Jina a dit que tu devais te trouver quelqu'un d'autre la prochaine fois que t'aurais besoin d'aide. Pourtant, c'est pas comme si les personnes prêtes à te tendre la main étaient bien nombreuses. Et puis, votre dernière rencontre s'est passée relativement bien. Presque comme si la fuite du chat n'était pas arrivée. C'est ce qui est bien avec Jina. Elle revient pas sur le mauvais. C'est sûrement pour ça qu'elle est encore ça malgré les traitements peu respectueux que tu as occasionnellement envers elle. Le coeur sur la main hen. Du coup, tu t'es dit que ces menaces précédentes n'étaient plus d'actualité, comme d'habitude. De toute manière, elle aura qu'à te fermer la porte au nez si vraiment elle veut pas t'aider pour une nuit de plus. Elle osera jamais. C'est pour ça que t'es ici. Pourquoi tu rentres pas chez toi ? Parce que t'as pas envie de voir la sale tête de connasse de Leo qui va se foutre de ta gueule. Quand elle est dans les parages, c'est une prise de bec assurée. Qu'elle en revienne de son collier de grand-mère volé. Il valait même pas trente dollars, pas de quoi en faire tout un plat. Bon, c'est lequelle déjà l'appartement de Jina ? Toujours aussi curieux qu'en pratiquement cinq ans, tu n'es allé chez elle qu'une seule fois. Elle risque de regretter d'avoir donné cette information là sur elle si tu te mets à débarquer chez elle sans prévenir. C'est pas ta faute. La pile de ton portable est morte. Sinon, t'aurais au moins demandé avant de prendre la chance de te taper tout ce chemin pour possiblement rien. Tu finis par cogner sur la porte de droite. T'es presque certain que c'est le bon numéro. Presque, jusqu'à ce que la personne qui ouvre la porte n'est pas Jina. Qui est-ce qui est le plus surpris ? Toi qui mets une minute à te souvenir qu'elle a une coloc - ouais tu reconnais la jolie rousse de la photo - ou elle qui ouvre la porte à un type au nez enflé et le tee-shirt tâché de sang  - c'est le tien, pas de panique. Sans doute elle, oui. T'as l'air d'un SDF qui frappe à toutes les portes pour gratter quelques pièces de monnaies ici et là. « Elle est là Jina ? » que tu demandes en regardant par-dessus son épaule dans l'espoir de voir sa petite tête brune apparaître un peu plus loin. Mais, non. Ce que tu vois plutôt, c'est un appartement quasiment vide avec des cartons un peu partout. T'as loupé un épisode ? Finalement, l'adresse de Jina sera de nouveau un mystère « C'est quoi c'bordel ? Vous déménagez ?? » que tu ajoutes, à deux doigts d'être offusqué de ne pas avoir été mis dans la confidence de ce déménagement - c'est beau de se donner de l'importance. Merde, Jina est sûrement pas là. On peut clairement voir que plus personne ne vit ici. Il y a encore un lit ici au moins ? Honnêtement ? T'es prêt à dormir à même le sol juste pour avoir un toit autre que le tien pour la nuit. Ouais, ça ne fait aucun sens. Mais rien ne fait jamais de sens avec toi. Sauf que la rouquine en face de toi n'en a aucune idée. À moins que votre amie commune lui ait déjà débriefer quel genre de personnage tu es. Ce ne serait pas si surprenant.

@caitriona regan

« Nan. » Comment ça non ? Où est-ce qu'elle peut bien être à une heure pareille ? Et en pleine semaine ? C'est pas comme si elle était déraisonnable la brune. C'est pas comme si elle était du genre à traîner dans les rues jusqu'à pas d'heure. C'est quoi ? Elle te fait la gueule pour aucune raison valable ? Elle demande à sa coloc de t'laisser à la porte ? C'est que t'es à deux doigts de perdre patience. C'est au même moment que tu réalises que l'appartement est vide, ou presque. Nah, mais… c'est quoi ce bordel ? « Je déménage. Et Jina est toujours la bienvenue chez moi. Mais on peut dire qu'on déménage que si on vit avec la personne, non? » Non. Sûrement pas. Sauf que Jina, elle habite vraiment ici, non ? Ça doit être facilement visible que tu comprends absolument rien de ce qu'elle raconte. Parce qu'elle raconte de la merde, c'est évident. Tu as bien plus confiance en Jina qu'en la rousse en face de toi. « J'comprends pas ? » Ce qu'elle vient de dire est pourtant bien simple, mais ça ne fait aucun sens. Donc, non, le message ne se rend pas très bien jusqu'à ton petit cerveau endommagé. « Tu veux entrer une minute, p'tète? » À peine a-t-elle prononcé ses mots que t'es déjà à l'intérieur de l'appartement. Comme si t'espérais voir les meubles cachés de l'autre côté de la porte. Mais non, ça semble encore plus vide un coup à l'intérieur. C'est quoi ce putain de bordel ? Faudrait sans doute que tu passes un coup de fil à Jina pour qu'elle te confirme que sa coloc est timbrée, sauf que ta pile est morte. Comme d'hab finalement. Après un regard circulaire dans l'appartement, tu reposes ton regard sur la menteuse en face de toi - c'est clairement ce qu'elle est hen. « Jina a dit que j'pouvais squatter ici quand j'voulais. » Non, elle a jamais dit ça, mais t'as toujours su qu'elle te mettrait jamais à la porte. Surtout pas si tu te pointes chez elle avec le tee-shirt tâché de sang. D'ailleurs, ça fait un mal de chien ce nez. A voir l'absence d'un réfrigérateur (et d'un congélateur par le même fait), les chances d'avoir un peu de glace pour diminuer l'enflure sont sûrement très minces. « Juste pour cette nuit. » Est-ce que t'es vraiment sur le point de supplier une inconnue de te laisser le droit de dormir chez elle ? Comme si t'allais te gêner. Tu sais même pas s'il reste un matelas dans une des chambres, mais ça t'es complètement égal. Tant qu'elle a encore l'eau courante et que t'as un toit sur ta tête, t'as pas besoin de plus. T'es pas trop demandant… parfois. « S'te plait… » J'suis dans la merde. C'est sûrement pas nécessaire de le préciser. Suffit de regarder ta sale tête couverte de sang séché et tes fringues détrempées pour le savoir. La chance quand même qu'elle a d'avoir droit à un semblant de politesse de ta part. Ça vient toujours quand t'as besoin d'une faveur ces jolis mots.

« Bah... Jina? Elle habite pas avec moi. Elle est juste souvent là, mais elle habite... Ailleurs. » Les mots sont là. Ils ne peuvent pas être plus clairs qu'ils le sont à ce moment précis. Pourtant, tu piges toujours rien. Pourquoi Jina t'aurait dit qu'elle vivait ici si ce n'était pas le cas ? T'as presque envie qu'elle te répète l'information une fois de plus, mais l'idée qu'elle te prenne vraiment pour un demeuré t'empêche de le faire. De toute façon, elle prend les devants en te proposant d'entrer et tu te fais pas prier pour t'exécuter. Jina est pas là. C'est encore plus chiant de le constater de l'intérieur. Elle est là souvent, mais habite ailleurs. C'est pas dure à comprendre qu'elle n'a pas de chez elle. Pourquoi elle t'a jamais dit ? C'est pas comme si c'était quelque chose qu'elle pouvait avoir honte avec toi. Elle était bien là tous les matins où elle te trouvait à avoir dormi dans le backstore du bar, parce que t'avais des problèmes. Elle sait bien que t'as squatter le canapé d'Angus bien trop souvent parce que tu t'étais fait mettre dehors de ton appartement. Pourquoi est-ce qu'elle est dans cette merde ? Ça peut pas être pire. Sinon, elle cache bien son jeu. « J'te l'ai dit, elle est pas là, Jina. » Oui, oui, t'as bien compris. Et qu'elle le répète encore une fois te donne l'impression qu'elle va pas accepter que tu restes ici cette nuit. Elle ne peut pas l'appeler Jina ? Tu pourras rester ici avec elle, nah ? C'est sûrement ce que tu lui demanderas de faire si elle refuse malgré que tu insistes très poliment. Elle réalise pas encore à quel point elle est privilégiée que tu la supplie de la sorte. « Tu risques pas de m'attirer des ennuis, au moins? » Tu penses même pas que c'est ta gueule au sang séché qui la rend aussi septique. Tu penses plus à ton allure de voleur de bas étage. C'est pas comme s'il y avait grand chose à voler dans son appartement. Elle a qu'à te surveiller toute la nuit si elle a peur que tu partes avec un carton. Tu dis pas non à ce qu'elle vienne s'allonger à tes côtés pour la nuit. « T'as peur que j'vole une tuile de plancher peut-être? » que tu lui lances pour lui montrer la stupidité de ces propos. Tu veux juste un endroit où dormir au sec. Une douche serait pas de refus. Une machine pour laver tes fringues non plus. « C'est bon, tu peux rester. » qu'elle cède enfin. Tu acquiesces d'un signe de tête. Ça veut presque dire merci, parce que, ouais, tu apprécies quand même qu'elle laisse un parfait étranger squatter son appartement. Il y a le chat de la dernière fois qui est toujours pas mort qui semble vouloir te bouffer. Ça risque de finir en orteil croqué d'ici la fin de la nuit si elle ne se casse pas avec lui. Comme si elle allait laisser son chat dormir avec un type à la gueule ensanglanté. C'est pas impossible qu'elle le revoit jamais si elle le fait. « Ça fait combien de temps? » De quoi ? Que t'as pas d'appartement? T'en a un. Information que tu ne comptes pas partager avec elle puisqu'elle va gentiment te conseiller de rentrer. Nah, elle parle pas de ça vu la manière dont elle observe ton nez. Ah ouais, le nez, maintenant que t'y pense, ça fait un mal de chien. Faudrait bien que tu le replaces avant que ça guérisse mal. « Une heure. Deux p't'être. » que tu lui réponds en haussant les épaules. Ça fait le nombre de minutes qui s'est écoulé entre Bayside, attendre le bus, et se rendre jusqu'ici. Deux heures gros maximum. Probablement bien moins que ça. « Te préoccupe pas de ça. Je gère. » Inquiète ou préoccupé? Peu importe qu'elle ne s'en occupe pas. De toute façon, même si tu le replaces pas, le prochain coup le remettras à sa place. C'est aussi simple que ça. « Y'a encore un lit ici ? » que tu demandes, bien plus intéressé par la qualité du confort que tu auras cette nuit plutôt que par ton nez cassé. « Toi, tu dors où ? » Dans sa nouvelle baraque sans doute. T'es toujours aussi partant pour la tenir au chaud cette nuit. Elle a coupé le chauffage ici, non ? « J'suis Seth, au fait. » que tu l'informe en te demandant si t'aurais pas mieux fait de garder l'information pour toi. Au cas où Jina lui aurait raconté des trucs pas très beaux à ton sujet.

« Sois pas con. C'est de ce genre d'ennuis là que je parle. » Et elle désigne ta sale tronche ensanglantée d'un seul doigt. Quoi ? Elle a peur que celui qui a fait ça vienne terminer le travail ? Ça l'a rassurerait sûrement de savoir que c'est une meuf qui t'a fait ça - comme si t'allais avouer une telle chose, ton orgueil de mâle est bien trop affecté. Elle peut dormir bien tranquille sur ses deux oreilles. Personne ne viendra t'achever cette nuit. Pas encore du moins. Heureusement que tu n'as pas besoin d'insister ou de la réconforter davantage pour qu'elle finisse par accepter que tu restes ici pour la nuit. Ç'aurait été plutôt chiant de trouver un plan b… dit le mec qui a un appartement où il peut aller et venir quand bon lui semble. Faut pas chercher à te comprendre, même toi tu n'y arrives pas. Le sujet de ton nom revient bien trop rapidement sur le tapis à ton goût. Bon, c'est vrai que c'est sûrement dur de regarder ou de penser à autre chose quand elle a le désastre en gros plan. Mais ça va, tu gères. C'est loin d'être ton premier nez cassé. Et comme tu préfères éviter les urgences, t'as appris à te débrouiller tout seul depuis le temps. « J'vois ça, ouais. » La rouquine semble plutôt sceptique de ce que tu avances, mais comme son opinion t'importe très peu, tu choisis de ne pas y faire attention. Ce qui t'importes par contre, c'est de savoir s'il reste encore un lit dans cet appartement bien trop vide ou si tu devras te contenter du tapis du chien (ou plutôt des chats?) pour dormir cette nuit. Pas que tu veuilles jouer la diva, mais…. ouais, ok, peut-être un peu. Le confort, c'est important, surtout lorsqu'on est aussi gravement blessé que tu l'es. « Y en a encore un. » Ah voilà enfin une bonne nouvelle. Ce n'est sûrement pas celui de Jina qui est restée, puisqu'apparemment ça n'a jamais été le sien. Elle compte dormir ici ou dans sa nouvelle baraque ? La question l'a fait sourire. Son sourire évoque aussitôt un sourire niais sur ton visage. « Dans mon lit, quelle question. » C'est une invitation ça, non ? Non pas du tout, mais tu préfères penser que oui. « T'inquiète, j'vais presque pas prendre de place. » Parce que tu seras si bien collé contre elle qui restera amplement de place pour une autre personne. On ne sait jamais. Jina pourrait débarquer à tout moment. Ce serait gênant qu'elle perde sa place pour la nuit. Ça va, tu peux bien te sacrifier pour être pris en sandwich entre elles. Quelle torture. D'ailleurs, maintenant que c'est convenu que vous passez la nuit ensemble (non pas du tout), ce serait bien que tu te présentes. « Je sais. » qu'elle se contente de répondre. Elle sait ? Comment ça ? Elle et Jina passent leur soirée à mater des photos de toi ? Faut les comprendre hen. « Et c'est bien ou c'est mal ? » Parce que Jina a beau être une bonne amie malgré tout. Tu n'es pas totalement certain qu'elle dépeint un très beau portrait de toi. Tu sais bien que même pour elle tu peux parfois être insupportable. Du coup, ouais, qu'elle sache qui tu es, ce n'est pas forcément à ton avantage. « J'suis Cait. Enchantée. » Cait. Aucune chance pour que tu puisses retenir ce prénom jusqu'à demain matin. D'ailleurs, là voilà qui approche sa main de ton visage. Nah, vous allez genre vous faire la bise pour officialiser les présentations ? Le genre de bise où on fait semblant de rater la joue pour atterrir sur les lèvres ? T'as absolument aucun problème avec ça. Sauf qu'au moment où tu t'apprête à t'approcher à ton tour, sa main se porte rapidement à ton nez qu'elle fait craquer d'un petit mouvement sec. Oh la connasse. La douleur est vive. Presqu'autant qu'au moment où il s'est brisé pour la première fois. « PUTAIN !! - « Y a pas de quoi. » Qu'elle aille se faire foutre avec son petit air bien satisfait. Ton nez se remet à pisser le sang dans la seconde. Cait te tend un linge que tu attrapes brusquement pour éponger les dégâts. « T'es tarée ou quoi !?!! » Tu l'as trouve soudainement bien moins séduisante qu'il y a quelques secondes à peine (malheureusement pour elle, ça ne durera pas). Elle t'a sûrement éviter une mauvaise cicatrisation, mais faudrait quand même pas lui donner trop de mérite à cette garce. Tu retires le linge deux secondes, mais tu le remets aussi rapidement puisque le sang se remet à couler à flot. « J'ai droit de prendre une douche ou j'risque encore de me faire attaquer gratuitement ? » que tu demandes soudainement de mauvaise humeur. Faut bien aller nettoyer ce gâchis par sa faute à elle. Nettoyer tes fringues ne serait pas de trop non plus. Sauf que les chances d'avoir encore une machine à laver ici sont quasi nulles.

« C'est pas mal. » C'est pas mal, mais ce n'est pas forcément bien non plus. Jina n'a sûrement rien dit de mal contre toi, mais de te voir débarquer chez elle avec le tee-shirt plein de sang - le tien - ne va sûrement pas en ta faveur. La rouquine s'avance vers toi avec toute la malice que tu ne lui connais pas encore, mais dont tu ne tarderas pas à découvrir à ton grand malheur. Sans que tu ne comprennes vraiment ce qui était en train de se passer, une vive douleur revient à ton nez. Quelle bonne samaritaine à remettre en place cet os qui ne se trouvait plus au bon endroit. Pourquoi est-ce que toutes les nanas veulent irrésistiblement venir en aide à ceux qui n'ont rien demandé ? Ton nez, il allait très bien avant qu'elle n'y touche. À quoi bon le replacer quand un prochain coup bien placé aurait fait le boulot à sa place ? Ou pire, à quoi bon le replacer vu qu'il risque d'être à nouveau fracturé dans un avenir prochain hm ? C'est un éternel recommencement. Elle n'a pas terminé avec toi si elle a envie de jouer les infirmières sexy - bon le dernier adjectif, c'est dans ta tête seulement. « Les tarées sont les meilleures au pieu. » Ou pas. C'est une invitation ? C'est une invitation dont elle n'a pas réellement envie que tu répondes. Ça tombe bien, t'as plus trop envie d'aller vérifier ses paroles. Ça reviendra sans doute dans quelques minutes quand la douleur s'estompera. Ton sang a le temps de dégoûter sur le plancher avant qu'elle ne te tende un torchon pour limiter les dégâts. Elle a l'air bien trop contente d'elle avec son petit sourire de connasse bien étampé sur son visage. Rira bien qui rira le dernier, ouais. Une douche, c'est ce dont tu as besoin pour l'instant - non la chute au port quelques heures plus tôt n'a pas fait office de douche, même si ça a effacé le plus gros des dégâts. De toute façon, grâce à la charmante Cait, ton visage est de nouveau couvert de sang et le bain de minuit n'a servi à rien. « Je t'en prie. C'est la porte en face, y a des serviettes propres dans le tiroir sous l'évier. » Pour une personne qui avait vidé complètement son appartement, il lui reste bien un truc ou deux finalement - genre une serviette propre qu'elle comptait bien utiliser pour elle-même sans l'ombre d'un doute. Faut croire qu'elle juge ta douche plus nécessaire que la sienne. « Y a une bassine sous le meuble si tu veux faire tremper tes fringues. Au moins ton t-shirt. Et le torchon. Eau froide, mais quelque chose me dit que tu le sais déjà. » Ah bah oui hen. Hors de question que son torchon reste tâché de ton sang. Rappelons que c'est de sa faute si la tâche ne disparaît pas. Ton nez se portait à merveille avant son passage. Après avoir levé les yeux au ciel, une mine agacée resta bien en place sur ton visage jusqu'à ce que tu t'enferme dans la salle de bain sans lui adresser un seul mot - pas même une invitation à te rejoindre. Tu ne sais même pas trop pourquoi tu écoutes ce qu'elle t'a ordonné en faisant tremper ton tee-shirt et son précieux torchon. Tu vivras avec les quelques gouttelettes qui ont tâché ton jeans, puisque tu doutes fortement qu'elle a d'autres fringues à te prêter le temps de faire un semblant de nettoyage aux tiennes. La chaleur de la douche fait du bien. L'eau rouge qui coule à tes pieds confirme que c'était bel et bien nécessaire.

Ce n'est qu'au bout d'une quinzaine de minutes que tu ressors de la salle de bain. Les cheveux encore bien humides - et qui sentent le coconut - avec seulement ton caleçon en place puisque ton tee-shirt baigne toujours dans la bassine et que ton jeans est encore humide de ta baignade de toute à l'heure. Enfin, techniquement ton caleçon est encore bien humide lui aussi, mais quelque chose te dit que Cait aurait trouver le spectacle déplacé alors qu'elle ne te connait même pas. Dormir à poil, on garde ça pour la deuxième rencontre. D'ailleurs, le décompte des portes est facile à faire lorsque tu sais laquelle mène à la fausse-chambre de Jina. En éliminant celle par laquelle tu sors, il ne reste qu'une seule porte qui mène logiquement jusqu'à la chambre de Cait. Un bref regard vers la droite te confirme qu'elle se trouve toujours à la cuisine. « Tu viens ? » Ah oui l'effet de colère est passé dans les égouts en même temps que ton propre sang. Tu te sens d'attaque pour répondre à ses attaques. En moins de trois pas, tu peux tenir la poignée de sa chambre entre tes mains. « Que j'puisse constater ta théorie. » Celle où les tarées sont les meilleures au pieu donc. La poignée tourne entre tes mains et la porte s'ouvre. Et ouais, c'est bien là qu'il reste un lit. Lit dans lequel tu es encore convaincu de passer la nuit. T'es tout propre en plus. Comment elle pourrait refuser un peu de chaleur humaine ?

« Ouais, désolée pour ça, mais j'ai pas vraiment d'affaires à te prêter. » Pas désolé pour elle, elle peut aisément se rincer l'oeil. C'est pas comme si tu comptais vraiment qu'une nana qui vit seule allait pouvoir te prêter des fringues. À moins qu'elle ait un mec qui soit de passage de temps en temps, mais à l'entendre parler. Ça ne semble pas être le cas. De toute façon, demain matin, tout sera sec. Pour l'instant, tu es plutôt préoccupé à l'inviter à te rejoindre dans sa chambre à coucher, histoire d'aller tester sa théorie. Même si, tu n'as aucun doute qu'elle doit effectivement être un bon coup au pieu, taré ou pas. Elle a du caractère et c'est déjà bon signe pour la suite. « Doucement, Casanova, je touche pas aux... Seth... des copines. »  Aux Seth des copines ? Qu'est-ce que ça veut dire ça au juste ? « D'ailleurs, t'es vraiment qu'un pote pour Jina? » - « Pourquoi ? Elle passe ses soirées à parler de moi avec des coeurs dans les yeux ? » Non, elle fait pas ça. Sinon, elle cache très bien son jeu. C'est pas faute d'avoir déjà essayé des années auparavant. Elle n'est pas intéressée. Pas même un petit baiser de rien. Rien du tout. Sûrement une lesbienne. Tu juges pas hen. Tu sais pas ce qu'elle dit à ton sujet Jina, et c'est peut-être mieux que tu ne saches pas. « C'est bon, t'as l'autorisation de squatter le lit. Mais si tu prends toute la place, j'aurais aucun scrupule à te dégager par terre. » Tellement pas amusante. Tant pis pour elle. Elle manque le meilleur coup de sa vie. Elle disparaît dans la salle de bain et tu en profites pour aller sous ses draps avant qu'elle ne change d'avis. Ton bras glissé sous la tête. Tu la regarde alors qu'elle revient dans la chambre avec ses fringues pour la nuit - ou sa ceinture de chasteté. « Pas touche, sinon je me ferais un plaisir de filer un coup dans ce joli petit nez fracturé. » qu'elle répète alors qu'elle s'assoit sur le bord de son lit. Tu la dégage d'un coup lorsqu'elle ose de nouveau toucher ton nez. Ouais, c'est toujours aussi sensible. « Et après ça, je le remettrai en place. Encore. Alors si j'étais toi, je resterais sagement de mon côté du lit. » Bien essayer pour les menaces. Elles sont plutôt convaincantes en fait. Et tu n'as aucun doute qu'elle les mettra en œuvre si jamais tu traverses de son côté de lit. « Continue de me menacer. J'crois que j'vais tomber amoureux. » que tu lui lances avec le sourire du parfait imbécile de tatouer sur les lèvres. Seth et amoureux, ça ne va pas dans la même phrase. Bien sûr que tu racontes n'importe quoi. Mais ces menaces ne te font ni chaud, ni froid. Tu respecteras quand même sa demande. T'es quand même pas si con que ça, mais elle, par contre, elle est la bienvenue quand elle veut. Après tout, y'a juste les fous qui ne changent pas d'avis hm.

* * *

win: il faut croire que cait n'a pas mise assez d'épaisseur, puisque c'est elle qui est venu se blottir contre seth au beau milieu de la nuit.
so close: seth a dormis bien profondément, a sans doute ronfler toute la nuit, et est resté sagement de son côté, comme promis.
fail: sans même s'en rendre compte, seth s'est retourné dans son sommeil pour passer son bras autour de cait qui est tourné dos à lui.

« Je te préviens, je mords. » - « Encore mieux. » que tu relances le sourire bien étampé dans ton visage, fier comme un paon. C'est bien connu que t'aimes bien les filles qui ont un sale caractère. Cait semble en avoir tout un ou alors elle fait semblant et ce n'est qu'une manière comme une autre de vouloir se protéger de l'inconnu louche qui partage désormais son lit le temps d'une seule nuit. Elle devrait changer de technique si elle veut t'refroidir. « Si Jina te demande, t'as dormi par terre sur un matelas gonflable. » qu'elle ajoute alors qu'elle vient également prendre place dans le lit. À la voir autant de son côté, on jurerait presque qu'il y a une ligne invisible sur les draps à ne pas franchir. Tu risques sans doute de perdre une main si tu t'aventures sur ce terrain là. Nahhh, tu vas rester sage. Tu ne veux pas t'retrouver en plein milieu de la rue avec juste ton sous-vêtement sur le corps. T'aurais l'air bien con. Plus que d'habitude tu veux dire. « Oui madame. » Tu comprends pas trop c'est quoi le but de mentir à Jina à propos de ça. C'est pas trop compliqué de dire que vous avez dormis ensemble parce que y'avait plus d'autres lits dans l'appartement et que vous avez dormi dos à dos sans vous toucher ni regarder. Mais bon, si elle a encore envie de croire que ça pourrait blesser son amie de le savoir… tant pis pour elle.

C'est sans un mot de plus que tu finis par t'endormir. Tu n'as jamais vraiment eu de difficulté à t'endormir peu importe l'endroit où tu te trouves. L'avantage d'être aussi nomade - même si c'est plus ou moins par choix. Après quelques nuits à la rue au compteur, disons que, dans un lit, peu importe à et avec qui, ouais, qu'on te donne trente secondes et tu pionces déjà. Il n'y a rien qui compte te tirer du sommeil non plus. Ce sera probablement Cait qui te réveillera pour te chasser d'ici dès qu'elle se réveillera. Tu pourrais facilement dormir jusqu'en début de soirée sinon. Enfin, c'est ce que tu croyais, sauf que lorsque tu ouvres les yeux, il fait encore nuit. Il y a également une douce odeur de parfum qui vient te chatouiller les narines. Tiens donc, mademoiselle a traversé la ligne interdite d'elle-même. Et elle regrette à la voir dans sa tentative de se défaire de l'étreinte sans te réveiller. Échec total. À quel point elle est mal à l'aise lorsqu'elle lève le regard et qu'elle tombe directement sur le tien ? Disons qu'elle est bien surprise d'être prise en flagrant délit. « Tu fous quoi là ? » que tu lui demandes en chuchotant. Bon, y'a personne d'autre ici, donc personne à déranger, mais c'est sûrement l'ambiance nocturne qui donne l'impression de devoir parler à voix basse. Ça et l'envie de retrouver rapidement ton sommeil. Tu réalises en essayant de bouger un peu que ton bras droit est pris sous la rousse. « Reste. » Puisque de tout évidence, elle en crève d'envie - heureusement que son subconscient est là pour agir. Ton bras - toujours pris - s'enroule autour d'elle pour la ramener contre toi. « De toute façon, j'dors sur le matelas gonflable, tu t'souviens ? » Autrement dit, tout ça reste entre vous deux. Si c'est ce qu'elle souhaite, toi tu t'en contre fou que la terre entière soit au courant des faits. C'est pas comme si y'avait vraiment quelque chose de croustillant à raconter de toute manière. Avec son pyjama quatre épaisseurs qui ne laisse même pas un millimètre de peau à découvert, m'ouais, y'a rien à profiter du tout.