Non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non non.
Qu’est-ce que tu fous, Archie, à bord de cette bagnole, suivant un point que tu ne connais pas sur ton téléphone ? Tu te prends pour A ?
Au feu rouge, le jeune homme s’arrête et fixe devant lui la noirceur qui bouffe la rue sur laquelle il s’engage. L’ampoule d’un lampadaire clignote et fait bouger son ombre contre son siège. Elle se décale à droite, à gauche, s’allonge, se raccourcit. Elle tente de fuir son propriétaire ou, au contraire, veut l’emporter dans cette danse parce qu’elle se sent libre pour la première fois de sa vie.
Archie est seul avec lui-même. Ce sont ses mains qui tiennent le volant de sa Tesla, c’est son pied qui appuie sur l’accélérateur quand la lumière passe au vert et c’est le siège à sa droite qui est vide. Il n’entend plus la voix dans sa tête qui essaye de s’opposer à cette idée qu’il a eue de rejoindre une personne ce soir. Les non non non non non non non non non non non se font ensevelir par la musique qui joue dans l’habitacle et sa propre voix l’accompagne : SOMEONE LIKE YOUUUUUUU, I WISH NOTHING BUT THE BEEEEEEEEST, FOR YOUUUUUUU…
Puis il réalise sa perte de contrôle, baisse le volume de la radio et jette un coup d’œil à son reflet dans le miroir au-dessus de sa tête, stoppé par un énième feu rouge qui semble, lui, vouloir l’empêcher de se rendre à destination. Le monde est contre lui, mais Archie n’a jamais perdu une bataille. Il le mettra K.O., le monde, d’un seul coup de poing dans son sternum, là où il lui coupera le souffle, au monde. Il est plus fort que les lumières de la ville et, vrooooom, son moteur (électrique et silencieux, certes) démarre à nouveau pour le laisser filer dans le dédale des rues et de ses pensées.
C’est à 21h58 qu’il frappe trois petits coups distincts à la porte de Bellamy. Il mentirait s’il disait qu’il n’a pas hésité une seconde ; il a même eu l’impression d’entendre l’écho des non non non non non non harceler ses tympans une dernière fois. Il s’était vêtu humblement, encore une fois pour cacher son statut (bien que sa Tesla détonne avec le voisinage), n’avait pas gommé ses cheveux de gels pour les laisser encadrer son visage comme Bellamy l’aimait. Sa barbe était propre, trimée, et son parfum était celui du clou de girofle. Sa confiance, elle, se trouvait à deux ou trois rues plus loin.
Le battant de la porte ouvre, sa bouche aussi : « Je ne sais pas si je suis à l’heure. J’ai oublié ma montre. » Il lance aussitôt, cherchant déjà toutes les excuses du monde pour ne pas expliquer la raison de sa venue ici. Pour mettre l’emphase sur son propos, il montre son poignet nu, dont il avait consciemment débarrassé de cette montre en or qu’il n’avait fait que cacher depuis que ses yeux avaient croisés ceux de Bellamy la toute première fois. « Mais je crois qu’il n’est pas encore 22h, encore moins minuit. » L’heure du meurtre, après tout. Il ne pouvait pas manquer ça.
Bellamy n’avait pas oublié A (sa mémoire à court terme avait certes une capacité égale à celle de Dori, son hippocampe fonctionnait au moins assez bien pour le doter d’une mémoire à long terme fonctionnelle) par contre il avait définitivement oublié que celui-ci avait laissé entendre qu’il le recontacterait peut-être. Vu la manière dont il était parti deux fois, Bellamy s’était juste dit que ça n’arriverait pas et avait balayé l’espoir de son esprit pour se consacrer sur quoique ce soit de plus concret se passait dans sa vie.
Et puis il y avait eu le message et il s’était simultanément rappelé qu’A ne lui avait pas complètement fermé la porte, mais aussi qu’il était franchement emballé par l’idée de le revoir (surtout s’il avait la certitude que cette fois, l’autre homme ne le laisserait pas en plan au milieu de la soirée pour une raison connue de lui seul.) Il n’avait toujours pas cette certitude, peut-être même qu’A n’allait pas venir du tout parce qu’il ne s’était jusqu’à maintenant pas démarqué par sa bravoure, mais Bellamy était quand même resté sagement chez lui, répondant à la négative à une invitation et oubliant de tenir une autre au courant de son désistement.
Il était en tenue du dimanche depuis son retour du travail, soit le sweat et le short qu’il portait dès qu’il mettait un pied chez lui - il ne prit pas la peine de se changer pour la venue de A, de un parce qu’il n’était vraiment pas sûr que l’autre homme se pointe, de deux parce qu’il se trouvait tout à fait acceptable comme ça. De toute façon, c'était A qui avait tenu à venir, il n'avait pas le droit de se plaindre.
Devant l’immensité de temps libre qui se présentait, Bellamy s’arracha à son feed tiktok et décida de se mettre à cuisiner. Évidemment, il n’y avait rien dans son frigo, il achetait ce dont il avait besoin le jour même voire commandait Uber Eats - il commanda encore Ubert Eats mais se fit livrer ses courses.
A few moment later, un plat de tteokbokki était sur la table et sa grand-mère recevait une photo dudit plat auquel elle répondait avec des smileys sans rapport aucun avec le corps de son message. Et il restait encore du temps avant la deadline, et Bellamy détestait attendre un horaire précis. Il rouvrit tiktok, ferma tiktok, ouvrit instagram, ouvrit twitter, regarda l’heure, se dit qu’A n’allait pas venir et qu’il avait raté des soirées qui étaient forcément mieux que celle qu’il passait à ne rien faire - on frappa à la porte.
Enfin.
Bellamy bondit du canapé comme un diable en boîte, s’assura dans le miroir que sa demi-queue de cheval tenait encore la route, qu’il n’avait pas mis de sauce sur son hoodie, qu'il n'avait pas l'air trop pressé de voir A débarquer, et il ouvrit la porte.
“Je ne sais pas si je suis à l’heure. J’ai oublié ma montre.”
Les pupilles de Bellamy s’égarèrent en cours de route - il fit “uh?” en entendant qu’A avait parlé, mais il était trop occupé à se dire qu’il était drôlement beau (c’était les cheveux lâchés ça) pour process l’information.
“Mais je crois qu’il n’est pas encore 22h, encore moins minuit.”
Cela lui permit de recoller les morceaux et de deviner ce qu’A avait dit avant, “ah non ça va t’es pas en retard, affirma-t-il alors qu’il n’en savait rien du tout. Il récupéra plutôt le sourire brillant qu’il avait perdu entre le moment où il avait ouvert la porte et celui où son cerveau avait crash à la vue de l’autre homme (he wasn’t the toughest soldier.) Il s’écarta de la porte. Vas-y entre.”
Bellamy referma derrière lui et le suivit dans le salon, mains fourrées dans les poches de son hoodie alors qu'il se demandait pourquoi les premières visites chez quelqu'un étaient vouées à être si awkward. Bon ben fais comme chez toi, il tenta de se souvenir de ce que les gens disaient quand ils invitaient quelqu'un pour la première fois. T'as mangé ? Parce que j'ai fait ça, il désigna le plat qui trônait sur la table et embaumait les lieux d'une odeur d'épices. Oh et j'ai sorti ta veste pour pas l'oublier, et je l'ai lavée," le plus surprenant était qu'il ne l'ait pas oubliée, cela tenait presque du miracle alors bien sûr, il l'annonça avec le sourire le plus fier du panel.
« uh? » B est peut-être aussi embrouillé que A. Un silence suit son onomatopée, silence durant lequel Archie passe sa main dans ses cheveux pour les replacer, peu habitué de les sentir ainsi balayer son front. Ils sont légers comme des plumes, le chatouillent presque. Il avait presque oublié que l’autre garçon touchait le plafond contrairement à lui, et d’être ainsi vêtu dans de simples vêtements confortables l’intimidait. L’autre portait un habit encore plus décontracté mais il lui allait avec plus d’aisance ; à côté de ces shorts mous et de ce hoodie, le millionnaire ce sentait pauvrement accoutré. Ça devait être sa jeunesse qui radiait avec n’importe quel morceau de tissu, et sa peau dénuée de défauts tandis que celle d’Archie était marquée par le travail et de longues nuits à se maintenir éveillé sous des litres de café noir.
Son souffle est coupé, il se sent vulnérable, il se sent différent aussi, et en oublierait presque sa propre vie l’instant de trouver les mots. Puis, il se rappelle l’heure, assume qu’il a été ponctuel puisqu’il l’a toujours été, ce que Bellamy confirme après avoir rattaché les pièces de puzzle. « Ah non ça va t’es pas en retard. » Il opine du chef, se pince les lèvres tandis que ses yeux s’accrochent au premier sourire que lui offre le jeune homme, et il le lui rend parce qu’ils sont seuls – et ils seraient seuls jusqu’à ce qu’ils décident de ne plus l’être. Ici, personne ne peut apercevoir son cœur battre dans sa poitrine ni lire ses intentions dans son visage. Il se revoit des années en arrière quand la vision d’un garçon, plus grand que lui aussi, lui a fait perdre pieds pour la première fois.
Il sait depuis longtemps.
« Vas-y entre. » Lui propose Bellamy en s’écartant de la porte, cédant le passage à son invité qui regarde une dernière fois derrière lui avant d’entrer. Réflexe. La première chose qui l’accueille, c’est une odeur qui ne lui est pas familière. Certainement un plat qu’il n’a pas l’habitude de manger. La cuisine de sa mère a toujours été très traditionnelle, et lui-même n’opte jamais pour l’inconnu lorsque vient le temps de commander à manger ou de cuisiner un truc vite fait. Il n’a pas le temps d’ouvrir ses horizons culinaires.
Alors que ses yeux se laissent aller partout dans la maison, évitant soigneusement de se poser sur la silhouette svelte de Bellamy, il fait comme chez lui, puisque c’est ce que l’autre lui propose. Il ne retire cependant pas ses chaussures puisqu’il détesterait perdre ces deux centimètres qui le rapprochent de son hôte. Il ne prend pas la peine de commenter les lieux parce que ce serait ennuyant de le faire. Il déteste les phrases de politesse parce qu’il les utilise trop souvent. « T'as mangé ? Parce que j'ai fait ça. » Il n’a pas besoin de tendre le cou pour apercevoir le bol rempli de… de… ce sont des pennes à la sauce tomate ? Ce n’est pas l’odeur que son nez avait captée. Curieux comme un enfant qui découvre l’inconnu, il s’approche du plat, pose ses deux mains sur la table pour se balancer vers l’avant et mieux analyser le contenu du large bol. « Je sens que je fais un fous de moi mais... » Il marmonne. « Ce n’est pas des pâtes… si ? » Certes, Archie se considère comme un homme intelligent, mais il y a plusieurs sortes d’intelligence. Et, là, tous les astres sont enlignés pour qu’il se ridiculise. Il connait les chiffres, les probabilités et les cycles économiques, pas les cultures différentes de la sienne. Mais il ne perd pas ses bonnes habitudes et fait comme chez lui, puisque Bellamy lui a si gentiment proposé, et attrape la paire de baguettes qu’il manie… Comme une merde, arrivant vainement à porter un gâteau de riz à sa bouche non sans l’échapper trois fois en chemin sur la table. « Je vais la laver. » Il l’assure en mâchant sa bouchée regorgeant de saveurs. Ah ouaiiiiiiis. C’est bon ce truc, et ce n’est pas des pâtes. Ses yeux parlent à sa place.
« Oh et j'ai sorti ta veste pour pas l'oublier, et je l'ai lavée. » Naturellement, son regard se porte vers la fameuse veste qui a été posée sur le dossier du canapé. Il déglutit, se rappelant cette soirée durant laquelle il la portait, puis il grommelle : « Ah, oui, celle-là. » Il lâche un ricanement incertain, s’approche du vêtement qui appartenait à son père, revoit malgré lui le garçon qu’il était quand il la portait, puis il pose son index sur la lettre brodée : « Tu crois que mon père me retirerait de son héritage si je décidais de remplacer le C pour un A ? » Il demande d’une voix à la fois amusée, à la fois attristée. Merde. Il aurait préféré ne pas parler de Charles. Il se rappelle, soudain, le jugement qu’il lui porterait s’il le voyait dans cette maison en compagnie d’un garçon avec lequel il n’a pas l’intention de bosser. Non, il n’est pas ici pour signer des contrats. « Um. J’imagine que de parler de mon père ce n’était pas la meilleure stratégie pour mettre l’ambiance. » Il conclut en lançant ce regard à Bellamy.
@Bellamy Shin Pardon ça fait l'éternité que je veux glisser cette tête qu'il fait dans la vidéo dans un rp
La situation était bien plus domestique que les fois précédentes, au point où Bellamy aurait pu être franchement gêné de voir déambuler chez lui un homme qu’il n’avait vu que deux fois et qu’il n’avait abordé que parce qu’il lui plaisait s’il n’avait pas été quasiment hermétique à tout sentiment de malaise. Pour être gêné, encore fallait-il réfléchir, or Bellamy avait atteint un niveau sans précédent de détachement - il avait opté pour tout prendre à la légère et cela lui réussissait totalement. Une chance que l'autre homme ne semble pas réellement être un tueur en série parce que Bellamy lui aurait franchement facilité le travail.
Il ne commenta pas le port de chaussures à l’intérieur (sa grand-mère aurait fait une syncope, lui s’en moquait pas mal si ce n’est que son éducation lui soufflait que ce n’était pas dans l’ordre des choses), posa plutôt un regard amusé sur A dont les rouages du cerveau étaient presque visibles alors qu’il lorgnait le tteokbokki. “Je sens que je fais un fous de moi mais... Ce n’est pas des pâtes… si ?”
Le sourire de Bellamy s’étira, “non c’est des gateaux de riz, il s’approcha de la table et de facto, de A. De la sauce soja, du gochujang - fais gaffe ça pique.” Son amusement ne diminua pas devant les gestes mal-assurés du brun avec les baguettes.
“Je vais la laver.”
Il était mignon. Bellamy attrapa l’éponge de la kitchnette et l’envoya à A, sourire malicieux flottant sur les lèvres. “Tiens, et d’observer la réaction de l’autre homme à la première bouchée. Il n’avait pas l’air prêt à tout recracher, c’était bon signe. Alors ?” demanda-t-il quand même. Ce n’était pas qu’il pêchait les compliments - oh well, en fait c’était exactement ce qu’il faisait.
Il avait besoin de plaire après tout, on l’avait trop souvent laissé avec l’impression de ne pas être assez, de ne jamais en faire assez, en résultait une envie de toujours prouver aux autres qu’il n’était pas une perte de temps - la preuve, il pouvait cuisiner et en plus, il n’avait pas oublié la veste qu’il avait promis de rendre à A.
“Ah, oui, celle-là. Bellamy opina ; oui, celle-là. Tu crois que mon père me retirerait de son héritage si je décidais de remplacer le C pour un A ?”
“Ben techniquement s’il te l’a donnée, t’en fais ce que tu veux, dit-il en changeant à nouveau de place ; cette fois il migra vers le canapé, se planta près d’A et croisa les bras en le scrutant. De toute façon, tu l’avais jetée dans la rue, c’est carrément pire que changer la lettre,” ajouta-t-il avec un sourire en coin.
Bellamy fut tenté de lui demander quel était le problème avec son père - il devait bien y en avoir un vu la manière dont A en parlait - mais il n’en fit rien parce que lui-même n’aurait pas voulu qu’on lui pose la question.
“Um. J’imagine que de parler de mon père ce n’était pas la meilleure stratégie pour mettre l’ambiance.”
Bella haussa les épaules pour dire qu’il s’en moquait, que ce n’était franchement pas si grave - “j’aime bien parler, de ton père ou pas, ce que tu veux,” après tout, A pourrait bien lui parler de géopolitique que Bellamy écouterait (mais s’il pouvait ne pas le faire, il apprécierait autant, la surcharge cognitive le guettait à la moindre discussion hautement théorique)
"Pourquoi t'as changé d'avis ?" demanda-t-il finalement, visage légèrement incliné sur le côté alors qu'il attendait sa réponse avec toute l'attention du monde. Bellamy savait bien qu'A n'était pas insensible à son charme, il était plutôt confiant dans le fait que sa compagnie ne lui était pas désagréable, mais jusqu'à maintenant, quoique ce soit qui le retenait dans sa non-acceptation de soi avait semblé plus fort que ça. Bellamy n'avait pas foncièrement besoin de connaître ses raisons, mais il était curieux et il aimait connaître un minimum les personnes avec qui il passait du temps.
« Non c’est des gateaux de riz. » Uh ? Le riz et les gâteaux, ça ne va pourtant pas ensemble. Est-ce que ça veut dire que c’est un dessert ? Mais non, c’est salé. La curiosité d’Archie est visiblement piquée tandis qu’il tente de faire bonne impression avec les baguettes, se loupant deux ou trois fois avant d’arriver à croquer dans le gâteau de riz. Bellamy le prévient du caractère épicé du plat alors la saveur ne le prend pas par surprise. Heureusement, il a toujours bien toléré le feu des piments. C’est avec un intérêt certain, voire même avec de l’adoration, qu’il opine du chef sans s’en rendre compte alors qu’il déguste cette surprenante nouveauté. Il attrape de justesse l’éponge que lui envoie Bellamy (encore heureux sinon il aurait encore fait un fou de lui parce qu’il est supposé avoir de bons réflexes) puis nettoie les taches rouges sur la table. « Alors ? » Demande enfin le jeune homme, attendant le verdict sur le plat asiatique alors qu’Archie est déjà parti à la recherche d’une ouvre bouchée à avaler, sans faire trop de dégâts cette fois. Il répond en mâchant : « Dégoûtant. Je ne recrache pas par politesse. » Envoyant du même coup un regard joueur et ironique à son hôte afin de lui faire comprendre qu’il s’agir de bluff. De toute façon, il avait déjà compris que son plat l’avait comblé juste en en le voyant s’emparer d’un gâteau de riz, puis d’un autre, puis d’un autre. Il pensait qu’il n’aurait pas d’appétit en venant ici, mais il faut croire qu’il se sent en sécurité entre ces quatre murs qu’il ne connait pourtant pas.
Il aurait presque l’impression d’être réellement seul avec Bellamy si ce dernier ne lui avait pas rappelé la veste qu’il avait abandonnée à la rue. Du salon, elle semble le regarder, et il n’apprécie pas de sentir ses yeux sur lui. « Ben techniquement s’il te l’a donnée, t’en fais ce que tu veux. » Non, avec Charles, ce n’est pas exactement comme ça que ça fonctionne. S’il lui a donné, c’est pour qu’il l’arbore fièrement, présentant son père à tous les coins de rue comme s’il s’agissait de l’homme le plus important de sa vie ; ce qui est encore le cas jusqu’à présent, ironiquement. « De toute façon, tu l’avais jetée dans la rue, c’est carrément pire que changer la lettre. » Et il pivote la tête juste assez rapidement pour voir l’énième sourire de Bellamy, ce qui le ferait rougir s’il avait la capacité de se transformer en cerise. « Tu marques un points. » Il admet en ricanant, mais il réalise bientôt qu’il n’était pas venu ici pour parler de ce qui l’a empêché d’entrer dans la maison d’un garçon plus tôt. De toute façon, il ne voudrait pas que Bellamy apprenne qu’Archie n’est pas totalement maître de ses choix alors qu’il agit depuis toujours comme le roi du monde. « J’aime bien parler, de ton père ou pas, ce que tu veux. » Il se pince les lèvres, préférant tout de suite éviter de prolonger la discussion dans ce sens-là. « Alors parlons d’autre chose, parce que je n’étais pas venu ici dans l’intention de suivre une thérapie. » Il dit en contournant le canapé sans jeter de nouveau regard sur la veste universitaire. La vérité, c’est qu’il préférait entendre Bellamy parler de lui et… « Pourquoi t'as changé d'avis ? » Trop tard. Les projecteurs sont encore rivés sur lui. Laissant planer le silence quelques instants, il évite le regard de l’autre garçon histoire de faire un peu d’ordre dans ses pensées. « Hum… » Il commence, hésitant. « Je ne sais pas. » Il dit, honnête, se rapprochant à nouveau de Bellamy pour s’arrêter juste devant lui. « Ce que je sais, c’est que je suis toujours terrorisé à l’idée de faire le premier pas mais… Ici… » Il regarde autour d’eux, dans cette intimité qu’eux seuls partagent. Personne pour les espionner ; seuls dans leur petite bulle. « Je suis en sécurité, pas vrai ? » Il plonge son regard interrogateur dans celui du jeune homme, se mord le bout de la langue dans le but de s’empêcher d’ajouter quelque chose mais c’est peine perdue. « On avait jamais complimenté mon sourire auparavant. » Voilà pourquoi il a changé d’avis, et voilà pourquoi il se trouve ici, ce soir, désarmé.
Regarder A découvrir le plat inconnu était particulièrement divertissant, cela amusait même beaucoup Bellamy qui observait la scène avec son sourire en coin signature, se disant d’abord qu’il faudrait qu’il apprenne au brun à manier les baguettes, puis qu’il faudrait qu’il lui donne le nom de restaurants coréens pour faire sa culture générale. Il y aurait le temps pour ça plus tard, right ? Parce que cette fois, A n’allait pas fuir comme s’il avait le diable aux trousses - right ???
“Dégoûtant. Je ne recrache pas par politesse.”
Bellamy souffla un rire, “menteur.” A se resservait, la poitrine de Bella se gonfla de fierté à voir que son plat avait du succès. Il avait beau ne pas avoir cuisiné depuis ce qui semblait une éternité, il n’avait apparemment pas perdu la main - ses passions étaient de courtes durées mais les apprentissages restaient.
Et puis il eut l’impression d’avoir dit ce qu’il ne fallait pas parce que A semblait bizarre maintenant. Bellamy n’en perdit pas son sourire tranquille (souvent utile lorsqu’il s’agissait de détendre les gens), attendit patiemment que l’autre homme reporte son attention sur lui plutôt que sur le morceau de tissu. “Tu marques un points.”
Héhé.
“Tsais ma grand-mère était couturière, première info significative qu’il donnait sur son environnement familial. Je peux lui demander de la reprendre,” Jimin ne lui refusait rien, il n’aurait qu’à attendre une période où elle se sentait en forme pour lui faire les yeux doux et obtenir ce qu’il voulait - enfin ce qu’A voulait.
“Alors parlons d’autre chose, parce que je n’étais pas venu ici dans l’intention de suivre une thérapie.”
Petit rire du côté de Bellamy qui trouvait ça marrant d’être lowkey comparé à un psy alors qu’il avait globalement du mal à écouter quelqu’un parler plus de cinq minutes - et oh, A s’approchait. Il n’était pas venu pour jouer aux cartes, conclut-il avec un temps de retard bien que l’idée résidait dans un coin de sa tête depuis qu’il avait reçu le message (après tout, pourquoi un mec qu’il avait ouvertement dragué en soirée voudrait venir chez lui si ce n’était pas pour ne pas jouer aux cartes.)
Il n’en était pas moins que si Bellamy avait espéré le pecho, cela n’était jamais arrivé parce qu’A avait l’air paniqué par l’idée. Seulement quelques jours s’étaient écoulés alors Bella ne voyait pas de raisons pour lesquelles l’autre homme se serait débarrassé de ses inhibitions. Evidemment qu’il fallait qu’il demande.
“Je ne sais pas.”
Ah. Ça n'aidait pas.
“Ce que je sais, c’est que je suis toujours terrorisé à l’idée de faire le premier pas mais… Ici… Bien sûr qu’il l’était toujours, cela ne disparaissait pas comme une gueule de bois. Mais … ? Bellamy scruta les traits d’A, visage légèrement incliné, air attentif - attention détournée de l’autre homme lorsqu’il regarda autour de lui et que Bellamy en fit de même comme s’il allait découvrir quelque chose dans son propre appartement. Je suis en sécurité, pas vrai ?”
C’était une question bête, elle fit sourire Bellamy - pas un sourire moqueur, il n’irait pas rire des insécurités de quelqu’un, amusé par contre, attendri, presque.
“Promis j’ai caché personne dans les placards,” dit-il sur le ton de la plaisanterie. Pis tu peux regarder, jsuis pas armé," bright smile, il leva les mains pour appuyer le propos - la poche ventrale de son hoodie était assez grande pour héberger un bébé kangourou donc une arme ; un détail : c'était A le potentiel gangster.
Les mains de Bellamy retombèrent, puis l'une se releva pour juste effleurer une longue mèche de cheveux bruns qui cascadait sur le front d’A - Bella avait définitivement un faible pour les cheveux longs - il songea brièvement qu’il devrait peut-être couper les siens (il n'y voyait plus clair), ou peut-être pas si l'effet était aussi hot que chez son interlocuteur.
“On avait jamais complimenté mon sourire auparavant.”
A shame really.
Bellamy sentait le changement d’atmosphère, il aimait bien la tournure que prenait celle-ci.
“Les gens avec qui tu traînes voient pas clair ?” il souriait toujours, easy smile qui ne voulait pas disparaître. Bellamy avait oublié qu’il avait dit ça, les compliments lui venaient aussi naturellement que ses flots de paroles décousus - il était content que cela ait eu assez d’importance pour A pour qu’il s’en souvienne.
“Je peux t’embrasser cette fois ?” il demanda doucement, comme si à élever la voix, il risquait de voir le brun déguerpir. Il ne voulait pas qu'il parte.
En se rendant ici, Archie avait prévu de faire des découvertes, mais pas du genre gustatives. Visiblement, le plat qu’a cuisiné Bellamy lui plaît et il ne le cache pas tout comme il cache toutes ses autres émotions. « Menteur. » Répond le jeune quand l’autre prétend ne pas apprécier le repas dans lequel il replonge pourtant ses baguettes plusieurs fois, améliorant sa poigne à chaque nouvelle tentative. Il n’avait pas faim puisqu’il avait déjà dîné avant de tourner en rond pendant trois heures dans son énorme baraque mais ce met asiatique lui ouvrait l’appétit pour de nouvelles choses. Il finit par l’abandonner après avoir bien rempli son gosier et croisa simplement les doigts pour ne pas voir taché ses lèvres de rouge.
Il ne pensait pas revoir cette veste qu’il avait abandonnée sur le bord de la route comme un imbécile abandonne son meilleur ami à quatre pattes. Une idée lui traverse l’esprit et il la dit à voix haute, le regrettant rapidement. Pourtant, Bellamy rebondit sur ce souhait qu’il a formulé et lui propose une solution. « Tsais ma grand-mère était couturière. Je peux lui demander de la reprendre. » La sienne aussi partageait cet intérêt pour le tricot et l’art de l’habit en tout genre, mais il se voyait très mal lui demander de retirer la lettre qui composait le prénom de son propre fils. S’humectant les lèvres, Archie hausse les épaules tout en jetant un dernier regard à la veste, laissant son index glisser sur le C en laine duveteuse et, sa réponse, il la marmonne de manière lunatique : « Only if she would like to. » Mais ce sujet le dérange parce qu’il lui rappelle les yeux de son père qui l’épiaient constamment lorsqu’il le regardait jouer avec les autres garçons dans la cours de récréation. Le jour où Archie avait osé lui demander une Barbie pour Noël, il a perdu toute la confiance de Charles, qui est devenu plus austère que jamais.
Il ne veut pas parler de ça et Bellamy respecte son souhait, pour le bonheur de tous. Enfin, Archie peut se détendre à nouveau et il se permet même d’approcher le jeune homme, se posant à une trentaine de centimètres de lui, pour clairement lui montrer ses intentions. Certes, il ne pourra jamais le dire à voix haute ou entamer les rapprochements, mais il peut envoyer des signaux. « Promis j’ai caché personne dans les placards. » Il glousse et pose la question qui lui passe par la tête : « You don't have any roommates ? » Une question qu'il aurait probablement dû poser avant d'arriver ici. Après tout, il habitait dans le genre d’appartement qui s’apprêtait bien au partage puis aux conflits d’intérêt au sujet de la place prise dans la salle de bains ou dans l’armoire de la cuisine. « Pis tu peux regarder, jsuis pas armé. » Il aurait palpé la poche de son hoodie s’il avait le courage de le faire mais, hélas, il se contente de la regarder pour noter qu’elle semble bien vide. « You must be freaking hot. » Il pense à voix haute parce que, lui, seulement vêtu d’un t-shirt, il pourrait se payer le luxe d’aller plonger dans l’océan pour se réveiller un peu. Il faut croire que Bellamy a un meilleur seuil de tolérance ; au bal masqué, il portait aussi un habit pesant et épais duquel il ne se serait pas séparé pour tout l’or du monde.
Puis il en a marre de tourner en rond et c’est une vérité, une rare vérité, qu’il laisse s’échapper de ses lèvres tandis qu’il admet n’avoir jamais reçu un tel compliment. Son sourire, il ne l’avait pas considéré de cette façon avant cette soirée-là. Bellamy l’avait trouvé beau ; les filles qu’il fréquente habituellement ne prennent pas la peine de commenter son apparence physique. Elles ne font que soulever leur jupe pour obtenir ce qu’elles désirent. « Les gens avec qui tu traînes voient pas clair ? » Il esquisse un sourire en baissant les yeux, légèrement embarrassé : « People I hang out with look a lot like me, unfortunately. » Lui-même n’est pas porté à complimenter autrui même s’il a terriblement envie de dire à Bellamy à quel point ses lèvres l’appellent.
« Je peux t’embrasser cette fois ? » La question plane au-dessus de lui comme un gui ou bien une lame. Il sent son cœur battre dans sa poitrine plus que jamais et son souffle, s’extirpant d’entre ses lèvres entrouvertes, est rapide et chaud. Dans son ventre, ses tripes se mettre à bouillir de peur mais aussi d’envie alors qu’il hoche très doucement de la tête en liant ses iris à ceux de Bellamy. Plus de retour en arrière possible : ses pieds sont soudés au sol et il attend avec appréhension, mais surtout avec excitation, le premier contact qu’il ne provoquera pas lui-même.
On ne saurait jamais si on ne demandait pas, et généralement, Jimin ne rechignait jamais à remettre au goût du jour ce qui avait fait son métier pendant des décennies. “I’ll ask her,” dit Bellamy avec un haussement d’épaules.
Et puis les membres de leurs familles furent évincés de la conversation, ce qui n’était pas plus mal parce que maintenant, A était tout proche et Bellamy avait brièvement oublié de respirer.
“You don't have any roommates ?”
“Not yet, but I’m gonna move out soon and then yes, répondit-il avec un grand sourire. Il n’avait jamais été en colocation (si on ne comptait pas les fois où Maria avait squatté sa chambre chez Jimin dans leur adolescence) et l’idée l’enthousiasmait beaucoup. Il avait bien essayé de vivre tout seul ici, mais définitivement, cela ne lui réussissait pas : le silence et la solitude l’angoissaient, il avait besoin de présence humaine en permanence. Hey are you checking that there aren't any witnesses?" demanda-t-il, yeux brillant de malice. A could get away with the murder, no one would stop him, not even Bellamy himself.
“You must be freaking hot.”
Décidément, A faisait une fixette sur sa chaleur corporelle. Le rictus de Bellamy s’étira, il lui était impossible de laisser passer l’opportunité. “I’m freaking hot, pas dans le sens où A l’entendait. You see the hottest planet in the galaxy? pas lui, il ne s’y connaissait pas en astronomie. Yeah I’m hotter,” he rambled, still smirking to A.
Puis son sourire changea en même temps que l’atmosphère devenait plus sérieuse. A faisait des confessions (enfin), Bellamy aurait tué pour grapiller plus d’informations mais apparemment, il devrait se contenter de broutilles. Était-ce vraiment si grave ? Il se disait qu’il finirait bien par en apprendre plus à un moment donné, ça ne l’inquiétait pas trop.
“People I hang out with look a lot like me, unfortunately.”
Bella ne savait pas trop ce que ça voulait dire alors il se contenta d’un “hmm” évasif ; de toute façon, ce n’était plus une vérité générale parce qu’il pouvait maintenant compter Bellamy dans people, or Bellamy n’était pas comme A.
C’était bien ce qui l’attirait chez A, et il aimait plaire alors avoir réussi à faire venir chez lui un mec mystérieux et énigmatique (et même pas out) sans bouger le petit doigt était bien la fierté qu’il garderait pour les semaines à venir. Sauf que c’était autant un problème qu’une satisfaction, parce que si Bellamy n’était pas nerveux à l’idée d’embrasser quelqu’un, c’était la tension visible d’A qui le rendait incertain. Il ne voulait pas faire ce qu’il ne fallait pas, il ne voulait pas non plus effaroucher quelqu’un qui n’était même pas à l’aise avec sa sexualité même si le quelqu’un en question avait donné son feu vert.
Au hochement de tête, Bellamy esquissa un petit sourire qui se voulait rassurant (il devrait peut-être suggérer à A de respirer s’il ne voulait pas faire un malaise) et il brisa les derniers centimètres qui le séparaient du brun. Bellamy lui laissa le temps de se désister vingt fois, iris s’attardant sur les lèvres d’A avant qu’il ne se décide à les effleurer. Et de s’enhardir - sa main glissa à la taille d’A, la seconde remonta doucement le long de son bras pour se déposer dans le creux de son épaule.
Il connait la grand-mère, maintenant. Archie ne sait pas s’il souhaite réellement étendre l’arbre généalogique d’un garçon qu’il a honte d’apprécier. Il préfère l’imaginer comme une variable unique, une personne qui s’abstient de parler de lui à d’autres, un détour emprunté puis rendu. « I’ll ask her. » Mais une tierce personne est aussitôt ajoutée à l’équation et le millionnaire ne peut que se pincer les lèvres en baissant la tête. Avec un peu de chance, Bellamy ne parlera pas de lui mais seulement de la veste qui mérite un relooking.
Ils sont seuls dans cet appartement et cette confirmation a le mérite de rassurer Archie qui, déjà, sent ses membres se tendre à la seule idée d’être ici ce soir. Il aurait pu faire marche arrière trois fois mais il ne l’a pas fait, ayant préféré se laisser porter par sa voiture jusqu’à ce lieu qui, jusqu’à présent, était interdit. « Not yet, but I’m gonna move out soon and then yes. » Peu importe, alors. Avec un peu de chance, ça lui donnera une bonne raison de ne plus jamais revoir Bellamy. La prochaine répartie arrache un rire amusé et nerveux à Archie qui passe sa main dans son cou, geste qui trahit sa gêne. « Not that kind of witnesses. » Il répond du bout des lèvres. « I’m not confident enough to kill you today, maybe next time. » Parce que c’est beaucoup plus facile de jouer à ce jeu de rôle que de se présenter au jeune homme tel qu’il est réellement.
Et, parce qu’il préfère constamment changer de sujet, il commente à nouveau les couches de vêtement de Bellamy, pensant que ce dernier doit mourir de chaleur en dessous de celles-ci. Il ne se rend pas compte que c’est son stress qui fait monter la température de son corps et que, au contraire, l’air ambiant est plutôt confortable. « I’m freaking hot, you see the hottest planet in the galaxy? Yeah I’m hotter. » Une réponse qui fait grimacer Archie alors qu’il secoue la tête de droite à gauche. « Charming and subtle. » Il ne dissimule pas son ton sarcastique, même il l’embrasse. « You sound like you’re sixteen. » Ce n’est pas le genre de discussion qu’il alimente en temps normal. Il fait partie de la cour des grands depuis longtemps et il n’y a plus de place dans son vocabulaire pour les vantardises immatures. Peut-être revit-il une scène manquée de son adolescence. Et c’est peut-être cette idée loufoque qui lui donne envie de s’approcher de celui qui lui rappelle toutes ces années gâchées, lui envoyant volontairement des signaux qu’il capte à la perfection alors qu’il lui demande s’il peut l’embrasser.
Sa réponse n’est pas tout à fait claire mais elle a le mérite d’être comprise par Bellamy qui initie un premier pas en sa direction. Le rythme de sa respiration s’accélère sans surprise et, s’il arrive à l’ignorer au début, il se rend bien rapidement compte que quelque chose cloche. Il pousse leur proximité, ses lèvres entrant en contact avec celles du jeune homme, mais ce n’est pas comme il aurait espéré. Il prolonge l’échange, les yeux clos et les paupières brûlantes, les mains de Bellamy sur lui lui prodiguent des chocs électriques qui lui font plus de mal que de bien, et il oublie de respirer juste assez longtemps pour se couper le souffle et voir les étoiles tourbillonner dans son crâne. À la dernière seconde, juste avant de crever, il se retire en s’excusant, se replie sur lui-même, main sur la poitrine alors qu’il cherche son air, certain de mourir dans les prochaines secondes.
« I can’t breathe. » Il gémit, tremblant du moindre pore, la sueur s’accumulant sur son front. « I can’t breathe ! » Il répète d’une voix plus forte pour alerter Bellamy alors que la crise de panique prend le dessus sur lui et toutes ses pensées à un tel point qu’il imagine qu’il a besoin de se rendre de toute urgence à l’hôpital. Mais, tout ça, c’est dans sa tête. Sa petite prison mentale se referme sur lui-même, toute la honte, tout l’embarras, toute la peur l’étouffent, et il se retrouve rapidement les deux fesses sur le sol, écrasé par son pire ennemi : lui-même.
“Not that kind of witnesses. Bellamy haussa un sourcil. I’m not confident enough to kill you today, maybe next time.”
“Well that’s a relief cause I have a birthday party tomorrow and it’d have been so sad if I’d missed it,” expliqua-t-il avec emphase. A n’avait toujours pas l’air dans son assiette et Bellamy se faisait un devoir quotidien de mettre les gens à l’aise - l’expérience avait prouvé que plus il disait de bêtises, mieux les gens se sentaient.
“Charming and subtle. Deux traits caractéristiques indéniables de Bellamy. You sound like you’re sixteen.”
“You sound like you’re sixty, rétorqua-t-il en roulant des yeux. Come on, smile just a little?” qu’il encouragea, souriant lui-même pour montrer l’exemple.
Il obtint une réaction qui n’était pas exactement celle qu’il attendait, mais celle là était très bien aussi. Embrasser A faisait l’effet d’une victoire après l’avoir attendue aussi longtemps (sans exagérer), sauf qu’A était rigide sous ses doigts et s’il n’appréciait pas un tant soit peu le baiser, Bellamy ne pouvait pas apprécier non plus. Il ne savait pas pourquoi A avait brusquement cru qu’il était prêt à franchir le cap, mais ce n’était vraisemblablement toujours pas le moment. Ils n’auraient qu’à finir le tteokbokki si A voulait rester, Bellamy trouverait bien de quoi meubler le reste de la soirée avec son babillage habituel.
“I can’t breathe.”
“What?” Si Bellamy pensait qu’A mettrait un terme au baiser tout seul (parce qu’il ne pouvait pas ne pas se rendre compte qu’il n’était pas dedans), il n’avait pas pensé qu’il y mettrait un terme comme ça, comme s’il allait vraiment s’effondrer.
“I can’t breathe !”
Bellamy avait bien compris la première fois. “Wh- Why?? Il perdit ses moyens plusieurs secondes, se demandant quelles étaient les chances qu’un homme aussi jeune fasse une crise cardiaque ; il tendit les mains vers A pour le soutenir dans sa descente vers le sol, s’accroupit près de lui dans le même temps. Ok hmm, qu’est-ce qu’on disait dans cette situation - take a deep breath ? Irrelevant. Hold my hand?”
Bellamy lui tendit la main, neurones turbinant à la recherche de ce qu’il fallait dire ou faire pour calmer efficacement A. "Don't die in my living room, I don't wanna go to jail," qu'il tenta en guise de distraction. Si le brun pensait à autre chose, il oublierait peut-être de paniquer.
« Well that’s a relief cause I have a birthday party tomorrow and it’d have been so sad if I’d missed it,» Une réplique qui fait glousser Archie tandis qu’il se contente d’hausser les épaules, l’air détaché. Non, il ne l’interrogera pas davantage au sujet de cette fête, non il ne veut pas apprendre à trop connaître le jeune homme, non il ne veut pas s’attacher. Sa vie en dehors de leurs rencontres doit rester secrète. C’est la seule règle qu’Archie a écrite dans son journal. Il doit avant tout se protéger, puis se laisser tenter par les fantaisies.
Parce que ce ne sont que des fantaisies. Rien de sérieux.
« You sound like you’re sixty » Tant mieux, ça fait de lui un homme plus mature que le gamin devant lui. Leur écart d’âge semble soudainement avoir doublé, et Archie a l’impression d’avoir fait un bond dans le temps pour profiter une deuxième fois de ses jeunes années. Ça lui plaît… Ça lui déplaît autant… Qu’est-ce qu’il fait ici..? Il s’amuse… Oui… Non… Il va le regretter, pas vrai ? Il ne fait pas partie du même monde que Bellamy, c’est un fait. « Come on, smile just a little? » Et, s’il ne savait pas que son sourire plaisait au plus jeune, il ne lui en aurait pas fait cadeau. Alors il laisse ses lèvres se retrousser au niveau de leur commissure, un sourire à la fois confiant et intimidé, tandis qu’il laisse ses yeux dévorer les lèvres de Bellamy en espérant pouvoir les gouter d’une autre manière.
Ce n’est qu’une fantaisie, rien de sérieux.
Mais la fantaisie qui n’est absolument pas sérieuse prend soudainement un autre sens alors qu’un silence s’étale dans l’appartement, les deux garçons séparés par une distance amoindrie. Archie le renierait sans doute : c’était lui qui avait approché Bellamy, et il l’avait fait avec l’esprit clair et allumé. Un baiser suit tout naturellement et, si l’échange s’était entamé avec douceur, il se retrouve rapidement foudroyé par le changement radical dans la posture d’Archie, qui se voit obligé de s’abaisser pour trouver appui au sol. Ses poumons rejettent l’air qu’il respire, sa gorge se serre, ses mains se ramollissent comme ses jambes, la sueur s’accumule sur son front pour noyer son visage rougi par l’affolement. Il n’arrive plus à respirer et croit même frôler la mort trois fois de suite avant d’arriver à verbaliser la crise de panique qui le traverse. « Wh- Why?? » Il ne peut pas lui répondre pour la simple et bonne raison qu’il ne peut pas parler. Aussi, il ne sait pas ce qui lui arrive. C’est la première fois de sa vie qu’il se retrouve ainsi plaqué au sol : il se croyait plus solide que ça. Archie l’implacable, Archie la statue de bronze, Archie l’iceberg qui a fait couler le Titanic.
Paupières closes, il se laisse envahir par la noirceur dans le but de retrouver un semblant de calme, mais la voix du garçon rallume sa frayeur. « No ! » Il crache presque, refusant de le toucher encore une fois – il a conscience que c’est Bellamy et leur proximité qui le plonge dans un tel état. Il a franchi l’interdit ce soir et son corps le puni de s’être laissé tenter par la pomme empoisonnée. « Don't die in my living room, I don't wanna go to jail. » Il inspire, expire, son souffle est bruyant, il préfère se cacher le visage au creux de ses bras qu’il a enroulés autour de ses genoux. Il devient une tortue, se protège du monde, carapace incassable tout comme l’était Archie avant le baiser. Le foutu baiser qui aurait dû rester une fantaisie.
Ainsi protégé, ses yeux laissent enfin des larmes couler sur ses joues. Personne ne peut le voir pleurer, alors il ne pleure pas réellement. « You won’t. » Il inspire, expire. « I’m sorry. » Il inspire, expire. « Can’t do that kind of shit. » Il inspire, expire. « It’s not me. » Il n’est pas malade, lui. Il s’en tirait mieux avant. Il inspire, expire. « It’s not - » … « Your fault I’ve - » … « Made a mistake and - » … « Fuck it. » Qu’il termine de souffler, incapable de terminer de prononcer la phrase (ou plutôt de faire du sens à ses propos qui ne peuvent pas en avoir). « I’d tell you to leave me alone but - » … « Fuck, it’s your fucking house. » Et il n’est pas en état de se lever, encore moins de marcher, encore moins de conduire. Et, un gémissement s’échappe involontairement de ses lèvres, gémissement qui trahit ses pleurs et la tristesse dans laquelle il s’est enfermé. « I’m okay, don’t - » … « Mind it. I’ll - » … « Get over it I just need to - » … « Calm the fuck down. »
@Bellamy Shin ... what do you mean "j'ai été lente" ?
Bellamy n’avait qu’à demander pour obtenir un sourire, cela le remplit immédiatement d’une joie satisfaite et son propre sourire s’étira encore. “Cute,” commenta-t-il sincèrement, presque attendri par l’homme devant lui. Il avait définitivement envie de l’embrasser, et c’était réciproque si l’on en croyait la zone de laquelle les yeux d’A ne semblaient plus pouvoir s’arracher. Bellamy s’humecta délibérément les lèvres, attendit le moment opportun et il se débarrassa de la distance offensante qui les séparait.
S’il y avait bien une chose qu’il n’avait pas prévu, c’était la réaction d’A : c’était bien la première fois que quelqu’un s’effondrait en l’embrassant (certes il faisait de l’effet, mais à ce point ??) et se plaignait en plus de ne plus pouvoir respirer. Pris au dépourvu mais bien décidé à arranger les choses, Bellamy proposa sa main en guise d’ancrage - so A could ground himself or something - il la récupéra comme s’il s’était brûlé lorsqu’A refusa son geste.
Est-ce qu’il avait fait quelque chose de mal ? Ca en avait l’air en tout cas, A semblait le rejeter comme s’il était responsable de la situation et si Bellamy n’était pas certain de savoir ce qu’il avait fait pour causer ça, il était soudainement soucieux d’avoir dépassé une limite tacite. Pour calmer l’anxiété qui se déployait dans son estomac, le danseur opta pour une plaisanterie qui tranchait avec l’inquiétude qui ceignait ses traits, ses iris rivés sur le visage dissimulé de l’autre homme.
“You won’t. I’m sorry. Can’t do that kind of shit. It’s not me. It’s not - Your fault I’ve - Made a mistake and - Fuck it. I’d tell you to leave me alone but - Fuck, it’s your fucking house. I’m okay, don’t - Mind it. I’ll - Get over it I just need to -Calm the fuck down.”
Bellamy n’aimait pas du tout quand les gens pleuraient et chaque mot hoqueté lui pinçait un peu plus le cœur, renforçait le creux soucieux entre ses sourcils froncés et lui donnait envie de juste faire un câlin à A à défaut de pouvoir lui faire changer d’avis sur ce qu’il n’était soi-disant pas. Il se garderait bien de bouger ne serait-ce que le petit doigt des fois qu'il le refasse éclater en sanglots.
“Hey, listen, it’s okay, okay? We don’t have to do anything, I’m just gonna sit (il s’assit en tailleur sur le sol) there and you can chill on the couch, wherever you want actually."
Bellamy passa une main nerveuse dans ses cheveux, ses pupilles s'attardant sur les traits d'A.
"Do you need anything?" demanda-t-il après quelques instants de pause.
Les émotions se fracassent comme des vagues déchainées sur la nuque d’un homme qui ne sait pas comment gérer l’inondation qui lui monte à la tête et s’écoule par ses yeux en grosses larmes chaudes et incontrôlables. Archie est maître de tout ; sauf de lui-même. La proximité avec Bellamy devrait le réconforter, en un sens, parce qu’il n’est pas seul contre cette crise d’angoisse, mais le contraire se produit : il sent son odeur, sa présence, l’énergie qui irradie de lui comme un élément radioactif, et sa poitrine écrase davantage ses poumons suffoquant. Il voudrait le pousser, l’encastrer dans le mur, le dévisager avec ses poings pour le rendre laid et repoussant, mais il ne peut lutter pour survivre.
Il ne veut pas le blâmer parce que même si Archie fait semblant de ne pas voir ses défauts, il les connait parfaitement. Ce n’est pas réellement la faute à Bellamy et ses lèvres s’il souffre autant aujourd’hui. Le problème, c’est lui-même et les murs qu’il a bâtis autour de lui en quinze ans afin de se protéger de ses démons. Le monde change, les esprits s’ouvrent, les normes dévient et se remodèlent et, lui, il reste coincé dans les années 80, où le péché se décrit comme l’acte qu’il vient de commettre. Archie a péché. Archie a déçu ses parents, qui l’ont pourtant élevé avec amour et générosité.
Il tremble, et tout ce qui arrive à dire – plutôt gémir – s’échappe par ses lèvres comme un dernier souffle de vie. Il se bat contre le sol sous ses fesses, les murs qui l’enferment, le plafond qui l’écrase. “Hey, listen, it’s okay, okay? We don’t have to do anything, I’m just gonna sit there and you can chill on the couch, wherever you want actually." Mais c’est bien le problème, Bellamy. Il ne veut pas de ton canapé ou de ton hospitalité. Il veut cesser de souffrir.
Il se trouve là, trop près d’une bombe à retardement qui ne sait plus qui blâmer. Archie a l’impression qu’une dizaine de mains le palpent, le dénudent, lui pétrissent la peau là où il ne veut pas être touché. Les ecchymoses sont mentales, mais elles sont bien là. "Do you need anything?" Parce qu’il a appris à se débrouiller seul toute sa vie, Archie secoue la tête à la négative par réflexe. Il s’agit là d’un geste machinal qu’il n’a pas eu le temps de penser avant qu’il ne se produise, comme si la question de Bellamy avait appuyé sur un bouton qui actionne toujours la même réaction. Mais il se reprend, réalisant soudainement qu’il ne peut pas se languir sur le sol de l’appartement d’un homme qui n’a rien demandé. Il voulait passer du bon temps, Archie aussi, mais les deux planètes sont entrées en collision et ont fait plus de dégâts que nécessaire. « I’ll survive. » Qu’il couine, toujours renfermé sur lui-même, le visage honteux caché au creux de ses bras. « They’re gonna kill me. They didn’t raise me like that. I’m a fucking traitor. » Des mots murmurés pour lui-même, à la fois pour se punir, à la fois pour énoncer la vérité à voix haute. « I never asked to be like that. » Encore une fois, les paroles ne cherchent pas à pointer du doigt ceux qui acceptent leur différence. C’est le combat d’Archie, pas celui de Bellamy ou des autres garçons qui peuvent tomber en amour avec des garçons. « I fucking hate me. And I fucking hate them for making me feel like shit. » Des confessions difficiles qu’il regrettera par la suite. Un court silence suit et, comme s’il se rappelait la présence d’un homme qui peut le comprendre plus que ses propres parents, il relève le nez pour regarder Bellamy de ses yeux gonflés de rouge et de larmes. « How do you do it ? How do you deal with the consequences of your choices ? »
Bellamy avait des plans pour la soirée, désormais il n’en avait plus aucun : l’urgence était à faire cesser les larmes et l’affolement, puis il devrait peut-être commencer à prévoir ce qu’il allait dire si une discussion sérieuse avait lieu - ce qui était probablement conseillé vu la manière dont tournait chacune de leurs entrevues, mais ce dont Bellamy n’avait aucune envie. Il n’était pas tellement pour la communication émotionnelle sincère, cela impliquait des risques mais aussi la prise en compte de ses propres émotions, deux choses qu’il s’arrangeait pour esquiver habilement le reste du temps.
Bellamy pensait connaître le problème d’A et la cause de ses rebuffades, il n’était juste pas sûr d’en mesurer l’ampleur. A voir l’autre homme ramassé sur lui-même sur le sol de son salon, il lui semblait brusquement se rendre compte que c’était grave. Bellamy n’avait jamais prétendu être le héro qui aidait les autres à s’accepter tels qu’ils étaient - il pouvait le faire, encourager les autres était une des choses pour lesquelles il était le meilleur, mais sortir A de l’impasse dans laquelle il s'était coincé tout seul ? Bellamy ne savait pas s’il en avait la carrure ni même l’envie - tout ce qu’il voulait, c’était passer la soirée avec le type charmant qui lui avait tapé dans l'œil, pas jouer les sauveteurs. Il le ferait cependant, parce que voir quelqu’un au plus bas lui crevait le cœur et qu’il s’était mis à apprécier A à force de le croiser. Il ne saurait pas l’expliquer, il avait envie de le voir sourire.
“I’ll survive, Bellamy ne voyait pas le visage d’A, il n’aimait pas ça. S’il n’était pas le meilleur pour déchiffrer les expressions des gens, il ne cracherait pas sur l’opportunité d’essayer de lire sur les traits de A ce qui traversait son esprit. They’re gonna kill me. They didn’t raise me like that. I’m a fucking traitor.”
S’ils n’avaient pas été que tous les deux dans la pièce, Bellamy aurait pensé que ces mots ne lui étaient pas adressés, qu’il n’aurait pas dû les entendre et qu'il aurait dû se détourner pudiquement pour ne pas s'immiscer. Il savait qu’il en était le destinataire et pourtant il avait quand même l’impression d’avoir raté un bout de la conversation. Il lui manquait beaucoup d’informations : qui était they, pourquoi seraient-ils en colère, en quoi venir chez lui constituerait une trahison à quiconque.
“You didn’t do anything,” fit-il savoir doucement. Rien sur l’échelle des possibles : un chaste baiser, le premier alors qu’ils s'étaient déjà tournés autour plusieurs fois par le passé.
“I never asked to be like that,” Bellamy haussa les sourcils, légèrement incliné vers l’avant là où il était toujours assis en tailleur, à distance respectueuse d’A et ses états d’âme.
Techniquement, Bellamy n’était pas certain de ce dont parlait A. Dans les faits, il se doutait bien que son blocage résidait dans le fait que le danseur n’était pas une danseuse et il n’y pouvait donc pas grand chose. Bellamy aimait quand le flirt tournait en jeu du chat et de la souris, mais il manquait rapidement d’intérêt quand cela s’éternisait, aussi fuyait-il habituellement les hommes incertains quant à leur sexualité parce qu’il n’avait pas la patience de s’improviser guide spirituel. Il avait fait une entorse à ses habitudes avec A, à ses dépends parce qu’il ne lui restait désormais plus qu’à s’entendre dénigrer pour ce qu’il était par quelqu’un qui n’acceptait pas de ne pas rentrer dans le moule sociétal.
“That’s usually not something you choose, remarqua-t-il, un peu plus sèchement. Il voyait bien qu’A ne cherchait pas à l’offenser, il ne l’était même pas vraiment (ce n’était pas comme si l’avis des gens le heurtait beaucoup,) mais ce n’était pas la première remarque du genre et le plus tôt A arrêterait de voir le spectre queer comme une tare, le plus tôt il cesserait de se flageller. You know, if it was on me, I wouldn’t like men either, we’re like, assholes?” reprit-il dans l'espoir de détendre l'atmosphère, cf le fin sourire qu'il esquissa pour l'occasion.
“I fucking hate me. And I fucking hate them for making me feel like shit.”
Définitivement un problème pour un psy et pas pour Bellamy qui grimaça légèrement, bien incapable de trouver quoi répondre à ça. Il ne se laissa pas le temps d’y réfléchir, sachant d’avance que rien de pertinent ne viendrait qu’il attende une seconde ou une heure, aussi laissa-t-il les mots sortir sans essayer de les impacter :
“I don’t hate you,” cela ne serait certainement pas très réconfortant pour A mais Bellamy n’avait rien de mieux pour le rassurer.
Et enfin, A le regardait. Bellamy s’en sentit beaucoup mieux, il esquissa un sourire.
“How do you do it ? How do you deal with the consequences of your choices ?”
C’était une question surprenante qui fit disparaître le sourire récemment apparu lorsque Bellamy y réfléchit. Il ne savait pas trop ce qu’A voulait entendre or il tentait souvent de dire exactement ce que les gens attendaient de lui -
“They don’t have consequences, dit-il. Aborder le sujet avec sa grand-mère n’avait pas été une partie de plaisir mais elle l’avait accepté, quant aux autres, Bellamy s’était assuré de s’entourer d’ami.e.s qui recevraient l’information avec autant de surprise que s’il leur avait annoncé que sa couleur préférée était le rose. It’s just you liking someone who happens to be a man, it’s not like you’re actively thinking or murdering someone or something, 67 pays dans lesquels l’homosexualité était criminalisée et pourtant pas l’ombre d’un acte répréhensible dans le fait d’être attiré par quelqu’un du même genre. It’s no one’s business what you do and who you like, if they aren't happy with it, fuck them.” Ce n’était pas normal de pousser quelqu’un à se haïr et encore moins pour son orientation sexuelle, ça l’était encore moins si les personnes en question étaient sa famille comme ça semblait être le cas.
“You didn’t do anything,” Au contraire. Il s’est empêché de faire quelque chose pendant toutes ces années mais il l’a enfin faite aujourd’hui. Embrasser un garçon n’était pas dans ses plans et, pourtant, il est celui qui a décidé de déchirer le règlement, de se rendre chez Bellamy en sachant pertinemment ce qu’il y ferait. Il ne peut pas blâmer les circonstances, l’alcool, un moment d’égarement : il a volontairement mis le pied dans cet appartement, a piqué quelques trucs dans l’assiette du jeune homme, a survolé son salon comme un albatros, s’est approché de lui, a déchiré le pansement. Le pire dans toute cette histoire, c’est qu’il a apprécié le contact de ses lèvres contre les siennes et l’absence d’estrogène dans l’échange. Il a adoré ses cheveux courts dont la pointe a caressé son front, ainsi que l’odeur qu’il transporte sur sa peau. Mais il n’a jamais demandé à aimer cette combinaison qu’il devrait rejeter du revers de la main, du poing, même. Il sait comment se défendre contre toute sorte d’adversaires ; mais il a négligé de maintenir sa garde devant sa propre ombre et ses propres envies. “That’s usually not something you choose, ” Les préjugés sont malheureusement bien ancrés au fond de son éducation. Il ne connait pas le vrai portrait de la communauté qu’il est obligé de détester mais de laquelle il fait partie ; seulement les mensonges qui les entourent et qui, aussi, l’entourent lui. Son père ne lui pardonnerait jamais de s’afficher tel que ceux qu’il passe sa vie à insulter par le biais de ses propos conservateurs. Parfois, il ne se rend même plus compte de la gravité des choses qu’il dit tellement la haine lui est devenue familière. Selon lui, il n'est pas question de gènes ou de génomes, mais de choix. Son idée est faite. “ You know, if it was on me, I wouldn’t like men either, we’re like, assholes?” Sa tentative d’alléger l’atmosphère ne fonctionne pas vraiment. Rien ne perce la coquille solide qui s’est bâtie autour de celui qui a perdu le contrôle de ses membres et de ses pensées. Tels des cailloux qui rebondissent sur le pare-brise d’une voiture, les mots de Bellamy effleurent à peine le cœur affolé d’Archie. “I don’t hate you,” « You should. » Qu’il le coupe, pris d’un élan, du besoin de s’enfoncer sous terre plus qu’il ne l’est déjà comme s’il préférait qu’on l’insulte plutôt qu’il ne s’insulte lui-même. « If you’d approached me a year ago at the bar, I probably would have broken your nose. I hurt people because I can’t accept being like them. I’m the asshole you are talking about. » Une sorte de jalousie dont il n’a jamais compris la source. C’était comme s’il enviait ceux qui arrivaient à se montrer en plein jour sans contrainte. Mais il n’est pas le seul à mener un tel combat, et certains s’en sont sorti en faisant des sacrifices, bien plus qu’il n’en ferait, ce qu’il ne réalise pas.
“They don’t have consequences. It’s just you liking someone who happens to be a man, it’s not like you’re actively thinking or murdering someone or something, ” Son père préférerait apprendre qu’Archie a renversé une personne sur la route plutôt que de le savoir homosexuel. Ses priorités sont ailleurs. “It’s no one’s business what you do and who you like, if they aren't happy with it, fuck them.” Il laisse un silence d’imposer de lui-même alors que ses yeux ne lâchent pas ceux de Bellamy. Il entrouvre les lèvres, hésite, mais le fait quand même : « Would you say the same if those people who aren’t happy about with it were your own parents ? Your dad, who thinks the world of you ? » Il ponctue sa phrase d’un tressaillement honteux, reprend d’une voix plus cassée : « Would you say the same if you could lose them, and lose everything you love at the same time ? All that for a stupid crush on a boy. » Il secoue la tête de gauche à droite, comme s’il souhaitait répondre à sa place : « No. I gotta be the big brother. They count on me. I can’t shut the door in their face like they don’t matter anymore. » Il reprend contenance, juste assez pour retrouver ses esprits et lâcher : « I can’t be here. This idea was stupid. I’m sorry I ruined your evening. »