« Bien. » se contentait-elle de dire lorsqu’il mimait l’idée de retour sur le terrain. « C’est mérité. » Sincèrement ravie pour lui, elle n’en faisait néanmoins pas de trop. Ils n’en avaient parlé qu’en surface et elle avait vite compris qu’il ne fallait pas creuser plus loin, qu’il resterait mystérieux sur la nature de son job. Son imagination lui suffisait pour cette fois, persuadée qu’il en avait déjà beaucoup dit en lui contant cette histoire d’armes à l’aéroport plombée par l’oubli de son autorisation à trimballer un tel arsenal. Elle imaginait sans mal qu’il y avait laissé des plumes pour revenir sur le terrain, consciente du mental d’acier de l’homme à ces côtés, non sans être impressionnée à vrai dire. Mais quel prix ? Elle ne voulait pas se poser la question, la réponse risquant de la faire flipper plus qu’autre chose.
Elle préférait avouer ses propres ressentis à défaut de chercher les siens. Bien sûr qu’elle aurait aimé que ça se passe autrement, qui ne l’aurait pas voulu ? Ils se sont faits du mal, beaucoup de mal, sur la base de rien finalement. Mauvais timing, coup du destin, faux départ. Rien de réjouissant donc rien d’étonnant à vouloir autre chose. Néanmoins, il n’était pas possible de refaire le passé alors à défaut, elle avait demandé pardon pour les fautes commises et avouait à présent le désir profond qu’elle avait eu à ce que les choses se passent bien entre eux avant que tout ne vienne à être détruit. Elle y avait sincèrement cru, avait nourri de vrais espoirs. La musique qui s’échappait des haut-parleurs du téléphone ne faisait que faire croitre cette sensation, surprise par tant de douceur et de mélancolie dans les oreilles de Mills.
« Les trois. » disait-elle avec instinct, avant de reprendre dans un rire léger. « Quoi qu’avec du recul, le gâteau était quand même le summum de la loose, c’était plutôt drôle. » En ne revenant que sur ce détail, il comprendrait sans mal que si les choses étaient à refaire, elle aurait gardé son fils près d’elle et l’effet papillon de cet événement aurait corrigé tout le reste. Pas de blessure, pas de grossesse nerveuse, pas de psy et d’hôpital, pas même de raison de le stopper dans l’entreprise de coucher ensemble dans ce parc où elle avait craint qu’il devine ses rondeurs sous ses mains et en vienne à poser des questions légitimes.
Les choses se seraient déroulées d’une façon différente si : « J’aurais aussi aimé ne pas te connaître avant Tinder et ne pas perdre un ami après la visite de... je connais même pas son prénom. » celle qu’elle supposait être une amie car elle lui avait demandé de ne pas faire de mal à Jackson. Sans même le savoir, c’est elle qui lui avait fait indirectement du mal en se mêlant de leur histoire au pire moment, d’un côté comme de l’autre. Evoquer ce souvenir réveillait la douleur qu’elle avait ressenti lors de leur unique coup de téléphone. La forcer à donner son prénom par sa froideur, l’envoyer sur les roses sans une once d’explication et la plonger plus encore dans le flou. Tout ça n’avait pas aidé et pour cause : « C’était dangereux de ne miser que sur une seule personne. Tu étais ma bouée de sauvetage à ce moment-là et j’ai juste fini de plonger. » De quoi lui confirmer les doutes qu’il avait eu : il l’avait maintenu en vie tout ce temps parce qu’elle se confiait à lui et dès lors de la rupture, s’il ne l’avait pas interrompue dans ces toilettes, elle aurait mis fin à ses jours dans la solitude. S’il n’avait pas stoppé son geste, elle se serait laissée mourir entre ses doigts.
Repenser à cette période la rendait émotive, lui faisait retenir ses larmes pas encore visibles mais audibles dans la manière qu’elle avait de se taire si soudainement et de détourner une nouvelle fois le regard. Les lèvres pincées, la salive difficilement avalée – par l’émotion et la sécheresse de sa bouche – , elle levait de quelques centimètres ses fesses, juste de quoi glisser sa main dans sa poche arrière et sortir de nouveau le trèfle rendu humide par la chaleur et la sueur. C’était plus facile de regarder ce bout de papier et d’affronter les silences et les probables soupirs lassés de Jackson de la voir s’attacher à leurs souvenirs. « J’ai détesté Connor. » Celui qu’il n’était pas. « La brutalité de Jackson a détruit et sauvé ma vie à la fois. » L’homme en proie à ses démons. « Jax me manque. » Cet ami, ce confident, ce potentiel amant, celui qu’elle soupçonne être le réel lui. Celui sur qui elle avait dangereusement misé. Celui qu’elle avait tant apprécié et avec qui elle avait eu la sensation de se retrouver. Celui qui avait rallumé une flamme d’un tendre baiser au point de lui faire croire que c’était possible, que l’histoire pouvait être jolie. « Je refuse de croire que tu n’aurais pas aimé que ça se passe autrement toi aussi. »Souviens-toi, Jax, des étincelles de couleurs qui n’existaient que sous tes paupières.
Le summum de la lose. Jax ne peut retenir un sourire amusé qu'il camouffle cependant derrière un silence approbatif. Lui mettre un râteau pareil le jour de son anniversaire, Swad n'y était pas allée de main morte ! Il fallait qu'il l'appréciât plus qu'il ne souhaiterait bien l'admettre pour passer outre, quand bien même sa réaction avait été de lui dire qu'à l'avenir elle serait seule à ramer pour à nouveau provoquer la chance que les choses ailles plus loin entre eux. « J’aurais aussi aimé ne pas te connaître avant Tinder et ne pas perdre un ami après la visite de... je connais même pas son prénom. »« Louisa. » La réponse est automatique, spontanée, tandis que l'esprit de Jackson se perd dans l'analyse des perspectives qu'ouvre l'hypothèse amorcée par Brody. L'agent sait à quel point les " et si ... " peuvent s'avérer dangereux pour la santé mentale, mais la brutalité avec laquelle avait pris fin toute cette histoire laisse un goût de trop peu propice aux divagations. Au fin fond des abysses du trou laissé dans la porte de sa chambre après cet appel ayant fait voler en éclats leur complicité délicate pourrissent les possibles d'une relation tuée dans l'œuf.
Que se serait-il passé s'il avait eu la possibilité de se confier à Swad, la veille du rendu du verdict ? Aurait-il pu trouver auprès d'elle le soutien dont il avait besoin, se raisonner et ainsi éviter la dispute avec Gabrielle concernant l'artillerie qu'il planifiait d'emporter avec lui sur le toit de la banque dans le but de se venger ? Aurait-il déclaré le même genre de paranoïa s'il n'avait pas su que Brody était à la fois la fille du café et celle de l'application de rencontres ? Ce que l'agent retient surtout, c'est que perdre ce lien de confiance au moment ou ses nerfs atteignaient leur point de rupture l'avait précipité dans un gouffre dont il peine encore à se sortir. Ces musiques douces qu'il écoute à la place des habituels morceaux de rap agressif accompagnant ses entraînements en sont la preuve : Mills fait ce qu'il peut pour retrouver la paix qu'il a perdu. « C’était dangereux de ne miser que sur une seule personne. Tu étais ma bouée de sauvetage à ce moment-là et j’ai juste fini de plonger. »« La même. » Il peut bien le lui avouer maintenant qu'il a touché le fond, que son reflet dans le miroir lui fait peur lorsqu'il prend le temps de se regarder dans le blanc des yeux et de voir dans ses regards suspicieux les ombres de la folie rongeant son âme. Une emprunte si discrète que même le jury psychologique n'y a vu que du feu. Mais Jackson se connait mieux que ces gens dont le métier est avant tout d'estimer s'il ferait une chair à canon acceptable pour le gouvernement. Lui seul sait jusqu'ou ses résonnements inavouables sont capables de le pousser, de l'abrutir, de le transformer en machine dangereusement inarrêtable lorsque les freins lâchent. Seul dans sa démence, il perd un peu plus confiance en ses capacités de guérison à chaque nouvelle sortie de piste, c'est pourquoi parler de ses problèmes avec Sparrow était devenu une nécessité.
À travers la mélodie, le silence fait écho aux paroles de 6lack. Jackson, qui jusqu'alors se contentait de regarder droit devant lui, tourne le regard en direction de sa voisine. Elle a cette attitude fuyante des animaux blessés, la même que dans les toilettes de l'hôpital après qu'elle se soit effondrée sur le sol et qu'elle ait repoussé sa main de son ventre à l'époque arrondi de stress et de nervosité. Le temps d'une poignées de secondes, Jax fait l'effort d'imaginer l'horreur de pareille condition. Se retrouver avec le physique et les humeurs d'une future mère tout en sachant qu'un gamin abandonné regrette probablement son absence quelque part dans le monde ... L'agent n'était pas capable de le concevoir au moment de l'agression, mais la léthargie dans laquelle les plonge la chaleur insupportable du camion lui confère aujourd'hui la possibilité d'appréhender le contexte sous un nouvel angle. Celui de la compassion. Il n'en revient pas lui-même de ressentir ce genre de pincement au cœur pour cette femme que sa paranoïa aurait souhaité voir morte.
Le trèfle entre alors dans son champ de vision. Jax observe son écriture sur ce morceau de papier découpé avec soin mais colorié à la hâte. Il était impatient ; le cacher au milieu des stickers du quartier l'avait amusé comme un gamin. « J’ai détesté Connor. La brutalité de Jackson a détruit et sauvé ma vie à la fois. Jax me manque. » Comment ne pas la croire quand l'émotion dans sa voix vient le chercher jusque dans son bas ventre ? Mills a beau être suspicieux, méfiant et échaudé par la mauvaise expérience, il n'en reste pas moins cet animal dont l'instinct est plus puissant que tout le reste. Après lui avoir intimé qu'aider Deborah à déplacer ses meubles était la meilleure chose à faire, son intuition, désormais, le pousse à accepter de baisser sa garde. « Je refuse de croire que tu n’aurais pas aimé que ça se passe autrement toi aussi. » Le pus ne peut pas sortir d'un abcès que l'on s'obstine à ne pas percer. Si son orgueil refuse de l'admettre, l'instinct de survit de l'agent, lui, l'a depuis bien longtemps intégré. Au MOSC, on leur a appris que se couper un membre est un mal nécessaire quand le seul choix qui s'impose est de vivre ou de se laisser mourir ... « Ça a souvent tendance à pas s'passer comme je voudrais, tu sais. » Dit-il en tendant la main pour s'emparer de ce cadeau d'anniversaire sans autre valeur que celle projetée dedans par sa propriétaire. Pensif, Jax fait tourner entre ses doigts le papier puis libère l'une de ses mains qui se charge d'aller éteindre le flash du téléphone. La musique perdure mais la vision se meurt. Il fait à nouveau nuit autour de leur histoire. « Approche. » Son bras se glisse autour de la taille de l'irlandaise, manœuvre similaire à celle du pique nique sous les étoiles. Il n'a aucun mal à la passer par dessus sa cuisse pour venir la caler entre ses jambes, dos à son torse collant. Sans rien dire, l'agent s'arrange pour qu'elle soit confortablement installée, œuvre à tâtons afin d'échanger le trèfle avec l'éventail qu'il avait laissé au sol puis se met à ventiler en direction de leur visage. Le filet d'air les caresse tous les deux, permettant d'expliquer la raison de cette configuration et invitant la brune à reprendre elle aussi ses efforts afin de les rafraîchir. La mutualisation de leurs forces donnera de meilleurs résultats que de se fatiguer chacun dans leur coin. « Inspire. » Répète-t-il, témoignant de sa capacité à gérer ce genre de situation lorsqu'il n'en est pas l'acteur principal. Des crises de panique, Mills en a connu de plus violentes que celles-ci sous les bombes irakiennes. Il donne d'ailleurs l'exemple en prenant une grande inspiration sensée entraîner Deborah sans son mouvement maintenant que le dos de la jeune femme est collé à son buste. C'est là qu'il réalise qu'elle use toujours du même shampoing pour se laver les cheveux. Exorciser les rancœurs passe par bien des chemins. Se réconcilier avec une odeur en est un parmi tant d'autres.
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Dernière édition par Jackson Mills le Ven 24 Fév 2023 - 7:34, édité 2 fois
Louisa. Elle s’en faisait l’image d’un ouragan, spontané et impulsif, qui ne répond qu’à la force de la nature. C’est ainsi qu’elle la voyait : ses sentiments d’amitié pour Jackson l’avaient poussée à venir la voir. Cette spontanéité dans la nécessité de le protéger avait tout détruit, balayant tout sur son passage. Est-ce qu’elle avait seulement conscience de ce qu’elle avait fait ? Deborah en doutait. La question se posait à peine que ses iris se retournaient sur le principal concerné lorsqu’il avouait à son tour qu’elle avait été sa ceinture de sécurité pendant un temps. La surprise se mêlait à la peine dans les traits de son visage. Ils avaient finalement partagé le même état, ressenti le même abandon au pire instant. Elle avait envie de s’excuser, de lui dire combien elle était désolée mais à quoi bon quand aucun n’est fautif ? « J’ai l’impression que ça a explosé sur base de rien finalement. Mauvais endroit, mauvais moment, caractères de merde et c’est tout. » C’est ainsi qu’elle voyait les choses au fur et à mesure que les pièces du puzzle se remettaient en place. Leur première rencontre n'était qu’une hasardeuse situation délicate entre une trouillarde au caractère trop trempé pour l’admettre et un paranoïaque prêt à tout pour que son histoire n’explose pas à cet instant. Deux bombes à retardement, chacun ses raisons mais la même finalité : la hargne au bide pour ne pas couler. Les mœurs avaient été adoucis par Tinder, les animaux blessés s’étaient laissés amadouer mutuellement. Une bonne entente qui avait explosé sur base de rien, oui, c’était bien ça.
C’était probablement pourquoi il était si facile pour elle d’avouer que Jax lui manquait. Le reste n’était que des situations particulières, des instants sombres pour l’un comme pour l’autre, loin de les représenter, comme s’ils ne comptaient pas ou trop peu à côté de la bonne entente, tant ils étaient épris de (res)sentiments inhabituels. Ils s’entendaient si bien lorsque la vie semblait reprendre un chemin plus classique. Chacun semblait aspirer au même objectif : la paix intérieure, le pardon envers soi et une vie plus simple. Cela expliquait sûrement leur facilité à discuter aujourd’hui sans se jeter des mots acides au visage. Contrairement à la demie heure précédente, elle n’avait cette fois pas peur qu’il froisse ce trèfle, se contentant d’écouter et, lui semblait-il, lire entre les lignes de son affirmation. Lui aussi aurait préféré que ça se passe autrement, c’est ainsi qu’elle le comprenait. La lumière s’éteignait, accompagnée du retient de son souffle, le stress de nouveau au bord des lèvres. Encore un truc insoupçonné dont elle allait devoir parler avec la psy.
Jackson prenait les choses en main comme à son habitude. Enfin, c’était elle qu’il prenait littéralement en main. Sans difficulté, une nouvelle fois, il la ramenait à lui, surprise qu’il aille jusqu’à la glisser entre ses jambes, au plus proche possible. Le filet d’air qu’il créait dans les secondes suivantes semblait lui permettre de reprendre son souffle, dans un soupir lourd, toujours maladroitement irrégulier. Entraînée dans le geste, elle le faisait à son tour, le battement des éventails assemblés leur octroyant un semblant de circulation d’air. Sous l’injonction verbale et l’exemple donné par le brun, Deborah inspirait profondément à plusieurs reprises. Sa respiration se calquait sur celle de Jackson tandis qu’elle fermait les paupières : oublier la pénombre involontaire en créant la sienne. Elle pouvait sentir son cœur se calmer, sa main libre s’étant posée contre son poitrail. « Tu crois que c’est possible de pardonner, comprendre et recommencer ? » La question n’était bien sûr pas anodine. Plus directe dans ces mots qu’il ne peut l’être, Deborah exprimait clairement son désir de passer à autre chose et d’éventuellement laisser une porte ouverte à une suite plus sereine. Le tout étant de savoir : « Enfin je veux dire, qu’est-ce qu’il s’est passé à l’hôpital ? Tu en avais réellement contre moi ? » Osait-elle enfin demander, une question qui lui brûlait la langue depuis lors. En dehors des faits physiques, qu’est-ce qui l’avait poussé à la rejoindre et se comporter ainsi sans raison apparente ? Sa mise en garde de ce jour-là avait sonné comme des paroles hors du temps et hors contexte. « Ne me mens pas, s’il te plait. Si tu l’envisages, je préfère encore que tu ne me répondes pas. »
Il ordonne, elle exécute. Cette configuration convient parfaitement à l'agent dont la mission est désormais de donner le tempo, de soulever puis d'abaisser sa cage thoracique afin d'entraîner celle de la brune dans son sillage. Jax peut sentir les jauges de stress se réduire progressivement tandis que ne cesse d'augmenter la chaleur autour de leur bulle d'air éphémère. À partir de maintenant, ils ne pourront plus cesser leur éventage car un retour à l'immobilité écrasante reviendrait à suffoquer. Aussi s'applique-t-il à rester constant dans l'agitation de son bout de papier de fortune. En silence, l'agent prie pour que Stew ne se tape pas tous les feux rouge du block sur son chemin.
« Tu crois que c’est possible de pardonner, comprendre et recommencer ? » Elle ne peut le voir, pourtant Mills roule des yeux en direction du plafond. La curiosité de l'irlandaise ne finira jamais de l'exaspérer tout comme sa propension à poser des questions là ou le silence se suffirait à lui-même. « Enfin je veux dire, qu’est-ce qu’il s’est passé à l’hôpital ? Tu en avais réellement contre moi ? » Jax comprend qu'elle se pose la question mais refuse de se dévoiler sur le champ de bataille qu'est devenue sa santé mentale depuis ... depuis quand au juste ?
Il avait cru aller mieux suite à la condamnation de Hoover mais s'est vide rendu compte que ce sentiment de soulagement n'était qu'une période de calme avant la tempête. L'amnésie avec laquelle Mills s'était réveillé du coma n'était en réalité que la partie émergée de l'iceberg. Plus les jours passent, plus l'agent réalise qu'il n'a pas fini de se battre contre les séquelles insoupçonnées de son accident. Le stress post-traumatique, Jax sait ce que c'est : il a vu bon nombre de soldats revenir de zone de guerre avec cette merde pour étiquette. Jamais pourtant il n'avait imaginé en être un jour victime. Son job certes dangereux sur bien des aspects lui avait donné l'impression d'être à l'abri des drames attendant les hommes dont la tâche consiste à traverser les no mans land en slalomant entre les tirs et les mines. Trop confiant, Mills s'est cru à l'abris mais la réalité à tôt fait de lui rappeler que les chocs émotionnels arrivent tous les jours, dans la vie de tout le monde. Agent ou pas, bons comme mauvais ... « Ne me mens pas, s’il te plait. Si tu l’envisages, je préfère encore que tu ne me répondes pas. »
Alors il garde le silence. Dix secondes. Vingt secondes. Peut-être même une minute entière. Le temps qu'il faut pour trouver les mots justes, ceux qui ne mentent ni ne dévoilent ce dont il lui est de toute façon interdit de discuter avec des civiles : « C'était pas contre toi. » Mills mise sur le fait que la scène s'est déroulée dans les toilettes du service psychiatrique de l'hôpital pour que Brody en tire les conclusions tombant sous le sens. Et parce qu'il ne souhaite pas lui laisser l'occasion de creuser d'avantage le sujet, il enchaîne sans plus attendre sur un autre : « Un retour en Irlande prévu pour les fêtes ? » Un mois à peine avant Noël. Timing un peu serré pour déménager et prendre l'avion en direction de l'Europe mais cela reste faisable. Jax en sait quelque chose, lui dont la vie s'est résumée à jongler entre les fuseaux horaires et les aéroports durant plusieurs années.
Soudain, des coups brutaux sont assenés contre la porte du camion. Réactif, Mills redresse le buste, poussant sans le vouloir Deborah vers l'avant. Aveuglé par la pénombre, l'agent tente d'agir afin d'éviter à la brune de finir assommée contre le meuble qu'il se souvient avoir vu face à eux avant d'éteindre la lumière.
Voyons voir ce qu'en dit le destin : a écrit:
WIN :« Jax, t'es là ? »« Ouais ! » S'écrit l'agent, sa main placée en protection sur l'angle du meuble avant que le front de l'irlandaise ne s'y cogne. Personne n'est blessé, Stewart déverrouille la porte en un rien de temps, la lumière et l'air frais peuvent enfin pénétrer le four au sein duquel, à défaut de s'être réconciliés, Debie et Jax ont tout du moins enterré la hache de guerre. Il ne leur reste plus qu'à reprendre le cour de leur vie désormais et cela commencera par une bière de remerciement en compagnie de leur sauveur en ce qui concerne Jackson.
SO CLOSE :« Jax ? »« On est là ! » Mills tend le bras et referme sa poigne sur ce qu'il pensait être la base du cou de Deborah. Raté, c'est un nichon qu'il sent frémir sous ses doigts. « Le verrou est coincé, attend, j'ai une pince dans le coffre. » Brody ne s'est pas cognée la tête, mais Jax se retrouve dans une situation particulièrement délicate à laquelle son tact inexistant répond sans demi-mesure : « Va pas croire que c'était prémédité. » Pardonner et comprendre dans la même demi-heure était déjà inespéré mais recommencer de manière si brutale, non merci. Il a encore sur les doigts la responsabilité des hématomes laisser autours des cuisses de Marley dans la laverie ...
LOSE :« Jax ? »« Merde ! » Un bruit mat accompagne le moment ou le front de l'irlandaise percute le meuble. Jax est incapable de mesurer l'ampleur des dégâts. Il n'a bien évidemment mis aucune force dans son geste mais preuve n'est plus à faire que ce qui semble anodin pour l'agent peut s'avérer puissant pour autrui ... « Bouge pas. » Articule-t-il tout en rallumant la troche du téléphone. « Le verrou est coincé, va falloir un pied de biche ... »
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Dernière édition par Jackson Mills le Sam 11 Mar 2023 - 21:08, édité 2 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31457 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Les corps étaient en souffrance. Ils suaient, se ventilaient avec difficulté, la chaleur écrasante mettait en peine leurs organismes : du mal à rassembler ses idées, à exécuter des tâches pourtant naturelles (respirer était pénible, le focus des iris dans la pénombre était trouble, réguler sa température était compliqué, la concentration en papillon). Pourtant, ce qui était le plus douloureux pour Deborah était le silence qui suivait son interrogation. L’absence de réponse figeait son bavardage. Elle se faisait muette à son tour parce que c’était naturellement blessant, au-delà du physique. Elle n’en aurait eu rien à foutre s’il était resté le mec louche d’Halloween mais il était plus que ça. Comme elle l’avait si bien exprimé, c’était ce commencement d’amitié qui lui manquait, c’était à Jax qu’elle s’adressait, c’était à celui qu’elle avait énervé par sa simple identité qu’elle posait la question. La peine ne s’estompait que lorsqu’il ouvrait la bouche, se contentant de peu de mots, comme toujours.
Elle n’en comprendrait les aboutissants que plus tard parce qu’à l’instant, il faisait basculer la conversation sur elle. L’Irlande… Le sujet la divisait un peu. « Non. J’aimerai mais je ne suis pas prête à me confronter à leurs questions. » Son cœur était en manque de sa famille mais son mental n’était pas assez guéri pour ce genre de combat. Son frère savait. Tout. De A à Z. Elle n’avait pas besoin de lui mentir. Le reste de la famille, c’était une autre histoire. Naturellement, sa relation avec Camil avait dépassé les frontières, pour sa famille en tout cas (elle doutait fort que le reste du monde en ait quoi que ce soit à branler qu’elle soit en couple avec un politicien important d’Australie). En partant du postulat qu’ils n’étaient pas au courant de l’existence de son premier enfant, elle ne pouvait pas leur faire part d’une grossesse nerveuse relative à la première. Elle avait demandé expressément à son frère de ne pas leur laisser l’occasion de tomber sur ces rumeurs, sur la perte d’un enfant qui n’avait en réalité jamais existé. Jusque-là, il avait réussi mais d’ici Noël, elle n’avait aucune garantie qu’ils ne tombent pas sur l’information et elle n’avait simplement pas envie de leur mentir davantage en plus de ne pas être prête à en parler. Le deuil était réel mais d’une autre façon.
Des coups contre la paroi les sortaient de la discussion. Par réflexe, l’agent se redressait, ne laissant pas le temps à Brody de contracter ses muscles pour le retient afin d’éviter de basculer. C’est lui qui l’en empêchait… en empoignant l’un de ses seins. Par réflexe, elle chassait sa main, sans animosité, se redressant sur ses jambes, pressée de sortir de là. « C’est bon, te prends pas la tête, je ne crois rien. » et certainement pas que c’était une quelconque tentative. Une paire de minutes s’écoulaient encore tandis qu’ils pouvaient distinguer l’ami de Jackson en train de trafiquer le verrou. Pitié, que des flics ne passent pas par là en pensant qu’il est en train de cambrioler un véhicule en plein jour… Par chance, ce n’était pas le cas. « C’est bon, j’ai réussi ! » La lumière aveuglante du soleil entrait dans l’habitacle à la levée du rideau de fer. Par réflexe, Deborah inspirait profondément. « Merci beaucoup. » d’être venu et parvenu à leur ouvrir. Il faisait chaud à Brisbane mais la différence était si notable entre l’intérieur du camion et l’extérieur qu’un long frisson parcourait l’échine de Deborah. La différence était telle…
WIN:
que sa capacité à respirer revenait doucement tandis que la plateforme descendait pour les faire redescendre au sol sans choc pour l’organisme. Elle retrouvait l’ombre de l’immeuble et n’attendait pas pour s’exprimer. « Je vais chercher de l’eau, bougez pas. » disait-elle alors qu’elle était déjà en train de remonter à son appartement. Dans son organisation de déménagement, elle avait stratégiquement laissé des grandes bouteilles d’eau qui allaient se montrer utiles. En redescendant, les bras chargés par trois bouteilles, elle les distribuait avant de plonger sa main dans la poche de son jean pour en extirper un petit billet. « Pour l’essence, la gentillesse et le reste. » argumentait-elle sans laisser le choix à l’ami de Jackson d’accepter tandis qu’elle s’abreuvait déjà, se dirigeant vers les marches menant à l’immeuble pour mieux s’y asseoir et retrouver une situation corporelle convenable, profitant de l'instant pour s'humidifier la nuque.
SO CLOSE:
qu’elle vacillait quelque peu, l’obligeant à stopper la descente de la plateforme pour mieux s’asseoir au bord de cette dernière. Le choc thermique était réel mais sa respiration exagérée et son calme lui permettait d’éviter l’évanouissement. « Je crois que le reste du déménagement va attendre demain. » disait-elle avec ironie pour mieux reprendre ses esprits tandis qu’un mal de crâne commençait à se manifester, symptôme récurrent lorsqu’on passe trop rapidement du chaud au “froid.”
FAIL:
qu’elle n’avait pas le temps de se rendre compte de ce qui se passait. Blackout ! Le choc thermique était si violent que lors de la descente de la plateforme, elle s’était évanouie, son corps atterrissant sur le bitume, heureusement ralenti par sa chute initiale sur la plateforme. Dans son malheur, une chance : la tête a été épargnée… A l’inverse du bras, visiblement cassé. Le déménagement allait prendre plus de temps que prévu.
(on remercie Zoltar de l’an dernier pour le bras cassé, j’attendais l’occasion, la voilà )
Dernière édition par Deborah Brody le Sam 11 Mar 2023 - 17:46, édité 1 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31457 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
« Non. J’aimerai mais je ne suis pas prête à me confronter à leurs questions. »« Hum. » Sa façon d'exprimer sa compréhension. Mills saisit parfaitement le sentiment retenant l'Irlandaise de se rapprocher des siens pour les fêtes. Lui non plus n'est pas du genre à prêter le flanc quand il sait que les interrogations provoqueront au mieux des malaises, au pire des mensonges. Détester se faire tirer les verres du nez ou être bousculé dans ce qu'il estime être son droit au silence confère à l'agent la capacité appréciable de laisser aux autres le leur. La preuve : il ne demande pas pourquoi. Son insistance se limite aux cas particuliers des interrogatoires non-protocolaires qu'il provoque parfois avec des suspects dont il possède les preuves de la culpabilité. Jax compte alors sur l'intimidation et la violence pour faire cracher le morceau, mais il ne peut imaginer la famille de la brune capable de lui plonger la tête sous l'eau afin d'obtenir d'elle quoique ce soit. Il faudrait vraiment que ses parents soient pires que le portrait qu'elle lui en a dépeint ...
Stewart arrive à la rescousse. Brody se redresse et la porte finit par s'ouvrir comme celle du paradis. De l'air ! Peut-être pas frais, mais résolument moins chaud que celui responsable de l'état dans lequel se trouvent leurs vêtements. Ces derniers, littéralement trempés de toute la flotte qu'ils ont perdu en cuisant à petit feu, leur collent à la peau. Tandis que Deborah se donne pour mission de leur ramener de l'eau, Jackson partage avec son ami un checke reconnaissant. Le rire caverneux de Stewart provoque le sien autour de plaisanteries bon enfant. Stew fait des sous-entendu subtiles, tend des perches que Mills préfère ne pas saisir. Personne n'a besoin de savoir avec précision ce qu'il s'est passé dans ce camion ... Maintenant qu'ils en sont sortis, le véhicule restera au palmarès de ces histoires que l'on raconte en soirée lorsque tout le monde y va de sa petite anecdote. Quoi, j'vous ai pas raconté le jour ou j'ai sauvé l'agent Mills d'un sauna avec une brune bien roulée ? Jax l'entend d'ici mettre au courant tout le gang des joueurs du coin de la rue, ceux que le terrain de basket ball attire comme des papillons de nuit les soirs d'été. La vérité, c'est qu'il y a fort à parier pour que les sales gosses responsables de cette farce aussi mauvaise que dangereuse soient les petits frères de certains d'entre eux. Tant pis, il n'y a pas mort d'homme. Mais si Jax vient à apprendre leur identité, il ne manquera pas de les effrayer à son tour. C'est comme ça qu'on apprend !
Brody revient. Les gars la remercient. Mills vide sa bouteille à la vitesse d'une pompe à fioul, haussant les épaules lorsque Stewart lui décoche un regard perplexe. Qu'il garde ce pourboire, ça lui fera une bière, pense-t-il sans piper mot. « J'dois filer, je remplace un collègue ce soir. » Stew est agent de sécurité. Travailler de nuit quand on est père célibataire rend moins nombreuses les occasions de rester tailler le bout de gras avec de nouvelles connaissances. L'homme remercie Deborah pour la bouteille qu'il emporte avec lui après les avoir saluer de la main. « J't'appelle. » Affirme l'agent avant de se tourner vers l'irlandaise assise sur le trottoir. « Moi aussi j'vais y aller. » Parce qu'en plein jour et sans promiscuité, il lui semble plus difficile de considérer la jeune femme comme celle qu'il avait au bout du clavier l'année précédente. L'animosité n'est clairement plus la même et c'est indéniable qu'il y aura finalement plus de positif que de négatif à garder de ce déménagement bancal, mais Mills a une asso à faire rouler, des rapports à remplir et des exercices de méditation à pratiquer s'il veut continuer sur la bonne lancée que lui ont inspiré les mots de Sparrow. Pas sûr que passer plus de temps que nécessaire en compagnie d'une femme à laquelle il a beaucoup trop ouvert son coeur dans une période de vulnérabilité soit la plus astucieuse des stratégies pour faire taire sa paranoïa et tous ces départs de feux que les dernières semaines ont allumé. « Alors bon emménagement. » Conclut-il, replaçant dans ses oreilles les écouteurs pendus au col de son t-shirt. Il hésite un instant sur la formule la plus appropriée et décide qu'un adieu ressemblerait trop au genre de va te faire foutre qu'il lui crachait dans le combiné en avril. Jax opte pour un « À plus. » un peu moins défaitiste. Qui sait, Brisbane n'est pas si grande ...