I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
"Il n'y a que toi que j'aime." s'empressa-t-elle de lui répondre, juste après qu'il ait exprimé le besoin que cette phrase soit répétée. Et Joanne ne s'en lasserait certainement jamais, sachant qu'elle penserait le moindre de ces mots, elle le dirait jusqu'à ce qu'il la croit, jusqu'à ce qu'il l'accepte qu'on pouvait l'aimer éperdument. Qu'importe le temps que cela prendrait. Jamie peinait à regarder sa fiancée, comme s'il culpabilisait de son comportement. Certes, le fait qu'il ait battu son ami et que c'était en partie de la faute de la jeune femme n'était pas pardonnable. Elle savait qu'il était comme ça, elle avait eu tout le loisir de le voir par elle-même. Presque même de le subir une fois, lorsqu'elle avait entendu cette clé entrer dans la serrure quand il se rendait à un gala organisé par ses parents. Non, ce bruit là, et tout ce qu'il signifiait, elle ne l'oubliait absolument pas. Le visage du bel homme s'illumina d'un grand sourire lorsqu'elle mentionna simplement Sydney. Dans le mile. Ils allaient certainement s'en rappeler encore pendant de nombreuses. Quel weekend. Il la serrait contre lui pendant qu'ils s'embrassaient, le contact devenant de plus en plus fougueux malgré eux. Il avait son visage entre ses mains, gardant son front collé contre le sien. Il s'excusait, ne trouvant rien de quoi argumenter, si ce n'est que cette jalousie mêlée à une possessivité excessive faisait partie de son être. "Ca a ses bons et ses mauvais côtés." dit-elle en haussant les épaules et en gardant le sourire. "D'une part, ça me force à ne pas trop côtoyer la gente masculine parce que je sais que ça te mettra en colère. Et je ne veux pas que tu fâchée par ma faute." Joanne préférait terminer par l'aspect positif. "Mais d'un autre côté, ça me rassure. C'est une preuve comme une autre pour dire que tu tiens à moi, non ? Ca va te paraître un petit peu étrange à entendre, mais ça me fait sentir un peu en sécurité." Elle restait ancrée dans ses yeux. "C'est aimer à l'excès quelque part, tu ne trouves pas ? Protéger et s'assurer que l'être aimé ne soit pas approchée par des personnes malveillantes, au point de vouloir arrêter absolument tout le monde par crainte de salir d'une manière ou d'une autre celui ou celle qu'on aime." De quelques un de ses doigts, elle lui caressa tendrement la joue, et le regardait avec tout autant de douceur. "C'est comme... moi." dit-elle, après quelques secondes d'hésitations. Là, son regard se baissait, honteuse de ressentir de telles choses. "J'ai assez de mal à supporter comme certaines femmes te regardent. La manière dont elles te dévorent des yeux, elles te déshabilleraient sur place si elles le pouvaient, j'en suis presque sûre. Ca me fait un peu peur. J'aimerais être la seule à te regarder comme ça. Comme pour tout le reste." Sa voix se faisaient de moins en moins forte, culpabilisant de ressentir cette même possessivité, même si elle le vivait bien différemment que lui. "Je t'aime aussi." lui répondit-elle à voix basse. Les doigts de Jamie n'étaient plus qu'à quelques centimètre de leur bébé, si petit encore. Il disait être fier d'avoir été l'homme qui avait pu autant la combler. "Et je suis aussi fière de toi. Et je crois que tu seras le seul qui puisse me combler autant." Elle l'embrassa tendrement. "Je veux écrire le reste de ma vie avec toi, mon amour. Et je sais que ça sera ainsi." Elle eut soudainement un certain doute. "Et moi ? Est-ce que je te rends aussi heureuse ?" Peut-être pas tout à fait. Peut-être qu'il avait besoin de quelque chose, qu'il lui manquait un élément essentiel. Joanne ne savait pas trop, mais elle espérait être celle qui participe au maximum à son bonheur. "C'est aussi ici qu'on s'est très longuement embrassés pour la première fois, que tu m'as parlée d'Oliver... Il y a beaucoup de choses qui se sont passées sur cette plage. A chaque fois, pour des grands moments de notre histoire." ajouta-t-elle, pensive. Joanne avait ensuite évoqué les chiens, quel serait leur comportement avec le bébé. Il pensait que Milo voudrait certainement jouer avec lui. Joanne visualisait parfaitement bien la scène, et en sourit même. Ce petit bambin à quatre pattes submergés de léchouilles de Milo. Et derrière, Ben, le regard attentif, et prêt à intervenir en cas de besoin. "Mais au moins le petit sera vite habitué à la présence d'animaux. Il n'en aurait pas peur, et resterait familier avec eux. C'est une bonne chose. Il y aura peut-être de la jalousie, mais je pense que les chiens finiront par vite s'attacher au bébé. J'ai toujours grandi avec des chiens ou des chats, ils deviennent rapidement des compagnons de jeu et des amis." Elle rit lorsque Jamie évoquait Ben, ses aboiements dès qu'il entendrait le bébé pleurer. "A moins que ce ne soit un bébé parfait qui fasse très rapidement ses nuits." dit-elle, amusée. A vrai dire, elle imaginait bien Ben dormir devant la porte de la chambre. La chambre. Joanne regardait son fiancé dans les yeux. "Où serait sa chambre ?" Elle avait encore l'idée bien ancrée que la pièce qu'il avait libéré au premier étage était encore son atelier, en quelque sorte, son havre de paix. Elle n'arrivait à concevoir une seconde que ça pouvait être l'emplacement parfait pour une chambre pour leur futur enfant. Le couple continuait ainsi leur marche, main dans la main. Jamie rompit à son tour le silence et elle l'écoutait avec toute son attention. Un agent, et une histoire de peinture. Les liens étaient très vite faits, elle savait ce qu'allait proposer Jamie à la fin de ses explications. La jeune femme se prit le temps d'avoir une réflexion, y voir un peu plus clair. "La radio ne risquerait pas de te manquer, si tu arrêtais tout d'un coup ?" demanda-t-elle, dans un premier temps. "Tu t'es battu pour avoir ce poste, tu consacres plus de temps pour faire quelque chose que tu adores et qui t'avait beaucoup manqué, et c'était de passer à l'antenne." Elle haussait les épaules. "Mais à côté, tu aimes tout autant t'occuper en peignant tranquillement." Joanne lui souriait tendrement. "Je me souviens très bien lorsque tu m'avais que tu serais prêt à tout lâcher pour un pot de pinceaux, et tu sais très bien que je t'encouragerai dans tous les choix que tu feras." Elle ne voulait pas s'imposer outre mesure dans son cursus professionnelle, le choix restait avant tout le sien. "C'est un choix difficile." avoua-t-elle, pensive. "Peut-être que tu devrais effectivement exposer. Tu auras l'honneur de me présenter à tout ce beau monde lors d'une belle réception pour ouvrir l'expo." dit-elle d'un ton exagéré et amusé. Quoique cela leur permettrait d'avoir la main mise sur l'événement. A noter. "Mais qu'en parallèle, tu continues quand même ABC, dans un premier temps. Je sais que ça ne fera que remplir ton emploi du temps, mais ça laisserait le temps de voir si tes tableaux ont le succès qu'ils méritent d'avoir. Voir combien ils seraient prêts à mettre, si tu as même des commandes, des suggestions, voir comment tout ceci évolue." Joanne l'embrassa sur la joue. "Et ça te laisserait à toi tout autant de temps pour te situer, juger ce qui te correspond le plus. Un temps de réflexion. Il vaut mieux faire un temps transitoire qui peut être un peu difficile plutôt que de trancher tout de suite, tu ne penses pas ? Tu pourrais vite regretter certaines choses." Elle l'arrêta net et le regarda droit dans les yeux. "Quoi que tu choisisses, j'irai dans la même direction que toi. Et je veux avant tout que tu penses à toi, à ce qui te ferait le plus plaisir, ce qui te rendra le plus heureux, avant de t'inquiéter pour moi, ma grossesse, notre bébé. J'arriverai toujours à suivre le rythme." lui dit-elle très tendrement, avec beaucoup de détermination et un beau sourire.
crackle bones
Dernière édition par Joanne Prescott le Ven 2 Oct 2015 - 6:01, édité 1 fois
Les bons côtés de ma jalousie maladive, j'ai bien du mal à les voir. Tout ce que je constate, et que m'avoue Joanne, c'est que je l'empêche de faire ce qu'elle voudrait. Elle doit se tenir à l'écart des autres hommes pour éviter ma colère -des mots qui me tordent le coeur. Perdre Oliver m'a rendu ainsi à jamais. Suprotecteur, presque étouffant avec mon entourage, motivé par la peur que les êtres qui me sont chers soient blessés, abusés ; de ne rien voir, de passer à côté d'un détail, arriver trop tard à nouveau. Et puis, il y a le fait que ma fiancée est véritablement la première personne que j'ai jamais aimé, et qu'elle est, sans nul doute possible, l'âme sœur que tout à chacun recherche pendant son errance. Elle est ce que j'ai de plus précieux au monde. C'est vrai, je l'aime à l'excès. Je l'aime au-delà de toute mesure à vrai dire, avec la force de sentiments qui semblent remonter à des siècles. Intemporels. Joanne m'avoue ressentir elle aussi une profonde jalousie, sa part de possessivité. Une facette d'elle qu'elle ne montre que rarement, où elle impose très peu. J'hausse les sourcils tandis qu'elle me parle de ces femmes qui, d'après elle, ont les yeux débordant de désir à mon égard. « Je dois être bien aveugle pour ne pas voir de tels regards. » dis-je avec un sourire gêné en coin, ayant du mal à croire qu'on puisse m'observer de la manière dont la jeune femme l'a décrit -ce qui est à la fois flatteur et terrifiant. « A moins que ça ne soit parce que je ne regarde que toi. » j'ajoute avec un plus grand sourire avant de lui voler un baiser, un brin beau parleur dans ma manière de le dire, peut-être, mais non sans dire la vérité. La main sur son ventre, laissant deviner ma présence au petit être qui grandit en elle, je m'avoue particulièrement fier d'être celui qui va lui permettre, espérons-le, d'atteindre son rêve d'avoir des enfants. C'est un peu comme une preuve de notre compatibilité. J'ai envie de croire, égoïstement, qu'il ne pouvait y avoir que moi pour lui offrir la grossesse qu'elle désirait tant. Qu'il ne doit y avoir que moi pour la rendre heureuse. Parce que c'est ainsi que c'est écrit. Quand Joanne me demande si elle parvient également à me combler, un léger rire m'échappe tant cela me semble évident, et la question inutile. « Joanne, je ne sais ce que veut dire ''être heureux'' que depuis que je te connais. » je réponds, mon regard droit dans le sien, aussi sincère que je peux l'être. Elle peut aisément constater par elle-même, à travers tout ce que j'ai déjà pu lui narrer de mon passé, mais aussi tout ce qu'elle a vu de ses propres yeux, que je n'avais pas eu l'occasion de connaître le bonheur avant. « Toi, et notre bébé… Vous êtes ce qu'il pouvait m'arriver de mieux dans la vie. » Je n'aurais jamais pu espérer vivre tout ceci, je n'aurais jamais osé en demander autant. Aujourd'hui j'ai tout ce dont n'importe qui pourrait rêver, quand tout me destinait à n'être qu'une vie perdue, gâchée. « D'une certaine manière… j'ai… j'ai trouvé qui je suis. Qui j'ai envie d'être… » j'ajoute en baissant cette fois les yeux, passant nerveusement mes dents sur mes lèvres. Pendant quelques secondes, qui me semblent bien longues, les mots restent coincés dans le fond de ma gorge, faisant accélérer mon coeur de peur de ne pas réussir à les prononcer -alors qu'ils sont là, juste là. « Je suis ton futur mari, un futur père, et un homme comblé grâce à toi. » C'est de cette manière que je trouve enfin ma place. J'ai été le fils en trop, le frère en deuil, un amant, un protecteur, un exilé. Jamais rien qui puisse donner un sens à mon existence et me donner envie d'avancer. Il aura fallu attendre tout ce temps pour avoir un vrai rôle dans ce grand théâtre. Enlaçant Joanne, la serrant tendrement contre moi, notre regard s'est posé sur les chiens. Moi qui désespérais de voir ma maison si vide sera bientôt débordante de vie, de jouets qui jonchent le sol. De cris aussi. Je ris doucement en entendant la future mère penser que le bébé pourrait aussi bien faire rapidement ses nuits. « Il sera forcément parfait. Regarde ses parents. » je réponds en empruntant sa réplique au Dr. Winters, lui adressant un clin d'oeil complice. La jeune femme en vient à me demander où nous pourrions installer la chambre du petit. Question étrange sachant qu'il y a une pièce vide à la maison qui semble toute indiquée -quoi que imparfaite. Je lève un sourcil, quelque peu étonné. C'est aussi le genre de questionnement prématuré dont on ne peut pas s'empêcher de penser, poussé par l'impatience. « Eh bien, l'ancien atelier est trop éloigné de notre chambre, je trouve… » Il s'agit de la première porte du couloir de l'étage après l'escalier, donc complètement à l'opposé de la chambre parentale. Cela ne me semble pas idéal. « Alors nous pourrions transférer la chambre d'amis dedans. Et celle du bébé irait donc dans l'ancienne chambre d'amis. » Ainsi, notre enfant ne serait séparé de nous que par la salle de bains. Cela me semble bien mieux. « Je pourrais refaire la peinture de ces deux pièces, et ouvrir une porte entre la chambre du bébé et la salle de bains… » Ou je pourrais tout laisser en l'état, mais cela ne me traverse pas l'esprit ; je dois toujours trouver des excuses pour effectuer des transformations dans la maison. « Ca occupera quelques week-ends. » dis-je avec un sourire. Mais cela attendra sûrement quelques mois, rien ne presse. Quelques minutes après avoir repris notre marche, je me décide à parler de la visite surprenante de Nyx à Joanne. Quelque chose que je gardais pour moi afin de laisser mûrir ma réflexion, retourner l'idée dans tous les sens, à la fois particulièrement tenté, et mort de peur. Quitter la radio me semble impossible. J'ai tant travaillé pour être où je suis, je peux avoir l'espoir d'aller encore plus loin dans les années à venir, passer des ondes locales à nationales ; ce n'est qu'une question de quelques mois si je poursuis sur cette voie. Et puis il y a cette jeune femme qui me rappelle que je pourrais peut-être vivre d'une autre passion. Sauf que l'angoisse à l'idée de tout bonnement livrer mon âme étalé sur des toiles à des inconnus me donne la nausée. Le choix est cornélien et me tiraille depuis que cet agent s'est assise dans mon bureau. Encore plus maintenant que Joanne est enceinte. La jeune femme, après avoir elle-même réfléchi à la question, me conseille finalement d'exposer. C'est une chose que je ne pourrais jamais faire sans elle, dévoré par la peur. Même si elle n'empêchera pas l'angoisse de me ronger tout entier, sa présence l'apaisera. Elle pense également que je ne dois pas lâcher la radio. Tout accumuler me semble insurmontable. Et le peu de temps qu'il me reste déjà finira à la trappe. Je sais qu'elle a raison, qu'une telle période de transition serait nécessaire. Mais une réputation dans le monde de l'art prend des années, prendre la température avant de se lancer dans le grand bain ne se fera pas en quelques semaines, à moins d'un succès fulgurant auquel je ne crois vraiment pas. Et je souhaite être plus présent immédiatement. Je sais que ma fiancée souhaite que je prenne ces décisions pour moi, et non pour elle ; mais la seule chose à laquelle je pense, c'est elle seule dans cette grande maison, et moi toujours plus pris. « Merci... » je murmure, toujours perdu, mais touché de la voir toujours autant me soutenir, avec cette détermination dans le regard. Je dépose un baiser sur son front, les engrenages du cerveau tournant à toute vitesse. « Je ne sais pas si les mois de ta grossesse sont un bon moment pour t'imposer un temps transitoire de ce genre. » dis-je finalement. « L'idée est d'être présent pour toi. Pas d'être plus absorbé par encore plus de travail. » C'est peut-être mon impatience qui parle, mais je cherche une solution aussi rapide que possible, afin d'être auprès de Joanne d'ici quelques semaines. « Je pensais quitter le poste de rédacteur en chef, et garder l'émission. Je ne veux pas complètement quitter la radio... » Cela me manquerait beaucoup trop, très rapidement. Le bureau du rédacteur en chef aussi, mais quitte à choisir, c'est celui que je sacrifie. Abandonner l'antenne n'aurait aucun sens, sachant que l'émission vient tout juste de commencer et connaît un assez bon succès. « L'émission me prend vraiment beaucoup moins de temps. Je pourrais plus souvent travailler de la maison. Et si à côté les toiles marchent bien, j'aurais aussi du temps pour peindre plus. » Cela me permettra de faire une bonne pause après toutes ces années à toute vitesse, et nous pourrons profiter des derniers mois qui nous restent seulement tous les deux avant s'attaquer la vie à trois. Je passe une main par mes cheveux, visiblement tracassé. « Je ne sais pas, je n'arrive pas à y réfléchir. Je ne pourrais jamais tout faire, même si je le voulais. » Je soupire. Sinon, je tire un trait sur cette idée ridicule d'exposer, comme je l'ai toujours fait. Je laisse ma vie telle qu'elle est, bien en place, et déjà assez chargée en bouleversements. Je trouverais du temps d'une autre manière, comme je l'ai dit à Joanne plus tôt. Et cela sera aussi parfait ainsi. Je ne peux pas tout avoir, je dois me faire à cette idée, aussi douloureuse soit-elle. « Je ne veux pas être le mari ou le père absent. » j'avoue finalement, cette idée était mon principal souci, ma nouvelle obsession.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Elle se doutait que ce trait de caractère très marqué découlait de la perte d'Oliver. Jamie aimait énormément son frère, elle le savait. Il l'avait perdu sans qu'il puisse faire quoi que ce soit, il était démuni. Alors doucement, ce mécanisme s'était mis en route. Vouloir protéger à tout prix, au point d'en être excessif. Empêcher que tout ceci recommence, qu'une personne qui lui est chère disparaisse de son champ de vision pour n'importe quelle raison, qu'elle soit blessée de toutes les manières possibles. S'il le devait, il enfermerait très certainement Joanne si ça lui épargnait bien des malheurs. Ce devait être un grand challenge pour lui, que de l'exposer au grand public, même s'il avait partagé avec beaucoup d'enthousiasme la grossesse de sa belle. Jamie semblait perplexe en entendant les confessions de Joanne, décrivant avec ses propres mots sa façon d'être possessive. Il disait être aveugle, elle sourit faiblement. "Pourtant je peux t'assurer qu'elles sont bien là, rêvant de mettre ce beau Jamie Keynes dans leur lit." dit-elle à voix basse, ayant une brève vision de ce genre de scènes, ce qui la glaça jusqu'au sang. Elle sait qu'il était particulièrement fidèle, mais parfois, malgré elle, son côté défaitiste la forçait à s'imaginer ce genre de choses, bien que c'était encore très rare. Mais pour le peu de fois qu'elle voyait ça, ses émotions la torturaient au possible, ça lui était insupportable. D'ailleurs, la phrase qu'il dit ensuite chassa instantanément ces mauvaises pensées. Elle le regarda alors avec énormément d'amour. Il était terriblement craquant en employant cette tonalité pour sa voix, elle s'en mordait la lèvre inférieure. "Je suis alors la plus chanceuse de toutes les femmes, si tu ne regardes que moi." dit-elle à voix basse, après qu'il l'ait furtivement embrassé. Joanne lui avait ensuite retourné la question, concernant son bonheur. Si elle le rendait heureux. Il disait l'être devenu grâce à elle, à son arrivée dans sa vie. Il avait fallu un sacré concours de circonstances pour que ce soit le cas. Elle l'écoutait avec toute son attention, profondément émue par le moindre de ses mots. Jamie disait qu'il avait trouvé son identité, qui il était grâce à elle. "A mes yeux, tu l'es déjà, d'une certaine manière." lui dit-elle doucement. "Mon mari." Ses yeux se replongeaient dans son regad vert alors que ses doigts faisaient à nouveau quelques gestes de tendresse sur sa joue. "Nous savons depuis longtemps que nous vivrons ensemble jusqu'au bout, pas vrai ? Que vivre cette vie à deux cents à l'heure ne nous gêne absolument pas, que nous parvenons à suivre le rythme sans jamais s'essouffler. Il y avait certaines choses qui étaient forcément déjà tracées quelque part, non ?" Etrangement, depuis qu'ils avaient évoqué le fait qu'ils auraient pu très bien se rencontrer dans d'autres vies, mais que leur amour n'avait jamais pu aboutir restait fermement gravé dans sa tête. Comme si cela avait été le cas, qu'il en était ainsi, et pas autrement. "Et papa, tu l'es aussi déjà un peu, sinon il n'y aurait pas eu ces quelques larmes tout à l'heure." ajouta-t-elle avec toute la tendresse qu'elle pouvait avoir. Il riait lorsqu'elle disait qu'elle espérait que le bébé fasse rapidement ses nuits. Et elle fit de même quand il reprit les paroles du Dr. Winters. Un bébé parfait. Il y a quelques jours de cela, c'était un idéal impossible à atteindre aux yeux de la jeune femme. Depuis, elle avait eu l'annonce, elle l'avait vu, elle avait entendu son coeur battre. Ce rêve lui semblait depuis réalisable, elle pouvait désormais espérer donner vie à un enfant en bonne santé. Un bébé parfait. La question de la chambre de posait déjà. C'était certainement trop tôt, il fallait sûrement attendre quelques mois avant d'y songer, mais ce détail lui trottait déjà en tête. Il pensait que l'atelier était trop loin de la chambre, et serait d'avis d'utiliser la chambre d'amis actuel, voulant créer une porte entre leurs salles de bain et la chambre d'amis. Il y avait pourtant déjà une salle d'eau reliée à cette chambre non utilisée. "Serait-ce trop égoïste de garder notre salle de bains... pour nous ?" demanda-t-elle en riant nerveusement. "A part quand on lui donnera des bains, il pourra déambuler à quatre pattes comme il veut sur la moquette." Elle l'embrassa doucement. "Mais je suis d'accord de faire migrer la chambre d'amis. Ca ne me gênerait pas de passer par le couloir pour aller voir le petit, ou la petite. Nous pourrions mettre dans la salle d'eau tout le nécessaire pour la toilette, et essayer plus tard de l'agencer pour en faire une petite salle de bain ? Quand il (ou elle) aura grandi, adolescent, je pense que ça pourrait plaire. D'avoir sa propre salle de bains." Comme ça, Jamie aurait aussi des travaux sur le long terme, qu'il fera plus tard. Elle lui sourit. "En attendant, nous avons toute la chambre d'amis et l'atelier à repenser et à redécorer, ça nous occupera déjà beaucoup." Quoiqu'elle n'était pas sûre que Jamie la laisse faire quoi que ce soit pour ces travaux, si ce n'est de cuisiner des cookies pour les petites pauses. Jamie était vraiment tracassé par le passage de cette femme qui lui avait hautement suggéré d'exposer ses toiles. Elle le voyait, que c'était une décision difficile à prendre. Il essayait de passer devant d'autres options, plus ou moins réalisables. La jeune femme prit la main qu'il était en train de se passer dans les cheveux afin d'y déposer un baiser, juste avant qu'il partage ses véritables craintes. "Et tu ne le seras pas." dit-elle en venant chercher son regard, y croyant dur comme fer. "Je suis confiante à ce sujet." Elle lui caressait la joue, un peu ses cheveux aussi. "Je pense que tu aimes déjà trop ce petit bout et que tu remuerais ciel et terre pour être là lors des grands moments de sa vie. Et tu seras là. Nous trouverons des solutions, Jamie. Il y en a toujours." Milo arrivait soudainement, réclamant à ce qu'on lui lance une nouvelle fois le bâton. Sa maîtresse lui retira le bout de bois de sa gueule afin de le lancer dans l'eau. Il adorait nager, ne se laissant pas impressionner par les quelques vagues. "Et sinon, tu ne penses pas que tu puisses passer à mi-temps, pour le poste de rédacteur en chef ? Ca laisserait l'opportunité à quelqu'un de méritant dans la chaîne de monter un peu en grade et gagner en expérience au travers de la tienne. C'est un métier très prenant, peut-être qu'une partie du travail peut être diviser en deux. Un co-rédacteur, ou quelque chose comme ça ?" Elle haussa les épaules. "Je ne sais pas si ça se fait." Mais ça pourrait être intéressant pour tous les partis. "Et toi, ça te permettrait d'avoir plus de temps pour toi. Il y aurait la moitié de ton temps de travail en tant que rédacteur, ton émission. Et si le coeur t'en dit, tu pourras toujours exposer. Je ne suis pas une experte en la matière, mais je t'aiderai. Et si cette Nyx est une exposante intelligente et qu'elle sait qu'il y a du potentiel derrière tes toiles, elle te laissera tout le temps dont tu as besoin avant de revenir vers elle. Elle ne laisserait pas passer une occasion en or." Joanne l'embrassa doucement avant de l'entraîner par la main afin qu'ils reprennent la marche.
Il faudrait que j'arrête de sourire bêtement lorsque Joanne me complimente, directement ou non, ou lorsqu'elle sous-entend que je peux plaire à d'autres femmes qu'elle. Il faudrait aussi que j'arrête de baisser les yeux de cette manière, l'air si gêné par ce genre de paroles que cela ressemblerait presque à de la honte. La honte de plaire. C'est ridicule. C'est ainsi que je me sens toujours lorsque j'ai cette réaction, plus forte que moi, et toujours la même, sans exception : sourire nerveusement en coin, et fuir du regard, parfois même en secouant négativement la tête afin de balayer des paroles dans lesquelles je ne crois pas vraiment. En quoi est-ce si invraisemblable de plaire à quelqu'un d'autre ? Je n'en ai pas la moindre idée, et je dois bien avouer que cela ne m'intéresse pas vraiment, dans la mesure où seul le regard de Joanne compte vraiment pour moi. J'ai soupé du jugement du monde extérieur, du public, des mondains, de toutes les sphères, dans toutes les circonstances. Je ne veux vraiment plus en entendre parler, et préfère laisser les mots et les regards glisser sur moi, sans m'atteindre, comme de l'eau sur un miroir. Je suis particulièrement touché que ma fiancée me considère déjà quelque peu comme son mari. Après tout, il n'y a de différence entre un statut et l'autre qu'une cérémonie pour officialiser le tout. Mais les bagues sont déjà là, ainsi que la volonté de vivre ensemble pour les dizaines d'années à venir, aussi longtemps que nous le pourrons. Comme elle le dit, il était évident pour nous depuis un moment déjà que nous voulions être ensemble, suivre le même chemin pour toujours. « Tu le savais, toi, que serions ensemble ? Qu'on en arriverait là ? » je demande, un brin curieux. Joanne sait déjà qu'elle était devenue une évidence pour moi dès notre voyage à Londres. Qu'il ne pouvait y avoir qu'elle dès les prémices de notre relation, et que rien ne pouvait m'en détourner. Elle devait devenir ma femme, point barre. Mais elle, qui est si peu sûre d'elle, n'a peut-être pas eu cette certitude. Peut-être a-t-elle laissé les événements venir à elle, espérant le mieux, et s'attendant au pire. Elle mentionne les quelques larmes que j'ai laissé s'échapper lors de l'échographie, comme preuve que je suis déjà un père -et elle a raison, dans un sens. L'enfant n'est pas dans mes bras, mais il existe, il est là, et déjà je peux sentir qu'un nouveau rôle m'incombe, qu'il y a une nouvelle personne a protéger et à aimer. Qu'importe ce que l'on en dirait scientifiquement, pour moi, il s'agit déjà d'un être à part entière. Un petit être qui aura besoin d'une chambre -même si cela ne sera pas avant des mois. Mon cerveau planifie déjà les arrangements qui devront être effectués dans la maison pour accueillir notre enfant. Joanne demande s'il est possible de tirer un trait sur la porte supplémentaire entre la future chambre et notre salle de bains. Je ris doucement. « Non, tu as raison. Gardons ce bout d'intimité pour nous. » je réponds avec un large sourire. L'autre salle d'eau devrait amplement suffire après tout, et quelques pas dans le couloir pour rejoindre la chambre du petit ne feront de mal à personne. J'écoute la jeune femme partir dans des plans pour l'avenir, quand notre petit bout aura grandi, l'imaginant déjà adolescent. « Tu as une vision à très, très long terme, dis donc. » je fais remarquer pour la taquiner. Mais tout viendra à point nommé. Il faudra déjà tout réaménager. « Je n'arrive même pas à nous imaginer nous disputant pour la couleur de la chambre du bébé. » j'avoue en haussant les épaules. En revanche, nous nous battrons certainement pour des questions d'éducation, ces moments où nos deux mondes opposés s'entrechoqueront. Serrant Joanne un peu plus dans mes bras, cynique au possible, et approchant doucement mon visage du sien, je murmure ; « Quel ennuyeux petit couple heureux nous faisons. » Où sont passées nos disputes romanesques et passionnées ? Peut-être appartiennent-elles au passé, ou reviendront-elles plus tard. Je ne m'en plains pas, au contraire. Je dépose un baiser tendre sur les lèvres de ma belle. A son tour, après avoir partagé ma crainte d'être un mari et un père absent, elle m'embrasse délicatement, persuadée que cela ne sera pas le cas. Elle se dit confiante. « Je ne le suis vraiment pas. » je murmure, l'air désolé. Je suis d'habitude le plus optimiste de nous deux, mais cette confiance s'étiole souvent à mon propre sujet. J'ai bien peur de me résumer à l'homme qui rentre tard à la maison, dont on se souvient à peine, dont on espère plus la présence. Joanne est convaincue que nous trouverons toujours des solutions. Moi, beaucoup moins. Pas si les choses restent en l'état actuel. Alors elle propose comme alternative que je passe à mi-temps sur mon poste actuel. Intéressé, je l'écoute attentivement, les yeux plissés. J'ai déjà l'impression d'effectuer le travail de deux personnes (trois avec l'émission) assez souvent. Une paire de mains et un cerveau supplémentaire ne seraient pas de refus. Quelqu'un pour prendre le relais lorsque je ne suis pas là. « Si, ça se fait… » dis-je tout bas, pensif, cherchant à savoir si cette option est bel et bien envisageable. Réalisable. Et elle me semble l'être. Le sourire me revient, et je vole un baiser aux lèvres de la jeune femme. « Tu es un génie, mon ange. Je vais proposer ça à Roxy demain. » Tenant son visage entre mes mains, je l'embrasse sur le front, puis de nouveau sur ses lèvres. « Tu es parfaite. Je t'aime. » Aboyant d son petit timbre aigu, Milo revient de sa baignade, tenant fièrement son bâton. Trempé, son avancée sur la place le couvre peu à peu de sable qui se colle à ses poils. Un rire m'échappe en le voyant aussi fier et de pauvre allure à la fois. « Regarde-moi ça, dans quel état tu es… » dis-je en me tenant accroupi face à lui, tout son petit corps remuant au rythme de sa queue. Seule sa tête est relativement sèche ; je passe mes doigts sur son front et entre ses oreilles, lui donnant quelques caresses affectueuses. « T'es malheureux, hein, petit court sur pattes. » La vie doit être plus douce dans une grande maison, avec une famille et un ami, plutôt que seul dehors, à se cacher dans les buissons. Lui et Ben n'ont pas l'air d'avoir matière à se plaindre de leur condition. Ce qui ne sera peut-être plus le cas du plus grand lorsqu'il devra passer dans le bain. Nous poursuivons la balade quelques minutes, puis rebroussons chemin en direction de la maison. Nous sommes de retour chez nous en un petit quart d'heure. Immédiatement après m'être débarrassé de mes chaussures, pleines de sable également, ainsi que de mon écharpe, je lance aux deux bestiaux ; « Bon, un bon bain pour vous deux, bacs à sable. » J'attrape Ben par le collier, il sera le premier à y passer. Il est loin d'être le même amoureux de l'eau de Milo, la tâche sera plus ardue. Il sait ce que cela signifie, lorsque je le tire de cette manière vers le bain, et dégaine immédiatement le regard de chien battu. Ca ne prendra pas. Lui et son camarade n'y échapperont pas, et ensuite Joanne et moi pourrons aller fêter l'arrivée à venir d'un nouveau membre dans la famille, pour la seconde fois -mais on ne fête jamais trop ce genre de choses.