Je l’entends bien son rire et je percute même qu’il me prend pas au sérieux, Olly’. Ça le défrise même. Mais, j’ai plus d’un tour dans mon sac (à dos) pour le faire tourner en bourrique. Il me connait sur ce point, comment je peux ne pas lâcher si facilement l’affaire. Puis, je suis rancunière. Ça, je le tiens sûrement de mon père. Il a jamais lâché l’affaire quand on s’est moqué de lui, étant jeune, quand il a voulu intégrer la Police. Puis, vu qu’on me répète sans cesse, qu’au niveau du caractère, je suis le portrait craché de mon père … bah. J’y crois dur comme fer. Même si, anatomiquement parlant, je ressemble beaucoup à Charline.
Mon attention, elle, est focalisée sur Oliver. Ou du moins sur sa silhouette figée à jamais sur le papier glacé. Je crois que déjà là, il a eu toutes mes attentions. Parce que je l’avais remarqué ce jour-là. Impeccablement tiré à quatre épingles avec rien qui pouvait dépasser. Des cheveux coupés courts, alors que moi, après l’amour, j’adore passer mes doigts dans ces mèches qu’il a plus longues. Et, cette barbe disparue sur le cliché, mais qu’il possède bien là, en réalité. Moi, j’aime les deux versions de mon petit ami. Elles me comblent toutes les deux. Cependant, je peux pas m’empêcher de rire à sa réflexion, bien que je me dis que ouais : je crois que sans me l’avouer, je l’appréciais déjà cette tête à claques. Ça, c’est pas moi qui l’ai dit. C’est lui, qui s’est qualifié ainsi. Et, ça me fait d’autant plus rire.
- Tu vas peut-être faire une syncope en apprenant ça, mais je crois que déjà, je l’appréciais cette tête à claques. Bah, on se tirait la bourre pour être premiers de la classe, justement. Je crois que j’ai jamais autant aimé la compétition. Alors que moi, je suis totalement à l’inverse ordinairement. Mais quand ça me plait, j’y peux rien. Je dois me donner à fond, sinon je me sens pas vivante. Et, intégrer la Brigade de Brisbane, ça fait partie de mon identité. C’est comme ça. Et, pas autrement.
Mais, je dois avouer que je préfère cette version que j’ai là. Avec moi. Elle me plait. Un froncement de nez taquin et un éclat particulier de défi dans mon regard gris.
Avant que celui-ci ne soit remplacé par un voile d’inquiétude. Parce que je la vois, ma Charline. Qu’elle n’est plus en forme. Que ça sert à rien de continuer. Qu’on est déjà restés longtemps et qu’elle a pas voulu nous faire partir parce qu’elle s’est sentie impolie en le pensant. Alors, elle a pris sur elle. Et, je pense pas me tromper en ayant vu que ça a un peu bouleversé mon partenaire cette rencontre. Bien différente que celle, que j’ai pu avoir avec Violet. Nos deux génitrices, sont à des antipodes l’une de l’autre. Si l’une n’a de cesse de vouloir récupérer ses souvenirs, l’autre veut peut-être les oublier ? Je sais pas, hein. Or, je vois que ça l’a perturbé cet échange et je le trouve touchant. Extrêmement touchant. Ma mère, répond tout de même à sa prise de congé par un fugace sourire, avant de repartir vers ses propres limbes.
Comme deux couillons, on attend l’ascenseur mais j’ai encore eu le chic de faire péter l’une de mes grenades. Estampillée ‘curiosité’, celle-ci. J’ai voulu savoir ce qu’il voulait me dire, quand je l’ai interrompu avec toute ma spontanéité pétrie de mes sentiments à son encontre. Soit, il met un temps à me répondre avant qu’on fasse un pas pour pénétrer à l’intérieur de l’habitacle métallique. Quand tout le monde est sorti, je prends place. En tournant le dos, au gars rivé à son écran de smartphone. Je suis même pas sûre qu’il a capté qu’on était là. C’est lorsque je ressens qu’Oli’ se tourne vers moi, que j’en fais de même. Sentant un baiser sur ma tempe aussi doux et léger qu’un nuage. Et un aveu. Si toute à l’heure, je me moquais de mon binôme en lui disant qu’il allait faire une syncope, là, c’est moi qui en ai tous les symptômes.
Je sais quelles émotions me traversent. Je sais que c’est réciproque. Je sais que ces trois mots, m’étaient destinés depuis un petit temps déjà. Et, ils me ravissent ces trois mots. Toutefois, mon palpitant, il rate un battement. Et, j’ai cette impression qu’il m’a anesthésiée de tout propos cohérents quand il me l’a dit. Et là, je me mets à sa place : celle où il a été quand je les lui ai dits, ces mots. Il me faut à peine une dizaine de secondes, pour me reprendre. Et tout autant, pour me saisir de sa nuque et venir poser mes lèvres sur les siennes. Me fichant royalement, si le gonze derrière nous lève son nez de sur son écran. Moi, c’est Oliver Dawson qui m’importe. Et d’ailleurs, j’estime le lui dire. À travers des mots doux, entrecoupés de baisers remplis de ferveur.
- Je t’aime, Oliver. Là, je viens passer mes doigts pour venir jouer dans ses mèches brunes, que je trouve toujours soyeuses. Je sais pas ce qu’il fait dedans, mais ouais, elles sont toujours douces.
Ça te dit, un food-truck ou un autre truc bien gras, pour nous remettre de nos émotions ? Et … Un silence, avant que l’on soit arrivés au-rez-de-chaussée et que nous devions sortir.
Tu me diras, ce que tu as pensé de ma Charline. Cette fois, je viens lier ma main à la sienne.
Je crois que t’avais raison, elle t’a bien aimé. Un petit rire tendre, parce que c’est la stricte vérité.
- FIN-