Tu n'arrives même plus à te souvenir de la dernière fois où tu as eu un rendez-vous. Plutôt pas de la dernière fois où tu en avais eu un que tu n'allais pas pour faire plaisir à quelqu'un d'autre. Ils ont été nombreux parmi tes amis à te pousser dans les bras de n'importe qui juste pour pallier ton chagrin d'amour. Parfois, la meilleure solution pour les faire taire reste d'accepter et ensuite d'inventer une raison sur le pourquoi que ça n'a pas fonctionné. À force, ils ont fini par lâcher prise et tu as retrouvé ta tranquillité, jusqu'à ce que ton chemin recroise celui de Lily que tu n'avais pas vu depuis bien longtemps. Les retrouvailles ont été plutôt chamboulantes, il faut bien le dire, et Lily s'est ajoutée à la liste des personnes qui disent je peux te présenter quelqu'un si tu veux. Tu n'es pas particulièrement orgueilleuse, mais c'est tout de même ça qui t'a fait accepter sa proposition de rencontrer un vieil ami à elle. Ce serait le même manège de toute façon. Tu le verras une fois et ce sera sans doute terminé là. C'est vraiment ce que tu as cru. Sauf que la soirée avec Corey s'est très bien déroulée. Au point où il a proposé de remettre ça et tu as accepté. Bon, un deuxième rendez-vous, ça n'engage en rien de toute façon. C'est bien loin d'être un tantinet sérieux. C'est juste deux personnes qui apprennent à se connaître. C'est sûrement contradictoire que tu sois aussi nerveuse. Un défilé de mode, tu ne peux pas dire que tu t'attendais à une telle proposition. C'est, disons, assez loin de ta personnalité. Tout là-bas est fait pour être remarqué, hors de l'ordinaire, alors que tu es plutôt du genre à te fondre dans la moquette, mais tu veux bien te prêter au jeu. Après tout, tu pourrais être surprise qui sait. Heureusement que Iris à répondu à ton cri à l'aide au moins. C'est avec une robe à la fois simple et chic sortie directement de sa penderie que tu fais ton entrée dans le jardin botanique. Ton regard scrute la foule pendant un instant jusqu'à ce qu'il s'arrête sur Corey qui avance déjà vers toi. « Bonjour Juliet, comment vas-tu ? » Question rhétorique à laquelle personne ne répond vraiment la vérité, surtout pas devant un presque inconnu. Mais à la seconde où il arrive à ta hauteur, tu as l'impression que le trac s'en va. Après tout, advienne que pourra, n'est-ce pas ? « Je vais bien et toi ? » que tu lui retournes la question. Ton regard est toutefois rapidement attiré sur ce petit objet qu'il tient entre ses mains. « Tiens c’est pour toi. » qu'il te dit en tendant vers toi une fleur en perle. La surprise peut facilement se lire sur ton visage. « Pour moi ? » que tu répètes comme si c'était impossible qu'il puisse vraiment vouloir t'offrir quelque chose. Tu viens tout de même tendre la main pour venir prendre la fleur entre ses mains sans plus attendre. « C’est une Cymbidium. Je n’en avais jamais entendu parler avant aujourd’hui, mais il paraît que c’est symbole de créativité et de voyage.  J’ai pensé à toi.» Es-ce vraiment possible de tomber sur un homme aussi charmant que lui ? Non, sûrement pas. C'est un petit sourire timide qui se glisse contre tes lèvres. Ce n'est pas une vraie fleur, tu en es bien consciente, mais c'est comme un réflexe de venir la porter à ton nez. Tu as l'impression de pouvoir y sentir un parfum, mais c'est sûrement dans ta tête - ou les perles sont-elles parfumées ? « Merci, elle est magnifique. » que tu lui réponds en toute honnêteté. « Je ne t'ai pas fait trop attendre j'espère ? » que tu lui demandes ensuite puisqu'il semble avoir trouvé de quoi s'occuper en attendant. Tu n'étais pas en avance, mais tu n'étais pas en retard non plus sur l'heure que vous aviez fixée tous les deux.

« On est deux alors. » Qu'il dise le contraire t'aurait bien surprise. C'est le genre de questions auxquelles tout le monde répond que, oui, tout va bien. C'est une question de politesse à laquelle personne n'a vraiment envie d'entendre la véritable réponse. Qui aurait eu envie que l'autre se mette à raconter ses états d'âme ? Personne. Surtout pas lorsqu'on connaît à peine la personne qu'on à en face de nous. Corey dégage toutefois une belle aura qui semble prétendre qu'il dit la vérité. Il n'a pas particulièrement l'air de quelqu'un qui court après les problèmes. Ça fera changement tiens. « Non ne t’inquiètes pas. J’ai eu des échanges intéressants avec cette dame. » qu'il avoue en pointant la dame du kiosque de fleur. Si elle est celle qui l'a conseillé pour le présent qu'il vient de lui offrir alors elle est de très bon conseil. « On sent qu’elle est passionnée par le sujet. Malheureusement, je crains de ne pas m’y connaître davantage en fleurs qu’en mode. Est-ce que tu connais la maison Weatherton ? » Et tu t'y connais bien mieux en fleur qu'en mode, ça, c'est certain. Surtout lorsque ça concerne des grands designers hors de prix comme la maison Weatherton. « De nom seulement. Comme tout le monde je suppose. » que tu avoues en haussant légèrement les épaules. La maison Weatherton n'est accessible que pour les plus fortunés de ce monde. Une classe à laquelle tu n'as jamais fait partie et que tu doutes fortement d'atteindre un jour. Ce n'est pas avec ton maigre salaire que tu pourrais un jour t'offrir une robe aussi magnifique que la moitié des femmes de la place aujourd'hui. «  Le défilé ne commence pas encore, je te propose qu’on fasse un tour pour profiter du jardin. Tu es déjà venue ici ? » D'un signe de la main, Corey t'invite à prendre le petit sentier à quelques pas de vous. Chose certaine, tu n'es jamais venu dans les jardins alors qu'ils étaient aussi bondés de personnes. C'est un endroit où tu as souvent passé du temps avec Anabel à une certaine époque. D'y venir aujourd'hui te fait penser que tu devrais bien la ramener ici dans un avenir prochain. Tu hoches alors la tête de haut en bas à sa question. « Ça fait longtemps que je n'y suis pas venue. C'est encore plus beau en soirée. Je te le conseille si tu n'y es jamais allé. » que tu lui réponds en souriant doucement. Lorsque le soleil se couche et que les décors et les lumières brillent dans la noirceur. Absolument magnifique, sans l'ombre d'un doute. « Alors dis-moi, si je ne t’avais pas proposé que l’on se retrouve ici, est-ce que tu y serais venu ? » Honnêtement ? Non, sûrement pas. À moins que Iris ne t'y sois amené de force - Corey avait eu bien moins à forcer que ton amie aurait eu à le faire. D'ailleurs, c'est presque étonnant qu'elle ne soit pas présente en exagérant le fait que c'est fou d'être là toutes les deux complètement par hasard. Ne jamais parler trop vite hen. « Non, je ne pense pas. Mais je suis bien curieuse d'y assister. » En agréable compagnie en plus. Tu t'arrêtes à un prochain stand qui déborde de couleur par ses dizaines de fleurs différentes. Des bracelets ou boutonnières. Il y a même des bijoux artisanaux faits à base de pétale de fleurs. Tu glisses doucement une mèche de cheveux dérangeante derrière ton oreille alors que tu contemples le tout. Tu tends finalement le bras vers un œillet bleu que tu glisses ensuite dans la poche de la chemise à fleur de Corey. « Ça va avec tes yeux. » que tu lui dis en redressant ton regard dans le sien.

« Tant que ça ne te rebutes pas complètement. Je m’en voudrais d’avoir fait un mauvais choix. » Ah bien sûr que ton petit commentaire lui fait redouter son choix de lieu pour cette seconde rencontre. En même temps, si tu n'aurais vraiment pas voulu venir. Tu lui aurais tout simplement dit. Tu ne t'aurais pas imposé quelque chose dont tu n'avais aucunement envie. Tu secoues alors la tête de gauche à droite pour le rassurer. Non, ce n'est pas un mauvais choix. « Tant fais pas. Ce n'est pas ça le plus important. » Le plus important, c'est de passer un moment agréable et d'apprendre un peu plus à se connaître n'est-ce pas ? Qu'importe l'événement qui vous entoure. Et puis, même si la mode n'est pas spécialement ta tasse de thé, tu apprécies tout de même la beauté des jardins et des stands qui n'y sont habituellement pas présents. « Mais pour ma part, je t’avoue que j’apprécie ce genre d’évènements. Le plus souvent peu m’importe leur nature. Ce que j’aime c’est qu’il y ait du monde. » Un fanatique de tous les festivals de la ville alors. Ce n'est pas faux de dire que l'ambiance festive est toujours agréable. Que le sujet vous intéresse ou non, lorsqu'on est bien accompagné, la soirée ne peut être qu'agréable. « Ce n’est pas grave si je ne connais personne. Ce qui compte, ce sont les présences, l’effervescence, l’animation. » Il est définitivement plus courageux que toi. Tu veux bien participer même si le sujet te laisse indifférente, mais certainement pas sans y venir avec quelqu'un. « Je n’aime pas rester seul. » Tiens, voilà une confidence particulièrement intime. Tu te demandes immédiatement pourquoi. Est-ce que cela fait tout simplement partie de sa personnalité ou a-t-il vécu des épreuves difficiles par le passé qui l'ont poussé à craindre la solitude. Ah bien sûr, les puzzles compliqués ont toujours été ce qui t'attirait le plus. C'est inévitable. Corey qui avait l'air en toute simplicité à possiblement des squelettes dans le placard. Possiblement, tu es peut-être à côté de la plaque aussi. « Je fais une bêtise si je demande pourquoi ? » Parce que tu ne veux certainement pas être intrusive. C'est sans doute une information à décortiquer plus tard, mais c'est plus fort que toi, la curiosité a gagné sur tout le reste.

Alors que tu t'arrêtes à un nouveau stand au bout de quelques pas, tu viens choisir un œillet que tu places délicatement dans la poche de sa chemise. Sa main vient ensuite prendre la tienne pour venir y déposer un doux baiser sur celle-ci. Bien sûr que tu es complètement charmé par cette simple petite attention.  « Merci. » Sa main redescend vers le bas sans pour autant lâcher la tienne. Ton sourire s'étire un peu plus alors que son regard se plonge dans le tien. Sans même y réfléchir, ton pouce s'égare tout en délicatement contre le revers de la main de Corey. Il va finir par te faire rougir à te regarder comme ça. Puis, un sourire amusé se glisse sur son visage juste avant qu'il ne brise ce silence. « Ah…Rien y fait. Ces premiers rendez-vous, j’ai toujours l’impression d’avoir 16 ans et de commettre un impair. » Le commentaire te fait automatiquement rire. Peut-être que c'était ce dont vous aviez besoin. Que quelqu'un le dise à voix haute pour faire descendre la pression. « Tu t'en sors très bien si ça peut te rassurer. » que tu lui dis alors que ton sourire semble incapable de quitter ton visage. S'il émet un tel commentaire, c'est sans doute parce que, toi aussi, tu t'en sors pas trop mal. C'est ainsi que tu vois les choses du moins. Tu fais quelques pas derrière jusqu'à ce que vos deux bras s'étirent à leur maximum, jusqu'à ce que Corey n'ait d'autre choix que de suivre le mouvement. Tu fais finalement demi-tour pour poursuivre la marche dans la même direction que lui. « Et toi en général comment ça se passe ? Avant de répondre, sache que tu peux changer de sujets de conversation quand tu veux. » C'est très tentant oui, de simplement éviter ce genre de conversation. Comment ça se passe habituellement ? Et bien ça ne se passe pas. Voilà tout. « Disons que ça fait très longtemps que ça ne m'est pas arrivé. » Tu ne connais pas trop son background amoureux à lui. Il connaît très très légèrement le sien. Ce n'est pas pas vraiment les premiers sujets qu'on aborde lorsqu'on rencontre quelqu'un. « Assez longtemps pour que Lily juge nécessaire de s'en mêler. » que tu ajoutes avec un sourire en coin. Pour ton bien, évidemment. Si on compte que tu n'as fréquenté personne depuis ta rupture et que tu as passé presque cinq ans avec Alfie. Oui, les vrais rendez-vous remontent à une éternité. D'ailleurs, parlant de Lily… « Tu l'as vue dernièrement ? » Tu te demandes comment elle va, sans avoir le courage de prendre de ses nouvelles toi-même. Corey doit sûrement la côtoyer plus souvent que toi ?

« Non, bien sûr que non. Je suppose que ça vient de quand j’étais enfant. Je suis celui du milieu. J’ai toujours traîné dans les jambes de mon frère ou eu ma sœur dans les miennes. On a aussi beaucoup voyagé quand on était jeunes, donc on passait tous notre temps ensemble. J’imagine que j’ai pris l’habitude d’être entouré. Puis ça me plaît je suppose. » Une famille bien soudée. C'est ce qu'il laisse sous-entendre du moins. Il a de la chance. Tu aurais aimé avoir une enfance comme la sienne. On ne tire pas toujours le gros lot sur la loterie de la vie. Il y a toujours mieux et pire que nous. Quand on se compare, on se console. « Comment sont-ils ? Et tes parents ? » Et le malaise viendra quand il te retournera la question. C'est ce que tu penses. Loin de te douter que la mortalité à frapper sa famille également. Finalement, vous pourrez sans doute vous comprendre plus que vous ne le pensez. « J’ai aussi tendance à croire que l’on va plus loin quand on est accompagné que lorsqu’on est seul. » Tu acquiesces à ses paroles. Oui, il a sans doute raison. Du moins, les épreuves de la vie sont toujours plus faciles à traversées lorsqu'on a quelqu'un avec qui le faire. Tu ne peux qu'être d'accord avec ses paroles. « Mais j’ai pas forcément d’avoir dix personnes chez moi constamment je te rassure. » Un sourire amusé se glisse immédiatement sur ses lèvres. Au fond, il a seulement besoin d'être bien entouré et c'est ce qu'on recherche tous. « Ça me rassure. L'intimité, c'est bien aussi. » Tu ne saurais pas dire si tu préfères la solitude ou la foule, mais disons simplement qu'il y a un temps pour un et pour l'autre. C'est bien de retrouver la tranquillité d'un foyer à la fin d'une journée. Seul ou à deux.

« Ah Lily. Elle est très douée pour s’occuper des autres. » Son sourire ricoche rapidement contre le tien. Tu ne la connais pas beaucoup Lily. Pas personnellement du moins. Après tout, elle était amie d'Alfie avant de devenir la tienne par procuration si on veut. Tu ne sais pas trop comment se dérouleront les choses entre vous deux pour la suite. Mais c'est devenu… très délicat si on veut. Tu n'as aucun mal à le croire sur parole du moins. D'ailleurs, comment va-t-elle ? « On s’appelle plus qu’on ne se voit en ce moment. Mais entre le travail, la grossesse et son déménagement, elle est pas mal occupée. » - « Ah. J'ignorais qu'elle déménageait. » Mais tu ne peux pas vraiment dire que tu es surprise de l'information - et un peu soulagée que Alfie ne se retrouve pas à la rue. Il l'aurait sans doute mérité. Mais bon, c'est mieux de ne pas trop s'attarder sur le sujet. Ça risque de casser l'ambiance plus qu'autre chose. « Tu voudrais des enfants ? » - « Oh, eum… » Ah bah tiens, voilà une question que tu ne t'attendais pas à entendre  Tu te doutais bien qu'elle finirait par arriver un jour ou l'autre. Tu espérais que ça arriverait plus tard. Plus tard, c'est maintenant il faut croire. « J'aurais aimé oui. » Aurait, c'est le choix de mot qui convient le mieux pour l'instant, puisque tu n'es pas certaine d'y arriver un jour. Tu n'abandonnes pas le projet. Pas encore, mais en ce moment, on peut dire que tu as l'impression d'être au pied du mur. « Ce ne sera pas possible pour moi… » Un faible sourire s'affiche sur ton visage. Un sourire un peu triste, oui. Parce que la nouvelle est encore assez fraîche et pas tout-à-fait encaissée. Mais ce n'est pas quelque chose que tu pouvais vraiment cacher à Corey. Si vraiment tu cherchais quelqu'un avec qui partager ta vie, et que ton utérus fonctionnerait convenablement, tu ne perdrais pas ton temps avec quelqu'un qui ne veut pas d'enfant. C'est au moins ce que t'as appris ton dernier échec amoureux. Tu as perdu du temps et maintenant c'est trop tard. « Toi ? Tu aimerais en avoir ? » Si ça se trouve, il n'est pas du tout branché bébé. Mais ce n'est pas l'impression qu'il te laisse.

"Ils sont très bien. Mes parents ont divorcés il y a longtemps mais c'était d'un commun accord et au final ils sont restés en bon terme." Vous avez bien le (malheur) de vivre dans une génération où la plupart des parents se sont séparés et leurs enfants font exactement la même chose. C'est tellement plus facile de se séparer que d'essayer de réparer les choses. T'es plutôt mal barré pour construire une petite famille parfaite et unie, alors tu devrais sans doute pas juger les autres. Et puis, des parents qui sont en bons termes, c'est surtout ça l'essentiel. "Ils ont refait leur vie depuis. Ma mère et ma soeur sont toutes les deux sur Canberra, mon père est parti sur Sydney il y a quelques années, il m'a laissé la maison...Mon frère est décédé dans un accident il y a dix ans." Dix ans, la vie aura été très courte pour lui. Le reste de sa famille est relativement loin. Il ne doit pas les voir si souvent que ça. « La vie ne fait pas toujours de cadeaux. » que tu commentes simplement en continuant d'avancer dans le sentier. La vie est à la fois si belle et si cruelle. "Et de ton côté ? Des frères et soeurs ?" Tu hoches la tête de l'affirmatif. « Un frère plus jeune. Lui et mon père vivent toujours ici. » Brisbane, la ville qui vous a vu grandir et qui vous verra sans doute mourir. Tu n'imaginerais pas ta vie ailleurs qu'ici. « Ma mère est décédée quand j'avais dix ans. » que tu précises par la suite pour compléter le schéma familial. Seulement dix ans et c'est toi qui est devenue la mère de substitution. Un rôle qui ne devrait jamais être porté par un enfant si jeune.

"Crucial même, le plus dur étant de trouver la bonne personne pour la partager." Il ne pourrait pas mieux dire. C'est tellement difficile de trouver une personne qui nous comprend et nous accepte comme on est. Si tu penses être plutôt facile à côtoyer dans la vie de tous les jours, tu sais également être difficile en co-habitation. C'est toujours là que les choses se gâtent, quand vient le temps d'emménager chez l'autre et que les vilains défauts prennent beaucoup d'ampleur. "Ce sera plus simple comme ça." qu'il ajoute lorsque le sujet du déménagement de Lily vient sur le tapis. « J'imagine. » que tu réponds, même si tu n'en es pas entièrement convaincu. Est-ce vraiment la solution la plus simple ? Non sûrement pas. Elle n'avait pas à quitter sa propre maison alors qu'elle porte la vie. Mais c'était peut-être la solution la plus facile. Peu importe, tant qu'elle est bien dans ses choix. C'est l'important. "Tu sais ce que je me demande ? Ce qu'elle s'imaginait en nous présentant l'un à l'autre." Difficile à dire. Tu peux parler de ce que tu penses vis à vis de toi. Elle a voulu aider une amie à tourner une page qui aurait dû être tournée depuis longtemps. Tu ne connais pas le passé amoureux de Corey, impossible de dire si c'était également son cas. Tu hausses légèrement les épaules à sa question. « Je sais pas. Elle m'a juste dit qu'elle pensait qu'on s'entendrait bien. » Et ce n'est absolument pas nécessaire de préciser le pourquoi du comment de cette conversation. Encore moins l'endroit où a eu lieu cette conversation. C'est bien trop ironique. "Vous vous connaissez bien ?" - « C'était surtout l'ami de Alfie en fait. On ne s'était pas vraiment revu depuis la séparation, mais on s'est toujours bien entendu je crois. » Ce que tu crois et la réalité est deux choses complètement différentes, mais bon, continuons de vivre dans le déni encore un peu plus. Donc, voilà, dire que tu la connais bien serait totalement faux, même si vous vous êtes plus ou moins côtoyé pendant de nombreuses années.

"Je suis désolé, je voulais pas..." Comment pouvait-il savoir qu'il tombait sur un sujet aussi délicat ? Tu lui fais signe de la main de laisser tomber en secouant légèrement la tête. « T'excuses pas. Je t'aurais sûrement poser la même question il n'y a pas si longtemps. » Et tu aurais fait next s'il aurait répondu ne pas en vouloir. Rendu à ton âge, il n'y a plus vraiment de temps à perdre lorsqu'on veut une famille. Parfois, dame nature joue de vilain tour et votre temps est bien plus court que vous n'auriez pu l'imaginer. Voilà, ce qui t'es arrivée. Jamais tu n'aurais cru te retrouver dans l'incapacité de concevoir à seulement 34 ans. "Je ne sais pas trop, je crois oui. Mais...sincèrement, de une je ne suis pas sûr d'être prêt et de deux, je n'ai jamais envisagé la question sérieusement. Avant de parler enfant, il faut déjà trouver la bonne personne. Et visiblement je ne suis pas très doué pour ça." Ça veut sûrement dire qu'il n'a jamais été avec quelqu'un assez longtemps pour envisager un vrai futur avec cette personne. Tu es quand même curieuse de savoir ce qui a bloqué dans ses autres relations. Une autre question pour plus tard. « Faut croire que je ne suis pas plus doué que toi. » Même tranche d'âge et toujours bien célibataire et sans enfant. Vous êtes dans le même bateau. Ton regard est soudainement attiré ailleurs, ce qui est également un bon moyen de retourner vers une conversation plus légère. Ta bouche forme un o sous l'agréable surprise de ta trouvaille : un photobooth. « Viens! » que tu annonces en le tirant jusqu'à la table où se trouve tous les accessoires. Tu trouves un boa fushia que tu enroules autour de ton cou, puis attrape un chapeau légèrement étrange que tu viens poser sur la tête de Corey. « Tu es très beau comme ça. » que tu commentes en riant doucement. Ah bien sûr que ton activité préférée de la soirée, c'est la moins sérieuse - donc la plus éloignée du "vrai" événement.

« Super, c’est important d’avoir des points communs. » Le commentaire te fait automatiquement rire légèrement. Hm, on a vu mieux comme point commun, n'est-ce pas ? Mais il paraît que deux négatifs font un positif. Donc deux personnes peu douées en amour, ça devrait tourner dans le bon sens. Si seulement c'était aussi simple. Les sujets un peu plus sérieux sont soudainement mis de côté lorsque tu aperçois un peu plus loin un stand de photobooth avec, bien sûr, une table remplie d'accessoires juste à côté. Voilà une magnifique façon d'avoir un souvenir sans rendre les choses trop sérieuses à la fois. Et puis, Corey semble tout-à-fait partant pour se prêter au jeu. « Oui je trouve que la couleur me vas bien au teint. » C'est un nouveau rire qui s'échappe d'entre tes lèvres alors que tu termines de bien placer le boa autour de son cou. Évidemment, le fushia est une magnifique couleur qui va au teint de monsieur et madame tout le monde - et qui passe tout-à-fait inaperçu (non, vraiment pas). C'est au tour de Corey de fouiller parmi les accessoires et tu attends sagement sa vengeance avec un sourire en coin. Il opte finalement sur des lunettes à flamant rose qu'il te met au visage. Finalement, ce n'est plus lui qui a l'accessoire le plus tape à l'oeil. « Pour faire ressortir tes yeux. » - « Tu trouves ? » Tes deux mains se glissent l'une par dessus l'autre sous ton menton alors que tu clignes exagérément les yeux de façon tout-à-fait adorable. Corey ajoute par la suite un collier hawaïen pour un maximum de couleur. De toute beauté. « Je crois qu’on est prêt. » Tu acquiesces d'un signe de tête juste avant de le suivre derrière le cadre qui accueillera autant vos plus beaux sourires que vos plus belles grimaces. Heureusement le stand étant complètement libre,vous avez amplement le temps de prendre plusieurs poses. D'embellir (ou pas) avec les accessoires que vous changez à quelques reprises. D'échanger quelques fous rires, et plusieurs sourires charmés. On peut dire que tu es agréablement surprise d'être aussi à l'aise dans un événement qui ne te ressemble pourtant absolument pas. La personne avec qui tu partages le moment y est sans doute pour quelque chose. « On peut les garder toutes ? » qu'il demande alors que le photographe vous montre une à une les photos que vous venez tout juste de prendre. Bien sûr que la réponse est non, à moins d'aligner beaucoup trop de dollars pour que ce soit raisonnable. Vous n'avez le choix que de quatre d'entre elles alors qu'il y en a des dizaines. Arnaque pour faire dépenser les clients, évidemment. Corey te laisse la tâche de les choisir alors qu'il se renseigne sur les prochaines activités à venir sur votre route.

« Alors atelier Origami ou Guinguette chic pour se désaltérer ? » Le choix n'était pas vraiment difficile à faire de ton côté. Tu étais bien loin d'être une pro d'origami, mais c'est toujours quelque chose qui t'a intéressé sans que tu n'es vraiment l'occasion d'apprendre. On dirait bien que l'occasion se présentait d'elle-même. Et puis, tu n'avais pas vraiment de doute que tu arriverais à réussir assez facilement - sans vouloir te vanter. Les bricolages et les dessins ont toujours été quelque chose de facile pour toi. Tu n'es pas la meilleure au monde, mais tu te débrouilles plutôt bien. Du coup, l'origami, ça ne doit pas être si différent. « Tu as la fibre artistique ? » que tu le questionnes par la suite. Comment était-il lorsqu'il n'était qu'un gamin ? Est-ce qu'il faisait partie des sportifs ? des intellos ? des artistes ? Tu faisais partie de la dernière catégorie. Celle que personne ne comprend réellement et que tous trouvent étrange. À chacun sa manière de vivre l'adolescence hen. Surtout lorsqu'elle est aussi atypique que la tienne. Bref, en quelques minutes de marche seulement, vous prenez place à l'atelier d'origami qui compte déjà pas mal de personnes. Il suffit de prendre une carte qui explique étape par étape comment plier la feuille pour arriver au résultat désiré. Rien de bien compliqué à première vue, mais à voir le résultat des autres, ce n'est peut-être pas si évident que ça. Tu dois recommencer à deux reprises, mais tu réussis tout de même sans trop t'acharner. Tu te retournes vers Corey avec un cygne dans la paume de ta main. « À quoi ressemble le tien ? » que tu lui demandes en posant un regard curieux de son côté. Alors ? Réussite ou échec flagrant ?

« Euh…non pas vraiment. Je n’ai jamais été très doué de mes dix doigts. Du moins dès lors qu’il s’agit de donner forme à quelque chose… » Ce qui sera une partie plus facile pour toi ne le sera visiblement pas pour ton compagnon de la soirée. À le voir fouillé depuis plusieurs minutes parmi les cartons, il essaie sans doute de trouver un pas trop compliqué qui sauvera son honneur. De ton côté, tu trouves le tien assez facilement. Et même si tu n'as que très peu d'expérience dans le domaine, tu piges dans les plus difficiles. Les étapes sont si bien expliquées, ça semble assez facile. Suffit de suivre les étapes une à une. « Tu as l’air plutôt à l’aise. » qu'il commente alors que tu en es à environ la moitié des instructions. Ça ne ressemble à rien pour le moment. Dure de croire qu'à la fin, ce sera un cygne. « Les arts littéraires ne sont peut-être pas ta seule passion ? » Tu n'irais quand même pas dire que c'est une passion. Une facilité, disons cela ainsi. Tu es bien loin d'être la meilleure, mais tu te débrouilles bien, oui. Plus que Corey, ça ne fait aucun doute. « Disons que j'ai toujours eu une facilité dans les arts en général. » que tu confirmes en haussant légèrement les épaules. Les arts étaient bien la seule matière à l'école à réveiller ton intérêt. C'est sans doute une raison aussi pour laquelle tu as une réelle facilité avec les enfants. N'y a-t-il pas un meilleur moyen que de créer un lien avec un enfant que de passer du temps avec eux à faire des bricolages ? Toujours gagnant les dessins et les bricolages.

Au bout de quelques minutes de plus, c'est un origami terminé que tu tiens au creux de ta main en te retournant légèrement vers Corey. Et lui ? Comment est-ce qu'il s'en sort ? « Disons que mon papillon est pas prêt de s’envoler…Tu peux peut-être lui sauver la mise. » Effectivement, le sien ne ressemble pas à grand-chose. C'est un léger rire qui s'échappe d'entre tes lèvres alors que tu te rapproches un peu plus de lui. « Montre-moi ça. » que tu lui dis en venant prendre le bout de papier de ses mains. Tu jettes également un coup d'œil aux instructions qu'il a devant lui. Tu repasses chaque étape à l'envers pour trouver laquelle il a manqué. Bien sûr, l'erreur est dès les premières étapes. Difficile d'arriver à un résultat lorsqu'on se trompe dès le début. Alors que tu reprends le pliage de la feuille, on annonce au même moment que le défilé commencera sous peu. Lorsque tu termines, il ne reste que vous deux à la table. Les autres étant sans doute partie se chercher une place de choix pour bien voir la scène. « Voilà. » que tu annonces en tenant le papillon entre tes doigts. Il n'est pas parfait, mais ça ressemble bel et bien à un papillon. C'est déjà ça. Un bref coup d'oeil autour de vous t'indique qu'il serait sans doute le temps de suivre le reste de la foule, mais peut-être que tu veux surtout gratter ces quelques minutes supplémentaires de solitude. « Merci de m'avoir invité. » Parce qu'il y a bien trop longtemps que tu n'avais pas simplement pris le temps de faire une sortie agréable. Le boulot prend bien trop de place dans ta vie ces dernières semaines. Ça et les mauvaises nouvelles. Donc, oui, une sortie comme celle-là met un peu de lumière dans ta vie. Et ce n'est pas de refus. « Ça me fait très plaisir d'être ici avec toi. » que tu précises en venant déposer un baiser sur la joue de Corey pour appuyer tes paroles. « On devrait… » que tu débutes alors qu'un sourire vient retrousser tes lèvres. Tu désignes d'un doigt la scène un peu plus loin. On devrait aller rejoindre le reste de la foule. Ou pas.

« Montre-moi ça. » Corey savait qu’il n’obtiendrait pas un résultat fabuleux à l’atelier origami mais il espérait tout de même arriver au bout de la chose. Son résultat étant peu concluant, il confie son travail à Juliet dans l’espoir qu’elle réussisse à sauver le papillon. Il la regarde déplier et replier les bords, son regard concentré et ses doigts fins. Il ne sait pas où il s’est trompé et il s’en fiche. Un haut parleur annonce le début imminent du défilé. Ca aussi, ça n’a pas vraiment d’importance. Au départ, le défilé était un prétexte au cas où il y aurait eu besoin de meubler des périodes de blanc comme il peut y en avoir quand on ne sait pas de quoi parler. Une roue de secours qui s’était avérée inutile jusqu’à maintenant, et espérons le, jusqu’à la fin. « Voilà. » Juliet lui montre un papillon, tout à fait réussi selon ses critères à lui. Il la félicite pour ce sauvetage réussi.

Ils ne sont plus que tout les deux. « Merci de m'avoir invité. » Elle semble sincère et ça le touche. Il est lui-même très heureux de cette soirée. Il aurait été gêné que cela eut été à sens unique. « Ça me fait très plaisir d'être ici avec toi. » Elle vînt lui déposer un baiser sur la joue et ce serait mentir que de dire que cela le laissait indifférent. « Moi aussi, je suis très content d’être ici avec toi. » Corey se sentait légèrement tiraillé comme s’il était à la croisée des chemins. Il avait l’impression qu’un choix se dessinait mais il ne savait que faire. « On devrait… » dit-elle en indiquant le lieu du défilé. Et d’un autre côté, elle laissa sa phrase en suspens. Il n’oubliait pas qu’elle n’était pas très friande de ce genre d’évènement. Ce serait la solution la plus simple, rejoindre la foule. Il ne doutait pas que le spectacle serait de toute beauté. On tirait souvent du bon à sortir de sa zone de confort.

Mais de l’autre côté, là, juste tous les deux, ils partageaient un moment précieux. Il ne voulait pas le rompre. « On est pas pressés. » fit il en haussant les épaules. « On est pas obligé de se rendre au défilé si ça ne te tente pas. Tu m’as dit que le jardin était magnifique la nuit, on pourrait en profiter pour le visiter sans être embêté par le reste du monde. » L’idée que la soirée avançait et qu’il faudrait bien la terminer, l’inquiétait un peu. Au terme de leur premier rendez-vous où un certain feeling était bien passé entre eux, il avait proposé une autre sortie, car il était prêt à se prêter au jeu. Parce qu’il s’était suffisamment entendu avec Juliet pour au moins envisager de l’amitié. Cependant ce soir, ils étaient passés par bien des choses différentes, des discussions sérieuses aux éclats de rires, des petits moments de gênes, aux débuts de confidences. Maintenant il allait se mettre dans la tête que quelque chose pourrait être possible entre eux… Il lui prit la main, qu’importe la direction qu’elle voudrait emprunter. « Dis Juliet, j’aimerai savoir si tu serais d’accord pour qu’on se revoie après ce soir ? » Un autre rendez-vous ni plus ni moins. Ce qu’il avait besoin de savoir, c’est ce que pourrait vouloir Juliet. Mais il n’osait pas poser la question directement. Parce que la soirée avait été excellente et que s’ils devaient juste parler amitié, il s’y plierait. Un temps du moins, celui de profiter des choses telles qu’elles étaient. D’apprendre à mieux se connaître. De définir ce qui les opposeraient et ce qui les réunirait, peut-être.