Yeah, you feel right so stay a sec
Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/crackshipandcrap)

On pouvait penser que Josephine Ophelia Carter était une énigme, qu’il n’y avait qu’une seule façon d’obtenir grâce à ses yeux, et que c’était en se penchant sur son cas pour démêler les trésors de complexité qui faisaient qui elle était, et rien d’autre ; ce n’était pas si profond que ça, elle avait simplement besoin d’attention, et c’était ce que Midas lui donnait à ce moment-là — couplée à de l’importance qui fit gonfler son ego quand il lui répondit que, si elle refusait de participer au concours, ça rendrait les choses moins intéressantes à envisager pour lui. Et quelque part, c’était tout ce qu’elle avait besoin d’entendre pour se figurer d’une décision, encore qu’elle ne lui en fit pas part parce qu’elle avait besoin de le faire mariner quelques temps encore, c’était comme ça. Mais dans le fond, elle était extatique de l’entendre prononcer une évidence qui était réciproque. S’il ne pesait pas si lourd dans la balance, elle aurait simplement dit non sans faire sa diva, puisqu’il n’y aurait eu aucun intérêt à se frotter à quelqu’un d’autre que lui. Les autres, ils n’étaient pas à la hauteur, et personne d’autre que lui ne pouvait lui donner envie de surpasser pour atteindre ce quelque chose qu’elle avait touché du doigt ; même si c’était compliqué à expliquer, il avait la faculté de la porter vers le haut, et elle espérait que la réciproque était vraie — elle savait qu’elle l’était, elle n’était pas modeste au point de se raconter des mensonges à ce sujet. Elle se revoyait à l’époque, à prétendre vouloir l’emporter, quand elle vantait ses mérites une fois qu’il avait le dos tourné, et pas que d’ailleurs : Midas avait profité de ses compliments sans que ça ne partait d’une ironie pourtant instinctive chez elle, elle avait toujours reconnu son talent. C’était parce qu’il était aussi doué qu’elle avait réussi à garder le cap, à se dire que si elle réussissait à être à son niveau, elle aurait tout gagné. Mais elle était trop gourmande Jo, et la vraie victoire lui étant passée sous le nez, elle avait consciencieusement fait en sorte d’oublier qu’à côté de sa défaite, elle avait eu des instants de grâce, et qu’elle les lui devait.

Elle ne le lui dirait pas, comme elle ne lui dit pas merci d’essayer, merci de croire encore en moi, se contentant de le fixer pour marquer un point inutile dans le dialogue qui se tarit, l’accusant sans vergogne d’être là uniquement pour porter un message. C’était plus facile à envisager comme ça, c’était plus facile de se dire qu’il avait pris tout ce temps pour venir la voir parce qu’il n’avait trouvé aucune excuse valable pour le faire, que de se dire qu’il l’avait mise de côté parce que c’était comme ça que ça devait être, que c’était dans l’ordre des choses. Ils n’évoluaient plus dans le même monde, et si elle avait sa confiance en elle pour se rassurer sur l’idée qu’elle valait quelque chose, elle n’était pas sans se dire qu’il en avait sans doute vu d’autres, des filles comme elle.
Elle haussa les épaules, repoussant ses pensées en même temps que l’expression du visage de Midas quand il sembla blessé par ce qu’elle lui dit comme ultime rebuffade, et à laquelle elle réagit avec une désinvolture qui lui était propre, la parant dans une carapace qui l’empêcha de prendre trop à coeur l’idée qu’elle l’avait peut-être blessé. C’était de bonne guerre, elle ne prétendrait pas le contraire pour le réconforter, elle ne prétendrait pas non plus avoir envie de comprendre puisque comme elle lui avait dit, elle n’était pas sûre de vouloir se lancer dans une expertise poussée de tout ce que ça pouvait bien signifier. Doucement, avec une indolence un peu surjouée, elle se redressa, ayant maintenue sa position, appuyée sur la table, sa paume contre le bois, et la tête penchée pour affronter Midas qui était sur le départ "Attends pas trop fort non plus. Tu sais ce qu’on dit ? Ça fait plus de mal que de bien de nourrir des espoirs." Et elle lui donna un coup de hanche quand elle passa à côté de lui pour s’en aller, lui retirant l’exclusivité d’une sortie digne de la diva qu’elle était, pressée de le quitter pour ne plus avoir à se demander si elle devait lui dire au revoir en le prenant dans ses bras, ou en lui tapant sur l’épaule ; alors elle choisit de le faire basculer pour le déséquilibrer juste un peu, saupoudrant sur la scène qui s’était jouée entre eux une dose de nostalgie qui la poussa à fermer graduellement les yeux quand elle quitta la cuisine pour de bon, retenant sa respiration quand elle s’aperçut que malgré ce qu’elle se sommait de faire, elle prenait tout ça à coeur ; et à peine avait-elle tourné l’angle du petit jardin qu’elle sortit son téléphone portable du décolleté de sa robe, ne s’en voulant pas de lui avoir menti tout à l’heure, et plaça le message qu’il lui avait envoyé dans l’onglet des messages importants. Oh, il attendrait quelques jours avant qu’elle se décide à lui donner signe de vie, mais ça ne l’empêcherait pas de se repasser maintes fois tout ce qu’ils s’étaient dit dans la tête, à faire des arrêts sur image, et des retours en arrière, pour décider si oui ou non, c’était une bonne idée d’accepter.

rp terminé.