te cuisine des hamburgers végétariens ? Pour te montrer que je peux faire mieux que McDo. » Je n'aurais pas pu lui proposer ça, mais je suis heureuse que Caleb le fasse. Que Caleb se projette avec lui, qu'il prenne les choses en main. Je jette un regard vers Rebecca, réalisant tout de même que ce genre de chose ne sera possible qu'avec l'accord de cette femme et sans doute d'autres personnes encore et que la logistique risque d'être à rediscuter mais alors que je la regarde et que je lui demande doucement si c'est possible, elle lève les épaules, et hoche doucement la tête. Nathan me regarde quelques secondes, et c'est juste après qu'il réponds à Caleb. « Ça pourrait être bien oui. » Il m'a regardé avant de dire ça, avant de dire que ça pourrait être bien, il a jeté un regard vers moi et je ne sais pas si ça veut dire que ma présence est voulue ou non. Mais c'est des détails, ma présence, celle de nos filles, nous aurons l'occasion d'en reparler, pour le moment ce qui compte c'est qu'il semble avoir accepté et pardonné à Caleb de ne pas lui avoir parlé de la grossesse et il a envie de le revoir et de passer du temps avec lui et c'est bien là, le plus important. « Il en a besoin, je vais faire en sorte que ce soit possible pour Lundi. » C'est à moi que Rebecca s'adresse et je suis soulagée de savoir qu'on aura pas à décevoir les deux garçons qui semblent déjà avoir projeté leur lundi tout les deux et c'est après la réponse de Rebecca que je rejoins Caleb et Nathan sur le banc. « J'ai été heureuse de pouvoir te voir aujourd'hui Nathan et si tu veux que je sois là Lundi prochain, je serais là. » Il me regarde surprit par ma prise de parole assez inattendue. Elle l'est pour moi aussi. « Ba oui, tu dois être là, tu as participé au défi, le perdant doit cuisiner pour nous deux. » Il ne me dit pas clairement qu'il veut que je sois là, mais il me dit que je dois être là et ça me suffit amplement comme réponse. Je vais avoir l'occasion de passer encore un peu de temps avec lui, et si je sais que beaucoup de questions sont encore en suspens, que certaines choses vont devoir être abordé, le fait qu'il me laisse partager quelques moments de sa vie est la seule chose qui compte pour le moment et j'ai déjà tellement hâte de pouvoir le revoir. « Merci pour cette journée. » Il me regarde à nouveau étrangement, oui je suis sans doute beaucoup trop étrange, mais l'émotion revient. Elle est différente, ce n'est plus tant un grand stress ou de l'anxiété que je ressens, mais la tristesse de le voir partir. Et l'espoir de le revoir. Des émotions étranges qui m'envahissent, et je sens que j'ai les larmes aux yeux. Je dois me concentrer pour ne pas craquer, pas encore, pas tant qu'il est là mais je suis en train de réaliser une chose à ce moment ; le voir, passer du temps avec lui, apprendre à le connaitre, c'est peut-être la seule chose qui pourra faire qu'un jour je pourrais réellement me détacher de mon passé et de cette culpabilité et honte que j'ai en moi depuis. Mais, ce n'est pas pour ça que je veux passer du temps avec lui, mais bien parce que ce petit garçon, n'est pas un petit garçon comme un autre. C'est notre petit garçon et à partir d'aujourd'hui, je veux tout faire pour lui.
'Cause if you don't believe it can't hurt you and when you let it leave it can't hurt you
« Oh oui, mais il gagne tout le temps, même si parfois j'essaye d'être de mauvaise foi pour lui faire croire qu'il a pas réussi, mais il est vraiment trop doué en cuisine. » Alex n’est pas vraiment la plus objective concernant ma cuisine mais je sais qu’elle pense sincèrement ce qu’elle dit à Nathan. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que je n’aime pas perdre un défi lancé sur un sujet que je maîtrise alors je vais tout mettre en œuvre pour montrer à Nathan que je peux lui cuisiner des hamburgers bien meilleurs que ceux qu’il mange dans son fast food préféré. « Et il t'a déjà fait des burgers meilleurs que ceux du mcdo ? » Mais il a l’air de vraiment tenir à ces fameux hamburgers, ou bien il doute sérieusement de mon niveau en cuisine. Je ne peux pas lui en vouloir, il n’a pas goûté à beaucoup de mes plats. Des cookies et un plat que je lui avais ramené dans un tupperware lors de notre deuxième rencontre à l’hôpital. Maintenant je sais que je vais devoir me renseigner d’un peu plus près sur la cuisine végétarienne, parce que Nathan ne mange pas de viande et si je compte lui faire ce burger il faudra absolument que je le fasse sans viande. « Oh oui, des burgers, des nuggets, et même des frites meilleures, tu verras c'est un régal. » Alex aussi avait presque du mal à y croire au début. Elle qui était une habituée aux livraisons de repas à domicile lorsque je lui ai montré qu’il était possible de faire des nuggets, des frites ou même des hamburgers maison et qu’ils seront meilleurs que ceux qu’elle avait l’habitude de manger, elle a été agréablement surprise. « Promis je vais faire de mon mieux pour ne pas te décevoir. » Ça aussi c’est vrai. Je ne veux surtout pas que Nathan puisse être déçu de quoi que ce soit, c’est aussi en partie pour ça que j’accepte sans négocier une partie de basket avec Alex et lui. Je n’aime pas ce sport et je le connais encore moins que le foot – c’est pour dire – mais pourtant quand il nous sollicite c’est rapidement que je me lève pour lui montrer qu’il peut compter sur moi. « Je ferais n'importe quoi pour le savoir heureux. » Et là-dessus nous sommes tous les deux d’accord. Alex et moi voulons plus que tout au monde que Nathan soit heureux et que la vie commence enfin à lui sourire. Il le mérite. « Pour toi aussi, tu trouverai le temps long si tu avais besoin d'autant d'essais pour la mettre au fond. » Les mots que ma femme me murmure à l’oreille me fait rire très franchement. « Ça serait dommage, ça gâcherait du moment. » Si elle m’a dit ces mots doucement je n’en fais pas de même. Les miens sont moins explicites et je doute que Nathan ne comprenne de quoi nous sommes en train de parler. Il est bien trop jeune pour ça, non ?
Ce qui est par contre bien moins étonnant c’est les résultats finaux : Nathan finit premier et moi dernier. Je soupçonne Alex de l’avoir laissé gagner mais je comprends totalement son action, le sourire de Nathan me fait sourire moi aussi. Et heureusement puisqu’il semble accepter une photo et je crois que c’est la première fois de ma vie que je suis vraiment volontaire et surtout content de poser devant l’objectif. Je regarde rapidement la photo sur le portable d’Alex et je me dis qu’il faudra que je lui demande de me l’envoyer mais avant toute chose je tiens parole et m’exécute pour les pompes. Nathan les compte une par une à voix haute et je peux aisément voir Alex me regarder les faire et sa lèvre coincée entre ses dents a rend encore plus sexy qu’elle ne l’est habituellement. « T'es sexy quand tu fais des pompes. » Je ne prends pas vraiment la peine de lui répondre, me contentant simplement de lui sourire avant que mes lèvres ne se plaquent sur les siennes. Les signes d’affection se multiplient et de ma part je sais que ça veut dire que je me sens assez à l’aise en la compagnie de Nathan pour me comporter ainsi avec ma femme. Sa réflexion sur nos baisers trop nombreux à son goût me fait rire et quand il me dit avoir déjà eu des amoureuses et les avoir embrassées, je suis étonné parce qu’à dix ans de mon côté je n’en étais pas encore là. « Je vois que tu es un petit tombeur avec les filles. » J’appuie les propos d’Alex en hochant positivement la tête. « Moi à ton âge j’avais jamais eu de copines et encore moins embrassé une fille. » Je lui avoue en lâchant un léger rire. « C’était à quel âge ta première amoureuse ? » Au risque de l’étonner voire même de le choquer ; « À dix-huit ans mais c’était rien de très sérieux. » Je pourrais lui dire que ma première vraie petite-amie, c’est Alex et que j’avais presque 21 ans puisque c’est la vérité. Mais je doute qu’il ait déjà été amoureux à son jeune âge, je remarque tout de même qu’il a l’air bien plus doué que moi avec les filles. Mais malheureusement Rebecca vient mettre fin à cette rencontre bien trop tôt à mon goût mais je doute être en position de pouvoir en demander plus, alors je me contente de ce moment que j’ai pu passer avec ma femme et Nathan. J’essaie de le rassurer en lui disant que je peux me libérer pour que nous passions la journée de lundi ensemble, je vois Alex échanger quelques mots avec Rebecca mais je n’entends rien et de toute façon je préfère me concentrer sur Nathan qui accepte ma proposition. « J'ai été heureuse de pouvoir te voir aujourd'hui Nathan et si tu veux que je sois là Lundi prochain, je serais là. » La tête de Nathan nous montre qu’il semble étonné de la prise de parole d’Alex. « Ba oui, tu dois être là, tu as participé au défi, le perdant doit cuisiner pour nous deux. » Je souris doucement, parce que je pense que c’est bien sa façon à lui de lui dire qu’il veut qu’elle soit avec nous la semaine prochaine. « Si tu veux manger des hamburgers meilleurs qu’à McDo je pense pas que laisser Alex cuisiner soit une très bonne idée. » Je taquine ma femme et je m’attends à une réaction de sa part, Nathan sourit et rigole même un peu. « Tu t’occuperas du dessert bébé, j’ai pas envie que m’empêches de remporter ce défi. » Si Alex le sait déjà je doute que ce soit le cas de Nathan mais je suis moi aussi assez compétiteur. « Merci pour cette journée. » Nathan la regarde encore bizarrement mais si moi je comprends ses remerciements, lui, du haut de ses dix ans doit se demander pourquoi est-ce qu’elle est si solennelle avec lui. Il ne lui répond pas vraiment mais je ne peux m’empêcher de voir les larmes dans les yeux de ma femme, alors de nouveau ma main vient se poser sur sa cuisse. « Tu pourras envoyer la photo à Rebecca ? » C’est à Alex qu’il parle et je suis touché et heureux de voir qu’il semble vouloir garder cette photo de nous deux lui aussi. « À lundi ? » Il se lève et nous regarde Alex et moi tour à tour. Je vois à son comportement qu’il ne sait pas trop comment agir, je le Remarque parce qu’il a les mêmes mimiques que moi. Il passe ses mains dans ses cheveux en nous regardant encore une fois. J’ai l’impression qu’il hésite, il fait un pas vers moi mais finalement se rétracte. « N’oublies pas que tu peux nous appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit si tu as besoin de quelque chose. » Si j’ai déjà prononcé cette phrase c’est la première fois que j’y inclus Alex. Il hoche la tête et c’est sur son skate qu’il monte pour s’éloigner de nous. Je le regarde s’éloigner petit à petit ne le quittant des yeux que lorsque sa silhouette disparaît. Je finis par lâcher un long soupir de soulagement et me retourne vers ma femme. « Comment tu te sens ? Ça va ? » J’ai vu ses larmes lui monter aux yeux tout à l’heure et je veux juste m’assurer qu’elle n’est pas sur le point de craquer. « Ça ne s’est pas si mal passé que ça. » Ça aurait pu être pire, sans hésitation.
'CAUSE IF YOU DON'T BELIEVE IT CAN'T HURT YOU AND WHEN YOU LET IT LEAVE IT CAN'T HURT YOU
« Moi à ton âge j’avais jamais eu de copines et encore moins embrassé une fille. » Je les écoutes parler, et c'est étrange d'entendre Nathan, dix ans, et Caleb, trente-trois ans, parler de leur expérience respective avec leurs « amoureuses ». « C’était à quel âge ta première amoureuse ? » « À dix-huit ans mais c’était rien de très sérieux. » Je connais déjà le passé de Caleb, je ne suis pas étonnée d'entendre sa réponse, mais ce n'est pas le cas de Nathan. Il ne connaît rien de l'amour, il parle d'amoureuse, il parle du haut de son expérience de petit garçon de dix ans. « C'était Alex ta première amoureuse ? » Je secoue la tête pour répondre à Nathan alors qu'il me regarde au moment ou il prononce mon prénom. « Non c'était pas moi, on s'est rencontré quand Caleb avait vingt ans. » Techniquement, il allait avoir vingt et un mais c'est un détail. C'est la première fois qu'il semble s'intéresser un peu à notre histoire, et si les questions sur la sienne n'ont pas été abordé aujourd'hui, je sais qu'un jour il voudra des réponses, mais aujourd'hui, c'est sur le présent, et même un peu le futur proche sur lequel nous sommes concentrés. Sur Nathan, et sur ses besoins et ses envies. Il a visiblement besoin de savoir s'il va revoir Caleb et c'est sans aucune hésitation que Caleb lui propose une date et même un programme. « Si tu veux manger des hamburgers meilleurs qu’à McDo je pense pas que laisser Alex cuisiner soit une très bonne idée. » Je grimace en regardant Caleb et je roule des yeux en riant légèrement. « Je suis très douée, tu as juste peur que je te fasse de l'ombre avec mon talent. » Des talents en cuisine j'en ai aucun et on le sait tout les deux. Nathan lui ne le sait pas mais il devrait vite le comprendre avec la nouvelle réflexion de Caleb. « Tu t’occuperas du dessert bébé, j’ai pas envie que m’empêches de remporter ce défi. » Amusée par la discussion, malgré l'émotion que je ressens, je me prends au jeu et j'ai presque l'impression qu'il me lance un défi. Enfin, il veut surtout que je n'interfère pas dans sa préparation et que je ne touche à rien pour éviter de gâcher son plat, mais moi je prends ça comme un défi qu'il me lance, parce que si lui va réussir haut la main son défi, personne n'en doute, j'ai maintenant un dessert à faire et passer après un repas de Caleb, c'est pas une mince affaire. « Ok chéri, je ferais le dessert et on verra quel plat est le meilleur. » Le sien assurément, si déjà c'est mangeable et cuit de mon côté ce sera pas mal.
L'émotion est de nouveau palpable au moment ou Nathan s'apprête à partie avec Rebecca. La réalité me rattrape, après un long moment avec lui, il va repartir au foyer et c'est touchant comme moment. « Tu pourras envoyer la photo à Rebecca ? » Je secoue la tête de haut en bas en lui souriant. « Bien-sur, je vais lui envoyer. » Il me sourit légèrement en entendant cette réponse et un « merci. » se fait entendre doucement. « À lundi ? » Je secoue la tête à nouveau avant de lui répondre. « A Lundi Nathan. » Il se lève, il hésite sur la façon de se comporter et je n'ose pas bouger pour ne pas le mettre mal à l'aise ou faire quelque chose de déplacé. Il est déjà assez mal à l'aise et je le devine en le voyant venir jouer nerveusement avec ses cheveux comme peut le faire mon mari. Décidément, c'est bien le fils de Caleb. Il nous regarde, il hésite, avance, s'arrête et ne fait rien. « N’oublies pas que tu peux nous appeler à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit si tu as besoin de quelque chose. » L'idée de lui offrir un portable me traverse l'esprit pour qu'il puisse réellement nous contacter quand il en ressent le besoin ou l'envie, mais je sais que c'est le genre d'idée pas raisonnable du tout et je la garde pour moi. « Rebecca a mon numéro si tu as besoin de me contacter, n'hésite pas. » Il a déjà appelé Caleb sur son téléphone, mais aujourd'hui, après cette journée j'espère que s'il a besoin de quelque chose et que Caleb n'est pas joignable, il pensera à moi. Rebecca lui demande s'il est prêt à y aller, il secoue la tête et il monte sur son skate. Il repart avec elle, et nous on reste là derrière à sentir toute l'émotion et la tension de ces dernières heures retomber d'un coup.
Il est parti et si je sais que je vais le revoir vite, ma mémoire me joue des tours et je me remémore ce jour ou je l'ai abandonné, ce jour ou dans les bras d'une femme inconnue il est sorti de ma vie. 10 ans plus tard, je l'ai revu et les émotions sont fortes. Le stress accumulé toute la journée semble retomber d'un coup et c'est un trop plein d'émotions qui m'envahit. Je me sens soulagée d'avoir passé cette première étape, je me sens heureuse d'avoir eu la chance de pouvoir passer du temps avec lui, je me sens impatiente de pouvoir en vivre d'autres mais je me sens aussi coupable de l'avoir privé de tout ces moments depuis dix ans. « Comment tu te sens ? Ça va ? » Je me mords l'intérieur de la lèvre pour retenir mes larmes et je secoue la tête doucement de haut en bas pour le rassurer. Je ne veux pas qu'il s'inquiète et avant de lui dire quoique ce soit, je pose ma tête sur son épaule et je prends sa main dans la mienne. « Ça fait beaucoup d'émotions d'un coup. » Je m'arrête pour renifler légèrement et parce que je sens que je suis à deux doigts de pleurer et je ne le veux pas. « Mais ça va aller et toi ? » Je me frotte les yeux, et je me rapproche encore un peu de lui. Le sentir contre moi me rassure, m'aide à essayer de contenir l'émotion qui commence à me submerger peu à peu. « Ça ne s’est pas si mal passé que ça. » Et si une larme réussit à s'échapper de mes yeux, je souris légèrement en réalisant qu'il a raison et qu'il y a sans doute bien plus de positif que de négatif à retenir de cette première rencontre pour moi avec Nathan. « On a encore beaucoup de choses à évoquer, mais oui ça s'est plutôt bien passé. » Je prends mon téléphone et je regarde la photo de Nathan et Caleb, d'un père et son fils, et si au yeux de la loi Caleb n'est pas son père, la ressemblance est beaucoup trop flagrante pour ne pas y voir le lien génétique entre les deux. Je les regarde tout les deux. « Cette photo est parfaite. Vous êtes si beaux tout les deux. » Je profite d'avoir mon portable dans les mains pour envoyer la photo à Rebecca et à Caleb histoire de ne pas oublier et qu'ils puissent l'avoir eux aussi. La première photo, et maintenant j'espère surtout que ce n'est que la première d'une longue série d'autres photos. D'autres moments avec Nathan. Je renifle à nouveau, non je ne craquerai pas, je ne vais pas fondre en larmes encore, mais ça me demande beaucoup d'énergie de tenter de contrôler mon émotivité et mon impulsivité. Ma tête me fait à nouveau mal, et je me masse doucement les tempes avant de me lever du banc tout en prenant la main de Caleb, je l'incite à se lever en tirant doucement sur sa main et je viens me blottir contre lui. Mes mains autour de son cou, je le laisse me serrer contre lui et silencieusement quelques larmes glissent le long de mes joues. L'émotion a fini par s'exprimer mais en sécurité contre lui, j'arrive à ne pas craquer totalement. « Je suis un peu fatiguée, je voulais pas craquer désolée chéri. Mais ça va aller, j'ai juste besoin de quelques minutes et d'un câlin. » Je le rassure, je me rassure aussi, mais oui ça va aller. Tout va bien se passer désormais, parce qu'il m'a vu et il a accepté de me revoir. Deux choses finalement inespérée et pourtant c'est bien ce qu'il s'est passé et c'est sur ça que je veux me concentrer pour l'instant. Et non sur les questions qui arrivent de nouveaux très nombreuses. « Il est tellement attachant. » C'est sans doute loin d'être une pensée objective, mais c'est ce que je ressens et ça me rassure sur une chose ; je n'ai pas su l'aimer ou ressentir une émotion forte et positive envers lui il y a dix ans, mais aujourd'hui tout est différent et je vais tout faire ce qui est en mon pouvoir pour l'aider désormais. Et alors que je pense à Nathan, c'est sur mon ventre que mes pensées se tournent alors que je sens notre bébé bouger un peu. Ce n'est que les premiers mouvements, légers, mais c'est pourtant avec un sourire et beaucoup d'émotion que je viens poser ma main sur mon ventre. « Tu peux pas encore le sentir, mais il bouge beaucoup aujourd'hui. » Et même s'il ne peut pas ressentir ce que je ressens, ni avoir un lien avec notre futur bébé, je prends sa main pour la poser sur mon ventre et je le regarde quelques instants avant de venir l'embrasser, un tendre baiser qui vient sceller ce moment riche en émotion pour nous deux, mais un moment important pour nous et notre famille.