Le principe d’une bonne soirée - des amis, des amies, de l’alcool, un endroit agréable, de la bonne musique … Une soirée Halloween. Normalement, ce n’est pas le genre de soirée dans laquelle il se rend. Mais ils étaient plusieurs à s’être lancés cette idée débile et il avait fini par concéder, d’autant plus que Billie lui avait glissé au creux de l’oreille que cela allait en valoir la peine. Elle et ses arguments décisifs.
C’est ainsi qu’ils étaient une dizaine d’amis à se retrouver à une tablée dans une boîte de nuit - pas le genre d’endroit dans lequel se rend Oli d’ordinaire mais soit, il concédait tout ce soir. Billie était la version sexy de Catwoman alors que lui et un de ses amis s’étaient emparés de costumes un peu moins sexy … Ils étaient des félins bien moins intéressants pour les regards mais Oli en avait presque oublié le résultat après s’être enchaîné plusieurs verres. C’est toujours comme ça ; il suffit de boire plusieurs verres à grande vitesse pour oublier son égo et avoir le sens de l’autodérision. Accoudé au comptoir du bar avec son ami félin, il s’apprêtait à commander une nouvelle bouteille de vodka. Quelle connerie ! Il allait le regretter le lendemain en glissant les mains dans les poches de son jean mais pour l’heure, il ne pensait à rien d’autre qu’au moment présent. Les yeux rougis par l’alcool, il avait un de ses bras enroulé autour du cou de Dave, ce pote en question qu’il connaissait depuis bien trop d’années maintenant. « On peut d’mander au pote de Billie de venir nous rejoindre … » Un rire gras s’échappe des lèvres d’Oli, qui fronce les sourcils en se rendant compte des propos de Dave. Avec l’alcool, il lui faut toujours quelques minutes pour analyser et comprendre les paroles de son ami … voire les traduire parce que ce dernier n’articule pas toujours, ou alors c’est lui qui ne comprend plus vraiment. « Hein ? » La preuve en est, c’est la réponse qu’il parvient à formuler. Dave quant à lui, lui désigne d’un signe de tête la piste de danse sur laquelle se trouvent quelques demoiselles de leur bande … dont Billie. La vision du flic est brouillée, l’alcool, encore et toujours. Il plisse les yeux pour essayer de reconnaître qui est le type en question. Captain America apparemment. Il rigole tout seul à cette pensée. « J’le connais pas mais ouais, il peut. » qu’il dit dans un rire gras avant de lever de nouveau sa main vers le serveur pour lui faire comprendre qu’il souhaite passer commande. Mais Dave, lui, il insiste et lui donne un coup de coude dans les côtes en désignant d’un signe de tête, de nouveau, Billie et Captain America.
Ils dansent … du moins, c’est ce qu’Oli parvient à voir de là où ils se trouvent. A vrai dire, il est trop loin pour interpréter quoique ce soit. Il voit juste un type qui danse près de sa petite amie, qui pose parfois une main sur sa hanche, qui rit. Il la voit tourner sur elle … mais il ne la voit pas chercher le regard d’une amie, il ne l’entend pas parler, il ne la voit pas chercher une issue de secours. Il est trop loin pour ça. « J’ai comme l’impression qu’elle le connaît bien moi » et ce con de Dave rit. L’ami qui fout de l’huile sur le feu, c’est Dave. La bouteille de vodka apparaît sur le comptoir et Dave s’en saisit aussitôt pour rejoindre leur table d’un pas enjoué alors qu’Oli, il glisse sa carte bancaire pour se faire dépouiller de plusieurs dollars, le regard rivé sur Billie. C’est quoi ce sentiment qui bouillonne au fond de lui ? La jalousie.
Rejoignant la tablée, il entend Dave : « Avec Captain America … carrément olé olé collé serré. » Putain de con de Dave. Les yeux d’Oli balancent des éclairs. Lui et son alcool mauvais.
C’est parti d’une idée. Soufflée par un et enjolivée par un autre. Et, où on doit du coup, se retrouver dans une boîte de nuit, déguisés. Parce que putain, c’est Halloween et qu’il faut pas se louper. Pour changer du costume du Marathon de Brisbane où j’avais revêtu la peau de Poison Ivy, j’opte cette fois-ci pour Catwoman. Et, personnellement, j’ai jamais vu un costume aussi moulant. Si je me suis plaint pour la rousse qui commande les plantes, là, c’est pire. La matière épouse toutes mes formes, et ça laisse pas vraiment place à la suggestion. Au pire, c’est pour la soirée. Et, ça fait partie des sacrés arguments que j’ai soufflé à Olly’, juste après l’amour et qu’il a fortement apprécié l’idée.
Alors, nous voilà en soirée. Y’a du monde. C’est cool et je vais peut-être pas me priver pour aller chanter à tue-tête à un moment donné. Même si je réserve ça, à mes soirées Karaoké. Y’a Oliver lui, qui est raccord avec moi. Dans le sens où c’est le même thème mais c’est pas le même niveau d’investissement du costume. Moi, j’ai tout donné. Lui … c’est un gros matou. Et, dès qu’il a enfilé son costume, en raccord avec Dave, j’ai pas pu m’empêcher de rire. Deux gros chats qui ont pas eu peur du ridicule et qui sont déjà bien bourrés. En ce qui me concerne, je me limite sur l’alcool. Mais, j’en bois quand même. Là, ça va mieux. J’ai plus trop de stress et d’angoisse dûs à mon mois passé dans le coma. Ouais, je me sens bien. Y’a mon petit ami. La musique, qui permet de me déhancher même si je dois avouer qu’à chaque mouvement, mon costume fait du bruit et ondule à raison.
Sauf que … mes mouvements de hanches, rythmés et en musique, ça attire du peuple. Et, derrière moi, se presse Captain America. Si au début, je m’en fous, là, ça me fait un peu tiquer. Parce qu’il danse un peu trop près. Mais bon, je mets ça sur le coup de l’espace confiné et exigu. La piste de danse est pas immense, surtout quand on est tous entassés en son milieu. Mon regard gris se pose parfois sur mon binôme qui est au bar, avec le fameux Dave. Il a bien entamé la soirée, à ce que je vois. Alors que l’autre, me colle toujours un peu plus et est assez content de me voir, me semble-t-il. Chouette.
- Mademoiselle. Que le Captain America du pauvre, me souffle au creux de l’oreille. T’es célib’ ? T’es venue accompagnée ? T’as des projets pour après ? Vas-y dis-tout, à TON Steve Rogers. Mais ce soir, je serais ton Bruce Wayne. Ton Batman. J’éclate de rire devant tant d’acharnement. Mais, ça a pas l’air de lui déplaire.
Du coup, on danse. Et, si jamais il insiste : un genou de Catwoman dans le service trois pièces de Captain America. Ici, j’ai envie d’une boisson. Sauf que Monsieur le super-héros de l’Amérique continue de danser et m’empêche d’accéder au bar, pour rejoindre le gros matou qui me fait office de cavalier, ce soir. Pire, il se place devant moi et initie une danse. On est un peu collés serrés, la musique est sympa mais quand mes iris grises rencontrent les brunes de mon Oliver, je vois que ça va pas tarder à imploser. Je commence à le connaître mon petit ami.
- Hum. Je vais … - Non, mais t’es charmante. T’es une chatte que je vais pas laisser s’en aller. - Une technique de drague hors pair, dis donc. - J’ai pas choisi ce costume là pour rien. Plus beau cul de l’Amérique.
Pourquoi est-ce qu’il buvait toujours à en perdre la raison ? Le bras tendu de Dave était la réponse. Son ami de toujours lui tendait un verre avec son sourire idiot. Dave, ce con de Dave. Il tapote du bout des doigts l’avant-bras de son jumeau félin pour attirer son attention. « Oli, prends ton verre ! » qu’il accompagne pour finalement capter l’attention du flic qui s’en saisit pour le porter à ses lèvres. Très mauvaise idée. Il boit parce qu’il a soif. Il a soif parce qu’il boit trop. Très mauvaise idée. Le pire dans tout cela, ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans ce genre de situation. Il savait normalement qu’il ne devait pas abuser. Il savait qu’il ferait mieux de switcher. L’alcool, ça ne lui réussissait jamais. Soit, il était un bisounours à faire des câlins à la Terre entière, soit il cherchait l’embrouille jusqu’à la trouver. Le milieu était toujours insaisissable … même Dave le savait mais quand Dave était bourré, il était tout simplement Dave, commentateur et barmaid professionnel de la bande de pote. Mauvaise idée. Mauvais combo. Cette soirée prenait une autre tournure - personne ne le savait, personne ne s’en rendait compte mais tous étaient aux premiers rangs. Le liquide incolore et pourtant sucré coula le long de la gorge du félin Oli qui essayait de se concentrer sur sa cible : Captain America. Est-ce le « a » qu’il portait qui attirait son attention ou le fait qu’il était un peu trop près de Billie ? Oli, jaloux : un élément inconnu. Il n’avait jamais été jaloux. Il n’avait jamais été amoureux. Il avait toujours été l’autre type, celui qui n’a pas de relations sérieuses et qui peut se permettre de flirter à en abuser … un nouveau rôle dont il ne connaissait pas les règles. Et ça se voyait. Devait-il la laisser en paix ? Devait-il s’en mêler ? L’alcool rend con. L’alcool rend très con.
« Roh … mon Oli-chou, moi je t’aime et ai envie de toi. » Ce con de Dave vient se dandiner devant lui, tout en riant, faisant rire les autres. Oli, lui, n’a plus vraiment envie de rire … et Dave devient celui qui le rend encore plus irrationnel. Dave, depuis des années, le même. Dave, le pote qui vous donne un « dernier » verre quand vous parlez de nausée et de vomi. Dave, le pote qui connait un autre pote qui connait un pote et qui vous aide à vous retrouver dans une soirée de tordus. Dave, le mentaliste qui interprète toujours mal tout et qui fait passer le message à Oli. Dave, le mec un peu collant qui aime bien s’attacher aux homophobes pour finalement créer une baston dans laquelle il embarque son pote de toujours. Ce con de Dave qu’on aime mais à qui on aimerait pouvoir donner quelques claques. De toutes petites claques pour qu’il arrête d’être un peu moins con mais est-ce que Dave serait encore Dave ? Telle est la question ! « Regarde, je danse aussi pour toi chouchou. » dit-il en se trémoussant alors que le regard d’Oli, lui, il lance des éclairs sur ce connard de Captain America. Et en un rien de temps, il cale son verre sur le torse de Dave pour se frayer un chemin dans la foule, jouant parfois des épaules et retrouver le Captain America en question. Sur le chemin, il aurait dû se préparer un texte mais il n’y a pas pensé, mu par des sentiments nouveaux et débiles. Il se retrouve là, comme un con, à ne pas savoir ce qu’il doit faire. Embrasser Billie serait marquer son territoire comme un crétin. Bousculer le Captain America serait se comporter comme un buffle. Mais voilà, il y a Dave en arrière plan qui se titille les tétons du bout des doigts en agitant ses hanches. Ce con de Dave. A une époque, il l’aurait fait rire … à l’époque où Oli était captain america et un autre était le félin ridicule.
« Il t’fait chier ? » qu’il demande à Billie, sans quitter du regard le super-héros, qui semble un peu trop amusé par la tenue d’Oli. Comment prendre au sérieux un mec habillé comme ça ? Niveau virilité, y’avait mieux. @Billie Redfield
Je suis à des lieues de savoir ce qui peut se tramer en coulisses. Que Dave fasse encore son Dave et qu’Oli’ a des envies de meurtre sur le gars qui est avec moi sur la piste de danse. J’avoue que j’ai pas encore expérimenté le fait d’être jalouse des nanas qui tournent autour de mon petit ami. J’ai jamais ressenti ‘ça’ réellement pour un type. Et, je sais qu’avec lui, ça me pend sûrement au nez. Les conquêtes, qu’il a eu avant : je m’en fous. C’était avant. Et, c’est du passé. Ce qui importe : c’est maintenant. Nous deux. Et rien d’autre. Et, je l’aime même avec son costume de matou, mon binôme.
Même si Cass’ et Lexie se seraient foutues clairement de sa gueule, si elles l’avaient vu ainsi. Moi, ça peut paraître ultra bizarre, mais je le trouve hyper sexy dans ce costume. Et, j’ai qu’une hâte : qu’on rentre chez lui ou chez moi, et que je le lui retire. Et qu’enfin, il m’ôte mon costume de Catwoman qui me colle littéralement à la peau. Bientôt, il va se superposer à la mienne, tant il épouse toutes mes formes, tant il se meut avec tous mes mouvements. Ouais, ça me fait un autre derme. Un peu plus emmerdant, par contre. Mais, je m’y fais. Et, c’est plaisant d’être désirée par mon partenaire. Même si dans son regard brun, ce n’est pas du désir que je vois quand il s’approche. C’est une forme de colère, dopée à tout cet alcool qu’il a ingurgité et aux conneries de Dave.
Et … je l’ai jamais vu comme ça Olly’. Alors que Captain America continue de danser contre moi sans se priver, il ignore Oliver. Jusqu’à ce que celui-ci apparaisse dans notre champ de vision à tous les deux et commence à lui poser une seule question, tout en l’insultant. L’autre, il se marre. Alors que moi, je me décale. Pour ne plus l’avoir collé à moi et que je puisse me concentrer sur Oli’. Qu’on aille prendre un verre au bar et que le super-héros lâche l’affaire. Et qu’il constate que sa drague … bah … elle fonctionne pas des masses. Sauf que …
- Bah alors mon mignon petit chaton, t’es pas content ? Que l’autre commence avec un rire goguenard tout en toisant le costume d’Olly’ et lui, qui est dedans. Tu sors tes patounes pleine de griffes ? T’es … ja-loux ? Il décompose le dernier mot avec un large sourire, alors que mon regard gris se pose alternativement sur mon petit ami et celui qui prend un malin plaisir à le provoquer. Si c’est ta copine, elle est canon. C’est con qu’on en profite pas tous, quoi. Enfin pour le ‘tous’, je parle pour moi. T’auras pigé, mon petit minet.
Il éclate de rire, et je vois Oliver qui se tend. Encore plus et inexorablement.
- Il est con, Olly’. C’est bon. On va prendre un verre au bar. Sauf que l’autre me claque les fesses, et là, c’est le signal pour que ouais, ça explose. Aussitôt encouragé par un Dave dans le background qui peut pas s’empêcher d’émettre des sifflements d’appréciation. Baaaah dire, que c’est une bonne soirée … là … je sais plus trop du coup.
« Bah alors mon mignon petit chaton, t’es pas content ? » Il lui faut quelques secondes à Oliver pour comprendre que ce trou du cul est en train de lui parler. Le regard du flic se pose sur sa propre tenue. Ah ouais, il avait presque oublié qu’il était habillé de cette manière. Petit chaton n’était pas un euphémisme. « tu sors tes patounes pleine de griffes ? T’es … ja-loux ? » Il continue de lui adresser la parole et Oliver sent en lui monter comme une pression. Son palpitant ressemble à une bouteille de coca cola que l’on aurait secoué un peu trop longtemps. Il est à deux doigts d’imploser et ça va faire pas mal de dégâts. Les poings se serrent si fort qu’il est presque en train d’enfoncer ses ongles dans la paume de ses mains. Oliver n’est pas connu pour être un diplomate. La diplomate de leur binôme au taff, c’est Billie. Lui, il est la brute de décoffrage qui devrait sérieusement se faire suivre par un thérapeute pour trouver une solution à ses problèmes de violence non contrôlée. « C’est moi ou il s’fout ouvertement d’ma gueule ce trou du cul de Captain America ? » qu’il lance tout en jetant un coup d'œil à Billie, qu’il prend à témoin. Il étouffe un drôle de rire, un rire qui n’annonce rien de bon. Les muscles de ses avant-bras se crispent, il sent que la bouteille de soda qu’il est devenu est en train de ronronner : petite allusion féline qui passe bien avec la situation. « Si c’est ta copine, elle est canon. C’est con qu’on en profite pas tous, quoi. Enfin pour le ‘tous’, je parle pour moi. T’auras pigé, mon petit minet. » Captain America reprend la parole et aussitôt l’attention d’Oli alcoolisé est reposée sur le super-héros. « J’crois que tu ferais mieux de fermer ta gueule maintenant … un conseil. » marmonne-t-il de manière presque inaudible à cause de la musique et aussi de cette colère qui gronde en lui et lui hurle de lui péter le nez à ce putain de Captain America. Il fait même un pas dans sa direction alors que la voix de Billie, la voix de la raison, résonne en arrière plus. « Il est con, Olly. C’est bon. On va prendre un verre au bar. »
Il pose son regard sur la rouquine mais le regard de crevard du mec qui vient de lui peloter les fesses … est l’élément déclencheur. La bouteille de soda est ouverte et après avoir repoussé Billie pour l’éloigner, il se rue aussitôt sur le super-héros pour empoigner son costume bon marché et lui décocher une droite. Oliver n’est pas du genre à passer par l’étape : on colle son front à celui de l’autre, on se balance des insalubrités sur la mère de l’autre, on se bouscule. Non, il passe tout de suite à l’étape supérieure et apparemment, ça surprend toujours. L’alcool a eu raison de sa raison. Ceux et celles qui ont aperçu la scène s’écartent immédiatement alors que le super-héros n’en a pas dit son dernier mot. Dave s’écrie au fond de la salle de lui mettre sa branlée, il siffle même tout en sautillant sur place. A vrai dire, Dave, il sautille pour repérer le moment où un agent de la sécurité va venir les séparer ; il y en a toujours un … et son rôle, c’est de prévenir Olly ou alors de venir les séparer en parfait héros diplomate avant que le mec de la sécurité débarque. Sauf que ce soir, Dave, il est carrément haut perché et ça fait bien trop longtemps qu’il n’a pas vécu ce genre de situation avec son pote Olly … alors il est en mode spectateur ce con. Les coups pleuvent … trop. Les cris se mêlent à la musique. Certains essaient de les séparer mais cela ne fait qu’empirer les choses. Chacun se défait des griffes des pacifistes de la soirée pour de nouveau se foutre sur la gueule, comme deux pathétiques hommes mus par l’alcool et la testostérone.
C’est quand une main ferme se plaque sur son épaule pour le saisir et le relever qu’il comprend que … c’est pas Dave qui est là. Non, c’est un mec aux airs de Undertaker qui l’emmène avec rapidité vers la sortie. Au passage, devant Billie rejointe par un Dave navré, il lance un « Pour ton pote, la soirée est terminée.» Oli, quant à lui, se tourne vers le Captain America pour cracher quelques jurons jusque là encore non prononcés.
Et en un rien de temps, le félin se retrouve sur le trottoir. L’air est frais. Ca fait du bien même. Il se retourne pour pousser un énième juron avant de constater que son téléphone est resté dans le bar. Nouveau juron. Il passe une main dans ses cheveux désormais rasés tout en marmonnant de nouveaux jurons, faisant les cent pas. Est-ce qu’il a mal ? Non. L’alcool, il dira merci demain.
La voilà, l’étincelle qui met littéralement le feu aux poudres. C’est quand Captain America se met en tête de me peloter les fesses. Non sans avoir provoqué Oliver, avant. En le traitant de gros matou, de minet et j’en passe. Si en d’autres lieux et d’autres temps, j’aurais ri de cette situation cocasse, -parce qu’Olly’ qui porte un costume de chaton : c’est mignon-, baaaah là … c’est somme toute assez différent. Mon binôme, je l’ai jamais vu comme ça. Bien qu’on sache tous et toutes à la Brigade qu’il a la main leste quand il s’agit d’obtenir des aveux. Un peu comme moi, bien que je sois la raisonnable de notre duo.
Et là, ça part littéralement en couilles. Parce que Captain America, il a aimé foutre la merde. Il a adoré continuer à l’emmerder, mon partenaire. Ne répondant à ses questionnements explicites qu’avec des sourires en coin. Ceux qui provoquent et qui donnent salement envie de cogner. Moi, je suis au milieu de tout ce bazar et je tente tant bien que mal de raisonner Oliver. De lui promettre d’autres verres au bar. Mais, vu que l’autre a voulu effleurer mon postérieur et le claquer, eh bien … Oli’, ne l’entend pas de cette oreille. Avec plus de force, je sens qu’il me repousse et qu’il est prêt à vomir sa rage sur l’autre gars. J’ai envie de les stopper et même je m’y essaie mais y’a Dave qui me fixe l’air de dire : « tu vas te prendre un sale coup Redfield, reste en dehors de ce concours de testostérone ! » Et putain, que j’aime pas me savoir impuissante ! Surtout quand ça touche mon coéquipier !
Qui est bien plus que mon coéquipier ! Et qui se prive pas de tabasser l’autre gars en face de lui. Ça rend les coups, y’a les encouragements de ce connard de Dave. Y’a des gens qui s’essayent à les séparer mais sans grande réussite. Le super-héros qui m’a claqué les fesses, s’empêche pas de péter des nez innocents de ceux qui essayent de les empêcher de se battre. Mais Olly’, il est flippant. Ouais … je l’ai jamais vu comme ça. Jamais vu aussi colérique. L’autre, lui assène des répliques violentes mais il bronche pas, mon partenaire. Il encaisse. Jusqu’à ce qu’une armoire à glace, -on dirait un putain de catcheur et il fout les pétoches- se pointe pour mettre une main immense sur l’épaule de mon petit ami et l’inciter à sortir. Sans faire de vagues.
D’un coup : y’a le silence et l’adrénaline qui retombent. La boîte de nuit est calme, y’a plus aucun bruit. À croire que même la musique s’est arrêtée. Au moment, où on a foutu Oliver dehors. Petit à petit, ça reprend son cours. Y’a la musique qui revient et le brouhaha des personnes qui se meuvent sur la piste de danse, en rythme. À côté de moi, y’a ce connard de Dave … qui s’approche. Pour me faire ses putain de commentaires et débriefer ce qui vient de se passer. Je lui laisse pas le temps d’ouvrir la bouche que je viens lui péter le nez, pour qu’il ferme sa grande gueule. Je suis agacée, là. Tandis que je récupère le téléphone d’Olly’ et le restant de mes affaires. Lui, je le retrouve sur le trottoir. À faire les cent pas et à bougonner.
- Tiens. Ton téléphone. Que je lui placarde sur son costume, alors que je masse ma main. Faisant bouger mes doigts. J’ai entendu le « crac » caractéristique du cartilage nasal pété, quand j’ai donné mon coup de poing à Dave. Je nous appelle un Uber. On a bien fait de pas venir en bagnole. Mon regard gris s’emploie à observer toutes les plaies de mon petit ami. Y’a un peu de sang sur son costume et je sais même pas si c’est le sien, en fin de compte. Avec tes conneries, on va passer à l’hosto. Voir si t’as rien de cassé. Je suis pas furieuse. Je le connais, il est comme ça. Bien qu’aussi violent … je sais pas. Sérieux … il t’est passé quoi par la tête, là ? T’as pratiquement démoli un gars et on est banni de la boîte. Lentement, je m’approche pour venir caresser ses joues avec tendresse. Hein ? Oliver ?
Il fait les cent pas sur ce trottoir. Un lion en cage au beau milieu d’un trottoir peuplé de divers costumes. La situation est ridicule. Tout est pathétique. Il s’en veut. Il s’en veut ? Les mains abîmées posées sur le haut de son crâne rasé, il fait les cent pas et n’entend même pas les remarques de certains passants sur sa tenue. « Tiens. Ton téléphone. » Catwoman devient son super-héros préféré. Elle lui plante son téléphone sur son costume et il lève les yeux au ciel un quart de ciel pour la remercier. Il aurait eu l’air con comme ça dans la rue sans téléphone. Maintenant, il a l’air con mais avec un téléphone et ça change tout. « Merci » marmonne-t-il tout en sachant qu’il a abusé mais l’alcool l’aide à ne pas le faire sentir coupable. « Je nous appelle un Uber. On a bien fait de pas venir en bagnole. » Il hausse les épaules tout en allumant son téléphone pour écrire à son pote qu’il ne va pas revenir … comme si ce dernier n’en avait pas rendu compte. J’crois que je suis pas vraiment le bienvenue. On s’voit demain mon lapin. pianote-t-il sur son téléphone tout en tanguant légèrement. L’alcool lui donne l’impression d’être sur un bateau. Il tangue et ne prête pas attention à Billie. Il a honte. Il ne sait pas comment réagir alors il l’ignore, sa technique habituelle. « Avec tes conneries, on va passer à l’hosto. Voir si t’as rien de cassé. » Il lève la tête pour la regarder car avec cette remarque, elle vient d’attirer son attention. L’hôpital, c’est le dernier endroit où il souhaite se rendre. « Tsss » siffle-t-il entre ses dents tout en haussant les épaules, l’air de rien.
Il ne sait pas trop à quoi il ressemble. Peut-être qu’il aura quelques traces de cette altercation demain mais pour l’instant, il se sent aussi vif qu’en début de soirée - le con. « Oublie direct cette idée. » qu’il lui dit en essayant de la fixer mais il sait qu’elle parviendrait à le convaincre si jamais il la regardait trop longtemps dans les yeux alors il opte pour se masser la tempe tout en soupirant bruyamment.
« Sérieux … il t’est passé quoi par la tête, là ? T’as pratiquement démoli un gars et on est banni de la boîte. » Elle s’approche, pose la main sur sa joue et il ouvre aussitôt les yeux pour la fixer. « Hein ? Oliver ? » « Parce que tu voulais retourner dans cet endroit à chier peut-être ? On perd pas grand chose à pas pouvoir remettre les pieds dans cet endroit. Crois-moi. » qu’il dit la mâchoire serrée. « Et tu t’attendais à quoi ? Que je laisse ce connard sans sortir comme ça ? » Il fronce les sourcils. « Ce fils de pute s’est cru sur le marché bordel. » Il secoue la tête, les sourcils toujours froncés. « Tu vois c’est une des raisons pour lesquelles je suis plus pour les soirées dans les bars à boire des bières et jouer aux fléchettes qu’à me retrouver dans ce genre de d’endroit où les connards ne contrôlent pas leur hormone. Bordel ! » Son téléphone vibre. Un message de Dave qu’il lira le lendemain car il est désormais concentré sur la rouquine. Il soupire.
« Merci pour mon téléphone » dit-il comme s’il avait oublié de le dire avant ou alors pour essayer une technique d’issue de secours.
Je retrouve mon partenaire dehors. Qui fait les cent pas, comme un tigre qui n’est plus en cage et je lui donne son téléphone. Il est bien alcoolisé et je le vois à son attitude, parce qu’il me calcule pas vraiment. Alors qu’il pianote sur son téléphone et que je l’observe de mon regard gris, avant de le poser sur le sol. Tout en me mordant l’intérieur des joues, mais … je n’en montre rien. Je laisse couler. Parce qu’il a bu et qu’il faut le temps. Que ça redescende.
Lorsque mon regard rencontre ses prunelles, je fronce automatiquement les sourcils. Il a cogné, s’est fait cogner et j’aimerais qu’il aille au moins à l’hôpital même s’il déteste. Tout comme moi. Quand il me souffle d’oublier cette idée, je mords avec plus d’insistance l’intérieur de mes joues, parce que j’ai envie de le gifler, là. Pour que ça le dessoule, et qu’on en parle plus. L’alcool, ça rend con et j’en ai un parfait exemple devant ma gueule. C’est mon petit ami. Alors que j’amorce un contact doux sur ses joues, je m’en prends plein la gueule. Et là, je fronce rapidement les sourcils à nouveau. Le bip d’un message me fait poser mes iris grises sur l’écran de mon téléphone. C’est le chauffeur Uber qui se manifeste : il est là dans une dizaine de minutes.
Dix minutes qui vont être passablement longues, alors que je garde le silence. Tout en scrutant et scrollant l’écran de mon smartphone où Dave se prive pas de m’envoyer des stories Instagram. Lui, il profite toujours de la boîte. Malgré qu’il ait fait en sorte qu’Olly’ se fasse rapidement virer. Je laisse planer un silence, fronçant mon nez et tournant autour d’Oliver. Jusqu’à me trouver en face de lui. Jusqu’à inspirer un grand coup. J’ai décidé qu’on va oublier l’hôpital momentanément et que je vais le ramener chez moi. Pour nettoyer le sang et le foutre sous ma douche. Histoire que ça le désinhibe.
- Okay. Pas d’hosto mais je te ramène chez moi. Tu discutes pas. Mon ton ne souffre alors d’aucune rébellion. Et, j’avais envie de te demander un truc mais ce sera demain. Pas aujourd’hui. Pas dans ces conditions. Un silence. Et, on ira faire une soirée bière et fléchettes, plutôt que boîte de nuit et baston. Un autre silence. T’étais jaloux, c’est ça ? Il ne me répondra sûrement pas. Et préfèrera m’ignorer, j’en suis sûre. Vu comment il est.
Avec un dernier regard gris posé sur sa personne, je vois le Uber qui arrive à notre hauteur et je pousse Olly’ à l’intérieur en indiquant mon adresse. L’homme entre la localisation sur son GPS et on est à l’arrière. Toujours sans rien dire durant le trajet, je viens chercher la main d’Oliver pour la prendre dans la mienne, lier nos doigts. Tout en observant l’extérieur qui défile. Au bout d’un petit moment, on arrive enfin chez moi et je pousse mon coéquipier à l’extérieur. Sur mes talons, je me dépêche d’accéder à ma porte d’entrée pour la déverrouiller. Entraînant Oliver à l’intérieur.
- Je te rejoins dans la salle de bain. Mais avant. Je lui tends un verre d’eau pris au robinet. S’il proteste, je lui en colle vraiment une. Fais-moi voir tes blessures de guerre. Que je lui demande, tout en le détaillant. T’es tellement bourré que tu vas sûrement pas imprimer ce que je vais te dire mais je t’aime espèce de grand con. Demain tu t’en souviendras sûrement pas, vu que t’auras un mal de crâne. Avec un rire, je me mets à ausculter ses blessures de guerre, comme je lui ai dit et j’y dépose des baisers. File sous la douche, je m’occupe de toi après. Okay ?
« Okay. Pas d’hosto mais je te ramène chez moi. Tu discutes pas.» « Niquel. » souffle-t-il, ne se rendant pas compte qu’il vient de céder du terrain, de concéder. Que sa tête rencontre un oreiller devient un rêve. Il a envie de pioncer. Il a envie de se vautrer quelque part et de pioncer. Dormir pour se réveiller demain … avec hélas, une putain de gueule de bois. « Et, j’avais envie de te demander un truc mais ce sera demain. Pas aujourd’hui. Pas dans ces conditions.» Il arque un sourcil à cette remarque. « Parce que je suis bourré ? » qu’il demande en étouffant un rire, levant les épaules avec un air de gamin qu’on lui connaît quand il a un verre dans le nez. Un gosse. Une tête à claques. « Et, on ira faire une soirée bière et fléchettes, plutôt que boîte de nuit et baston. » Ses lèvres s’étirent en un large sourire ravi et il acquiesce. Il ne faisait même pas mention de la musique de merde qu’il avait dû écouter : voilà l’excuse de s’être à ce point bourré, c’était pour ne plus écouter cette musique. Il devrait la noter dans un coin de son esprit. « T’étais jaloux, c’est ça ? » Il a un geste de recul à cette question. Jaloux de ce connard de captain america ? Possible. Mais il ne le comprend pas encore. A l’heure actuelle, il ne parvient pas à expliquer son comportement et ne cherche pas à l’expliquer. En guise de réponse, il roule des yeux.
Calé sur la banquette arrière, il a la tête posée contre la vitre et le regard vide. Les doigts de Billie se mêlent aux siens et il caresse du pouce le dos de sa main. Un geste anodin. Un geste qui remplace tous les mots. Et c’est dans ce silence qu’il descend du uber, fait un petit salut au chauffeur en guise de politesse avant de suivre la rouquine jusqu’à chez elle. Il enlève ses chaussures machinalement, tout en gardant son appui avec l’épaule contre le mur pour essayer de garder son équilibre : tenir sur un pied devient un peu dangereux en fait. « Je te rejoins dans la salle de bain. Mais avant.» Il plisse les yeux pour apercevoir un verre d’eau. Il étouffe un rire avant de s’en saisir. « A vos ordres ! » dit-il avec un éclat de rire avant de boire son verre d’eau sans la quitter du regard, un petit air de défi à la con dans les yeux. Un gosse. Une tête à claques. Le verre vidé, il lui adresse un sourire candide. « Fais-moi voir tes blessures de guerre.» « Arrête - j’ai rien du tout. » « T’es tellement bourré que tu vas sûrement pas imprimer ce que je vais te dire mais je t’aime espèce de grand con. Demain tu t’en souviendras sûrement pas, vu que t’auras un mal de crâne.» Un rire. « Un mal de crâne. Sérieux ? J’suis beurré mais pas à ce point là …» Il n’en a pas conscience mais si, il va avoir une gueule de bois carabinée. Pour l’instant tout est drôle. Demain, il rira moins. « File sous la douche, je m’occupe de toi après. Okay ?»
« Depuis quand est-ce que tu es devenue si autoritaire, Redfield ? C’est le costume qui fait ça … ? » qu’il demande d’une voix amusée alors qu’il tend les bras pour venir les enrouler autour de sa taille alors qu’elle se dirigeait vers la cuisine. Derrière elle, les bras enroulés autour de sa taille, il vient enfouir sa tête au creux de son cou pour y déposer un chaud baiser. « J’ai hâte que tu t’occupes de moi … après. » répète-t-il amusé avant de desserrer son étreinte et de se diriger vers sa salle de bain, en brave petit soldat qu’il est.
- Ouais nickel. Que je lui souffle en retour, en ayant toujours envie de lui en coller une à ce sale gosse. Parce que ouais, il a sa tête de sale gosse, là. C’est aussi irritant que craquant et faut ajouter à ça, le fait qu’il soit bien bourré. Ce qui m’a clairement empêché de lui demander mon truc. C’est bien Olly’, t’as trouvé ça tout seul. Ouais, t’es bourré gros crétin. Ça, je le lui rétorque avec un sourire en coin quand je le vois continuer de faire son petit manège. De gosse casse-couilles, bien mais alors bien bourré.
À la question de ‘s’il est jaloux’, je vois bien un mouvement de recul. Comme s’il s’était brûlé ou que sais-je. Moi, je fais mine de rien remarquer, lui donnant une tape sur l’épaule alors que lui, il roule des yeux. C’est tout de même pas anodin, ce qu’il a fait y’a pas longtemps dans ce bar, à péter la gueule de Captain America. Mais, il n’en dit rien. Et moi, non plus. On reste silencieux sur la banquette du Uber, on se frôle mais c’est tout. À regarder chacun du côté de notre vitre. Jusqu’à ce qu’on arrive chez moi, et que mon regard gris le voit tanguer quand il commence à retirer ses chaussures. Et … ça me rappelle ce jour aussi, où il est venu me voir tout aussi bourré, -décidément ; c’est une sacré habitude-, pour me dire qu’il s’est barré de chez la blonde parce qu’il croyait qu’il me trompait en étant là-bas.
Ouais, ça me fait un peu penser à ça. Sauf que là, on est officiellement ensemble et … même s’il ne le conscientise pas encore : il a manifesté sa jalousie. Moi, c’est ce que je remarque. Mais là encore, j’en dis rien. Lui mettant dans la main, un verre d’eau. Qu’il boit d’une traite avec sa tête de petit (grand) con. Ça l’amuse, c’est un défi. Or, le pire dans tout ça … c’est qu’il parvient à me faire rire. Alors que je lui donne un coup de poing dans le torse à cet abruti. Secouant mes boucles rousses, tout en ayant envie rapidement d’ôter ce putain de costume qui me colle bien trop à la peau.
- T’as rien … t’as rien … Je suis pas sûre de ça, moi. Mon chaton. J’explose de rire, toujours en l’inspectant. Bon, y’a rien qui nécessite des points de suture mais je suis pas médecin. Puis, c’est sous la douche que je vais voir ça, de toute façon. Ouais sérieux … et je parie même un repas au restau le plus chicos de Brisbane que tu vas me demander au réveil un putain de grand verre d’eau et une boîte d’aspirine. Alooooors … ouais Monsieur Dawson, vous êtes bien beurré ! Je m’exclame avec un rire, tout en me prenant moi aussi, un verre d’eau. Et que je le sens hyper proche de moi, pour une étreinte. Là, ça me fait sourire. C’est peut-être l’âme du costume ouais. Oublie pas … dans la panoplie, y’a un fouet aussi. Et, tu sais que je peux sévir. Je ris, mais là encore, son baiser chaud déposé dans le creux de mon cou, ça me fait tendrement sourire. Ouais, file donc.
Adossée contre l’îlot central de ma cuisine, je le regarde faire. Je l’observe, jusqu’à ce qu’il se rende à ma salle de bain. Ça tangue un peu mais ça va. En ce qui me concerne, je me bois vraiment mon verre d’eau cette fois-ci et je commence à vouloir retirer mon costume. La fermeture éclair descend petit à petit et ça me fait un bien fou. Là, je respire enfin. Alors que ma seconde peau noire celle-ci, s’échoue sur le sol dans un bruissement silencieux et que je l’enjambe. Pour rester quelques minutes ainsi, seulement vêtue d’un tanga noir. Je tends l’oreille et ça va, j’entends l’eau qui coule et qui martèle la faïence de la salle de bain. Je laisse encore Oliver tranquille alors que je me tâte si fumer une clope ou non.
Mais … ça fait depuis la balle et le coma, que j’en ai plus vraiment touché. Du coup, je sais pas ce que je fais, mes mains posées à plat sur l’îlot central. Avant de prendre tout compte fait, le chemin de ma salle de bain. Pour m’assurer que mon binôme ça va, qu’il est pas dans un état pire que celui où je l’ai laissé. Avec un sourire, je retire donc ma dernière pièce de tissu et entre dans la douche. Sous l’eau. Ça me fait un bien fou, alors que je tourne le dos à mon binôme, frôlant son corps tout de même.
- Ça va mieux ? Une simple question, posée du bout de mes lèvres, alors que je commence à me savonner.
Il ferme les yeux et le monde tourne. Il ferme les yeux et il ne sait plus vraiment où il se trouve. Il soupire lourdement, posant les paumes de ses mains contre la paroi fraîche de la douche, penchant la tête en avant pour laisser l’eau venir le frapper dans la nuque. Il refait le cours de sa soirée et il ne parvient pas à comprendre comment les choses ont pu se dérouler comme ceci. Il ne parvient pas à comprendre comment il en est arrivé là alors qu’il ronronnait tranquillement avec son ami au comptoir du bar à un moment donné de la soirée. Il allait devoir s’excuser, il allait devoir encaisser les railleries de Dave. Merde ! Il marmonne un juron et penche soudainement la tête en arrière pour que le jet d’eau vienne frapper son visage qu’il masse désormais avec le vain espoir de pouvoir perdre quelques grammes d’alcoolémie au passage. En vain, ce n’est même pas la peine d’essayer. Il soupire de nouveau. Perdu dans ses pensées – si jamais il est encore en capacité de penser – il n’entend pas la rouquine entrer dans la salle de bain et sursauterait presque en l’entendant arriver derrière lui. « Ca va mieux ? » qu’elle lui demande avec douceur. Est-ce qu’il allait mal à un moment, telle est la véritable question ? Il n’a pas le sentiment d’avoir été mal à un moment donné, les histoires qui se terminent comme ça, il y est hélas habitué. Son manque de diplomatie. Il hausse les épaules tout en lui faisant face. « Arrête de m’poser la question, tu vas me faire m’inquiéter » qu’il répond avec un sourire amusé alors qu’on peut déjà constater que sous son œil une légère tuméfaction qui lui vaudra sans aucun doute un œil au beurre noir et quelques ecchymoses. C’était même certains. Il allait devoir trouver une explication pour le patron les jours qui suivent et il n’était jamais très créatif. Son sourire idiot ne change rien : il a dépassé quelques limites une fois de plus. Se penchant vers Billie, il pose sa main rougie et abîmée sur sa joue pour venir déposer un tendre baiser sur la commissure de ses lèvres. « Mais t’es belle quand tu t’inquiètes » souffle-t-il contre ses lèvres avant de disparaître pour s’enrouler autour d’une serviette éponge dans la salle de bain et se brosser les dents. La routine habituelle, comme si de rien était. Mais en croisant son reflet dans le miroir, il comprend que rien est habituel. Il se penche légèrement vers son reflet pour constater les dégâts, brosse à dents coincé entre les lèvres. De loin, il a l’air d’analyser les dégâts. De près, il essaie de rendre les choses moins graves qu’elles ne le sont. En vain.
Quelques minutes plus tard, il est vautré dans le lit de la rouquine. Allongé sur ventre, cul nu, il a la tête enfouie sur un oreiller et fixe le réveil posé de l’autre côté du lit. En position allongée, tout reprend son sens même s’il a toujours le sentiment que la terre tourne. Demain, il aura la gueule de bois. Il aura la pâteuse et se jurera de ne pas toujours suivre Dave dans ses moments d’euphorie. Demain. La paume de sa main se pose sur son front, sa pommette lui fait mal alors il tourne la tête de l’autre côté pour pouvoir voir la silhouette de Billie apparaître dans sa chambre et un sourire vient se poser sur ses lèvres, illuminé par cette apparition qui est la raison de son bonheur et de sa folie.
Toujours à me demander si ce serait justifié ou non de me fumer une clope, je me dis quand même qu’il serait de bon ton de rejoindre Oliver pour voir ce qu’il en est. Il doit être bien loin, lui. À tenter de rassembler vainement ses esprits parce qu’il a un peu merdé ce soir. Un peu, je suis encore sympa hein. Même si je me suis pas vraiment attardée sur le devenir de Captain America et des blessures qui ont été infligées par mon chaton de petit copain. Juste … je sais qu’Olly’ l’a démoli. Un peu. Non. Beaucoup.
Du coup, je me suis décidée. À réapparaître dans le champ de vision, -sûrement brouillé par l’alcool-, de mon petit ami. Et … je suis presque sûre et certaine, que je l’ai interrompu dans ses pensées étant donné qu’il a presque sursauté, vu que j’ai été plus que silencieuse. Je me retourne et je lui fais face, comme lui, est en train de le faire et je constate qu’il y a quelques dégâts sur son visage et qu’il faudra faire en sorte de les expliciter à la Brigade, devant le Chef, demain. Ou dans les jours qui suivent. Je vais trouver une parade, vu qu’apparemment, je suis la diplomate de notre duo. C’est quand je vois sa main qui s’approche de mon visage que je déglutis. Elle est abîmée, les jointures de ses doigts sont tuméfiées et il n’y est pas allé de main morte quand il a cogné. C’est Oliver Dawson, quoi. Si Cass’ et Lexie, me voyaient : elles me diraient que je lui pardonne tout. Peut-être.
C’est que l’amour ça peut rendre con. Alors, que je suis la première à me barrer quand ça devient trop sirupeux et trop guimauve pour moi. Quand ça conduit à des emménagements et des envies de décorer un appartement ensemble. Moi ça, je me barre vite. Ou des envies de fiançailles. Là, je vomis. Mais, j’ai au moins la chance qu’ils se barrent tous, quand ils me trouvent trop reloue à leur goût. Mais pas Oliver, qui me souffle que je suis belle quand je m’inquiète à son sujet. Ah bah ça, j’y peux rien. Je me suis inquiétée à son propos sur le terrain, je m’inquiète aussi à la ville. C’est comme ça. Avec un rire, je le vois s’enrouler dans une serviette, alors que moi, je termine de me rincer. Mettant un temps fou à sécher mes boucles rousses avant de le rejoindre dans ma chambre et d’exploser de rire. C’est quoi, cette dégaine ? Sérieusement ?
Avec un rire, que je ne cache plus vraiment, je me glisse entre mes draps. Collant mon corps contre le sien. Je l’embrasse mon grand con jaloux, même s’il le dit pas. Même s’il le mentionne pas à voix haute. Et, j’effleure ses cheveux avec les bouts de mes doigts. J’ai toujours préféré ses mèches brunes un peu plus longues et soyeuses mais ça lui va bien, je dois le reconnaître. Je me love alors contre lui, ma tête au creux de son cou. Pour y sentir son odeur si caractéristique et baiser sa peau.
- Bonne nuit. Même si demain matin au réveil … ça va être folklorique pour toi. Mes iris grises pétillent alors que je me tourne sur le côté, attendant qu’il passe ses bras autour de ma taille. Et que là, enfin, je pourrais bien dormir.
All his stupid friends Left you in the end Look how they left you All his stupid friends Left you in the end
« Putain… » C’est ce doux mot qui sort de ses lèvres alors qu’il essaie d’ouvrir les yeux. Il prononce cela à voix basse pour ne pas réveiller la demoiselle qui est toujours à ses côtés. Le mal de tête est déjà présent. L’alcool et les coups pris en pleine tête y doivent être pour quelque chose. Doucement il essaie de se redresser pour se retrouver en position assise. Les pieds à plat sur le sol, il cale ses coudes sur ses genoux pour se masser les temps tout en ayant les paupières closes. Il a soif. Sa bouche est un désert et c’est d’un pas traînant qu’il finit par se diriger vers la cuisine et se servir un verre d’eau, puis un deuxième. C’est dingue comme cette boisson peut être agréable après une douloureuse cuite. L’eau fraîche lui donnerait presque le sentiment d’être en forme … Il repose son verre d’eau sur le plan de travail pour regagner, tel un zombie, les draps et la chaleur de sa petite amie. Elle dort toujours et c’est en posant son regard sur son épaule qui dépasse des draps qu’il se souvient avoir agi comme le roi des cons la veille. Les yeux grands ouverts, il se refait la scène et se demande à combien de grammes il devait être pour se conduire comme un cas social. Il n’a plus l’âge. Un soupir après un court instant de culpabilité et les paupières se ferment de nouveau pour retomber dans les bras de Morphée.
Ce soir-là, il ne rêve pas, il cuve comme une baleine échouée sur la plage. Quand il se réveille, il a la joue toujours écrasée sur l’oreiller, le bras au-dessus de sa tête. Aucune idée du comment cette position peut être synonyme de confort ou alors il avait tout bonnement la flemme de se bouger. Son corps économise l’énergie. Il roule finalement sur le dos pour pouvoir caler les paumes de ses mains sur son visage. Le fin filet de lumière qui passe entre les rideaux lui brûle les rétines. Il a mal à la tête. Il a la pateuse. Il a la flemme. Il a la gueule de bois. C’est un fait. « Fais chier », marmonne-t-il dans les paumes de ses mains. Mais la plainte s’y échappe : Billie, toujours étendue à ses côtés, a dû l’entendre. Alors, il écarte les doigts pour pouvoir y regarder à travers. Elle est là et il peut d’ores et déjà apercevoir un rictus moqueur.
« Te moque pas, c’est pas drôle … » qu’il marmonne toujours planqué derrière ses mains. Et, il s’approche de la rouquine en se mettant sur le côté. Il enfouit son visage contre son bras, collant son front à sa peau qui est étrangement fraîche. « J’bouge pas d’ici aujourd’hui … » dit-il en guise de lamentation et son bras vient se poser au-dessus du corps frêle de sa partenaire. « Woh ! » qu’il lance après avoir essayé de se redresser, d’ouvrir les yeux pour balayer la chambre du regard. Il cale son front davantage contre son bras et ne peut s’empêcher d’étouffer un éclat de rires. « Putain ! Je suis en train de vivre le “j’ai plus vingt ans” » A 20 ans, il aurait sans doute enchaîné pas mal de soirées les unes après les autres sans le moindre souci. L’endurance lui manquait apparemment.
Est-ce que j’ai raison ? Oui, toujours. Je sais ce qui va se passer pour Olly’ quand il va ouvrir un œil, le lendemain matin. Mais moi, en ce moment … c’est simple : je dors. À des lieues de sentir le corps de mon partenaire bouger pour se redresser une première fois et tenter de se lever. Moi, je dors. Bien qu’inconsciemment dans mon sommeil, le fait de bouger ma main me fait grimacer. Parce que je me suis rappelée que j’ai pété le nez de ce con de Dave et qu’il l’a bien mérité. Je me suis pas excusée et je crois que je m’excuserais pas. Puis même, c’est plus le pote d’Oli’ que le mien. Donc, la question de la pénitence, elle est vite réglée.
Du coup, de notre duo, moi je peux au moins dire que la nuit est assez reposante en l’état. Dans mes songes pourtant, je revois Oliver Dawson qui cogne le défenseur de l’Amérique. Et si Captain America avait eu le dessus hein ? Si c’était lui, qui lui avait pété la gueule à mon petit ami, plutôt que l’inverse ? C’est un peu ce qui me réveille, lorsque je pose mon regard gris sur lui et qu’il a déjà ses yeux ouverts. Et, en plus … je l’ai entendu son grognement. Le ‘fais chier’, il est clairement pas tombé dans l’oreille d’une sourde. Qu’est-ce que je lui ai dit hier soir ? Mais … je vais être ‘sympa’, je vais pas enfoncer le couteau dans la plaie. Il subit déjà assez, le pauvre. Même si je peux pas m’empêcher d’avoir un rictus moqueur en l’observant. Ouille. Ouille. Le réveil.
- Si. Justement. Que je lui rétorque avec un petit rire, tout en caressant sa nuque, le gardant contre moi. Tu bouges pas d’ici ? Ah parce que c’est moi qui vais devoir aller prendre des trucs pour le petit-déj’, c’est ça que t’insinues Dawson ? Parce que moi, il faut bien le nourrir mon démon. À peine les premières lueurs du jour entraperçues, qu’il a déjà faim. T’es en plein dedans ! C’est pas comme si dans un an, t’allais être dans la trentaine ! Que je m’exclame en le taquinant, jetant un regard à mon téléphone, faisant en sorte de rouler sur mon binôme, pour le saluer.
Avant de constater que j’ai pas fait gaffe à ma main gauche hier soir. J’ai préféré me préoccuper d’Oli’. Une grimace, alors que je remarque que c’est bleu tout ça et que j’y suis pas allée de main morte en cognant Dave, ce con. Sous l’adrénaline et l’inquiétude, j’ai rien senti. Mais là, bah ça picote un peu, je dois dire. Lentement, je masse ma main meurtrie avant de m’asseoir, en tailleur. Une belle brochette de vainqueurs, là. Avec un rire, je coule mon regard vers mon petit ami. Qui termine de cuver ou qui a terminé de cuver ? Aucune idée.
- Je dois passer par la case glace du congélo’. Tu m’excuseras si le café et le reste, ça arrive pas de suite. Je me lève, cette fois et me dirige jusqu’à mon réfrigérateur et mon congélateur, plus exactement. Pour en sortir un sachet de petits pois congelés que je pose sur ma main gauche. D’habitude, je trouve ça tellement cliché dans les films … baaaah … putain, je peux dire que ça fait un bien fou.
Tout en levant mon regard gris vers le plafond, j’entends des pas. C’est Olly’, qui m’honore de sa présence ? On dirait, bien.
- C’est pour avoir pété le nez de Dave, ça. Ce con de Dave. Que je souffle, fataliste. Avant de lui sourire et d’avouer une vérité qui semble bien nous coller à tous les deux : On a l’air de deux cons, non ? Si au moins lui, se souvient de sa propre soirée. Ce qui n’est pas sûr du tout.
All his stupid friends Left you in the end Look how they left you All his stupid friends Left you in the end
« Si. Justement. Tu bouges pas d’ici ? Ah parce que c’est moi qui vais devoir aller prendre des trucs pour le petit-déj’, c’est ça que t’insinues Dawson ? » « J’te revaudrais ça » qu’il répond en ajoutant une nouvelle ligne à sa longue liste de choses qu’il lui devait. Pas sûr qu’il ait assez d’une vie pour lui rendre tous les services qu’elle lui avait rendus mais soit. « T’es en plein dedans ! C’est pas comme si dans un an, t’allais être dans la trentaine ! » Son bras se crispe pour lever la main et brandir un majeur en direction de la rouquine qui semble s’amuser à le torturer et se moquer. Et, elle en a tous les droits après ce qu’il lui a fait subir la veille.
« Je dois passer par la case glace du congélo’. Tu m’excuseras si le café et le reste, ça arrive pas de suite. » Il arque un sourcil tout en la suivant du regard se lever et elle a de l’énergie apparemment vu qu’elle est déjà sortie du lit. Lui, il est toujours vautré comme une larve et essaie d’analyser les paroles de la demoiselle. De quoi a-t-elle besoin ? Pour quoi ? Pourquoi ? Dans ses souvenirs, elle n’avait pas été dans la guerre lancée au milieu des fans de Marvel et des tenues sexys réservés aux adultes. Il fronce les sourcils alors que ses neurones s’agitent pour refaire le cours de sa soirée. Aucune idée. Il se redresse doucement mais sûrement pour saisir le Graal, son téléphone. 5% de batterie, ça va tenir le coup pour lui faire un petit résumé de la soirée. Quelques messages d’un groupe d’amis. OK. On s’en fout. Puis, il y a Dave. Dave et ses trente-six messages, trente-sept pour être exact. Il clique. Il scrolle. Il se lève, le téléphone entre les mains, le pas lent et les yeux légèrement plissés pour éviter de se prendre trop de lumière dans la tronche. « C’est pour avoir pété le nez de Dave, ça. Ce con de Dave. » qu’elle lâche en l’entendant arriver, désignant avec fatalité le sachet de petits pois qu’elle a calé sur sa main. Oliver regarde son écran de téléphone, le boomerang de Dave en pleine soirée avec un mouchoir calé dans sa narine et elle. Dave est un casse coup. Le genre de mec qui encaisse mieux que quiconque. Possible que sa gueule cassée n’ait jamais été réparée dans le fond.
« On a l’air de deux cons, non ? » Perplexe, il tapote du doigt l’écran de son téléphone. « ... Dans mes souvenirs … attends … il s’est passé quoi ? » qu’il bredouille en s’approchant de la demoiselle pour soulever doucement le sachet de petits pois et finalement le reposer. Il s’adosse contre le plan de travail, et on peut voir à sa tête de môme perdu qu’il est en train de refaire le cours de sa soirée. Encore et encore. Mais aucune explication potable ne vient expliquer … ça. « Je suis resté combien de temps dehors avant que tu viennes ? », dit-il en riant, passant une main sur sa nuque. « Oh putain je crève de soif … »finit-il par lâcher en venant saisir le verre d’eau abandonné durant la nuit pour le remplir une nouvelle fois et le boire tout en levant l’index pour montrer à Billie qu’il ne peut pas faire deux choses à la fois : boire et l’écouter. @Billie Redfield