"Soon as I saw you, baby, I had plans Plans to do it 'til we have a baby Even if the world is crazy Pick some names, boy or girl Then we'll change, change the world"
Brisbane, 4 Septembre 2022. La nuit a été courte, agitée et frustrante malgré la fatigue qui se fait de plus en plus grande ces derniers jours. Les contractions se font de plus en plus présentes, et s’ils appellent ça du faux travail, ou des contractions de Braxton-Hicks c’est pas pour de faux que ça empêche de dormir, que ça tire dans le bas ventre et que ça fait mal. Pas aussi mal que des vraies contractions mais entre la fatigue, les envies de pipi de plus en plus fréquentes et le retour des nausées ces derniers jours sont plus compliqués et cette nuit ne pas réussir à dormir à failli avoir raison de ma patience. J’ai fini par me lever, en pleine nuit, l’estomac en vrac, l’envie de vomir qui me pousse à aller aux toilettes à nouveau et au lieu d’aller me recoucher je me retrouve à prendre un bain chaud pour me détendre. Voilà encore une chose qui m’apaise et qui calme les douleurs et sensations de tiraillements et de contractions que je ressens. Et après un long moment passé dans mon bain, c’est au petit matin, juste avant le levé du soleil que j’ai réussi à trouver le sommeil auprès de Caleb. Quelques heures de repos qui ne pourront que me faire du bien et me redonner un peu d'énergie pour les dernières semaines de la grossesse. Encore deux, trois semaines grand max et heureusement parce que je commence à trouver le temps bien long. 36 semaines de grossesse, c'est vraiment long et je n'ai jamais connu une grossesse aussi longue. La fatigue, les hormones, le corps douloureux, et les angoisses de l'accouchement sont bien présents mais j'ai hâte de rencontrer ce petit bébé, notre crevette qui est attendu et tellement désiré. Mais, ce n'est pas pour tout de suite. Je veux juste dormir un peu là maintenant. J’entends les filles qui parlent enfin qui se parlent dans un langage qu’elles sont les seules à comprendre mais elles sont en grande conversation et j’entends la voix de Nathan aussi à travers le babyphone. Je tends le bras à la recherche de Caleb, le lit est vide mais encore chaud et j’en déduis qu’il vient de se lever et que je n’ai rien entendu, mais c’est sa voix que j’entends ensuite dans le babyphone et qui demande aux filles de faire moins de bruit pour me laisser dormir. Je souris en l’entendant parler aux filles et je grimace en sentant de nouveau mon ventre se raidir quelques secondes. Ces sensations de tiraillements durent quelques minutes, quelques minutes durant lesquelles j’écoute Caleb, Nathan et les filles parler dans la chambre des jumelles. C'est la fête des pères aujourd'hui et j'avais bien l'intention de passer un peu de temps avec Caleb ce matin avant qu'il ne parte au travail, mais mon corps en a décidé autrement et je finis par me rendormir épuisée par cette nuit et ces derniers jours, ces derniers mois.
Je ne sais pas quelle heure il est quand Caleb me réveille mais le connaissant, je devine qu'il a repoussé au maximum le moment de mon réveil pour me laisser dormir. Je sais qu'il doit aller travailler, et puisque l'on est dimanche la nounou ne travaille pas, et c'est sans doute pour ça qu'il me réveille. Je me frotte les yeux en soupirant montrant comme le réveil est compliqué pour moi. J'ai toujours du mal à me réveiller mais ces derniers temps c'est encore plus dur. Je prends sa main pour l'inviter à me rejoindre dans le lit quelques minutes pour me blottir contre lui. Il est tendre avec moi, il est doux et patient pour ne pas me brusquer. Il sait comment faire et c'est après un moment de silence que je lui parle enfin. « Bonne fête au meilleur des papa. » Que je lui dis avant même d’avoir ouvert les yeux. « Désolée je voulais me lever pour être avec vous ce matin mais je crois que j'avais besoin de dormir. » J'en ai toujours besoin d'ailleurs mais je bouge un peu, j'ouvre les yeux puis les referme. Ma main se pose sur mon ventre et je grimace en serrant les dents. « C’est forcément un homme qui a inventé l’expression de faux travail. » Que je dis en soupirant et en me ronchonnant dès le réveil et ce n'est qu'après quelques minutes à ouvrir et fermer les yeux, que je finis par vraiment me réveiller. « Tu vas être en retard à cause de moi, désolée. » Désolée je ne le suis pas réellement, j'aimerais qu'il reste encore là pendant de longues, très longues minutes mais ce n'est pas possible et je sais qu'il va devoir s'absenter quelques heures et je dois me lever pour prendre le relais avec nos filles et pour préparer la petite surprise que j'ai prévu pour la fête des pères même si je me sens vraiment fatiguée aujourd'hui.
La matinée est compliquée pour moi, et après avoir couchée les filles pour leur sieste, je laisse Nathan jouer sur mon portable le temps d'un énième bain. J'ai l'impression que cette fois ci les contractions ne sont pas de simples contractions de faux travail. Et deux ou trois fois, je m'arrête nette pour respirer et laisser passer la contraction. Je sens bien que quelque chose a changé, que les douleurs sont plus fortes mais avant d'en avoir le cœur net et avant de vraiment penser à ce moment, je décide d'aller prendre un bain parce qu'il n'y a que ça qui me soulage ces derniers jours. Et j'espère encore un peu que le bain soulagera les douleurs et me prouvera que ce n'était qu'une fausse alerte. Je ne veux pas m'emballer pour rien, je ne veux pas inquiéter Caleb pour rien non plus. Nathan lui s'inquiète visiblement puisqu'il vient me rendre mon téléphone et je découvre les échanges de sms entre Nathan et Caleb. Je suis touchée par l'inquiétude de Nathan mais c'est d'abord celle de Caleb que je dois gérer parce qu'il est hors de question qu'il s'inquiète pour rien alors que je sais que mon mari peut avoir tendance à stresser et à paniquer surtout en ce qui concerne la grossesse et nos enfants. Et ce n'est qu'après plusieurs minutes d'échanges de sms et un long, très long moment dans le bain que je quitte cet endroit. Je rejoins Nathan dans le salon, il regarde du sport et je m'installe avec lui sur le canapé, et s'il ne me parle pas je vois qu'il m'observe d'un air un peu inquiet. « Ca va ? » Il finit par me parler sans pour autant me regarder. « Oui, oui c'est ce qu'on appelle des contractions, mais c'est normal pendant la grossesse d'avoir un peu mal. » Il lève les épaules et toujours sans me regarder, il me pose une question à laquelle je m'attendais pas. « Tu as eu mal quand je suis né ? » Il me prends un peu de court et je reste silencieuse quelques secondes tout en cherchant la meilleure réponse à lui donner. « Un petit peu oui, mais c'est normal. » Ce n'est pas totalement vrai et oui la naissance de Nathan a été douloureuse mais je n'ai pas vraiment envie d'y repenser alors que j'ai l'impression que les contractions ne semblent pas vouloir s’atténuer. Elles restent éloignées l'une de l'autre, et gérables et j'espère que ça le restera jusqu'au retour de Caleb. Les pleurs des filles viennent mettre fin à cette discussion inattendue et sans que je ne lui demande Nathan m'accompagne jusqu'à la chambre des filles pour prendre Lucy dans ses bras. Je le regarde en souriant pour le remercier et je crois voir pendant une seconde un léger sourire sur son visage.
C'est vers 12h30, alors que les filles sont en train de manger que je me rends à l'évidence, je ne vais pas pouvoir attendre la fin du service de Caleb. Je m'en veux de le faire quitter le boulot et de l'obliger à laisser sa brigade en plein service mais désormais les contractions sont plus longues et reviennent de manières régulières, de plus en plus rapidement et je sais que ce n'est pas raisonnable de prolonger l'attente plus longtemps. Je suis pliée en deux en appui sur la table du salon pendant quelques secondes et c'est à cet instant que je prends la décision de prévenir Caleb, parce que le moment est venu. Et c'est en réalisant ça que j'ai l'impression que mon cœur s'emballe un peu et les exercices de respirations appris au cour de préparation à l'accouchement sont utiles à ce moment précis. Nathan me regarde en fronçant les sourcils et Lucy semble totalement paniquée et voilà que je suis à deux doigts de paniquer moi aussi. Parce que c'est aujourd'hui, parce que je ne sais pas si je suis prête. Pourtant je n'ai pas le choix. J'appelle la nounou, et j'envoie un sms à Caleb pour lui demander de rentrer et je ne sais pas si c'est le fait de le voir paniquer par sms mais je me calme quelques instants pour tenter de rassurer le futur papa qui vient de réaliser ce que les sms signifiaient. Je le réalise petit à petit moi aussi, je comprends que dans quelques heures, je vais rencontrer ce bébé que je sens bouger depuis quelques mois. Que dans quelques heures il sera dans mes bras, contre moi, que je ne pourrais plus le protéger du reste du monde aussi et même si la fin de grossesse est pas simple, savoir que ce bébé ne sera plus en sécurité en moi m'angoisse un peu. Mais avant de penser à mes propres angoisses, je dois rassurer Lucy qui m'appelle et pleure, elle ne comprends pas ce qu'il se passe, mon agitation, ma douleur que je ne peux pas cacher malgré tout mes efforts. Je dois rassurer Nathan et lui expliquer ce qu'il se passe même s'il a du tout comprendre en m'entendant échanger quelques mots avec la nounou. Je pense à eux, et j'ai un pincement au cœur en réalisant que je vais être loin de la maison pour les prochains jours. Que je ne serais pas là pour leur lire une histoire le soir, que je ne serais pas avec elles la journée et je les couvre de bisous et de câlins, ce qui fait plaisir à Lucy mais beaucoup moins à Lena. Et c'est une nouvelle contraction qui la sauve puisque je ressens de nouveau cette douleur qui dure quelques dizaines de secondes, mais qui me semble longue très longue. 5 minutes voilà le temps qu'il me reste avant une nouvelle contraction, ou peut-être moins mais j'espère que Caleb ne va plus tarder désormais. Dobby remue la queue, se précipite jusqu'à la porte et je sais que ça signifie que Caleb arrive et je suis presque soulagée de me dire que maintenant il est là et tout va bien se passer. « Merci d'avoir fait si vite. La nounou devrait arriver dans quelques minutes. » Je suis réellement soulagée qu'il soit là et ça s’entend dans ma voix. Sauf que mon soulagement ne dure pas alors que je vois le sang sur sa chemise, premier moment de panique, et ensuite c'est sa main qui m'inquiète, et qui semble saigner un peu trop à mon goût. De toute façon toute présence de sang même infime sur Caleb serait un peu trop à mon goût mais aujourd'hui il semble bien saigner. Je fronce les sourcils en prenant sa main délicatement. « Qu'est-ce que t'a fait ? Il faut nettoyer ta blessure. » Et sans doute faire pleins d'autres choses que je n'ai pas le temps de dire puisque je lui lâche la main pour venir passer mes bras autour de ses épaules alors que je sens une nouvelle contraction arriver. Je serre les dents, je souffle en venant poser ma tête sur son épaule, et j'attends que ça passe, je n'ai que ça à faire de toute façon. Et après quelques secondes, je m'éloigne de lui, non sans avoir déposer un baiser au coin de ses lèvres et je sais que j'ai quelques minutes avant la prochaine contraction alors je m'active. « On nettoie ta main, on prends les affaire et on y va. » Parce qu'il est temps pour nous d'aller rencontrer notre futur enfant, de voir notre famille s'agrandir et d'enfin savoir s'il s'agit d'un garçon ou d'une fille.
SOON AS I SAW YOU, BABY, I HAD PLANS. PLANS TO DO IT 'TIL WE HAVE A BABY EVEN IF THE WORLD IS CRAZY PICK SOME NAMES, BOY OR GIRL THEN WE'LL CHANGE, CHANGE THE WORLD
Aujourd’hui, c’est la fête des pères. La deuxième pour moi depuis la naissance de Lucy et Lena et si elles sont encore bien trop jeunes pour comprendre et réaliser à quoi sert cette journée, il a fallu que je leur dise au réveil qu’aujourd’hui c’était la fête de leur papa pour qu’elles ne cessent de me répéter en boucle bonne fête papa toute la matinée. Elles sont adorables et si vous saviez à quel point je les aime. Je prends soin d’elles ce matin et après leur bain elles portent toutes les deux une robe qui les rend encore plus mignonnes. Je passe une partie de la matinée avec elles, à les regarder ou à jouer avec elle mais l’heure est venue pour moi d’aller réveiller Alex pour aller travailler. Je ne travaille que ce midi et comme tous les dimanches c’est le plus vite possible que je sais que je vais rentrer pour profiter de ma famille. Elle dort encore à poings fermés, Alex, et j’aurais aimé pouvoir la laisser se reposer mais aujourd’hui la nounou ne travaille pas donc je suis obligé de la tirer de son sommeil. « Bonne fête au meilleur des papa. » Un grand sourire s’étire sur mes lèvres. « Désolée je voulais me lever pour être avec vous ce matin mais je crois que j'avais besoin de dormir. » Je secoue la tête de gauche à droite. « C’est moi qui suis désolé d’être obligé de te réveiller. » Je commence même à culpabiliser et à me demander s’il ne serait pas préférable que j’appelle la nounou pour lui demander de venir jusqu’en début d’après-midi pour aider Alex. « C’est forcément un homme qui a inventé l’expression de faux travail. » Sa main posée sur son ventre et la grimace qui se dessine sur son visage me fait moi aussi grimacer. Je ne peux pas imaginer la douleur qu’elle ressent actuellement mais je sais que c’est très compliqué pour elle et qu’elle aurait bien besoin d’encore un peu de repos. Sauf que je l’ai déjà réveillée à la dernière minute et que je devrais déjà être sur le chemin en direction du restaurant. « T’as des contractions ? Beaucoup ? Je peux faire quelque chose pour toi ? Elles te font pas trop mal ? Tu es sûre que ça va aller pour toi aujourd’hui ? » Je la bombarde de questions et c’est bien la preuve que je ne suis pas serein à l’idée de la laisser seule ce matin. Comme un pressentiment que ma présence serait plus qu’utile aujourd’hui. Mais je lui promets de rentrer le plus tôt possible. Elle peut m’appeler si elle a besoin de moi et elle sait que je serai là au plus vite. Je lui répète tout ça après lui avoir demandé pour la énième fois si elle préfère que je reste avec elle aujourd’hui. Mais elle me dit que tout se passera bien. Alors je l’écoute et après m’être assuré qu’Alex a tout ce dont elle aura besoin durant mon absence, je quitte enfin le domicile familial.
C’est toujours pas très serein que je laisse ma femme seule avec Lucy Lena et Nathan. Je sais que Nathan peut l’aider pour certaines choses, il l’a déjà fait plusieurs fois avec moi et il sait maintenant comment changer une couche et se débrouille plutôt bien. La montre connectée remise à mon poignet depuis quelques jours, pas pour surveiller mes pulsations cardiaques comme le souhaiterait Alex mais surtout pour pouvoir lire facilement ses messages même en plein coup de feu. Je m’inquiète beaucoup aujourd’hui et n’arrête pas de vérifier qu’elle ne m’envoie pas de message. Ça commence par Nathan qui empreinte le téléphone d’Alex pour me signaler qu’elle ne semble pas aller très bien. Je suis déjà prêt à partir à ce moment-là mais elle me rassure donc je reprends le travail et les clients commencent à arriver. Un nouveau message mais cette fois bien de sa part vers midi et demi. Elle me signale que le travail a commencé.
Je panique. Et d’ailleurs en voyant son message s’afficher sur ma montre je ne fais pas attention à ce que j’étais en train de faire et je me coupe le doigt. Quelque chose qui ne m’était pas arrivé depuis des années. Je saigne mais je panique tellement que je ne vois même pas que la coupure semble profonde. Mon doigt qui passe rapidement sous l’eau c’est avec une serviette que je le protège et avant de partir j’explique rapidement la situation au second pour qu’il prenne le relai jusqu’à la fin du service. Et pour le prochain mois, de toute façon. Je fais vite, je marche rapidement, j’ai peur d’arriver trop tard. Pris dans l’angoisse et l’excitation j’en oublie presque mon doigt qui saigne, la serviette ne sert plus à grand-chose et la douleur que je ressens devient presque dérisoire. C’est assez rapidement que j’arrive chez nous, voir Alex me soulage immédiatement. « Merci d'avoir fait si vite. La nounou devrait arriver dans quelques minutes. » J’avance rapidement vers elle et mes lèvres retrouvent tout de suite les siennes. « Qu'est-ce que t'a fait ? Il faut nettoyer ta blessure. » Elle s’inquiète pour moi alors que finalement un doigt qui saigne ce n’est rien comparé à ce qu’elle est en train de vire elle en ce moment. C’est ce que j’aurais voulu lui dire mais je sens une nouvelle contraction arriver, sa tête se pose sur mon épaule et je prends sa main que je serre dans la mienne pour la soutenir. « On nettoie ta main, on prends les affaire et on y va. » cette fois c’est sur ses épaules que mes mains se posent et je la pousse à s’asseoir sur une chaise. « Assieds-toi. Je t’assure que moi ça va. » Je ne ressens même pas la douleur et quand je pars dans la salle de bain pour nettoyer mon doigt Nathan me suit, il semble lui aussi inquiet mais je le rassure comme je le peux. Une fois nettoyé je mets un pansement, Lucy n’arrête pas de m’appeler et en passant à côté d’elle je l’embrasse sur la joue. Les filles ne comprennent pas bien mon agitation. Je cours partout, j’oublie des choses partout mais quand la nounou arrive j’ai le sac d’Alex avec ses affaires en main et j’explique la situation à la nounou. Mes parents devraient arriver d’ici deux heures et une fois là elle pourra partir, elle sera payée double pour les deux heures passées ici. Nathan écoute les explications que je donne à la nounou, il a envie de savoir comment les choses vont se passer lui aussi et il comprend surtout que sa petite sœur et son petit frère est sur le point de naître. Les filles pleurent en nous voyant partir, surtout Lucy mais après plusieurs baisers et câlins nous voilà tous les deux dans la voiture en direction de la maternité. « Ça va ? Comme tu te sens ? Les contractions te font pas trop mal ? Tu en as eu toute la matinée ? Elles sont espacées de combien ? » Encore une fois, je lui pose bien trop de question en quelques secondes ce qui n’est pas habituel pour moi. Je conduis prudemment mais j’essaie d’être rapide. Je suis stressé mais surtout aussi très heureux puisque je suis en train de réaliser que je suis sur le point d’être papa à nouveau.
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4 Septembre 2022, jour de la fête des pères et moi je suis endormie dans mon lit et je laisse Caleb gérer les enfants tout seul. J'aurais du être avec eux ce matin, préparer le petit déjeuner pour Caleb et être là pour lui dire ô combien il est un papa parfait pour nos enfants. Il le sait, enfin j'espère parce qu'il est absolument parfait avec notre famille, mais aujourd'hui j'aurais voulu que ce soit son jour et pouvoir le partager avec lui. Mais, c'est sans compter sur notre futur enfant qui me prends toute mon énergie. Et pourtant, les excuses que je fais à Caleb sont sincères, j'aurais aimé être avec eux ce matin plutôt que seule dans notre lit, mais j'avais besoin de repos. J'en ai toujours besoin d'ailleurs et Caleb doit le voir. « C’est moi qui suis désolé d’être obligé de te réveiller. » Il s'excuse alors qu'il m'a déjà laissé dormir une bonne partie de la matinée, ça ne remplace pas le manque de sommeil globale mais ça m'a permit de me reposer un peu. Je me sens pas vraiment mieux et je ne suis même pas encore totalement réveillée que mon corps me fait de nouveau mal et je sens que ça va encore être une longue journée. « T’as des contractions ? Beaucoup ? Je peux faire quelque chose pour toi ? Elles te font pas trop mal ? Tu es sûre que ça va aller pour toi aujourd’hui ? » Il est inquiet en me voyant grimacer et en m'entendant me plaindre, je le sais et je n'ai même pas besoin de le regarder pour le savoir, il suffit de l'entendre. Il me pose beaucoup de questions avant même que je n'ai le temps d'y répondre, et je sais qu'il risque de passer une mauvaise journée à cause de cette inquiétude qu'il a pour moi. Une inquiétude injustifiée puisque ce n'est rien d'autres que des douleurs normales de grossesse. Je me redresse un peu et je me frotte les yeux. « On t'a déjà dis que tu parlais trop au réveil ? » Je ris doucement en lui disant ces mots qui sont ironiques et il va bien le savoir. C'est une manière pour moi d'essayer de le rassurer. Je prends sa main pour la poser sur mon ventre et c'est avec plus de sérieux cette fois que je lui réponds. « Plus sérieusement, ca va aller, pour nous deux. Les douleurs sont supportables et t'en fais pas ce ne sont pas de contractions de travail. » Je dépose un baiser sur sa joue comme pour essayer de le détendre un peu. Il me promet de rentrer vite, il me demande encore si j'ai besoin de quelque chose, il me rappelle qu'il reste disponible à tout moment pour moi, les recommandations habituelles et je vois qu'il a mit sa montre ce qui prouve qu'il aura mes sms en cas de besoin. « Vas bosser tranquille sexy chef Anderson. » Je lui souris à nouveau en lui disant ces mots. « On peut se passer de toi pendant 4h, ce sera dur je te le cache pas mais on va s'en sortir. » Encore une petite taquinerie, j'essaye juste de faire en sorte qu'il parte au boulot plus serein même si je sais que son esprit risque d'être occupé à penser à nous, et si en temps normal, savoir qu'il pense à moi m'amuse et me plaît grandement, là je sais que ça risque de le faire stresser et je n'ai pas envie de ça pour lui.
Finalement, il avait presque raison, il aurait peut-être du rester aujourd'hui à la maison, ça m'aurait évité de l'appeler au milieu de service. Mais, j'ai essayé d'attendre, de repousser un peu jusqu'au plus possible en espérant que le moment ou je devrais l'appeler serait à la fin du service. Mais, je me fais une raison et j'essaye d'être raisonnable, pas ma plus grande qualité soit dit en passant, mais ce n'est pas de moi qu'il est question là mais de notre futur enfant. Et des douleurs qui deviennent de plus en plus régulières et intenses. Il arrive assez vite après mon sms, et quand je le vois, je suis soulagée. Sa présence dans ma vie est plus qu'importante, elle est primordiale mais elle le devient encore un peu plus quand il est question de donner naissance à notre futur enfant. J'ai déjà fais ça une fois sans lui et ce n'est pas un souvenir que j'ai envie de revivre. Sa main en sang est source d'inquiétude et si j'ai pour optique de lui nettoyer, il m'en empêche. « Assieds-toi. Je t’assure que moi ça va. » Je fronce les sourcils et pas de douleur mais parce que je ne vois pas comment il peut aller alors que sa chemise en sang et surtout son doigt me prouve le contraire. Mais il s'éclipse assez vite dans la salle de bain avec Nathan et j'essaye de rassurer les filles qui semblent un peu perdues devant toute cette agitation anormale à l'heure du repas. Je profite des quelques minutes de répit, trois ou quatre, avant la prochaine contraction pour les embrasser toutes les deux, je ne veux pas les inquiéter plus mais l'idée de ne pas être à la maison pour les prochains jours m'inquiètent. En les regardant je repense même à l'une de mes craintes du début de grossesse, et si ça se passe mal ? Et si je ne les revoies pas ? Je secoues la tête et finalement la contraction qui arrive me ramène rapidement sur terre et sur la réalité du moment. Je vais accoucher. Pas là maintenant, tout de suite, mais aujourd'hui et Lucy, Lena et Nathan auront bientôt un petit frère ou une petite sœur. La nounou est arrivée et je sais que ça signifie que l'on va pouvoir partir, et je vois Caleb qui s'agite, qui cours partout et ça me rappelle l'accouchement des filles, sauf qu'aujourd'hui il est habillé quand il se présente avec le sac prêt à partir. Lucy voit le sac et elle nous appelle, elle pleure et je crois que je suis à deux doigts de pleurer moi aussi au moment ou elle continue encore et encore à réclamer des bisous. Mais une nouvelle contraction arrive et me rappelle que je n'ai pas le choix, je ne peux pas ni rester avec les filles à la maison, ni les emmener avec nous et après encore une session de bisous et de câlins, c'est avec Caleb que je quitte la maison. Il m'aide à monter dans la voiture et nous partons direction la maternité. « Ça va ? Comme tu te sens ? Les contractions te font pas trop mal ? Tu en as eu toute la matinée ? Elles sont espacées de combien ? » Aujourd'hui, c'est lui qui parle le plus, et ça c'est assez inhabituel pour être signalé. C'est lui qui semble le plus inquiet aussi. « Ça va. » Bon j'ai connu mieux clairement, j'ai connu pire aussi et je sais que ce n'est que le début et ce qui arrive va être encore plus dur et douloureux, mais ça il le sait aussi. Il était là pour la naissance des filles, il m'a vu souffrir bien plus que je n'ai mal actuellement. « C'est un peu douloureux et ça revient un peu trop vite, mais ça va. » Peut-être qu'inconsciemment je minimise les choses pour ne pas l'inquiéter plus qu'il ne semble déjà l'être. Mais il faut bien que je réponde à ses questions. « Ça s'est un peu calmé dans le bain tout à l'heure, enfin je crois mais sinon j'en ai depuis un petit moment, je pensais pouvoir attendre que tu rentres mais ça s'est rapproché d'un coup. J'ai pas compté depuis que tu es arrivé, mais c'était moins de cinq minutes avant que tu arrives. » Et une heure avec des contractions qui reviennent toutes les cinq minutes et qui dure plus ou moins une minute, autant dire que l'heure est longue, que les cinq minutes reviennent vite aussi et que le répit est court. Et c'est d'ailleurs au même moment qu'une nouvelle contraction arrive et je bouge sur le siège pour gérer au mieux la douleur qui irradie jusque dans le dos. Je ferme les yeux, je souffle et je respire comme je l'ai appris. Une fois la contraction passée, je regarde mon ventre. Je soulève mon haut et je caresse tendrement mon ventre. Et c'est presque déjà avec une certaine nostalgie que je profite de ces derniers moments de lien privilégie avec notre bébé. Ces derniers temps la grossesse n'a pas été une partie de plaisir mais j'ai pourtant une partie de moi qui veut le garder rien que pour moi. Qui veut le protéger aussi. Et je regarde mon ventre arrondi, je passe ma main sur cette forme en souriant alors que je sais que dans quelques heures je l'aurais sur moi. Je me tourne vers Caleb tout en caressant toujours mon ventre avec douceur. « On a même pas parié, fille ou garçon ? » On a tenu bon, ni lui, ni moi n'avons craqué pour connaître le sexe et ce sera une vraie surprise pour nous. « J'ai tellement hâte de rencontrer notre petite crevette. » Et pourtant une partie de moi s'inquiète. Crains que l'accouchement se passe mal, crains que la venue au monde de ce bébé ne se passe pas comme prévue. Le souvenir de Lena qui mets du temps à respirer me revient, cette angoisse que j'ai ressenti, cette peur intense pour un être que je venais à peine de rencontrer. J'ai peur pour ce bébé, j'ai peur pour moi aussi, non pas que je craigne réellement pour ma santé, mais je sais que je ne suis plus toute seule et que d'autres personnes comptent sur moi, et c'est à eux que je pense. A nos filles, à Caleb aussi, c'est pour eux que j'ai peur. Mais je n'en parle pas, pas maintenant, pas alors qu'aujourd'hui est censé être un grand jour pour notre famille. « Tout va bien se passer. » C'est à la fois pour Caleb mais aussi pour moi que je dis ces mots. Tout va bien se passer et je ne dois pas penser au pire, pas aujourd'hui. Je vais pour poser ma main sur la sienne mais je vois le pansement et je vois le sang qui a déjà tâché le pansement. Et à défaut de toucher à sa main, ma main se pose sur sa cuisse, un geste simple juste pour créer un contact physique entre nous. « Ton doigt, ça va ? Qu'est-ce que t4as fais ? Tu saignes encore, c'est pas normal non ? » C'est une réalité qui ne me rassure pas mais au moins je me concentre sur autre chose que sur ma douleur et sur certaines de mes peurs. « Ton cœur ça va aller ? » M'inquiéter pour Caleb semble être ce que j'ai décidé de faire pour m'aider à gérer la situation, les douleurs, les angoisses, l'excitation aussi. Trop d'émotions, trop de pensées, trop de choses que ne sais pas trop gérer, mais mon inquiétude sur la santé de Caleb, ça c'est quelque chose que je maîtrise. Ou pas d'ailleurs, mais c'est une émotion que je connais et c'est bien plus simple que de commencer à penser à tout ce qui pourrait mal tourner une fois arrivée à la maternité, et nous y voilà d'ailleurs et pendant une seconde je souffle sentant l'émotion me gagner. Toutes les émotions et c'est presque un miracle que je ne pleure pas déjà.
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La matinée a commencé par des contractions pour Alex ce matin, chose qui n’est pas forcément inhabituelle mais elles semblaient plus intenses et assez différentes de celles qu’elle peut avoir habituellement. Je lui ai demandé si elle voulait que je rentre avec elle pour la journée proposition qu’elle a refusé sauf que moi je l’ai écouté et je suis finalement parti travailler ce matin malgré la petite voix dans ma tête qui me suggérait de ne pas la laisser seule aujourd’hui. Et j’avais raison puisqu’à midi trente c’est un message de sa part que je reçois en me disant que le travail a commencé et qu’il faudrait que je rentre le plus vite possible. Je savais que ce moment arrivait à grands pas. Je le savais vraiment. Mais pourtant je ne me sens pas plus prêt que pour l’accouchement des filles d’autant plus que là, je ne suis pas avec elle pour pouvoir partir dès le début des contractions comme nous l’avions fait pour la naissance de nos filles. Je ne fais pas attention à ce que je fais quand je lis ses messages et je me couple le doigt avec un gros couteau. Des coupures, ça arrive mais avec un couteau pareil c’est bien plus rare. Le stress, l’excitation et l’adrénaline me font complément oublier la douleur que je ressentirais habituellement et je ne pense qu’à une chose : arriver le plus vite possible aux côtés de ma femme pour la soutenir être là pour elle, et l’aider à préparer les dernières affaires pour la maternité. Je pense arriver assez rapidement ou du moins je l’espère mais c’est pourtant elle qui semble vouloir prendre soin de moi et de mon doigt qui saigne bien plus que ce que je ne le pensais. Je me change, je nettoie rapidement ma blessure mais je ne prends pas le temps, j’ai bien trop peur qu’elle perde les eaux chez nous et qu’il soit trop tard pour l’emmener à la maternité. Lucy et Lena ne comprennent pas pourquoi on s’agite et après une courte séance de bisous et de câlins pour tenter de les rassurer nous voilà tous les deux installés en voiture et je ne tarde pas à démarrer pour prendre le chemin vers la maternité. « Ça va. C'est un peu douloureux et ça revient un peu trop vite, mais ça va. » Ça revient un peu trop vite, qu’elle me dit. Est-ce qu’elle est en train d’essayer de me faire comprendre que je dois nous emmener très rapidement à la maternité parce que les contractions sont déjà beaucoup trop rapprochées l’une de l’autre ? Je panique encore plus et sa réponse ne me rassure pas du tout. J’espère simplement qu’il n’y aura pas trop de monde sur la route mais normalement un dimanche à cette heure-ci, ça ne devrait pas être trop long. « Ça s'est un peu calmé dans le bain tout à l'heure, enfin je crois mais sinon j'en ai depuis un petit moment, je pensais pouvoir attendre que tu rentres mais ça s'est rapproché d'un coup. J'ai pas compté depuis que tu es arrivé, mais c'était moins de cinq minutes avant que tu arrives. » J’écoute sa réponse avec attention ne loupant pas un seul mot de tout ce qu’elle me dit. Ses contractions sont espacées toutes les cinq minutes, j’hoche la tête sachant que nous devrions donc avoir encore un peu de temps si tout va bien. Et si il y a quelques minutes je parlais beaucoup laissant mon angoisse s’exprimer en lui posant tout un tas de questions les tendances s’inversent puisque me voilà maintenant muet. Je réfléchis mais surtout je réalise ce qui est en train de se passer et que dans quelques petites heures nous famille va de nouveau s’agrandir et que je serai de nouveau papa. Je sens Alex se tendre plusieurs fois avec les contractions qui lui font mal et je déteste cette sensation d’impuissance que je ressens à ce moment précis. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Rien, certainement. Je le sais mais pourtant je ne peux m’empêcher de lui poser cette question en jetant un coup d’œil rapide en sa direction. « On a même pas parié, fille ou garçon ? » Je souris. « Peut-être une nouvelle petite princesse. Tu penses à quoi, toi ? » Quel que soit le sexe de cet enfant, ça importe si peu finalement. « J'ai tellement hâte de rencontrer notre petite crevette. » Je souris encore plus et je profite d’un feu rouge pour me pencher vers ma femme pour l’embrasser avec beaucoup de tendresse, quelque chose que je n’ai même pas pris le temps de faire depuis que je suis rentré. « Moi aussi. Tellement. » Et si c’est beaucoup de stress que je ressens depuis tout à l’heure cette sensation s’apaise petit à petit pour laisser place au bonheur. La voiture redémarre quand je sens sa main se poser sur ma cuisse. « Tout va bien se passer. » Je prends une grande respiration comme pour me donner le courage de lui répondre. « Tout va bien se passer. » J’essaie de m’en convaincre mais après tout il n’y a pas de raison que les choses se passent mal, non ? Le chemin vers la maternité n’est plus très long et j’essaie de ne pas penser à une possible tournure négative des événements. « Ton doigt, ça va ? Qu'est-ce que t4as fais ? Tu saignes encore, c'est pas normal non ? Ton cœur ça va aller ? » Mon regard quitte la route quelques secondes pour se poser sur mon doigt qui semble toujours saigner sans que je ne m’en rende compte. « Quand j’ai lu ton message j’ai paniqué et je me suis coupé. Mais ça va aller t’en fais pas, j’ai même pas mal. » Et je ne lui dis même pas ça pour qu’elle ne panique pas parce qu’il s’agit de la vérité.
Alex est installée en chambre. Médecins et infirmiers sont en train de s’occuper d’elle mais je ne suis pas avec elle. En nous voyant arriver un médecin a regardé ma coupure et m’a dit que j’allais avoir besoin de quelques points de suture et me voilà donc dans une autre pièce avec ce même médecin en train de me faire recoudre le doigt. Je grimace à certains moments, mes muscles se tendent parfois mais je ne pense pas à ma douleur mais simplement à celle de ma femme qui se retrouve seule. Je lui pose plusieurs questions voulant m’assurer que je ne puisse pas louper l’accouchement mais il me rassure et je garde mon portable à proximité au cas où Alex m’envoie un message. Ce qu’elle ne fait pas et une fois la suture et le bandage terminé je remercie le médecin mais je ne m’attarde pas plus que ça voulant rejoindre Alex au plus vite. Je toque une fois à la porte de sa chambre avant d’y entrer. « Je suis tellement désolé mon amour... » Première chose que je fais en poussant la porte : m’excuser et presque courir vers son lit. Je m’assois au bord de celui-ci et me penche vers elle pour l’embrasser. Ma main se pose sur son ventre. « Ils ont dit quoi les médecins ? » Est-ce que j’ai loupé beaucoup ? Est-ce qu’elle en a pour longtemps ? « Je peux faire quelque chose pour toi ? Tu veux que j’aille à la cafétéria t’acheter à boire ou à manger ? » J’aimerais pouvoir prendre soin d’elle et rendre cet accouchement moins difficile alors je compte bien être aux petits soins avec elle pour ça.
"Soon as I saw you, baby, I had plans Plans to do it 'til we have a baby Even if the world is crazy Pick some names, boy or girl Then we'll change, change the world"
Installés dans la voiture, c'est direction la maternité que nous nous dirigeons. Je ressens la douleur des contractions avec un peu plus d'intensité. Je ressens la douleur qui m'empêche de parler, qui me coupe presque la respiration si je ne me force pas à pratiquer les exercices de respirations appris au cour de préparation. Et si dans ces moments là c'est presque drôle, aujourd'hui les exercices n'ont rien de drôles et semblent même pas si facile à mettre en pratique. Et pas si efficace non plus. Mais, les contractions sont courtes, et la douleur encore supportable, ou presque. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Caleb n'aime pas me savoir mal, il n'aime pas savoir les gens mal plus globalement mais il ne peut rien faire actuellement, rien de plus que ce qu'il fait déjà. « Nous conduire à la maternité c'est déjà bien chéri. » Et après, une fois qu'il ne sera plus derrière le volant, sans doute que j'aurais besoin de lui pour me soulager, pour m'aider à gérer la douleur, pour me masser ou que sais-je d'autres encore dont je ressentirais le besoin. Mais, là il conduit et c'est le mieux qu'il puisse faire pour moi. J'essaye de penser à autre chose qu'aux contractions, qu'à la douleur, qu'au faite qu'elles soient rapprochées, je pense à ce bébé. « Peut-être une nouvelle petite princesse. Tu penses à quoi, toi ? » « Tu penses à une fille, alors je vais dire un petit mec. Juste pour pouvoir lui acheter tout pleins de vêtements. » Je dis ça en riant légèrement alors qu'on sait très bien tout les deux que même si nous venons à avoir une nouvelle petite princesse, elle serait aussi gâtée que ses sœurs. La voiture s'arrête et Caleb se penche vers moi pour m'embrasser et je suis aussi surprise que heureuse de ce geste. « Tu me demandais ce que tu pouvais faire pour moi, et bien ça, ça aide beaucoup. » Parce que sa présence même si elle ne permet pas de faire diminuer la douleur que je ressens, elle m'aide à être plus sereine, plus calme, plus détendue et pour gérer les contractions c'est bien mieux. « Tout va bien se passer. » Il s'en convaincs, il tente de me convaincre, j'ai fais la même chose il y a quelques minutes. Ce besoin de se rassurer l'un, l'autre. Ce besoin de se dire que tout va bien se passer pour éviter de laisser les pensées et les doutes venir perturber ce moment. J'ai peur de certaines choses dont je ne peux pas parler, mais il l'a dit, tout va bien se passer, alors c'est sur ses paroles que j'essaye de me concentrer et sur lui. Mauvaise idée puisque c'est sur son doigt que je me concentre. « Quand j’ai lu ton message j’ai paniqué et je me suis coupé. Mais ça va aller t’en fais pas, j’ai même pas mal. » Un doigt en sang ça ne faisait pas partie de l'accouchement de rêve, et pour le tout va bien se passer, c'est déjà une première petite alerte, parce qu'il n'a peut-être pas mal, mais son doigt saigne et ce n'est pas normal même s'il me dit de ne pas m'en faire, c'est impossible de ne pas voir le sang qui a tâché le pansement.
Nous voilà à la maternité. Le voilà le moment tant attendu. Enfin, pas encore totalement, mais il se rapproche. A chaque minutes qui passe, à chaque contraction, à chaque moment ou mon ventre se durcit un peu plus, à chaque instant ou je ressens cette douleur, je sais que c'est le signe que les choses avancent même si je ne suis pas pressée d'atteindre les contractions les plus douloureuses, je reste pressée à l'idée de rencontrer ce nouveau membre de notre famille. Je le sens depuis un petit moment maintenant, j'ai ce lien avec lui si privilégié. Il a été celui qui m'a aidé durant ces derniers mois, inconsciemment, sans même ne rien avoir à faire, il m'a aidé à rester calme quand tout dans notre vie était agité. Il m'a donné une raison pour prendre soin de moi, une raison pour ne pas craquer, pour ne pas me laisser envahir pour tout ce qui se passait autour de nous. Une main sur mon ventre, un mouvement de sa part, et je savais pourquoi je devais être forte. Ce lien si fort et si privilégié n'existera plus et je réalise peu à peu que ça va me manquer. Les autres symptômes de la grossesse eux ne vont pas me manquer, mais j'ai vécu pour deux pendant plus de huit mois, et bientôt il ne sera plus en moi. Mais pour ça, je dois encore donner naissance à notre enfant et pour ça je dois accepter toutes les étapes qui arrivent. Et voir Caleb partir se faire recoudre le doigt ne faisait pas partie des étapes que j'avais en tête. Tout va bien se passer qu'il a dit, mais le voir partir se faire recoudre n'est définitivement pas ma notion de bien se passer. Il devrait être avec moi, il devrait être à mes côtés au moment ou on m'annonce que je vais bien accoucher aujourd'hui après un premier examen. Il le sait sans doute déjà, mais à l'annonce de ces mots, je ressens l'excitation et le bonheur, sauf que je le cherche du regard. Par réflexe, pour partager mon bonheur avec lui, parce que c'est lui que je veux à mes côtés quand je vis de tels bonheurs, parce que c'est à deux que l'on doit vivre cette aventure, mais il n'est pas là. Je suis toute seule quand j'entends les battements du cœur de notre bébé sur le monitoring, et si c'est une émotion immense de bonheur que je ressens, je repense tout de même à l'accouchement de Nathan. J'étais seule et je n'aime pas ça du tout, et j'espère qu'il va vite arriver. Après les examens je suis installée en salle d'accouchement, comme pour bien préciser que c'est le bon moment. Ou qu'il va arriver aujourd'hui en tout cas. Et après l'agitation, je me retrouve seule dans cette chambre, Caleb n'est pas avec nous, et je ressens une certaine panique à l'idée qu'il ne soit pas là à mes côtés. Qu'il soit blessé aussi. Qu'il puisse rater l'accouchement. Que ce soit plus grave que quelques points et qu'on ne m'ait pas prévenu. Qu'il ait eu un problème avec son cœur ? Il y aurait milles et une raison pour que je panique, parce que j'ai tendance à penser au pire, mais ce n'est clairement pas le bon moment pour paniquer, pas alors que les contractions me font encore un peu plus mal désormais. J'ai encore le monitoring et c'est sur les battements de cœur de ce bébé que je me concentre. Il est encore là, et c'est une main sur mon ventre, et les yeux fermés que je tente de me concentrer sur lui, encore un peu. Pour ne pas paniquer, pour ne pas me laisser submerger par les émotions que je ressens et par la peur que je ressens en pensant à Caleb qui n'est pas avec moi. Les contractions sont plus douloureuses et je suis plus tendue. Je bouge dans le lit à la recherche d'une position mais y'a rien à faire, et je n'arrive pas à me concentrer sur ma respiration et à me détendre entre les contractions. On toque à la porte et quand je vois Caleb entrer, c'est avec un vrai soupir de soulagement que je réalise que c'est bon cette fois il est là. Qu'il ne va rien rater et qu'il va être avec moi désormais. « Je suis tellement désolé mon amour... » Il s'assoit sur le lit et je lui rends son baiser, je lui montre comme je ne lui en veux pas mais surtout comme je suis heureuse et soulagée de le voir. « Tout ce qui compte c'est que tu sois là et que tu ne saignes plus. Ca va ton doigt ? » Parce que je ne me vois pas faire ça sans lui et je sais qu'il s'en voudrait énormément s'il venait à rater la naissance de son futur bébé. « Ils ont dit quoi les médecins ? » Au delà de ses excuses, je sais qu'il s'en veut sûrement d'avoir du me laisser et de ne pas avoir toutes les informations, mais je le rassure comme je peux en lui donnant un petit compte rendu bref de ce qu'il m'a été dit. « Que c'était bien pour aujourd'hui et que ça pouvait aller assez vite, le travail est déjà bien avancé. Le col est favorable, le bébé se présente bien et il est déjà bien bas, ils ont mis le monitoring, la perfusion, et tout est normal pour notre crevette. Tu n'as rien raté. » Voilà qui devrait le rassurer ou au moins lui donner un petit compte rendu de là ou nous en sommes désormais. Je ne lui parle pas des contractions qui reviennent encore et encore, et qui sont plus douloureuses il aura bien vite l'occasion de le voir par lui même. Sa main qui se pose sur mon ventre, est encore un autre de ses petits moments de la grossesse qui va me manquer, et finalement je réalise quand tout se termine que j'aime un peu être enceinte. Quelques petits trucs mais qui ont beaucoup d'importances pour moi. « Ces moments vont me manquer. Te voir sourire quand tu le sens bouger, t'écouter lui parler, sentir tes mains sur mon ventre au réveil. Le sentir bouger, je pensais pas dire ça un jour, et je vais sûrement le regretter dans quelques minutes mais juste pour ces moments j'aime être enceinte. » Alex Anderson qui avoue aimer être enceinte, c'est presque incroyable non ? Surtout que je suis sur le point d'accoucher, mais je sais aussi que c'est ma dernière grossesse, que c'est les derniers moments avec ce bébé, avec Caleb qui est aussi gaga devant mon ventre et je veux juste garder en mémoire ce moment parce qu'à cet instant je ressens vraiment beaucoup d'amour et de tendresse. « Je peux faire quelque chose pour toi ? Tu veux que j’aille à la cafétéria t’acheter à boire ou à manger ? » Je lui réponds avec une grimace, non pas parce que je ne veux rien mais uniquement parce qu'une nouvelle contraction arrive. Je me rallonge en tentant de respirer pour gérer la douleur que je ressens. 30, 40, 50 secondes plus tard, j'en sais trop rien, mais c'est vraiment long et douloureux et ce n'est qu'une fois la contraction passée que je baisse les yeux sur le lit et je regarde Caleb. « Je crois que la poche des eaux s'est rompue. » Je suis mouillée, le lit est mouillé et c'est encore une autre étape que nous venons de franchir et je commence à vraiment réaliser que tout s’enchaine vraiment vite et c'est avec un calme presque surprenant que je lui dis tout ça, que je réalise tout ça. « Je vais sûrement avoir encore des examens et je vais me changer. J'ai vraiment pas faim là, mais si tu veux prendre un café ou fumer un coup tu devrais y aller maintenant parce qu'après tu auras peut-être plus le temps. » Je sais qu'il a reprit la cigarette, je l'ai senti il y a déjà plusieurs jours, sans doute le premier jour ou il a reprit d'ailleurs, mais si je n'approuve pas, je ne lui ai rien dis. Et, je sais pourquoi il fume, je sais qu'il en a besoin pour l'aider à gérer le stress qu'il ressent et je suis sûre qu'aujourd'hui il va en avoir besoin aussi et moi je sais que je vais avoir besoin de lui. « Mais avant ça, j'ai envie de quelque chose. » Ma main qui attrape son haut, je l'attire vers moi, pour venir l'embrasser avec tendresse et beaucoup, beaucoup, d'amour, parce qu'à ce moment précis j'en ressens énormément. « J'avais vraiment un cadeau pour toi, mais ce bébé sait déjà que tu es le meilleur des papa et il voulait absolument te faire ce cadeau. Je crois que pour cette année aucun cadeau ne rivalisera avec celui qu'il est en train de te faire. » Parce qu'il a décidé de se présenter le jour de la fête des pères et s'il ne sortira pas emballé d'un petit nœud, c'est sur que pour Caleb ce sera le plus beau des cadeaux, enfin je l'espère.
SOON AS I SAW YOU, BABY, I HAD PLANS. PLANS TO DO IT 'TIL WE HAVE A BABY EVEN IF THE WORLD IS CRAZY PICK SOME NAMES, BOY OR GIRL THEN WE'LL CHANGE, CHANGE THE WORLD
Notre famille va s’agrandir dans quelques heures et notre petite crevette va enfin voir le jour. La peur est présente, oh que oui, mais ce n’est rien comparé au bonheur et l’excitation que je ressens. « Nous conduire à la maternité c'est déjà bien chéri. » Bah oui, c’est une question stupide que tu poses, Caleb, contente toi déjà de conduire jusqu’à la maternité. J’hoche positivement la tête tout en me mordillant l’intérieur de la joue, je reste concentré sur la route sans la quitter des yeux. « Tu penses à une fille, alors je vais dire un petit mec. Juste pour pouvoir lui acheter tout pleins de vêtements. » Je lève les yeux au ciel alors que mon rire se mélange au sien pendant quelques secondes. Alex et les vêtements, Alex et le shopping c’est une grande histoire d’amour que je ne comprendrais jamais vraiment. Un dressing dans notre future maison faisait partie des critères non négociables pour elle et pourtant on ne peut pas dire que je n’ai pas vraiment essayé de la faire changer d’avis. Mais c’est aussi pour ça que je l’aime et pour rien au monde je ne changerais quoi que ce soit chez elle. « Parce que si c‘est une fille tu n’achèteras aucun vêtement ? » que je lui demande d’un air amusé. Je n’attends pas une vraie réponse de sa part puisque je la connais déjà. J’ai beaucoup de mal à imaginer Alex recycler les déjà bien nombreux vêtements de Lucy et Lena et vu que nous ne connaissons pas encore le sexe de la crevette c’est des vêtements mixtes que nous avons acheté pour les premiers jours. « Tu me demandais ce que tu pouvais faire pour moi, et bien ça, ça aide beaucoup. » Après avoir profité d’un arrêt à un feu rouge pour échanger un rapide baiser nous reprenons rapidement la route.
Alex est seule avec les médecins et infirmiers qui s’occupent d’elle et je ne peux m’empêcher de culpabiliser. Je préférais être avec elle et j’espère surtout ne rien louper d’important, je sais que les médecins ne m’attendent pas pour lui donner toutes les informations alors que mes yeux restent rivés sur mon doigt sur lequel le médecin est en train d’y faire des points de suture. Je le regarde faire en grimaçant par moment, la douleur commence à se réveiller seulement maintenant et j’avoue me sente très bête d’avoir réussi à me couper avant d’amener ma femme à la maternité pour accoucher. On pourra sûrement en rire dans quelques années mais pour le moment ce n’est pas vraiment le cas parce qu’Alex est seule et qu’elle m’en voudra peut-être de ne pas avoir pu être présent pour elle alors qu’elle en a besoin plus que jamais. Au vu de la douleur que je ressens en ce moment je me demande même comment il était possible pour moi de ne pas avoir mal tout à l’heure dans la voiture. Je ne sais pas pendant combien de temps Alex et moi nous sommes séparés mais à l’instant même où le médecin en a terminé avec moi je m’empresse de la rejoindre. Allongée sur son lit sur lequel je la rejoins en m’asseyant au bord de celui-ci. « Tout ce qui compte c'est que tu sois là et que tu ne saignes plus. Ca va ton doigt ? » J’hoche la tête. « Oui oui, rien de bien méchant. J’ai quelques points de sutures. » C’est tout ce que je lui réponds parce que finalement mon doigt, on s’en fout et ce qui est vraiment important c’est ce que les médecins ont pu lui dire en mon absence. « Que c'était bien pour aujourd'hui et que ça pouvait aller assez vite, le travail est déjà bien avancé. Le col est favorable, le bébé se présente bien et il est déjà bien bas, ils ont mis le monitoring, la perfusion, et tout est normal pour notre crevette. Tu n'as rien raté. » Mon regard suit des yeux son récit, quand elle me parle du monitoring posé je le regarde, de même pour la perfusion. Je n’y connais absolument rien mais mes yeux regardent la poche de soluté tout en suivant le chemin de la tubulure jusqu’au cathéter. « Ces moments vont me manquer. Te voir sourire quand tu le sens bouger, t'écouter lui parler, sentir tes mains sur mon ventre au réveil. Le sentir bouger, je pensais pas dire ça un jour, et je vais sûrement le regretter dans quelques minutes mais juste pour ces moments j'aime être enceinte. » J’aime tout de la Alex enceinte. Tout sauf les sautes d’humeur. La grossesse lui va bien, elle rayonne tous les jours depuis qu’elle est tombée enceinte. Elle est belle et aujourd’hui je la trouve presque encore plus belle qu’à son habitude. Comme si c’était possible, Alex est une femme extrêmement charmante et n’a besoin d’aucun artifice pour me plaire. Aujourd’hui elle n’est pas maquillée – ou du moins, presque pas – et pourtant c’est toujours avec les yeux en cœur que je la regarde. « Oh c’est pas grave on retrouvera tout ça pour le prochain. » que je lui dis en balayant mes paroles d’un geste de la main. Je ne suis pas sérieux et elle l’entendra au son de ma voix. Pour le moment je ne pense pas vraiment à un nouvel enfant et de toute façon si j’en viens à en vouloir un autre je doute qu’Alex le veuille elle aussi. Si je ne suis pas forcément sérieux en lui disant ces mots je le suis quand je lui propose de descendre à la cafeteria pour lui rapporter quelque chose à boire ou à manger. Elle ne me répond pas, c’est avec une grimace sur le visage qu’elle prend ma main pour la serrer. Une contraction qui semble intense et assez longue. « Je crois que la poche des eaux s'est rompue. » Je me lève du lit et regarde les draps. Ils sont mouillés. Elle a raison. Je recommence à paniquer intérieurement. « Je vais sûrement avoir encore des examens et je vais me changer. J'ai vraiment pas faim là, mais si tu veux prendre un café ou fumer un coup tu devrais y aller maintenant parce qu'après tu auras peut-être plus le temps. » Elle ne veut rien manger. Je me mordille la lèvre inférieure. Mais quand elle me parle de fumer je fronce les sourcils ne comprenant pas pourquoi elle me dit cela. Enfin si, je le sais. J’ai recommencé à fumer récemment mais Alex ne le sait pas ou du moins je ne lui ai pas dit de peur de la décevoir. Je sais qu’elle doit être déçue de toute façon et elle pourrait même m’en vouloir parce que moi je m’en veux et je me sens extrêmement nul. Je ne lui réponds pas, ma main frotte simplement sur mon menton quelques secondes. « Mais avant ça, j'ai envie de quelque chose. » Sa main qui m’attire contre elle pour l’embrasser et je prolonge ce baiser sans la moindre hésitation avec beaucoup d’amour et de tendresse. « J'avais vraiment un cadeau pour toi, mais ce bébé sait déjà que tu es le meilleur des papa et il voulait absolument te faire ce cadeau. Je crois que pour cette année aucun cadeau ne rivalisera avec celui qu'il est en train de te faire. » Je souris tendrement à ses mots et mes mains remontent sur ses joues. Mes yeux sont eux, perdus dans les siens, je la regarde, je l’admire et après quelques secondes à la regarder avec tout l’amour du monde je lui réponds enfin. « C’est le plus beau cadeau que tu n’aurais jamais pu me faire mon amour. Je t’aime. » Je l’embrasse à nouveau. « Je t’aime tellement. » je lui répète combien je l’aime, je l’embrasse encore une fois mais c’est les infirmières qui entrent dans la chambre qui me poussent à me détacher de ma femme. Les médecins les suivent de peu pour examiner Alex. Je m’éloigne pour les laisser faire et au bout de quelques minutes le verdict tombe : la dilatation du col évolue, la poche des eaux a bien été rompue et il est temps de poser la péridurale. Comme pour la naissance des filles je sais que je vais devoir quitter la chambre alors je m’avance vers Alex et mes yeux se plantent de nouveau dans les siens pour capter son attention. « Tout va bien se passer bébé. » C’est cette fois avec plus d’assurance que je lui dis ces mots. « Bon courage. Je t’aime. » Je lui dis mon amour pour la troisième fois en cinq minutes, je dépose un baiser rapide sur ses lèvres avant de quitter la chambre quand on me le demande. Encore une fois, je n’aime pas la laisser seule mais j’en profite cette fois pour descendre fumer. C’est elle qui me l’a suggéré puisqu’elle a apparemment, deviné – ou senti – ma reprise du tabac. Une cigarette et puis une deuxième vient accompagnée le café que je me suis acheté et je remonte assez rapidement et quand la porte de sa chambre s’ouvre pour que le personnel médical sorte, je me permets d’entrer. « Ça va ? » Je l’embrasse sur la joue, je sais que maintenant tout ce qui nous reste à faire, c’est attendre patiemment.
"Soon as I saw you, baby, I had plans Plans to do it 'til we have a baby Even if the world is crazy Pick some names, boy or girl Then we'll change, change the world"
« Parce que si c'est une fille tu n'achèteras aucun vêtement ? » Il me connaît assez pour avoir la réponse à sa question. J'achète beaucoup de vêtements, mon dressing est pleins déjà mais je trouve toujours le moyen de faire une place pour une nouvelle paire de chaussures ou une nouvelle robe. J'aime la mode, j'aime les vêtements et j'ai les moyens de m'offrir ce que je désire et j'aurais tord de m'en priver non ? Et je gâte aussi nos filles, je voudrais le gâter lui aussi mais je sais qu'il n'a pas envie d'avoir une trentaine de chemise et tout autant de chaussures différentes. Il prends soin de lui, il est toujours bien habillé, toujours classe et sexy, mais il n'a pas grandit dans le luxe et l'abondance lui et je comprends qu'il ne puisse pas toujours comprendre toutes mes dépenses et le plaisir que me procure une session de shopping. Et si avant il n'y avait que moi, maintenant j'ai toute une famille à gâter aussi, et autant de raisons supplémentaires d'acheter de nouveaux vêtements et de me balader dans les boutiques. « Tu es drôle chéri, c'est bien de croire que je peux être raisonnable. » Il le sait. Garçon ou fille, je vais le gâter ce bébé et je sais que lui aussi se fera un plaisir d'acheter de jolies choses pour notre enfant parce que si Caleb déteste le shopping quand il s'agit de nos enfants ou de petits cadeaux pour moi, il n'est pas le dernier à se rendre dans les magasins. Caleb est un homme attentionné, un mari aimant, et un papa gaga de ses enfants, et c'est aussi pour ça que je l'aime tant et qu'aujourd'hui je m'apprête à donner naissance à notre enfant.
Seule en salle d'accouchement, les premiers examens sont positifs, tout va bien pour le bébé. Tout se présente bien. Tout sauf que le papa est absent et ça, c'était pas prévu dans le projet d'accouchement que nous avons évoqué et préparé. Mais, il est blessé, un peu par ma faute, et je n'attends que son retour désormais pour qu'il m'aide à gérer les douleurs, à gérer les émotions que je ressens. J'ai besoin de lui à mes côtés, parce que sa simple présence suffit à me rassurer. Je sais que quand il est à mes côtés je ne risque rien, sauf qu'il est pas là, et j'ai de plus en plus de mal à gérer la douleur. Je sais que les contractions n'ont pas encore atteins leur intensité maximum, je sais que je devrais être en mesure de gérer à ce moment de l'accouchement, du moins je voudrais pouvoir le faire, mais visiblement je n'y arrive pas. Pas sans Caleb, pas sans savoir comment il va. La crevette va bien, et si les contractions sont douloureuses pour moi, elles ne semblent pas avoir d'impacts sur le cœur du bébé, c'est une chose positive sur laquelle je tente de me concentrer mais j'attends des nouvelles de Caleb. J'attends surtout de le voir. Et il arrive, il est enfin à mes côtés et je suis soulagée à l'instant ou je le vois. « Oui oui, rien de bien méchant. J'ai quelques points de sutures. » Il a du quand même bien se couper pour avoir quelques points de sutures mais il me questionne sur ce que les médecins ont dit et j'essaye de lui faire un rapide mais complet résumé pour qu'il n'est pas l'impression d'avoir manqué quoique ce soit. Parce que finalement il n'a rien manqué. Il est à mes côtés, il est là et si son bandage au doigt vient prouver qu'il s'est blessé, il lui reste une main pour venir caresser mon ventre et profiter de ces derniers moments de la grossesse. Moi aussi j'en profite, parce que ces moments là je les aimes beaucoup. « Oh c'est pas grave on retrouvera tout ça pour le prochain. » J'ouvre les yeux très grands en l'entendant prononcer ces mots et je suis soulagée de constater qu'il n'est pas sérieux et c'est en secouant la tête et en venant faire cogner ma paume de main contre son épaule que je lui réponds. « Tu avais dis quatre chéri, on est au complet là, mon utérus a déjà assez donné. » Quatre enfants, trois grossesses, et si pour l'une il n'était pas là, Nathan est désormais dans nos vies et il fait partie de notre famille même si officiellement je ne suis rien pour lui, ça reste notre enfant. « Et il faut déjà qu'il survive à cet accouchement, et si tu me parle encore d'un autre bébé, c'est peut-être une autre partie de toi qu'il va falloir recoudre. » Moi non plus je ne suis pas sérieuse, et jamais je ne lui ferais de mal physiquement mais c'est plus une manière de lui montrer que c'est clairement pas le bon moment pour évoquer une prochaine grossesse, parce que prochaine il n'y aura pas. Et si l'idée venait à me prendre, la contraction qui arrive me suffit à me conforter dans l'idée que cet accouchement sera mon dernier. Parce que j'ai mal, vraiment mal, un peu trop alors qu'il reste encore du temps. La contraction dure, la douleur est là et si je ressentais les choses avec intensité, mon corps aussi le ressent puisque la poche des eaux se romps à cet instant et je sais que c'est une étape normale mais c'est une étape importante. Je vais de nouveau devoir être examinée et si je veux Caleb avec moi tout le temps, je peux lui laisser quelques minutes pour souffler un peu. Il semble surprit quand je lui parle d'aller fumer, il fronce les sourcils, il se frotte le menton et il ne me réponds pas. « Oui, je sais que tu as repris, sois pas étonné, ça se sent la cigarette. » Il le sait, il fut un temps ou c'était moi qui essayait d'atténuer l'odeur même si je n'avais pas à lui cacher puisqu'il savait que je fumais. Ça me plaît pas vraiment c'est pas bon pour son cœur et ses poumons, mais il en as besoin visiblement et je ne vais pas lui en tenir rigueur ou le priver de fumer. Je suis vraiment la dernière à pouvoir juger quelqu'un sur ses addictions même si au fond de moi cette reprise de la cigarette m'inquiète autant pour sa santé que pour le message que ça envoi. Mais, aujourd'hui ce n'est pas le moment pour aborder ce sujet, parce que notre bébé est au centre de nos pensées, parce que la journée est encore longue et je ne veux rien qui vienne perturber notre bonheur et ce moment si important pour nous. Et c'est en l'embrassant que je compte profiter de ce moment, que je compte aussi lui montrer que la cigarette ne sera pas un sujet aujourd'hui, que je lui montre que c'est tout ce dont j'ai besoin alors que notre futur enfant s'approche de plus en plus de la sortie. On aurait du passer la fin de journée en famille, on aurait être à la maison avec nos filles, avec Nathan, pour la fête des pères. On aurait du être tous ensembles, Caleb devrait être en train d'ouvrir ses cadeaux. Ca devait être un moment important, mais c'est un tout autre moment que l'on passe. Important lui aussi, imprévu du moins pas pour aujourd'hui, mais le hasard fait bien les choses parait-il. Et le premier cadeau de notre crevette sera de venir faire la connaissance de son papa le jour ou il est célébré. Je ne sais pas si c'est les hormones, si c'est la perte des eaux, si c'est le fait que je sente les choses avancer, mais je me sens émue quand Caleb me regarde avec ce regard si tendre, si pleins d'amour aussi. Je me perds dans ses yeux moi aussi, et comme à l'époque de notre rencontre, quand je le regarde comme ça, quand il me regarde ainsi, j'ai l'impression que le reste du monde nous oublie et qu'une bulle se forme entre nous, comme si rien ne pouvait vraiment nous arriver. C'est dans ce genre de moment que je sais pourquoi je l'aime tant. Que je sais pourquoi c'est lui et personne d'autre. Pourquoi ça a toujours été que lui, parce qu'il me fait me sentir en sécurité même quand je suis sur le point d'accoucher. « C'est le plus beau cadeau que tu n'aurais jamais pu me faire mon amour. Je t'aime. » Concrètement moi je n'ai rien fais, c'est le bébé, ou mon corps, ou les deux qui ont décidé que c'était pour aujourd'hui, mais ce n'est pas un vrai cadeau de ma part. Mais pourtant la manière avec laquelle il m'embrasse me prouve qu'il est sincère dans ses paroles et si ça me permet de continuer à avoir de tels baisers, je ne veux surtout pas revenir sur ses mots. « Je t'aime tellement. » Oh moi aussi, je t'aime. Je veux lui dire ces mots, mais ses lèvres se posent à nouveaux sur les miennes et je prolonge ce baiser, et ce n'est qu'au moment ou la porte s'ouvre que nos lèvres se séparent. « Je t'aime aussi et tu es le seul à qui j'aurais pu offrir un tel cadeau, tu es un père génial n'en doute jamais. » C'est avec douceur que je lui dis ces mots, alors que l'arrivée du personnel soignant dans la chambre provoque une agitation qui vient casser le calme et la sérénité de ce moment dans lequel nous étions il y a encore quelques instants. Des examens encore, et une contraction qui arrive au même moment, plus rapprochée, plus forte elle aussi et cette fois la douleur, malgré la présence de Caleb, reste dur à gérer et je ferme les yeux en serrant la main de Caleb complètement prise par l'intensité de la douleur. Une fois la contraction passée, le verdict tombe, les choses avancent bien, avancent vite ce qui explique pourquoi les contractions sont d'un coup plus douloureuses et plus intenses et on me conseille même de faire la péridurale maintenant si je la souhaite, en me faisant comprendre qu'attendre plus pourrait la rendre inefficace le moment venu. Alors j'accepte, parce que je suis fatiguée, parce que les choses avancent bien et vite, et que je ne veux pas risquer de subir un accouchement sans péridurale. « Tout va bien se passer bébé. » Il semble sur de lui, et cette assurance a toujours eu un effet sur moi. « On va bientôt le rencontrer, on va bientôt être tout les trois. » J'essaye de ne pas penser à la péridurale, à l'aiguille, au faite que je vais être toute seule. Je ne pense qu'à la finalité, à ce moment qu'on attends tout les deux, à ce pourquoi je fais tout ça. Mais pas de crise de panique cette fois, je sais qu'il va revenir juste après et que tout va bien se passer. Il l'a dit et je le crois. « Bon courage. Je t'aime. » Il dépose un baiser rapide sur mes lèvres, mais je lui retiens la main pour prolonger un peu ce baiser, tant pis pour le personnel médical, j'ai besoin de ça aujourd'hui et ils doivent avoir l'habitude des couples qui s'embrassent non ? « Je t'aime. » Et au moment ou il quitte la pièce une nouvelle contraction arrive, et j'en ai les larmes aux yeux tant la douleur est forte. Et à peine la contraction passée que l'on m'installe pour profiter de l'intervalle qui se retreint entre les contractions. Je sais que c'est pour m'aider, que c'est un mauvais moment à passer mais qu'ensuite ça sera moins douloureux. Sauf que pour le moment c'est douloureux et rester aussi longtemps sans bouger est plus facile à dire qu'à faire. Mais, après un long moment, peut-être qu'il était pas si long que ça, mais ça m'a semblé long, enfin l'anesthésiste m'annonce que tout est en place et les douleurs devraient s'estomper d'ici 10 à 20 minutes. Tout le monde quitte la chambre et c'est Caleb qui fait le chemin inverse en entrant dans la chambre et quand je le vois, je lui souris, un petit sourire mais je suis encore une fois soulagée de le voir. « Ca va ? » Je lève les épaules, et toujours avec un léger sourire pour ne pas l'inquiéter, je lui réponds. « Elles sont vraiment douloureuses mais ça devrait aller mieux bientôt. » Mais ce n'est pas encore le cas et je ferme les yeux en sentant la contraction arriver. Je gesticule beaucoup mais rien ne me soulage et ce n'est que plusieurs longues secondes plus tard que j'ouvre les yeux à nouveau. « Tu peux m'aider à me mettre sur le côté. Tu peux venir t'allonger contre moi et me masser le bas du dos, peut-être que ça peut m'aider. » Je ne sais pas ce qu'il peut m'aider, je sais juste que la douleur est intense et que pendant les 10 à 20 minutes à venir, la douleur risque d'être difficile à gérer. « Tu as eu des nouvelles de tes parents ou de la nounou ? » Il faut que je pense à autre chose, il faut que je me concentre sur autre chose, et j'ai besoin qu'il me parle pour m'aider à gérer ces minutes qui s'annoncent longues alors que le répit entre chaque contraction me semble de plus en plus court. « Y'en a une qui arrive. » Et il doit le sentir à mon corps qui se tends, qui subit la contraction sans rien maîtriser. Je suis pas douillette, mais putain que ça fait mal et je tape sur le lit pour évacuer la douleur que je ressens. « Je t'aime, je t'aime vraiment et j'aime le sexe avec toi, mais là tout de suite, je t'assure que je suis prête à faire la grève du sexe pour toujours, si ça peut faire que la douleur s'arrête. » Et pour que je sois prête à renoncer au sexe, ça prouve bien que je suis pas au meilleure de ma forme. « Putain Caleb j'ai mal, j'ai beaucoup trop mal, fais que ça s'arrête, fais quelque chose s'il te plaît. » Il ne peut rien y faire, je le sais mais à cet instant il est le seul sur qui le peut faire retomber mes émotions et la douleur m'envahit encore et j'ai beaucoup trop mal pour garder la tête froide pour juste me dire que ce n'est plus qu'une question de minutes avant que la douleur ne devienne moins insupportable, mais pour le moment, elle l'est encore et je bouge contre lui prise par la douleur qui me tiraille partout dans le corps. J'ai même envie de vomir alors que la douleur est vraiment insupportable à ce moment précis.
SOON AS I SAW YOU, BABY, I HAD PLANS. PLANS TO DO IT 'TIL WE HAVE A BABY EVEN IF THE WORLD IS CRAZY PICK SOME NAMES, BOY OR GIRL THEN WE'LL CHANGE, CHANGE THE WORLD
J’ai l’impression que tout va très vite. Déjà installé en chambre d’accouchement, j’ai l’impression d’avoir laissé le stress de côté pour qu’il laisse plus de place à l’excitation. Il y a presque deux ans nous nous trouvions au même endroit pour la naissance de nos filles sauf que cette fois, j’étais bien plus angoissé. C’était une grossesse gémellaire et donc un accouchement plus long plus difficile. Deux bébés d’un coup c’est beaucoup mais finalement on a réussi à plutôt bien gérer. Tellement que j’ose déjà lui parler du prochain bébé sauf que je ne suis pas sérieux. Enfin pas vraiment. Si je vais en vouloir un autre ? Oui, très certainement. Mais clairement pas tout de suite. Pas avant plusieurs années, sauf qu’Alex ne semble pas l’avoir compris et sa main vient frapper mon épaule. « Tu avais dis quatre chéri, on est au complet là, mon utérus a déjà assez donné. » Je viens masser doucement mon épaule qu’elle vient de frapper. « Bébé, j’étais pas sérieux. » Je la rassure, ou du moins j’essaie puisque je réalise seulement maintenant que blaguer sur une prochaine grossesse avec sa femme entre deux contractions n’est peut-être pas la meilleure des choses. « Et il faut déjà qu'il survive à cet accouchement, et si tu me parle encore d'un autre bébé, c'est peut-être une autre partie de toi qu'il va falloir recoudre. » C’est avec une grimace que j’accueille sa remarque et instinctivement ma main libre vient se poser sur mon entrejambe. Mais heureusement pour moi elle ne me parle pas plus longtemps de me couper – ou recoudre – cette partie de mon corps mais la voilà qui me parle de la cigarette, laissant ainsi suggérer qu’elle aurait bien remarqué ma consommation de tabac qui a repris. « Oui, je sais que tu as repris, sois pas étonné, ça se sent la cigarette. » Ses mots sonnent comme un reproche, très clairement et ça me suffit pour baisser les yeux d’un air coupable. «…désolé. » Parce que oui, je m’en veux et je me sens déjà extrêmement nul d’avoir repris. Raison pour laquelle je ne lui en ai pas parlé, pas prêt à voir la déception dans le visage de ma femme.
Alex perd les eaux au bon moment on peut le dire, et ce timing parfait me permet de ne pas être obligé à parler encore et encore de la cigarette. C’est une étape importante dans l’avancée du travail de l’accouchement et heureusement cette étape nous la passons à deux. Je sais que durant les prochaines minutes il y aura du monde dans la chambre et beaucoup de mouvement alors je profite de ces derniers moments d’accalmie avant l’agitation du personnel soignant autour de nous. « Je t'aime aussi et tu es le seul à qui j'aurais pu offrir un tel cadeau, tu es un père génial n'en doute jamais. » Je souris sincèrement attendri par ses mots, ne faisant même pas attention aux soignants qui viennent d’entrer dans la chambre. Ils doivent être en train de préparer toute le matériel pour la péridurale je suppose, mais je garde toute ma concentration sur ma femme. J’accepte même son baiser alors que nous sommes loin d’être seuls dans la chambre. « On va bientôt le rencontrer, on va bientôt être tout les trois. » Mon sourire qui n’avait pas quitté mon visage s’agrandit. Il ou elle, finalement on ne le sait toujours pas et ça m’importe peu. Tout ce que je retiens c’est qu’avant la fin de journée je vais enfin pouvoir rencontrer notre crevette et cette simple pensée me fait complètement couper de la réalité tant elle m’apporte un bonheur indescriptible. Comme pour les filles je ne peux pas rester pour serrer la main de ma femme pour la péridurale et exactement comme il y a deux ans j’en profite pour fumer. Notre vie est de nouveau sur le point de changer mais cette fois je ne ressens plus cette peur que j’ai pu avoir à la maternité pour Lucy et Lena. Je suis déjà papa depuis presque deux ans et ce rôle me comble parfaitement. Je ne sais pas si je suis un père parfait comme me le dit Alex mais j’essaie sincèrement de l’être. Mes enfants sont ce que j’ai de plus précieux sur terre ça c’est une certitude et je pourrais tout faire pour eux.
Je peux rejoindre Alex dans sa chambre dès que la péridurale est posée et c’est avec un petit sourire qu’elle m’accueille. « Elles sont vraiment douloureuses mais ça devrait aller mieux bientôt. » J’hoche la tête une fois en m’asseyant à ses côtés mais la contraction qui arrive me prouve qu’elles sont effectivement encore douloureuses. Ma main vient attraper la sienne, la laissant la serrer de toute ses forces si ça peut la soulager d’une quelconque manière. « Tu peux m'aider à me mettre sur le côté. Tu peux venir t'allonger contre moi et me masser le bas du dos, peut-être que ça peut m'aider. » Je m’exécute. J’enlève mes chaussures et comme elle me l’a demandé je m’allonge sur le lit contre elle, la main non blessée dans la mienne et l’autre sur son ventre. « C’est normal que tu aies encore mal comme ça ? » Le son de ma voix qui montre toute mon inquiétude de la voir souffrir autant et surtout la frustration et l’impression de se sentir complètement inutile. « Tu as eu des nouvelles de tes parents ou de la nounou ? » Sûrement une manière pour elle de penser à autre chose sauf que même ça, je ne peux pas lui apporter. « Mes parents doivent être encore sur la route je pense… mais ils ne devraient pas tarder à arriver. » C’est tout ce que je peux lui dire, malheureusement et de toute façon je la sens bouger ainsi que ses muscles qui se tendent. Je sais que c’est souvent le signe d’une nouvelle contraction qui arrive et elle me le confirme. Encore une fois, totalement impuissant face à la douleur de ma femme je ne peux que lui laisser ma main. Alors c’est ce que je fais grimaçant en la voyant souffrir autant. « Je t'aime, je t'aime vraiment et j'aime le sexe avec toi, mais là tout de suite, je t'assure que je suis prête à faire la grève du sexe pour toujours, si ça peut faire que la douleur s'arrête. » Je pourrais paniquer en l’entendant me parler de la grève du sexe mais je sais qu’elle n’en pense pas un mot et que c’est la douleur qui lui fait dire une chose pareille. Ou du moins je l’espère. « Putain Caleb j'ai mal, j'ai beaucoup trop mal, fais que ça s'arrête, fais quelque chose s'il te plaît. » J’aimerais pouvoir atténuer sa douleur mais malheureusement je ne sais absolument pas comment l’aider. « Dis-moi ce que je peux faire pour toi bébé. » Elle est la mieux placée pour savoir ce dont elle a besoin, non ? Je panique en la voyant se tordre de douleur ainsi et le fameux sentiment d’impuissance est encore plus important. « Tu veux que j’appelle les infirmières ? » Mais je ne lui laisse même pas le temps de répondre à ma question que je suis déjà debout pour aller le chercher. « Je vais aller les voir. C’est pas normal que tu aies toujours mal comme ça alors qu’ils t’ont fait la péridurale. » Sauf que tu ne penses pas à son délai d’action. Voir ma femme comme ça me fait paniquer, tellement que je m’apprête à quitter sa chambre sans mes chaussures mais cette fois je m’en rends compte sans l’aide d’Alex. Je fais demi-tour pour les remettre. « Je suis désolé, j’aimerais tellement faire quelque chose pour toi… » J’en oublie même que je voulais aller voir les infirmières. Voir Alex avoir si mal me fait complètement paniquer alors que j’avais pourtant réussi à trouver un peu de calme depuis notre arrivée ici.
"Soon as I saw you, baby, I had plans Plans to do it 'til we have a baby Even if the world is crazy Pick some names, boy or girl Then we'll change, change the world"
« Bébé, j’étais pas sérieux. » Si seulement j'en étais certaine, et si seulement Caleb ne m'avait pas montré par le passé que le désir de paternité était très fort chez lui. Si fort, qu'il a réussi à faire de moi une mère, et pour ça je l'en remercierais tout le reste de ma vie, parce que nos filles sont ce que j'ai de plus important sur terre, ce dont je suis le plus fière aussi. Et je sais que ce bébé fera ma fierté et que je l'aimerai autant que j'aime nos filles. Mais, je sais aussi que si lui n'est pas sérieux, moi je le suis. J'ai assez donné, et si j'ai aimé les moments de tendresses ou il caresse mon ventre. Si j'ai aimé ce lien privilégié et si fort que j'ai pu ressentir avec ce bébé, je n'ai aucune envie d'avoir encore un autre bébé après celui là. Le fait d'être en plein travail aide peut-être à en venir à cette conclusion là, mais on est déjà au complet comme je lui ai dis. Nathan, Lucy, Lena et ce bébé. Et Caleb bien-sur, voilà comment je vois notre vie. Je ne veux rien de plus, rien de moins non plus parce qu'ils sont déjà tous indispensable à ma vie. Même ce bébé qui n'est pas encore né mais que je sens grandir en moi. Et que je sens aussi descendre en moi sans m'épargner réellement. La contraction passée, la poche des eaux rompue, je sais que dorénavant les choses peuvent aller vite, ou pas d'ailleurs mais ce bébé va arriver aujourd'hui. D'autres examens aussi vont arriver et je propose à Caleb d'en profiter pour aller fumer un peu. Et quand je lui dis que je sais qu'il a reprit je le vois baisser les yeux et il s'excuse. «…désolé. » Il s'excuse comme s'il venait de faire quelque chose d'honteux ou de grave. Et si grave ça l'est pour lui, il n'a pas à baisser les yeux face à moi comme ça comme s'il avait honte, ou peur de ma réaction. « Tu n'as pas à t'excuser, je sais que tu as essayé pour moi et non parce que tu étais prêt. Je n'aime pas savoir que tu fumes parce que c'est pas bon pour toi, mais c'est pas dramatique. C'était juste pas le bon moment. » Et oui je n'aime pas savoir qu'il fume, je n'aime pas me dire qu'il prends le risque de fragiliser ses poumons, ou son cœur, deux parties de son corps qui ne sont pas en pleine santé. Oui, quand j'ai senti j'ai voulu l'engueuler parce que je n'aime pas savoir qu'il met sa santé en danger, mais le voir comme ça face à moi, ne me donne pas envie de lui faire une leçon de morale qu'il s'est sans doute déjà infligé lui même. Vous ne pourrez jamais faire un reproche à Caleb qu'il ne s'est pas déjà fait lui même. Il n'y aura jamais personne de plus dur envers lui que lui-même et c'est sans doute pour ça que même si je n'approuve pas la cigarette je ne l'accable pas plus. Même si un jour on devra en discuter, mais ce jour n'est pas venu, parce qu'aujourd'hui, c'est la naissance de notre bébé et je ne veux pas qu'il se sente mal à cause de la cigarette alors que ce jour restera gravé dans nos mémoires à tout les deux. Et avant qu'il ne quitte la chambre pour laisser place à l'anesthésiste, je profite encore un peu de sa présence alors qu'on est en train de réaliser réellement que dans quelques heures nous ferons la rencontre de notre crevette, de notre petit dernier ou petite dernière. Nous ne sommes plus seuls dans la chambre, et pourtant c'est lui que je regarde parce qu'il est celui qui me rassure, celui qui m'aide à contrôler mes émotions, celui qui me donne confiance. Sans avoir besoin de parler, sa présence m'apaise et je sais que tout ira bien. Il me le dit, mais je le vois dans ses yeux, je le sais parce qu'on est tout les deux et qu'ensembles on est plus fort. Enfin à ses côtés je suis plus forte. Sauf, qu'il me laisse, je sais que ce n'est pas son choix, et que c'est obligatoire et si y'a deux ans, j'ai craqué, j'ai paniqué, je ne le fais pas aujourd'hui. Je suis plus sereine et pourtant la douleur est forte. Mais, je sais ce qui m'attends, je sais pourquoi je dois faire ça et je sais que bientôt Caleb sera de nouveau à mes côtés et ça m'aide à faire face même si la douleur est de plus en plus forte et que j'ai de plus en plus de mal à supporter les contractions. Mais c'est normal, enfin ça ne semble être inquiétant pour personne et on m'a promit un soulagement dans les 10/20 minutes à venir. Je n'ai plus qu'à attendre, voilà ce que j'ai compris. Attendre, respirer et souffrir. Pas le programme le plus réjouissant pour les minutes à venir mais heureusement Caleb fait son retour auprès de moi. Je ne l’accueille pas avec mon plus grande sourire mais c'est ce que je peux faire de mieux au vu des circonstances. Je lui souris malgré tout parce que le savoir à mes côtés est un soutien important, et quand les douleurs se font ressentir, il consent même à me laisser sa main. Je la serre aussi fort que la douleur se fait ressentir. Je sais que je lui fais mal mais à ce moment précis je n'y pense pas tant la douleur est forte. J'ai mal et je ne sais pas comment faire pour mieux gérer les choses et j'ai l'impression de ne rien contrôler et ça me fait redouter la suite. J'ai besoin de lui, j'ai besoin de sa présence, j'ai besoin qu'il m'aide à mieux gérer les choses et quand je lui fais une demande il s’exécute. « C’est normal que tu aies encore mal comme ça ? » Normal sans doute pas, quoique c'est un accouchement c'est pas anormal non plus. Je presse le bouton de la pompe pour augmenter la dose de la péridurale mais je sais que j'ai déjà appuyé bien assez et que ça ne sert plus à rien, et qu'il faut que j'attende que ça fasse effet maintenant. Il s'inquiète je l'entends à sa façon de me questionner, et je voudrais le rassurer mais j'ai déjà du mal à me rassurer moi même alors que je n'attends qu'une chose c'est que les produits fassent effet. Je me demande vraiment comment j'ai fais pour Nathan mais je ne veux pas y penser maintenant. « Ça devrait se calmer bientôt. » Que je lui dis d'une petite voix mais j'ai besoin de m'accrocher à ça, à ces mots. Ça va se calmer bientôt. Je me concentre sur ma respiration, sur les quelques minutes de répits que me laissent les contractions, et j'essaye de penser à autre chose pour ne pas me tendre plus que je ne le suis déjà. « Mes parents doivent être encore sur la route je pense… mais ils ne devraient pas tarder à arriver. » Je voudrais pouvoir lui parler, je voudrais qu'il me parle aussi plus, qu'il me fasse penser à autre chose mais la contraction est déjà là, je la sens arriver. Je lève la tête vers l'écran du monitoring et je vois que si moi je les vis mal, le bébé ne semble pas souffrir lui et si ça me rassure ça ne m'aide pas à gérer la douleur pour autant. Je ne sais pas si c'est la fatigue, si c'est les émotions, ou si c'est juste la douleur mais je suis plus très lucide face à cette douleur et face à la répétition des contractions. Respirer je n'y arrive plus vraiment, pas efficacement du moins et je me fatigue encore un peu plus en me lamentant. « Dis-moi ce que je peux faire pour toi bébé. » « J'sais pas. » Que je lui dis entre deux respirations ou plutôt tentatives de respirations, le tout en criant légèrement sur lui, parce que je ne sais pas ce qui pourrait me soulager et c'est bien ça le problème. Si je le savais je l'aurais déjà fais non ? « Tu veux que j’appelle les infirmières ? » Oui, non, peut-être, là encore je n'ai pas de réponse à lui donner parce que la douleur est trop forte et que je sais qu'elles ne pourront rien pour moi dans l'immédiat. Et j'aurais besoin de lui, de sa main à serrer, de sa présence, de son soutien sauf qu'il se lève, et je ne le sens plus avec moi. « Je vais aller les voir. C’est pas normal que tu aies toujours mal comme ça alors qu’ils t’ont fait la péridurale. » Je sens sa panique, je sens son inquiétude et si je ne sais pas ce qu'il peut faire pour m'aider, paniquer n'est clairement pas une bonne idée. La contraction est passée, pour quelques minutes au moins, j'essaye de respirer, de me détendre mais je sens Caleb complètement paniqué et quand il revient vers le lit, je lui attrape la main pour éviter qu'il ne parte. « Caleb arrête ça. » Les mots sont un peu trop secs, je m'en rends compte mais je ne suis pas vraiment dans mon état normal. Et après avoir respirer un peu, je me reprends plus calmement. « S'il te plaît, arrête de paniquer, ils ont dit entre 10 à 20 minutes pour un effet complet. J'aurais du la demander plus tôt, mais c'est pas anormal. » Pas anormal, mais la douleur ne devrait pas être considérée comme normale pour autant parce que je sais que pendant une minute je souffre comme je n'ai jamais souffert de ma vie, enfin exception faite pour l'accouchement de Nathan. « Je suis désolé, j’aimerais tellement faire quelque chose pour toi… » Je le sais sincère, je sais qu'il ne supporte pas de me voir mal, alors me voir avoir mal comme ça doit être difficile pour lui, mais si je ne sais pas ce qu'il pourrait faire pour moi, je sais ce qu'il ne doit pas faire en revanche et si la douleur est difficile à gérer et l'idée de devoir encore subir les contractions ne m'aide pas à être de bonne humeur, j'essaye pourtant de rester calme quand je m'adresse à lui. « Reste avec moi, et reste calme. Si tu paniques je vais paniquer et ça va être pire. Dis moi que tout va bien se passer, c'est ce dont j'ai besoin la maintenant. » Ça et que cette péridurale fasse enfin effet pour me donner un peu de répit. « J'ai chaud, tu peux me donner à boire et me mouiller un peu le visage ? » Je sais que ce n'est pas ça qui va m'aider à supporter les prochaines contractions mais au moins j'essaye de lui trouver une utilité concrète parce que le sentir en train de paniquer à côté de moi ne m'aide pas. Et une fois que j'ai pu boire un peu, je lui prends la main pour l'inciter à venir près de moi. « Assieds toi. » Je lui montre le lit, derrière moi et je viens m'installer sur lui, je prends sa main non blessée et je la pose sur mes lombaires. « Il y en a une qui arrive, tu peux faire pression sur mes lombaires et me masser le bas du dos ça peut aider. » J'essaye de me remémorer les positions vu pendant les cours de préparations, j'essaye de repenser aux bienfaits de chacune et puis ça coûte rien d'essayer non ? La douleur est bien présente, et ma respiration toujours aussi peu efficace pour m'aider à gérer les contractions, je grimace, je bouge le bassin sous l'effet de la douleur, et c'est après une cinquantaine de seconde que je me laisse retomber sur Caleb. « Serres moi contre toi. » C'est presque comme si je le suppliais alors que je suis déjà collée à lui. Le dos contre son torse, ma tête entre son épaule et son cou, mon poids entier qui repose sur lui, je me laisse aller dans ses bras et si cette position n'aide pas à gérer la douleur, elle m'aide au moins à me détendre un peu entre chaque contractions et à ne pas me laisser totalement submerger par ce que je suis en train de vivre. Mon corps secoué de quelques tremblements et quelques larmes glissent le long de mes jours face à l'intensité de la douleur, je reste silencieuse, calée dans les bras de Caleb, les yeux fermés, je cherche à me relâcher entre chaque contractions, et je redoute de plus en plus la suivante tant elles me fatiguent de plus en plus et que j'ai de plus en plus de mal à gérer les évènements. Ma respiration est incertaine et c'est accompagné de quelques gémissements de douleurs que je me laisse submerger par l'intensité des contractions. « J'en peux plus, je suis fatiguée. » Que je lui dis en serrant sa cuisse et en me tenant le ventre après une nouvelle contraction.
Et au bout d'un moment, plus ou moins longs en fonction de ce que l'on prends en compte, les douleurs deviennent de plus en plus supportables, de moins en moins douloureuses et ça se ressent à ma façon de les gérer. A ma façon aussi de me blottir contre Caleb, de venir chercher son réconfort, c'est plus doux, plus tendre et mon corps est moins tendu contre lui. Les yeux fermés, je ne serre plus sa cuisse, je caresse son avant bras avec douceur. « Ça commence à faire effet. » Que je lui dis comme pour le rassurer d'une voix bien plus douce. Je pose ma main sur mon ventre et je tapote doucement à différents endroits, et après quelques essais, je le sens bouger et je vois son cœur s'accélérer brièvement sur le monitoring ce qui me fait sourire et qui me rappelle pourquoi je subis toutes ces douleurs. « Tu veux jouer un peu avec la crevette ? » C'est à Caleb que je m'adresse en levant la tête vers lui. Le visage sans doute fatigué mais je suis bien moins tendue et ça devrait le rassurer. J'ai la chance de le sentir bouger, de le sentir réagir à mes mouvements, à mes mains sur mon ventre, ce n'est pas toujours le cas de Caleb, mais avec le monitoring il peut voir si notre bébé réagit à ses stimulations, et puisque ce sont les derniers moments je veux que Caleb puisse garder quelques souvenirs particuliers de cette grossesse. « Tout à l'heure quand je t'ai dis que tu étais le seul à qui j'aurais pu offrir un tel cadeau, je le pensais. Sans toi je n'aurais jamais pensé à fonder une famille, et je n'aurais jamais connu le bonheur d'être maman, et je suis tellement fière de vivre tout ça avec toi. » Les contractions ne se sont pas arrêtées mais elles ne me font plus me tordre de douleurs et c'est appréciable de sentir le travail se poursuivre sans être paralysée par la douleur.
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S’il y a bien un sujet que je n’attendais pas pendant ce trajet, c’est mon addiction et ma reprise du tabac. « Tu n'as pas à t'excuser, je sais que tu as essayé pour moi et non parce que tu étais prêt. Je n'aime pas savoir que tu fumes parce que c'est pas bon pour toi, mais c'est pas dramatique. C'était juste pas le bon moment. » Je ne sais pas vraiment comment prendre cette dernière phrase c’était juste pas le bon moment mais par contre je savais déjà qu’elle n’appréciait pas vraiment me savoir fumer. Mon médecin m’a plusieurs fois dit que fumer n’était pas bon pour ma santé déjà pas parfaite mais c’est pour le moment le seul moyen autre que des anxiolytiques que j’ai trouvé pour calmer et apaiser mon anxiété. Et cette anxiété que je ressens aurait pu diminuer en voyant Alex plus apaisée après la péridurale mais ce n’est clairement pas le cas. Elle souffre encore beaucoup, elle a mal et à peine de retour dans la chambre avec elle, je m’inquiète. « Ça devrait se calmer bientôt. » Ce n’est pas vraiment une réponse très rassurante. Pas du tout même. Ça devrait se calmer. Mais elle n’est pas sûre. J’en conclus donc que pour les filles le délai d’agissement de la péridurale était bien plus court. Il y a peut-être quelque chose qui ne va pas, une erreur qui a été faite. C’est la seule explication que je trouve plausible. J’essaie de lui faire part de mes inquiétudes en lui posant quelques questions et en lui demandant comment je peux me rendre utile pour elle mais elle ne me répond pas vraiment. Encore une fois, ce qui n’est pas vraiment rassurant. « J'sais pas. » Si elle ne sait pas comment je pourrais l’aider il va donc falloir que je réfléchisse pour trouver moi-même. C’est donc ce que je fais. Une idée me vient assez vite à l’esprit : aller parler de la situation aux infirmières pour savoir si elles ont potentiellement une solution ou des suggestions à me faire pour aider ma femme. Devant l’absence de réponse de la part d’Alex je décide de quitter le lit pour remettre mes chaussures et partir à la rechercher du personnel soignant. « Caleb arrête ça. » Le ton de sa voix est sec, directif et n’a absolument rien de tendre. Mais je l’écoute, non sans être déboussolé par la manière avec laquelle elle vient de me parler. Je m’arrête et la regarde en fronçant très légèrement les sourcils. J’ai l’impression d’enchaîner les conneries alors que finalement tout ce que je fais c’est essayer de faire au mieux pour rendre la situation moins compliquée et douloureuse pour ma femme. « S'il te plaît, arrête de paniquer, ils ont dit entre 10 à 20 minutes pour un effet complet. J'aurais du la demander plus tôt, mais c'est pas anormal. » Il suffit d’attendre dix à vingt minutes pour que la péridurale ne fasse effet. Voilà une information qu’elle ne m’avait pas donné et maintenant je me sens coupable et elle me confirme à quel point je suis bon à rien. Même pas capable d’aider ma femme dans un moment pareil. « Désolé… » Oui je m’excuse à nouveau mais c’est cette fois justifié puisqu’elle vient presque de m’avouer à quel point je suis nul et pas à la hauteur depuis que nous sommes arrivés à la maternité. Je m’assois sur le petit fauteuil à côté de son lit et au lieu de faire et dire n’importe quoi comme je le fais depuis tout à l’heure je préfère me taire tout en jouant un peu avec mes doigts. « Reste avec moi, et reste calme. Si tu paniques je vais paniquer et ça va être pire. Dis moi que tout va bien se passer, c'est ce dont j'ai besoin la maintenant. » J’hoche doucement la tête, j’enregistre ses mots ou du moins j’essaie. « J'ai chaud, tu peux me donner à boire et me mouiller un peu le visage ? » Ça au moins je peux difficilement le faire mal alors je quitte mon siège pour ouvrir son sac et en ressortir un gant de toilette que je vais mouiller dans la salle de bain, j’en profite pour remplir un gobelet d’eau la plus fraiche possible. « Tu préfères qu’elle j’aille te chercher une bouteille d’eau fraiche ? » que je lui demande en tamponnant doucement son visage à l’aide d’un gant de toilette. Non Caleb, elle t’a demandé de ne pas bouger et de rester avec elle. Quand je vous dis que je suis nul, je suis tout bonnement incapable de faire les choses correctement. « Assieds toi. » Voilà encore quelque chose que je ne devrais pas être capable de louper. Une nouvelle fois, j’enlève mes chaussures pour m’installer derrière elle. Son dos qui se colle à mon torse et si j’aurais aimé poser ma main sur son ventre je la laisse la poser sur ses lombaires. Je suppose que c’est sa manière de me dire qu’elle voudrait que je la masse un peu alors c’est ce que j’essaie de faire, avec beaucoup de douceur. « Il y en a une qui arrive, tu peux faire pression sur mes lombaires et me masser le bas du dos ça peut aider. » Elle ne peut pas le voir mais j’hoche la tête en signe de compréhension et je m’exécute laissant même ma main blessée rejoindre la deuxième pour masser un peu mieux. « Serres moi contre toi. » Je fais tout ce qu’elle me demande. Je la serre contre moi, laissant même mes lèvres se poser contre son cou plusieurs fois pour l’embrasser avec douceur et tendresse. Je la sens bouger dans tous les sens, grimacer, gémir de douleur, sa main vient même serrer ma cuisse et je la laisse faire ne disant toujours rien de peur de la froisser ou de dire ou faire quelque chose de mal. « J'en peux plus, je suis fatiguée. » « Courage mon amour, tu es bien plus forte que tu ne le penses. » Des mots que je murmure à son oreille dans l’espoir de lui donner un peu de force et de courage pour les prochaines contractions douloureuses qui arriveront.
Les minutes passent, les contractions aussi mais elles semblent être de moins en moins douloureuses. Son corps se détend et sa respiration me semble moins saccadée. « Ça commence à faire effet. » Je la sens plus détendue ce qui m’aide à être moins angoissé et stressé de mon côté. La péridurale fait effet elle me le confirme et je souffle doucement, soulagé. « Tu veux jouer un peu avec la crevette ? » J’arque un sourcil, étonné de l’entendre me proposer ça. « Comment ça ? » Je lui demande, attendant simplement une réponse de sa part. Oui, j’aimerais jouer avec la crevette mais je ne vois pas comment je pourrais faire. « D’ailleurs, c’est sûrement l’une des dernières fois qu’on l’appelle la crevette. » Je lui fais remarquer en souriant. Nous saurons bientôt s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon et donc si son prénom sera Mael ou Maelle et j’ai vraiment hâte d’avoir une réponse à cette question. « Tout à l'heure quand je t'ai dis que tu étais le seul à qui j'aurais pu offrir un tel cadeau, je le pensais. Sans toi je n'aurais jamais pensé à fonder une famille, et je n'aurais jamais connu le bonheur d'être maman, et je suis tellement fière de vivre tout ça avec toi. » Sa déclaration me fait sourire sincèrement ému par ses mots. Je la regarde les yeux brillants d’amour pour ma femme. « Je suis tellement heureux de vivre ça avec toi. Je t’aime tellement. » Je viens de nouveau l’embrasser sur la joue laissant également mes mains caresser son ventre. « Je vis la vie dont j’ai toujours rêvé et c’est grâce à toi. » Jamais je n’aurais cru qu’Alex accepterait d’avoir cette vie-là mais pourtant elle fait même une excellente maman pour notre famille.
"Soon as I saw you, baby, I had plans Plans to do it 'til we have a baby Even if the world is crazy Pick some names, boy or girl Then we'll change, change the world"
« Désolé… » Il s'excuse et je ne sais même pas pourquoi il le fait. Je ne sais pas vraiment grand chose en ce moment. La douleur m'empêche de penser, m'empêche même presque de respirer tant c'est fort, tant c'est douloureux et intense. Alors les excuses de Caleb je ne les comprends pas, j'ai pas besoin qu'il s'excuse de quoique ce soit, juste qu'il ne panique pas et qu'il soit calme, parce que moi je n'arrive pas à l'être et la douleur commence à être de plus en plus difficile à gérer tant elle revient vite et je ne sens pas d'amélioration jusqu'à maintenant ce qui a tendance à rendre les choses encore plus difficiles parce que je n'en vois pas la fin. Et pourtant, j'essaye de ne pas m'angoisser, j'essaye de ne pas m'énerver, j'essaye de rester calme parce que je sais que si je me contracte plus, si je m'énerve plus, les douleurs seront encore plus grandes et c'est pas un programme qui me fait très envie là comme ça. Quand la contraction se termine, quand la douleur s'apaise, je sais que le répit est de courte durée mais j'essaye de penser à ce dont j'ai besoin comme il me l'a demandé, sauf que je ne sais pas. Je sais juste que j'ai chaud, vraiment chaud mais il fait toujours trop chaud dans ce genre de salle et la douleur me donne des sueurs froides et des nausées qui me font me sentir mal. Et voilà ce dont j'ai finalement besoin dans l'immédiat, de l'eau. A boire, mais aussi pour me rafraîchir et c'est ce que je demande à Caleb quand je suis enfin en mesure de vraiment parler et penser aussi. Caleb s'exécute, il semblait attendre que ça, que je lui dise comment il pouvait m'aider à supporter ce moment et il revient avec un verre d'eau et un gant de toilette froid avec lequel il tamponne mon visage. Je frissonne en sentant l'effet du froid sur mon front mais ça me fait beaucoup de bien. « Tu préfères qu’elle j’aille te chercher une bouteille d’eau fraiche ? » Je secoue la tête en prenant dans ma main le verre qu'il me tends et j'en bois la moitié doucement avant de lui répondre. « Non, c'est bien comme ça, je préfère que tu restes là et que tu sois à mes côtés pour m'aider à supporter la douleur. » Il ne peut pas faire grand chose pour ça, et pourtant le savoir à mes côtés m'aide vraiment même si lui semble avoir du mal à savoir comment m'aider, il le fait en étant là et en restant là surtout.
Contre lui, c'est toujours avec intensité que je ressens les choses, c'est toujours aussi fort, aussi sensible à chaque contraction et je ne sais plus comment me tenir, comment m'installer, comment gérer ces trop longues dizaines de secondes. Pendant quelques instants j'ai même l'impression de le sentir descendre mais il n'en est rien, du moins la sensation passe. Pas la douleur malheureusement. Je me repose sur Caleb. Mon poids sur lui, mon corps sur lui, ma main qui serre sa cuisse, je sens ses mains me masser le bas du dos et j'ai l'impression que ça aide. Un peu au moins, mais la fatigue de la grossesse, la fatigue de cette nuit trop courte, la fatigue que la douleur génère en moi, j'ai l'impression que je ne vais pas pouvoir encore subir ça longtemps parce que j'ai tout simplement mal. Mais genre vraiment très mal. J'essaye de souffler, de respirer, mais je ne fais que gémir légèrement et grimacer beaucoup. Caleb fait ce que je lui demande, il me masse le dos, il me serre contre lui, il est présent et je le sens contre moi. Je sens qu'il essaye de m'aider à me détendre et à passer ce moment fort peu agréable. Il amène un peu de douceur au milieu de moment qui n'ont rien de doux et si je ne lui dis pas, trop occupée à subir la douleur, j'apprécie qu'il soit là, qu'il tente de m'aider. « Courage mon amour, tu es bien plus forte que tu ne le penses. » Et après les gestes, c'est avec des mots qu'il tente de me soutenir, de me donner de la force. Je sais qu'il fait ce qu'il peut pour m'aider, qu'il ferait n'importe quoi pour que j'ai moins mal, mais il ne peut rien faire de plus, et je n'ai plus qu'à espérer qu'il ait raison. Que je sois plus forte que je ne le pense pour pouvoir tenir sans craquer alors que ça devient de plus en plus délicat pour moi à chacune des contractions et je commence à douter de ma capacité à tenir le coup. J'ai peur de craquer mais je ne dis rien, j'espère que les douleurs s'apaisent. Ca devrait aller de mieux en mieux, ça va de pire en pire et je me fatigue de plus en plus. Et entre chaque contraction, les trois, quatre minutes de répits je les consacre à tenter de reprendre mon souffle, mon calme et à me détendre contre lui. C'est plus ou moins efficace, mais au bout de plusieurs minutes, je réalise que la douleur est moins forte, que les contractions sont moins intenses et ce n'est qu'à ce moment que je commence à me détendre un peu et à pouvoir profiter de ces derniers moments de la grossesse. Je suis bien installée contre Caleb malgré la présence du monitoring, de ma perfusion, je suis enfin détendue et j'aime être contre lui. J'aime aussi sentir les mouvements du bébé, je sais que ce sont les derniers moments, les derniers échanges que j'ai avec ce bébé et je tente de le faire bouger encore un peu en baladant mes doigts sur mon ventre à la recherche d'une réaction de sa part. « Comment ça ? » Et je propose à Caleb d'en faire de même, je sais comme il aime sentir le bébé bouger. Mais aujourd'hui, il y a le monitoring qui nous permet de voir en direct les effets sur le cœur de notre bébé en fonction des stimulations externes. « Tapotes sur mon ventre et regarde l'écran. » Je pourrais guider sa main mais je le laisse chercher, et découvrir le rythme de notre bébé changer quand il vient à tapoter juste là ou il se trouve. Il réagit, il bouge, et je ne sais pas si Caleb le sent sous ses doigts mais moi je le sens bien, faut dire qu'il prends désormais beaucoup de place même s'il est bien descendu désormais. « D’ailleurs, c’est sûrement l’une des dernières fois qu’on l’appelle la crevette. » Il a raison et le plus drôle finalement c'est que fille ou garçon, nous avons le prénom et c'est le même donc nous aurions déjà pu l'appeler par son prénom finalement mais ce fut la crevette depuis le début et ça le sera jusqu'à la fin et jusqu'au moment ou le médecin nous annoncera s'il s'agit de Mael ou de Maelle. « C'est vrai, à moins que ce soit son surnom officiel mais je suis pas certaine que ça soit un surnom qui lui fasse plaisir. » Et c'est avec une voix douce que je m'adresse cette fois à mon ventre, et à ce bébé. « Qu'est-ce que tu en dis Mael(le), tu aimes ce surnom ? » Je ne vais pas obtenir de réponse, mais j'aime lui parler, j'aime me dire qu'il m'entends et qu'il apprends à me connaître ainsi. Et dans sa vie, il va m'entendre parler énormément alors autant l'habituer dès maintenant non ? « On est très pressé de te rencontrer petite crevette. Tu es très attendu tu sais, on a hâte de te présenter à ton frère et à tes sœurs et tu verras ton papa est tellement parfait. » Et c'est en caressant doucement mon ventre que je lui parle, que je maintiens ce lien avec lui, que je cache mon excitation mais aussi mon appréhension. Le bébé a l'air de bien vivre les contractions, il a l'air de bien vivre cette période de travail mais je me dis que pour lui, tout ça doit être extrêmement stressant et maintenant que la douleur n'est plus la seule chose à laquelle je suis en mesure de penser, c'est à ce bébé que je pense. A cette rencontre qui aura bientôt lieu, du moins qui aura lieu aujourd'hui et c'est un moment important que j'attends avec beaucoup d'impatience. Et je sais que Caleb doit être dans le même état, peut-être même que c'est encore plus excitant pour lui qui n'a pas pu créer un lien direct avec ce bébé. « Je suis tellement heureux de vivre ça avec toi. Je t’aime tellement. » Il aurait pu vivre ça avec d'autres femmes, mais moi je sais que c'est le seul pour qui j'aurais accepté de revivre une grossesse. Le seul pour qui j'aurais un jour pu penser à devenir mère, parce que je n'aurais partagé ça avec personne d'autre que lui, pas après ma première grossesse. C'est avec lui que j'ai vécu ça, avec lui que j'ai accepté de laisser mon passé derrière moi pour nous construire un avenir et c'est grâce à lui si j'ai réussi à devenir celle que je suis. « Te savoir heureux est l'une des choses les plus importantes pour moi. » Et le savoir heureux en partie grâce à moi c'est presque inespéré tant je sais que je l'ai rendu malheureux par le passé. Que je lui ai fais du mal, que je lui ai brisé le cœur, que je lui ai apporté plus de problèmes que de joies, mais ça c'était avant et depuis pour lui, grâce à lui aussi, je suis une autre femme. Une mère pour nos enfants, une femme pour lui et ce sont les deux rôles les plus importants de ma vie, parce qu'ils sont absolument tout pour moi. « Je vis la vie dont j’ai toujours rêvé et c’est grâce à toi. » En voilà une autre chose qui compte énormément pour moi. Il est celui que je veux à mes côtés quand mes rêves se réalisent et si ce sont les mots d'une vieille série, ils sont pourtant si vrais, si juste. C'est avec lui que je veux partager mes rêves, c'est avec lui que je veux faire de mes rêves une réalité et savoir que grâce à moi, il réalise ses rêves c'est important. C'est aussi ça le mariage non ? Permettre à l'autre de vivre ses rêves, de le soutenir, de lui apporter la force, l'amour, le soutien et les encouragements pour l'aider à réaliser ses rêves. Je ne suis pas la meilleure épouse du monde, je ne le serais jamais, mais je me fis à ses mots et j'ai envie de croire que grâce à moi, pour une fois ma présence rends la vie de quelqu'un plus belle. « Je n'ai jamais rêvé de cette vie et pourtant tu m'as montré que c'était ça le bonheur, et je t'aimes tellement pour ça. » Et pour tellement d'autres choses. Je l'aime et si je ne sais pas toujours comment le montrer, pour la fête des pères j'avais pourtant pensé à lui faire un cadeau pour qu'il n'oublie jamais ô combien je l'aime et pourquoi je l'aime. Pour que jamais il ne doute, et je sais qu'il doute beaucoup et si je ne pourrais pas lui offrir aujourd'hui, j'espère pouvoir lui offrir bientôt et en attendant, c'est avec un baiser plein de tendresse que je lui prouve à quel point je l'aime. Les yeux fermés, ses bras autour de moi, je me détends un peu, je profite de cette accalmie pour reprendre un peu de force, pour profiter de ce moment à deux, parce que dans ses bras c'est vraiment l'endroit ou je me sens le mieux. Et après un moment plus ou moins longs, c'est une sensation étrange qui me fait ouvrir les yeux et m'agiter à nouveau. Pas à cause de la douleur cette fois, mais je le sens pourtant bien. Je sens que j'ai envie de pousser, que j'ai besoin de pousser et je sais ce que ça signifie, il est là, il arrive et je sens une vague d'émotion m'envahir. « Je crois qu'il est là, je crois qu'il arrive, tu peux sonner pour les appeler, je sens qu'il est là vraiment. » J'essaye de rester calme, mais je ne peux pas vraiment parce que je sais qu'il est là. Parce que je sens ce besoin de pousser alors que les contractions sont proches et si la douleur n'est en rien comparable à ce que j'ai pu ressentir avant que la péridurale fasse effet, je sens tout de même les choses et je le sens prêt à se frayer un chemin pour sortir. Je grimace alors que l'envie de pousser est vraiment forte et que la gêne que je ressens devient un peu plus douloureuse. « Il arrive chéri, notre bébé arrive, il est là. » L'excitation, la panique, la joie immense, la peur aussi, beaucoup d'émotions me traversent alors que je vois un membre du personnel soignant entrer dans la chambre. Et je grimace alors qu'une nouvelle contraction arrive et que je sens que le bébé est là et qu'il faut l'aider. « Il faut que je pousse là vraiment. » C'est autant pour la sage femme qui vient d'entrer que pour Caleb que je dis ces mots, alors que je ne suis pas en position et que le personnel médical n'est pas prêt pour accueillir ce bébé. Eux ne le sont pas mais pour une fois, moi je sais que je le suis et j'ai qu'une hâte désormais, c'est de l'avoir sur moi et qu'on me dise que tout va bien, que tout s'est bien passé et que ce bébé est en pleine santé.
SOON AS I SAW YOU, BABY, I HAD PLANS. PLANS TO DO IT 'TIL WE HAVE A BABY EVEN IF THE WORLD IS CRAZY PICK SOME NAMES, BOY OR GIRL THEN WE'LL CHANGE, CHANGE THE WORLD
L’effet de la péridurale commence enfin à se faire ressentir et si Alex est la première qui doit en être soulagée je le suis aussi. Parce que la voir souffrir ainsi et me retrouver totalement impuissant face à cela n’est clairement pas facile à gérer. Mais je ne peux pas me plaindre de quoi que ce soit aujourd’hui. La douleur à mon doigt qui a dû avoir quelques points de sutures est bien présente mais je fais de même en gardant cette information pour moi. « Tapotes sur mon ventre et regarde l'écran. » J’essaie de trouver l’endroit où notre bébé se trouve en tapotant doucement à plusieurs reprises sur son ventre et quand il me semble le sentir bouger et réagir à mes stimulations un grand sourire se dessine sur mon visage. Aujourd’hui est la journée où tout se concrétise pour moi. Aujourd’hui vient enfin le moment où je vais pouvoir faire connaissance de mon enfant et créer un lien avec lui. Pour Alex c’est différent, elle vit avec lui depuis neuf mois bientôt mais même si je voyais son ventre grossir jour après jour et les échographies qui pouvaient nous le montrer rien ne me semblait véritablement très concret et je n’ai qu’une hâte : faire la connaissance de notre bébé et en attendant je m’amuse à jouer avec lui en tapant avec douceur sur le ventre de ma femme. « C'est vrai, à moins que ce soit son surnom officiel mais je suis pas certaine que ça soit un surnom qui lui fasse plaisir. » Je ris doucement parce que non, je ne pense pas non plus que ce soit un surnom qui lui fasse plaisir une fois officiellement avec nous. Surtout dans quelques années. « Qu'est-ce que tu en dis Mael(le), tu aimes ce surnom ? On est très pressé de te rencontrer petite crevette. Tu es très attendu tu sais, on a hâte de te présenter à ton frère et à tes sœurs et tu verras ton papa est tellement parfait. » J’arrête mon petit jeu avec notre bébé pour laisser le loisir à Alex de s’adresser à lui et c’est en souriant tendrement que je l’écoute s’adresser à la crevette en prenant une voix douce. Sauf que je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel en l’entendant me qualifier comme étant parfait. Parce que je sais que je suis très loin de l’être. Elle le sait aussi, Alex. « Parfait, il faut pas abuser non plus. » Oui parce que pour moi c’est clairement de l’abus et plutôt non justifié mais je ne la contredis pas plus que ça. J’essaie d’être le meilleur père possible pour mes enfants mais comme tout le monde des erreurs, j’en fais et Alex peut même de temps en temps me reprocher d’être trop gentil avec nos filles. Leur dire non c’est quelque chose avec lequel j’ai beaucoup de mal de peur de les contrarier et surtout, je ne veux pas qu’elles puissent manquer de quelque chose. « Te savoir heureux est l'une des choses les plus importantes pour moi. » Et je le suis. J’ai toujours rêvé d’avoir ma propre famille, un mariage de rêve et des enfants avec ma femme et grâce à Alex tous ces rêves sont devenus mon quotidien, ma réalité et pour ça je pense que je ne pourrais jamais la remercier assez. On revient de loin, elle et moi. Notre passé aurait pu avoir raison de nous mais j’ai tendance à penser qu’il nous a surtout aider à aller plus loin et à s’aimer encore plus. Elle a fait des erreurs, j’en ai fait aussi mais notre amour a été plus fort que tout et nous avons pu nous pardonner pour avancer et vivre notre vie de rêve. Ou plutôt la vie dont j’ai toujours rêvée puisqu’on ne peut pas dire qu’Alex avait les mêmes rêves et envies que moi, et elle me le confirme. « Je n'ai jamais rêvé de cette vie et pourtant tu m'as montré que c'était ça le bonheur, et je t'aimes tellement pour ça. » Pour lui montrer à quel point moi aussi je l’aime je prolonge le baiser qu’elle initie avec la même tendresse. Si ce n’est pas encore plus. Toujours une main sur son ventre et la deuxième qui remonte sur sa joue pour la caresser pendant le baiser nous restons installés ainsi durant un long moment profitant de ce moment de calme qui risque d’être le dernier avant bien longtemps.
« Je crois qu'il est là, je crois qu'il arrive, tu peux sonner pour les appeler, je sens qu'il est là vraiment. » Perdu dans mes pensées depuis tout à l’heure cette phrase suffit à me faire presque sursauter. Il est là. Il arrive. Je peux les appeler. Je recommence à paniquer, elle n’aime pas ça et va encore me demander d’arrêter de m’agiter dans tous les sens mais c’est plutôt difficile à faire. « Là maintenant ? » Elle vient de te le dire, Caleb. « Il arrive chéri, notre bébé arrive, il est là. » Ça y est, cette fois je panique vraiment. Je quitte le lit rapidement pour quitter la chambre et trouver le personnel pour qu’ils viennent l’ausculter et acter qu’il est temps de mettre au monde ce bébé. Une sage-femme se libère et me suit jusqu’à notre chambre et nous avons à peine franchis la porte qu’Alex parle à nouveau. « Il faut que je pousse là vraiment. » Je laisse la sage-femme faire son travail et me place de l’autre côté. Ma main vient chercher celle de ma femme et je la serre dans la mienne. L’angoisse monte toujours mais c’est un stress différent puisqu’il se mélange à une pointe d’excitation plutôt bien présente. Et de la hâte aussi. Hâte de faire la connaissance de notre enfant. « Effectivement il est là, on va pouvoir commencer à s’installer. » Mon regard change, je pense qu’il s’illumine au même moment que mes lèvres s’étirent pour former un immense sourire. Tout le monde débarque dans la chambre, tout le monde s’agite se met en place mais pourtant j’ai l’impression que nous sommes seuls au monde Alex et moi. Ma main toujours dans la sienne je me penche vers elle pour l’embrasser de nouveau, un baiser tendre dans lequel elle peut ressentir tout mon amour pour elle mais aussi tout le courage que je lui donne. « Courage mon amour, t’es la plus force. Je t’aime tellement. » Des premiers mots d’encouragement parce que je sais qu’elle va en avoir besoin car les prochaines minutes qui vont suivre risquent d’être plus compliquées. « Quand vous êtes prête on pourra y aller. » Tout le monde a pris sa place et maintenant tout repose sur Alex. « Dans quelques minutes ça sera terminé et tu pourras tenir la crevette dans tes bras. » Je l’encourage comme je le peux ma main est toujours dans la sienne et cette fois c’est sur le front que je l’embrasse.
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« Parfait, il faut pas abuser non plus. » Est-ce une remarque étonnante de la part de Caleb ? Absolument pas. Il n'aime pas que je dise ça, et pourtant je continue parce que Caleb a beaucoup de mal à accepter les compliments alors qu'il en mérite tellement. Peut-être qu'il faudrait que je les mesures pour qu'il réalise que je suis sincère avec lui, mais sincèrement même s'il n'est pas vraiment parfait, il s'en approche quand même énormément et c'est bien parce que c'est un père aussi parfait qu'on en est encore là tout les deux. Prêt à vivre cette nouvelle aventure, prêt à faire la rencontre de notre futur enfant. Il est seul cette fois. Il ou elle d'ailleurs. On ne sait pas encore, tout ce que je sais c'est que les moments de calmes comme celui qu'on est en train de vivre ne seront plus possibles après et même si ce n'est pas le moment le plus opportun pour se détendre, la péridurale qui calme un peu mes douleurs nous permet d'avoir un peu de répit. Du répit dont on a sans doute bien besoin tout les deux et c'est allongée contre son torse, que je passe ces derniers instants de femme enceinte. La main de Caleb sur mon ventre, il profite lui aussi de ces derniers moments, et je me détends un peu dans ses bras, légèrement soulagée par la péridurale et épuisée par ces dernières semaines compliquées et par les douleurs des contractions que je viens de ressentir. Les câlins, les baisers, c'est avec beaucoup de tendresses entre nous que nous patientons jusqu'au moment ou mon corps et mon esprit se mettent en alerte alors que je ressens le besoin de pousser en ressentant une contraction qui me semble plus douloureuse que les précédentes. Je préviens Caleb et je le sens s'agiter d'un coup. « Là maintenant ? » Je secoue la tête de haut en bas en soupirant légèrement, non pas à cause de son attitude mais parce que mon corps vient de passer de détendu à très tendu en quelques secondes et je n'étais pas forcément prête à ça. Caleb quitte le lit rapidement et je me laisse tomber sur le lit en le regardant paniquer. « Bébé, il y a la sonnette. » Mais il est déjà sorti de la chambre sans doute qu'il a pensé qu'en allant appeler quelqu'un avec son air paniqué ça irait plus vite. Ou sans doute qu'il a juste pas pensé, mais quoiqu'il en soit, il revient vite accompagné et il a réussi sa mission. Il revient vers moi. « C'est à toi qu'il faudrait faire la péri, tu bougerai moins chéri. » Que je glisse à Caleb alors que la sage-femme se met en position pour m'examiner. Je prends la main que me tends Caleb et je grimace en sentant la sage-femme m'examiner. « Effectivement il est là, on va pouvoir commencer à s’installer. » Je fronce les sourcils, je ne suis pas surprise par ses mots, je le savais, ce qui me surprends un peu plus c'est la suite de ses mots. « Commencer à s’installer ? » Que je répète avec une pointe d’agacement. L’urgence dans la voix en répétant les mots de la sage-femme, j’ai l’impression qu’elle n’a pas bien compris ce que je viens de lui dire. « Mais c’est maintenant que je dois pousser, ça fait mal. » Que je lui répète avec un ton plus que sérieux pour qu’elle comprenne que c’est le moment là et qu’on a pas le temps de commencer à s'installer. On doit s'installer maintenant. Je le sens, il est là et à chaque contraction le besoin de pousser se fait de plus en plus fort et inévitable. La péridurale fait son effet, et heureusement parce que si la douleur n’est pas insoutenable, je sens pourtant beaucoup de choses. Je sens bien le bébé, et je sens bien les contractions qui font descendre le bébé, je sens bien qui cherche à sortir et je dois retenir les choses et ça me fait mal. « Je sais mais encore quelques secondes, ne poussez pas tout de suite. » Je respire pour éviter de pousser, pour ne pas laisser mon corps réagir et faire les choses par lui même alors qu'une contraction semble le faire descendre un peu plus et je ressens le besoin de pousser parce que sa tête appuie si fort pour se frayer un chemin que je dois l’aider pour apaiser cette sensation. Mais je ne peux pas. Je tourne la tête vers Caleb, j'ai besoin de lui et c'est quand je vois son sourire et son regard rempli de joie, et ça me fait réaliser ce que nous sommes en train de vivre. Je le regarde, je trouve un réconfort dans ses yeux, mais aussi de la force et quand il m'embrasse je comprends tout ce que ce moment signifie pour lui et pour nous. C'est le résultat de notre amour, c'est la raison de notre bonheur, c'est notre histoire qui s'écrit encore aujourd'hui et comme je lui ai dis, il n'y a qu'avec lui que j'aurais pu vivre ça, et qu'avec lui que je veux vivre ça. J'entends le bruit autour de nous, mais c'est lui que je regarde. C'est auprès de lui que je cherche de la force et de l'amour, c'est dans sa présence que j'arrive à trouver un certain calme malgré l'urgence de la situation. Une urgence relative dans le sens ou le bébé va bien, et moi aussi, mais il arrive et peut-être un peu plus vite que ce que j'avais prévu. « Courage mon amour, t’es la plus force. Je t’aime tellement. » Je ne sais pas si je suis la plus forte, enfin non, je sais que je ne le suis pas, mais aujourd'hui je dois l'être. Pour notre bébé, parce que tout repose sur moi désormais, et sur l'équipe médicale aussi un peu. Et pourtant la douleur semble se réveiller un peu, ou alors ce n'est que le bébé qui descends un peu plus et qui me donne cette sensation de brûlure. J’appuie plusieurs fois sur la pompe de la péridurale même si je doute que ça ait le temps de faire effet, mais j'ai besoin de savoir que la douleur est diminuée par les produits. « Je t'aime, je t'aime tellement, et quoique je te dise, n'oublies pas que je t'aime assez pour avoir accepté de te refaire un enfant après les jumelles. » C'est entre deux respirations que je lui dis ces mots, entre deux mouvements alors que je laisse totalement le contrôle de mon corps au personnel soignant qui se met en place et qui me met en place aussi. « Quand vous êtes prête on pourra y aller. » Je suis prête déjà depuis quelques minutes moi, et j'attends que le feu vert pour faire sortir ce bébé qui me fait mal et qui semble vouloir m'écarter de l'intérieur. Une sensation que je ne souhaite à personne, mais je me demande toujours comment j'ai pu faire sans péridurale pour Nathan. Ce n'est pas vraiment le bon moment pour repenser à ça, mais pourtant je le fais alors qu'une première contraction arrive et je me mets à pousser comme je l'ai appris durant les cours de préparations pour ce moment précis en ne ménageant pas mes efforts. « Dans quelques minutes ça sera terminé et tu pourras tenir la crevette dans tes bras. » Je serre sa main, je la serre déjà très fort et ce n'est qu'une fois la contraction passée que je relâche quelque peu l’étreinte sur sa main. Je sens son baiser sur mon front et je le regarde. Je reste concentrée sur ce que mon corps ressent mais c'est ce sont ses yeux que je fixe. « C'est pas du tout une crevette, c'est faux ça, c'est beaucoup moins gros une crevette et ça me serait moins douloureux. » Je ne suis pas agressive en lui disant, j'ai juste besoin d'évacuer ce que je ressens, de laisser les mots venir exprimer la douleur que je ressens alors qu'il est juste là, pas loin et pourtant encore si loin. Les yeux perdus dans ceux de Caleb, je n'écoute pas ce que l'on me dit, j'écoute juste mon corps, j'écoute ce que je ressens, et je ne sais pas si c'est la dosage de la péri, un problème ou que sais-je, mais si je ressens une certaine douleur, je ressens aussi les contractions et ça me permet de savoir quand pousser et ça revient vite. Peut-être un peu trop vite. Et après trois ou quatre poussées, je repose la tête sur l'oreiller en soupirant à la recherche d'un peu d'air. « J'ai chaud, j'ai tellement chaud. » C'est à Caleb que je parle, mais c'est une information que je partage à qui veut bien l'entendre tant je parle fort pour qu'on puisse comprendre que j'ai vraiment l'impression d'être en train de bouillir. C'est presque pas abusé, presque pas, puisqu'en soit ce n'est pas anormal que j'ai chaud puisqu'il fait chaud dans cette pièce et l'effort que je suis en train de faire me fatigue et est assez fort finalement. A plusieurs reprises je viens chercher le regard de Caleb pour y trouver de la force, et plusieurs fois aussi je lui demande de me mouiller le visage tant j'ai chaud. Une contraction arrive, je la sens. Mon ventre durcit, se contracte et c’est à ce moment que je dois pousser. C’est ce que je fais mais si je le sens descendre, j'ai l'impression de le sentir remonter à chaque fois et pourtant j'ai l'impression de tout donner déjà et après une nouvelle contraction je m'agite un peu alors que j'étais assez calme et concentrée jusqu'à présent. Mais je me sens fatiguée, essoufflée, et inquiète. « Il ne descends pas, il ne passera pas. » Et là je panique un peu en réalisant que s'il ne passe pas, ils vont devoir aller le chercher autrement et je refuse ça. Je refuse qu'on m'ouvre, je refuse qu'on m’envoie pour une césarienne en urgence sans Caleb. « Je veux pas de césarienne, je veux pas faire ça sans toi. » J'entends la voix d'une infirmière ou d'une sage-femme ou qui que ce soit d'ailleurs, j'entends une voix féminine mais je n'entends pas ce qu'elle me dit parce que je fixe Caleb, je lui serre la main plus fort pour lui faire comprendre que je ne risque pas de le lâcher, et ce n'est que quand elle se rapproche de moi que je l'entends, que je regarde ailleurs que vers le visage de Caleb. « Il descends bien, il est bien engagé, il va bien, la tête est toute proche, on voit ses cheveux, alors on ne panique pas. » Je capte son regard quand elle me parle et tente de me rassurer. « Tout va très bien, vous vous débrouillez parfaitement bien, vous voulez toucher ses cheveux ? » Je regarde Caleb, je sens une vague de soulagement m'envahir en entendant ces mots, et sans réellement hésiter, je viens sentir le sommet du crâne, juste pour m'assurer qu'il est vraiment là et que j'y arrive. « Notre bébé est là. » Pas encore totalement, mais tout va bien c'est ce qu'elle a dit, je le sens et c'est concret désormais Les yeux humides d'émotions, la voix qui se casse un peu, c'est à Caleb que je dis ces mots, que je lui fais comprendre que je suis en train de le sentir, de le toucher, qu'il est là, enfin presque là, notre bébé. « Vous voulez regarder ? » C'est à Caleb qu'elle s'adresse, et il est le seul à savoir s'il veut regarder ou non alors qu'une nouvelle contraction arrive et que je retrouve de la force, poussée par l'idée qu'il est presque là. Je serre la main de Caleb, je maintiens aussi longtemps que possible la poussée, le souffle me manque et quand j'en peux plus je me laisse tomber sur le lit à bout de souffle. J'ai l'impression de ne plus avoir de répit alors qu'une nouvelle contraction arrive et j'enchaine, en donnant tout ce que j'ai à chaque fois et en serrant la main de Caleb toujours avec force. « Ne poussez plus, il est là. » Ces mots là je les entends et je laisse le personnel soignant prendre le relais. « Embrasses moi. » Ce n'est sans doute pas le moment mais c'est ce dont j'ai envie à ce moment, c'est ce que je veux alors que notre bébé arrive. « S'il a besoin de soin tu ne le laisses pas une seconde. » On a déjà connu ça, on a déjà vécu ce moment et si pour rien au monde je ne veux revivre ce moment, je préfère le dire à Caleb pour lui éviter d'avoir à se sentir tiraillé entre rester avec moi et être avec notre bébé. Je suis en transe, je tremble légèrement sans doute à cause des efforts que je viens de réaliser, et après quelques instants d'attentes, on me demande de pousser doucement. Je regarde Caleb, l'émotion est grande. Je sais que ce jour va changer nos vies, je sais que ce bébé va devenir le centre de nos vies, au même titre que nos jumelles ou que Nathan, mais à cet instant précis c'est Caleb que je regarde. C'est lui que je fixe encore quelques secondes en lui murmurant à quel point je l'aime. Et c'est après quelques secondes que mes yeux se posent sur ce bébé que l'on me pose sur le ventre, sur ce bébé que je viens chercher alors que le personnel soignant s'occupe de le nettoyer un peu, de le frotter avec un peu trop de vigueur à mes yeux. « Félicitation, c'est un garçon. » Un garçon. Maël. Il se met à pleurer, ses premiers pleurs, sa première respiration dans ce nouveau monde. Mon fils. Et si lui pleure pour la première fois, ce n'est clairement pas une première pour moi, mais je pleure de joie, de soulagement, et surtout d'amour, parce que mon cœur semble se remplir à nouveau d'un amour inconditionnel pour ce petit homme. « Vous voulez couper le cordon ? » C'est à nouveau à Caleb qu'elle s'adresse, enfin je l'espère parce que moi je n'écoute plus, je ne peux détacher les yeux de mon fils. Je sais qu'ils n'ont pas fini avec moi, mais on vient de me poser mon fils en peau à peau et je suis en admiration devant lui. « Regardes le, il est tellement parfait. » C'est à Caleb que je m'adresse, à Caleb que je dis ces mots alors qu'il doit être aussi ému et aussi touché que moi, je tourne un peu notre fils pour qu'il puisse rencontrer son père et que Caleb puisse bien le voir et profiter de ce moment à trois.
SOON AS I SAW YOU, BABY, I HAD PLANS. PLANS TO DO IT 'TIL WE HAVE A BABY EVEN IF THE WORLD IS CRAZY PICK SOME NAMES, BOY OR GIRL THEN WE'LL CHANGE, CHANGE THE WORLD
C’est le moment, Alex en est sûre et si le calme était de nouveau de la partie il laisse bien vite sa place à la panique. Du moins pour moi, parce qu’elle semble toujours d’un calme olympique, Alex. Ou bien c’est parce que je panique tellement que je ne me rends pas compte que ma femme n’est pas si sereine qu’elle n’a l’air ? On ne va pas se mentir, c’est très probable. Je ne l’entends même pas me rappeler que le système de sonnette existe puisque je sors rapidement de sa chambre pour partir à la recherche d’une sage-femme. Pour dire vrai je ne l’avais pas vraiment oublié mais ce genre de situation me semble bien trop urgente et importante pour sonner et devoir potentiellement attendre quelques minutes pour qu’un soignant n’entre dans la chambre pour en savoir plus. Je reviens assez rapidement accompagné, de toute façon. « C'est à toi qu'il faudrait faire la péri, tu bougerai moins chéri. » Je grimace légèrement alors que ma main vient dans mes cheveux. J’ai conscience que ce n’est pas vraiment un reproche qu’elle me fait mais pourtant je suis tout de même assez paniqué et surtout je me sens coupable de l’agacer à bouger partout ainsi. Alex s’impatiente, je ne peux pas comprendre ce qu’elle ressent en ce moment donc je ne dis rien et je laisse la sage-femme et les infirmières faire leur travail. Elle perd patience, ce qui ne me semble pas étonnant dans cette situation. « Mais c’est maintenant que je dois pousser, ça fait mal. » Elle panique presque ou du moins c’est l’impression que j’ai, ce qui me m’aide pas à gérer mon angoisse. J’ai envie de lui demander de ne pas pousser tout de suite et d’attendre que les sages-femmes soient prêtes mais bien heureusement je me rends compte du côté ridicule de cette demande, alors je m’abstiens. « Je sais mais encore quelques secondes, ne poussez pas tout de suite. » C’est finalement la sage-femme qui lui dit et je dois dire que ça a un côté tout de même assez rassurant. Alex est auscultée et moi, je dois bien avouer que je commence à me sentir vraiment inutile et totalement impuissant. Je suis là, debout à côté d’Alex, les bras le long du corps et pour être honnête je me sens vraiment très bête mais heureusement cette sensation ne dure pas très longtemps car la sage-femme nous confirme que notre bébé est là, prêt à sortir. Rapidement le stress s’en va de nouveau pour laisser place au bonheur. C’est avec un sourire que je me perds dans mes pensées mais aussi dans les yeux de ma femme. Nous nous apprêtons à devenir de nouveau parents tous les deux et elle sait à quel point c’est important pour moi. Je la regarde. Elle et seulement elle. Avec beaucoup d’amour dans le regard et certainement aussi une grande tendresse. J’essaie de l’encourager comme je le peux avec des mots, un baiser et avec ma main qui vient serrer la sienne également. « Je t'aime, je t'aime tellement, et quoique je te dise, n'oublies pas que je t'aime assez pour avoir accepté de te refaire un enfant après les jumelles. » Comme si c’était possible, mon sourire s’agrandit à nouveau quand je l’entends me dire ces mots qui me touchent beaucoup. Alex n’était pas prédestinée à avoir une grande famille, et pour être même totalement honnête il y a encore quelques années je ne pensais pas qu’elle accepterait d’avoir un enfant de nouveau et pourtant nous sommes sur le point d’avoir notre quatrième et je vais pouvoir assister à notre deuxième accouchement.
Dans quelques minutes, notre bébé sera avec nous et c’est sûrement cette pensée magnifique qui réussit à la motiver à lui donner de la force pour l’accouchement. Et de la force je sais qu’elle en a besoin entre chaque contraction et chaque poussée, elle parle beaucoup mais je pense que c’est en grande partie pour l’aider à surmonter ce moment difficile. Je lui murmure quelques mots pour l’aider je lui laisse ma main non blessée pour qu’elle puisse la serrer autant qu’elle en a besoin. Quand elle dit avoir chaud je mouille son front avec un gant mouillé d’eau froide. « Il ne descends pas, il ne passera pas. Je veux pas de césarienne, je veux pas faire ça sans toi. » Elle panique en me disant ça mais je ne peux pas faire de même je dois lui montrer que je suis confiant et que je n’ai aucun doute que tout se passera très bien. « Tout va bien se passer mon amour. » que je lui dis tout doucement d’un air sûr de moi. La sage-femme semble être bien plus douée pour rassurer ma femme ce qui est assez triste pour moi mais aucun sentiment négatif n’a le temps de s’installer parce que rapidement les mots de ma femme vont me soulager et surtout me faire sourire, encore une fois. « Notre bébé est là. » Notre bébé est là, il va arriver, là, bientôt, Alex a pu le sentir et je pense que mon regard s’illumine toujours un peu plus en réalisant tout ça. « Vous voulez regarder ? » C’est à moi qu’elle pose cette question et bien que j’avais déjà pris l’initiative de regarder pendant l’accouchement des jumelles je suis incapable de refuser une telle proposition. Sans lâcher la main de ma main je bouge un peu allant jusqu’à ses jambes et je regarde non sans une grimace que je ne peux contrôler et je préfère revenir rapidement vers Alex n’appréciant clairement pas cette vue. Je l’embrasse sur le front espérant que ce baiser puisse lui donner de la force pour ce qu’il lui reste à faire. Jusqu’à ce qu’on lui demande d’arrêter de pousser, et à ce moment précis j’ai l’impression que mon monde se met en pause. Il n’y a que la voix d’Alex me demandant de l’embrasser que j’entends et je m’exécute. Je me baisse vers elle pour déposer un baiser sur ses lèvres. Un baiser rapide ne voulant pas trop la perturber. « S'il a besoin de soin tu ne le laisses pas une seconde. » Je bouge la tête de haut en bas en la regardant afin de lui assurer que je ne laisserais pas notre enfant seul. Ce n’est plus Alex que je regarde maintenant mais je fixe avec attention tout ce que le personnel est en train de faire afin de ne pas louper une miette de ses premières secondes sur terre. « Félicitation, c'est un garçon. » Qu’on nous annonce tout en le posant sur le ventre d’Alex. J’ai l’impression de sentir mon cœur louper un battement. Un garçon. Nous avons un petit garçon et je suis tellement subjugué par lui qu’il leur faut me parler plusieurs fois pour que je ne comprenne que c’est à moi qu’elles parlent. « Vous voulez couper le cordon ? » Mon regard se détache de Mael pour regarder rapidement la sage-femme et je m’éloigne de ma femme quelques secondes pour suivre leurs instructions et couper le cordon ombilical. Alex maintenant en peau à peau avec Mael, je les rejoins tout de suite après me baissant même à leur hauteur pour pouvoir mieux les regarder et quand Alex tourne notre fils vers moi pour que je puisse le regarder un peu mieux je ressens une vague d’émotions extrêmement fortes d’envahir. Il y a même des larmes qui me montent rapidement aux yeux. « salut toi… » que je dis tout doucement à Mael. Je viens rapidement caresser sa toute petite main et même si tout le monde parle autour de nous, tout le monde bouge je ne le remarque pas tant je suis hypnotisé par ce bébé qui est le fruit de notre amour. « Il est tellement beau. » je parle tout doucement comme si je voulais que cette pensée ne soit destinée que pour ma femme. Je ne sais pas pendant combien de temps je reste accroupi à côté de ce lit à admirer Mael mais la sage-femme me pousse à retourner à la réalité avec son intervention. « On va devoir le prendre avec nous quelques petites minutes pour qu’on puisse continuer à s’occuper de la maman. » Elle ne brusque pas Alex et la laisse prendre le temps qu’il lui faut pour lâcher Mael et de mon côté, je suis toujours tellement subjugué par mon fils que j’en oublie qu’Alex m’a un peu plus tôt demandé de ne pas le laisser seul une seule seconde.
"Soon as I saw you, baby, I had plans Plans to do it 'til we have a baby Even if the world is crazy Pick some names, boy or girl Then we'll change, change the world"
Les efforts me semblent de plus en plus longs et durs. Les poussées semblent revenir toujours plus vite et je manque d'air, je manque de force, je manque d'énergie aussi et j'ai l'impression que ça n'avance pas comme il le faudrait. Je m'agace, je panique, je donne tout ce que j'ai mais ça ne semble pas suffisant et je commence à me dire que je n'y arriverais pas. Que je ne fais pas comme il faut, qu'il va falloir qu'ils aillent le chercher parce que je suis incapable de donner naissance à notre bébé. « Tout va bien se passer mon amour. » Il a confiance et je ne sais pas comment c'est possible parce qu'il doit bien voir que ça ne progresse pas, qu'on est toujours au même point et que notre bébé n'est toujours pas avec nous. Je veux le croire pourtant mais une pensée en moi, sans doute alimenter par l'extrême fatigue que je ressens à cet instant, me pousse à voir le négatif. Je ne veux pas que la naissance ne soit gâché par mon incapacité à pousser ce bébé, je ne veux pas qu'il puisse arriver quoique ce soit à notre bébé aussi parce que je ne me le pardonnerai jamais. Mais les mots de la sage-femme et surtout le fait que je puisse toucher le sommet du crâne de notre bébé me rassure, m'aide aussi à puiser dans des réserves que je ne soupçonnais pas avoir encore à cet instant. Il est là, tout prêt, pas loin en tout cas et je m'en sors pas si mal finalement. Caleb se décale un peu, il va voir comment ça avance, et de ce que j'en sais, je sais que je n'ai pas envie de voir pour ma part. De toute manière j'ai autre chose à penser à ce moment précis alors que je reprends mes efforts avec encore plus d'intensité. Caleb m'embrasse sur le front entre deux poussées, et moi je continue de lui broyer la main à chaque fois que je sens une contraction arriver. Je ne sais pas d’où me vient cette force et cette énergie mais après de longues, très, très, très longues minutes d'effort, enfin on me demande d'arrêter de pousser et on m'annonce qu'il arrive. Et c'est avec une émotion intense que j'accueille notre fils sur moi, parce que oui, j'apprends que c'est un garçon et si je n'avais pas réellement de préférence, le bonheur est immense en découvrant ce petit être et en l'entendant pleurer. Ma main a lâché celle de Caleb pour venir se poser sur Mael, pour venir l'installer contre moi avec l'aide du personnel soignant qui me glisse mon fils sous cette chemise d’hôpital. Je le sens contre moi, ses toutes petites mains qui viennent agripper mon doigt, je le regarde, je le touche, je l'embrasse aussi, je n'ai d'yeux que pour lui. Mon petit ange. Il s'est arrêté de pleurer et j'ai l'impression que tout est si calme, l'agitation des dernières minutes semblent si loin alors que je me perds dans ses yeux et que je regarde chaque traits de son visage pour le découvrir. Il est si parfait, et ces moments si forts, si privilégié que je vis avec lui sont si fort en émotions que j'ai les larmes aux yeux mais surtout un immense sourire sur les lèvres en le regardant. Et si ce moment est important pour moi, si cette rencontre avec mon fils est un moment extrêmement fort, il le devient encore plus émouvant quand Caleb se joint à nous et je détourne quelques secondes mon regard pour observer mon mari. Pour le voir faire la rencontre de son fils, pour découvrir ce petit être qui est le résultat de notre amour et qui aujourd'hui nous remplis le cœur d'un amour inconditionnel. Et son émotion est sincère, forte et très communicative alors que je vois des larmes prêtes à couler de ses yeux. Il est ému, il est heureux et c'est finalement assez rare de voir Caleb avec cette émotion si grande, si pure. « salut toi… » Il parle à Mael, d'une toute petite voix, de sa douceur habituelle avec laquelle il parle à nos filles, mais aujourd'hui il y a l'émotion dans sa voix aussi qui est touchante. Mon regard passe du père au fils à plusieurs reprises, je les observe tout en caressant le dos de Mael délicatement du bout des doigts pour ne pas lui faire de mal. Caleb caresse la petite tête de notre fils et c'est un moment d'une douceur et d'une délicatesse incroyable qui contraste énormément avec les dernières minutes qui ont été assez intense. « Il est tellement beau. » Je regarde Mael à nouveau et je ne pourrais pas le contredire. Il est magnifique notre fils, et si je sais qu'aucune mère n'est vraiment objective, encore moins à ce moment, tout ce que je sais, c'est que moi je le trouve parfait et que je l'aime déjà tellement. Caleb accroupi au bord du lui, c'est désormais à trois que nous vivons ces instants, et si tout le monde est encore présent autour de nous, c'est presque anecdotique finalement parce qu'à cet instant je suis sur un petit nuage. Je garde une main sur Mael mais ma main libre vient caresser la joue de Caleb et du bout des doigts je viens effleurer ses paupières pour essuyer une larme qui menace de glisser sur sa joue. « Mael, je te présente ton papa. » Que je dis avec beaucoup d'émotions mais aussi beaucoup de fierté et de douceur. Comme si des présentations étaient vraiment nécessaires, ils se connaissent, du moins Mael doit le connaître parce qu'il l'a entendu durant ces derniers mois mais c'est la première fois qu'ils se rencontrent, que Caleb peut vraiment le sentir. « Je vous aimes tellement tout les deux. » Une main qui caresse la petite main de Mael, une autre qui caresse la joue de Caleb, je me sens remplis d'amour et de bonheur à cet instant précis, un moment dont je n'ai pas pu réellement profiter à la naissance des jumelles, et je profite aujourd'hui. « On va devoir le prendre avec nous quelques petites minutes pour qu’on puisse continuer à s’occuper de la maman. » Enfin je profite jusqu'à ce qu'on me ramène à la réalité. Je n'ai pas envie de le laisser, il semble si calme, si apaisé sur moi et je suis si bien avec lui, avec Caleb, mais je sais aussi que c'est pour mieux le retrouver ensuite et aussi pour qu'il ait les premiers soins nécessaires pour s'assurer qu'il aille bien. Je l'embrasse sur le front à plusieurs reprises avant d'accepter de la laisser prendre mon fils. Je sais qu'il va revenir, je n'ai plus cette angoisse précise mais ne plus le sentir contre moi me fait me sentir mal, mais j'en oublie pas pour autant de sortir mon mari de ses rêveries. « Chéri ! Vas avec lui. Je compte sur toi pour me le ramener très vite. » Je suis bloquée dans mon lit, la dernière partie de l'accouchement à terminer, et je suis frustrée de ne pas pouvoir assister au premier soin de mon fils, mais je sais que Caleb saura veiller sur lui. « Tu peux filmer un peu, que je ne rate rien ? » Que je lui demande avant qu'il ne me laisse seule, et je ne sais même pas s'il a son téléphone sur lui mais s'il ne le fait pas, je ne lui en tiendrais pas rigueur, de toute façon j'ai qu'une hâte en finir avec tout ça, mes soins, les siens et nous retrouver tout les trois, en toute intimité et calme. Et le calme finalement il arrive plus tôt que prévu puisqu'après toute cette agitation, la quasi totalité du personnel a déserté la chambre et la sensation d'épuisement arrive d'un coup. Toutes les émotions retombent, l'euphorie de la rencontre avec mon bébé semble s'estomper aussi au profil de la fatigue. Tous les efforts intenses se font ressentir d'un coup, les longues nuits sans bien dormir, la fatigue de la grossesse, de l'accouchement, je me sens épuisée et faible. Je tremble un peu aussi et si pendant l'accouchement j'avais très chaud, c'est désormais l'inverse j'ai froid. Tout est normal que l'on m'annonce en me donnant une nouvelle couverture, et je ne suis présente que physiquement pendant cette dernière procédure parce que je ne suis plus vraiment capable de quoique ce soit, j'ai donné tout ce que j'avais pour donner naissance à mon fils et désormais je ne pense qu'à une chose, pouvoir l'avoir à nouveau contre moi. Les minutes sans lui me paraissent interminables et à plusieurs reprises je demande quand est-ce qu'il va revenir et comment il va mais c'est sur moi que le personnel présent se concentre pour le moment. Je ne sens plus rien, ce qui est plutôt bon signe je crois. Enfin j'en sais rien mais dans tout les cas, je peux me détendre un peu et mon corps le fait tout seul inconsciemment. Une personne entre, je lève la tête, ce n'est ni Caleb, ni Mael alors je ferme les yeux à nouveaux sans même chercher à comprendre pourquoi ça semble si long. Je ne les écoutes pas, j'ai juste envie de dormir et qu'ils arrêtent de me trifouiller l'intérieur aussi mais c'est un détail ça non ?
J'ouvre les yeux, quelques minutes après, ou peut-être plus, j'en sais trop rien, mais j'ouvre les yeux quand j'entends les pleurs d'un bébé et c'est Caleb et Mael que je vois entrer dans la pièce quand j'ouvre les yeux. Il n'y a plus personne dans la chambre, juste une infirmière qui semble vérifier des trucs mais sincèrement je me moque de ce qu'elle peut bien faire, la seule personne que je regarde c'est Mael et mon sourire s'agrandit, mon regard brille devant la silhouette de notre petit prince. Et ensuite je regarde Caleb, je regarde mon mari torse nu qui tient notre fils contre lui, et c'est une vision absolument parfaite qui me rappelle ce moment ou il m'a ramené Lena après qu'elle soit partie en urgence. Je le fixe un peu, notre fils, le torse nu de Caleb, et ce n'est que quelques instants plus tard que mon regard remonte. Je cherche dans ses yeux à être rassurée sur l'état de santé de notre fils, à voir s'il est tendu ou stressé mais je ne vois que de l'amour dans ses yeux alors j'en déduis que tout va bien. « Il a pas l'air très gros, tout s'est bien passé ? » Que je demande quand même à Caleb, parce que si j'ai pu tenir notre fils contre moi pendant quelques minutes, je ne sais pas combien il pèse, pas combien il mesure, je sais juste qu'il est magnifique mais c'est à peu près tout. Caleb s'avance vers le lit et je tends la main pour attraper la main de notre fils, pour caresser sa toute petite main et le sentir agripper mon doigt me fait fondre. « Bonne fête des pères chéri. » Et je sais que jamais il n'aura une fête des pères aussi forte que celle ci, mais il aura un autre petit garçon qui sera ravi et enthousiaste à l'idée de lui souhaiter sa fête tout les ans et qui le comblera d'amour tout les autres jours de l'année aussi. « On essaie de voir s'il veut manger un peu ? » J'étais tellement dans mon monde avec mes deux hommes, que j'en avais oublié la présence de l'infirmière et je sursaute légèrement. « On peut essayer oui. » Il semble pourtant bien sur Caleb, il semble calme et il ne pleure plus mais il va falloir le déranger un peu. « Vous avez besoin d'aide pour l'installer ? » C'est autant à Caleb qu'à moi qu'elle s'adresse et s'il y a une chose qui est certaine, c'est que Caleb n'a pas besoin d'aide pour venir poser notre enfant sur moi pour le sein, il l'a déjà fait des dizaines et des dizaines de fois avec Lucy. Et c'est ce que je dis à l'infirmière, et après avoir donné les derniers conseils et m'avoir rassuré sur le fait que s'il ne mangeait pas directement ce n'était pas inquiétant, elle nous laisse enfin. Mael sur moi, Mael caché sur ma chemise d’hôpital, je le regarde avec tendresse toujours un grand sourire fixé sur mes lèvres. « Tu as prévenu tes parents ? Tu as eu des nouvelles des filles ? Il faut leur envoyer une photo de leur petit frère. » Je suis toujours sur mon petit nuage de bonheur et d'amour grâce à la naissance de notre fils mais j'en oublie pas nos filles pour autant et j'ai hâte qu'on soit tous réunis. Je sens Mael qui gigote un peu sur moi et si jusqu'à présent il n'a pas semblé intéressé par l'idée de manger, je le sens grimper sur moi. Je le regarde émerveillée de le voir faire ça alors qu'il n'a même pas une heure de vie. Je n'ai même pas à l'aider, je n'ai pas à la guider que le voilà qu'il commence à téter et ça aussi c'est encore un grand moment pour moi.