"Merci de l'avouer." Malgré les années qui ont filé et la distance que la coréenne a imposé, ils retrouvent leur complicité, comme si elle ne les a jamais quitté. Quitter Hugo a été une des plus dures épreuves de sa vie, elle se souvient avoir pleuré de longues semaines après sa décision. Elle a dû se faire violence pour ne pas envoyer un message au français, mais à chaque fois qu’elle prenait son téléphone entre les mains, elle se rappelait le nombre de fois où son ex mettait une journée entière pour répondre à ses messages. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle avait décidé de rompre, même si cela impliquait de renoncer au premier homme qu’elle a véritablement aimé…

"Mes chiottes s'en souviennent encore, mais Lyb était persuadée que ma chiasse était due à tout l'alcool qu'on ingérait." L’ambiance est bien moins romantique lorsque la Hwang entend les propos masculins. Elle ne peut s’empêcher de pouffer de rire. Hugo ne réfléchit jamais lorsqu’il parle. Une franchise déconcertante qui l’a charmé à leurs débuts, puis qui est devenue insupportable au fil des années. Dani se stoppe un instant et le fixe avec ses opales. « Hugo, je sais qu’on a été proches mais quand même t’es en train de me parler de tes défécations là. » Ce n’est pas un reproche, mais une simple constatation, qu’elle avoue avec franchise. De toute façon, Dani a toujours préféré les fesses d’Hugo que ses problèmes de transit intestinaux à cause des plats de Lyb. L’estomac de Dani n’a jamais eu de souci puisqu’elle a toujours été habituée à manger ultra épicé.

Après la chiasse d’Hugo, un des passe-temps préférés des deux anciens ex, reste et restera l’alcool. Ad vitam aeternam. C’est à se demander lequel des deux est le plus amoureux de cette boisson aux nombreuses vertus. Dani reste convaincue que c’est le Blanchard qui détient la palme d’or. Elle se souvient parfaitement de cette fois où Hugo a hésité entre embrasser sa petite amie et boire sa bière. Mémorable souvenir qui a fait rire toute la bande des copains. "Quoi ? Comment ça ma faute ? C'est pas ma bagnole j'te rappelle ! Tu sais très bien que si ça avait été Chouffette, on s'en serait sortis comme des chefs !" Chouffette, elle n’a pas entendu ce doux nom depuis des années. Elle a même un pincement au cœur à cette simple. Chouffette a été la meilleure  205 qu’elle ait connu, enfin celle d’Hugo. Chouffette a toujours été gentille quand Dani apprenait à conduire, même si elle a toujours été d’humeur taquine, comme son propriétaire. Elle aimait bien s’amuser à caler. Oui c’est bien connu, c’est toujours la faute des autres. Elle s’amuse même à viser le Blanchard. C’est mission réussie ! « Tu sais que Vivine a rendu l’âme quand j’étais en Italie. » qu’elle ajoute d’une voix nostalgique, presque sentimentale. La Hwang a même versé une petite larme, mais ça elle ne le dira certainement à son ex. Vivine a été le premier gros cadeau qu’Hugo lui avait offert. Un magnifique vélo vintage couleur Lila, la couleur préférée de la demoiselle qui avait même eu les cheveux violets fut un temps. Un délire qu’elle s’était tapée après une soirée trop alcoolisée. Ça avait commencé par des simples mèches avant de recouvrir la totalité de sa longue chevelure. Bref il y a qu’Hugo pour offrir un vélo à sa copine, mais cela a été sans doute le présent préféré de la coréenne. "Mais... Mourir de déshydratation, carrément ? Va falloir sérieusement remédier à ça avant que tu ne puises toutes les réserves de ton vignoble." « Oui, tu m’as tellement bien vendu ton barathon que j’ai soif maintenant ! » Au final, elle veut (peut-être) bien prendre un verre avec son ex. Dani se rend compte qu’ils communiquaient bien mieux en vrai, de toute façon, les messages et la relation à distance avait été un royal désastre.

L’œnologue est déjà en train de faire une liste dans sa tête des choses qu’elle voulait boire pour oublier qu’une voiture s’arrête. Dani n’a le temps de réaliser, qu’Hugo a agité les bras pour stopper la bagnole. Le véhicule ralentit et fait exprès de stationner devant la coréenne alors que le Blancard est quelques mètres devant. Dani fronce les yeux, soudainement mal à l’aise, son visage hésite entre Hugo et le conducteur. Bon allez Dani, c’est l’heure de sortir tes talents d’actrice afin de négocier le trajet. Voyons voir si tu n’as pas perdu le coup de main. La vitre ouvre, dévoilant le sourire Colgate du conducteur et son teint bronzé. « Hellooo beauté au visage pâle, je te dépose quelque part ? » Sourire en coin, Dani rit nerveusement. Ça tutoie direct, et ça drague fort. Génial. Et le tout, devant son ex. « Humm bonjour, je suis accompagnée. » qu’elle fait comprendre en désignant Hugo du menton. « On a besoin d’aller au O’Reilly Vineyards, on a eu une petite galère sur la route. » Le mec regarde Hugo d’un œil blasée, alors Dani reprend la parole. « Je suis la patronne, je vous ferai une remise sur votre prochaine visite ou achat au domaine. » Autant l’appâter avec du vin ce pigeon. « C’est qu’elle est généreuse en plus la miss aux yeux bridés. » Dani fait abstraction de ce commentaire de mauvais gout. « Allez montez, je vous ramène. » Dani fait un signe de la main à Hugo pour qu’il la rejoigne. Elle ouvre la portière arrière, prête à grimper et murmure rapidement à Hugo. « Monte avec moi à l’arrière. » Je veux pas être seule.

Tu fais genre tu t'offusques quand t'entends parler de mes chiasses après les bouffes de Lyb, mais je suis sûr que t'es même pas si surprise. On a toujours parlé sans filtre toi et moi (enfin surtout moi) et tu sais que c'est comme ça que je suis. "Ben quoi ? Après avoir passé la barrière du "caca la porte ouverte", j'estime qu'on a vraiment dépassé un cap. Pas toi ?" Et puis, entre nous, c'est pas comme si y'avait de quoi s'étonner à parler du caca du lendemain de soirée, ou de la tourista post bouffe épicée. C'est toujours les pires ceux-là. "Fais pas comme si t'en faisais jamais, des cacas tout mous, on a vécu ensemble et je les ai bien senti aussi les tiens hein." Vas-y, surenchéris encore plus Blanchard...

« Tu sais que Vivine a rendu l’âme quand j’étais en Italie. » "Quoi ???? Non, impossible ??? Il s'est passé quoi ???" Vivine est morte ? La Vivine que je t'avais achetée ? La Vivine de ma Bibine ? Mon p'tit vélo reste donc le seul survivant dans tout ça ? J'avoue que ça me fait un petit pincement au coeur. On en a fait des milles et des cents avec ces deux-là, ils étaient nos moyens de locomotion quand on arrivait plus à marcher droit en fin de soirée. C'était pas bien plus safe d'ailleurs, mais on peut sans doute mettre ça sur le compte de la jeunesse et de l'innoncence.

T'as l'air d'ailleurs bien partante pour finir la tête dans les chiottes ce soir, et rien ne peut me rendre plus heureux aujourd'hui. T'acceptes de faire quelque chose qui te changera les idées, avec moi, et ça implique de l'alcool en plus. Que demande le peuple ! J'ai pas le temps de me remettre de mes émotions qu'une bagnole s'arrête devant toi. Le stop fait toujours son effet dis donc. Le gars s'en fout très clairement de moi, et je devine déjà ses intentions avec son intonation de gros dégueulasse. J'aime pas beaucoup ça mais t'as l'air de rentrer dans son jeu pour qu'il accepte de nous déposer au vignoble. C'est sûr qu'il s'est arrêté parce que t'es asiat. Je hais ça. Je le hais lui. Tu me demandes de monter avec toi à l'arrière, et c'est évident que je te suis. Je le fusille du regard alors que je sens le sien sur toi dans son rétro. "La route elle est devant mec, on va p'tetre éviter de finir dans un ravin non ?" Ses yeux se posent sur les miens avec son air dédaigneux. Il la tutoie, il la drague, il la mate, et il se permet de faire ça devant un mec qui pourrait potentiellement être le sien. Il est bien au courant que y'a un truc qui cloche ? "Ça va, ça va, on s'détend à l'arrière. Si t'es pas content tu descends boucle d'or." Le gars prend vraiment de haut et je supporte pas ça.

Je te sens pas du tout à l'aise sur le siège. D'un geste rapide, je te détache et te fais signe de te rapprocher de moi. Je glisse mon bras autour de tes épaules pour te coller davantage à moi, et t'embrasse sur la tempe. Putain, ton odeur n'a pas changé. Tu sens si bon, mais j'ai pas le temps de m'attarder sur ce détail. J'ai toujours les iris rivés sur son rétro, il va bien comprendre que t'es pas là pour te faire lourdement harceler non ? "Au moins j'ai de beaux cheveux et pas une calvitie proéminente, moi." Il a l'air con avec ses trois cheveux qu'il laisse pousser et qu'il met sur le côté pour cacher son crâne luisant. J'crois qu'il a pas aimé. Il freine d'un coup sec et se retourne. "Descends de là sale pédé." "Ah tiens, en plus d'être un fétichiste dégueulasse des asiat, t'es homophobe aussi ?" Il détache sa ceinture et sort de sa caisse, ouvre la portière de mon côté. "Ça va, ça va, on a pas besoin de toi toute façon."

Je te fais signe de me suivre, on descend de sa bagnole, et il redémarre en trombe en m'insultant. Connard. On a l'air bien bêtes maintenant, là, au milieu de la route, a avoir réussi à avancer de 5km seulement. Bon, c'est toujours ça de moins à marcher. Je sens que ça va pas bien te plaire qu'on ait perdu notre conducteur, mais c'est typiquement le genre d'attitude qui m'insupporte. T'as été trop de fois victime de ce genre de situation sur Paris, et je sais que t'as pas besoin d'être protégée ou quoi que ce soit, mais c'est plus fort que moi, j'suis obligée de rétorquer. "Pardon pour le... Euh, le bisou sur la tempe." Je m'excuseras pas pour mon comportement auprès du mec, mais pour celui que j'ai adopté auprès de toi par contre, si. "J'espère que je t'ai pas mise mal à l'aise, vraiment c'était pas mon but." Déjà que l'autre connard s'en faisait une réelle joie... "C'est juste que j'pensais que ça allait au moins lui faire comprendre qu'il dépassait les bornes." Mais bon, je lui ai pas laissé le temps de se racheter vu qu'il nous a jeté vulgairement de sa bagnole. "Vraiment, j'suis désolé si j'suis allé trop loin."

Ben quoi ? Après avoir passé la barrière du "caca la porte ouverte", j'estime qu'on a vraiment dépassé un cap. Pas toi ? Fais pas comme si t'en faisais jamais, des cacas tout mous, on a vécu ensemble et je les ai bien senti aussi les tiens hein. " Elle est partagée entre le rire et la gêne. « Certes.. mais on n’est plus.. enfin tu vois. » Elle n’arrive pas à prononcer ces quelques mots. Ils sont douloureux. On n’est plus ensemble. J’ai installé une certaine distance pour protéger mon cœur. Elle y a vraiment cru la coréenne, sincèrement lorsqu’elle a recroisé la route de Walker. Elle a ouvert son cœur à une nouvelle histoire d’amour. Pourtant elle s’est brutalement heurtée aux murs de son monde. Ils ne faisaient pas partie du même univers, Dani a toujours aimé les choses simples, à la bonne franquette, les choses comme avec Hugo quoi. Mais ça, elle ne veut pas le concevoir à voix haute, pas après le mal qu’elle a fait au français. « Enfin bref, oublie ce que j’ai voulu dire. » Ce que j’ai essayé de formuler, de la façon la plus maladroite possible, encore une fois. Pardonne-moi Hugo, mais ne pose pas de question, s’il te plait.

"Quoi ???? Non, impossible ??? Il s'est passé quoi ???" « Je crois qu’elle avait envie de prendre sa retraire. Elle en avait marre que je la trimballe de vignoble en vignoble. » Elle aurait bien vécu Vivine, elle se demandait ce qu’était devenue Bibine, eux aussi avaient connu une relation à distance.

Après avoir fait le deuil de Vivine, les deux ex se retrouvent dans une voiture beaucoup moins accueillante que l’inoubliable Choufette. "La route elle est devant mec, on va p'tetre éviter de finir dans un ravin non ?" Dani devient toute rouge, elle est vraiment gênée d’être dans cette situation, encore plus avec son ex, et pas n’importe quel ex. The ex. Elle sent la tension monter d’un cran et elle n’aime pas ça. L’atmosphère est lourde. Elle ouvre la fenêtre. Entre deux regards meurtriers, elle essaye de calmer le conducteur, proposant une contrepartie pour les avoir dépannés. Sauf que la situation dégringole à nouveau. Hugo et son franc-parlant, on y repassera. "Ça va, ça va, on s'détend à l'arrière. Si t'es pas content tu descends boucle d'or." Elle roule des yeux la coréenne, une vilaine habitude qu’elle a et qui ne plait pas à tout le monde.

Elle a juste envie d’arriver à destination et sortir du véhicule, sauf qu’elle est surprise par Hugo qui l’attire vers elle. Elle tourne doucement son regard vers lui, l’air de dire : qu’est-ce que tu fais ? En guise de réponse, il glisse un main autour de ses épaules, un frisson parcourt l’échine féminine. Son cœur se met à s’accélérer dans sa poitrine lorsqu’Hugo dépose un baiser sur sa tempe. Elle n’avait jamais oublié cette petite attention, démontrant son affection, et surtout marquant son territoire devant le mec au volant. La brune reste immobile, incapable de réagir, incapable de respirer. Elle avait eu une autre idée en têtre pour calmer le chien à l’avant, mais moins tactile que celle du Blanchard. Pas le temps de réagir, que c’est l’implosion. Au moins j'ai de beaux cheveux et pas une calvitie proéminente, moi." « Tais-toi. » qu’elle siffle en français entre ses dents. Trop tard, monsieur calvitie freine d’un coup violant. Le poids plume de la coréenne est attiré par l’avant mais l’étreinte du français la retient de justesse. "Descends de là sale pédé." "Ah tiens, en plus d'être un fétichiste dégueulasse des asiat, t'es homophobe aussi ?" Dani ne préfère rien répondre, elle n’a pas l’énergie pour se prendre la tête aujourd’hui, même si en temps normal, elle aurait instinctivement défendu Hugo. Ça va, ça va, on a pas besoin de toi toute façon." Retour à la case départ : Hugo et Dani sont de nouveau sous la route et encore à cinq kilomètre du domaine, ils avaient fait la moitié du chemin en voiture. Pas sûr que le duo d’ex soit efficaces à Pekin Express, fut un temps ils avaient hésité à s’inscrire, mais les études de Dani avait primé sur tout le reste.

Sans faire de commentaire et essayant de détendre ses épaules, Dani rejoint Hugo. Ils reprennent leur marche. "Pardon pour le... Euh, le bisou sur la tempe." Dani replace une mèche brune derrière son oreille. Au fond d’elle, elle ne lui en veut pas pour ce geste. Etonnement, une partie d’elle a apprécié, tandis que l’autre a été intimidée. "J'espère que je t'ai pas mise mal à l'aise, vraiment c'était pas mon but." Elle hausse les épaules. "C'est juste que j'pensais que ça allait au moins lui faire comprendre qu'il dépassait les bornes."  « Hugo… » qu’elle murmure, cherchant encore ses mots, pas facile de passer autant de temps avec son ex petit-ami. "Vraiment, j'suis désolé si j'suis allé trop loin." « T’inquiète pas, j’ai connu pire. » qu’elle grimace légèrement, continuant à marcher sur le bord de la route. « C’est plutôt moi qui devrait m’excuser. » Pour tout le mal que je nous ai fait… L’œnologue hésite entre ralentir le pas ou fuir une nouvelle fois. Sa main se serre en un poing. « Je suis désolée de ne pas t’avoir donner des nouvelles. » Ses précédentes excuses étaient bancales et peu recherchées et il le savait parfaitement. « J’aurais dû le faire. J’ai voulu le faire à plusieurs reprises mais je n’ai jamais réussi. » Je suis restée bloquer dans mon silence comme une idiote alors que tu ne mérites pas ça.

Visiblement, je suis allé trop loin en te parlant de ma merde. Tu te renfermes un peu, comme si t'avais encore du mal à parler de notre rupture. Ça fait sept ans, et c'est toi qui as pris la décision d'abandonner notre couple, pourquoi est-ce que ça t'atteint tant ? À ta gêne et tes mots, tu me fais comprendre que t'as pas envie d'en discuter davantage. Ok, on change de sujet. Je suis pas là pour parler de sujet fâcheux, mais pour te redonner le sourire coûte que coûte. J'enchaîne sur nos bicyclettes, nos premiers bébés, ta Vivine et ma Bibine. Je suis heureux de savoir que tu l'as utilisée plusieurs années après encore. Comme quoi, les cadeaux utiles sont les meilleurs.
Ils nous auraient carrément bien servis ces deux-là d'ailleurs aujourd'hui. Je suis dégouté que la voiture de Greg nous ait lâché. On est forcés de se retrouver comme deux ados sur la banquette arrière de ce pervers qui te fait un peu trop de l'oeil. Il est lourd et je ne me gêne pas pour lui faire comprendre qu'il dépasse les bornes. Toi, tu veux juste arriver à destination, tu veux juste que je me la ferme et qu'il nous dépose au vignoble. Mais je peux pas, Dani, je peux pas le laisser faire.

T'étais toute crispée quand je t'ai rapprochée de moi, et encore plus quand je t'ai embrassée la tempe. Je me doute que c'était pas la proximité que t'attendais, et j'ai sans doute franchi une limite. Après ce que tu m'avais dit juste avant, j'aurais pas dû agir comme ça. Je m'excuse, je sens que tu sais pas trop quoi répondre, mais t'as pas l'air de m'en vouloir. T'es plutôt perdue dans tes pensées, en train de chercher tes mots. Parle-moi Dani, je vais pas me braquer, vas-y.

« - C’est plutôt moi qui devrait m’excuser.
- Hm ?
- Je suis désolée de ne pas t’avoir donner des nouvelles. J’aurais dû le faire. J’ai voulu le faire à plusieurs reprises mais je n’ai jamais réussi. »

Oh. Ça.
Je hoche doucement la tête, trouvant un nouveau caillou dans lequel shooter. "C'est pas grave." C'est pas comme si j'attendais quoi que ce soit de ta part. Boh, un peu quand même Blanchard. "Tu me devais rien. Tu me dois rien." On était plus ensemble, t'avais le droit de vivre ta vie, de traîner avec ton toutou, ce Jules qui crush fort sur toi depuis toutes ces années. Il doit être content que je sois plus dans les parages, il t'a toute entière rien que pour lui maintenant.
Pourquoi à chaque fois qu'on parle de nous, l'ambiance est beaucoup plus pesante ? On en a vécu, des bons moments tous les deux. C'est surtout ça qu'on devrait retenir, sur lequels on devrait se focaliser. Non ? On était beaux à voir, j'en suis certain, mais le "nous" de l'époque n'est plus. C'est pas grave.

J'aime pas ce silence qui s'installe. C'est con, mais je sais plus quoi te dire pour changer de sujet. Je sors mon téléphone à la recherche de réseau, et ça y est, j'ai enfin une barre. "Pardon, j'vais passer un coup de fil." Ce sera plus facile que d'avoir à affronter ce blanc qui dure. J'appelle Greg, il décroche alors que j'entends sa gamine brailler en fond et Noa qui l'engueule parce que la sonnerie a réveillé la petite. Bon, j'ai vraiment pas choisi le bon moment pour lui parler, mais pas le choix, dans dix minutes j'aurais peut-être plus de reseau. Je lui explique la situation, et le voilà qui m'engueule. "Non mais calmez vous m'sieur l'agent. On serait pas en train de marcher depuis 30 min pour chercher de l'aide si t'avais une roue de secours dans ta caisse, hein." "On ?" Je te regarde furtivement. Pourquoi j'ai dit "on" ? Je sens les blagues bien lourdes de Greg arriver à des kilomètres. "Euh ouais, j'suis avec une amie." Il va encore charrier, Morton, et il va pas lâcher le morceau avant que je lui explique pourquoi je me suis exilé à l'autre bout de Brisbane pour aller retrouver une amie. "Bon du coup on fait comment ?" Je sais pas s'il réfléchit ou s'il est occupé à faire taire sa gosse, mais il ne me répond pas pendant plusieurs secondes. "Allo ? Greg ? D'une minute à l'autre, j'ai plus de réseau." "C'est bon j'arrive, j'prends la caisse de Noa. Envoie moi les coordonnées GPS de la voiture." Il raccroche, et je m'exécute.

"Mon boss va venir avec une autre voiture du coup." que je te dis sans te regarder pour autant. J'ose pas lever les yeux vers toi en fait. "On est plus très loin du vignoble, tu pourras me re-deposer à la voiture avec la tienne ? Je vais pas le laisser changer le pneu tout seul quand même..." Même si je préférerais passer la soirée à faire autre chose que de la mécanique, là, j'ai pas vraiment le choix.

Si Hugo et Dani avaient eu Bibine et Vivine sous la main (ou plutôt sous le pied pour être exact), ils seraient sans doute déjà un verre à la main. L’alcool aidant à délier leurs langues qui ne sont pas loquaces lorsque cela concerne des sujets trop sensibles, trop sérieux. A la place, ils sont comme deux idiots au milieu de la route. La franchise d’Hugo, additionnée à son côté protecteur envers la jolie coréenne, les ont expulsés de la seule voiture qui avait croisé leur chemin.

Au final, cet accident de parcours est loin derrière comparé à ce que Dani ressent. La proximité de son ex a réveillé de vieux souvenirs en elle. Un temps où ils étaient proches, complices et surtout amoureux. Eprise par les remords, Dani s’excuse, quelque chose qu’elle faisait peu, du moins pour les discussions vraiment trop… sentimentales. Elle est intimement convaincue d’avoir fait terriblement mal à Hugo, d’avoir effacer du revers de la main leurs derniers espoirs. Elle est persuadée que sa décision a brisé à tout jamais leur complicité ainsi que leur amitié, car à la base, c’est ce qu’ils étaient, des amis. Les five. Désormais, Dani joue à l’électron libre, elle vient quand ça l’arrange. Elle prend soin d’éviter Hugo mais pourtant elle parle toujours avec Noor, Kai et Yurina. Elle soupire tristement. Cette nouvelle équation au groupe avait déséquilibré la joyeuse bande d’amis.

Hugo qui tape dans une pierre attire l’attention de la coréenne. Elle préfère fixer le sol que les yeux du Blanchard. Au son de sa voix, elle perçoit sa déception même s’il affirme le contraire. Fier comme un coq, comme tout bon français qui se respecte. « C’est pas grave… Tu me devais rien. Tu me dois rien. » Elle hoche les épaules, mollassonne. Tu ne sais pas mentir Blanchard, t’as toujours été une bouffé de franchise, de sincérité, d’oxygène. Ma bouffé d’oxygène. Mais ça, elle ne le dira pas, elle l’enferme dans son silence à double tours.

Du coin de l’œil, elle observe Hugo qui sort son téléphone. Elle continue à marcher, son regard dardant la route sans fin. En voiture, c’était bien plus rapide. Dani accélère le pas, laissant un peu d’intimité à Hugo, même si cela ne l’empêche pas d’entendre une partie de la conversation. Elle comprend bien rapidement qu’il parle au fameux flic. Elle sourit dans l’ombre lorsque son ex la qualifie « d’amie ». Il y a une part de vérité dans les propos masculins.

Hugo raccroche et explique le plan à Dani. "Mon boss va venir avec une autre voiture du coup. On est plus très loin du vignoble, tu pourras me re-deposer à la voiture avec la tienne ? Je vais pas le laisser changer le pneu tout seul quand même..." Plus compliqué tu meurs, enfin elle va pas l’abandonner, c’est Hugo quand même. Elle lui doit ça, juste pour son geste d’aujourd’hui. « Dac on fait ça. » qu’elle répond accompagnée d’un fin sourire.

Une bonne heure plus tard et un trajet supplémentaire avec beaucoup trop de voitures pour une pauvre roue de secours oubliée, Chouffette ne leur aurait jamais fait un coup pareil, Dani salut Greg. Quel sacré personnage ! En tout cas, elle a compris que les choses préférées du policier dans sa vie était sa famille, Noa of course, sa caisse sans roue de secours et Hugo. Comment ne pas aimer le Blanchard ? Un dernier sourire en direction de Greg qui repart avec la voiture de Noa. Hugo et Dani sont de nouveau à la case départ, enfin pas exactement. Chacun à sa voiture, un chemin mène à Brisbane, l’autre au vignoble. « Hugo… je suis fatiguée. » La Hwang préfère clairement le chemin le plus court. Elle passe une main derrière sa nuque, se massant doucement l’arrière du crâne. Elle commence à être tendue, fatiguée, pour des raisons qui lui échappent totalement. « Je vais rester dormir au domaine ce soir, ça m’arrive souvent. » Elle lui offre un mince sourire. La coréenne avait retapé la petite dépendance qui se trouvait dans un coin perdu de la propriété viticole. Dani aimait bien s’y retrouver après une longue journée de travail. Souvent elle s’y endormait sans s’en rendre compte. Le lieu était simple, mais il y avait le nécessaire dans une ambiance cocooning à son image. La demoiselle s’était créé un sommier à base de palettes. Elle avait rapporté un ancien futon de chez elle, quelques oreillers et un énorme plaid. Elle avait réoccupé un petit frigo car Dani n’était jamais sans ses snacks. Bien évidemment, elle avait planqué bouteilles, verres et tire-bouchon dans son refuge. Elle avait chiné un tourne-disques dans une brocante, car elle aimait écouter de la musique, un livre dans une main et un verre dans l’autre, dans sa petite cabane entourée les vignes. Et pour finaliser le tout, elle s’était appliquée à décorer un mur entier de souvenirs de ses voyages, de cartes postales, de photos de sa famille, des copains et bien évidement d’Hugo. « Tu fais quoi ? Tu rentres ou tu veux rester ? » qu’elle demande relevant ses opales vers le visage du français. Le soleil commençait à se coucher à l’horizon, l’happy hour devait être dépassée depuis un petit moment.

Après tout ce temps perdu, on trouve enfin une solution. J’étais parti dans l’idée de t’amener en ville pour que t’oublies cette journée avec de nombreuses boissons alcoolisées, mais c’est finalement toi qui te retrouves à me raccompagner à la voiture tombée en panne. Ta voiture de fonction est tellement cool. Bien mieux que ma petite Chouffette. Et bien mieux que celle de Morton, mais faudra pas lui dire, ça. C’est que t’es devenue super riche en fait en reprenant ce vignoble, Hwang.

Greg est déjà sur les lieux quand on débarque. Il a pas l’air si furax que ça. Vraiment bizarre. Peut-être que je l’ai sauvé d’un date foireux avec sa femme et sa fille ? C’est pas évident pour lui en ce moment, et je sais à quel point il a besoin de respirer. Si ça se trouve, je lui ai même rendu service. Il me fait des clins d’œil absolument pas discrets, son regard passant de toi à moi, et je suis sûr que t’as dû en intercepter quelques-uns… C’est vraiment un gamin malgré ses 45 piges. Après son petit numéro, une roue changée, des accolades et des remerciements, ils se tirent.
On se retrouve à nouveau tous les deux, en attente de savoir qui va briser ce silence gênant cachant un on fait quoi maintenant ? C’est toi qui prends la parole. Je m’en doutais, t’es plus motivée pour aller faire la tournée des bars avec moi. Je hoche la tête.  « Je vais rester dormir au domaine ce soir, ça m’arrive souvent. » "D’accord…" Et je suppose que je vais donc rentrer chez moi. C’est ce que tu veux dire par là, non ? T’étais déjà pas bien à l’aise du fait qu’on ait à passer une soirée entière ensemble – et j’ai d’ailleurs un peu de mal à comprendre pourquoi, on était quand même amis avant de sortir ensemble – alors maintenant que tout est retombé, t’as sans doute envie de te retrouver seule. Avant, j’aurais insisté pour rester avec toi, mais aujourd’hui, je ne suis pas sûr que ce rôle me revienne.

"Du coup…"
« Tu fais quoi ? Tu rentres ou tu veux rester ? »

Oh. Tu veux bien de moi finalement ? J’essaie de retenir mon sourire. C’est un échec. "Troquer un barathon pour une dégustation de bon vin, ça me tente bien oui." C’est toi qui l’a sous-entendu, pas moi. "On se retrouve là-bas ? Je te suis." que je te dis alors, en grimpant dans la voiture de Greg. Il va bien falloir que je garde mon moyen de locomotion si je veux repartir demain matin. Ouais, demain matin. Après avoir bu, je vais certainement pas conduire. Je sais pas où tu dormiras toi, mais moi je peux me contenter des sièges de la voiture. Ce serait ni la première, ni la dernière fois que ça m’arrivera.
On prend la route pour atteindre ton vignoble, et je me gare à côté de ta voiture. Je te suis comme si tu me faisais visiter les lieux, et c’est dans une petite dépendance que tu m’amènes. Je comprends mieux pourquoi tu disais rester dormir souvent ici. C’est quand même plus pratique d’avoir ça sur place que de rentrer chez toi tous les soirs et te taper les bouchons. On rentre dans cette petite cabane, vraiment bien aménagée. Je te reconnais bien là : la simplicité mêlée à l’esthétique. C’est tout mignon dedans, c’est fonctionnel, t’as aménagé plusieurs coins et t’as même de la déco. "Wow, c’est vraiment trop cool ici." Ca sent toi, ta lessive, un reste de ton parfum et de ton shampoing. Tu dois vraiment y passer du temps ici. Si l’endroit a changé, que des années ont passé, avec cette odeur si familière que je retrouvais dans tous tes chez toi, j’ai l’impression que le temps s’est arrêté. Je retire mes chaussures à l’entrée, et m’aventure davantage dans la pièce. T’as mis plein de photos au mur. J’ai un sourire nostalgique qui se trace sur mes lippes. Y’a beaucoup de photos de nous cinq. Et quelques photos de nous deux aussi… C’était vraiment le bon vieux temps. "Oh, tu les as gardées ?" que je te demande en pointant du doigts les clichés qu’on avait pris dans un photomaton lors de nos premières vacances tous les deux. Je suis carrément gêné, alors que c’est moi qui suis dans ton intimité. Le deuxième exemplaire, à moi, il est au fond d’une boîte chez mes parents. Notre boîte à souvenirs. Celle que j’ouvre plus parce que ça me manque trop. Tu me manques trop.

"D’accord…" Elle n’aime pas le voir comme ça. Elle connait par cœur la moindre de ses mimiques. Elle perçoit quand les intonations de sa voie deviennent dénudées d’émotions. Dani n’aime pas décevoir Hugo, elle ressent une énorme culpabilité remplie de regrets depuis leur séparation. La plaie n’a jamais réellement guéri, une partie de son être refuse d’aimer à nouveau car elle est tout simplement effrayée à l’idée de perdre une nouvelle personne qu’elle aime. Elle ne sait jamais remise du départ de son cher et tendre papy, regardez là aujourd’hui le visage déconfit qui rêve de s’échouer sur un lit et fermer les yeux dans l’espoir naïf de faire des beaux rêves.

Pourtant Dani souhaite rester polie jusqu’au bout. Elle n’a pas envie de jeter Hugo comme une vieille chaussette alors qu’il est venu frapper à sa porte aujourd’hui. Il a fait tout ce chemin juste pour elle. Elle a encore du mal à réaliser, pourtant ils en ont vécu des aventures, la voiture de Greg est vraiment naze comparée à l’inoubliable Chouffette. Alors elle lui laisse le choix entre partir ou rester.

La réponse tombe bien rapidement. "Troquer un barathon pour une dégustation de bon vin, ça me tente bien oui." Malgré les années, les deux ex parlent toujours le même langage, ce qui arrache un franc sourire à l’œnologue. Dans ses plans initiaux elle n’a pas prévu une dégustation, mais s’il n’y a que ça pour le faire plaisir, elle est prête à ouvrir une bouteille, au souvenir du bon vieux temps.

Une fois arrivée au domaine, Hugo se gare à côté de la voiture de Dani qui a bien plus d’allure que celle du légendaire Greg le flic. Machinalement, l’œnologue descend de son véhicule, contourne le bâtiment principal de la propriété, s'aventure dans les hectares de vignes jusqu’à arriver face à une petite cabane, son havre de paix. Elle prend une profonde inspiration avant d’ouvrir la porte, laissant entrer de nouveau Hugo dans l’intimité de sa nouvelle vie, la nouvelle Dani, celle qu’elle est devenue depuis son départ de la France. Elle ressent un drôle de sentiment dans le creux de son cœur tandis que son ventre se tord à l’intérieur. "Wow, c’est vraiment trop cool ici." Dani ouvre les rideaux qu’elle avait laissé fermer, un petit sourire sur le visage face au commentaire du Blanchard. « C’est plus sympa que ma chambre de bonne ! » Elle rêvasse le cœur léger l’espace de quelques instants. Paris lui manque. Les copains lui manque. Dani ouvre un placard, sort de verres et un tire-bouchon. Elle s’accroupit pour récupérer une bouteille de vin de son domaine, elle s’apprête à reprendre la parole alors que… " Oh, tu les as gardées ?" Dani se fige dans ses mouvements avant de se redresser en silence. Elle tient la bouteille d’une main alors que ses opales remontent vers son ex qui fixe une photo. Pas n’importe laquelle, une photo réalisée dans un photomaton lors de leurs premières vacances ensemble. Ensemble, ils sont allés à une fête foraine. Ils ont perdu beaucoup trop d’argent dans les machines à sous, fait à plusieurs reprises le train fantôme. Ils se sont perdus dans un labyrinthe de miroirs, Dani a fait les yeux doux à son petit-amie pour qu’il lui gagne une peluche géante. Inévitablement, ils ont mangé tout un cas de cochonneries à base de barbe à papa et de churros (non épicé pour une fois, le transit du Blanchard a été sauvé ce jour-là). Puis après un tour en grande roue, les deux amoureux ont fait les fameuses photos dans cette boîte à souvenirs. « Oui je les ai gardées. » qu’elle dit d’une voix plus discrète, sentant le rouge lui monter aux joues. Alors elle se retourne et se charge d’ouvrir la bouteille pour s’occuper l’esprit. Elle remplit les verres généreusement, sans doute parce qu’elle a besoin d’oublier cette morose journée. Elle repose délicatement la bouteille sur la table, se retourne et tend un verre à Hugo. Elle porte le sien à son nez, humant les notes boisées du vin rouge. « Fais attention à ce que tu vas dire. » qu’elle ajoute le regardant du coin de l’œil avant de boire une gorgée de son vin.

« C’est plus sympa que ma chambre de bonne ! » "C'est pas bien compliqué de faire mieux." Déjà, rien que le fait de rajouter 30cm au dessus de nos têtes, ça aide bien. Ensuite, même si c'est une petite cabane, je suis sûre qu'elle est bien mieux isolée que ton minuscule cagibi qui te servait de chambre à Paris. Mais bon. Même si c'était une chambre riquiqui, où t'avais les toilettes au même niveau que ta tête de lit, une seule armoire pour tes fringues et tes assiettes, ça restait notre petit cocon à nous deux. Le seul endroit où on était vraiment que nous deux. Nous deux et tes voisins d'en dessous, mais nous deux quand même.
Mes yeux se perdent sur ta décoration qui est toujours aussi soignée, et particulièrement sur ces photos-là. Ça fait sept ans qu'on n'est plus ensemble, mais tu les as gardées, et tu les as même affichées. On est beaux dessus, avec nos joues rosies, nos yeux d'amoureux, la trace de pomme d'amour sur le coin de tes lèvres et l'énorme peluche que je t'avais gagnée. T'avais l'air heureuse à cette époque. Est-ce que tu l'es toujours ? J'espère que oui, tu le mérites. Tu mérites tout le bonheur du monde, ma Dani.

Tu nous sers, et j'ai l'impression que t'attends que je te donne mon verdict. Je fais comme toi, je porte mon verre à mes narines. Très agréable, il est vraiment fruité. Tu te souviens de mes goûts. "Je trouve que ça sent la myrtille. Et hmmm... un peu le poivre aussi, non?" J'ai jamais eu un odorat très fin. À chaque fois que j'essaie, on me dit que c'est pas ce qu'il faudrait sentir. Mais chacun vit sa propre expérience olfactive, non ?
Je fais trinquer nos verres, veillant à ce que tes yeux restent bien ancrés dans les miens pour le rituel du tchin.  Le liquide se dépose sur ma langue, il est doux en bouche, fruité comme je l'avais prédis, et ne laisse pas de touche agressive une fois avalé. "J'aime beaucoup." que je finis par te dire, mes pupilles fixant les tiennes. Trop de souvenirs de nos soirées remontent à la surface. C'est vraiment bizarre de ne pas être proche de toi, de ne pas t'enlacer, de ne pas t'embrasser. Ici, maintenant, j'ai l'impression que rien n'a changé. Mais je suis peut-être le seul à penser ça. "Ca m'avait manqué." Oups, c'est sorti tout seul. Le rouge me monte aux joues, et je détourne le regard. J'embraye rapidement sur ta déco, sur le fait que t'as vraiment dû y passer du temps pour tout aménager. Puis je te demande comment tu vas, si tu t'en sors dans ce vignoble, comment est-ce que tu arrives à concilier ta vie professionnelle et ta vie privée, mais je me retiens à chaque moment de te demander si tu as quelqu'un dans ta vie. Ça ne me regarde pas. Ça ne me regarde plus. Puis, pas sûr que ce soit une bonne idée de se lancer sur ce type de sujet. Une bouteille passe, tu nous ouvres une deuxième bouteille, on joue aux Uno, on se fait un scrabble (pour de vrai) et on finit par s'échouer comme des déchets, chacun de notre côté. Toi dans ce petit lit, moi sur ton canapé. Tu t'endors avant moi. Je reconnais ta respiration apaisée, mais je peine pourtant à trouver le sommeil. Vers 6h, je décide de me lever en faisant le moins de bruit possible : il est l'heure pour moi de rentrer. Toi, tu dors encore. Je prends le temps de te regarder une dernière fois, et je m'en vais. Je t'enverrais un message dans la journée pour te remercier de cette soirée. J'espère que j'aurais réussi à te changer les idées au moins.