Le numéro de l'hôpital est enregistré sur mon téléphone et la panique lorsqu'il s'affiche n'a d'égale que l'extrême joie que j'ai ressenti lorsque le médecin au bout du fil m'a annoncé que Clara était officiellement sortie d'affaire. Depuis hier, ils ont arrêté sa médication qui la maintenait dans un sommeil profond et elle a très rapidement montré les premiers signes de réveil. Et l'appel est arrivé au moment où elle a commencé toute doucement à communiquer. Ni une ni deux, j'ai sauté dans ma voiture, accompagné d'Alex qui était déjà près, quelques secondes, après que j'ai raccroché. Comme sa mère et moi, l'adolescent à vraiment mal vécu l'hospitalisation de sa sœur, si bien que cette nouvelle est une délivrance pour chacun de nous.

Lorsque nous débarquons dans la chambre de Clara et que nous sommes accueilli par ce sourire, certes, petit et faible, mais qui la caractérise tant, je pense que je ne suis pas le seul à avoir été submergé par une forte émotion. Quelques minutes, après, c'est Ida qui arrive dans la chambre et c'est la première fois depuis des mois que nous sommes là, tous les quatre sans se demander si le lendemain, nous serons toujours le même nombre. Malheureusement, nous n'avons pas été autorisés à rester aussi longtemps que je l'aurais souhaité, mais Clara a vraiment besoin de se reposer et aucun de nous n'a envie d'être dans les pattes des infirmiers lors des soins obligatoires.

Et c'est, alors que nous sommes arrêtés à un feu, qu'Alex émet le souhait d'aller rendre visite à Ezra persuadé que celui-ci aurait aimé être le premier au courant de cette merveilleuse nouvelle. J'avais de toute façon prévenu mon frère que je passerais un soir sans préciser lequel. Alors pourquoi ne pas être spontané pour une fois et accepter la demande de mon fils ? Ainsi et sans plus tardé, je prends le chemin vers Spring Hill pour me garer devant la maison occupée par Ezra. La voiture est à peine arrêtée que l'adolescent saute sur le trottoir pour s'élancer vers la porte. «Attends ! J'ai la clé... » commençais-je avant de me taire lorsque le doigt du garçon s'enfonce sur le bouton de sonnette «nevermind » soupirais-je en le rejoignant. Tout en attendant, je fouille les poches de mon jeans et lance un coup d'oeil vers ma voiture avant de fermer un instant les yeux en me rendant compte qu'en vrai, non, je n'ai pas la maudite clef. Celle-ci est restée dans la boîte à clef dans le couloir, où elle ne sert, finalement, pas à grand chose.

Ezra avait pris le temps de prévenir son frère qu’il allait mieux, certes, mais il n’avait pas précisé à quel point il pouvait réellement aller mieux ces derniers jours, ces dernières semaines. Il s’était dit que se concentrer sur les efforts qu’il réussissait à faire était plus important que de s’en vanter, et qu’il pourrait les reporter à Thomas dès que ces derniers seraient assez conséquents pour être racontés. Comme ça, la surprise serait d’autant plus réussie et la joie - il l’espérait - dans le regard de l’aîné Beauregard d’autant plus présente.

Ces quelques plans montés dans son esprit furent cependant contrecarrés lorsqu’il avait reçu, plus tôt dans la semaine, un message de Thomas le prévenant qu’il passerait le voir dans le jours à venir. Il aurait préféré attendre encore un peu, mais l’idée de voir son frère était plaisante et il n’avait aucune raison de refuser sa venue. Si bien que lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit à travers toute la maison alors que la venue de personne n’était annoncée pour aujourd’hui, un fin sourire se glissa sur les lèvres d’Ezra. Oh, il n’avait pas besoin d’être arrivé jusque là porter et d’avoir regardé à travers le judas pour comprendre de qui il s’agissait - cependant, lorsqu’il put voir à travers le petit oeilleton que son neveu et filleul se tenait également derrière le pan de bois, il fut d’autant plus heureux de savoir les deux hommes Beauregard de passage chez lui. Derrière, quelques mètres en arrière de Alex, se tenait son frère qui semblait fouiller dans les poches de son pantalon - surement à la recherche du double de clefs qu’il possédait de l’endroit. Effectivement, jusqu’il y avait encore quelques jours, Ezra ne savait se lever seul jusque la porte pour l’ouvrir et tenir debout plus longtemps qu’une poignée d’instants.

Attendant encore un instant et peut-être un second que Thomas soit à deux pas de la porte d’entré également, surveillant à travers le judas son avancée, Ezra finit par ouvrir la porte pour se dévoiler - debout, certes en appui sur des béquilles qui semblaient avoir du mal à faire leur job correctement tellement elles étaient plus que réquisitionnées en cet instant, mais debout et ce n’était pas négligeable. « Sortir ta clef sera pas nécessaire, Thomas. » C’était maigre comme introduction, mais le sourire qui s’affichait au fil des secondes qui s’écoulaient voulait tout dire. Il était heureux, Ezra; malgré l’accident qui aurait pu lui couter la vie il avait eu énormément de chance et il pouvait se vanter aujourd’hui d’aller mieux et de se remettre sur pieds - littéralement. Le chemin était encore long, il le savait et ne négligeait pas la chose, mais pouvoir accueillir ses proches en ouvrant lui-même la porte était une victoire non-négligeable. « Salut les gars. » D’ici à peine quelques instants, il serait obligé de se dépêcher de se rassoir mais pour le moment, il était réellement content de se tenir droit, debout, vivant. Il espérait simplement que les deux garçons venaient le voir pour profiter de sa compagnie et lui annoncer des nouvelles clémentes, sinon il ne saurait tenir debout encore longtemps si le contraire arrivait.

Voir la clanche qui s'abaisse n'est pas une surprise en soit tant je sais que mon frère se débrouille plutôt bien en terme de conduite de fauteuil roulant, mais j'avoue que le choc de le voir debout sur ses deux pieds me cloue, littéralement, sur place. Bouche entre ouvert, figé dans mon mouvement vers l'avant, j'ai besoin de plusieurs longues secondes avant que mon corps ne réagisse à nouveau et que mon esprit ne se rende compte de ce qui se passe là : Ezra est debout et il marche. Son équilibre est peut-être bancal, mais il est là, face à Alex et à moi, debout de toute sa hauteur.

«J'avais presque oublié qu'en vrai t'es quand même pas mal grand» le saluais-je à ma façon alors qu'Alex, lui, est bien plus expansif. Même si c'est un adolescent et que le gamin qui adorait les câlins est très loin, il a toujours été bien plus tactile avec son parrain et le lui fait bien comprendre alors qu'il s'avance pour le prendre dans ses bras et le serrer contre lui. « C'est la deuxième meilleure nouvelle de la journée !» s'exclame-t-il après avoir lâcher mon frère.

Je m'approche à mon tour et lui offre une de nos accolades fraternelles dont seuls nous détenons les secrets, avant de le suivre à l'intérieur. « Il n'a pas tort» donnais-je raison à Alexander qui referme la porte derrière nous « On va tout te raconter, mais d'abord, je pense que tu devrais t'asseoir » dis-je en me rendant compte à quel point cette phrase prend tout son sens dans cette situation.

Mais alors que je passais déjà ma main dans le dos d'Ezra, juste pour lui faire comprendre que je suis là au cas où la force viendrait à lui manquer sans pour autant me montrer trop intrusif dans sa liberté -et surtout sa fierté-, Alex s'approche à nouveau et se plante devant nous «Clara est réveillée ! » Annonce-t-il presque solennellement, un large sourire sur les lèvres. Pinçant les lèvres en souriant, je lève une main en direction de mon fils en incline légèrement la tête sur le côté « Eh voilà...c'est ce pour quoi on est venu ici et ce pour quoi je voulais que tu t’assoies avant» je lance un regard appuyé vers mon fils qui affiche sa plus belle moue innocent et secoue doucement la tête «bon allez, vient, on en parlera plus en détail au salon » car mine de rien, j'ai l'impression que l'équilibre d'Ezra est de moins en moins assuré.

La réaction de Thomas face à la réalité, de voir son frère debout de nouveau, était sans appel: il ne s’attendait en rien à ça en venant ici aujourd’hui. La surprise était donc plutôt réussie, et Ezra était fier de lui - son sourire parlait pour lui, de toutes façons. Comme il savait que cela était une surprise positive, il se permettait de garder son sourire largement présent sur ses lèvres. « J'avais presque oublié qu'en vrai t'es quand même pas mal grand » - « On oublie vite, hein ? » Parce-que de toutes façons et pour une fois, depuis le début, Ezra était persuadé que ça irait mieux et qu’il ne mettrait pas autant de temps que ce que les médecins avaient pu dire pour être de nouveau debout; il prenait donc cette situation avec une détente certaine qui n’était pourtant que rarement sienne, mais qui permettait de pas ajouter une couche de lourdeur à une situation déjà assez complexe comme ça. Ce qui était un brin trop ambitieux, cependant, ce fut la façon dont Alex le prit dans ses bras avec entrain la seconde suivante - et si le gamin n’avait pas été si grand, il y avait fort à parier qu’Ezra n’aurait pu s’appuyer un peu sur lui pour ne pas basculer en arrière. Certes, il était debout mais son équilibre était encore tout récent, très fragile et prêt à s’effondrer à tout instant. « C'est la deuxième meilleure nouvelle de la journée ! » Un petit rire s’échappa tout de même des lèvres d’Ezra. « Je suis content que ça te rende heureux, Alex, mais lâche moi sinon je vais tomber. » Le gamin s’exécuta sans mal avec un petit sourire, un brin désolé il le voyait.

« Il n'a pas tort » Thomas s’approcha pour lui donner une accolade également - et si cette dernière était bien plus précise, bien plus prudente, ce ne fut pas pour autant qu’Ezra n’en profita pas tout autant. Il ne s’était pas aperçu à quel point ce genre de petit geste pouvait lui manquer, en réalité. « Il n’a pas tort sur quoi, cette fois-ci ? » - « On va tout te raconter, mais d'abord, je pense que tu devrais t’asseoir » Alors, Ezra fronça quelque peu les sourcils. « Il dit que c’est la deuxième meilleure nouvelle de la journée, mais là j’ai presque peur de ce que tu vas dire, Tom. » Le côté mystérieux et le fait qu’il lui demande de s’asseoir ajouter un quelque-chose surement non-nécessaire à la conversation qui s’installait entre les hommes Beauregard. Bien sur, Ezra avait désespérément besoin de s’asseoir - il tenait debout, mais c’était encore presque au stade de l’illusion et ne devait pas trop forcer de la sorte. Il n’eut cependant en rien le temps de faire quoi que ce soit que Alex prenait déjà de nouveau la parole; le gamin semblait pressé aujourd’hui de tout commenter, tout annoncer. « Clara est réveillée ! » La surprise, mais également la surprise positive comme il avait pu le lire sur les traits de son frère, traversa le visage du cadet des Beauregard. « Elle est réveillée c’est vrai ? » Il se tourna avec peine vers son frère, qui lui intimait de continuer à tenter de s’asseoir. « Eh voilà...c'est ce pour quoi on est venu ici et ce pour quoi je voulais que tu t’assoies avant. Bon allez, vient, on en parlera plus en détail au salon. » Il voulut ajouter quelque-chose, mais se ravisa et opta pour l’option acquisse de la tête et se laisser porter par le vent.

Quelques minutes plus tard, Ezra était de façon confortable et sécurisée installé dans le canapé, et alors il reporta son regard sur son frère. « Elle s’est réveillée quand ? » La petite avait subit des problèmes de santé qui étaient on ne pouvait plus sérieux, et si Ezra n’avait pu être présent autant qu’il l’aurait voulu - son état de santé n’étant pas des meilleurs également de son côté -, il avait fait en sorte de tenter de prendre des nouvelles de sa nièce aussi souvent que possible. Thomas n’avait également pas pu être présent autant qu’il l’aurait fait en temps normal auprès de son frère, car bien d’autres choses le retenaient ailleurs. Mais apparemment, c’était les bonnes nouvelles qui pleuvaient aujourd’hui. « Comment elle va ? » Désormais, annoncer à son frère qu’il allait mieux dans son coin était bien loin dans la liste de ses priorités.

Si en temps normal, je n'ai aucun mal à voir mon fils aussi tactile avec son parrain, je dois avouer que mon cœur rate un battement lorsque je vois ce dernier vaciller dangereusement alors que les bras d'Alex entourent son corps. Fort heureusement, mon fils a assez de jugeote pour le relâcher lorsqu'il lui en fait la demande express, mais ne peut quand même pas se retenir de révéler ce pour quoi nous somme ici : le réveil de Clara.

La surprise se lis réellement sur le visage de mon frère, faisant écho à celle que j'ai ressentis lorsque je l'ai vu ouvrir la porte, mais je ne lui laisse pas le temps de trop s'exprimer sur le sujet que déjà, je remets sur le tapis le fait qu'il devrait s'asseoir. Fort heureusement, il n’émet aucune résistance et je l'accompagne dans le salon où il se laisse choir sur le canapé. Tandis que je le laisse reprendre son souffle, je fais comme chez moi et vais en cuisine d'où je reviens avec deux bières et un soda. Décapsulant le tout, je tend la bouteille à Ezra et la cannette à Alex avant d'afficher un sourire plein de joie.

«ça fait 10 jours que son état s'est vraiment stabilisé, si bien qu'ils ont décidé en début de semaine d'arrêter les médicaments qui l'ont plongés dans ce coma artificiel.» expliquais-je avant de prendre une gorgé de ma boisson «ça fait deux jours qu'elle montre des signes de réveil du coup et aujourd'hui on a pu échangé quelques mots » l'émotion dans ma voix est réelle, si bien que même un sourd pourrait l'entendre « Ils vont encore faire quelques test pour voir si tout va bien au niveau neurologique, mais je ne pense pas qu'elle gardera de séquelles de l'intubation et du coma» je souris doucement «De toute façon, le fait de s'en sortir sans problèmes c'est de famille, pas vrai »

Je fais autant référence à l'accident de voiture que nous avons eu, Ezra et moi il y a quelques années de ça que l'accident qu'il a eu, lui, il y a quelques mois seulement «ça fait combien de temps que tu marches toi ? » Demandais-je, afin de savoir depuis quand il garde ce secret. « T'as jamais réussi à mentir de toute ta vie ... Comment ça se fait que t'y arrive maintenant ?» je laisse échapper un rire à la déclaration d'Alex et secoue la tête, amusé « Il marque un point là en vrai» haussais-je les épaules en me calant un peu mieux dans mon canapé.

Si les jambes d’Ezra avaient déjà du mal à le porter correctement ces derniers temps, étant donné que leur état n’avait pas été des meilleurs, la surprise de l’annonce de son frère et de son filleul n’arrangeait en rien son équilibre en cet instant. De temps en temps, on demandait aux gens de s’asseoir avant de leur annoncer une nouvelle, et aujourd’hui plus que jamais le plus jeune frère Beauregard comprenait parfaitement la sensation d’être du côté récepteur de ce type de nouvelle.

Alors, il se laissa guider vers son propre salon, demanda un peu plus d’explications à Thomas afin de comprendre la situation dans son intégralité, comprendre également ce qu’il avait pu manquer ces derniers jours - voire ces dernières semaines, puisque les deux frères n’étaient pas à se voir tous les jours ni à échanger sur une fréquence similaire. « Ca fait 10 jours que son état s'est vraiment stabilisé, si bien qu'ils ont décidé en début de semaine d'arrêter les médicaments qui l'ont plongés dans ce coma artificiel. » Ezra n’était en rien un professionnel du médical, mais malheureusement il avait parfaitement connu la situation dans laquelle se retrouvait son ainé puisque son propre fils avait du connaître le coma afin de s’en sortir, quelques années plus tôt. « Ca fait deux jours qu'elle montre des signes de réveil du coup et aujourd'hui on a pu échangé quelques mots. » L’émotion dans les yeux d’Ezra était on ne pouvait plus réelle; même s’il n’était pas friand à l’idée de montrer ce qu’il ressentait réellement aux yeux du monde, face à ses proches et à de telles nouvelles - définitivement bonnes -, il n’avait pas envie de faire le dur. « Ils vont encore faire quelques test pour voir si tout va bien au niveau neurologique, mais je ne pense pas qu'elle gardera de séquelles de l'intubation et du coma. » Le sourire de Thomas faisait écho à celui de son frère. « De toute façon, le fait de s'en sortir sans problèmes c'est de famille, pas vrai. » Légèrement amusé, Ezra leva les yeux au ciel - comme si ce n’était rien, tout ce qu’ils avaient déjà vécu. C’était surtout que ce n’était pas sur cette partie là de l’histoire qu’il avait envie de se concentrer en cet instant. « C’est vrai que c’est de famille. » Les Beauregard étaient plus durs que ce qu’ils laissaient paraitre, c’était indéniable. « Mais surtout Thomas, c’est super ça. C’est des bonnes nouvelles ! » La petite Clara ne méritait pas tout ce qui lui arrivait depuis qu’elle était venue au monde, et même si dans leur famille ce n’était plus autant surprenant, ça foutait toujours un coup au moral lorsqu’ils se retrouvaient au pied du mur de telles situations. » Vous devez être soulagés, tous les trois. » Parce-que même si son frère et son ex-femme ne partageaient plus de mariage, Ezra savait qu’ils partageaient deux enfant et qu’ils faisaient tout pour que ces derniers soient au mieux entourés de leurs parents.

« Ca fait combien de temps que tu marches toi ? » - « T'as jamais réussi à mentir de toute ta vie... Comment ça se fait que t'y arrive maintenant ? » - « Il marque un point là en vrai. » Le rire de Thomas se fit entendre, celui d’Ezra le rejoignit à la suite - après tout, la situation allant en s’améliorant, il pouvait se permettre de déjà en rire. Ce n’était en rien de cette façon qu’il avait réagi le premier jour, lorsqu’il avait compris ce qui lui était arrivé, mais désormais il préférait prendre les choses du bon côté et se rappeler que sa forme physique s’améliorait de jour en jour - et qu’in fine, il espérait retrouver sa forme de jeunesse. « J’ai pas menti, pour commencer. J’ai juste préféré attendre d’être sûr de pas tomber tous les deux mètres pour vous prévenir que j’étais de nouveau debout. » Les efforts du jeune Beauregard avaient beau être conséquents, il savait parfaitement à quel point ils pouvaient malheureusement être réduit bien trop rapidement à néant. Et autant, mettre à mal ses espoirs était quelque-chose, mais il n’était pas question de jouer avec ceux de ses proches. « Ca fait quelques jours à peine, aller une semaine je crois. Mais le kiné et le médecin m’ont dit d’y aller doucement, faut pas que je force de trop pour rien. » Il plissa un instant le bout du nez. « Ils espèrent que ce sont pas des progrès qui vont disparaitre, en vrai. Alors ils préfèrent être prudents. » Et même si Ezra savait qu’il devait suivre les avis des professionnels, ce n’était pas pour autant qu’il faisait plus de marche que nécessaire par jour.

C'est un doux sourire qui s'affiche sur mon visage lorsqu'Ezra m'assure que c'est une superbe nouvelle, comme si j'avais besoin que quelqu'un d'autre qu'Alex, Ida ou les médecins me le disent. Mon frère étant sans doute la personne qui m'est le plus proche, il était évident que ce soit celui à qui j'annonce tout cela en premier « Et comment ! » lui répondais-je lorsqu'il me dit que nous devons sans doute être extrêmement soulagés, tous les trois. «Je t'avoue que sur la fin, c'était vraiment compliqué » je lance un coup d’œil à mon fils qui est occupé avec sa cannette de soda puis reporte mon attention sur Ezra et soupire doucement « Mais c'est du passé maintenant et le futur sera plus brillant dorénavant» j'en suis persuadé à cent pour cent car je n'ai aucune raison de douter du professionnalisme des médecins.

Et en parlant de progrès de la médecine, Alex et moi remettons sur le tapis le fait que le jeune Beauregard nous ait accueillit debout sur ses deux jambes et en marchant. Et c'est là que j'apprends qu'au final non, il ne nous a pas menti, mais attendait juste le bon moment pour nous montrer qu'il était capable de faire plus de deux mètres sans que ses jambes ne le lâchent. Puis, il ajoute que les médecins espèrent que ces progrès ne vont pas disparaître, ce qui me fait froncer les sourcils avec incompréhension « Y a des risques que tu perdes à nouveau les capacités que tu as acquise ?» demandais-je, intrigué et surpris par ces mots « Je sais bien que la ligne de progrès n'est jamais linéaire, mais quand même ! Je ne pense pas que ce que tu va perdre ce que tu as réussi là » bien que je ne m'y connaisse pas en médecines -du moins pas à ce qui concerne la neurologie- ou en rééducation, je reste intimement persuadé qu'il est impossible qu'une fois sortie du fauteuil roulant Ezra n'y retournera plus jamais. Je ne dis pas qu'il ne gardera pas des séquelles à vie de son accident, mais je sais, au plus profond de moi-même, qu'il va y arriver sans aucun problème.

« Bon et sinon ...t'as pas une autre bonne nouvelle en plus ? Jamais deux sans trois comme on dit » haussais-je les épaules, souriant, amusé « Noah est toujours Ginny je suppose...t'as des contacts avec lui quand même ?» demandais-je, me doutant quelque part que ce n'est pas forcément un sujet très joyeux et encore moins une bonne nouvelle, mais c'est une question qui me triture l'esprit depuis bien trop longtemps.

« Et comment ! » La joie de Thomas était visible, palpable à mille kilomètres même pour quelqu’un ne le connaissant pas. Cela ne fit qu’agrandir le sourire d’Ezra: forcément qu’il était heureux également de son côté, de savoir sa nièce sortie d’affaire tout autant de voir cette pression se retirer des épaules de son frère. « Je t'avoue que sur la fin, c'était vraiment compliqué. » Et alors que le regard de son aîné se posait sur Alex, celui d’Ezra l’imita à la perfection. Le jeune garçon, bien que grand désormais - que le temps passait vite - avait les traits bien trop tirés et il connaissait assez son filleul pour savoir que ces marques étaient dues à l’inquiétude qu’Alex avait pu éprouver pour sa sœur. « Je sais à quel point ça peut être compliqué oui… » Malheureusement pour lui, le plus jeune homme de la fratrie Beauregard avait aussi traversé une épreuve similaire. Quelques années plus tôt, son propre fils avait dû être plongé dans un coma artificiel afin de préserver son état de santé déjà très fragilisé, et les parents avaient été prévenus qu’il y avait un risque que leur fils ne se réveille jamais. Ce n’était pas l’issue qu’avait eu cette situation - un rein avait été trouvé et la transplantation avait été un succès médical -, mais pendant plusieurs semaines Ezra avait parfaitement connu cette angoisse très particulière, et avait ruminé cette dernière dans son coin. En réalité, Tom et Alex s’en sortaient bien mieux que il s’en était sorti lui a l’époque face à la complexité de la situation. « Mais c'est du passé maintenant et le futur sera plus brillant dorénavant. » - « J’ai hâte de pouvoir tous vous revoir ensemble. » Chez lui, à l’occasion d’un barbecue un dimanche midi, alors que Noah aurait pu venir de Sydney. C’était une scène de ce type là à laquelle il aspirait le plus.

Et comme Clara n’était pas la seule a bien s’en sortir dans cette situation, bien sûr que Thomas était curieux d’en savoir plus sur l’état de santé de son frère. « Y a des risques que tu perdes à nouveau les capacités que tu as acquise ? Je sais bien que la ligne de progrès n'est jamais linéaire, mais quand même ! Je ne pense pas que ce que tu va perdre ce que tu as réussi là. » Ezra haussa doucement les épaules. « Les médecins peuvent pas être sûrs d’eux mais ils sont confiants. Ils disent que je fais de super progrès et que si je continue comme ça, je pourrais peut être participer au marathon - de 2023, faut pas exagérer non plus. » Le sourire qui s’étirait sur ses lèvres était autant satisfait de sa propre évolution que heureux de pouvoir partager ses progrès avec son grand frère. Après tout, leur lien faisait que Thomas importait dans son quotidien. « Je leur ai dit que j’avais jamais couru de marathon et que je comptais pas commencer maintenant, ça les a fait rire. » Et même aujourd’hui, il était toujours fier de sa blague.

« Bon et sinon ...t'as pas une autre bonne nouvelle en plus ? Jamais deux sans trois comme on dit. » Avec un petit sourire espiègle, Ezra secoua cependant doucement la tête. « J’aurais bien aimé, mais pas pour l’instant non. Et puis, c’est difficile de faire mieux que deux nouvelles comme celles là ! » Peut-être qu’un jour, il aurait enfin l’occasion d’annoncer à son frère qu'il allait de nouveau être papa - et lui tonton. Pour le moment, Lily et lui se contentaient de doucement essayer de concevoir sans se prendre la tête ou se précipiter. Les choses se feraient à leur rythme, quand elles en auraient envie. « Noah est toujours Ginny je suppose...t'as des contacts avec lui quand même ? » En guise de première réponse, Ezra hocha vivement la tête. « Oui oui. » - « Comment il va ? » C’était Alex qui état intervenu cette fois-ci, s’étant fait pourtant étrangement silencieux jusque maintenant. Ezra lui adressa un petit sourire, attendri. « Il va bien. Ginny va venir le déposer pour deux semaines pour les vacances, il a hâte de revenir un peu ici. » Il détourna son regard dans le vide cette fois ci. « J’ai hâte qu’il revienne un peu ici aussi. J’ai beau l’avoir tous les jours au téléphone, c’est pas pareil je me rends compte. » Il avait pris goût il l’avouait à l’idée d’avoir son fils en permanence chez lui. Un équilibre perturbé mais qui en valait largement la peine, à ses yeux. Il ne vivait pas meilleure vie que depuis que Noah était en permanence à ses côtés.

De toutes les personnes de mon entourage, s'il y en a bien une qui peut réellement et totalement comprendre les états d'esprit par lesquels je suis passé ces dernières semaines, c'est Ezra. Il y a plusieurs années de cela, il était dans le même cas que moi avec Noah. Et malgré tout, malgré le fait que le garçon ne soit pas passé loin de la mort, il est maintenant un adolescent adorable et plein de vie, comme si le début de son enfance était vraiment derrière lui. Alors, lorsque mon frère me répète qu'il me comprend, je laisse échapper un petit soupire et hoche doucement la tête avant de lancer la phrase type de celui qui veut aller de l'avant : tout cela, c'est du passé maintenant.

Lorsqu'Ezra répond qu'il a hâte de tous nous revoir ensemble, c'est un sourire attendrit qui s'affiche sur mes lèvres. « Faudra qu'on s'organise ça, que toi et Noah venez chez nous un jour» Ce ne sera pas pour tout de suite, cela va de soi, mais une fois que Clara sera de retour à la maison et qu'Ezra aura encore plus progressé, je pense que je nous organiserais quelque chose de ce genre.

Finalement et afin de repasser dans un registre plus léger, je demande à mon frère s'il n'a pas une troisième bonne nouvelle à nous annoncer et rigole doucement à sa réponse « Effectivement, c'est difficile de faire mieux que deux bonnes nouvelles de ce genre» dis-je avec amusement avant de prendre quelques nouvelles de Noah qui, je sais, se trouve actuellement chez sa mère. À ma grande surprise, Ezra m'annonce que Ginny va venir déposer le garçon chez lui pour deux semaines de vacances avant qu'il ne m'avoue avoir réellement hâte de l'avoir à nouveau avec lui, car ce n'est pas la même chose que de l'avoir seulement au téléphone. « Ouais, c'est normal» je sais qu'Arthur a, comme Noah sans doute, pas mal souffert de l'absence de son autre père et qu'il est heureux comme tout de pouvoir partager son temps entre lui et ses autres cousins.

« C'est vrai ? Noah va revenir ?» s'exclame Alex, relevant enfin son visage de son portable « Cool ! Faudra qu'il vienne avec Joshua et moi à la salle d'arcade» annonce-t-il comme si c'était déjà décidé et acté « Y a plein de jeux, et même un Laser game, la dernière fois, on y était avec Papa et il nous a fait tout un cours sur comment manier les armes et bien viser» à cette explications je pince les lèvres en un sourire contrit et hausse innocemment les épaules « On a ratatiné les autres ! C'était un massacre » continue-t-il alors qu'il range son portable dans la poche de son short « Il pourra venir, pas vrai Parrain ?» demande-t-il les yeux brillants à l'idée de pouvoir passer à nouveau un peu de temps avec son cousin. Ils n'ont pas eu l'occasion de beaucoup ce voir ces derniers mois, mais je sais qu'Alex adore Noah, qu'il fera bien attention à lui et mon neveu pourra aisément compter sur mon fils et son pote en cas de pépin.

« Faudra qu'on s'organise ça, que toi et Noah venez chez nous un jour. » Le sourire accroché aux lèvres de Thomas était contagieux, car l’instant d’après on pouvait retrouver le même sur les lèvres de son plus jeune frère. « Je parle pour lui en disant qu’il adore déjà l’idée. » S’il y avait bien une valeur qui se transmettait de génération en génération au sein des Beauregard, c’était la famille et l’importance qu’avait cette dernière pour les membres la composant. Ezra ferait tout pour sa famille, il savait que son aîné à ses côtés était du même avis, et que tout ça était en train d’être transmis à la nouvelle génération - que ce soit Alex, Noah, ou plus tard lorsque ce serait d’actualité, les futurs enfants d’Ezra. Lily n’était d’ailleurs pas étrangère au fait que le Beauregard possédait une grande famille dont il était proche, et malheureusement pour elle, elle allait devoir se farcir la présence de cette dernière à toutes les fêtes de fin d’année. « Et puis tu sais d’avance que c’est pas moi qui vais dire non à une invitation, hein. » Il fit un petit clin d’oeil à son frère.

Lorsque Thomas lui demanda s’il n’avait pas d’autre nouvelle - bonne, de préférence - à annoncer, ce fut par la négative qu’il répondit. « Effectivement, c'est difficile de faire mieux que deux bonnes nouvelles de ce genre. » - « Faut pas être trop gourmands non plus, on va être déçu sinon la prochaine fois. » Et connaissant les informations qu’il aurait prochainement à partager avec son aîné, Ezra n’avait pas envie que ce dernier soit déçu de ce qu’il aurait à lui annoncer. Et puis, lorsque la conversation dériva vers son aîné à lui, Ezra perdit toute notion d’autres rêveries pour se concentrer sur ce nouveau sujet. Il avait hâte de revoir la petite tornade blonde, s’étant habitué bien facilement à l’avoir dans les alentours. « Ouais, c'est normal. » - « Je sais qu’il est pas malheureux chez sa mère, mais bon, égoïstement j’ai envie de l’avoir ici quoi. » Ginny avait toujours été une mère formidable pour lui, depuis le premier jour, et elle continuerait à l’être qu’importe où habitait Noah. Mais avoir son fils à ses côtés avait vraiment constitué la joie quotidienne d’Ezra ces derniers temps: il voulait le voir revenir.

« C'est vrai ? Noah va revenir ? » Alex semblait enfin de nouveau intéressé par la conversation. « Que pendant les vacances, Alex, mais ouais. » Le jeune garçon, grandissant trop vite également aux yeux de son parrain, était au courant des quelques soucis de famille auxquels faisait face Ezra - il n’avait jamais caché la vérité à personne. Il comprenait également parfaitement pourquoi son cousin ne pouvait être là, par conséquent, que pour les vacances. « Cool ! Faudra qu'il vienne avec Joshua et moi à la salle d’arcade. » Déjà, un sourire se traçait sur le visage d’Ezra. « Y a plein de jeux, et même un Laser game, la dernière fois, on y était avec Papa et il nous a fait tout un cours sur comment manier les armes et bien viser. » Il tourna un instant son regard vers son ainé, lui faisant les gros yeux. « On a ratatiné les autres ! C'était un massacre. » - « Génial, impressionnant. » Il regardait toujours Thomas en cet instant - oh, ce dernier était parfaitement au courant du ressenti de son benjamin sur les armes et leurs utilité, qu’importe le contexte. « Il pourra venir, pas vrai Parrain ? » L’attention d’Ezra revint sur Alexander, ne pouvant s’empêcher un petit sourire tout de même. C’était cela dont il voulait parler: la famille. « Je suis pas fan de la façon dont tu me décris le laser game, il est encore un peu jeune. Mais pour le reste des arcades, faudra voir ça avec lui si ça lui plait. » Les garçons étaient encore dans la période où deux ans de différence pouvaient réellement affecter les comportements et les façons de voir les choses; Ezra comptait faire attention à ça pour son fils, le temps qu’il grandisse encore un peu.

Je laisse échapper un rire lorsqu'Ezra m'annonce qu'il ne peut clairement pas refuser une invitation de ma part. « Comme ça, je serais sûr que Noah aura au moins un bon repas bien équilibré quand il sera chez toi» dis-je en papillonnant des yeux, sachant parfaitement que mon frère comprendra que ce n'est que de l'humour et que jamais je n'oserais remettre en question l'éducation de son fils. Cela dit, s'il est vrai qu'Ezra n'a jamais été le Beauregard le plus doué pour la cuisine -quoique, Ian rivalisait pas mal en vrai- il faut quand même avoué qu'il s'est énormément amélioré avec le temps.

Nous parlons ensuite des bonnes nouvelles, souris au commentaire de mon frère et hoche la tête, compréhensif, lorsqu'il dit qu'égoïstement, il préfère l'avoir avec lui même s'il sait que son fils est heureux chez sa mère aussi « Je n'en doute pas une seule seconde» haussais-je les épaules « Mais il a quand même vécu une majeure partie de sa vie ici, à Brisbane, donc il a ses petites habitudes ici. Et même si les gamins s'habituent assez facilement à un nouvel environnement, il arrive quand même à un âge où c'est un peu plus compliqué» je prends une gorgée de ma bière « Enfin ... Égoïstement, j'aime bien revoir mon neveu un peu plus souvent » j'incline légèrement la tête sur le côté « T'as jamais pensé à demander la garde exclusive ? Je veux dire, après que tout ça soit fini» et par ça j'entends, bien évidemment, la rééducation.

La conversation aurait pu continuer sur une note aussi légère si Alex n'avait pas décidé de revenir parmi nous en lâchant son portable et en expliquant tout ce qu'il avait fait à la salle d'arcade. S'attardant davantage encore sur la partie de laser game, il ne peut s'empêcher d'exprimer avec fierté les techniques de tir que j'ai enseigné à ses potes et à lui, me récoltant un regard emplie d'incompréhension de la part de mon frère. Pinçant les lèvres en un sourire contrit, j'essaie de paraître le plus innocent possible mais fini par baisser le regard lorsqu'il annonce à Alex que Noah est sans doute encore trop petit pour le laser game.

Fronçant légèrement les sourcils en direction de mon frère, je me dis que si Alex s'était tue concernant mes explications, Ezra aurait peut-être été plus enclin à accepter que Noah nous accompagne dans une partie. Mais connaissant son aversion pour la guerre et tout ce qui touche de près ou de loin le monde militaire, je suis persuadé qu'il n'acceptera pas.

Enfin, peu importe, je ne suis pas là pour essayer de le convaincre de nous laisser une chance et me contente, donc, de hausser les épaules «ouais, voilà, on verra en temps et en heure » hochais-je la tête en souriant alors que je lance un coup d'œil vers Alex qui est à nouveau plongé dans son téléphone « Si tu veux venir voir Clara dans la semaine, tu me le dis» reprenais-je en me redressant pour changer de position « ça lui fera sans doute plaisir»

« Comme ça, je serais sûr que Noah aura au moins un bon repas bien équilibré quand il sera chez toi. » Après le clin d’oeil, Ezra leva les yeux au ciel - il était quelque peu amusé, mais il se devait de prétendre être fâché face à la remarque de son frère. « Bla-bla-bla, il mange très bien chez moi voyons. » Il ne divulguerait pas qu’effectivement, son quota de repas équilibrés Noah l’avait surtout parce-qu’il voyait sa mère assez régulièrement, et que de toutes façons l’accident avait changé pas mal de choses dans leurs plans. Heureusement que les choses se passaient bien, lorsqu’il était avec Ginny également; elle avait eu des années supplémentaire pour apprendre à prendre soin de ce petit gars, après tout. « Je n'en doute pas une seule seconde. Mais il a quand même vécu une majeure partie de sa vie ici, à Brisbane, donc il a ses petites habitudes ici. Et même si les gamins s'habituent assez facilement à un nouvel environnement, il arrive quand même à un âge où c'est un peu plus compliqué. » Lentement, le plus jeune des deux frères hocha la tête. Il savait pertinemment que changer Noah régulièrement de lieu de vie comme ça aurait forcément des conséquences sur ses habitudes et son équilibre. Mais ce n’était pas comme s’il avait réellement le choix présentement. « Enfin ... Égoïstement, j'aime bien revoir mon neveu un peu plus souvent. » Il esquissa un fin sourire. « Je me doute bien. » La famille était un facteur important dans la vie des Beauregard, qu’importe la génération ou qui la composait.

« T'as jamais pensé à demander la garde exclusive ? Je veux dire, après que tout ça soit fini. » Ce n’était en rien la faute de Thomas, et ce n’était pas non plus celle de Noah qui s’était retrouvé au centre de cette conversation. Les fautifs n’étaient malheureusement plus de ce monde pour porter ce lourd fardeau, et il ne restait plus en arrière que ceux qui subissaient les conséquences de ces dernières. Le soupire d’Ezra n’était donc pas dirigé contre son frère, contre aucun homme de sa famille, mais bien contre celle de Ginny qui à l’époque avait fait les choses bien - a.k.a ils avaient réussi à parfaitement expulser Ezra de la vie de Noah. « Je peux pas. » Haussant les épaules, il tourna son regard vers son frère. « Officiellement, il est toujours pas mon gamin. C’es toujours Bailey son père. » Parce-que les démarches étaient longues et que ce n’était même pas sur qu’il obtienne quoi que ce soit comme droits par la suite, Ginny et lui avaient convenu que les choses pouvaient rester comme ça tant que tout se passait bien - sauf que, plot twist, tout ne se passait plus bien; il n’y avait qu’à voir les jambes d’Ezra pour constater les choses. « Donc je peux même pas réclamer qu’il revienne ici, parce-que Ginny peut refuser. Elle le ferait pas, mais elle a le droit. » Elle agissait par simple courtoisie envers le Beauregard, par nostalgie d’un amour perdu ou tout ce qui était possible, mais pas parce-que la loi lui demandait de le faire, c’était chose sûre.

Cependant, plutôt que de s’épancher sur cette partie là de l’histoire, rapidement lorsqu’Alex s’interposa dans la discussion, Ezra préféra se mettre à parler des choses qu’ils pourraient faire entre cousins lorsque Noah pourrait revenir sur Brisbane. Cela mettait toujours du baume au coeur, de les voir s’entendre aussi bien; ils étaient tous les deux des gamins très importants pour le plus jeune des frères Beauregard. Les gamins de Thomas avaient une place particulière dans sa vie, il était vrai, et il ne le cachait pas. « Ouais, voilà, on verra en temps et en heure. » Il hocha quelque peu la tête. « Il sera ravi dans tous les cas. » Qu’importe les activités qui seraient au programme. « Si tu veux venir voir Clara dans la semaine, tu me le dis. Ca lui fera sans doute plaisir. » Déjà, un grand sourire ornait les lèvres du brun. « Tu penses qu’on pourrait faire ça ? » Il n’y avait pas besoin de se poser la question: l’idée lui plaisait plus que de raison, et tous les traits de son visage portait désormais cette bonne nouvelle. « Faudra que tu m’emmènes et que tu me donnes un coup de main par contre. Parce-que c’est avec le fauteuil que je suis encore obligé de me déplacer, en dehors de la maison. » Il faisait des progrès, mais la perfection prendrait du temps. « Ca me ferait super plaisir de la voir, Tom. » Et de pouvoir constater de lui-même que la petite allait bien mieux désormais et qu’elle était sortie d’affaire.

Je laisse échapper un soupire et baisse le regard, presque honteux d'avoir oublié ce (très gros) détail concernant la paternité non-officielle d'Ezra. Pourtant, je le sais ça, que Noah n'est pas son fils aux yeux de la justice et que Ginny et lui n'ont qu'un arrangement tacite. Pourquoi poser la question ? Pourquoi remuer le couteau dans la plaie qui est toujours autant ouverte même des années après ? J'avoue que je me sens pas mal idiot pour le coup et c'est un petit « Désolé» qui s'échappe de mes lèvres lorsque je relève mon regard en grimaçant. « T'as continué les démarches de reconnaissance quand même ? Ou est-ce que tu les as mis en status quo ?» Demandais-je, inclinant légèrement la tête sur le côté « Est-ce que tu as besoin d'aide ? Je pourrais peut-être regarder de mon côté si je ne trouve pas des solutions. »

Ayant moi-même galérer pendant des mois et des mois voire des années avant de pouvoir dire qu'Arthur est officiellement mon fils et avoir suivi Cian pendant de longs mois dans sa propre démarche, je sais exactement ce que mon frère est en train de vivre. Mon avantage à moi, c'était que la mère d'Arthur n'est plus de ce monde et que la garde légale revenait donc à Myrddin, donc mes démarches étaient quelque peu facilité. D'autant plus que nous dépendions de la législation anglaise et non-australienne.

Enfin, cela étant dit, je suis plus qu'heureux et soulagé qu'Ezra et Ginny s'entendent, malgré tout, merveilleusement bien et que leur relation est basée sur la confiance mutuelle qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. Cela arrange réellement les choses, d'autant plus que de toute manière, le bonheur de Noah est en premier plan, donc ils arriveront toujours à s'arranger de façon à ce que le gamin soit le plus heureux.

Et en parlant de gamin heureux, c'est un large sourire qui étire les lèvres d'Alexander lorsqu'il apprend que son cousin débarquera à Brisbane dans les prochaines semaines. Je sais que dans sa tête, il est déjà en train de faire tout un programme qui pourrait convenir au plus jeune et que, dans tous les cas, il fera tout ce qui est en son pouvoir pour contenter le gamin.

Après quelques minutes pendant lesquels Alex explique le programme qu'il aurait imaginé, je propose à Ezra de l'emmener voir Clara si le cœur lui en dit. Je sais qu'il aurait toutes les raisons du monde à refuser vu que ça risque de faire remonter des souvenirs plus ou moins horrible, mais au final sa réponse est carrément positive ! Au contraire même, il semble carrément enjoué et motivé par l'idée de retrouver sa nièce « Évidemment que je te donnerais un coup de main» lui assurais-je «À toit de me dire quand t'es dispo la semaine prochaine. J'ai enfin eu droit 5 jours de permission» mon accent sur le mot 'enfin' montre bien à quel point j'ai dû batailler avec Nicholson pour qu'il me laisse quelques jours afin de profiter de ma fille et préparer son retour à la maison en toute tranquillité « Je m'arrangerais en fonction de tes disponibilités» à moins que mon supérieur hiérarchique ne décide de me rappeler pendant la semaine, ce dont il serait absolument capable en vrai, même s'il n'en a pas le droit légalement. Mais de toute manière, il se sent tellement important et au dessus de toutes les règles qu'il le fera sans doute.

@Ezra Beauregard

Il ne fallut pas plus d’une seconde à Thomas pour comprendre qu’il s’était aventuré sur un chemin encore trop dangereux, encore trop hasardeux. « Désolé. » A peine eut-il formulé ses premières excuses, que déjà Ezra les balayait d’un geste de la main. « T’as rien fait de mal, t’as pas à être désolé. » Il était le premier à savoir que les choses étaient vraiment compliquées à comprendre, à suivre, et que toute personne non-impliquée dans le quotidien de la famille quelque peu anormale dans laquelle Ezra évoluait lui depuis des années pouvait ne pas réussir à suivre tous les épisodes au fil des différentes saisons. « T'as continué les démarches de reconnaissance quand même ? Ou est-ce que tu les as mis en status quo ? Est-ce que tu as besoin d'aide ? Je pourrais peut-être regarder de mon côté si je ne trouve pas des solutions. » Il étira un petit sourire, reconnaissant. « Pour le moment, tout est en attente on va dire. » Tout simplement parce-qu’il n’était pas assez physiquement en forme pour entreprendre quelconques démarches. « J’avais commencé à chercher, et puis Ginny est partie à Sydney et Noah est resté ici, alors ça me semblait plus autant urgent à ce moment là. » Il pouvait avoir son fils à ses côtés, et c’était le point le plus important pour lui; il n’avait pas anticipé que sur des situations bien plus embêtantes, comme celle qu’il vivait ces dernières semaines, pouvaient compromettre de cette façon l’équilibre qu’il s’était seul construit. « Quand ça ira mieux, il faudra que je regarde tout ça de plus près. » Il releva son regard pour accrocher celui de son frère. « Pour le moment je pense que le plus important, c’est que tout le monde aille bien. Je sais que Noah n’est pas malheureux avec sa mère, alors je me contente de ça. Merci pour ta proposition, en tous cas, Thomas. » Et même si présentement, il n’avait guère besoin de l’appui de son frère pour tout ce qui concernait Noah, il savait qu’au moment où il décrocherait le téléphone son frère accourrait.

Là où il allait avoir besoin de l’aide de son ainé, en revanche, ce serait pour rendre visite à sa nièce à l’hôpital - ou chez eux, selon l’état dans lequel elle serait dans les prochains jours et semaines. Bien sur que c’était une idée qui le rendait joie, et il ne voyait aucune raison de ne pas le montrer. Ainsi, les deux adultes Beauregard de la pièce se retrouvaient avec un sourire de part en part de leur visage à cette idée émise à haute voix. « Évidemment que je te donnerais un coup de main. » Il manquerait plus qu’il n’agisse pas dans ce sens ! « À toi de me dire quand t'es dispo la semaine prochaine. J'ai enfin eu droit 5 jours de permission. » Et à entendre le soulagement dans la phrase prononcée par Tom, Ezra ne sut faire autrement que de le taquiner sur cette dernière. « T’as pas foutu grand chose pourtant ces derniers temps, tu mérites ta permission t’es sur ? » Il ajouta un clin d’oeil et un petit rire pour souligner ses paroles par des actions: bien sur qu’il n’avait en aucun cas besoin de preuve pour croire que ces quelques jours de repos étaient les bienvenus. « Je m'arrangerais en fonction de tes disponibilités. » - « Mon planning est rythmé par les rendez-vous avec le kiné, les médecins, et tous les autres de ce domaine là comme tu peux t’en douter. » Il ajouta un petit rire à ses paroles - un peu plus jaune, cette fois-ci. « Mais de mémoire, je dois rien avoir mardi et jeudi la semaine prochaine. » Il ajouta ensuite sans attendre un instant. « Ou la semaine d’après, hein. Ou celle d’après encore. Je m’en fous, le but c’est de pouvoir montrer à Clara qu’on est tous là avec elle. » Parce-qu’il avait pu témoigner, à travers Noah, que qu’importe l’âge les enfants se rendaient compte de qui était à leurs cotés et qui ne l’était pas; Ezra faisait définitivement partie de ceux qui voulait être présents pour leurs proches, et il voulait être apte à le montrer.

C'est avec une attention toute particulière que j'écoute mon frère m'avouer que les procédures pour avoir un droit légal de Noah sont en stand by. De toute manière, il a raison Ezra : tant qu'il est dans cet état-là, ça ne sert à rien de se battre contre une justice inflexible. Une fois qu'il sera totalement remis sur pieds, il pourra reprendre le montage du dossier et il verra à ce moment-là s'il a besoin de mon aide ou non. Lorsqu'il me remercie de ma présence et ma proposition, je hoche la tête d'un air entendu «C'est normal. Je suis passé par là avec Arthur, et même si ça n'a rien à voir étant donné que les procédures étaient plus faciles grâce au fait que Myrddin était son gardien légal... Voilà, je m'y connais quand même un minimum » je souris doucement « Et j'ai aussi essayé d'aider Cian avec la fille de son ex » même si, au final, cette entreprise-là était peine perdue dès le début.

Par la suite, nous parlons un peu de Clara et j'explique à mon frère qu'il fait, évidemment, parti des gens qui peuvent aller lui rendre visite quand ils veulent. Bien sûr, je serais là pour lui et pour lui filer un coup de main pour gérer son fauteuil roulant lorsqu'il décidera d'aller à l'hôpital. Lorsque je lui annonce que j'ai enfin eu cinq jours de permission, Ezra me répond avec son ironie et son humour habituel. Et si, en temps normal, je n'aurais jamais relevé cela, aujourd'hui, c'est un lourd soupire qui s'échappe de mes lèvres « Tu n'as pas idée de la merde que c'est au boulot depuis l'arrivé de Nicholson» secouais-je la tête « Le genre de militaire machiste, arrogant, qui en a plus dans les muscles que dans la tête malgré son statut de capitaine et homophobe. » Je secoue la tête et me recule contre le dossier du siège « Il profite tellement de son statut de supérieur et n'a de cesse de m'engueuler comme du poisson pourris pour des raisons tellement futiles...» je soupire à nouveau «La dernière fois une recrue n'avait pas mis sa cravate correctement et c'est moi qui en a payé les frais parce que j'aurais dû dire quelque chose avant qu'ils ne se présentent devant lui » je lève les yeux au ciel «Enfin bref … La seule solution pour pouvoir dire quelque chose, c'est de monter encore en grade, mais ce ne sera pas possible avant longtemps donc j'ai absolument aucun pouvoir et ça me soûle, à un point que tu n'imagines même pas... »

La seule chose, finalement, qui me fait tenir, c'est ma famille. Car même du côté amical, je ne peux pas attendre beaucoup de soutien tant, Cian s'est muré dans son silence et dans sa rage contre moi..