« C'est pas trop tard pour changer de perspective. » Suivi par la suite d’un « Pour ça non plus c’est pas trop tard. Ça l'est même encore moins. Tu viens à peine de commencer ta vie, t’es libre de faire tes propres choix et de pas vivre en fonction d’eux. » Peut-être effectivement qu’il n’était pas trop tard pour changer son comportement, pour ajuster sa vision sur la vie. Peut-être qu’il avait encore tant de choses à apprendre qu’il lui suffisait de retirer ses oeillères pour comprendre que la vie était finalement faite de nuances auxquelles il ne s’était pas donné l’accès jusque maintenant. Et peut-être tout cela était possible parce-que désormais, il avait quelqu’un à ses côtés qui pouvait lui montrer que c’était effectivement le cas. Oh, il entendait ce que d’autre avaient pu lui dire, avant. Il comprenait que plusieurs façons de vivre cohabitaient et que certaines étaient peut-être finalement à éviter, à son échelle. Mais il n’avait jamais eu la main tendue qui lui permettrait de mettre en application quelque-chose de différent. Etait-ce que ce que Megan lui proposait, à travers les lignes ? Etait-ce quelque-chose qui était envisageable, alors qu’ils habitaient déjà ensemble de toutes façons ? Il avait beaucoup à se faire pardonner, Damon; peut-être pas autant que la blonde de son côté mais son comportement avait été quelque peu limite avec la jeune femme, à ses yeux. Peut-être était-ce là une clef pour retrouver ensemble un équilibre qui leur permettrait d’enterrer la hache de guerre, de trouer un terrain d’entente. « Peut-être, oui. » Il finit par soupirer légèrement, par hausser brièvement les épaules. Peut-être, effectivement, que c’était là une idée qui n’était pas à jeter de suite à la poubelle - par manque de courage de la part de l’italien, pour sûr.

A la mention du chien, par la suite, Megan esquissa un sourire. « Si l’appartement se faisait cambrioler, ce gros lourdeau serait capable de faire la fête aux cambrioleurs. » La description fit sourire Damon à son tour. Il était vrai que Bowie, bien qu’imposant, n’était peut-être pas le meilleur bouclier si jamais la jeune femme avait besoin d’un coup de main. « Si c’est vrai. Mais seulement un peu. Tu l’as laissé seul chez nous ? » Il hocha la tête. « Je lui ai promis de faire vite, mais je me doutais qu’on rentrerait pas de suite, alors j’ai prévu le coup en remplissant les gamelles avant de partir. » Le chien était loin d’être complètement idiot, et il avait du sentir que le blond ne lui disait pas réellement la vérité en lui promettant de faire vite - il n’avait pas pleuré une fois la porte fermée pour autant. « On retourna le voir à la première heure demain matin. »

Et puis de toutes façons, malheureusement, il ne pourrait pas éviter leur appartement de façon définitive. La solution que Damon avait proposé pour ce soir ne fonctionnerait pas plus d’une fois, puisqu’il s’agissait là de traiter d’une situation d’urgence: il n’était pas question d’établir le moindre quartier chez Elise, même si vivre avec sa mère n’avait jamais vraiment été un problème pour le jeune homme. Ils se devaient de trouver une façon plus apaisante de vivre leur quotidien, en restant chez eux si déménager n’était pas une option qui semblait viable à Megan. Il n’avait surement pas les meilleures idées, l’italien, mais il était vrai qu’il avait commencé à y songer bien avant les événements que cette soirée avait apporté à ceux déjà existants - on dit merci papa. « Tu me surveilleras quand je serai à l’appartement ? » La première réponse de Megan fit froncer quelque peu les sourcils à Damon. « Quoi ? Je… » Ce n’était pas du tout dans ce but là qu’il proposait là d’installer des caméras de surveillance, et n’ayant pas saisi l’humour insufflé légèrement aux mots de sa femme, il se trouvait désormais quelque peu embêté d’avoir proposé cette idée. Loin de lui qu’elle pense ça de ses idées. « Je te vois venir. Si y’en a dans ma chambre, j’irai me changer dans la salle de bain, ou dans la tienne. » Il lui fallut une poignée de secondes supplémentaire pour qu’il comprenne que c’était là simplement une façon de se moquer gentiment de lui - et lorsque cela percuta dans son esprit, il se permit un rire décomplexé. Cela faisait peut-être même longtemps qu’il ne s’était pas laissé aller à un rire aussi naturel, aussi spontané, aux côtés de la jeune femme. « Zut, je suis démasqué. » Il saisit l’occasion de rester sur quelque-chose de plus léger, si elle le proposait. « Mais j’en mettrai aussi dans les salles de bain, sois rassurée. Que je puisse avoir un oeil sur toi tout le temps. » Le clin d’oeil illustra parfaitement le sérieux manquant de ses mots.

La seconde solution, qui n’était en rien idéale non plus il en convenait, laissa Megan songeuse quelques instants. « Je tiendrai pas en place, je pense. Et comment me regarderont tes amis ? » Damon haussa quelque peu les épaules. Il aurait bien répondu quelque-chose du genre qu’est-ce qu’on en a à faire mais ils étaient dans cette situation parce-qu’ils en avaient quelque-chose à faire du regard des autres, justement. « Que tu veuilles passer un peu plus de temps avec moi et découvrir ce que je fais de mes journées ? » Certes, ce n’était pas de cette façon qu’en règle générale, les autres gens de leur âge agissaient; mais de toutes façons leur histoire n’avait rien d’ordinaire, alors ils n’étaient plus à une action hors du commun à leur compteur. « J’ai l’impression qu’on est à un tournant. Que je vais devenir la ridicule riche femme au foyer désoeuvrée qui s’investit dans des associations et fait du bénévolat pour avoir l’impression qu’elle a quelque chose à faire de ses journées. » Aux paroles de la demoiselle, Damon haussa un sourcil très intrigué par la tournure que prenait cette conversation. Devait-il lui rappeler chez qui ils se trouvaient présentement, justement ? « Pas que y’ai le moindre mal à ça. » Et peut-être que si elle ne tentait pas de retenir cet éclat de rire qui menaçait de pointer le bout de son nez à tout moment, il n’aurait pas spécialement bien pris la remarque qu’elle venait de faire. Mais étant donné que leur conversation avait définitivement tourné vers quelque-chose de plus léger, de moins contraignant pour les nerfs également, il se contenta en première réponse de secouer la tête avec un sourire de son côté également accroché aux lèvres. « Ouais ouais, rattrape toi. » - « Mais tu me vois dans ce genre de rôle ? » Son regard analysa la jeune femme un instant, et un deuxième; il finit par hausser les épaules. « Ca t’irait bien au teint. » Mais son sourire à lui qui s’agrandissait également trahisse le fond de sa pensée: elle ne saurait tenir ce rôle plus d’une journée, si elle n’avait guère d’autre choix. Dans leur arrangement présent, elle n’avait pas réellement à jouer la riche femme au foyer et tout ce qui s’en suivit: elle avait une marge de manoeuvre qui correspondait mieux à sa personnalité, et à son jeune âge également. « On pourrait essayer. » Il hocha la tête, ne sachant tout de même se séparer de son petit sourire amusé. « Oui, si tu veux, sans soucis. » Peut-être que ses solutions étaient lancées sur le tas, et n’étaient pas très réfléchies, mais il s’engageait pour de vrai sur chacune d’elle.

« Tu sais ce qui me ferait me sentir en sécurité ? » - « Hm ? » Il haussait légèrement un sourcil, intrigué cette fois ci - il avait entendu le changement de ton pris par la voix de Megan. « Que tu me prennes dans tes bras. » Il étira ses lèvres en une sourire franchement amusé. Elle ne perdait pas le nord, malgré la situation. Si à d’autres moments, cela aurait pu énerver quelque peu Damon, ce n’était en rien le cas en cet instant - il continuait de surfer sur cette vague de légèreté qui leur faisait du bien, autant à eux qu’à cette conversation. Et puis, surtout, la requête de la jeune femme avait déjà une réponse toute faite dans l’esprit de l’italien: il n’était pas question qu’il se voit refuser cette demande. Il n’était plus autant énervé contre elle qu’il avait pu l’être pendant des semaines. Il n’était plus autant amer quant à l’idée de se retrouver à ses côtés. Et les circonstances avaient changé: en l’espace de quelques semaines, elle avait subi deux attaques physiques, il pouvait dans le dernier des cas lui accorder ça. Alors, feintant un petit soupire las - qui ne comparait pas une once de vérité -, il finit par poser son regard sur elle. « Aller, viens là. » Sans attendre, il l’attira à lui par les hanches, déposant un baiser sur sa tempe lorsqu’elle fut dans ses bras. Il ne l’avouerait jamais - pas même à lui-même -, mais il y avait toute une partie de cette complicité qu’ils avaient commencé à développer avant que Damon n’apprenne la vérité sur l’implication de la blonde dans leur mariage qui lui manquait. « Si seulement c’était suffisant pour te mettre à l’abri. » A voix basse, presque en guise de murmure, il n’était même pas sûr qu’elle pouvait entendre ses mots; il les pensait sincèrement, cependant. A travers toute cette histoire, jamais il n’avait eu comme souhait qu’il lui arrive malheur.

Everybody knows that the dice are loaded
Megan Williams & @Damon Williams

« Je lui ai promis de faire vite, mais je me doutais qu’on rentrerait pas de suite, alors j’ai prévu le coup en remplissant les gamelles avant de partir. » - « Tu lui as promis. » J’esquisse un sourire amusé devant l’image qui s’impose à moi : Damon, en train de parler avec une voix exagérément douce à notre canidé. J’aurais pu tomber sur un mari fêtard qui n’aurait de cesse d’inviter des gens à l’appartement et qui l’aurait retourné dès que j’aurais eu le dos tourné. A la place de ça, j’ai Damon. Un jeune homme bien élevé, soucieux de tenir ses promesses - même celles faites à un animal qui ne comprend pas ce qu’il lui dit - et qui serait capable de s’excuser s’il marchait sur une fleur. Difficile de lui tenir rigueur de ses quelques défauts, dans ces conditions. Même en colère contre lui, je n’arrive pas vraiment à conserver une attitude revêche. « On retourna le voir à la première heure demain matin. » - « C’est surtout pour l’appartement qu’on ferait bien de le faire. » Le chien n’est avec nous que depuis quelques jours, si bien que je doute qu’il soit capable de bien se tenir aussi longtemps. Choisira-t-il de déchirer les coussins du canapé ou fera-t-il ses besoins sur le tapis hors de prix du salon ? J’avoue m’en moquer, la seule valeur de ces choses, c’est leur valeur monétaire et ils seront bien vite remplacés.

Ce qui m’inquiète plus sans que je n’ose l’avouer, c’est l’état de notre relation ces dernières semaines, ces derniers mois. Alors que je plaisante, le dépeignant comme un garçon lubrique et à l'œil baladeur, j’ignore s’il saisira la perche - celle qui a pour but de nous ramener vers plus de sérénité - ou si j’ai même le droit de badiner de la sorte avec lui. Dans un premier temps, il blêmis et semble ne pas comprendre d’où vient cette accusation qui n’en est pas une. Alors j’en rajoute, pour lever le malentendu. « Zut, je suis démasqué. » J’éclate de rire, un rire de soulagement. « Mais j’en mettrai aussi dans les salles de bain, sois rassurée. Que je puisse avoir un oeil sur toi tout le temps. » - « T’es sûr que tu voulais pas dire ”que je puisse me rincer l’oeil” plutôt ? » Voilà bien longtemps que nous n’avions pas joué à ces jeux innocents, longtemps que je n’ai pas vu ses joues rosir et, au fond, j’espère provoquer chez lui cette réaction.

La proposition qu’il me fait est surprenante. Le jeune homme passe plus de temps chez Michaël Hills que suis les bancs de l’université, au point que j’en oublie presque qu’il a encore un semestre à terminer.
« Que tu veuilles passer un peu plus de temps avec moi et découvrir ce que je fais de mes journées ? » - « Ou que je suis possessive au point de venir marquer mon territoire quand tu es en cours. Ou qu’on est co-dépendant au point de ne pas pouvoir se quitter quelques heures. » Je vis au travers du regard des autres, mais je pense pouvoir affirmer que je me moque de celui des camarades de promotion de Damon. Il ne m’a jamais indiqué avoir d’amis proches parmi ceux-ci. « Je m’en moque hein. Mais t’as peut-être pas envie de renvoyer cette image auprès d’eux. » Et je le comprendrais. Malgré mes mots, il n’a en tout cas pas l’air de retirer sa proposition et une part de moi est soulagée. En l’entendant me proposer de passer du temps ensemble, je retrouve un peu espoir, celui que nous pouvons retrouver la complicité que nous avions avant et peut-être mieux. Je n’avais pas envie qu’il souffle dessus et que tout s’envole comme un château de cartes. Est-ce que je le vexe vraiment Damon, en affirmant que le quotidien d’Elise - je ne l’ai pas nommée mais il n’est pas idiot - ne m’intéresse pas ? Je ne suis pas faite pour ça. Je n’ai pas envie d’être un trophée alors qu’elle y a toujours aspiré, j’en suis certaine. Nous ne sommes pas faites dans le même bois et son existence me paraît fade, insipide, et terriblement terrifiante. « Ouais ouais, rattrape toi. » - « J’ai réussi ? » A me rattraper. J’esquisse un sourire amusé en espérant que ça aide. « Ca t’irait bien au teint. » - « Les événements caritatifs ou les tailleurs Chanel ? Tu peux me convaincre pour les seconds, mais pas pour les premiers. » J’éclate de rire, à présent certaine que nous n’avons pas fait dix pas en arrière parce qu’il aurait mal interprété ma déclaration.

En plus de m’amuser, la discussion me redonne un bol d’audace. J’oublie presque que nous ne sommes plus aussi complices qu’autrefois et je joue avec le feu en lui demandant de me prendre dans ses bras. Suspendue à ses lèvres, j’observe ses iris bleus avec appréhension. Son sourire me rassure, mais je préférerais qu’il ne fasse pas durer le suspens plus longtemps. « Aller, viens là. » Ainsi, lorsqu’il me répond et m’ouvre ses bras pour m’attirer contre lui, je pousse un soupir de soulagement. Un aïe tenté de maladresse s’échappe de mes lèvres lorsque ma blessure me tiraille alors que je glisse sous le matelas et, quand il referme ses bras autour de ma taille et dépose ses lèvres sur ma tempe, je fais disparaître mon visage dans son cou. Je trouve une position confortable et qui ne me rappelle pas que, ce soir encore, j’ai servi de sac de frappe et, une fois que c’est fait, j’enroule mes bras autour de son cou. « Si seulement c’était suffisant pour te mettre à l’abri. » - « Ça pourrait l’être. Ça le sera, un jour.  » S’il ne me laisse pas sur le bas-côté avant ça. Un jour, Saül ne pourra plus rien contre nous. Un jour, les types comme Lawrence ne pourront plus m’atteindre et je pourrais protéger Shiloh. Je me nourris de l’illusion que je suis jeune, que mon statut est encore fragile mais, qu’un jour, je serai tellement puissante que plus personne ne pourra me faire du mal ou faire du mal aux gens que j’aime. Ce que j’aimerais et espère c’est que ce jour là, Damon sera à mes côtés et tout aussi intouchable. « Je suis sûre qu’on pourrait faire des miracles toi et moi. » Parce que j’ai une bonne influence sur lui. Parce qu’il en va de même pour la réciproque. Parce que dans mon fantasme, mon utopie, nous nous complétons l’un l’autre et devenons invincibles. On pourrait être tellement plus, lui et moi, s’il ne m’étais pas si hermétique.

« Tu lui as promis. » Il y avait une petite pointe autant d’amusement que de taquinerie dans la façon dont s’était exprimée Megan, et peut-être que cela arracha un fin sourire à Damon. Bien sur qu’il avait promis, comme elle le soulevait si bien: c’était peut-être un animal, mais c’était loin d’être un être vivant dénué de toute capacité intellectuelle. Il ne comprenait pas les mots exacts, mais il comprenait l’intention qui était logée derrière ces derniers. « C’est pour pas qu’il croit qu’on l’abandonne. » Parce-que c’était aussi également souvent le soucis avec les chiens adoptés de refuges, qui n’avait pas eu un départ facile dans la vie: il pouvait rapidement se croire abandonnés de nouveau. Damon n’avait pas envie que ce soit le cas avec Bowie; certes, il n’était pas celui qui était le plus adepte de l’idée de prendre un chien, mais il était tombé en amour avec l’animal dès qu’il avait vu ce dernier. « C’est surtout pour l’appartement qu’on ferait bien de le faire. » Il haussa les épaules. « Je m’en fais pas pour l’appartement. » Il n’en avait en réalité pas grand chose à faire, car in fine cela restait du matériel.

« T’es sûr que tu voulais pas dire ”que je puisse me rincer l’oeil” plutôt ? » - « C’est si évident que ça ? » Cela faisait peut-être que des semaines, des mois même surement qu’ils n’avaient pas eu de conversation aussi légère, portée sur l’humour plutôt que sur n’importe quelle accusation. Et cela faisait du bien, d’être simplement deux jeunes gens s’amusant d’une situation sans même qu’elle n’ait besoin d’être précisée. Là était la façon dont Damon se serait comporté avec Megan, si cette dernière n’avait pas été imposée à lui comme sa femme, s’ils s’étaient rencontrés normalement, si ce mot pouvait réellement désigner quelque-chose de précis.

A travers cette légèreté retrouvée, pourtant, le jeune italien tentait de trouver des solutions - même si là n’avait jamais été nommé pour lui comme rôle. Il se sentait en grande partie responsable des affreuses situations dans lesquelles la blonde s’était retrouvée ces derniers temps, et ne tolérait qu’à petites doses que ce soit le cas. Puisqu’il ne semblait pas apte à les prévenir, au moins il pouvait mettre la pain à la patte lorsqu’il s’agissait de les guérir. Non, ce n’était pas idéal qu’elle l’accompagne à certains de ses cours et peut-être effectivement que autres jetteraient des coups d’oeil étranges dans leur direction; mais ce n’était pas là quelque-chose qui dérangeait par avance Cosimo. « Ou que je suis possessive au point de venir marquer mon territoire quand tu es en cours. Ou qu’on est co-dépendant au point de ne pas pouvoir se quitter quelques heures. Je m’en moque hein. Mais t’as peut-être pas envie de renvoyer cette image auprès d’eux. » Lassement, il haussa les épaules. Au pire, ces dits-camarades de promotion seraient jaloux d’eux ? Ca leur ferait une belle jambe; ce serait le dernier des soucis sur la liste actuelle de Damon - et cette dernière était bien trop longue déjà pour son jeune âge. A dire vrai, il aimerait bien que sa seule préoccupation soit la façon dont ses camarades les perçoivent ensemble: la vie serait alors si douce, si simple. Ils n’étaient en rien dans ce conte de fée là, malheureusement, et d’autres facteurs extérieurs entraient en compte - dont leurs histoires personnelles avant de se rencontrer, qui les avaient menés ici aujourd’hui. Megan semblait, l’espace d’un instant, avoir oublié qu’effectivement dans les habitudes de Damon, il y avait le fait que sa mère fasse partie de ces personnes plus là pour présenter la famille qu’autre chose; elle aurait pu suivre ce même chemin, si ses envies avaient été tournées de la sorte, mais elle n’avait eu aucun mal dès le début à expliciter que ce n’était en rien le cas. « J’ai réussi ? » - « Pas du tout. » Mais le sourire qu’il esquissait montrait bien qu’il n’était en rien offensé pour autant. « Les événements caritatifs ou les tailleurs Chanel ? Tu peux me convaincre pour les seconds, mais pas pour les premiers. » Il eut un petit rire à son tour. « Je t’offrirai les seconds et réussirai à te convaincre pour les premiers, va. » Il s’agissait là bien sur de faits qui ne se réaliseraient pas - pour les événements caritatifs, elle pouvait se choisir des  tailleurs Chanel si elle le voulait. Ils lui iraient réellement bien au teint, ces derniers.

Au léger petit aïe qui s’échappa des lèvres de Megan, Damon murmura un petit pardon - là n’était pas son intention, de lui causer plus de mal qu’elle en avait déjà supporté dans la soirée. Au contraire, s’il ouvrait ses bras pour qu’elle puisse s’y réfugier, c’était pour lui montrer qu’il était présent à ses côtés pour faire en sorte que les choses s’améliorent, qu’elles prennent un chemin plus agréable pour tous; les dernières semaines n’étaient pas à prendre en exemple, mais plutôt à méditer en guise d’avertissement, si tel était l’adjectif le mieux pour décrire la situation. Parce-que son but, pour le meilleur et pour le pire, était de protéger celle à qui il avait fait toutes ces promesses, plusieurs mois plus tôt. « Ça pourrait l’être. Ça le sera, un jour. » Damon ne pensait pas qu’elle avait entendu ses mots, si bien qu’il fut surprise de l’entendre y répondre. Mais, à écouter Megan et à réceptionner sa façon de voir les choses, il ne sut faire autrement que de la serrer un peu plus dans ses bras - avec autant de délicatesse dont il était capable pour être sur de ne pas lui faire mal. « Je suis sûre qu’on pourrait faire des miracles toi et moi. » Son menton posé sur le dessus du crâne de sa femme, il pinça quelque peu ses lèvres - elle ne pouvait pas le voir, d’où elle se tenait. Peut-être qu’un jour, ils arriveraient à faire ds miracles effectivement tous les deux. Peut-être qu’un jour, toutes les mauvaises ondes convergeant en permanence vers eux arrêteraient de les trouver. Peut-être - il y avait beaucoup de peut-être, mais ça valait le coup d’attendre et de voir ce qui pouvait arriver de bien au moins une fois. Un jour, elle aurait peut-être assez mis de côté ses envies vénales pour simplement profiter de ce qu’il avait à réellement lui offrir. Un jour, il aurait renforcé assez sa carapace pour se forger une existence pour lui-même et pour profiter de ce qu’elle avait réellement à lui offrir.

« Bonne nuit, Megan. Tu peux dormir à poings fermés. » La seule promesse qu’il était apte à tenir ce soir; la plus importante peut-être pour eux pour le moment.