C’est l’un de ces jours, où je me déconnecte de tout. C’est l’un de ceux où j’ai besoin de souffler. C’est pas contre le reste du monde, c’est juste moi. Je déconnecte tous mes appareils, mon téléphone est généralement éteint et je le branche, sans l’allumer. Parce que j’ai pas envie. Parce que j’ai pris cette habitude depuis le décès de mon père, de me retrancher de ce qui m’étouffe. Alors, tôt le matin, je prends ma caisse sans savoir l’itinéraire que je vais prendre. Un sac à dos et des chaussures de randonnée, font partie de mes affaires. Sac que je jette sur le siège passager sans un soupir. S’il m’arrive quelque chose, je serais en mesure de prévenir personne. Mais qu’importe. C’est comme ça. Alors, je roule, tout en mettant à la radio, ces musiques des eighties que j’aime tant. Et, que je connais par cœur.
Mes roues crissent et s’arrêtent sur le parking du Toohey and Nathan Ridge Track, et, lorsque je me gare enfin, j’inspire à plein poumons. Prenant alors mon sac à dos et commençant à arpenter le sentier. Sentier qui se trouve être, déjà alpagué par quelques joggeurs matinaux et quelques solitaires, comme moi. Je les salue de la main, avant de continuer vers le point le plus haut. Celui, où on avait l’habitude de rejoindre avec mon père. Ma mère, n’aimant la nature essentiellement que pour la dessiner. Alors, qu’avec Christopher, -mon père-, on aimait la découvrir. J’ai encore plein de clichés sur ce même sentier, où petite, j’avais glissé et griffé mes genoux sur les pierres quelque peu coupantes. Et, lorsqu’on était rentrés à Brisbane, mon père m’avait offert une glace. Parce que j’avais pas pleuré. Parce que j’avais été forte du haut de mes huit ans en ce monde.
Du coup, je continue mon épopée. Avant d’arriver à la vision d’un point de vue qui me semble idéal. Et là, je sors mon carnet de croquis et ma boîte d’aquarelles. Si mon père est présent pour la marche, ma mère l’est au moment où je commence à dessiner. Buvant une gorgée d’eau, je m’allume une clope. Soufflant la fumée vers le ciel bleu. Sans nuages et j’apprécie ça. Ça donne une autre vision des choses, de ce que la réalité peut être. Des heures, je suis sûre d’y rester. Là, sur mon promontoire solitaire. Je dois avoir au moins une douzaine de croquis qui sèchent à l’air libre dans mon carnet. Avec une pensée pour Oliver, me disant que peut-être, il apprécierait le paysage. Que ça l’apaiserait. Parce que des fois, c’est bien de pas parler. C’est seulement bien d’observer.
Afin de rentrer avant la nuit, je repars en sens inverse. Consciente qu’on a peut-être dû me contacter. Cass’ ou Oli’, peut-être. Je verrais bien, en rentrant de toute manière. Roulant sur la route me conduisant jusqu’à chez moi, je fais un détour. Passant prendre un repas chez un traiteur asiatique. Arrivant chez moi, j’ouvre la porte d’un coup de coude et pénètre à l’intérieur de mon appartement. Posant sac à dos à terre et balançant chaussures de randonnée dans ma chambre, avant d’aller prendre une douche bien méritée et d’observer ce que j’ai pu produire quand j’étais là-haut. Dans ma solitude. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure, que je reprends l’envie de me reconnecter au monde extérieur et d’allumer mon portable, qui a fini sa charge.
Pas de message de Cassidy Lowell. Mais d’Oliver Dawson en revanche. Ça parle de l’empêcher de faire une connerie. Que j’ai trente secondes pour répondre à son message. Sinon, il va la faire sa connerie. Alors que je m’apprête à taper le tout premier mot de ma réponse, j’entends qu’on sonne à ma porte. Faisant la moue, j’attends personne mais par acquis de conscience je vais aller ouvrir, voir qui c’est. Alors que ma tête rousse est penchée sur l’écran de mon téléphone, je reconnais ces chaussures et celui qui les porte. Instantanément.
- Oliver ? C’est le seul mot qui franchit mes lèvres, alors que je le fais entrer dans mon appartement et que je referme la porte derrière moi. Et, je peux pas lui poser la fameuse question qui laisse des brûlures : ‘ça va ?’. Parce qu’apparemment, ça a l’air d’être tout le contraire.
Il avait fui comme un môme et une fois dehors, il avait aussitôt plongé sa main dans la poche de son jean pour y chercher son téléphone. Aucune réponse. Putain. Elle ne lui avait pas répondu. Aucun commentaire. En plus d’être son binôme, elle était son amie. Elle aurait dû lui dire quelque chose, lui conseiller quelque chose, réagir. Devant le bâtiment appartenant aux Wells, il passa les mains dans ses cheveux et les garda sur le dessus de sa tête, le regard rivé dans le vide. Le néant. Les yeux encore rougis, il ne savait plus où il devait aller. Rentrer chez lui ? Aller chez sa mère pour l’entendre lui dire qu’il devrait se raser et arrêter de ressembler à un des criminels qu’il devait arrêter ? Se ruer dans un bar pour s’enfiler plusieurs verres bien remplis ? Aller chercher des emmerdes n’importe où pour s’en prendre plein la gueule ? Ses doigts se serrèrent et il se mordilla l’intérieur de la joue pour retenir ses larmes. Il n’allait quand même pas chialer dans la rue comme dans ces comédies romantiques, Il en était arrivé là ? La main posée sur ses lèvres, il prit la direction de chez Billie. Si elle ne répondait pas, il allait chercher la réponse par lui-même. Parler avec Mara, être confrontée à ce souvenir, cela lui avait tout simplement prouvé qu’il s’était engagé dans quelque chose. Ce n’était pas qu’une relation améliorée, c’était une relation tout court. Il avait eu le sentiment de la tromper alors qu’ils n’étaient pas ensemble. Car, ils n’étaient pas ensemble. Correct ? Impossible d’y aller sans aller chercher un peu de courage dans le bar du coin. Plusieurs verres. Trop de verres. Ses yeux n’étaient désormais plus rougis par les larmes, la rancoeur et la colère mais bel et bien par l’alcool. Il avait enchainé les clopes et les whiskey. Pas la meilleure des combinaisons mais il avait finalement le courage pour se rendre chez Billie … qui n’avait toujours pas répondu. Bordel !
Devant la porte de son chez Billie, il ne cessait de s’agiter, de se balancer de droite à gauche sur ses jambes. Les mains tremblantes, aucun doute, il était en stress. Il était à deux doigts d’imploser, d’exploser. Il avait cet air sérieux sur le visage. Il avait le regard vide ou plutôt vidé. Quelque chose n’allait pas, on s’en rendait bien compte et il ne savait pas le cacher non plus. Il n’y pensait même pas. « Tu regardes jamais ton téléphone ou quoi ? » dit-il tout en soupirant, passant devant elle quand elle le laissa rentrer. Une main nerveuse passa dans ses cheveux ébouriffés.
« Je t’ai laissé un message …» qu’il dit en désignant d’un signe de tête le téléphone qu’elle tenait entre ses mains. « Je suis en vie - j’ai pas fait de connerie. » Tentative de sourire. « Mais il est possible, fort probable que je sois allé chez Mara Wells … alors que je sais … je sais, vous avez tous dit que je m’en suis plutôt bien sorti dans cette affaire et que je devrais tenir mes distances et que je sais. » Soupir. Il s’installa sur une chaise et soupira une nouvelle fois. Il parlait trop … l’alcool lui faisait croire qu’il parlait correctement et calmement mais il parlait vite, trop vite. « La connerie, c’était d’aller là-bas » qu’il finit par dire.
Il a pas l’air bien. On dirait qu’un rouleau compresseur lui est passé dessus. Ou un trente-huit tonnes, à toute vitesse. Ou pire, qu’il s’est fait percuter par un train. Il a l’air ébranlé et je l’ai jamais vu comme ça. Ou du moins, pas dans une telle intimité. Et surtout, j’ai l’impression qu’il a bu. Pour se donner la force de je ne sais quoi. Son regard est rougi et j’y décèle pas que de l’alcool. J’y décèle quelque chose de plus. Mais, soit. Je vais pas le brusquer en lui demandant. J’entends bien qu’il me râle dessus. Vis-à-vis de son message, laissé sans suite.
Vu qu’il est là, en face de moi. Je réponds pas à son texto. De toute manière, je crois que malgré moi, c’est trop tard. Alors, j’encaisse et je mords mes joues. C’est ma petite faute à moi, de m’être isolée sans lui répondre. Mais maintenant, je suis là, non ? Avec un soupir inquiet que j’essaye de camoufler, je le vois passer devant moi tel une ombre. Et le voir prendre place sur l’une de mes chaises. Qu’est-ce qu’il a ? C’est cette putain de connerie, qu’il a faite ? Et, je le vois qui s’emballe. Qui commence à parler trop vite. Instinctivement, je m’approche. Doucement. Venant m’agenouiller devant lui et poser mes mains sur ses cuisses. Pour lui offrir un tendre sourire. Et mon regard gris rempli de compassion.
- Oliver ? Que je lui demande à nouveau pour attirer son attention. Pardon, de ne pas t’avoir répondu. Même s’il l’a peut-être compris, vu ma moue gênée, je tiens tout de même à le verbaliser. Ouais, je suis contente. T’es en vie. T’as pas fait de connerie. Un silence, après cet aveu qu’il m’offre. Qu’être allé, chez elle, c’était de la pure connerie. D’où cet homme blessé qui me revient. Avec un soupir lentement, je me redresse. Pour venir le prendre dans mes bras, poser sa tête ébouriffée sur mon ventre. Y rester quelques instants. Comme ça. Lui faire comprendre que si j’ai pas répondu, c’est que je suis là quand même. T’avais besoin d’y aller, non ? Que je souffle doucement.
Le gardant encore ainsi, passant mes doigts dans ses mèches brunes pour encore plus les décoiffer. C’est un geste tendre ça, pour tenter de le faire sourire. Au moins un peu. Mais avant, c’est pas un verre d’alcool que je vais lui offrir. Pas une bière. Je crois que pour le coup, ça va être une tasse de café noir. Parce que de l’alcool, il en a trop bu, je crois. Tout aussi lentement, que je lui ai offert cette étreinte, je me désolidarise de lui pour aller lui préparer un café, qui je l’espère sera bienvenu. Au bout de quelques minutes, je lui présente une tasse, que je mets entre ses mains.
- Tiens. Ça te sera plus bénéfique que de l’alcool. Et, de m’assoir en face de lui, la même tasse de café à la main.
Il était venu sans savoir ce qu’il devait lui dire. Devait-il lui dire qu’il avait pris conscience qu’il était attaché à elle, qu’il avait le sentiment d’être en couple ? Rien que cette notion lui donnait le tournis et surtout envie d’aller se pencher au-dessus de la cuvette des toilettes. Pas son domaine. Pas son truc. Il n’était pas fait pour ça. Il merdait. Il créait des problèmes. Il était incapable de s’intéresser à quelqu’un sur la durée. Pourquoi était-il venu ici ? Pourquoi ne pas être rentré chez lui ? Se balancer comme une merde dans son lit, pioncer et se réveiller avec une gueule de bois carabinée mais seul et sans le moindre souci. Il jouait avec ce foutu pendentif en forme de dauphin alors que ses pensées étaient d’ores et déjà en train de se bousculer. Lui dire, ne rien dire. Partir. Fuir. Il n’était pas encore trop tard pour prendre ses jambes à son cou et partir … il jeta un coup d'œil à la porte d’entrée, de sortie … c’était envisageable mais la silhouette de Billie se plaça devant lui et aussitôt cette fuite n’était plus une option. Il déglutit, pris au piège. Pris à son propre piège.
Elle s’agenouilla devant lui, les mains posées sur ses cuisses. « Oliver ?» Un rappel vers la réalité. Il la regardait. « Pardon, de ne pas t’avoir répondu. Ouais, je suis contente. T’es en vie. T’as pas fait de connerie.»
Et alors qu’il annonçait le pire, ce que son chef lui avait d’ailleurs recommandé de ne pas faire, elle agit de la plus surprenante des manières. Elle le prit dans ses bras et il se laissa tomber contre elle, fermant même les yeux alors qu’elle venait avec tendresse enrouler ses bras autour de lui. Par réflexe, il s’accrocha à elle et ferma les yeux, silencieux. « T’avais besoin d’y aller, non ?» Un haussement d’épaules en guise de réponse. Il avait fallu mettre un point final à cette relation, une sorte de rupture ou qu’avait-il cherché à savoir, à voir en se rendant chez elle ? Elle se détacha de lui et il se redressa pour poser les coudes sur la table et enfouir son visage entre ses mains, suivant ses mouvements qui lui préparait … un café ? « Tiens. Ça te sera plus bénéfique que de l’alcool.»
Il se redressa pour garder la tasse de café entre ses mains. L’odeur lui retournait légèrement l’estomac. « Je sais pas pourquoi je suis allé là-bas. » souffla-t-il sans la regarder. Il fixait désormais son café. « Je sais pas ce que j’y voulais et je suis pas sur que ce soit une brillante idée … c’était une idée pourrie, pour elle comme pour moi. » Il la voyait de nouveau pleurer. Lui, la raison de ses larmes. Il posa la tasse devant lui. « Je crois que je lui ai fait plus de mal que de bien dans cette histoire. J’ai fait qu’empirer les choses. » Il releva la tête pour la regarder, elle. Au fond de ses prunelles, il y avait la culpabilité d’avoir fait pleurer Mara, celle qu’il aurait protégé contre tout et tout le monde. Il se pinça les lèvres avant de passer une main sur son front pour finalement la lâcher sa bombe : « Je veux pas te blesser, Billie. » Il fronça les sourcils ; plus pour pouvoir se focaliser sur elle - l’alcool le remerciait. « Je suis pas certain de ne pas être capable de faire autrement ; apparemment, c’est mon truc. » Soupir, son regard s’écrasa sur la tasse de café qu’il n’avait toujours pas touché.
Il est perdu. Sensiblement perdu. Et ça me broie le cœur de le voir ainsi. Il est mon partenaire, mon binôme et peut-être bien plus que ça, en réalité. Mais ça, je m’en rends compte en le voyant ainsi et en tentant de le réconforter comme je peux. Mes gestes sont tendres, alors que je le prends contre moi et qu’il se laisse aller contre mon corps. Y’a pas besoin de plus. Je lui fournis des caresses apaisantes, ‘aimantes’, parce qu’il compte. Et, il a pas besoin de parler, s’il veut pas. C’est lui qui est en mesure de choisir. Pas moi.
Tandis que je lui prépare un café, je l’entends qui me déclame ses pensées. Se fustigeant d’être allé là-bas. De l’avoir faite, cette belle connerie. Là encore, qui suis-je pour juger ? Il a pensé bien faire sûrement. Mais parfois, la douleur transcende le genre humain. C’est ce que m’a dit mon père, à de nombreuses reprises. Que dans la souffrance, on pouvait se révéler. Au début, j’y croyais pas à ces conneries d’adulte. Et maintenant, que j’y suis confrontée souvent … ça m’arrive de penser à ce qu’il m’a dit. Et, que c’est pas tout à fait faux, en fin de compte. Lui donnant sa tasse, je me rassois. Écoutant ce qu’il a à me dire. Ses sortes de confessions.
- C’est parce que t’en avais besoin, sûrement. Qu’au fond de toi, c’était comme ça. Et, tout ce que je pourrais dire ne diminuera en rien sa peine, ni la tienne. Mais, fallait peut-être le faire à un moment donné … Un silence. Alors que je bois une gorgée de mon café, soufflant sur ce dernier, parce qu’il est encore bien chaud. Avant d’hausser un sourcil, parce que j’entends mon prénom avec le verbe blesser. Tournant ma tête sur le côté, j’attends des explications. Qui tardent à arriver. Me blesser ? Pourquoi ? Je reste incrédule, au vu de mes questionnements. Avant d’entendre la suite.
Et de prétendument ne comprendre qu’à moitié, ce qu’il me dit. Reposant ma tasse de café sur le guéridon présent à côté de moi, je tire ma chaise pour pouvoir me retrouver assise à côté de lui et de poser mes mains sur son visage, et mon front contre le sien. Avant une longue inspiration, suivie d’une courte expiration. Pour qu’on reste ainsi. Silencieux. Et, que je caresse ses joues du bout de mes pouces. Appréciant ce moment fugace, alors que je cherche de mon regard gris, ses prunelles brunes. Qui sont éreintées. Et, qu’il semble être comme Sisyphe, le gars qui doit remonter son rocher sans cesse. Portant sur lui une sorte de fardeau, que j’aimerais prendre aussi. Parce qu’il est mon coéquipier, après tout. N’est-ce pas ?
- Hum. Les êtres humains fonctionnent ainsi. Si on se blessait pas. On existerait pas. On vivrait pas et on se ferait si chier, de rien ressentir. On est pas des machines. Un silence. Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui te bouffe ? Parce que je le connais à force, depuis le temps.
AVENGEDINCHAINS
Dernière édition par Billie Redfield le Jeu 6 Oct 2022 - 16:26, édité 1 fois
L’odeur du café avait rempli la pièce ou c’était l’impression qu’il avait. Cela changeait de l’odeur du tabac du bar dans lequel il avait élu domicile les heures précédentes. L’air frais - puisqu’il était venu à pied - ne l’avait pas vraiment aidé à retrouver la surface de l’eau. Non, il nageait dans le whiskey. Le whiskey et les remords. Son regard alternait entre la rouquine et la tasse qu’il allait devoir boire … tôt ou tard, il le savait.
« C’est parce que t’en avais besoin, sûrement. Qu’au fond de toi, c’était comme ça. Et, tout ce que je pourrais dire ne diminuera en rien sa peine, ni la tienne. Mais, fallait peut-être le faire à un moment donné … » Depuis quand était-elle la sagesse incarnée ? « Me blesser ? Pourquoi ? », un soupir avant d’expliquer que c’était ce dont il était capable de faire. Merder, blesser. Il quitta sa tasse de café alors qu’elle venait encadrer son visage avec ses mains et poser son front contre le sien. Il affrontait son regard tout en y cherchant un refuge. « Hum. Les êtres humains fonctionnent ainsi. Si on se blessait pas. On existerait pas. On vivrait pas et on se ferait si chier, de rien ressentir. On est pas des machines. Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui te bouffe ? » Ses mains étaient venues se poser sur les siennes juste pour quelques secondes avant de les ôter de son visage mais de les garder entre les siennes. « Ce qui me bouffe, c’est que j’ai pas envie de te blesser toi, j’ai pas envie de merder avec toi. J’ai envie que les choses soient différentes. J’ai envie de faire les choses autrement. T’es pas comme les autres, Billie. » Ses doigts pressaient les siens. L’alcool dénoue les langues, laisse échapper des confidences qu’il n’aurait jamais avoué … peut-être ne s’en souviendrait-il pas le lendemain. « Tu me le dirais si jamais quelque chose n’allait pas entre nous ? Si jamais je faisais quelque chose de mal ? Tu me le dirais ? » demanda-t-il presque avec la peur au ventre, rien qu’à l’idée de se souvenir que Mara avait eu peur de lui … il avait effrayé celle qu’il avait aimé. Sans lui laisser le temps de répondre, il lâcha ses mains pour saisir sa tasse de café.
« J’étais là-bas et … j’avais cette putain d’impression de te trahir. De te tromper. C’est con, non ? » Il laissa un rire nerveux s’échapper de ses lèvres. « Complètement débile car on est juste des potes avec ce petit truc en plus … » le disait-il pour se convaincre ? « Je crois que j’ai trop piccolé - faut me couper la parole – quand je bois, je m’arrête pas. » Il tourna la tête vers elle.
« Ca a été ta journée ? » Un sourire qu’elle connaissait, celui qu’il utilisait quand il essayait de noyer le poisson, de prendre la tangente. Mais au lieu de cela, il avala une gorgée de ce café. Enfin !
C’est étrange comme cette atmosphère devient pesante et sérieuse tout à coup. Que je n’ai pas envie de rire, qu’on tombe dans quelque chose qui va nous aspirer et qui me perturbe. Alors, je le laisse s’épancher. Se confier. Dire ce qu’il a à dire, derrière cette tasse de café que pourtant, il ne boit pas. Elle lui occupe les mains et c’est tout. Par des gestes lents, je lui témoigne ma présence. Des caresses sur sa joue et mon front contre le sien. Dans ce qu’on peut qualifier d’amical, en soi. Non ?
Mais, je peux pas m’empêcher de le regarder et d’entendre ces paroles. Qui me font à la fois froncer les sourcils et me touchent. Qu’il n’a pas envie de me blesser. Que merder avec moi, lui semble être une hérésie et il a envie que les choses changent. Parce que je suis différente à ses yeux. Comme il semble l’être aux miens. Sinon, ça me toucherait pas autant. Même s’il est rond comme un Polonais, je sais que l’alcool apporte des vérités. Qui sont délicates à dire. Et alors, c’est peut-être pour ça, qu’il s’est imbibé d’alcool. Pour se donner un booste de courage.
- Hé ! Hé ! Que je m’exclame, en lui donnant une tape sur la joue. Ça va, je suis pas en sucre. Je le ressens que t’as pas envie de me blesser. Que tu veux pas merder. Et, t’es pas comme les autres Oli’. T’es clairement pas comme les autres. Un silence, avant que mon regard gris ne cherche d’autant plus son regard brun et si usé. Je te le dirais ouais. Promis je te le dirais. Mais, je vais te dire un truc, dont tu te souviendras peut-être même pas, vu que t’es bourré. Que je lui dis en riant, un sourire malicieux sur mes lèvres, mais mes prunelles grises qui sont-elles, des plus sérieuses. Je te fais confiance. T’es en droit de le savoir. D’accord ? T’es en droit de connaitre ça. Que sur le terrain et même en-dehors, je te fais confiance.
Le reste de sa phrase, ça me tord les entrailles. Et, ça me vrille l’âme. Qu’être là-bas, à s’expliquer avec Mara Wells, ça lui a donné l’impression de me tromper moi, Billie Redfield. J’ai un haut-le-cœur, parce que ça me donne le tournis, le vertige et que c’est bizarre. Il l’a bien dit non ? Qu’on était juste des potes avec un petit truc en plus. Rien d’autre. Pinçant mes lèvres et l’intérieur de mes joues, je sirote mon café. Silencieuse. Qu’est-ce qu’on est finalement ? Vu qu’il vient de m’asséner ça en pleine figure pour le clôturer par une interrogation totalement désinvolte comme lui seul sait le faire. Un petit rire s’échappe de ma silhouette alors que je viens poser ma tête rousse sur son épaule, venant tapoter sa joue du bout de mes doigts.
- Parfaite journée. Mais encore bien meilleure depuis que t’es arrivé. Mais, je peux pas laisser ce qu’il a dit trop longtemps en suspens. Que, c’est peut-être se voiler la face que de rien affronter. Interdit de picoler, jusqu’à nouvel ordre. Ordre de l’agent Redfield. Mais le reste, ça sort pas. Ça vient pas encore. Sauf ça : On fait à ton rythme.
« Hé ! Hé ! Ça va, je suis pas en sucre. Je le ressens que t’as pas envie de me blesser. Que tu veux pas merder. Et, t’es pas comme les autres Oli’. T’es clairement pas comme les autres. » Il se tait. « Je te le dirais ouais. Promis je te le dirais. Mais, je vais te dire un truc, dont tu te souviendras peut-être même pas, vu que t’es bourré. » Il roula des yeux avec un sourire amusé aux lèvres même si elle avait raison sur toute la ligne. « Je te fais confiance. T’es en droit de le savoir. D’accord ? T’es en droit de connaitre ça. Que sur le terrain et même en-dehors, je te fais confiance. » Il acquiesça d’un signe de tête, soulagé. Elle lui faisait confiance autant qu’il lui faisait confiance. Après tout, au boulot, ils avaient la vie de l’autre entre leurs mains. Ils devaient surveiller les arrières de l’autre.
« Parfaite journée. Mais encore bien meilleure depuis que t’es arrivé. » Il soupira en haussant les épaules ; elle était folle. « Interdit de picoler, jusqu’à nouvel ordre. Ordre de l’agent Redfield. » « Marché conclu. Pas bien compliqué, je suis pas sur de pouvoir avaler quoique ce soit d’alcoolisé … rien que le mot me retourne l’estomac. », avouait-il. Il ne se souvenait même pas du nombre de verres qu’il s’était enfilé, assis derrière le comptoir du bar. Il se souvenait surtout du sourire du barman, compréhensif et très avenant. Il était à portée de main à chaque fois que son verre se vidait. Un bon gars. « On fait à ton rythme. » qu’elle finit par lui dire et il tourna aussitôt la tête vers elle. « Est-ce-que je peux crècher ici ce soir ? » Une demande surprenante mais il se devait de le demander car il était comme ça, malgré ses airs de barbare, il était un gentleman et avait beaucoup trop de respect pour son binôme pour s’inviter sans avoir son accord. Le regard vitreux - à cause de l’alcool - il tendit le bras pour venir poser sa main sur sa joue et finalement glisser sur sa nuque. « Tu me plais, Redfield. » qu’il dit en laissant sa main retrouver sa propre cuisse. Un sourire s’afficha sur ses lèvres. Le sourire du mec bourré qui prend doucement conscience qu’il est bourré. Il avait dit cela une première fois avec cette voix rieuse avant de le répéter plus sérieusement, sans perdre son sourire. Malgré son regard vitreux, malgré le fait que son appartement tanguait, il essayait de se concentrer sur ses prunelles grises pour répéter un « Tu me plais … beaucoup. » Dans son monde à lui, peut-être que cela voulait dire beaucoup plus qu’un simple tu me plais. Sans doute. Un énième sourire avant de poser ses deux coudes sur la table et de caler sa tête entre ses mains.
« Woh – je crois que je suis beurré … Billie. » qu’il marmonna tout en restant dans cette position.
Il est bien plus important que ce que je vais bien croire. Sinon, je serais pas inquiète. De l’avoir vu ainsi, débarquer dans mon appart’, dans un état totalement désabusé et perdu. Or, je lui fais totalement confiance et ça, ça risque pas de se modifier. Parce que depuis qu’on bosse ensemble, c’est comme ça et pas autrement. Je lui donnerais ma vie, comme je le pense sans me tromper, qu’il me confierait la sienne. On fonctionne comme ça, et c’est notre mécanique qui est bien rôdée.
Je ris en le voyant hausser les épaules et me dédier un soupir. À ses yeux, je suis peut-être folle après tout. Mais, j’aime qu’il soit dans mon univers. Qu’il en vienne à partager des choses avec moi. Comme lors de cette soirée au karaoké, où il s’est pointé sans prévenir. J’ai trouvé ça touchant. Je ne peux le nier, d’ailleurs. Et, c’est avec un tendre sourire que je constate qu’il répond par la positive à mon offre. Celle de plus boire. Au moins, d’arrêter pour ce soir. Lui offrant une œillade grise rieuse pour toute réponse. Mais, mes prunelles s’arrondissent sous la stupeur et sous sa question, surtout. Bien sûr qu’il peut rester ici ! Je serais folle de le laisser partir comme ça. Parce que là, je serais sûre qu’il la ferait sa connerie. Hors de question, agent Dawson. Tu restes.
- Ouais, bah plus rien de ce genre dans ton estomac, Dawson. Un silence. Bien sûr que tu restes ici. Je te laisse clairement pas repartir dans ces conditions. Il ne l’aurait pas fait pour pour moi. Alors, c’est sûr que je le fais pas pour lui. Il reste. Point barre. Et, de sourire encore tendrement parce que mon binôme prend tout doucement conscience qu’il est bien loin. Qu’il est bien bourré. Mais, j’y décèle un fond de vérité toutefois. Que je relève pas. Pas maintenant. Y’a pas besoin d’être un flic aguerri, pour voir que t’es bien beurré Oli’. Je lui souris, tout en me redressant.
Pour m’approcher délicatement de lui. Et, de le saisir par le bras non sans une forme de tendresse. Un regard pour lui signifier, qu’il peut prendre son temps pour se relever. Parce que son état, il est pas facile. Avec cette impression d’être sur une mer agitée et que son corps doit combattre ça. Lorsqu’il est debout sur ses pieds, on fait à son rythme. Comme je lui ai dit. Et, de lui souffler qu’il peut s’appuyer sur moi. Direction, ma salle de bain qu’est pas loin. Sans un mot de plus, je commence à lui ôter ses vêtements. Nulle envie sexuelle derrière. Juste une envie, qu’il se sente ‘mieux’. Et, alors qu’il est nu, j’allume l’eau. Fraîche. Pour l’y plonger en-dessous. Pour ensuite me dévêtir à mon tour et le rejoindre. Afin de prendre doucement sa tête dans mes mains, et de la faire rencontrer le carrelage frais de ma douche.
- C’est … mieux ? Que je lui demande tout en l’observant, légèrement anxieuse. Si tu dois vomir, tracasse pas. On est déjà dans la douche. Que je lui dis en riant, continuant mes attentions et attendant malgré tout le verdict. Je t’en voudrais pas. Du moins pas comme au gars, qu’on a interpellé l’automne dernier et qui a eu l’envie incongrue de me faire partager son petit déj’. Un baiser sur sa joue. T’en fais pas pour moi. Vraiment. Un silence, assorti d’un sourire des plus tendres. Tu te sens mieux ? Ou c’est pire ?
« Ouais, bah plus rien de ce genre dans ton estomac, Dawson. » Sage décision qu’il allait suivre à la lettre. « Bien sûr que tu restes ici. Je te laisse clairement pas repartir dans ces conditions. » Hallelujah ! Il n’aurait sans doute pas été capable de se commander un taxi, de se hisser vers le troisième étage pour ouvrir la porte de son appartement et se vautrer dans son lit. Rien que d’énumérer toutes ces étapes dans son esprit, il prenait conscience qu’il allait lui être redevable de ce super service. Elle protégeait un peu sa dignité au passage car celle-là, il l’avait laissé devant l’immeuble de Mara, en chialant comme une première. « Y’a pas besoin d’être un flic aguerri, pour voir que t’es bien beurré Oli’. » Il lâcha un rire sincère et spontané. Le fameux rire du gars beurré, celui qui vient avec un peu de décalage, le temps que l’information monte à son esprit mais un rire sincère néanmoins. Ouais, pas besoin d’être flic pour se rendre compte qu’il avait dû y laisser quelques billets sur le comptoir de ce bar. Elle vint enrouler son bras autour de lui pour l’aider à se relever et son regard se posa sur elle pendant une ou deux secondes, juste le temps de s’imprégner de cette image. Billie qui l’accompagnait à se diriger vers sa salle de bain. Il en avait honte, enfin il allait en avoir honte … à ce moment-là, au stade du mec qui survivait, il n’en avait pas encore conscience. Il tanguait un peu, lâchait quelques jurons quand il sentait qu’il l’attirait un peu trop de l’autre côté et tendait le bras pour essayer de trouver un semblant de stabilité. Le rôle du parfait pote. Adossé au mur de la salle de bain, il se laissait manipuler comme une vulgaire poupée de chiffon tout en laissant échapper quelques éclats de rires quand il prenait conscience de la situation. « Oho ! » avait-il lancé en se rendant compte que quelques cents étaient tombés de la poche de son jean quand il s’en était retrouvé délesté. Il s’était abaissé rapidement pour les ramasser, les brandissant sous le nez de Billie avec le regard pétillant – celui du mec bourré qui pensait avoir fait la découverte de l’année.
Et docile, il se glissa sous la douche. Les paumes de main posées sur le mur de la douche, il laissa sa tête tomber en avant pour sentir le jet d’eau chaude venir frapper sa nuque. Fermer les yeux était une bonne idée, se disait-il. Il ferma les yeux, essayant de garder équilibre malgré le fait que les paupières closes, tout tournait. Il se redressa pour se retourner et ouvrir les yeux quand il la sentit venir se glisser à son tour. « C’est mieux ? » Il hocha la tête. « Si tu dois vomir, tracasse pas. On est déjà dans la douche. » Une grimace vint étirer ses lèvres alors qu’il agitait la main vers elle comme pour la pousser doucement. « Ihhhh ! Dis-pas de connerie. » qu’il répliqua d’une voix rieuse, retrouvant doucement son sourire. « Je t’en voudrais pas. Du moins pas comme au gars, qu’on a interpellé l’automne dernier et qui a eu l’envie incongrue de me faire partager son petit déj’. » « Non mais arrête, je vais pas vomir ! Promis. Un Dawson, ca vomit pas. Vomir, c’est tricher. » qu’il répliqua avec un faux air d’expert en matière de beuverie. Et, sa voix s’éteignit quand les lèvres de Billie vinrent à la rencontre de sa joue mal rasée. « T’en fais pas pour moi. Vraiment. » Silencieux, il la fixait tout en se demandant ce qu’il avait fait au bon dieu pour avoir quelqu’un comme elle dans sa vie. Comment faisait-elle pour ne pas fuir, ne pas le repousser, ne pas rouler des yeux ? Il n’en avait aucune idée et devrait sans doute y réfléchir d’ici les heures, jours, semaines qui suivent … car elle était en train de lui démontrer par les faits qu’elle était là, même dans ses pires états. « Tu te sens mieux ? Ou c’est pire ? » qu’elle lui demanda alors avec un tendre sourire.
Levant les bras pour finalement poser les mains sur le haut de son crâne, il pencha la tête doucement en arrière pour laisser le jet d’eau venir s’écraser sur son visage. Mauvaise idée car il avait l’impression que cela provoquait un tsunami dans son estomac mais ca avait au moins le dos de lui remettre les idées en place. Il passa les mains sur son visage tout en reprenant une position normale, reposant son regard sur elle. « J’ai l’impression d’être capitaine Hook sur un navire plus trop en état tellement ça tangue mais ça va mieux, ouais. », dit-il en essayant de jouer le numéro du mec avec de l’humour. Plus son regard s’accrochait à Billie, plus il prenait conscience de sa beauté. Une beauté sauvage et pourtant si radieuse. Une frimousse attendrissante qui pouvait se révéler foudroyante. Elle irradiait. Elle avait ce quelque chose qui lui donnait le sentiment d’être bien. Juste bien. Et, c’était tout ce dont il avait jamais eu besoin : être bien. « Merci. » souffla-t-il après avoir porté une de ses mains à ses lèvres et y déposer un tendre baiser. « Si j’ai dit de la merde ou dis encore des conneries ; faudra pas m’en vouloir … Je suis une putain de tête à claques quand je bois. Normalement, j’m’efforce de pas croiser les gens devant qui j’essaie d’avoir fier allure. » Un nouveau rire. Ouais, il avouait ouvertement qu’il avait envie d’être un type bien devant elle, de l’impressionner, de lui plaire, d’avoir fier allure en fait. Car son avis comptait et lui importait … depuis toujours. Oliver releva la tête pour la regarder et arqua un sourcil : « Désolé de débarquer comme ça, comme un wrack … fallait juste que je te vois. » Non, il fallait que tu parles Oli … mais t’es pas capable d’enchaîner les phrases qui ont du sens. Putain de bordel de merde, Oli !
Il reste chez moi. Du moins, il en a pas vraiment le choix. Je le vois honnêtement mal, remonter jusqu’à chez lui, même dans un taxi. Non, je lui ai dit que je le gardais. Et, je compte le garder. La preuve en est, lorsque je l’aide à se mouvoir jusqu’à ma salle de bain. Consciente que notre trajectoire ne doit pas être très droite, du point de vue d’un observateur extérieur. Mais, je m’en fous. Je le laisse s’équilibrer, le temps qu’il lui faut. Quitte à me faire entrainer par sa carrure quelquefois. Or là encore, je souris tendrement. Surtout lorsque bon prince, il me fout sous le nez, des cents en plus. Mort de rire, parce que Monsieur est fichtrement bourré. Cents que je récupère, d’ailleurs. En riant et en chuchotant : Pour l’escorte. Jusqu’à ce qu’on arrive sans heurts à notre destination, pour le plonger sous la douche.
Le laisser seul tout d’abord, puis venir ensuite. Le temps qu’il s’acclimate et que tout arrête de tourner. Faut un petit temps pour ça, généralement. Mais, il est robuste non ? Même si je serais pas surprise, qu’il vomisse. Arquant un sourcil, je l’entends démentir. Que jamais, un Dawson ne peut se permettre de rendre l’alcool qu’il a auparavant ingurgité. Mouais. Je reste à moitié convaincue, mais ça a l’air d’aller mieux chez lui et intérieurement, je me dis que je suis assez soulagée de cette situation. Je l’observe avec plus d’attention, s’imprégner de l’eau qui ruisselle sur son corps. Et non, j’ai été mauvaise langue : il a pas vomi. Mon regard gris, le scrutant avec une certaine tendresse.
- Ça va. Tu peux être fier de toi, t’as pas vomi. Vu qu’apparemment, c’est pas dans tes standards. Je lui rétorque ça en riant. Tapotant de ma main sa joue mal rasée, où auparavant ma bouche s’est présentée. Capitaine Hook ? Smee vous demande, si vous vous portez bien, pour le coup … Malgré, vos quartiers qui tanguent …Et, ça a l’air d’aller mieux. Et, de pouffer de rire. Parce que je suis quand même à des lieues de ressembler à l’acolyte et bras droit de ce cher Capitaine. Merci bien.
Et là, lorsqu’il me regarde avec cette insistance, y’a mon palpitant qui rate un battement. Qu’est-ce qu’il tente d’apercevoir malgré les brumes d’alcool ? Malgré qu’il se sente tout de même mieux. Ma réponse, je l’obtiens quand il vient embrasser tendrement mes mains et me souffler un remerciement, qui me fait sourire. Avant de me mettre à rire. J’ai déjà ma répartie de prête, tant cela m’est facile. Alors, me plaçant sous l’eau chaude, je passe mes mains dans mes boucles rousses et souples, adoptant un air des plus sérieux, alors que mon sourire taquin me trahit ainsi que mes iris grises.
- Seulement, quand t’es bourré ? T’es sûr ? Et, d’être attendrie à la suite de sa phrase, ce qui lui octroie un baiser sur ses lèvres. M’en fous pertinemment qu’il ait bu, vu que j’approfondis ce contact. Merci. Même si je peux être la plus reloue de la galaxie ? Et, de le taquiner, tout en lui offrant une œillade des plus sérieuses. Et une oreille des plus attentives. Et surtout, de le dédouaner, vu ce qu’il est en train de me dire. Hé, t’es pas un wrack. T’es humain, c’est tout. Fallait que tu me voies ? Okay, bah je suis en face de toi, là.
Je le sens qu’il est bizarre. Ça fait depuis notre dernière année en école de police qu’on est ensemble. En binôme.
Je peux dire que je le connais même plus que ma propre mère, à force. - Je te laisse prendre une douche. Et si tu veux, après, on partage. J’ai pris de la bouffe au traiteur asiat’, celui en bas de notre quartier, là. Et, y’en a clairement assez pour deux. Je case généralement, deux trois compliments en chinois, et j’ai des petits trucs en plus. Silence. Allez, je t’attends.
Il est peut-être là, le problème en fait. ‘Le petit truc en plus.’
« Ca va. Tu peux être fier de toi, t’as pas vomi. Vu qu’apparemment, c’est pas dans tes standards. » « Exact - tu comprends vite. », qu’il dit tout en secouant la main devant elle, fier de ne pas avoir vomi … woh ! Il s’améliorait le Dawson. Il faisait même preuve d’exploit apparemment. « Capitaine Hook ? Smee vous demande, si vous vous portez bien, pour le coup … Malgré, vos quartiers qui tanguent … Et, ça a l’air d’aller mieux.» Un large sourire idiot vint se dessiner sur ses lèvres et illuminer son visage aux traits tirés, à la gueule de déterré. Car, il était loin d’être beau le Oli. L’alcool, c’était moyen pour resplendir et charmer.
« Seulement, quand t’es bourré ? T’es sûr ? » Il fit semblant de se renfrogner, enfonçant le coude vers le bas et prenant une moue faussement boudeuse. Alcoolisé, il n’avait pas le moindre répondant le Oli … il se comportait plutôt comme un mime, mimant un million d’émotions plus ou moins ridicules. Un gamin. L’alcool, ça vous rajeunit, non ? Elle l’embrassa après s’être moqué de lui et il s’y accrocha à ce baiser. Il s’y accrocha au point de poser une main sur sa hanche, pressant doucement sa peau de porcelaine - pour contenir la passion qui le brûlait à petits feux ou pour conserver son équilibre. Au choix. « Même si je peux être la plus reloue de la galaxie ? » dit-elle en détachant ses lèvres des siennes, à son plus grand regret … à en juger par son regard perdu. Il roula des yeux tout en étouffant un ricanement. La plus relou de la galaxie, un juste titre pour une nana de son envergure. Ouais, il l’aimait bien quand elle était relou. « Surtout parce que … » dit-il sans finir sa phrase. Pas le temps, pas l’envie, pas le besoin. Cela lui arrivait souvent quand il avait bu, il ne finissait pas ses phrases, changeait de contexte, de thématique. En vrai, il était un putain de chaos quand il avait bu. Ses lèvres ne suivaient pas ses pensées. Ses gestes ne suivaient pas ses pensées non plus d’ailleurs. « Hé, t’es pas un wrack. T’es humain, c’est tout. Fallait que tu me voies ? Okay, bah je suis en face de toi, là. » Il claqua des doigts devant elle tout en faisant un flingue avec son pouce et son index, un sourire débile aux lèvres quand elle précisait être face à lui désormais. Il avait même tenté d’ajouter un petit pas de danse - ridicule - à ce geste. « T’es là, ouais. » Débile.
« Je te laisse prendre une douche. Et si tu veux, après, on partage. J’ai pris de la bouffe au traiteur asiat’, celui en bas de notre quartier, là. Et, y’en a clairement assez pour deux. Je case généralement, deux trois compliments en chinois, et j’ai des petits trucs en plus. Allez, je t’attends. » Il hocha d’un signe de tête. Sage comme une image, il allait bien avoir besoin de se remplir l’estomac. C’était une brillante idée. « Ca marche. » souffla-t-il simplement tout en la suivant du regard, disparaître de la cabine de douche, disparaître de la salle de bain.
Il se retourna là, se tapota les joues du plat des mains comme pour se motiver, se réveiller, … si c’était pour décuver, c’était peine perdue. Il inspira et expira profondément à plusieurs reprises tout en fixant le carrelage humide de la cabine de douche. Inspirer. Expirer. Ne pas paniquer. Quelques minutes plus tard, il réapparut dans le champ de vision de la rouquine, une serviette éponge autour de la taille, les cheveux ébouriffés et un air davantage humain sur le visage.
« J'voudrais vraiment te donner un coup de main mais je vais me poser là ...» qu'il dit en désignant l'endroit où il allait s'asseoir ou plutôt où il semblait se liquéfier puisqu'il se laissa presque tomber. L'eau chaude, la vapeur, l'alcool, il était juste un bisounours tout moelleux, le Oli. Un coup d'oeil vers Billie. « Je lui ai dit que j'avais quelqu'un » finit-il par dire comme si on parlait de la pluie et du beau temps.
- Que t’es con … Je lui murmure ça, en explosant de rire par la suite. Parce que je le vois, ce pic de fierté de pas avoir vomi dans mon appart’, à peine le seuil franchi. J’avoue qu’il est plus robuste que moi, mais j’imagine même pas combien de verres, il a pu s’enfiler pour être comme ça. Je pense que c’est le genre où : à peine fini, aussitôt rempli. Et que ce soir dans un Bar, Oli’ a dû faire une bonne partie du chiffre d’affaire, je parie. Or, ça a l’air d’aller bien mieux. Tandis que je l’embrasse et que lui, pose une main sur ma hanche. On approfondit ce baiser, parce que je suis contente de le retrouver. Que rien de dommageable ne lui soit arrivé. En gros, qu’il soit sain et sauf.
J’adore le taquiner. C’est mon petit passe-temps favori. Parce que je l’ai pas oublié hein, ‘la plus reloue de la galaxie’. Et qu’en plus, je le vois museler un ricanement. Ce qui me fait sourire de nouveau avec tendresse, non sans m’arrêter au moment où je me destine à lui donner un coup de coude dans le flanc. ‘Surtout parce que ?’ Bordel. C’est quoi, cette manie à pas finir les phrases ? Décidément, plus aucune goutte d’alcool ne doit franchir ses lèvres. Plus au-cu-ne. Haussant un sourcil, je le vois mimer un geste qui me fait sourire avant de me lâcher ces deux mots. Comme s’ils sont d’une importance capitale. Ouais, je suis là. Et, je l’ai toujours été, je crois. Et, je sais que malgré moi, je le serais peut-être toujours.
Avant un dernier baiser, je me permets de sortir de la douche. Pour revêtir l’ensemble que j’ai dû enlever pour le rejoindre. Je le laisse se décrasser et peut-être décuver, alors que je m’apprête à sortir du sac en plastique, les plats cuisinés et de les disposer sur l’îlot central de ma cuisine. Les odeurs cruelles des denrées asiatiques me tentent. Et c’est, comme une gosse que je pique une bouchée vapeur dans l’un des plats avant qu’Oliver ne refasse une apparition dans mon champ de vision. Déjà bien mieux, qu’il y a près d’une vingtaine de minutes. Je ris à sa proposition. Laquelle, je réponds d’un geste de la main qui veut tout dire.
- Tracasse. J’ai compris. Aucun problème. Un petit sourire, occupée à la tâche de disposer dans des assiettes, des bouchées. Avant de me figer. Qu’est-ce qu’il en train de me dire, là ? Comme à son habitude, d’un air désinvolte au possible. Aussitôt, je me reprends. Me saisissant d’une assiette que je lui apporte, la plaçant entre ses mains. Avec cette envie de lui dire d’arrêter de dire des conneries. Mais. Il est sûrement sérieux.
Dans ces situations, je sais pas comment réagir. Parce que chez moi, ça a toujours merdé. On me prend toujours pour la fille bizarre, au tempérament un peu trop volcanique pour être tempéré. Et, je me suis toujours séparée d’un commun accord. Parce que c’était comme ça, que ça doit se faire. J’ai l’air de rester silencieuse, parce que je sais pas trouver mes mots. Que lui aussi, il a lâché un putain de cataclysme, en seulement neuf mots. Et en deux minutes à peine. Là, j’ai pas envie de mon assiette, que je délaisse. Pour venir me placer à côté de lui. Une main sur son bras, et de confesser. Même si je sais pas faire. Mais c’est lui.
- Ça … m’importe. Et … Une inspiration longue avant que mon regard gris ne se rive au sien. Je suis pas douée pour … dire ce que je ressens. Et, je suis souvent la nana qui est prise pour la folle, dont on a marre après des semaines. Parce qu’il y en a, le côté reloue, ça les agace. Que je ris, tout en le regardant. Et toi, je sais que ça t’agace pas. Que t’as l’air d’apprécier ça. Et si je dis de la merde, tu peux aussi m’arrêter, hein. C’est donnant-donnant. Un nouveau sourire, alors que je caresse tendrement sa joue.
« Tracasse. J’ai compris. Aucun problème. » Il s’était d’ores et déjà vautré. Apparemment, il n’avait pas eu le besoin d’attendre confirmation. Et c’était avec la plus grande désinvolture qu’il lui annonçait cette part de vérité qui le tiraillait, qui l’avait tiraillé toute la journée. Elle s’approcha de lui, sans réagir, lui calant une assiette entre les mains qu’il saisit comme un gosse, docile. Elle le fixait et lui, il se tenait là … comme un con avec son assiette entre les mains. Il avait dit une connerie, il le voyait à sa tête qu’il venait de franchir un point. Le point de non-retour ? Alors qu’elle se débarrassait de son assiette pour venir s’asseoir à côté de lui, il l’imita … car il devait bien se raccrocher à quelque chose. « Ca … m’importe. Et … » Il ne bougeait pas, il était paralysé par la peur d’avoir fait un faux pas. Il buvait ses paroles, il s’accrochait à ses lèvres, attendant le couperet qui viendrait lui couper la tête. « Je suis pas douée pour … dire ce que je ressens. Et, je suis souvent la nana qui est prise pour la folle, dont on a marre après des semaines. Parce qu’il y en a, le côté reloue, ça les agace. » Elle rit, alors il rit lui aussi. Putain de mimétisme auquel il était en train de faire son hobby. « Et toi, je sais que ça t’agace pas. Que t’as l’air d’apprécier ça. Et si je dis de la merde, tu peux aussi m’arrêter, hein. C’est donnant-donnant. » Sa main se posa sur sa joue et sa tête pencha doucement de ce côté, comme pour pouvoir davantage s’imprégner de cette candide marque d’affection.
Il la regardait. Son regard alternait entre chacune de ses orbes. « Non … tu dis pas de la merde. » finit-il par dire en secouant la tête comme pour se réveiller du songe dans lequel il avait flotté quelques minutes auparavant. Il se redressa sur son séant, essayant de retrouver un peu de prestance … même si bon, il avait une sale gueule et ne portait qu’une serviette éponge autour de la taille. Il y avait mieux comme contexte pour parler de ses sentiments, pour parler de trucs sérieux. « Je suis loin d’en avoir marre - et je crois que c’est même ton côté relou et un peu cinglé qui me plaît … je tiens quand même à préciser que tu es parvenue à me faire débarquer dans une soirée karaoké … de mon plein gré. » Petit éclat de rire alors qu’il tourna la tête vers elle, lui offrant un de ces regards tendres qui étaient plutôt rares. Ses mains se posèrent sur le haut de son cou, de part et d’autre, et il s’approcha alors doucement d’elle pour venir lui dérober un tendre et délicat baiser du bout des lèvres. « On est pas obligés de parler de ce qu’on ressent » dit-il dans un murmure. « C’était juste une phrase à caractère informatif que je voulais te partager. » continua-t-il avec un sourire malicieux aux lèvres, redevenu provocateur. Ses pouces venaient caresser les lignes de sa mâchoire alors que son regard ne se détachait pas du sien. « Je suis pas doué pour les longs discours et encore moins dans le rôle du mec “qui a quelqu’un” mais tu me donnes envie de tenter le coup. » Il se mordit la lèvre pendant une seconde. L’alcool lui faisait dire beaucoup trop de trucs, bordel ! « Toi, ton côté reloud et tes boucles rousses. » qu’il finit par dire tout en lui décochant un sourire malicieux.
Je le vois bien qu’il se raccroche à moi, pour tenter de comprendre mes non-dits. Mon absence de paroles après cette bombe. Il a l’air d’être tendu et tout autant figé que moi, parce qu’il y a une certaine appréhension. Que j’ai cette impression de marcher sur un fil, pas plus gros que quelques millimètres et tendu au-dessus du vide. Mais, je sais. Je sais, qu’il compte. Qu’il est ô combien différent des ‘autres’. De ceux, que j’ai pu côtoyer et qui, au bout d’un petit moment en ma compagnie se sont lassés. Je vais pas dire que ça m’a brisé le cœur, hein. Y’en a chez qui, ça se voyait tout de suite. D’autres, un peu moins. Puis, c’était cette impression d’attendre sur le quai d’une gare et de pas retrouver la bonne personne. Du coup, je l’ai jamais pris comme un échec.
C’est pas grave en soi. Y’a bien pire dans la vie. On rebondit. C’est comme ça que ça fonctionne la vie, même si c’est de la merde. Et, que parfois, y’a le Roi des Cons qui bouscule un peu tout d’un coup, là. Qui s’immisce, sans crier gare. Et qui sort des paroles, qui sont remplies de sens. Alors que moi, j’ai du mal. Je sais pas m’exprimer. Sauf peut-être bourrée, comme quand je lui ai dit qu’il me plaisait. De fait, y’a peut-être un pattern à creuser de ce côté : s’avouer des trucs importants en étant saouls. Ça serait original mais je crois, que ça nous correspondrait. Tout comme lui, j’ai dit que je pouvais dire de la merde. Sauf que moi, je suis pas beurrée. Pas encore, du moins.
- Ah. Un ‘ah’ de soulagement, aussitôt remplacé pour un sourire tendre. Reloue et cinglée, je note. Que je lui souffle, en riant. J’avoue que rien que ça, c’était un exploit. De te voir débarquer, dans l’une de mes soirées karaoké ! Et, t’as vu Carl aussi. Presque tout de lui … Que je susurre contre ses lèvres, toujours avec une moue rieuse. Et de me laisser embrasser, avant qu’il ne me soulage d’un poids par ses mots. Ça me convient. Et, j’apprécie à sa juste valeur, cette phrase à caractère très informatif.
Mon regard gris ne se détache pas du sien. Et, j’enregistre chacune de ses paroles. Souriant à toutes. Ainsi donc, il veut tenter le coup. Lui aussi, se jeter dans le vide. Sans plus aucun filet. Passant mes doigts dans mes boucles rousses, j’en place certaines derrière mon oreille. Flattée, tout de même. Au diable, l’assiette du traiteur asiat’ ! Alors que je la prends de ses mains pour la poser au sol, mes mains sur les siennes. Pour les caresser et les enserrer, délicatement.
- On est pas doués tous les deux. Y’aura pas de jalousie comme ça. Je le lui dis, en souriant, conservant toutefois un regard pour le moins sérieux. Vu ce que je vais dire ensuite. J’ai envie de tenter le coup. Avec toi. Un rire. Toi, le Roi des Cons, fichtrement bien élevé quand même, je tiens à le préciser … Cette fois, je me permets de venir sur lui, mes jambes entourant les siennes et mes mains posées sur sa nuque. Pour lui délivrer un baiser affectueux au début. Puis, bien plus passionné ensuite. Faut fêter ça … Non ? Ces quelques mots, je les lui chuchote d’une voix suave à l’oreille. Une petite œillade taquine qui signifie : ‘sauf si Monsieur est bien trop bourré et veut faire ceinture’. On sait jamais.