just when you think you are safe and secure

@greta moore

Pense à l’argent, pense à l’argent. C’était la seule motivation qui permettait à Otto de mettre un pied devant l’autre sans intercaler un soupire à chaque fois qu’il effectuait ce mouvement. Il n’en avait que trop rien à faire de cette minette qui avait besoin d’un homme fort et vaillant à ses côtés pour se déplacer sur le bateau. Tout le monde était dans le même merdier désormais, étant donné que les monstres et les malédictions avaient décidé de se déchainer sur le navire. Otto ne croyait pas trop aux mots du capitaine, mais là n’était pas la question: il allait gagner une bonne somme juste à escorter une donzelle en détresse d’un premier point à un second, et il ne voyait rien qui l’empêcherait d’accepter ce type de transaction.

Alors, après avoir échangé une poignée de mains bien solide avec un homme qu’il ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam encore une heure plus tôt, l’italien s’était rendu aux cabines des passagers - mais pas de celles qu’ils fréquentait lui depuis son arrivée là, bien malheureusement pour lui. Il arriva devant la porte indiquée, frappa trois coups secs contre le bois, avant d’ouvrir cette dernière sans même attendre d’y être invité. Il ne croyait toujours pas aux dires du capitaine, mais il avait compris qu’il aurait plus rapidement sa récompense s’il se dépêchait d’effectuer sa mission. « Greta ? » Il n’était pas l’homme le plus poli de cette planète, ni des sept mers désormais, alors il se passa de l’idée de garder le nom de famille accroché au prénom de la demoiselle. « J’ai vu avec votre père et je dois vous aider à rejoindre, euh… Votre mari, c’est ça ? De l’autre côté du bateau. A l’abris. » De ce qu’il avait retenu. Parce-que les détails n’étaient pas son fort, son fort c’était d’obtenir de l’argent. Oh, le métier d’Otto, de base ? Flic. Cette espèce de brindille déambulant avec les yeux écarquillés tout le temps était supposé être un flic presque en vacances mais qui avait décidé d’utiliser ses dernières à bon escient; lire ici qu’il avait compris qu’un mélange des classes sociales alors que ces dernières ne pouvaient pas échapper aux autres personnes présentes était un bon moyen de jouer à Robin des Bois mais pour lui-même et personne d’autre. Les fins de mois étaient difficiles, que voulez-vous.

La compagnie de ses parents aurait été un fardeau s’ils avaient daigné sortir de leur cabine pour l’accompagner dans ses moindres mouvements. A l’annonce de cette croisière, Greta avait senti son âme se fendre tant l’idée lui déplaisait. Elle avait donc convié Owen, son mari, et ce qu’il restait de leur mariage après qu’il ait lui aussi découvert que sa femme n’était peut être pas totalement fidèle. Il l’avait aperçu avec le pire ennemi de ses parents mais avait choisi de garder le silence, par amour ou pour avoir quelque chose pour la faire chanter, Greta n’en était pas très sûre. Pour vaincre ce doute, elle l’avait convié à se joindre à la jolie petite famille Sighbury qui lui avait offert le billet, après ça, se disait-elle, plus aucun risque qu’il ne dévoile ses méfaits. Alors que Greta avait déjà combattu le danger seule à maintes reprises, son père l’avait finalement vu revenir avec une robe en hayons et les cheveux en bataille et avait décidé qu’il fallait agir. Et par agir, il n’entendait pas la ramener jusqu’à son bien aimé, non, plutôt embaucher le premier venu pour faire ce travail à sa place.

« Greta ? » Un inconnu avait donc frappé à la porte sans juger utile d’attendre une quelconque réponse pour rentrer. Heureusement, papa Sighbury avait au moins eu la gentillesse de prévenir sa fille de ce qui allait se passer. « J’ai vu avec votre père et je dois vous aider à rejoindre, euh… Votre mari, c’est ça ? De l’autre côté du bateau. A l’abris. » « Oui, c’est moi, et c’est bien ça. »  Que pouvait-elle dire de plus ? La mine déconfite du garçon ne suffisait pas à masquer ce qu’elle avait vu de suite : un potentiel pour un nouveau flirt extra-conjugal. Mais elle se souvenait d’Owen dans la cuisine, sa façon de s’inquiéter pour elle, et alors que les flots menaçaient de les emporter, c’était finalement avec lui qu’elle souhaitait être. Non pas avec … Mais il ne s’était même pas présenté, le bougre. « Je peux connaître votre nom, au moins ? » Alors qu’il l’entraînait déjà vers le point de rencontre, Greta était surprise par les itinéraires empruntés, calmes, à l’abri du chaos. Ce côté rassurant lui donnait envie de discuter et de s’accrocher à une parenthèse au milieu du désastre. « Comment connaissez-vous ces passages ? » avait-elle demandé sans être sûre de vouloir connaître la réponse. L’homme la traînait à bout de bras dans les dédales du navire et Greta devait agiter les mains devant son visage pour se défaire de la fumée de la salle des machines. Ses yeux de gosse de riches n’étaient pas habitués à voir les coulisses de ses moyens de transport.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

« Oui, c’est moi, et c’est bien ça. » L’étonnement qui se fit ressentir par Otto ne fut cependant pas perceptible sur son visage. En réalité, il ne s’attendait pas à ce que la jeune femme se plie aussi facilement à l’idée qui avait été imposée par le père de cette dernière - mais après tout, si elle avait besoin de quelqu’un pour l’escorter, il ne savait pas pourquoi il était si étonné finalement. « Je peux connaître votre nom, au moins ? » Un fin sourire fut esquissé sur le visage de l’italien. « Ottavio. Mais tout le monde m’appelle Otto, alors Otto pour  vous aussi. » Son vrai prénom était une relique de ses jeunes années, oublié depuis bien du temps désormais. C’était l’accroche que ses parents lui avaient donné - celle dont il s’était débarrassé le plus rapidement possible dès qu’il avait eu les moyens de le faire.

D’un geste de la main et du menton, Otto finit par désigner le couloir à la jeune femme; ni lui ni elle n’avait du temps à perdre dans des futilités de la sorte, s’ils voulaient gagner du temps sur les festivités prochaines - ces dernières ne s’annonçaient apparement pas des plus réjouissantes.

Le calme et le silence furent de mise pendant les premières minutes de balade, et Otto n’étant pas d’un naturel très bavard lorsque cela ne pouvait pas lui apporter quelque-chose d’important derrière, ce ne fut pas lui qui rompit le silence. « Comment connaissez-vous ces passages ? » L’italien dut retenir un petit rire. « Je vous aurais bien donné la vraie raison, mais ni moi ni votre père ne voudrions que vous ayez ce genre d’information en tête. » Parce-que son père la voyait surement comme une petite chose fragile à protéger, et que le métier qu’exerçait normalement Otto ne devait pas être mentionné sous aucun prétexte. Sa couverture devait rester intacte, même si le monde autour d’eux s’écroulait. « Disons que j’ai étudié le terrain pour ne pas me laisser surprendre. » Ce qu’il n’avait pas étudié par contre, ce fut l’arrivée dans leur direction d’autres passagers - et étant donné qu’ils ne pouvaient pas faire confiance à qui que ce soit…

« Changement de plan. » Et sans attendre son reste, il poussa Greta dans la première ouverture qu’une porte pouvait leur offrir, se retrouvant dans une pièce bien plus exiguë qu’il ne l’avait anticipé - il n’avait pas réellement étudié tout le terrain, à dire vrai.

Bien sûr, elle aurait du s’inquiéter. Bien sûr, elle aurait du s’assurer qu’il était bien celui qu’il prétendait. Un mot de passe, une description, son père avait toutes les cartes en main pour permettre à sa fille de partir avec la bonne personne et d’éviter de se retrouver aux mains d’une personne possédée, tout était envisageable. Pourtant, la situation ne laissait plus vraiment de place aux réflexions et Greta n’était pas connue pour être la plus sensée des femmes. Ni même celle qui réfléchissait le plus. Dans ce tourbillon infernale, la blonde se laissait volontiers guidé par quiconque lui tendait la main. « Ottavio. Mais tout le monde m’appelle Otto, alors Otto pour  vous aussi. » Ottavio, Otto, donc. Greta s’imaginait que quiconque serait possédé ou emprunt de mauvaises intentions ne se chercherait pas d’origines italiennes. L’homme ne lui laissait de toute façon aucune place pour le doute, l’entraînant aussitôt dans les entrailles du bateau. « Je vous aurais bien donné la vraie raison, mais ni moi ni votre père ne voudrions que vous ayez ce genre d’information en tête. » Il fallait qu’elle pose la question, malgré tout, même si elle estimait que son géniteur devait normalement être quelqu’un de confiance et n’aurait donc pas engagé n’importe qui. La réponse ne la rassurait pas du tout, elle avait hâte de retrouver Owen. « Disons que j’ai étudié le terrain pour ne pas me laisser surprendre. » Elle avait acquiescé doucement en continuant à le suivre comme une enfant le ferait avec son papa. Après tout, mourir tuée par un homme séduisant était plus réjouissant que de l’être dévorée par des monstres indescriptibles. « Changement de plan. ».  Greta n’avait même pas eu le temps de songer à estimer si l’italien pouvait être une énième aventure extra-conjugale qu’il l’avait déjà embarqué dans une course infernale. Elle s’était terminée dans une pièce bien trop petite pour que deux personnes s’y sentent à l’aise. Je pensais pouvoir vous faire confiance, Otto. J’ai l’impression que nous sommes coincés… Les eaux allaient bientôt monter et ouvrir la porte les mettaient en danger : si un bunyip était en face, le repli serait difficile dans une pareille pièce. « Un passage ! Qu’en pensez-vous, était-il présent dans vos études ? » Finalement, dans la fatalité, Greta avait réuni assez de bon sens pour réaliser qu’une fine brèche se dessinait derrière Otto. Elle l’avait annoncé d’un ton enjoué, ravie de réaliser qu’elle n’avait pas profité de la proximité avec lui pour, encore une fois, s’adonner à des activités peu convenables sur un bateau en péril.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

Ce n’était pas tant qu’il croyait aux dires du capitaine - puisque ce n’était pas du tout le cas -, mais plutôt qu’il connaissait les gens et l’espèce humaine en général. Et il n’y avait aucune conclusion positive à tirer de la situation qu’ils avaient sous les yeux: quand la panique prenait part à la fête, toute personne pouvait à tout moment perdre la tête même sans malédiction qui trainait dans le coin.

Et Otto, lui désirait récupérer la seconde partie de la somme qui lu avait été promise pour le job - et pour se faire, il se devait de protéger la petite princesse. Alors, pas question de croiser qui que ce soit dans les couloirs sans pouvoir vérifier s’ils n’étaient pas pris d’une folle envie de les étrangler à cause de la panique ambiante. « Je pensais pouvoir vous faire confiance, Otto. J’ai l’impression que nous sommes coincés… » Il grogna légèrement. Effectivement, l’endroit où il les avait propulsé n’était pas des plus adaptés pour s’échapper. Le regard de l’italien parcouru le peu de surface disponible; il ne connaissait pas tous les placards que les plans du bateau pouvaient offrir, il était vrai, et cela n’était pas pour l’arranger. « On a qu’à attendre que les personnes soient reparties… » Mais tendre l’oreille ne suffirait pas, il faudrait sortir de ce placard à balais. Et en sortir, c’était risquer de se faire allumer par des fous furieux. Il grogna de nouveau.

« Un passage ! Qu’en pensez-vous, était-il présent dans vos études ? » La voix de la jeune femme se fit de nouveau entendre et Otto se tourna vers ce qu’elle désignait. D’où il se trouait, il n’aurait pu voir le fin passage qui se dessinait. « Je sais qu’il existe beaucoup de passages qui contournent les pièces principales du bateau. » Il fit quelques pas pour s’approcher de l’endroit en question. « Mais ils sont pas indiqués sur les plans d’origine, ils sont souvent des petits secrets transmis entre membres de l’équipage ou seulement de capitaine à capitaine. » Après avoir jeté un nouveau coup d’oeil du côté de ce nouveau passage - pour voir si quelqu’un ne s’y trouvait pas -, il se tourna de nouveau vers Greta. « On peut y aller. »

Les choses étaient allées très vite. Entre le moment où ses parents avaient évoqué la croisière et l’obligation pour elle de les suivre jusqu’à ce chaos, le temps semblait avoir été accéléré. Greta se demandait comment elle était passée de la joyeuse embarcation qui s’était passée dans la bonne humeur avec un personnel accueillant à écouter le discours d’un capitaine qui leur annonçait une mort certaine. « On a qu’à attendre que les personnes soient reparties… » Elle avait acquiescé mais avait finalement trouvé une issue. Son père n’avait peut-être pas jugé utile de s’assurer que la personne qu’il avait choisie avait tout ce qu’il fallait pour endosser le rôle. Greta n’était plus très sure qu’elle reverrait son mari un jour et toisait Otto en tentant de juger s’il serait quelqu’un avec qui il serait acceptable de vivre ses dernières heures. En plein doute, elle avait indiqué le passage à l’italien qui pour sa défense ne pouvait la voir en étant dos à elle. « Je sais qu’il existe beaucoup de passages qui contournent les pièces principales du bateau. » Il semblait lui encore capable de réfléchir et s’assurait que le chemin soit viable. « Mais ils sont pas indiqués sur les plans d’origine, ils sont souvent des petits secrets transmis entre membres de l’équipage ou seulement de capitaine à capitaine. »
« Je pensais que vous deviez me guider, pas l’inverse… » Le regard noir de l’italien qui avait suivi lui avait fait instantanément regretter la remarque. Il était difficile de garder son calme et de réfléchir assez pour savoir ce qu’il convenait de dire ou de faire. Rien ne paraissait plus avoir de sens et Greta avait oublié la politesse et la contenance qui la décrivaient normalement. « Excusez-moi, Otto. » avait-elle rajouté en baissant les yeux comme une enfant après une bêtise. Finalement, le regard d’Otto suffirait peut-être à éloigner les monstres et si elle ne se sentait pas suffisamment en sécurité avant, le sentiment commençait à s’amplifier. « On peut y aller. » Alors elle l’avait suivi et ils s’étaient faufilés en se baissant légèrement pour parcourir les dédales des entrailles du bateau. Greta ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer qu’encore une fois, la rencontre avec un monstre ou une âme possédée dans un tel agencement les mettraient extrêmement en danger. « C’est votre boulot, tout ça ? Vous êtes une sorte de garde du corps ? » Il ne fallait pas poser de questions mais quitte à mourir à ses côtés, autant connaître un peu plus que son prénom.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

« Je pensais que vous deviez me guider, pas l’inverse… » Oh, qu’importe le contrat qu’il avait établi avec le père de la jeune femme, aux mots qu’elle venait de lui adresser il ne se gêna pas pour lui lancer un regard noir. Il ne manquerait plus qu’elle se mette à se moquer de lui, qui plus était - pour qui se prenait-elle, au juste ? Ce simple geste de la part d’Otto dut cependant lui faire comprendre clairement le fond de sa pensée, car désormais, Greta baissait le regard et semblait autant mal à l’aise qu’il était possible de l’être. « Excusez-moi, Otto. » - « Mon but est de vous ramener auprès de votre mari saine et sauve. » Et il comptait accomplir sa mission jusqu’au bout. Mais il précisait de nouveau quel était l’enjeu à la jeune femme pour qu’elle comprenne la différence sous-entendue: il n’était pas là pour jouer les baby-sitter avec elle, mais pour la garder en vie. S’il fallait qu’il la traine par les cheveux pour que cela soit réalisable, il le ferait. Bien sur qu’il l’accompagnerait, mais disons que c’était là bien plus compliqué que cela.

Finalement, après un dernier coup d’oeil dans l’étroit chemin qui s’offrait désormais à eux depuis le maigre placard à balais, il considéra qu’ils pouvaient s’y engouffrer - c’était toujours moins dangereux d’aller dans ce sens là que de ressortir par la porte qui les avait avalés à cette allure là. Otto restait en tête de leur petit groupe, formé uniquement de eux deux, se méfiant du moindre bruit qui pouvait se faire entendre. « C’est votre boulot, tout ça ? Vous êtes une sorte de garde du corps ? » Et pour ce faire, il aurait préféré le silence total autour d’eux. Il retint un soupire lassé, se pinça les lèvres un instant, avant de lever les yeux au ciel - continuant toujours d’avancer, en tête du troupeau, si bien que Greta ne pouvait voir sa réaction désespérée. « Je suis pas garde du corps, non. » Le propre père de la jeune femme ne connaissait pas réellement le métier d’Otto, puisque ce dernier s’était présenté justement comme un garde du corps lorsqu’il avait compris qu’il pourrait tirer quelque-chose de cette situation. « Si je vous dis la vérité, seriez-vous capable de tenir votre langue ? » Existait-il beaucoup de personnes qui seraient prêtes à croire les paroles de la blonde, une fois qu’ils seraient tous les deux hors de danger, si elle relevait la vérité de toutes façons ? « Je suis flic. Sous couverture le temps de la croisière. » Et voilà où cela le menait, d’accepter les missions dont personne ne voulait: au coeur de la tempête, alors que bien des passagers étaient déjà passés par dessus bord. « Donc maintenant que vous avez cette information, si vous la gardez pas pour vous, je vous donne à nourrir à ces fameux monstres dont tout le monde parle. » Et pour souligner le côté sérieux de sa dernière phrase - et pour ajouter un petit côté dramatique, également -, il s’était arrêté et retourné pour faire faec à Greta, plonger son regard azur dans le sien, tel un miroir.

Greta n’avait aucune idée de où pouvait se trouver son mari. Owen ne lui avait pas donné d’indications à elle, sa femme, mais semblait avoir jugé utile de prévenir son père de l’endroit où il s’était rendu. Du moins, c’est ce qu’elle espérait en se retrouvant aux côtés de l’inconnu qui l’escortait.  « Je suis pas garde du corps, non. »  La jeune femme regrettait à présent de l’avoir suivi rapidement et de ne pas avoir posé les questions avant de quitter sa cabine. Bien sûr, elle n’aurait peut-être pas eu de réponses mais aurait au moins pu réaliser à quel point il était froid mais surtout extrêmement inquiétant. « Si je vous dis la vérité, seriez-vous capable de tenir votre langue ? » Elle avait acquiescé, soudainement inquiète qu’il lui révèle être un tueur en série. « Je suis flic. Sous couverture le temps de la croisière. » Le soulagement se lisait sur son visage, elle avait songé un instant que son père voulait se débarrasser d’elle pour faire hériter seulement son fils.  « Donc maintenant que vous avez cette information, si vous la gardez pas pour vous, je vous donne à nourrir à ces fameux monstres dont tout le monde parle. » Greta espérait que cette attitude était dû à sa remarque sur son travail et que cela ne le qualifiait pas entièrement mais elle allait bientôt se rendre compte que le comportement du fameux Otto n’allait pas s’améliorer. « Vous n’avez pas besoin d’être aussi sinistre… » avait-elle répondu avec un ton qui ne dissimulait pas son agacement. Il avait répondu à sa question mais semblait oublier que le job de flic consistait également parfois à aider son prochain, ce qui devait lui paraître difficile pour lui si l’on considérait son ton moribond.  « J’ai bien compris que vous n’aviez pas envie de parler, mais regardez autour de vous. Quitter ce monde avec une telle mauvaise humeur serait dommage. » Greta savait bien que cela n’était pas à mettre sur le compte de la mauvaise humeur et que le garçon se définissait probablement par ce côté sombre, froid et mystérieux. De son côté, ce n’était pas avec ce genre de caractère que Greta s’entendait et le malaise qui régnait entre eux n’était pas amoindri en sachant qu’Otto était là uniquement pour accomplir un travail.  « Si vous êtes flic, j’aurais encore besoin de vos services pour nous débarrasser d’un voleur. Si on s’en sort, bien sûr. » Plus le bâteau sombrait vers la folie plus Greta prenait un air détaché face à ce qui ressemblait à l’apocalypse. Elle suivait Otto dans les entrailles du bâteau et s’imaginait qu’elle amènerait Otto à Ambrose le voleur pour qu’il soit puni et surtout elle souhaitait retrouver son collier.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

« Vous n’avez pas besoin d’être aussi sinistre… » Il ricana légèrement entre ses dents. « Je sais, c’est gratuit ça. » C’était surtout sa façon à lui d’être de façon générale. Si Greta l’avait pris pour une jeune homme prêt à donner un coup de main à la veuve et l’orphelin lorsqu’elle l’avait vu arriver, cela allait vite remettre ses fausses-idées sur l’italien en place. L’agacement se faisait entendre dans le ton qu’elle avait employé, mais il n’en avait que faire, Otto. Il était là pour l’argent, et donc pour mener à bien sa mission; la façon dont il s’y prenait ne le regardait que lui et ce n’était pas une pleurnicharde comme la blonde à ses côtés qui avait changer quelque-chose. « J’ai bien compris que vous n’aviez pas envie de parler, mais regardez autour de vous. Quitter ce monde avec une telle mauvaise humeur serait dommage. » Il leva les yeux au ciel, mais elle ne put s’en apercevoir. « Je suis arrivé dans ce monde comme ça, je le quitterai comme ça. Mais je le quitterai pas maintenant, ça c’est sur. » Oh, il n’avait aucune intention de mourir aujourd’hui.

« Si vous êtes flic, j’aurais encore besoin de vos services pour nous débarrasser d’un voleur. Si on s’en sort, bien sûr. » - « Un voleur ? » Qui n’était pas lui, donc, sinon Greta n’aurait pas avancé la situation de la sorte. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Parce-qu’effectivement, il était flic et pourrait être utile face à une situation où un voleur était impliqué. Pas qu’il en ait particulièrement envie, pas qu’il était particulièrement droit dans ses bottes - loin de là -, mais si elle lui rendait la suite de leur escapade commune moins pénible peut-être qu’il envisagerait de lui prêter main forte. « Sachez juste que j’ai aucun juridiction sur le bateau, étant donné que nous sommes tous sous les ordres du capitaine. Mais une fois le pied à terre - parce-qu’on va s’en sortir -, je pourrais reprendre mes habitudes de flic oui. »

« Je suis arrivé dans ce monde comme ça, je le quitterai comme ça. Mais je le quitterai pas maintenant, ça c’est sur. » Depuis que les choses s’étaient envenimés, les passagers fonctionnaient tous dans la plus totale des anarchies et, surtout, ils agissaient seuls. L’union ne faisait pas la force sur le bâteau et Greta était pourtant persuadé que s’ils s’y mettaient à plusieurs alors ils réussiraient peut-être plus facilement à mettre la main sur le crâne qui leur sauverait la vie. A force cependant de ne croiser que des personnages étranges et bien peu désireux de collaborer, Greta se demandait si elle ne ferait pas mieux de se débrouiller seule elle aussi. Mais il en était ainsi, son père lui avait trouvé une escorte et après cela c’est avec Owen qu’elle partagerait la mission. C’était une femme, une blonde qui ne comptait que sur l’argent alors personne ne devait réellement compter sur elle pour s’en sortir, au contraire, ils se fichaient d’elle ou au mieux ils tentaient de la protéger. Otto était évidemment animé par l’argent et son ton était tout aussi froid et distant que toutes les autres personnes qu’elle avait croisé, soit elle procurait cet effet, soit toutes les personnes agréables du bâteau étaient toutes déjà mortes. Alors elle se rattrapait à l’idée d’un futur en dehors de la Navelle, un futur où ceux qui l’ont bafoué seraient punis s’ils survivaient. En commençant par Ambrose, avec l’aide d’Otto, et s’il acceptait, peut-être qu’elle expliquerait à son père qu’il avait bien fait le travail pour lui éviter de ne le perdre par un simple appel de sa part. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » « J’ai trouvé un individu dans mon armoire, il m’a volé un collier très précieux. J’ai tenté de lui reprendre, sans succès. » avait-elle raconté en se rappelant des efforts qu’elle avait mis à reprendre ce qui lui appartenait à un voleur chevronné. Là, elle semblait avoir enfin l’attention d’Otto. « Sachez juste que j’ai aucun juridiction sur le bateau, étant donné que nous sommes tous sous les ordres du capitaine. Mais une fois le pied à terre - parce-qu’on va s’en sortir -, je pourrais reprendre mes habitudes de flic oui. » Elle avait acquiescé parce que loin d’elle l’idée de demander qu’un homme déjà à terre ne se retrouve menotté. Ils avaient mieux à faire et continuaient d’avancer sans trop d’encombre jusqu’à se rapprocher des cabines. « On est plus très loin, si ? » avait-elle demandé espérant recevoir une réponse positive du policier. S’ils arrivaient à la cabine à bon port, elle aurait deux hommes pour l’aider à moins qu’Otto ne reparte de là où il était venu.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

Si la jeune femme mettait en avant maintenant, alors qu’ils avançaient à travers un dédale de couloirs plus ou moins secrets, qu’un voleur était venue l’importuner c’était que la situation était importante à ses yeux. Pas qu’il en ait réellement quelque-chose à faire, puisque ce n’était pas à lui que reviendrait le butin dérobé par la suite, mais peut-être que s’il faisait encore un effort pour cette famille de bourgeois, il aurait une rallonge sur le chèque à la fin de la croisière. Et ça, c’était une notion importante aux yeux d’Otto - et il faisait son travail de flic, aussi, accessoirement, mais ce n’était pas ce qu’il souhaitait mettre en avant et ce pour quoi il posait donc sa question. « J’ai trouvé un individu dans mon armoire, il m’a volé un collier très précieux. J’ai tenté de lui reprendre, sans succès. » Il haussa un sourcil, presque amusé - mais il gardait son sourire pour lui. Il n’était donc pas le seul à avoir les mains baladeuses durant le séjour sur le navire, c’était intéressant à savoir. De la concurrence, donc. « Vous avez donc pu voir à quoi il ressemblait alors, c’est bien. » Au moins, elle avait pu voir son voleur les yeux dans les yeux et elle pourrait le reconnaître plus tard lorsqu’ils croiseraient sa route; parce-que sur un navire de ce type, vous pouviez vous cacher pendant de longues journées lorsque la traversée était en cours, mais une fois le pied à terre vous deviez comme tout le monde sortir du bateau - et donc passer devant ceux qui assuraient la sécurité de ce dernier ou les personnes voulant vous retrouver, par exemple. « Hésitez pas à me prévenir si on le croise à un moment donné, alors. » Peut-être avait-il pris un ton un peu plus adouci pour parler ici, finalement, sans s’en rendre vraiment compte.

« On est plus très loin, si ? » Finalement, les paroles de Greta firent se concentrer Otto, qui regardait devant eux avec un peu plus d’insistance pour voir où ils en étaient. Comme il avait dit à la blonde, il ne connaissait pas parfaitement tous les coins et recoins du bateau, certaines de ces galeries par exemple n’étant pas connues du grand public, mais il savait se repérer à peu près où ils pouvaient se trouver rien qu’en analysant le chemin qu’ils avaient déjà fait. « Je pense qu’on devrait tomber sur la salle des machines d’abord dans pas longtemps. » Rien que le fait qu’il commençait à faire bien plus chaud depuis quelques mètres était un indice. Otto prit d’ailleurs le temps de retirer sa veste pour la passer autour de ses hanches, la chaleur étant pourtant quelque-chose qu’il appréciait en temps normal mais dont il se serait bien passé pour le moment. Ils arrivèrent au dessus d’une trappe, finalement, et Otto se mit à genoux pour voir comment l’ouvrir. Cette dernière ne semblait pas verrouillée. « C’est par là qu’on va devoir descendre. La trappe est pas fermée, je sais pas si c’est bon signe ou non, parce-que ça peut vouloir dire que quelqu’un est passé devant nous. » Il se pencha pour coller son oreille sur le bois. « J’entends que le bruit des machines, va falloir y aller à l’aveugle. »

Greta tentait tant bien que mal de se lier avec ces passagers tous plus sournois les uns que les autres et c’est en parlant de sa mésaventure avec Ambrose qu’elle avait tenté d’attirer l’attention d’Otto. Quelque part en elle, elle se disait que toute aide serait bonne à prendre le moment venu et que la connaître un minimum lui donnerait plus envie de l’aider au besoin. Il ne la voyait que comme une riche héritière, un colis à déposer et cela était difficile à imaginer pour elle, qui, sur la terre ferme, était connue pour sa jovialité et n’avait pas assez des doigts de la main pour compter ses amis. Cela ne serait pas le début d’une grande amitié, c’était certain, mais Otto s’était fait un peu plus loquace depuis son annonce. « Vous avez donc pu voir à quoi il ressemblait alors, c’est bien. Hésitez pas à me prévenir si on le croise à un moment donné, alors. » « Sans faute, Otto. » avait-elle répondu sobrement mais en souriant parce que l’idée de croiser Ambrose alors qu’elle était accompagnée d’un flic la réjouissait et elle se demandait si le voleur ferait preuve d’autant d’aplomb si cela venait à réellement se produire. « Je pense qu’on devrait tomber sur la salle des machines d’abord dans pas longtemps. » Otto semblait maintenant montrer qu’il connaissait bien le navire, sûrement encore piqué par la remarque qu’avait faite l’héritière juste avant. « C’est par là qu’on va devoir descendre. La trappe est pas fermée, je sais pas si c’est bon signe ou non, parce-que ça peut vouloir dire que quelqu’un est passé devant nous. J’entends que le bruit des machines, va falloir y aller à l’aveugle. » Rien de ce qu’il venait de dire ne l’avait rassuré et le fait qu’il ait pris le temps de vérifier ses dires l’apeurait encore plus. Mais pourtant, elle l’avait suivi dans cette trappe parce que c’était probablement le seul moyen de se rendre au point de rencontre avec Owen en toute sécurité. « Je vois mal un bunyip se faufiler là dedans, pas vrai ? » La question était rhétorique parce que Greta aurait difficilement accepté qu’Otto lui dise que si, les monstres pouvaient surgir de n’importe où. Elle continuait à avancer et son front était humide tant l’air était chaud. Le chemin était difficile, la chaleur venant s’accumuler à la nervosité et la fatigue de cette journée et ce n’était que lorsqu’elle avait aperçu un léger rayon de lumière et la fin de cette salle que Greta avait songé à la délivrance. « Otto ! Regardez ! » Greta, qui avait pris de l’avance sur lui parce qu’il était plus facile pour elle de se diriger dans ces étroits chemins s’était retourné pour lui pour lui désigner, enfin, la sortie. Mais la scène qui s’était affichée devant ses yeux lui avait fait plaquer la paume de sa main sur sa bouche pour retenir un hurlement. Otto était pris au piège et luttait avec un bunyip.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

« Sans faute, Otto. » Au moins, elle venait obtempérer sur au moins un  sujet sans broncher. Pas qu’elle ait montré quelconque résistance en réalité jusque maintenant quant au comportement à adopter pour rejoindre le point B depuis le point A, mais Otto avait senti une résistance existante dans sa façon de se comporter, d’une certaine manière. Lorsqu’il s’agissait de lui venir en aide, en revanche, elle répondait présente à l’appel. Typique.

Cependant, ce n’était plis sir cette partie là de la situation qu’il souhaitait se concentrer, puisqu’ils avaient de plus gros problèmes devant eux qu’un voleur de bijoux - qui n’était pas l’italien, donc - se promenant en liberté sur le bateau. Et surtout, Otto avait plus d’argent à se faire en ramenant Greta saine et sauve au point de rendez-vous fixé plutôt qu’à courir après un voyou des bas étages. La trappe qui s’érigeait devant eux désormais était leur seul point de sortie, et même si cette dernière ne donnait rien de bon en guise d’avenir, ils allaient devoir s’y faire: ils allaient passer par ici, sans aucune information concrète. « Je vois mal un bunyip se faufiler là dedans, pas vrai ? » Le regard de Lazzari alla de la trappe à la blonde, en se demandant si elle le faisait exprès. « Ce n’est pas des monstres qu’on est censés se méfier. » Il soupira. « D’après les informations communiquées, ce sont des personnes qui ont été en contact avec les monstres qui posent problèmes. » Et puis, il se décala légèrement pour laisser la place à Greta de passer à côté de lui. « Après vous. » Il savait qu’elle irait plus vite, les pentes des espaces qu’ils s’apprêtaient à traverser basses par rapport à la taille que faisait Otto.

Si la chaleur était étouffante et les conditions plus que douteuses pour un bon périple, il était vrai qu’au bout d’un moment, alors que l’espoir se faisait mince d’être finalement dans la bonne direction, une lumière se faisait entr’apercevoir au loin. « Otto ! Regardez ! » - « Je v… » Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une pression se fit ressentir au niveau de sa cheville. Son regard tomba alors sur la silhouette immonde d’un de ces montres dont tout le monde parlait - était-ce bien ça, de toutes façons ? Dans l’obscurité, les choses n’étaient pas des plus évidentes. « Not today, Satan. » Se mettant à mettre des coups de pieds contre la masse lui agrippant le pied, Otto finit par se libérer la cheville alors qu’un cri affreux se faisait entendre non loin de lui. Il releva son regard vers Greta qui avait porté sa main à sa bouche d’effroi. « Courez, ne restez pas à portée de cette bestiole ! » Car s’il avait avancé prudemment jusque maintenant, Otto comptait bien prendre ses jambes à son cou désormais. Si bien qu’il attrapa tout de même la jeune femme par le bras lorsqu’il passa à ses côtés, ne comptant pas se faire attraper une seconde fois par cette affreuse monstruosité.

Greta avait évoqué à un policier le cas d’Ambrose, sans savoir que celui-ci devienrait son meilleur allié dans la prochaine étape de cet affreux cauchemar. Otto semblait plutôt ravi de savoir qu’il aurait une mission à peine les bunyip calmés et avait continué son périple tout en la sermonnant comme si elle était une simple idiote. Sa remarque sur les bunyip lui avait pourtant semblé extrêmement juste. « Ce n’est pas des monstres qu’on est censés se méfier. D’après les informations communiquées, ce sont des personnes qui ont été en contact avec les monstres qui posent problèmes. » Otto agissait comme son père et Greta commençait à comprendre, petit à petit, pourquoi il avait été embauché. Il savait donner des leçons, prendre les gens de haut et n’était pas de bonne compagnie mais avait au moins une qualité : il terminerait sa mission coûte que coûte. Un sentiment qui s’était révélé encore plus vif alors que l’italien avait asséné de nombreux coups de pieds à la bête pour s’en libérer. La main sur la bouche, Greta avait assisté à la scène avec effroi et était paralysée sur place, n’ayant même pas la volonté de venir souligner à Otto qu’il avait dit que ce n’était pas des monstres qu’il fallait se méfier… Visiblement, il avait eu tort de les sous-estimer et Greta espérait ne pas se retrouver face au combo monstres/personnes possédées dans la dernière ligne droite supposée la mener à son mari. « Courez, ne restez pas à portée de cette bestiole ! » Il était venu attraper son bras fermement et commencer à courir en la maintenant, ce qui avait eu pour effet de presque la faire tomber, ce qu’elle aurait fait si le bâteau n’avait pas tangué du côté opposé où elle commençait elle-même à chavirer. Pourtant, si Otto n’avait pas été aussi ferme, Greta se serait retrouvée prisonnière de la bête tant la scène précédente l’avait clouée sur place. Il venait donc de lui sauver la vie, après avoir sauvé la sienne. Il était visiblement digne de confiance, puisqu’il aurait pu choisir de s’enfuir seul et la laisser là se faire dévorer. « Vous m’avez sauvée Otto, merci ! » avait-elle dit, persuadé que ses remerciements sonneraient bien creux aux oreilles d’une telle personne. Tout en le suivant à vive allure, ignorant les corps, les débris de bâteau et l’eau grimpante, Greta réfléchissait. « Vous pensez qu’il a survécu ? » avait-elle commencé. « Owen, mon mari, je veux dire… » Maintenant elle en était sûre, ils n’étaient plus qu’à quelques pas de sa cabine et elle s’apprêtait à retrouver l’homme qui partageait sa vie mais elle craignait de le retrouver en plus de morceaux que prévu.

just when you think you are safe and secure

@greta moore

Il y avait que très peu de personnes qui étaient autorisées à s’en prendre à Otto, et les sales bêtes qui avaient été décrites par le capitaine un peu plus tôt dans la soirée, ces monstres folkloriques, ne faisaient pas partie de cette courte liste. L’italien aimait la bagarre, il était vrai, mais ce n’était pas la la chose qui le motivait le plus - contrairement à l’argent qui l’attendait au bout de cette transaction. Alors, ce n’était pas maintenant qu’il se ferait avoir par un bunyip et qu’il ne mènerait pas à bien une mission qui lui avait été donnée.

Quelques coups de pieds plus tard, et l’animal gisait un peu plus loin - il n’y était pas allé de main morte. Alors, il cria en direction de la jeune femme de se mettre à courir. Tant pis si la discrétion n’était plus de mise, l’important étaient qu’ils ressortent tous les deux vivants de ce couloir de la mort. Attraper Greta par le bras au passage n’était peut être pas l’idée qu’un génie aurait eu, étant donné qu’il y avait un risque monstre qu’il se retrouve à la traîner, littéralement, à la suite pour être sure qu’elle suive le rythme. Mais le temps n’était pas aux détails: ils devaient se barrer, et plus vite que ça. Surtout que les agissements d’Otto leur donnèrent l’avantage et qu’ils réussirent à s’extirper du couloir parallèle à la salle des machines pour se retrouver aux niveaux des cabines qu’ils cherchaient depuis le début; c’était la l’endroit où l’italien devait amener la jeune femme. « Vous m’avez sauvée Otto, merci ! » Ralentissant le pas mais gardant une allure leur permettant de ne pas se faire rattraper - au cas où -, il grogna quelque chose qui ressemblait à un pas de quoi alors que son regard observait les moindres recoins et coins. « Vous pensez qu’il a survécu ? Owen, mon mari, je veux dire… » Soupirant, il se tourna vers Greta pour arrêter leur marche et lui faire face. « Tout le monde semble devenir fou, et j’y croyais pas mais j’ai bien l’impression qu’on va finir par tous crever sur ce foutu radeau finalement. Après ce qu’on vient de croiser. » Il faudrait repasser pour le discours d’encouragement. « Vous préférez que je réponde quoi à cette question, Greta ? » Parce-qu’il semblait y avoir la réponse honnête, et celle qu’elle attendait en silence.