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PENNY STRINGER & @MABEL GRIFFITHS

Jamais tu n’aurais pu imaginer le jour où Mabel Griffiths viendrait te rendre visite chez toi. Pas plus que tu n’aurais pu t’imaginer lui rendre visite chez elle il y a à peine six mois de ça. Et pourtant, les deux situations étaient devenues des réalités. Et pourtant, voilà que tu l’attendais avec un brin de nervosité face à cette visite. Les tensions avaient grandement diminué entre vous deux, depuis que tu l’avais vu en début d’année. Elle semblait loin, votre relation parsemée de jalousie et de dédain, mais il était encore bien difficile de dire de quoi votre nouvelle relation était faite, ou de quoi elle pourrait l’être. Il y avait désormais ce dénominateur commun que tu avais avec elle et que tu ne partageais pas avec d’autres de tes amies proches : les petits humains que vous aviez mis au monde dernièrement, elle qui vivait la maternité avec quelques mois d’avance sur toi et qui pourrait très bien être de bons conseils. Encore fallait-il vous rendre à ce point. Mais ce n’était plus vraiment le temps de penser à tout ça, puisque derrière la porte de l’entrée, quelques coups avaient été porté, témoignant de l’arrivée de ta visite de la journée. Maia somnolant mais pas complètement endormie entre tes bras, c’est avec un sourire fatigué mais sincère que tu accueillis la mannequin qui elle aussi, arrivait les mains bien chargées.

Tu l’invites à rentrer, retiens un commentaire sur l’état des lieux, considérant qu’elle se souvenait sans doute encore assez bien de cette période suivant la naissance d’un enfant, où tout devient secondaire face aux moindres besoins du petit être humain qui dépend complètement de vous. Tu t’installes dans un fauteuil, l’invitant à s’installer sur le canapé à tes côtés. « Tu vas bien? » Malgré la fatigue et les nuits sans sommeil, mais les différents inconforts qui se faisaient ressentir désormais vis-à-vis d’un allaitement qui allait bien, mais qui n’était pas complètement sans douleur, malgré le fait que le temps semblait passé trop vite et que tu craignais ne pas assez profiter de ces moments que tout le monde vantait comme étant les plus beaux, ta tête hoche de haut en bas, une évidence que rien ne saurait terrir présentement. « Et félicitations pour votre petite Maia! » Ton regard se baisse instinctivement sur le visage de la petite fille qui semble de plus en plus près d’un sommeil profond. « Merci beaucoup. On va bien, encore un peu surpris par son arrivée précipitée alors qu’elle devait naître que la semaine prochaine, mais on profite de tous ses moments supplémentaires. » Chaque semaine de plus que vous aviez la chance de vivre avec elle, d’apprendre à la connaître et de découvrir ses traits qui semblaient changer de jour en jour était un véritable bonheur auquel tu t’accrochais précieusement. « Ça ne va pas te rassurer, mais les nuits sans sommeil sont loin d’être terminées! » Le regard de la Griffiths se pose désormais sur sa fille qui elle aussi, avait rejoint les bras de Morphée. « J’ai pas de mal à te croire. On gère plutôt bien pour l’instant parce qu’Isaac est encore à la maison, mais j’avoue que j’appréhende son retour au travail. » De la même manière que ça t’avait fait étrange de dire aurevoir à tes parents qui avaient été d’une aide précieuse pendant ces deux premières semaines. Isaac quant à lui, avait encore quelques semaines en banque à passer avec vous, mais bientôt viendrait le jour où tu devrais t’occuper de Maia seule à temps plein, en plus de Jude qui se greffait de plus en plus à votre quotidien. « La petite Rosie n’est toujours pas une fan du sommeil? » que tu lui demandes, curieuse de savoir où elle en est, elle qui a plus de sept mois déjà si tu ne te trompes pas dans tes calculs. Mabel tend une boîte de chocolat dans ta direction, ainsi qu’un petit paquet parfaitement emballé et tu souris, reconnaissante de ces petites attentions. « J’espère que ça te plaira. » « Déjà tu as choisi du chocolat pour moi, t’aurais pas pu viser mieux. » que tu lui avoues avec un rire. Tu déposes la boîte à tes côtés, et de ta seule main libre, tu déballes le cadeau du mieux que tu le peux, pour en découvrir un jouet en bois. « C’est très joli, merci Mabel. » que tu la remercies. « Isaac est sorti un peu avec Jude, mais si ça se trouve tu vas peut-être le croiser avant de partir. » Tu ne savais pas vraiment si elle avait eu l’occasion de le revoir, en dehors de ce souper de Thanksgiving des plus rocambolesques.

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« Je sais pas si c’est vraiment du temps supplémentaire… J’ai pas l’impression que c’était plus lent au début, ou que ça ait ralenti les choses. » Tu échappes un petit rire. Tu ne doutais pas un seul instant que le temps filerait trop vite, que tu tenterais de t’accrocher à chaque instant de sa vie, aussi courte soit-elle jusqu’à maintenant. Maia n’avait après tout que quelques semaines de vie, mais déjà, elle changeait sous tes yeux à une vitesse ahurissante et tu ne pouvais que te demander si cette impression d’en perdre des morceaux cesseraient un de ces jours. Peut-être que le manque de sommeil n’aidait en rien dans ces scénarios, et selon ce que Mabel te racontait, ce n’était pas pour s’améliorer au bout de quelques mois seulement. « C’est toujours compliqué le sommeil. Dès qu’on trouve un rituel qui fonctionne à peu près, il y a quelque chose qui vient tout perturber. C’était les dents dernièrement, mais le mois dernier elle a commencé à chercher à rester assise et ça a tout foutu en l’air! » Tu secoues la tête, un léger rire amusée filant entre tes lèvres même si tu pouvais facilement comprendre que ce devait être particulièrement épuisant pour la jeune maman. « Ils se développent si vite à cet âge. » Du moins, c’est ce que tu avais lu dans tous ses livres que tu feuilletais pour te préparer, même si rien ne valait l’expérience du vécu. « On a vite réalisé que Maia n’aimait pas beaucoup dormir la nuit, ni même dormir toute seule. Faut dire qu’on aide pas vraiment pour le moment, Isaac et moi on est toujours en train de se chamailler pour savoir qui pourra la prendre. » Tu exagérais un petit peu, mais à peine, quand la plupart des siestes de Maia se faisait contre toi ou contre son père, et que les nuits, même si elles se débutaient dans le petit couffin placé à côté de votre lit, se finissaient bien souvent contre toi, plus souvent qu’autrement attachée au sein.

Sans attendre, tu ouvres la boîte de chocolat offerte par la jeune femme, plaçant un morceau entre tes lèvres. « C’est trop bon, merci. Tu en veux un morceau? » que tu lui proposes, tendant la boîte dans sa direction. « Maia a encore un peu de temps avant de pouvoir jouer avec, mais je t’assure que ça va venir plus vite que tu ne le penses. » « J’en doute pas. » Quelques semaines à peine et tu voudrais déjà pouvoir arrêter le temps. « Est-ce que ton salon est déjà envahi par les jouets en tout genre? » que tu lui demandes, sourire aux lèvres alors que ton regard passe inévitablement sur les différents endroits que Jude aime utiliser pour s’étendre avec sa panoplie de jeux en tout genre. Des legos dans un coin, des petites voitures dans l’autre, des casse-têtes et des livres un peu partout, il faut avouer qu’il est difficile de nier la présence d’un petit garçon dans les environs, en plus des différents appareils que vous utilisez désormais pour Maia. « Jude s’est adapté à son nouveau rôle de grand-frère? » « Comme un pro. » Et cette fois-ci, tu n'exagères pas le moins du monde. « Il est attentionné et patient, exactement comme son père. » que tu relates, un sourire fier sur les lèvres. « Il est le premier à vouloir la prendre ou lui faire des bisous, et il m’apporte toujours tout ce dont j’ai besoin quand il faut changer les couches. C’est adorable. » Tu ne savais pas si cela durerait ou si viendrait inévitablement le moment où il se sentirait jaloux et délaissé face à ce petit bébé qui demandait beaucoup de votre attention. « Peut-être que ce sera différent lorsqu’il reviendra de chez sa mère, mais il est avec nous depuis quelques semaines et ça se passe bien. » Le changement serait sûrement plus marquant une fois qu’il aura passé un peu de temps avec sa mère, à avoir son attention pour lui seul. « C’est bien qu’il passe du temps avec vous deux et sa petite sœur. Pas trop étrange de passer d’un couple à une famille avec deux enfants? » « Très étrange. » tu lui avoues, ayant toujours du mal à y croire toi-même. « L’an dernier à cette période, j’étais sur la plage à Monte Carlo, pas la moindre idée que ma vie allait changer du tout au tout en même pas douze mois. » Il n’y avait pas à dire, tu n’avais pas fait les choses à moitié. « Mais tu dois sûrement avoir une petite idée de ce que s’est. » Entre la naissance de Rosalie, et puis ce divorce qui s’était légèrement ébruité, elle aussi ne devait pas s’imaginer sa vie comme elle l’est présentement.

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« Trop vite! J’ai toujours l’impression qu’elle est mon petit bébé, mais à voir Maia maintenant… » Il est vrai que de comparer Maia qui n’avait que quelques semaines de vie et était née avec un petit poids avec Rosie qui avait maintenant passé la marque des six mois de vie, cette deuxième paraissait bien plus grande, même si elle n’en demeurait pas moins un petit être complètement dépendant de sa maman. « J’ai connu ça… Le pire, c’est que j’étais incapable de dormir quand elle était sur moi… Je sombrais et je me réveillais en panique, c’était un enfer! » Tu peux facilement imaginer le scénario, même si tu ne l’as pas encore vécu – jusqu’à présent du moins. Maia préfère dormir sur vous, ou du moins près de vous, mais vous semblez avoir trouvé une technique de cododo qui est sécuritaire et satisfaisante pour tout le monde, surtout que cela te permet d’allaiter la petite fille durant la nuit sans avoir à pleinement te lever, sauf pour changer la couche une fois de temps en temps. Malgré tout ça, les heures de sommeil sont réduites considérablement depuis l’arrivée de votre petite pressée, et tu ne peux qu’imaginer la fatigue accumulée que doit se traîner Mabel, maintenant qu’elle doit tout faire toute seule. « Maia accepte de dormir à côté de moi, nichée dans mon bras. Encore heureux que je n’ai jamais vraiment eu la bougeotte quand je dors, sinon je pense que j’aurais été comme toi. » À paniquer au moindre assoupissement et à passer des nuits entières sans réellement dormir quoique ce soit de bien reposant. Tu te savais chanceuse toutefois, d’avoir Isaac à tes côtés et de pouvoir alterner avec l’infirmier lorsque les nuits étaient plus compliquées avec la petite. Ce mois de congé qu’Isaac avait pris à la suite de la naissance de Maia était véritablement bénéfique pour tout le monde. « Tu as l’air de t’en tirer à merveille, avec Rosalie. » que tu tiens à souligner, elle qui est là, tout sourire malgré ce que tu devines être une fatigue immense. Tu voudrais lui demander si elle a tout le support dont elle a de besoin, mais tu as peur que la question paraisse malvenue, alors tu demeures silencieuse, ton regard bougeant constamment entre ta fille et la sienne, te demandant si elles grandiraient amies ou si comme Mabel et toi, elles auraient dû mal à se comprendre.

« Rosie commence tout juste à gérer les retournements et cherche surtout à tenir assise, du coup, son coin de jeu reste encore limité à un coin du salon. » Tu échappes un rire. « Ça changera bien assez vite. » Comme absolument tout le reste, tu as l’impression. Tu ne connais pas grand-chose sur le développement des enfants entre 0 et 3 ans, mais de voir Jude aller, déjà si indépendant et allumé, tu ne doutes pas qu’il y a de gros bouleversements dans la vie de ses petits êtres qui changent à toute vitesse. « C’est mignon qu’il veuille vous aider avec Maia! Il essaye de lui donner ses jouets pour qu’elle joue elle aussi aux petites voitures? » « Au début, mais il a vite compris qu’elle pouvait encore tenir les voitures comme lui. » tu te remémores les premières interactions entre le frère et la sœur, tendre sourire aux lèvres. « Il aime regarder des livres avec elle et lui parler de tous ses jouets préférés surtout. » Jude aimait parler, beaucoup, tout le temps, et s’il s’enfargeait parfois sur quelques mots, il avait un vocabulaire hallucinant pour un petit garçon de son âge. « C’est fou comme ça change tout, un bébé… C’est tout petit, mais le monde commence à tourner autour d’eux dès qu’on sait qu’ils sont là… » Elle ne saurait pas mieux dire Mabel et tu hoches la tête vivement en approbation. « C’est fou comme notre vie peut rester la même pendant longtemps, et prendre un virage soudain. » « Tu t’y fais, toi? » que tu oses finalement lui demander, sans vouloir être trop invasive. Tu veux seulement t’assurer qu’elle va bien, même si tu n’es pas certaine qu’elle oserait se montrer vulnérable avec toi. Alors tu enchaînes légèrement, d’une voix plus petite : « Y’a eu des moments, dans les derniers mois, où je pouvais pas m’empêcher de remettre tout et rien en question. Comme si j’arrivais pas à faire sens de cette grossesse et puis de l’arrivée de Jude dans ma vie. Je doutais pas de mon amour pour Isaac ou de mon envie de fonder une famille avec lui, j’avais juste peur que tout soit trop, trop vite… » Tu baisses les yeux sur ta fille, tes doigts caressant le léger amas de cheveux blonds sur le dessus de son crâne. « Ça fait quelques semaines à peine qu’elle est là et déjà, je pourrais pas imaginer ma vie sans elle. Ni sans Jude d’ailleurs. » Et de même pour Isaac, même si ça, elle pouvait facilement l’entendre sans que tu ne le dises à voix haute. « J’aurai jamais imaginé me marier ou devenir mère, et regarde où j’en suis maintenant! Et je peux pas dire que je regrette. L’alcool et les nuits de huit heures me manquent, mais ne plus avoir Rosie dans ma vie… » Ouais, elle comprend et toi aussi. Peut-être que la maternité sera enfin le point commun qui vous permettra de ne pas être de simples étrangères qui se côtoient pourtant depuis des années. « Tu veux dire bonjour à Penny? Est-ce que tu te souviens d’elle? Tu étais toute petite la dernière fois que tu l’as vue! » Mabel tend Rosie dans ta direction et tu viens naturellement la serrer contre toi, ton attention entièrement portée sur la petite fille. « Bonjour toi. Qu’est-ce que tu es belle. » que tu commentes, de cette voix qui est maintenant reconnue comme étant ta voix de maman, aigue et lente. « Elle te ressemble. » que tu affirmes à la jeune mère, levant le regard vers elle. « Ça me fait vraiment plaisir que tu sois venue aujourd’hui. » Était-ce le début d’une ère nouvelle entre vous? Seul le temps saurait vous le dire.

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« Rosie reste un bébé facile. Elle ne pleure pas beaucoup, sauf quand elle est très fatiguée, ou maintenant que ses dents commencent à percer. Mais sinon, elle sait se faire comprendre! Elle doit savoir que sa mère est pas très douée avec les bébés. » « Dis pas de bêtises. » que tu la reprends doucement, peinant toi-même à croire qu’un jour viendrait où tu ferais volontairement des compliments à Mabel, que tu tenterais même de la rassurer sur un rôle que vous ne pensiez pas un jour jouer toutes les deux, du moins, pas si vite dans ton cas. Si Mabel à quelques mois d’avance dans le domaine, tu peux très t’imaginer que c’est un travail de tous les jours d’avoir l’impression d’offrir assez à ce petit être dont vous êtes complètement responsables. Tu sais que malgré ces quelques semaines de vie à peine, tu crains toujours de ne pas en offrir assez à Maia, quand bien même la petite est nourrie selon sa volonté et passe la très grande majorité de son temps dans tes bras ou dans ceux de son père. « Je pense que ça vient avec le rôle d’être mère, l’impression de pas savoir faire. » Du moins, c’était ton cas. Avec Jude d’abord, auprès de qui tu n’avais même pas vraiment ce rôle de mère, mais pour qui tu tentais de faire les choses au mieux pour lui permettre une adaptation la plus douce possible dans un quotidien qui n’avait rien de commun, et puis avec Maia maintenant, avec qui tu remettais constamment chacune de tes décisions, de peur de mal faire, de peur de lui causer du tort sans même t’en rendre compte. Ta mère disait toujours que toutes ces inquiétudes étaient exactement ce qui faisaient de toi une bonne mère, et peut-être que Mabel aussi, avait besoin de l’entendre.

« Je pense que le quatre pattes arrivera plus vite que ce à quoi je suis préparée! Je vois bien qu’elle veut bouger hors de son coin de jeux. Elle est trop curieuse cette enfant! » Tu échappes un léger rire, époustouflée qu’une si petite personne comme Rosalie puisse déjà se faire si curieuse, bien peu préparée de voir ta fille grandir à toute vitesse et vouloir découvrir le monde, elle aussi. Vous n’aviez toutefois aucun contrôle sur le temps qui filait à toute allure, vous ne pouviez que tenter de profiter de chaque moment et de ne manquer aucune de ces premières fois si spéciales, ni les suivantes quand bien même il est impossible d’être là et présent à chaque instant. « Je dirai pas que je m’y suis entièrement faite… J’ai encore l’impression de rien maîtriser, et que c’est uniquement par chance que tout va bien. C’est terrible de ne pas vraiment savoir ce qu’on fait, quand on a la responsabilité d’un être humain. » Tu acquiesces doucement d’un mouvement de la tête. « C’est d’autant plus difficile avec tous ses livres sur la parentalité qui se contredisent les uns des autres. » que tu ajoutes en pointant les différents livres que tu avais lu dans les derniers mois pour te préparer, sans pour autant que tu ne te sentes pleinement en confiance dans tes choix. « On entend tellement parler des parents qui ont ‘brisé’ leurs enfants d’une certaine façon, j’ai peur de pas savoir répondre à ses besoins comme il faut. » que tu lui avoues, même si tu sais que tu as sûrement un peu de temps devant toi avant que tes actions n’aient de si grandes conséquences sur Maia. « Trop ou pas assez, je sais pas. Je pense sûrement un peu trop loin dans le temps, la fatigue et tout ça. » que tu avoues dans un rire alors que tu te frottes légèrement les yeux, échappant un léger soupir. Ça te faisait du bien d’en parler quand même, à quelqu’un qui pouvait vraiment comprendre tout ce que tu traversais présentement.

Rosie se réveille et crée une diversion et tu fonds complètement lorsque Mabel la dépose dans tes bras. « Elle a mon sourire. Mais les yeux, ce sont ceux de son père. » Tu ne connais pas assez bien l’ex-mari de la Griffiths pour savoir, mais tu la prends au mot, utilisant cette mention pour poser cette question qui te brûle les lèvres. « Ça se passe bien avec lui? » que tu lui demandes d’une petite voix, ayant peur de franchir une ligne pas encore atteinte entre vous. « J’ai su pour ton divorce, je suis désolée. » que tu rajoutes, prête à lâcher le sujet si jamais tu sens qu’elle n’a pas envie de s’étendre plus longtemps sur le sujet. « Je suis contente d’avoir pu venir, et rencontrer votre petite Maia. Et je suis contente de voir que tu es bien entourée pour ces premières semaines. » « Je suis chanceuse. » que tu admets, incroyablement reconnaissante de tous ces gens qui rendaient ce premier pas dans la maternité aussi doux que possible. « Tu vois beaucoup ta sœur, dernièrement? » que tu demandes ensuite, enchaînant sur les sujets épineux sans vraiment le vouloir, seulement pour t’assurer qu’elles aussi, autant Mabel que Maddy, ont le soutien dont elles ont besoin.

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« Même les pédiatres sont pas tous d’accord. C’est dur de savoir quoi faire quand on entend tellement de choses différentes, venant de professionnels sensés être justement là pour nous aider. » Tu ne peux qu’approuver les paroles de Mabel. Maia n’a que quelques semaines de vie et tu n’as pas eu beaucoup de suivis avec les pédiatres jusqu’à maintenant, mais tu as fait assez de lecture à ce sujet et entendus assez de mamans en parler autour de toi pour savoir que personne ne semble s’entendre parfaitement sur la meilleure manière de faire avec ces petits humains. Tu te considérais toutefois chanceuse d’avoir à tes côtés un infirmier qui, bien que pas spécialisé en pédiatrie, s’y connaissait assez pour que tu prennes son avis et ses conseils par dessus tout le reste. Si tu te sentais souvent dépassée par les différents comportements de votre nourrisson, tu avais l’impression que tout venait avec aisance pour Isaac, ou du moins, c’est l’image que tu avais, ton cœur toujours en trombe de le voir avec votre fille dans les bras. Et ça te faisait un peu de peine, de savoir que Mabel ne partageait plus cette expérience avec son ex-mari, leurs chemins s’étant séparés peu de temps après la naissance de Rosie, selon les journalistes tout du moins. « Disons qu’il écoute ce qu’il veut quand il doit avoir Rosie, et qu’il m’appelle ensuite pour me demander ce qui fait que ça se passe mal quand elle pleure… » Tu fais une nouvelle grimace, t’imaginant sans trop de problème à quel point ça doit être agaçant d’avoir l’impression d’être la seule personne qui sait s’y prendre et surtout la seule qui porte attention aux détails qui font pourtant toute la différence. « C’est toi qui as la petite plus souvent ou vous faites 50/50? » que tu demandes, plus par curiosité qu’autre chose. À défaut de réellement pouvoir compter sur l’attention et la présence de son ex-mari, tu espères quand même que sa famille se fait plus conciliante. Si tu poses bien peu d’espoir sur les parents de Mabel, surtout après la tournure des événements lors du dîner de Thanksgiving, tu te demandes si la naissance de Rosalie et l’arrivée imminente du bébé de Maddy a su rapprocher les sœurs en constante opposition. « Je vois Maddy un peu plus souvent que d’habitude, oui. C’est bizarre qu’on se retrouve tous les trois enceintes et mères à quelques mois d’intervalles! » Tu échappes un rire. C’est vrai que c’était assez inusité, surtout que c’était loin d’être au programme, du moins pour Maddy et toi. « C’est rassurant, de pas être toute seule avec tous ces changements. » Quand bien même vos expériences étaient toutes complètement différentes, de vos couples (ou absence de) à vos grossesses, à la fin de la journée vous n’étiez que trois mères qui espéraient faire au mieux pour vos petites merveilles. « Ça fait un nouveau trio de filles. » Pas que Mabel, Maddy et toi ayez réellement été un trio soudée, malgré la chance que vous aviez eu de le devenir. Il y avait trop de différents entre les sœurs et tu avais fait un choix qui te semblait le bon à l’époque, réalisant seulement avec le recul que tu ne connaissais pas grand chose de la cadette Griffiths. « En espérant qu’elles s’entendent bien plus rapidement que nous. » Tu ne pouvais qu’espérer que les petites filles deviennent amies au fil du temps et que peut-être ta relation avec Mabel continue sur ce tournant plus positif. « C’est juste que… J’ose pas trop y aller, à cause de la présence de Sergio. J’ai un peu de mal à définir leur relation. » « Je pense pas que tu sois la seule à avoir du mal. » que tu ne peux t’empêcher de répondre instinctivement. Toi non plus tu ne savais pas trop quoi en penser et honnêtement, tu n’étais même pas certaine que Maddy elle-même savait ce qui la reliait à l’agent au delà de leur lien professionnel et de cette petite fille à venir. « Il a l’air de bien s’occuper d’elle. » Avec ces dernières semaines alitée, Maddy vous avait toutefois rassurée Isaac et toi qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin et que Sergio s’assurait du bien-être de tout le monde. « Elle t’en parle un peu? De leur relation je veux dire. »

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« Elle est plutôt avec moi. Je l’allaite encore, mon planning de travail est allégé, et même quand je vais chez Weatherton, j’ai de quoi la faire garder sur place. » « C’est vrai? » que tu ne peux t’empêcher de demander, surprise d’apprendre qu’une compagnie aussi prestigieuse que Weatherton offrait des services de gardiennages. Depuis que tu avais appris pour ta grossesse, tu n’avais pas accordé beaucoup de temps ni même de pensées pour ton travail. Toi qui avais toujours mis ta carrière en avant plan, tu avais pris un virage complet après ton agression, qui s’était prolongé bien plus longtemps que tu ne l’aurais cru, allant même jusqu’à douter de ta légitimité en tant qu’actrice. Ce n'est pas que le travail devant la caméra ne te manquait pas cruellement, bien au contraire, mais tu te demandais encore comment il était possible de jongler tes responsabilités en tant que mère et les demandes constantes et bien souvent contraignantes d’une carrière aussi popularisée que la tienne. D’entendre Mabel, qui évoluait depuis longtemps dans le même monde que toi, te dire que cela était possible en plus de s’occuper de sa fille pratiquement à temps plein éveillait chez toi une certaine curiosité, même une pointe de jalousie, toi qui avais pris un si grand recul dans ta carrière dans les dernières années. « Donc ça se passe bien, la conciliation travail-bébé? » que tu ne peux t’empêcher de lui demander, réalisant pourtant que tu ne faisais que ça depuis son arrivée : lui poser des questions, pour la plupart indiscrètes – à un certain degré du moins. « Excuse-moi, je te bombarde de questions. J’ai juste du mal à me faire à l’idée de reprendre ma carrière là où je l’ai laissé il y a un an… » Allais-tu réellement le faire? Est-ce que le train était parti sans toi? Et si c’était trop tard désormais et que tu étais amenée à le regretter amèrement?

Il n’y a pas que ton futur en tant qu’actrice qui semble incertain présentement. Si tu espérais obtenir un peu d’information sur la relation que Maddy entretient avec le père de sa petite fille à naître, il semblerait que Mabel soit autant dans le noir que toi, même si les sœurs semblent s’être rapprochées dans la dernière année, ce qui ne manque pas de te faire sourire. « Elle me dit juste que tout va bien, qu’il est très à l’écoute. Mais parfois, il part faire autre chose et me demande de venir veiller auprès de Maddy, et je sais pas trop ce qu’il fait pendant tout ce temps. » « Il doit travailler j’imagine. » De ce que tu sais, Sergio gère plusieurs artistes à la fois, et tu ne l’imagines pas trop avoir pris beaucoup de temps de pause malgré la grossesse de l’une de ses actrices. « Puis je crois qu’il a d’autres enfants aussi. » Tu es presque certaine d’avoir entendu ça entre les branches, ou de la bouche de Maddy même, difficile à dire. Ta mémoire et ton esprit te jouent des tours en ce moment, rien de bien surprenant vu la quantité de sommeil limité que tu parviens à avoir depuis la naissance de ta fille, et même avant. Rien qui ne pourrait surprendre Mabel toutefois, elle qui est dans cette situation depuis plus longtemps que toi. « Je le trouve un peu… Macho. Et pas tellement dans le genre des copains que Maddy a pu avoir avant. » « C’est vrai qu’il n’a pas grand-chose en commun avec ses exs. » que tu affirmes, trouvant à la fois étrange et rassurant de discuter de tout ça avec Mabel sans qu’il n’y ait le moindre vent de conflit dans l’horizon. « Je suis pas non plus certaine de comprendre leur arrangement, mais Maddy a l’air bien. » Et c’est l’essentiel à tes yeux, même si évidemment, tu souhaites que la blonde puisse trouver l’amour un jour et tu n’es pas certaine que Sergio soit la personne pour remplir ce rôle. « Ça me fait vraiment plaisir que tu sois venue nous voir aujourd’hui, Mabel. » que tu réitères, complètement sincère. « Je sais que ça aussi, c’est pas complètement naturel ou clair, mais j’espère qu’on aura la chance de remettre ça. » D’apprendre à vous connaître en dehors des apparences, de rattraper le temps perdu et te donner une chance de te former ta propre opinion de la jeune mannequin.

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« J’étais étonnée aussi, surtout que James est réputé pour ne pas apprécier les enfants. Mais il est quand même à l’écoute de son personnel, et c’est bien pratique pour moi! » Tu connaissais la compagnie que de nom, mais ça te faisait plaisir d’entendre que malgré le milieu souvent exigeant dans lequel Mabel évoluait, elle pouvait tout de même faire passer en priorité son rôle de maman et jongler les deux d’une manière qui aurait pu être bien plus compliquée. Même si tu étais loin d’être pressée de remettre les pieds dans le domaine, ça te donnait une bribe d’espoir que ça pouvait être possible, de jumeler les deux. « Je comprends tes angoisses. Quand j’étais enceinte, je savais même pas si je pourrais reprendre mon travail de mannequin. J’avais peur de ne plus savoir faire, ou de ne plus intéresser personne. » « Ça aussi, je comprends. » que tu lui avoues. C’était d’autant plus effrayant quand vos métiers avaient tant à faire avec votre apparence. « Tu as déjà pensé à faire autre chose? Depuis la naissance de Rosalie? » que tu lui demandes, espérant que la question ne soit pas trop indiscrète. Vous partagiez des angoisses et peut-être avait-elle des conseils à t’offrir. Tu baisses les yeux sur ton propre corps toujours changé par ta grossesse, ne pouvant t’empêcher de te demander si jamais tu retrouverais ton corps d’avant. « Mais pour le moment, tout se passe bien. Et Rosalie charme tous mes collègues, avec ses grands sourires et ses babillages! Je pense que la majorité des gens qui viennent me parler veulent juste la voir elle! » « C’est vrai que c’est une future star. » que tu commentes amusée, ton regard s’attardant sur la petite fille qui n’était plus si petite comparativement à ta propre fille qui somnolait gaiment dans le creux de tes bras.

« Il a d’autres enfants, c’est certain. Maddy avait hâte de leur présenter leur nouvelle petite sœur. Mais elle ne m’a pas dit combien ils étaient, ou leurs âges. » Tu secoues la tête. Tu ne sais pas non plus, précisément. Mais tu penses qu’ils sont nombreux, et assez âgés. Assez âgés pour que ce soit étrange d’avoir une petite sœur qui n’est même pas encore née. « Ça donne un tableau familial assez atypique. » que tu commentes, sans le moindre jugement toutefois, consciente que ton propre tableau ne ressemble pas du tout à l’idée que tu te faisais de ta famille avant de rencontrer Isaac, de tomber enceinte et de voir Jude apparaître soudainement dans votre tableau. « Maddy sait cacher quand elle ne va pas bien, alors ça me met pas particulièrement en confiance de la voir sourire. » Tu peux comprendre l’appréhension de Mabel, surtout que Maddy l’actrice semble avoir l’habitude de jouer même en dehors du studio, mais tu oses espérer que son bonheur n’est pas acté et que surtout, il n’est pas éphémère. « J’irai la voir dans les prochains jours, prendre de ses nouvelles. » Tu avais déjà été lui rendre visite avec Isaac quelques jours après la naissance de Maia pour qu’elle puisse la rencontrer et rencontrer Jude en même temps, mais aller lui tenir compagnie pendant les derniers jours de sa grossesse semblait être une bonne idée, pour réellement constater comment elle va. « Je suis contente qu’on arrive à se parler, et à se confier des choses, Penny. Il nous aura fallut du temps pour que ce soit possible, mais je serai contente qu’on se revoit. » Tu souris doucement, heureuse de l’entendre. Oui, il vous aura fallut du temps, bien trop de temps, mais tu veux croire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. « Je me doute que tu dois avoir d’autres gens, mais si jamais tu as besoin d’aide avec Rosalie, pour pouvoir faire une sortie ou juste passer un moment pour toi, n’hésites pas. » C’est peut-être un peu ironique venant de la maman avec le nouveau-né dans les bras, mais tu te dis qu’entre Maia et Jude, qu’est-ce qu’une petite personne de plus à aimer et à s’occuper le temps de quelques heures? « Ils disent que ça prend un village. » Et si le tien est déjà un peu peuplé, une personne de plus ne peut jamais nuire.