I know we're not alright. It's always dark as just before the light. I know your silence is a deadly sound. It's never easy when you're breaking down but I'll be there when you come around
Depuis une semaine, Albane était officiellement étudiante en médecine à l’Université du Queensland. Après plusieurs années de bons et loyaux services à l’hôpital, elle avait rendu sa blouse, vécu un pot de départ aussi émouvant qu’effrayant en réalisant ce qu’elle venait de faire. Il n’y avait plus de retour en arrière possible, et même si elle avait eu des mois pour se préparer à cette idée, rentrée chez elle, la française n’en menait pas large. Elle avait pourtant une situation stable, un boulot, un appartement, des perspectives. Mais elle avait plutôt fait le choix, à cause initialement d’une fierté mal placée, de se lancer dans quatre ans d’études, puis trois ans minimum de résidence, sans avoir encore en tête la discipline finale qu’elle souhaitait exercer. Elle serait officiellement médecin à ses trente-cinq ans dans le meilleur des cas, là où ses collègues auraient déjà leur maison, leur progéniture, leur conjoint, et une liste longue comme le bras de voyages faits durant les vacances. Ce n’était pas rien, ce sacrifice qu’elle venait de faire. Et maintenant qu’elle se retrouvait face à sa pile de livres étalés sur la table du salon -seul endroit qui pouvait passer pour un bureau-, avec ses cahiers de prise de note et sa tablette dans un coin, son tas de matériel de papeterie de l’autre, la française devait bien admettre qu’elle n’avait plus aucune idée de comment elle était supposée être étudiante. Est-ce qu’il s’agissait de s’asseoir, tout noter, tout apprendre par cœur ? A quoi ressemblait un partiel de médecine, au juste ? Un peu plus optimiste, son esprit avait voulu se rassurer en ouvrant un livre au hasard, supposant qu’après des années dans le monde de la médecine, elle devrait s’y connaître un peu. Une erreur fatale qui lui avait fait réaliser le peu d’avance qu’elle possédait, en réalité. Ce n’était pas faute de s’être efforcée de prendre ces foutus livres comme livres de chevet ces derniers mois.
Il lui fallait tous les efforts du monde pour ne pas céder à la panique, se rappeler à la place de combien elle s’était sentie excitée à l’idée de se lancer dans cette nouvelle aventure. Le week-end arrivait, lui laissant deux jours de plein repos pour se préparer mentalement à attaquer les cours en bonne et due forme. Deux jours où elle pourrait potentiellement se reposer, prendre soin d’elle avec un bain, de la musique douce, de la bonne nourriture, elle en avait aucune idée. Un repos qui lui avait cruellement manqué à cause des shifts enchaînés à outrance ces dernières semaines. Elle avait donné jusqu’à son dernier regain d’énergie pour faire le maximum d’économies, essayer de se rassurer sur ce sujet. Selon ses estimations, elle pourrait tenir environ deux ans avec ce qu’elle avait sur son compte. Un chouilla plus, si Leo voulait bien se mettre à gracieusement payer un loyer. Les deux années suivantes poseraient salement problème, il en allait de même pour ses stocks limités de morphine. Alors Albane refusait d’y penser, de se rappeler que la réponse à ses problèmes était un problème lui-même. Évidemment qu’elle se rapprocherait de la Ruche plus que nécessaire dans les temps à venir. Mais elle n’avait plus le choix.
L’unique aspect positif qu’elle trouvait à cette agitation était que cela lui occupait l’esprit, avec assez de force pour qu’elle ne parvienne juste pas à se poser pour au choix picoler ou prendre un cacheton en plus. Tellement fébrile, elle sursauta en entendant les coups à la porte, priant intérieurement pour une source de distraction plus positive. Autant dire qu’elle ne fut pas déçue. « Win ? » Elle qui s’attendait à Hugo, Reese, ou éventuellement Leo qui ne saurait pas gérer ses clés, voir le visage de Winston la fit se figer sur place. Probablement parce qu’il n’était plus venu depuis une éternité. Depuis leur mise au point sur le toit, leur relation avait bougé lentement, précautionneusement. Ils s’étaient croisés surtout dans les couloirs de l’hôpital ou à la cafétéria. Elle était passée chez lui pour lui rapporter des affaires aussi, maintenant qu’elle savait que cela ne craignait rien. Mais qu’il vienne chez elle ? « Dis moi que t’es là pour moi et pas pour Leo. » Albane était incapable de dire ce qu’elle préférait dans cette vision ; Winnie, le sac du traiteur chinois qu’il tenait, ou Sony qui s’agitait comme un beau diable contre ses jambes, couinant sous l’excitation. Elle se pencha pour lui flatter la tête, les oreilles, le dos, même si son regard ne se décollait pas de celui du brun, l’espoir venant soudainement lui gonfler le cœur. C’était Noël. C’était tout bonnement Noël. « Je veux pas te flatter de trop mais… t’es une vision de rêve. Littéralement. Et je suis à deux doigts de venir te serrer très fort alors si tu veux éviter ça, tu devrais créer ton périmètre de sécurité. » C’est qu’elle était tactile la française, et définitivement malmenée par un trop plein d’émotions ces derniers jours. Elle risquait de se mettre à pleurer aussi.
-A- vec Albane, ça a toujours été compliqué. Et ces derniers mois, ça l'était encore plus étrange. Les tensions s’étaient apaisées, pourtant, ce n’était plus comme avant. Ça te faisait un petit pincement, de ne plus retrouver tous tes repaires. Alors vous vous étiez pendant un temps contentés de simples échanges, parfois explosifs, parfois complices. Quelques verres, en dehors du travail. Et puis elle avait fait son pot de départ. Tu l’avais seulement rejoint sur le parking, près de sa voiture, celle qui t’avait transporté pendant des semaines jusqu’au travail lorsque tu avais vendu ta caisse. Tu l’avais prise dans tes bras, serré contre toi en regrettant déjà sa présence qui allait clairement te manquer. T’avais cette désagréable impression de vivre une seconde séparation. Et elle t’a manquée. Tu l’as cherché plusieurs fois du regard, dans la salle de repos. Alors un soir, ça t’a pris comme un envie de pisser. T’es passé chez le chinois qui se situait à cinq minutes de chez elle, t’as pris des plats à emporter, et t’as toqué à sa porte. Tu lui offres ton plus beau sourire lorsqu’elle l'ouvre. Ça t’avait fait bizarre de revenir dans cet immeuble, après cinq mois d’absence sur ce palier. Mais les souvenirs étaient rapidement remontés. « Win ? Dis moi que t’es là pour moi et pas pour Leo. » Tu restes figé un instant, tes sourcils se fronçant lentement avec hésitation. « … pour Léo? » Comment ça pour Léo? Qu’est ce qu’elle foutait là? Tu jettes un œil à l’intérieur de son appartement, cherchant sa silhouette, pour vérifier ta théorie. « Qu’est ce qu’elle fait là? » T’as l’air perdu. L’incompréhension marque chacun de tes traits, et peut être un peu trop. T’es plus troublé que tu ne devrais l’être en réalité. Tu ne sais pas pourquoi, mais t’aimes pas trop ça. Peut être parce que Léo ne t’avait jamais dit qu’elle côtoyait Albane, encore moins qu’elle vivait avec elle. Reese non plus d’ailleurs. T’as un mauvais pressentiment qui te colle un poids à l’estomac. Y’a un truc qui cloche, mais tu ne saurait pas dire quoi exactement. Pourtant, dans les faits, ce n’était rien. Juste une de tes plus proches amies qui vivait chez… Albane. Tu ne sais pas trop comment la qualifier d’autre. Tu ne devrais pas ressentir ce malaise qui te pèse. Alors tu te persuades qu’il n’y avait rien d’inquiétant là dedans. Pas vrai? « Je veux pas te flatter de trop mais… t’es une vision de rêve. Littéralement. Et je suis à deux doigts de venir te serrer très fort alors si tu veux éviter ça, tu devrais créer ton périmètre de sécurité. » Elle te semble à bout de nerfs la brune. Mais son humour te décroche toujours aussi rapidement un sourire. C’est peut être ça qui t’avait fait craquer pour elle la première fois, parce que les premières semaines où vous aviez travaillés ensemble n’avaient pas été très romantiques. Tu n’avais retenu d’elle que son sérieux et l’ennui qu’elle te dégageait au premier abord, et les répliques cinglantes que tu lui adressais l’avaient particulièrement agacée. « Je sais je fais souvent cet effet là. » Que tu ironises, mettant l’information Léo momentanément de côté. Tu intériorises pour que le sujet ne ressorte que de façon plus explosive plus tard auprès de la concernée. Et auprès de celui qui s’est bien gardé de te le dire, hein Reese. Tu ouvres un bras, l’invitant à se blottir contre toi. Parce que ça te manquait malgré tout. Tu profites de l’instant, serrant ton étreinte comme si rien ne s’était jamais passé, comme si tu passais encore tes nuits chez elle. T’es parfois sérieusement tenté. Parce qu’ignorer les problèmes, ça a toujours été ton fort, autant que d’en créer. « Comment ça se passe les cours? » Tu lui demandes, parce que visiblement, quelque chose n’allait pas. Et la première option qui te semblait logique serait la reprise scolaire. Après des années à exercer et ne plus avoir eu de cours théoriques, le choc pour elle doit être assez rude. Tu relâches ton étreinte après de longues secondes, aussi douces que douloureuses. Tu te faufiles ensuite dans son appartement, et déposes la commande passée sur la table. Tu peux découvrir alors la montagne de livres qu’elle a dû se procurer et qui avait de quoi être effrayant. Sauf que toi, t’étais déjà passé par là, et t’avais un peu trop associé tes études à la fête, alors cette période te rappelle plus de bons souvenirs que des prises de tête avec des cours auxquels tu n’assistais pas toujours assidûment. « J’ai retrouvé une clé usb avec mes cours. Si ça peut t’aider. » Tu lui tends, avant d’attraper un livre au hasard. Tu regardes le titre, avant de l’ouvrir. La biochimie, quelle belle matière de merde. C’était exactement la même programme que le tien il y a… dix ans? Oh bordel. T’es vieux. Tu le réalises soudainement. « J’avais à peu près les mêmes. Elle est bien naze la première année. Mais pas si compliqué. » Que tu constates, feuilletant l’ouvrage. « Qu’est ce que je me sens vieux putain. J’ai l’impression que c’était y’a deux ans tout ça. » Que tu souffles, concentré dans ta lecture, les souvenirs resurgissant lentement. Tu enchaines plusieurs pages, te plongeant un peu trop dans le bouquin. « Et tes profs? Ils sont comment? » Que tu demandes avec curiosité, mais surtout beaucoup d’entrain. T’es un peu en train de revivre tes années étudiantes à travers elle, et la nostalgie te fait du bien.
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La présence de Winnie sur le pas de sa porte avait le goût des jours meilleurs. Ils paraissaient si loin, ceux où ils ne se battaient contre l’autre que pour des broutilles, ceux où les secrets qu’ils se cachaient n’avaient aucun lieu d’être divulgués. Cette période qui semblait tellement lointaine mais où être avec l’autre faisait juste du bien. C’était vraiment différent aujourd’hui, Albane savait pertinemment qu’elle ne pouvait rien faire pour les cassures dans leur relation. Pourtant, sa présence ici semblait être tout ce dont elle avait besoin pour la soirée. Pendant quelques instants, elle oubliait la nature de la panique qui l’avait habitée juste avant, oubliait complètement le fait qu’elle marchait tout droit vers l’inconnu sans savoir si elle pourrait y faire face. C’était pas si grave s’il y avait Win. Un enthousiasme aussi palpable que dangereux qui fit fourcher sa langue, lâcher une information qui à en juger par son visage était toute nouvelle. Il ne comprenait pas qu’elle mentionne Leo, c’était perceptible. Une incompréhension que la française partagea pendant une seconde, réalisant la stupidité de ce qu’elle venait de dire. Evidemment, que la Parker tenterait de dissimuler l’entièreté de leur proximité. C’était ce qu’il y aurait de plus logique à faire quand encore quelques mois plus tôt, elles étaient comme l’eau et l’huile. Impossibles à mélanger. « Elle est pas là, justement. Mais je pensais que tu savais. Elle a récupéré la chambre de Reese après son départ. Elle avait déjà l’habitude d’y squatter, elle était en galère…bref, j’ai voulu rendre service. Pas mon idée la plus brillante. » A bien des niveaux. Bon sang ce qu’elle aurait dû s’abstenir. Mais surtout en présence du brun, il était hors de question qu’elle laisse son esprit errer sur le sujet, qu’elle laisse penser la moindre seconde que la blonde avait plus d’importance que ce que Albane prétendait.
Si Winston était là pour elle, alors il était certain que la française profiterait de chaque seconde. Ces moments lui avaient bien trop manqué pour qu’elle crache dessus ou se risque à mettre les pieds sur un terrain miné. Le sourire qui vint étirer ses lèvres était des plus francs. « J’me doute. » Elle avait toujours été heureuse de le voir, jusqu’à ce qu’il se mette à se comporter comme un connard dans les couloirs et que ce ne soit pas juste pour sauver les apparences. Quoique ce ne fut rien, comparé à ce qu’elle ressentit quand il écarta le bras, lançant une invitation silencieuse qu’il ne lui fallut pas répéter. La Dumas prit sur elle pour retenir l’intensité de l’étreinte, pour ne pas trop laisser paraître combien cela lui avait manqué. Son sourire la trahissait déjà bien assez. Heureusement, elle pouvait toujours compter sur Winnie pour la faire revenir sur terre. Les cours, ouais… La moue maussade vint remplacer l’enthousiasme alors qu’elle se cachait contre l’interne une seconde de plus plutôt qu’avoir à faire face à la pile de livres qui la tortureraient pour les années à venir. « C’est… intéressant ? » Elle se mâchonna la lèvre inférieure, l’optimisme à la dérive. « De toute façon, ils ne me rembourseront pas mes frais de scolarité, et je me vois mal revenir postuler à l’hôpital juste après mon pot de départ. Donc va falloir continuer. » Et espérer survivre à ce qui l’attendrait. Ce n’était que quelques jours, elle avait effleuré la surface, et pourtant elle savait déjà qu’elle risquait de douiller. Elle qui était habituée à se débrouiller seule, autant dire que la clé USB que Win lui tendit avait autant de valeur que le Saint Graal. « T’auras peut-être un sms rempli de gratitude dans les mois à venir. Merci d’y avoir pensé. » ça représentait beaucoup pour la française qui glissa la clé dans sa poche, se promettant intérieurement de la mettre en sécurité et de faire des copies. Avec un peu de chance, ce serait plus clair que tout ce qu’elle pourrait lire dans ces pavés barbares. Une aversion partagée même par le médecin à en juger par sa grimace. C’était réconfortant. « J’essaye de me dire que je dois bien avoir un peu d’avance, savoir des trucs… mais punaise, peu importe ce que j’essayais de prouver, j’espère que ça en vaudra le coup. » Elle était supposée avoir passé l’âge des études, et le fait que cela renvoie Winston des années auparavant lui donnait l’impression d’être juste complètement à la ramasse. « Pour ce que ça vaut… les patients t’appellent encore le ‘jeune médecin canon’. » Puis le crétin ou autres synonymes du terme quand l’interne décidait de se présenter sous son pire jour. Il se sentait peut-être vieux, mais le reste du monde ne semblait pas de cet avis. Albane n’avait jamais voulu courber l’échine et admettre que Win était meilleur qu’elle. Mais le fait qu’il semble comprendre les phrases qu’il parcourait forçait le respect, force était de l’admettre. « J’ai de tout. Des académiques qui n’ont probablement jamais mis le pied dans un hôpital, des anciens médecins méprisants. Je suis entre de bonnes mains. » Et elle ne préférait pas y penser. « J’ai trop pris l’habitude d’apprendre sur le terrain. Je ne suis même pas sûre de pouvoir digérer tous ces bouquins. Je ne pensais pas dire aujourd’hui, mais ça va finalement me manquer de ne plus être dans un bloc à me faire engueuler parce que je te respire trop fort dans l’oreille. » Elle souriait, un brin joueuse. Il aurait été capable de sortir cette excuse pour la faire disparaître à l’autre bout du bloc. « Je me demandais avant que tu arrives si j’optais pour l’alcool après cette semaine interminable ou si je partais sur une tisane histoire d’être raisonnable. Une préférence ? » Le connaissant, la question aurait plutôt dû être ‘bière, vin, plus fort ?’ ?
-E- lle ne semble pas comprendre tout de suite le sens de ta question, comme si tu détenais déjà la réponse. Qu’est ce qu’il se passait exactement en ce moment avec eux? Pourquoi t’as l’impression qu’il y a certains -ou trop de- détails qu’on oubliait de te donner ou qu’on ne voulait simplement pas te confier? T’as l’impression de pas être totalement à ta place depuis que Reese était revenu. « Elle est pas là, justement. Mais je pensais que tu savais. Elle a récupéré la chambre de Reese après son départ. » Elle a pris la chambre de Reese, tout simplement. Tout. Simplement. « Ah. Ok. » Tu ne trouves rien de mieux à répondre, hébété. T’es démuni, t’as perdu ton répondant. Ça date d’avril alors? Ça fait cinq mois qu’elle vit avec Léo? T’étais pas sensé lui faire une vanne sur la difficulté de côtoyer la blonde quotidiennement, là, tout de suite? « Elle avait déjà l’habitude d’y squatter, elle était en galère…bref, j’ai voulu rendre service. Pas mon idée la plus brillante. » Un petit silence inconfortable s’installe durant quelques secondes. T’es pas franchement éclairé, et ton incompréhension s’est muté perplexité. « Ouais… » Tu réponds sans conviction, les traits soulignant toujours ton air dubitatif. « C’est pas vraiment la pire personne, finalement. » Que tu glisses, l’air innocent. C’était pourtant des propos qu’elle t’avait tenu à l’hôpital, il y a quelques mois, des mots qui te semblent aujourd’hui incohérents. Tu le dis pourtant avec tant de légèreté que ça ne ressemble pas au reproche que tu étais en train de lui formuler. Le revirement de situation est trop brutale pour que tu l’intègres correctement, et lentement, des bribes d'anciennes conversations ressurgissent. Ce qui n’était que des détails devient pièce à conviction pour tes suspicions paranoïaques. « C’est… intéressant ? » Visiblement, c’était bien ça le problème. Les cours la tracassent plus que tu n’aurais imaginé. « De toute façon, ils ne me rembourseront pas mes frais de scolarité, et je me vois mal revenir postuler à l’hôpital juste après mon pot de départ. Donc va falloir continuer. » Tu hausses les épaules. T’aimes t’imaginer la retrouver à l’hôpital le mois prochain. Mais t’aimes aussi t’imaginer opérer avec elle dans dix ans, lorsqu’elle fera ses premiers pas en tant que titulaire. Alors peut être qu’elle devrait en effet continuer pour qu’un jour, tu puisses partager le bloc avec elle autrement que cachée derrière un respirateur. Tu évites donc de répondre, pour ne pas la tenter de revenir à son poste initial. Elle glisse la clé USB que tu lui tends dans sa poche. « T’auras peut-être un sms rempli de gratitude dans les mois à venir. Merci d’y avoir pensé. » Tu lui adresses un sourire provocateur. « Pas qu’un j’espère. J’attends une panière de fruits à chaque examen passé. » C’est que t’étais sérieux. Maintenant que l’idée était lancée, c’était trop tard. Tu adoptais rapidement des habitudes provenant de ce qui au départ n’était qu’une blague, comme le fait de commander régulièrement du poulet en présence de le brune suite à l’épisode de l’orteil cassé chez Byron à cause du volatile. « J’essaye de me dire que je dois bien avoir un peu d’avance, savoir des trucs… mais punaise, peu importe ce que j’essayais de prouver, j’espère que ça en vaudra le coup. » Tu ricanes, tournant la page du bouquin que tu avais entre les mains. Elle avait de l’avance mais pas pour les premiers cours de son parcours étudiant. Les premières années étaient trop théoriques et trop loin de la réalité du métier pour que son expérience puisse vraiment l’aider. « T’as pas d'avance avec cette matière. Y’a qu’un chimiste qui peut se venter d’en avoir. » Tu ne peux t’empêcher de pester un peu plus sur la biochimie. Tu n’es pas conscient que tu ne rassures absolument Albane, et que c’était sans doute la pire réponse que tu pouvais lui donner, alors qu’elle devait chercher du réconfort. « Mais ça se fait. Parfois avec un verre ou deux, ça se comprend mieux. » Que tu te moques a nouveau. Tu ne regrettes pas du tout ces cours ci en particuliers, dont les souvenirs remontent difficilement. Tu la haïssais durant tes nuits blanches avant l’examen pour rattraper ton retard. « Pour ce que ça vaut… les patients t’appellent encore le ‘jeune médecin canon’. » Tu arques un air sourcil, l’air impassible, sans doute un poil trop confiant. Bien sur que t’es le médecin canon. Même si t’es aussi -et plus souvent- la tête de con, le merdeux ou le boiteux. T’as le droit parfois d’être le canon. « Même a soixante ans on m’appellera encore le chirurgien canon. » T’iras séduire les vieilles infirmières dans quarante ans, comme une scène qui se reproduit sans cesse. Dommage, Albane ne sera plus infirmière. Tu en trouveras une autre. Mais le choc des années qui avaient défilé trop vite te marque tout de même. Bientôt titularisé, tu n’avais pas encore réalisé que plus de dix ans s’étaient écoulées depuis ton entrée dans le monde de la médecine. « Tu verras quand tu passeras du statut d’étudiant à médecin. Ou chirurgien. Tu veux faire quoi déjà? » Tu réalises que tu ne lui as jamais posé la question. Vous n’avez jamais réellement parlé de son avenir depuis que tu as su qu’elle allait reprendre ses études. « J’ai de tout. Des académiques qui n’ont probablement jamais mis le pied dans un hôpital, des anciens médecins méprisants. Je suis entre de bonnes mains. » Tu lui souris simplement, plus amusé de son inquiétude que partageant ce sentiment. Tu sais qu’elle réussira si elle s’en donnait les moyens. Un problème majeur était, est ce qu’elle trouvera le temps pour s’y consacrer pleinement. Tu sais qu’elle avait d’autres occupations, bien plus illégales, mais tout aussi chronophage. « J’ai trop pris l’habitude d’apprendre sur le terrain. Je ne suis même pas sûre de pouvoir digérer tous ces bouquins. Je ne pensais pas dire aujourd’hui, mais ça va finalement me manquer de ne plus être dans un bloc à me faire engueuler parce que je te respire trop fort dans l’oreille. » Tu lui lances un regard complice, un sourire en coin naissant sur la commissure de tes lèvres. « Ta respiration de carlin obèse va me manquer aussi Albane. » Que tu t’amuses à répondre, ne pouvant ignorer la perche tendue. Tu avais conscience de l’excès dont tu avais fait preuve mais la présence même d’Albane t’étais devenu insupportable durant cette période complexe. Alors t’avais pas pu contenir tes mots ni ta haine. La raison n’était bien souvent pas prédominante sur ton impulsivité lorsque ton coeur se serrait. T’essayes néanmoins de la rassurer sur ses compétences, même si t’étais pas franchement le plus doué pour réconforter. « Mais ils font peur à tout le monde ces livres si ça peut te rassurer. Et à la fin de l’année, quand tu te rends compte que t’as appris tout ce qu’il y avait dedans, c’est plutôt gratifiant. Puis deux semaines après les examens t’as oublié la moitié de ce qu’il y avait dedans. » En tout cas, c’était ta façon de fonctionner. Apprendre beaucoup, très vite pour ensuite tout oublier. T’as un mémoire qui s’adapte vite et celle à court terme t’as servi de façon intensives durant tes premières années de médecine. Celle à long terme a été néanmoins plus difficile à acquérir et tu désespérais d’oublier certains détails qui en étaient rarement dans ton métier. « Je me demandais avant que tu arrives si j’optais pour l’alcool après cette semaine interminable ou si je partais sur une tisane histoire d’être raisonnable. Une préférence ? » Par réflexe, tu observes le placard dans lequel elle rangeait ses alcools, comme si tu voyais au travers de la porte. « Un whisky? T’en as encore? » Est ce que t’avais laissé une bouteille chez elle? Ça te semblait si loin, et elle aurait largement eu le temps de la terminer. Léo aussi, d’ailleurs. Elle avait la mauvaise habitude de vider celles qui ne lui appartenaient pas, et t’as l’impression que tu allais devoir t’habituer à sa présence dans son appartement. « T’as pu discuter avec d’autres étudiants? Ils sont pas trop gamins? » Quoi qu’avec toi, elle devait avoir l’habitude de côtoyer des personnalités immatures. Tu l’es sans doute plus encore que la majorité des étudiants de sa promotion. Mais la différence d’âge devait être assez dérangeante, et l’isoler un peu plus. Reprendre ses études tardivement était plus compliqué encore qu’à la sortie du lycée, parce qu’il y avait un décalage évident avec les autres. Que ce soit dans la facilité d’apprentissage que dans la socialisation. « Éh! Ils font encore des bizutages? Dis moi qu’ils en font encore. » Tu faisais parti de ces personnes qui gardaient un bon souvenir de leur bizutage. T’avais été enfermé dans la salle de dissection avec autre étudiante. Et elle n’a rien arrangé à l’odeur nauséabonde de la pièce en vomissant sur le pas de la porte. Ça l’avait calmée et elle avait disparu deux semaines plus tard. Et toi, c’était le genre de choses qui ne t’offusquait pas, loin de cerner les enjeux de ce genre de pratiques. Tu ne pensais qu’aux conneries que tu avais pu faire impunément.
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Elle ne voulait pas parler de Leo, mettre le doigt sur ce qui blessait. Pour ce soir, elle désirait juste une soirée tranquille, des retrouvailles qu’elle attendait depuis qu’elle avait quitté l’hôpital. Ça avait de l’importance pour elle que Win vienne jusqu’à ici, quand ils auraient pu laisser la distance s’installer pour de bon maintenant qu’ils ne seraient plus amenés à se croiser presque tous les jours. Le sujet de Leo qui vivait ici relevait donc du pansement à arracher, rapidement de préférence. Le brun semblait désarçonné, chose qu’elle comprenait parfaitement vu les derniers événements. être honnête sur les raisons qui avaient mené à son emménagement semblait être le minimum qu’elle puisse faire, bien que la culpabilité restait présente. Elle priait intérieurement pour qu’il n’apprenne jamais le fin mot sur sa tromperie car cette fois-ci, elle n’avait aucune idée de comment est-ce qu’il pourrait lui pardonner. Oui, Leo était la pire, et ce pour bien des raisons. Mais Bane l’avait dans la peau sans savoir si comment, ni pourquoi. « Elle est insupportable. Mais je suis la bonne poire de service. » Il la connaissait assez pour savoir qu’elle ne laisserait personne dans la panade. Quant à comprendre comment elles avaient été amenées à se fréquenter en dehors de sa présence à Reese ou lui, elle n’en parlerait que s’il demandait. Pour l’heure, elle était trop heureuse du détournement de sujet. Un peu moins de sa situation actuelle. Car la certitude qu’elle avait ressentie quand elle avait accepté l’offre de l’université et posé sa démission était envolée depuis bien longtemps. Elle avait pris une décision qui était sans demi-tour, et ce sans réaliser pleinement tout ce que cela impliquerait. La moindre aide était la bienvenue, même si elle ne prenait que la forme d’une clé USB. La simple attention valait de l’or, presque autant que cette générosité de la part du Ackerman. « Sur tout ce que tu aurais pu demander en retour, tu demandes des fruits ? » Elle n’était pas convaincue de l’avoir vu un jour manger rien qu’une pomme, ce qui la fit avoir un sourire goguenard en retour. S’il y tenait, ceci dit, elle lui offrirait une reconnaissance éternelle à chaque occasion. Encore faudrait-il qu’elle s’en sorte. Les premiers pas dans le monde de la médecine n’avaient rien d’encourageant. La théorie et le côté technique relevaient du chinois et de la torture intellectuelle, de quoi calmer son enthousiasme. Elle savait qu’elle aurait beaucoup à apprendre, mais n’avait pas imaginé une telle indigestion d’entrée de jeu, ce qui la fit quelque peu grimacer. « Si t’es partant pour venir boire ces verres avec moi pour m’aider à comprendre, j’imagine que je peux le faire. » Dans le pire des cas, elle était déjà habituée à s’arracher les cheveux sur les autres aspects de sa vie et à gaspiller ses nuits avec le boulot. Ce n’était rien qu’elle n’aurait jamais expérimenté. Elle n’était pas plus stupide qu’une autre, devrait pouvoir s’en sortir. Mais il était certain qu’encore un an plus tôt, jamais, absolument jamais n’aurait-elle imaginé se reposer sur Win pour lui apprendre quoique ce soit. Elle était plutôt habituée à excuser son comportement auprès des patients, ou à le traiter de crétin fini avec ses collègues. Elle se mordit l’intérieur de la joue, tentant de retenir sa pique, mais ce fut plus fort qu’elle. « Tu seras plus un Docteur House qu’un Docteur Mamour à 60 piges. » Pas à jeter visuellement parlant, mais qui donnerait des envies de meurtre aux patients à cause de son détachement et de son sarcasme acéré. Cela promettait d’être amusant. Mais ce serait dans une éternité… tout comme son statut de médecin, en effet. Elle en aurait pour quatre ans d’école, presque deux ans de placement, puis jusqu’à six ans de spécialisation. Tout dépendrait de ce qui la ferait vibrer. « Je sais pas trop encore. Je me plaisais bien aux urgences, alors peut-être devenir médecin urgentiste. » Ce ne serait jamais que douze ans d’études. Rien d’insurmontable, n’est-ce pas ? Il suffisait juste de survivre à ces douze années, ce qui était plus facile à dire qu’à faire quand rien que les premiers jours lui donnaient la sensation d’être à bout de souffle. Win était déjà passé à travers tout cela, il savait de quoi il s’agissait. Que ce soit les matières, les profils des professeurs, la complexité de tirer un enseignement concret de blablas interminables sur plusieurs heures par jour. L’hôpital lui manquait déjà. Le stress et les contraintes qui allaient avec aussi. Même l’interne et ses comportements de con lui manquaient, même si elle se retint à grande peine de ne pas juste lui tirer la langue. « Avoir ma respiration dans ton oreille ne te dérangeait pas avant. » Si elle était un carlin obèse, il était un chihuahua dégénéré. Et puis quoi encore. Mais très sincèrement, la provocation fonctionnait bien pour la réconforter sur ce qu’elle était sur le point d’entreprendre. Prouver qu’elle pouvait y arriver était ce qui l’avait fait postuler à cette école en premier lieu. Elle n’attendait pas de Win qu’il lui tienne la main du début à la fin. Elle pouvait bien demander de l’aide, c’était à elle de faire tout le boulot. Dans un sens, c’était rassurant de se dire qu’elle n’aurait pas besoin d’intégrer toutes ces informations pour les garder ensuite. « Si t’as tout oublié, j’imagine que tu ne risques pas d’être utile pour la biochimie ? » Il ne lui restait plus qu’à espérer que son cerveau se montrerait coopératif. Mais ce serait le problème d’un autre jour car ce soir, de toute évidence, elle ne travaillerait pas. Elle ne se coucherait pas tôt non plus, n’opterait pas pour de la tisane à la place de l’alcool. Elle opina franchement de la tête, bougeant d’où elle était pour aller chercher ladite bouteille d’alcool. Elle avait refait les stocks il n’y a pas longtemps, nota tout de même que le whisky avait mystérieusement été entamé. De quoi lui faire lever les yeux au ciel, même si elle ne broncha pas, attrapant plutôt deux verres au passage. « Ils sont plus jeunes que moi pour sûr. Mais visiblement j’ai une âme maternelle. » Et surtout une vie trop chargée pour se permettre de perdre du temps à nouer des liens après les classes. Il ne faudrait pas compter sur la française pour être la reine de l’intégration. La mention du bizutage la fit grimacer. Elle n’avait pas pensé à ça. « J’imagine qu’on ne sera pas prévenus avant d’être bizutés. J’en ai pas entendu parler encore, mais vu la manière dont les dernière année ont été attentifs à notre arrivée… je crois que je vais m’attendre au pire. » Elle leva les yeux au ciel, un vague sentiment d’avoir passé l’âge pour ces conneries aux tripes. Elle remplit les deux verres d’une dose généreuse, tendit le sien à Win, et plongea son regard dans le sien juste avant de trinquer, un léger sourire aux lèvres. « Quoiqu’il advienne, sache que tout est de ta faute. » Pour le meilleur comme pour le pire.
-T- u n’arrives pas à comprendre comment Léo en était venu à demander de l’aide à Albane. T’as loupé quelque chose, mais tu ne sais pourquoi. « Elle est insupportable. Mais je suis la bonne poire de service. » Tu hausses les épaules. Sans doute. Il n’y avait que ça comme explication à une situation qui te semblait quelque peur irréaliste. « Il faut croire. » Que tu te contentes de répondre, préférant taire toutes les questions qui remontent progressivement. Tu le gardes précieusement pour plus tard, une fois que tu auras pu analyser à froid la situation. T’as l’impression de virer à la paranoïa ou à une sorte de possessivité étrange que tu n’as pourtant jamais exprimé avec la brune. Ni avec qui que ce soit d’autre. Et t’aimes pas franchement ça. Alors tu mettras tout ça en ordre plus tard, sans doute cette nuit quand tu n’arriveras pas à dormir parce que ton cerveau ne s’arrêtera pas de cogiter, ressortant tous les vieux détails pour en extirper des pseudo preuves. T’aimerais pouvoir le mettre en veille parfois, l’éteindre quelques heures pour arrêter de te démanger l’intérieur du coude. Ce que tu étais d’ailleurs et train de faire, rougissant ta peau. Et c’est en prenant conscience de la douleur que tu t’arrêtes instantanément. T’as besoin de parler d’autre chose. Et le changement de sujet est tout choisi, la clé USB anticipée. Sa joie face à ce qui ne te semblait pas être grand chose est cependant communicative. « Sur tout ce que tu aurais pu demander en retour, tu demandes des fruits ? » Tu ricanes. Bien vu. Le premier degré dont elle fait preuve t’arrache un sourire amusé. « Très mauvais négociateur non? » Que tu concèdes. T’aurais peut être du lui demander une bouteille de whisky à chaque examen mais non seulement ça allait lui coûter cher, mais en plus tu n’as pas la place d’ouvrir une cave dans ton appartement, ni le temps de devenir alcoolique. « Surprends moi dans ce cas. » Elle avait parfois de drôles d’idées mais toujours très amusantes. Alors tu lui fais parfaitement confiance là dessus, elle saura te surprendre. « Si t’es partant pour venir boire ces verres avec moi pour m’aider à comprendre, j’imagine que je peux le faire. » Tu lui offres ton plus beau sourire. Comment lui résister -ou résister à quelques verres. « Comment dire non? » Que tu t’amuses. « Tu seras plus un Docteur House qu’un Docteur Mamour à 60 piges. » Tu arques les sourcils et prends un air profondément offusqué, ouvrant la bouche de manière interloquée. « Tu dis ça parce que j’ai une prothèse et que je pourrai avoir besoin d’une canne en vieillissant? » Sans doute parlait elle plutôt du caractère insupportable de ce personnage et de son relationnel inexistant avec les patients. Mais tu préfères jouer les victimes, faussement vexé sur la mise en avant de ton handicap physique. « Pas cool Albane, pas cool. » Que t’ajoutes d’un air accusateur. T’adorais ça, prendre à contre pied une remarque, souvent tes interlocuteurs ne s’y attendent pas. Et ceux qui te connaissaient le moins ne savaient bien souvent plus sur quel pied danser avec toi. Provoquer la confusion et la malaise, tu t’en délectais, même si avec le temps, tes proches s’y habituaient.
« Je sais pas trop encore. Je me plaisais bien aux urgences, alors peut-être devenir médecin urgentiste. » Tu fais une grimace perplexe, comme si elle faisait un très mauvais choix. « Je le savais que t’aimais te faire du mal. » Parce que c’était la réputation des urgentistes. Des maso ou des personnes atteintes du syndrome du sauveur. Ou un mélange des deux. C’était aussi la réputation de tes copines mais ça, c’était autre chose. « Tu me diras ça après l’internat. » Que tu souris, encore sceptique sur ce choix, simplement parce que tu ne le partageais pas. La plupart du temps, l’internat dégoûtait de nombreux étudiants voulant devenir urgentistes. Trop peu payés, des conditions complexes, des horaires exténuantes suffisaient à faire changer d’avis un bon nombre d’entre eux. Mais Albane, elle y avait déjà travaillé, peut être pas avec les responsabilité d’un médecin mais elle était habituée au secteur. Elle connaissait les journées à rallonge. Et visiblement, ça ne semblait pas la déranger. « Avoir ma respiration dans ton oreille ne te dérangeait pas avant. » Tu arques un sourcil interrogateur. Elle parlait bien de l’époque où vous couchiez ensemble là? Parce que toi, depuis quelques semaines, tu faisais comme si tout ça n’avait jamais eu lieu, simplement pour éviter le malaise. Mais ce n’était visiblement pas nécessaire puisqu’elle semble mettre les deux pieds dans le plat. Sauf si t’as l’esprit mal placé, ce qui pourrait tout à fait être le cas aussi. « J’arrive à en faire abstraction quand on s’amuse. » Tu réponds, tout sourire. T’as cette petite gueule de con angélique un peu trop fier de lui.
« Si t’as tout oublié, j’imagine que tu ne risques pas d’être utile pour la biochimie ? » Tu lèves les yeux au ciel d’un air amusé. « Si j’ai compris une fois, je comprendrai une deuxième fois. » C’était toujours à ta portée. Les souvenirs remontaient, bien que la majorité des choses les plus complexes t’échappent encore. Mais t’arriverais à te replonger dedans. D’autant plus que durant tes premières années d’études, tu révisais toujours tes examens dans la précipitation, ayant gaspillé la majorité de ton temps libre dans les soirées. Et malgré les rattrapages récurrents, tu y étais toujours parvenu. Elle acquiesce lorsque tu lui demandes si elle a encore du Whisky. « T’es au top. » Que tu lui réponds, un large sourire pendu sur tes lèvres. « Ils sont plus jeunes que moi pour sûr. Mais visiblement j’ai une âme maternelle. » Qu’elle te dit en attrapant une bouteille ainsi que deux verres. « Tu en doutais? Parce que parfois tu me traites comme un gosse. » C’est peut être parce que tu en étais un, et que parfois, c’était franchement nécessaire. T’es trop puéril et te remettre en place quelque fois ne pouvait t’être que bénéfique. « J’imagine qu’on ne sera pas prévenus avant d’être bizutés. J’en ai pas entendu parler encore, mais vu la manière dont les dernière année ont été attentifs à notre arrivée… je crois que je vais m’attendre au pire. » Tu ricanes, te remémorant cette période que tu avais particulièrement affectionné. Elle marquait un point. « J’suis sur qu’ils vont pas être trop méchants. » Ça se voit que tu n’y crois pas toi même? Tant qu’elle restait à la fac, tu penses néanmoins que ce sera un minimum le cas. Les soirées d’intégration, ça par contre, ça pouvait être autre chose. Tu n’es pas sûr qu’actuellement, certaines pratiques se fassent encore, mais il y en avait certaines que tu préférais garder sous silence tellement elles pouvaient être dégradantes. Et pire encore avec une fille. Alors tu te contenteras de lui déconseiller cette première soirée, histoire qu’elle puisse avoir des échos avant de tenter l’expérience. Parce qu’à faire, ça t’amusait. Mais savoir qu’Albane pourrait la subir, ça t’amusait beaucoup moins. « En tout cas maintenant ils doivent l’être beaucoup moins. » Ce qui est sur, c’est qu’ils viendront interrompre un jour ou l’autre leur cours et foutre le bordel pour commencer le bizutage. Mais c’était souvent très amusant, bien que douloureux pour ceux qui avaient les tympans sensibles. Elle te tend un verre bien rempli -voir trop-, et tu ne peux t’empêcher de lui lancer un regard lourd de sous entendus. « Quoiqu’il advienne, sache que tout est de ta faute. » Un soufflement de nez t’échappe. « Et je pourrais savoir ce qui pourrait advenir? » Histoire que tu te prépares aux accusations.
your name isthe strongestpositive and negativeconnotation in any langage
I know we're not alright. It's always dark as just before the light. I know your silence is a deadly sound. It's never easy when you're breaking down but I'll be there when you come around
Rien concernant cette école de médecine ne se passait comme Albane l’aurait imaginé. Elle se voyait brandir la nouvelle de son admission au nez de Winston durant une soirée chez l’un ou l’autre, prête à imiter son égocentrisme de médecin à en devenir. Pas sur un toit, à bout de nerfs à cause d’une énième dispute. Tout comme elle s’imaginait atterrir chez Winnie après le premier jour d’école, tout lui raconter, se reposer sur lui plutôt que de s’accrocher autant à cette visite surprise, sans savoir quand serait la prochaine. Tout était à l’envers et ce soir, elle voulait juste que les choses se passent bien, qu’ils fassent un pas de plus vers la guérison de leur relation. Pour un peu qu’elle ne soit pas définitivement brisée. Alors Albane faisait ce qu’elle savait faire de mieux ; être spontanée, prétendre que tout allait bien plutôt que de rendre l’ambiance plus étrange qu’elle ne l’était déjà. C’était une sensation curieuse que Win lui offrait ; comme s’il essayait de rester sur la réserve avec elle, essayait de construire des barricades qu’il ne savait pas encore comment respecter. « Le pire. » Il ne savait pas négocier ou faire de concessions même dans les autres aspects de sa vie. Elle s’y était habituée, préférait que ce soit au sujet d’une panière de fruits plutôt que d’eux deux. « Mais d’accord. Je te ferai des paniers personnalisés. Et tu seras obligé de les accepter. » Elle souriait d’une oreille à l’autre, comme si elle avait une idée derrière la tête. Pas encore en réalité, se satisfaisait surtout de la perspective qu’il puisse être dans le coin durant tous ses prochains examens. Ça devrait les occuper un temps. Et heureusement, car même si la française détestait demander de l’aide quand elle en avait réellement besoin dans la vie, elle ne savait pas à qui d’autre se rattacher pour tenir le coup avec les cours et tout ce que cela allait impliquer. Des verres ne seraient pas de trop. « Je te donnerai mes dates d’exam pour bloquer ces soirées verres alors. » Elle paniquerait certainement devant lui et le ferait regretter d’être venu. D’où la nécessité de le pousser dans son engagement dès maintenant. Elle ne démordait tout de même pas de l’idée qu’il serait un professeur terrible, que ce soit dans une classe ou dans un hôpital. La ressemblance avec le Docteur House n’était pas faite à la légère, et même si l’idée du handicap ne lui avait pas effleuré l’esprit au début, l’outrage théâtral de Win la fit glousser. Non, ce n’était pas correct de se moquer des handicapés. Mais elle avait assez fréquenté l’interne pour savoir qu’il était le premier à en jouer quand cela l’arrangeait. « Tu vois ? T’es parfait pour le rôle. »
En tout cas, elle ne l’imaginait pas changer d’ici à ce qu’elle remette les pieds dans un hôpital. Et d’ici là, c’était à se demander s’ils auraient même l’opportunité de travailler ensemble durant son internat, du moins. « Je pensais que t’aimerais les urgences. Y a pas autant de suivi de patients. » Ils allaient et venaient, devenaient la responsabilité d’autres médecins une fois sortis du service. « Si je change d’avis, c’est que je me suis trouvé une autre spécialisation passionnante. J’en sais rien. J’ai le temps. » Des années, en fait. Et elle savait d’avance que cela allait être exténuant. L’hôpital lui manquait déjà, ses horaires de malade et son manque de reconnaissance aussi. Même les heures plantées dans un bloc à attendre qu’il se passe quelque chose lui semblaient être un doux et lointain rêve. Le même bloc qui les avait menés à exploser quelques semaines plus tôt. Pourtant, c’était à une toute autre proximité qu’elle venait de faire référence, cachant son envie de se mettre des claques derrière un sourire insolent. Une façade fragile, en réalité, car elle ne les revoyait que trop bien ces moments d’intimité et sentait son cœur se serrer. C’était si facile avant qu’elle ne merde. « T’es pas sortable. » se contenta-t-elle de répondre, abandonnant ce terrain glissant. C’était assez aisé de cesser de penser à des moments sous la couette quand la menace de la biochimie planait. « Je tenterai de ne pas t’imposer ça. » Elle s’en sortirait seule. Il faudrait bien. Quitte à se servir des verres comme Win ne lui avait conseillé et comme elle était en train de le faire en allant chercher le whisky. Que ce soit pour l’alcool ou la sociabilisation, tout aurait effectivement été plus simple si elle s’était lancée dans cette aventure quelques années plus tôt. « Si je te traite comme un gosse, c’est que tu te comportes comme un. » Elle haussa les épaules, ne cherchant même pas à se défendre ou à demander des exemples. Elle était souvent apparue comme la personne adulte et mature du duo, ils ne pouvaient pas se voiler la face. Cela ne rendait le retour au milieu des étudiants que plus étrange. Le décalage était réel. Par exemple, elle n’avait aucune envie de vraiment être bizutée, un poil effrayée par les idées qui pourraient leur passer par l’esprit. « Si tu le dis. » Elle lança un regard sceptique en direction de Win. Il savait certainement ce qui se faisait comme pratiques, pourrait sans doute lui donner une idée de ce à quoi s’attendre. D’un autre côté, si la réponse ne lui plaisait pas, ce serait un coup à appréhender l’année à venir en attendant l’inévitable. « Pourquoi tu as cette tête du type qui en sait trop ? » demanda-t-elle finalement, la suspicion prenant le dessus alors qu’elle lui donnait le verre en retour. Il la fixait bizarrement et elle ne comprenait pas. Peut-être était-ce pour le mieux. Elle trinqua avec Win par habitude, ne se fatiguant pas à trouver une raison alors qu’elle plongeait les lèvres dans le liquide ambré. Comme d’habitude, la puissance de l’alcool lui arracha une grimace mal dissimulée. « Oh, je suis sûre qu’il y aura un rang varié de raisons qui me feront détester l’école de médecine, me feront regretter d’avoir lâché mon job, et ce tout ça parce que j’ai voulu te prouver que je voulais y arriver. » Et elle s’était lancée malgré tout, même maintenant qu’elle n’était plus sûre d’en voir le sens. « Ça paraît ridicule aujourd’hui, hein ? » Il ne restait plus qu’à espérer que ce ne serait pas pour rien.
-T- u ne peux t’empêcher de regarder autour de toi, recherchant les moindres détails qui auraient pu changer, comme si tu n’étais pas venu depuis des années. « Le pire. Mais d’accord. Je te ferai des paniers personnalisés. Et tu seras obligé de les accepter. » Et elle sourit largement, sans retenue. T’as comme l’impression que ce qu’elle a en tête n’était pas forcément un panier de remerciement classique, voir pas un panier de remerciement tout court. Taquine, frôlant toujours la provocation, tu relèves un sourcil alors qu’un sourire étire un coin de tes lèvres. « Hm… tu vas réussir à me faire regretter. » Pas vraiment. T’étais plutôt piqué par la curiosité, déjà impatient de voir les résultats de sa créativité. Alors tu gardes en tête cette promesse, pas tout à fait qu’elle s’en souviendra le moment venu. « Je te donnerai mes dates d’exam pour bloquer ces soirées verres alors. » Tu acquiesces avec un léger sourire naissant à la commissure de tes lèvres. Tu le sais déjà, que la session de révision sera terrible. Tu n’es absolument pas patient, et tu finis rapidement par brusquer les autres quand ils ne comprennent pas au bout de la deuxième explication. T’aimais enseigner, mais peut être uniquement aux plus agiles d’esprit. Lorsque tu te confrontais à un blocage, tu t’agaçais, ne concevant pas que l’élève ne comprenne pas une chose qui te semblait pourtant simple. Et plus tu t’agaçais, moins bien tu expliquais. « Tu vois ? T’es parfait pour le rôle. » Tu poses tes doigts d’une main sur ton torse comme si elle t’avait offusqué au plus profond de ton âme, arquant les sourcils avec désapprobation. Tu restes presque bouche bée, théâtrale. « J’ai au moins son génie. » que tu relativises. Il fallait bien trouver le positif dans sa phrase, pour tenter de la tourner comme un compliment. « Il manque plus que la canne hein. » Tu ironises, levant les yeux au le ciel. Il ne manquerait plus que ça pour parfaire le tableau caricatural qui te collait pourtant si bien à la peau. « Je pensais que t’aimerais les urgences. Y a pas autant de suivi de patients. » Tu voyais trop de points négatifs pour que tes expériences aux urgences soient positifs. Pourtant t’as toujours été un accro à l’adrénaline et cet aspect du métier te plaisait. Malheureusement c'était trop entaché par le manque d’accompagnement des étudiants, les heures supplémentaires ingérables mais aussi des patients et un entourage paniqués à gérer. « Tu dois gérer la famille. C’est pire que le suivi des patients. » Le contact avec les gens, ce n’était pas ton fort. Alors tu préférais largement remplir un compte rendu que d’affronter des individus en larme qui te demandent si leur parent ou ami allait mourir, comme si tu avais une boule de cristal permettant de lire avec exactitude l’avenir. « Sans compter les nuits blanches et le surmenage. » C’était loin d’être un poste aussi reposant que dermatologue, c’était évident. Et tu comprenais les réorientations après quelques années de pratiques pour une spécialisation plus compatible avec une vie de famille. « Si je change d’avis, c’est que je me suis trouvé une autre spécialisation passionnante. J’en sais rien. J’ai le temps. » Tu hausses tes épaules. Elle avait bien raison sur un point, elle avait le temps. Beaucoup de temps. Elle aura peut être changé trois fois d’avis en découvrant tous les services. « Ouais, tu verras bien en pratiquant. » Que tu conclues.
« T’es pas sortable. » Tu n'arrivais surtout pas à ne pas répondre aux provocations si évidentes. Tu te contentes d’un sourire, soutenant son regard. « Je tenterai de ne pas t’imposer ça. » De nouveau tu hausses les épaules, comme si ça n’avait pas d’importance. Tu ne veux pas insister pour l’aider, mais ça ne te dérangerait pas. « Si je te traite comme un gosse, c’est que tu te comportes comme un. » Tu secoues la tête, faisant rebondir tes boucles. « C’est faux. » Bien sur que c’était vrai. Et elle savait que ce n’était que ta fierté qui parlait. Tu ne pouvais décemment pas avouer être immature. « Si tu le dis. Pourquoi tu as cette tête du type qui en sait trop ? » Tu retiens un rire, tout sourire. « Non j’en sais rien. Plus depuis plusieurs années maintenant. Mais j’ai eu des échos quelques années après mon tour. » Tu t’étais toujours intéressé de près au bizutage. T’as toujours aimé foutre la merde et emmerder les autres alors c’était évident que c’était ton truc. Le fait qu’elle grimace à chaque gorgée d’alcool fort te faisait toujours autant pouffer. Elle te suivait souvent mais t’es pas sur qu’elle aimait vraiment ça le whisky. « Oh, je suis sûre qu’il y aura un rang varié de raisons qui me feront détester l’école de médecine, me feront regretter d’avoir lâché mon job, et ce tout ça parce que j’ai voulu te prouver que je voulais y arriver. Ça paraît ridicule aujourd’hui, hein ? » Tu ne pensais pas tomber sur un sujet un peu plus sérieux lorsqu’elle t’avait prévenu que ce serait de ta faute. Tu arques un sourcil, prenant le temps de boire un gorgée avant de lui répondre, cherchant des mots qui ne viennent pas si facilement. « C’était vraiment pour me prouver un truc que tu t’y es inscrite? » Tu ne sais pas si elle se moquait simplement de toi. « Tu vois, j’ai une bonne influence sur toi. » Que tu te contentes d’ironiser, ne sachant pas comment interpréter sa phrase précédente. Alors tu optes comme d’habitude pour l’humour, allégeant le tout. Parce que c’était une phrase que tu pouvais rarement sortir avec sérieux. T’étais pas le genre de personne à avoir une bonne influence. Toi t’entrainais les autres dans des conneries ou tu poussais au vice. « Tu te mets la pression un peu. » Tu remarques néanmoins, alors que tu reprends une gorgée brulante. Tu fais ensuite quelques pas vers le canapé pour t’y laisser tomber en soupirant. Tu la regardes un instant hésitant. T’as envie de lui parler. T’as envie de lui raconter les dernières nouveautés de ta vie. Alors tu te pinces tes lèvres, cherchant par où commencer, comment aborder le sujet. « Je t’ai pas parlé d’un truc. » Tu commences avec un léger sourire inconfortable. T’es mal à l’aise, ça se sent. Mais t’as personne d’autre avec qui en parler. Parce qu’elle était la seule à être au courant de tes dettes, en dehors de ton meilleur ami. « Reese m’a prêté de l’argent y’a pas longtemps. » Tu commences, toujours aussi peu à l’aise à l’idée d’aborder ce sujet. Sauf que ça te tracasse, et ça tourne en boucle dans ta tête, cette histoire. Alors t’espères que ça te soulagera un peu de lui en parler. Après tout, cet été, vous aviez évoqué cette envie réciproque de partager un peu plus l’un avec l’autre. Alors tu tentes maladroitement de faire le premier pas.
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Aucun panier de remerciement ne pourrait vraiment suffire à Albane pour exprimer sa reconnaissance. Ce n’était pas juste le fait qu’il accepte de lui donner un coup de main avec ses cours, c’était surtout le fait qu’il accepte de revenir dans sa vie, même si ce n’était que dans ces conditions. C’était inestimable à ses yeux et mériterait sans doute bien plus que quelques paniers -qu’elle se ferait un plaisir de préparer, ayant déjà quelques idées saugrenues en tête-. Elle laissa planer le suspense cependant, se contentant d’un regard innocent. Il n’y avait pas de quoi avoir peur, il serait gagnant dans l’histoire. Tout comme elle ferait valoir ses efforts. Mieux valait ne pas se voiler la face, elle n’aurait sans doute jamais la concentration nécessaire pour cumuler cours, alcool et Winston. Elle serait trop tentée de profiter de sa présence. Mais ils pouvaient essayer, user du prétexte tant qu’ils le pourraient. Ça lui faisait chaud au cœur à Bane, de se diriger doucement vers le genre de scénario qu’elle avait imaginé quand elle avait passé les concours d’entrée. Ce serait différent de leur routine à l’hôpital, mais elle prenait. Au moins n’aurait-elle pas à passer après ses collègues et les patients offusqués du comportement parfois rustre de l’interne. Win n’était pas connu pour sa délicatesse, et cela ne fit que faire naître un sourire indulgent chez la française. Tout le monde le tolérait parce qu’il était en effet doué dans ce qu’il faisait. « Tu veux que je flatte ton ego ? » Elle pourrait si c’était tout pour lui faire plaisir. Après tout, il n’avait pas besoin de ça pour connaître sa valeur en tant que médecin. « T’as un peu de temps avant de devoir prendre une canne. » Il était peut-être handicapé mais loin d’être infirme. Ce n’était qu’un acte, à quelques rares exceptions près. Elle n’était juste plus dans le coin pour le vivre au quotidien. Et ça lui manquait tous les jours un peu plus, malgré la réputation des urgences. Albane pouvait comprendre que les médecins ne veuillent pas travailler dans cette atmosphère, mais la concernant, elle avait fini par ne faire qu’un avec cette fourmilière sans arrêt en ébullition. Elle n’avait pas le temps de réfléchir là-bas ou même d’exister, trop occupée à être au service d’autrui. « La famille de parfaits inconnus. C’est pire quand tu dois annoncer une mauvaise nouvelle et que tu t’es attaché au patient. » Elle avait un cœur d’artichaut, avait lâché plus de larmes qu’elle n’aurait voulu l’admettre durant ses premières années quand elle voyait la maladie l’emporter. Aux urgences au moins, le contexte était clair, c’était une course contre la montre où la malchance gagnait souvent. Ils ne pouvaient pas sauver des gens déjà morts, n’auraient pas pu faire mieux avec un tel compte à rebours sur la tête. C’était fataliste, mais étrangement plus supportable pour l’infirmière. « Je dois être masochiste alors. » Elle haussa les épaules. Elle n’avait pas besoin de l’hôpital pour avoir des nuits blanches ou souffrir du surmenage. Au moins là-bas, elle était utile. Pour l’heure, elle ne s’imaginait pas évoluer dans un autre milieu. Peut-être que les années sur les bancs de l’école la changeraient. « On verra. » souffla-t-elle sans masquer son manque de conviction. Le problème était que la brune était en train d’essayer de se trouver de nouveaux repères, et qu’elle tâtonnait franchement. C’était aussi pour cette raison qu’elle s’accrochait autant à ce qu’elle connaissait, comme leur relation parfois puérile avec Win. Ils savaient se chamailler mieux que personne, avaient eu des disputes qui avaient pris des proportions inimaginables tout autant qu’elles les avaient soudés. Pour cette raison par exemple, elle se serait attendue à un peu d’honnêteté de sa part, concernant ce qu’elle risquait de subir en école de médecine par exemple. Elle fronça les sourcils en l’observant, suspicieuse. Il paraissait bien trop impliqué dans ces histoires de bizutage pour pouvoir prétendre être innocent. Bane aurait parié son chat qu’il avait pris un malin plaisir à torturer les nouveaux. « Je suis étrangement soulagée de ne pas être à l’université en même temps que toi. » Qui sait ce dont elle aurait pu être témoin en le voyant à l’œuvre. A vrai dire, jusqu’à maintenant, elle n’avait pas vraiment considéré la vie étudiante, trop plongée dans ses propres responsabilités. C’était un monde qui lui paraissait tellement loin et pourtant, elle avait à nouveau le nez dedans. Peut-être était-ce une forme du syndrome de l’imposteur, mais la française ne pouvait pas se défaire de la sensation qu’elle n’était pas à sa place, pas là pour bonnes raisons, pas capable de réussir. L’alcool lui brûlait la gorge et elle concentra son énergie sur garder la face pendant qu’elle pesait précautionneusement ses mots. « Oui. C’était pour te prouver que j’étais capable de le faire. Mais je pensais pas être acceptée, encore moins tout lâcher pour me lancer. » C’était impulsif, dangereux. Glorieux aussi, d’une certaine manière. Mais tant qu’à parler d’influence… « Tu parles de l’ego mal placé ? » Elle cligna des yeux. Parce que sur ce point-là, Win était définitivement le meilleur professeur. « C’est juste que j’investis beaucoup là-dedans. » Sur tous les aspects possibles. Abandonner n’était pas une option. Le regard qu’il lui lança la perturba, durant un instant. La manière dont il vint s’installer sur le canapé aussi, et elle le rejoignit avec l’impression qu’un poids lui tombait sur la poitrine. Il avait cet air sérieux dissimulé derrière un flegme impossible à croire. Un prêt d’argent. Elle savait pertinemment qu’il ne parlait pas de lui prêter de quoi payer sa part au restaurant parce qu’il avait oublié son portefeuille. Bane n’avait que des pièces détachées des problèmes du brun, savait pour les paris, pour l’argent qu’il devait. « T’as opté pour quoi ? » demanda-t-elle finalement d’une petite voix en plongeant ses lèvres dans le verre, appréciant franchement le fait qu’il justifie une grimace. « Je veux dire… t’as essayé de le faire fructifier, ou t’as remboursé tes dettes ? » Il l’avait joué ou il s’était acheté peut-être une semaine, un mois de tranquillité ? La française ne pouvait pas ignorer le palpitant dans sa poitrine qui s’affolait un peu trop fort. « Enfin, je reformule. Sur une échelle de 1 à 10, tu es dans la merde à combien ? » Elle promettait de ne pas juger.
-L- e sourire d’Albane t’avait manqué. Cette relation complice te manquait. Mais t’as trop de mal à l’admettre. « Tu veux que je flatte ton ego ? » Tu ricanes, étouffant ce rire moqueur qui se logeait au fond de ta gueule. Comme si tu pouvais refuser ce genre de proposition. T’aimais être brossé dans la sens du poil, couvert d’éloges. Après tout, ce n’était pas si fréquent, tu avais plutôt tendance à attirer les critiques. « Et t’oses me le demander? » Que tu réponds comme si la réponse était évidente. Bien sûr que tu veux qu’elle flatte ton ego. T’en as pas besoin. Mais ce n’était jamais déplaisant de se faire mousser. « T’as un peu de temps avant de devoir prendre une canne. » Tu hausses les épaules. C’était grâce au prothésiste qui faisait un travail formidable depuis des années. Le confort de ta nouvelle jambe était surprenant, et les progrès qui avaient été faits ne faisaient que t’émerveiller un peu plus. La peau de ton moignon était très rarement blessée alors que tu ne faisais pas attention à réaliser tous les soins avant de dormir en cas de fatigue extrême, ce qui était finalement souvent le cas. « Tu l’diras pas à la vieille que j’ai envoyé acheter mon pain. » Un rictus sincère nait sur tes lèvres, alors que tu laisses planer le doute sur la vérité de tes propos. Parce que t’en es parfaitement capable. A tel point qu’il se pourrait bien que ce soit une véritable anecdote qui ne s’était pas réalisé qu’une seule fois mais plutôt deux ou trois. Tu avais une tendance opportuniste et lorsque cette voisine t’avais regardé avec tant de pitié quand tu tentais de bouger ta prothèse qui était légèrement inconfortable ce jour là, tu n’as pas pu y résister. Tu en as profité. Tu tires sur la corde, te fais passer pour plus handicapé que tu ne l’es. Tu ne sais pas encore jusqu’où tu iras. Mais t’attends qu’elle finisse pas refuser tes demandes. Pour l’instant tu restais sage et te contentais du pain.
Le débat sur le service d’urgence n’avait pas de fin. Et chaque fois que tu abordais ce sujet, tu avançais toujours les mêmes arguments, ceux qui t’ont dégoûté d’un secteur qui, sur le papier, aurait du te plaire. « La famille de parfaits inconnus. C’est pire quand tu dois annoncer une mauvaise nouvelle et que tu t’es attaché au patient. » C’était donc ça qui tenait Albane accrochée à ce service. La compassion. T’aurais du le deviner bien avant, sachant pertinemment qu’elle prenait trop vite les choses a coeur, qu’elle s’attachait trop vite, qu’elle donnait trop. « Hm. J’ai pas trop à me plaindre en ortho. » Que tu te contentes de répondre. Parce que tu ne te sentais pas tellement concerné par l’aspect attachant du patient. C’était un patient. Et s’il trépassait pendant son hospitalisation, c’était une fatalité que tu avais accepté rapidement. Tu ne nouais que rarement des liens affectifs avec eux. On pourrait penser à un moyen d’autoprotection. Mais t’étais juste un con. « Je dois être masochiste alors. On verra. » De nouveau, tu pouffes face à la perche tendue. Tu ne peux faire autrement que de t’en saisir avec ton air narquois. « Ça je l’avais déjà remarqué. Il t’en faut du temps pour apprendre à te connaitre. » Les traits provocateurs, tu la nargues d’un regard en coin espiègle. L’air suspicieux d’Albane ne t’échappe pas en abordant le sujet du bizutage. Tu prends tes airs angéliques, qu’elle connaissait trop bien pour ne pas savoir qu’ils étaient loin de l’être. « Je suis étrangement soulagée de ne pas être à l’université en même temps que toi. » Elle t’arrache un rire franc, comme tu n’en avais pas partagé avec elle depuis longtemps. C’était affolant la vitesse à laquelle votre complicité pouvait reprendre ses marques et effacer le passé comme si rien ne s’était jamais passé. « T’aurais adoré faire tes études en même temps que moi. » Ce qui était sur, c’est qu’elle ne se serait pas ennuyée. Elle n’aurait sans doute pas eu les meilleures notes, elle aurait manqué de sommeil, elle serait passé par des émotions intenses, allant du stress angoissant avant les examens après une session de révisions trop courte à l’euphorie d’une soirée qui se terminait dans un lac sans savoir comment. Et puis un sujet plus sérieux vient lentement calmer vos enfantillages. « Oui. C’était pour te prouver que j’étais capable de le faire. Mais je pensais pas être acceptée, encore moins tout lâcher pour me lancer. » Tu restes perplexe. Tu n’as pas l’habitude qu’on veuille te prouver quoi que ce soit, ni qu’on s’inquiète de ton opinion qui était trop souvent négative pour que l’on si fie. « Hm. J’comprends pas bien. C’est à moi ou c’est à toi que tu le prouvais, si t’y croyais pas? » C’est une réflexion étonnamment mature que tu as là, en tout cas, trop pour toi. « Tu parles de l’ego mal placé ? » Tu retiens un rire. Il parait qu’il est contagieux, cet égo. « Le même que le tien. » parce qu’elle savait parfois rivaliser avec le tiens quand tu la provoquais. C’est qu’elle avait du répondant, Albane. « C’est juste que j’investis beaucoup là-dedans. » Un investissement, c’était le mot. Parce que ça allait lui couter cher. Mais le bénéfice en valait le coup. « T’as raison. » Elle avait raison de vouloir évoluer. Parce que tu juges le métier auquel elle se destinait bien plus interessant que celui qu’elle avait abandonné.
Lorsque le sujet délicat du prêt est abordé, la voix d’Albane descend de plusieurs octaves. « T’as opté pour quoi ? » Tu l’observes, l’incompréhension lisible dans ton regard alors qu’elle s’empare d’une nouvelle gorgée qui de nouveau, la fait grimacer. « Je veux dire… t’as essayé de le faire fructifier, ou t’as remboursé tes dettes ? » Tes sourcils se haussent, cette fois ci réellement offusqué par cette question. « Non. » Tu lui réponds presque trop rapidement, contrarié par sa réponse. « Non pourquoi j’emprunterais de l’argent à Reese pour le faire fructifier? » Tu n’as jamais assumé tes problèmes d’addiction au jeu. Celui qui en savait le plus, c’était Reese, mais tu te contentais de lui répondre que tu gérais parfaitement la situation. T’étais en train de te braquer alors qu’elle exposait avec trop d’évidence une vérité que tu n’assumais pas. « Enfin, je reformule. Sur une échelle de 1 à 10, tu es dans la merde à combien ? » Ta moue semble toujours aussi irritée, et tu restes silencieux quelques instants, engloutissant une gorgée qui te réchauffait l’oesophage. C’est son regard inquiet qui finit par te faire céder face au silence que tu imposais. « Mais rien! Tout va bien. C’est juste que... » Tout n’allait pas si bien que ça. Mais maintenant, tu ne sais plus comment le tourner. Et ça se ressent, tu cherches tes mots. « Mon père a eu des problèmes avec son restau. » Et t’étais pas en mesure de lui rembourser l’argent qu’il t’avait prêté. C’est pour ça que Reese t’a prêté de l’argent à toi, et pas à ton père. Parce que t’étais le fautif.
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I know we're not alright. It's always dark as just before the light. I know your silence is a deadly sound. It's never easy when you're breaking down but I'll be there when you come around
Bien sûr que non elle n’avait pas besoin de demander. Winston serait toujours partant pour qu’on prenne soin de son ego, une réalisation qui fit secouer la tête à la jeune femme, un léger sourire aux lèvres. Certaines choses ne changeraient jamais. Mais elle ne le voyait pas comme de la prétention. Il y avait toujours une part de vérité dans ces moments de flatterie. Une part d’importance, aussi. C’était le risque qu’ils avaient pris à devenir trop proches, les compliments avaient autant de valeur que la critique. Elle en tout cas prenait vraiment à cœur l’opinion que Win pouvait avoir d’elle, ce qui n’avait pas été pour lui rendre service au vu de leur relation houleuse ces derniers mois. C’était sans doute l’une des raisons pour laquelle la taquinerie et le sarcasme leur venaient autant en renfort. Ils pouvaient se cacher derrière pour éviter de s’engager sur un terrain trop glissant. Ça leur ressemblait bien, cette mutinerie permanente qui les amenait inévitablement à échanger des sourires un peu trop fiers et des regards complices. « Profite tant qu’elle peut marcher. » Elle ne préférait même pas demander si ladite voisine existait, ou si l’histoire du pain était un événement récurrent. Connaissant les capacités de Winnie à faire chavirer les cœurs et à manipuler les esprits, elle avait envie de parier que oui. Une supposition qu’elle ne ferait pas immédiatement après l’avoir comparé à Docteur House. Il y avait un minimum de respect à avoir. Mais là où Win pouvait passer pour l’homme le plus adorable qui soit, il savait aussi avoir son comportement de crétin fini. A l’hôpital, par exemple. La française ne pouvait pas prétendre être surprise de les voir avec des visions totalement différentes de ce qu’ils estimaient facile dans la profession. Elle n’irait jamais en orthopédie ou en traumatologie par exemple, avait besoin de cette adrénaline et de cette sensation de pouvoir repartir de zéro chaque jour. Ce n’était pas vraiment la mort le problème et oui, peut-être que le service des urgences avait le plus haut pourcentage de décès parmi tous les services (hormis le service gériatrique peut-être). Mais elle se connaissait assez pour savoir que moins elle avait le temps de nouer un lien avec ses patients, mieux c’était. « Je trouve pas que l’ortho soit la voie la plus intéressante. » Elle haussa les épaules dans un léger sourire qui indiquait qu’elle n’était pas désolée du tout. Elle avait des années avant de voir si elle regretterait ce parti pris ou non. Dans le meilleur des cas, elle serait épanouie. Dans le pire, ce serait un burn-out et un dégoût du monde hospitalier. « Tu serais pas là si je n’étais pas un poil maso. » Elle leva les yeux au ciel en soufflant dans un agacement faussement dramatique. Si elle avait aimé tout ce qui était sain, jamais elle ne se serait lancée avec l’interne un an plus tôt, c’était certain. Et elle ne savait pas si rester à l’écart de l’hôpital leur ferait du bien ou non. Ce qui était sûr, c’était qu’elle ne risquait pas de revivre la problème de l’interne méprisant à chaque détour de couloir pour les quatre ans à venir. « J’aurais adoré les études avec toi, ou les à côté ? » Une question presque théorique qu’elle lança avec un haussement de sourcil. Elle avait du mal à croire qu’il puisse faire référence à des soirées à la bibliothèque et des levers de soleil sur les bancs du campus. Tout un univers que Bane elle-même ne réalisait qu’à peine être en train de retrouver. C’était surréaliste, ce n’était pas elle. C’était une décision qui pourrait changer sa vie pour le meilleur comme pour le pire. Elle n’avait pas l’impression d’avoir réfléchi, tout simplement. « Je voulais te le prouver à toi. Si je n’avais pas été prise, j’aurais enterré l’information dans un coin et j’aurais continué ma vie comme si de rien n’était. A la place, il faut croire que j’ai eu un élan d’ambition. » Elle ne pourrait pas nier que son ego avait aussi bénéficié de l’expérience, et son sourire contrit en témoignait. « J’ai appris du meilleur. » Win était le pire quand il s’agissait de faire preuve de mauvaise foi mais quand elle le voulait, elle savait se hisser aussi. La française n’avait juste aucune intention de se battre ce soir, et à la place, ce fut un regard reconnaissant qu’elle eut envers le brun. Elle avait besoin qu’on lui dise qu’elle faisait la bonne chose, que c’était une bonne idée et pas un risque inconsidéré. Comme Winston et l’argent, par exemple. Un vice dans lequel il était et dont elle ne connaissait que vaguement les détails. Cela justifiait sa méfiance quand ils abordèrent le sujet. Sans vouloir tout de suite imaginer le pire scénario, Bane ne pouvait pas s’empêcher de sentir l’appréhension grimper face au malaise de l’interne. Elle essayait de trouver les pièces manquantes du puzzle sans même attendre les indices. Et visiblement, ses allégories tombaient à l’eau, la faisant légèrement grimacer. Elle ne voulait pas lui parler clairement des jeux d’argent alors que l’idée y était. « Pour que la mise rapporte plus ? » Un langage parfaitement ciblé, une suggestion qui n’avait rien d’innocent. Elle ne pourrait pas le forcer à lui dire tout ce qui se passait actuellement, elle voudrait juste savoir comment aider. Pourquoi lui en parler si tout n’allait pas bien ? Quel était le but ? Il tournait autour du pot et elle n’aimait pas ça. Jusqu’à parler du restaurant de son père. Le fil logique n’était pas difficile à faire. « Oh. » Elle baissa les yeux sur son verre, le fit tourner entre ses doigts. « Tu vas pouvoir l’aider à se remettre à flot, alors ? » Ça ne réglerait qu’une partie du problème car les dettes existeraient toujours. Les mauvaises habitudes qui créaient les dettes aussi. « Hé, Win. » Elle déposa sa main sur la sienne. « Quoiqu’il advienne, tu n’y es pour rien. Parfois, les gens veulent aider sans réaliser qu’ils n’en ont pas les moyens. » Car elle supposait que c’était ce qu’il s’était passé. Il n’y aurait pas cette once de culpabilité gravée sur son visage autrement.
-P- rofiteur était un adjectif qui t’allait comme un gant. Tu exploitais la moindre failles, tirais les avantages de chaque situation. Et ça n’avait jamais échapper à Albane. « Profite tant qu’elle peut marcher. » Tu ricanes, le rire libéré de ta gorge, amusé par sa remarque. Parce que t’y comptais bien. Tu uses et abuses, viens repousser toujours un peu plus loin les limites et tu testes jusqu’à l’épuisement. Alors même lorsque la pauvre ne pourra plus se déplacer, t’es certain de pouvoir trouver quelque chose pour repousser encore au moins un peu plus les limites et chercher à savoir jusqu’où la bonté de la vieille dame pourrait aller. Et ce soir, c’est Albane qui te pousse dans la taquinerie. « Je trouve pas que l’ortho soit la voie la plus intéressante. » Tu arques un sourcil alors qu’elle s’attaque directement à une spécialité que tu ne lui avais pas évoqué jusque là, la tienne. C’était de la provocation flagrante là, non? Tu savais que l’orthopédie était un domaine particulier, souvent réputé comme les bourrins de la chirurgie. Mais ce n’était pas pour autant que tu l’assumais pleinement. « A regarder c’est chiant. » Que tu rétorques dans un premier temps, très premier degré, comme pour appuyer le fait que son avis était biaisé puisqu’elle n’avait jamais essayé la chirurgie en elle et avait tout au plus tenu simplement des instruments. Et il était vrai qu’en tant que spectateur, c’était long et ennuyant, comme opération. Il n’y avait rien de palpitant et les aides chirurgicales finissaient souvent par se perdre dans leurs pensées tant leur rôle était limité. « Après c’est sûr qu’il faut être un minimum doué de ses mains pour faire ça. Mais j’comprends que ça soit pas fait pour toi. » Que tu finis par rétorquer, agitateur dans l’âme. Tu restais rarement longtemps sur la défensive, virant à l’attaque dès que tu trouvais ton angle d’approche. Et là, tu le tenais. Tu lui offres simplement un sourire faussement angélique, comme s’il n’y avait aucun sous entendu vexant logé dans ta phrase. Mais elle a du répondant, Albane, elle en a toujours eu, et c’est sans doute ce qui t’a plu chez elle. « Tu serais pas là si je n’étais pas un poil maso. » Qu’elle répond en levant ses yeux au ciel. C’est à ton tour de hisser un sourire provocateur sur le coin de tes lippes. « Et je l’aime beaucoup ce petit côté maso. » Que tu badines. Ce que t’aimais chez elle, c’était plutôt sa douceur. Mais ce que tu chérissais le plus, c’était votre lien, comme une ficelle indétectable d’une résistance impressionnante qui vous liait, qui nourrissait votre complicité. T’as beau essayer de la rompre, tu n’y es pour l’instant pas parvenu. Tu ne sais pas te défaire d’Albane, et c’est d’un coté, aussi triste qu'émouvant à voir. « J’aurais adoré les études avec toi, ou les à côté ? » Un simple sourire complice suffit à répondre à son interrogation qui n’en était pas vraiment une. Pourtant, tu rétorques tout de même. « L’un ne va pas sans l’autre. » Les à cotés, c’était inévitable pendant tes années étudiantes. T’étais loin d’être un élève sérieux, et la vie étudiante t’allait mieux que la scolarité en elle même.
« Je voulais te le prouver à toi. Si je n’avais pas été prise, j’aurais enterré l’information dans un coin et j’aurais continué ma vie comme si de rien n’était. A la place, il faut croire que j’ai eu un élan d’ambition. » T’es assez perturbé par sa réponse. C’était bien la première fois que tu devais faire face à ce genre de discours. Tu ne comprends vraiment pourquoi elle avait besoin de te le prouver. Et pour une fois tu provoquais du bon, dans la vie des gens. Et c’est tout ce que tu retiendras, le positif. Tout comme dans cette histoire d’ego, qui est un vrai concours. « J’ai appris du meilleur. » Tu arbores un petit sourire fier, ne retenant que le positif dans sa phrase, le fait que tu sois le meilleur. Tu savais virer au premier degré dès que ça t’arrangeait, et à en voir ton petit air satisfait, elle ne pouvait qu’aisément deviner l’interprétation que tu faisais de ses propos.
Tout aurait pu continuer dans la légèreté si tu ne t’étais pas lancé des idées de confessions absurdes. Quel con. Ça fonctionnait pourtant plutôt bien, de limiter tes aveux à Reese. Et lorsque tu voulais faire un pas vers Albane, un effort, tu regrettes vite amèrement. « Pour que la mise rapporte plus ? » Tes sourcils se froncent avec sévérité. C’était vexant, comme question. C’est comme si elle sous entendait que t’en avais rien à foutre de cet argent ou des conséquences de tes actes. Alors que... Peut être que parfois c’était le cas. Mais pas cette fois ci. « Tu crois que j’utiliserai l’argent de Reese comme ça? » Parce que si aujourd’hui ça te semble inconcevable, l’avenir prouvera le contraire. Mais là, tout de suite, t’es certain que ça n’arrivera jamais. T’es pas ce genre de type, qui trahirait la personne à qui tu tiens le plus pour de l'argent. Enfin c’est ce que tu crois. T’es encore assez naïf pour penser que tu savais te maitriser et que ce n’était pas une addiction mais une passion. Ou une connerie de ce genre. « Oh. » Tu perds son regard et comme par réflexe, tes sourcils se froncent de nouveau. Est ce qu’elle était en train de te juger? Son avis semble te toucher plus que tu ne l’aurais cru, et t’es sur le point de te défendre alors qu’elle n’avait encore rien dit. « Tu vas pouvoir l’aider à se remettre à flot, alors ? » Tu pinces tes lèvres d’un air coupable alors qu’il n’y avait pourtant pas de quoi. « Oui. Ça va se régler. » Et tu ne sais même pas pourquoi tu lui en as parlé finalement, puisque tout ira rapidement mieux. Tu regrettes, même s’il y a quelques mois vous vous étiez promis de plus partager, et de révéler lentement les secrets et les non dits. Quelle idée de merde, hein. « Hé, Win. » Elle pose sa main délicatement sur la tienne. Un frisson te parcourt, et tu gardes tes yeux figés sur les siens. « Quoiqu’il advienne, tu n’y es pour rien. Parfois, les gens veulent aider sans réaliser qu’ils n’en ont pas les moyens. » Tu ne sais pas si ses mots te soulagent ou s’ils te crispent un peu plus. La culpabilité, elle s’immisçait depuis longtemps dans tes veines, creusant jusqu’à ton coeur. Et tu te sens un peu plus honteux avec ses mots. « Hm. » Tu ne parviens pas à articuler plus, et sombres de nouveau dans un déni trop présent dans ton quotidien. T’as beaucoup de mal à te livrer à quelqu’un d’autre que Reese, et même avec lui, tu ne prenais pas encore conscience de ta dépendance aux jeux. « Enfin, le problème est réglé maintenant. Faudra juste que je rende l’argent à Reese dans quelques mois et ce sera bon. » Ça y est, la dénégation était totale. Tu te persuadais que tout allait et tout irait bien. C’est mieux comme ça.
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Évidemment qu’il allait prendre la mouche une fois la mention de l’orthopédie sur le tapis. Ce qui aurait dû insupporter Albane la fit plutôt sourire, ici. Parce que c’était prévisible, parce que certaines choses ne changeraient jamais. Elle avait connu Winston comme un interne parfaitement insupportable, hautain, imbu de lui-même avec tout le personnel qu’il considérait comme inférieur. Peu importe le nombre de fois où elle avait piqué des colères pour qu’il cesse, il ne l’avait jamais fait. Elle savait pertinemment que toutes les fois où il avait retenu sa langue de justesse, ce n’était pas parce qu’il avait fini par changer d’avis. Mais bien parce qu’il tenait à elle et savait que cela lui mettrait les nerfs en pelote. Alors oui, il y avait quelque chose d’étrangement réconfortant à voir que même si elle devenait médecin elle aussi, même si elle devenait son égale un jour, l’esprit de compétition serait toujours présent. Il défendrait ses années d’expérience, son expertise, sa professionnalisation, ses cas. Tout pour être meilleur que les autres. « Chiant et répétitif. » confirma-t-elle avec un regard parfaitement innocent. Certaines opérations l’avaient fascinée au bloc, mais l’orthopédie était une tout autre affaire. Trop limitée, trop spécifique, trop plate. Interminable de surcroît. Alors la provocation quant à ses capacités à elle la fit lever les yeux au ciel avec un soufflement du nez audible. « Je serai plus qu’un ‘minimum’ douée, Ackerman. Alors autant offrir mes talents à une spécialisation avec plus… d’enjeux. » Elle haussa un sourcil. S’il voulait jouer le jeu de l’attaque, alors elle tiendrait tête. Elle avait appris comment faire. La plus grosse différence entre eux étant que son ego à elle faiblissait facilement. Comme en considérant le fait qu’elle avait encore des années d’école avant de pouvoir indépendamment tenir un bistouri, chose qui la désespérait d’avance. Et qui rendait la présence de Winnie d’autant plus précieuse. Elle s’attendrit un peu à l’entendre lui dire qu’il aimait son masochisme. Parce que c’était quelque chose qu’il aurait pu lui dire avant toutes leurs histoires, que cela trahissait l’affection profonde qu’ils avaient l’un pour l’autre. ça la rendait tout simplement heureuse qu’il soit là. Encore davantage qu’il soit là pour la tutorer et pas pour être son camarade de classe. Elle avait déjà vu Win se lâcher et ne préférait pas imaginer ce que cela avait dû être durant ses années d’études avec de la maturité en moins. « Je pense que tu m’aurais trouvée vraiment rabat-joie si on s’était rencontré pendant nos années étudiantes. » souffla-t-elle finalement avec un amusement. Elle était trop sérieuse, trop coincée. Il avait fallu attendre l’Australie avant qu’elle ne se permette de sortir de sa bulle. Puis, son monde avait explosé. Elle n’était toujours pas sûre que se relancer dans les études lui permette réellement de se reprendre en main, ou de faire quelque chose de mieux de sa vie. Elle savait que c’était courageux, qu’elle en tirerait forcément quelque chose. Mais les vraies raisons de ce revirement étaient vraiment floues. Elle se sentait un peu ridicule à admettre aussi ouvertement qu’elle en était encore à ce stade où elle avait besoin de prouver aux autres qu’elle était capable d’accomplir des choses de sa vie. Winston avait peut-être ses défauts, mais c’était une autre preuve qu’elle était bien mieux avec lui dans sa vie qu’en dehors. Il restait à voir si c’était réciproque. Tristement, elle en doutait. Cela ne les avait pas empêchés pour autant de nouer ce lien bien plus fort qu’ils ne pourraient l’expliquer. Le même qui s’était trouvé solidifié par leurs secrets mutuels. Ceux qu’ils n’auraient sans doute jamais voulu s’avouer si le destin ne s’en était pas mêlé. Et Albane ne se permettrait sans doute jamais de les mentionner, ce qui renforçait encore plus la surprise d’entendre Win doucement s’en approcher. Comme à chaque fois, la française ne put s’empêcher d’imaginer le pire. Des suppositions qu’elle regretta immédiatement au vu du regard vexé qu’il lui lança. Elle se mordit la langue, répondit avec son air le plus innocent possible. Est-ce qu’elle pensait qu’il pourrait faire de mauvais choix avec de l’argent qu’on lui prêterait ? Peut-être. Il le faisait déjà avec le sien. « Je pense que t’es assez malin pour trouver des solutions à tes problèmes autrement. » Elle espérait bien qu’il ne trahirait pas Reese. Mais lui emprunter de l’argent ne faisait que repousser le problème et lui rajouter une autre dette sur le dos, chose qui inquiétait silencieusement la brune. Si cela pouvait au moins l’aider à faire amende auprès de son père et éviter une affaire de couler, cela valait sans doute le coup d’avoir profité de la générosité du Grigson. Elle n’était pas bien placée pour juger quand on savait dans quelles activités illégales elle pouvait se lancer pour pouvoir financer ses nouveaux projets. En attendant, elle n’aimait pas voir Win aussi gêné par ses aveux. Elle le pensait sincèrement, qu’il n’était pas responsable des difficultés de son père. Il avait voulu aider sans regarder ses propres besoins et même si cela partait d’une bonne intention, il y avait des conséquences. Elle ne fut pas étonnée de ne pas vraiment réussir à atteindre Win, encore moins de le sentir se crisper un peu. Il venait de montrer de la vulnérabilité et elle l’avait assez fréquenté pour savoir que ce n’était pas dans ses habitudes. Bane se pinça doucement les lèvres. Rendre l’argent. On en revenait toujours au même problème, n’est-ce pas ? Win avec ses problèmes d’argent. Albane avec sa bonté à la con, celle qui la fit soupirer et se pincer l’arête du nez, tentant tant bien que mal de retenir ce qui allait inévitablement venir. L’honnêteté et la générosité qui auraient sa mort. « J’ai un peu étendu mon réseau à la Ruche. Enfin tu sais, le… gang. J’aide bien plus que ce que je faisais avant parce qu’il faut bien payer le loyer. » Ce ne serait pas une grande surprise. Elle ne l’avait juste jamais vraiment admis à haute voix. « Si je dois être honnête, j’ai jamais sérieusement considéré le fait de t’appeler en cas de nécessité, même si j’avais promis de le faire. Je voulais pas te mêler à ça. Mais on aurait besoin d’un vrai médecin, parfois. Alors si ça peut t’aider à rembourser Reese plus vite… » Tant qu’ils seraient ensemble, ça ne risquerait rien. Il faudrait juste qu’elle le garde à l’œil, fasse l’intermédiaire et ne lui offre pas l’opportunité d’aller jouer l’individualiste. Elle ne craignait rien au sein de la Ruche. Un intrus, elle n’était pas sûre que ce serait le même traitement.
-E- lle t’affiche ce doux regard innocent qu’elle savait si bien faire. Ce petit minois adorable qui te manquait tant. Alors il t’arrache un sourire, sans même que tu ne sentes tes lèvres s’étirer. C’que t’as l’air con, comme ça. « Chiant et répétitif. » Tes yeux se plissent suite à la provocation. Tu la jauges et la juges, la défiant de faire un jour la même chose que toi. T’étais prêt à rabaisser ses capacités et renier la confiance que tu avais en elle pour simplement avoir le dernier mot. C’était presque viscéral avec toi, trait toxique qui causait bien des dommages. C’était sans doute celui là même qui faisait que tu ne t'entendais pas avec ta famille. Parce que t’étais trop têtu, et que tu voulais toujours avoir raison quitte a pourrir les autres. « Je serai plus qu’un ‘minimum’ douée, Ackerman. Alors autant offrir mes talents à une spécialisation avec plus… d’enjeux. » Et elle ne se démonte pas, Albane. Elle rentre dans un jeu dangereux, où tu ne connaissais pas encore tes limites. Tu pourrais lui des horreurs sous le couvert d’un pseudo jeu. « Ouais enfin on verra déjà jusqu’où tu arrives, hm. » Et le naturel revenait trop vite. C’était sans doute indélicat vu les doutes qu’elle t’avait déjà partagé il y a peu, vu le manque d’assurance qu’elle laissait parfois transparaître. Tu aurais du lui laisser gagner cette manche, pour ne pas risquer de la faire douter une nouvelle fois. Mais t’étais trop puéril pour penser avant de parler, t’es juste un sale gosse de vingt neuf ans. Et la réaction d’Albane face à ce genre de provocation, c’était quitte ou double. Elle pouvait autant être blessée que vouloir te prouver à quel point tu auras tort boostée par un élan de fierté. T’espérais juste que ce soit la seconde option. Comme ça tu pourras te vanter d’avoir eu une bonne influence sur Albane, une fois de plus. Ça permet de couvrir tes mauvais comportements, de te conforter dans le fait que t’avais rien à te reprocher.
« Je pense que tu m’aurais trouvée vraiment rabat-joie si on s’était rencontré pendant nos années étudiantes. »Et tu ricanes comme unique réponse. Sans doute avait elle raison. « Je t’aurai décoincée. » Sans doute pas. Parce que peu de camarades étaient aussi inconscient et insouciants que toi. Et t’avais gardé ce trait qui te collait à la peau dix ans après, inconscient et insouciant. T’as beau être dans la merde, le déni te réconforte, et tu te dis que tu parviendras à résoudre tout ça plus tard, comme lorsque tu validais tes examens aux rattrapages après tes échecs aux partiels. Et ça a toujours fonctionné. Alors ça continuera ainsi, non? « Je pense que t’es assez malin pour trouver des solutions à tes problèmes autrement. » Plus elle parlait, pire c’était. Parce que si tu te sentais suffisamment à l’aise avec Albane pour partager tes problèmes, tu regrettais amèrement dès que tu sentais le jugement dans son regard. Ce n’était pas grand chose, seulement une lueur et quelques mots maladroits. Mais ta surinterpretation suffisait à remuer ta susceptibilité. Et tu te braquais bien vite, roulant tes yeux. « Ouais, bien sûr. » Que tu souffles d’un ton ironique, de ton petit air hautain. C’est qu’Albane pensait pouvoir mieux gérer que toi. C’était comme si elle laissait entendre que la solution était finalement simple mais que tu ne la voyais pas. Comme si elle pouvait la voir, elle. T’en doutais fortement. Elle ne savait pas grand chose, de la spirale qui te maintenait sous le surface, en apnée, de ce typhon trop puissant pour que tu puisses t’en échapper. Oui, t’as sérieusement pris la mouche. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’on te rappelait que tu faisais de la merde et qu’on te la foutait sous le nez, même si Albane ne l’avait fait qu’indirectement. Mais avec Reese, ça passait toujours beaucoup mieux. Elle se pince l’arrête du nez tout en soupirant, l’air hésitante. Tu arques un sourcil interrogateur, alors que tu t’étais muré dans un silence réprobateur. Alors tu te contentes de l’observer avec instance, ne lâchant toujours aucun son. « J’ai un peu étendu mon réseau à la Ruche. Enfin tu sais, le… gang. J’aide bien plus que ce que je faisais avant parce qu’il faut bien payer le loyer. » Oui, et? Tu ne comprends pas où elle veut en venir. Quel parfait moyen de rembourser tes dettes que de savoir qu’Albane s’impliquait un peu plus dans le gang. Ça te fait froncer tes sourcils, une légère inquiétude t’échappant. Tu ne devrais pas. Mais bordel, ce que t’as envie de te mêler à cette partie de sa vie. Parce que t’as l’impression que si les choses s’envenimaient, tu pourrais y faire quelque chose. Ce qui était loin d’être le cas. « Si je dois être honnête, j’ai jamais sérieusement considéré le fait de t’appeler en cas de nécessité, même si j’avais promis de le faire. Je voulais pas te mêler à ça. Mais on aurait besoin d’un vrai médecin, parfois. Alors si ça peut t’aider à rembourser Reese plus vite… » Tu sortais de tes dettes faites à un gang pour finalement t’engouffrer dans une nouvelle brèche auprès d’un autre gang. Tu fronces doucement tes sourcils, interdit. Est ce que c’était une bonne idée? Pourtant c’était toi qui l’avais mentionné, cette idée de merde. Mais des mois plus tard, tu as un léger doute, celui qui t’empêche simplement d’accepter immédiatement. « Je t’ai toujours dit que tu pouvais m’appeler. J’aurai toujours répondu. » Peut être que dans les premières semaines après votre rupture, tu ne l’aurais pas fait. Mais dans les mois suivants, dans ce cas précis, certainement. Parce que tu ne t’es toujours pas défait de l’affection que tu lui portais. Tu n’es pas certain de pouvoir le faire un jour à vrai dire. Et ça t’inquiète un peu. Peut être qu’un jour ça viendra. Mais le temps n’avait pas été très utile jusque là. « Comment ça se passe? » Tu finis par demander. Parce qu’aider à rembourser Reese était un bon argument, même si rembourser le gang à qui tu devais de l’argent était meilleur. Largement meilleur. La pression était moindre aujourd’hui, même si la culpabilité se ressentait plus. Mais un autre argument persistait. Être avec Albane et l’aider dans une partie de sa vie qu’elle peinait à partager, secrète sur un coté qui attisait ta curiosité. « J’veux dire... Comment ça m’aidera à rembourser? A quel point tu veux m’impliquer? » Est ce que tu pourras rester en retrait? Aider Albane sans être connu du gang, c’est tout ce qui te plairait. Mais t’es sans doute trop gourmand dans ta demande.
your name isthe strongestpositive and negativeconnotation in any langage
I know we're not alright. It's always dark as just before the light. I know your silence is a deadly sound. It's never easy when you're breaking down but I'll be there when you come around
Son sourire en direction de Win trahissait son amusement malgré l’affront évident. La française préférait ne pas prendre la provocation trop personnellement. Avec le temps, elle avait fini par comprendre qu’il fonctionnait ainsi, que c’était sa manière à lui de se défendre. Elle avait tiré la corde sensible après tout, et l’avait franchement fait exprès. Peu importe ce qu’il dirait, elle savait qu’il serait présent pour elle si elle en avait besoin, qu’elle pourrait compter sur lui pour venir à son secours si jamais elle se noyait. Ce simple fait suffisait à lui réchauffer le cœur et à lui faire passer l’éponge sur tout le reste. C’était important pour la jeune femme, bien plus qu’elle ne pourrait l’exprimer. Il était important tout court. Et au vu des derniers mois, s’il y avait bien des choses qu’elle changerait pour éviter de les saborder, elle ne voudrait pour rien au monde revenir sur la nature de leur histoire. Ca ne l’aurait pas intéressée de le rencontrer plus tôt et de prendre le risque qu’ils n’aient pas réussi à nouer le lien qu’ils avaient développé. A l’université, elle l’aurait sans doute vu comme le fauteur de troubles irresponsable, le profil certainement pas apte à devenir médecin, plutôt que comme un homme complexe, mais fabuleux. Elle ne l’admettrait sans doute jamais aussi ouvertement, mais tous les défauts qu’il possédait étaient à la hauteur de ses qualités. Sans ça, elle n’aurait jamais tendu le bâton pour se faire battre tout cela pour obtenir son pardon. « J’en sais rien. T’aurais pas été mon genre du tout. » Leur relation était déjà une anomalie en soit, elle ne savait pas comment cela aurait pu arriver quelques années plus tôt.
Mais il était inutile de parler de ce qui aurait pu se passer, à ce stade. Ils avaient bien d’autres choses à penser, des sujets beaucoup plus délicats qui n’admettaient pas vraiment la légèreté. Le problème à s’attacher autant à quelqu’un comme Winston était que cela venait avec un lot d’inquiétude, une spirale de pires scénarios en tout genre. Albane ne pouvait pas nier qu’elle n’aimait pas la direction que prenait leur discussion, encore moins les non-dits qu’il gardait jalousement. Elle le pensait sincèrement, qu’il serait capable de se sortir de ses galères s’il le voulait. Tristement, elle avait aussi confiance en ses capacités à trouver les ennuis. C’était un peu sa seconde nature. Ce n’était pas quelque chose qu’elle jugeait, mais le sentir doucement se fermer en face d’elle n’aidait pas à la rassurer. La française voulait aider, sincèrement. Elle aurait aimé avoir les mots qu’il fallait, les solutions pratiques. Elle voudrait le protéger de ses mauvais choix, quand bien même c’était impossible. A la place, elle avait mis les pieds dans le plat, exposé une hypocrisie qui lui hérissait le poil. Elle ne valait pas mieux avec ses propres activités, ses secrets dont Winston ne connaissait que la surface. Elle était la mieux placée pour comprendre l’addiction et l’incapacité à s’arrêter, cet espoir stupide que demain serait un autre jour où tout pourrait s’arranger. Et peut-être qu’à ce stade, la meilleure aide qu’elle pouvait fournir était de le tirer avec elle dans son antre du loup. C’était une question d’argent plus que de valeurs. Un sale boulot auquel Albane essayait de ne pas réfléchir, de peur de réaliser qu’elle s’était perdue. C’était sans doute ce qui la terrifiait le plus, d’admettre qu’elle n’était pas une bonne personne, que cela faisait longtemps que ses actions relevaient du choix plus que de la fatalité. Elle s’en sortirait un jour, aimait le croire. Winston, lui, n’avait pas besoin de nouer de liens avec la Ruche. Il pourrait juste prendre les billets sales mais généreux, régler ses dettes, et tourner le dos pour de bon. La française avait du mal à soutenir le regard du brun, mal à l’aise avec ces aveux. Sans doute trop consciente que l’idée était mauvaise. Ça lui serra d’autant plus le cœur car elle se demanda s’il était honnête, s’il serait vraiment venu à son secours quand il la détestait tellement que même le silence était meurtrier. « J’avais envie de t’appeler, mais pas pour des raisons de vie ou de mort. » L’humour était tellement sombre qu’il la fit grimacer, puis soupirer. Heureusement, elle n’était pas arrivée à de tels extrêmes durant son absence, n’avait pas eu à alourdir sa conscience d’une mort liée à son incompétence. Ce n’était pas rose, c’était possiblement dangereux, mais tant que cela concernait la Ruche, Albane aimait croire que Lou lui servirait de bouclier, quoiqu’il advienne. Et que par extension, Win ne risquerait rien non plus. « C’est basique. Un coup de téléphone, un lieu de rendez-vous, tu te pointes, tu soignes, tu prends l’enveloppe, et tu disparais. » Elle jouait avec ses doigts à ce stade, tentant d’oublier le fait qu’elle parlait de vies comme d’une transaction. « Quand il s’agit de règlements de comptes, de combats qui ont mal tourné ou d’affaires de gangs, transporter ces types à l’hôpital risquerait de trop attirer l’attention. Donc la Ruche préfère régler ça dans un sous-sol, loin des regards indiscrets. La seule règle, c’est la discrétion. Tu ne poses pas de questions, tu ne fouines pas, et si on te demande, tu ne sais rien. » Tout le monde gardait ses distances, et c’était pour le mieux. « Je me porterai garante. Et tu peux arrêter quand tu veux. » Ce serait sans risques pour lui.