| they say that bad things come in threes (noor #2) |
| | (#)Dim 4 Déc 2022 - 16:43 | |
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Oh, right now times are hard Stacks of bills and broken cars And everyone seems to have lost their heads They say that bad things come in threes But they're piling over you and me Come on now, it's time to leave Dès les premiers textos envoyés par Lyb, j'avais compris que quelque chose n'allait pas. Spontanément, j'avais répondu à la jeune femme, me moquant éperdument du fait que j'étais entouré de mes collègues dans le cadre d'un pot ayant pour but de souligner la fin de la semaine, accueillir les nouveaux arrivants du service et apprendre à se connaître. Autant dire qu'en toute franchise, je n'étais pas épris de la même volonté à m'intéresser à mes confrères et consœurs hospitaliers qu'aux artistes drag queens que je fréquentais sous les traits de Bea, mais ayant beaucoup de misère à refuser une invitation en plus qu'ayant conscience de tout le bénéfice qui reposait à tisser des liens avec les individus avec qui j'enchaînais des heures de travail, j'avais accepté poliment l'offre.
J'avais passé la soirée à essayer de me raccrocher la conversation, sourire figé sur mes lèvres, agrémentant mon attitude d'un rire à la moindre blague lancée, même quand celle-ci n'était pas distrayante. A plusieurs reprises, je me concentrais à rester focalisé sur la conversation et lorsque le sujet devenait profondément barbant à mes yeux, je m'évinçais pour aller chercher quelques verres au bar. Certes, j'aimais rencontrer des gens, j'aimais découvrir d'où il venait et ce qui les faisait vibrer, mais une sortie en groupe n'était pas forcément propice à cela et parfois, la connexion ne se faisait tout simplement pas : les éléments n'étaient pas réunis à instaurer une réelle chimie.
Je ne me faisais donc pas prier pour attraper mon blouson et saluer amicalement mes collègues en excusant mon départ et en les remerciant de l'invitation. Ceux-ci me répondirent par des signes de la main et je passais le seuil du bar, me rendant directement dans une supérette pour acheter le minimum du kit spécialisé à remonter le moral d'une de mes meilleures amies : crème glacée à la saveur cookie dough, tequila, un citron et quelques chips et bonbons au chocolat pour la route. Lorsque je parvenais à l'immeuble résidentiel où Hugo louait son T2, je frappais doucement à la porte boisée avant de pénétrer le logement. Je retrouvais Noor et attrapais délicatement sa main, lui indiquant : "Allez viens, on sort. J'ai un plan."
Je prenais sa veste sur le porte-manteau de l'entrée pour lui mettre sur ses épaules, l'enlaçais tendrement puis l'invitais à m'enboîter le pas. Après quelques minutes de marche, nous arrivâmes au bar du fleuve de Brisbane et je m'installais sur le muret le bordant, mes pieds surplombant l'eau. Les étoiles parsemant le ciel faisait ricocher leurs lueurs sur les vaguelettes et l'heure avancée rendait l'endroit désert, serein. "Cadeau," j'invitais en lui tendant une bague en bonbon. "Pour renouveler notre promesse," j'expliquais avant de retirer la bouteille de tequila du sachet ainsi que la crème glacée. Je tendais une cuillère à Noor et dévissais l'alcool. "Qu'est-ce qui s'est passé, carinha?"
@Noor Guerrero
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| | | | (#)Lun 12 Déc 2022 - 15:09 | |
| They say that bad things come in threesNoor ne s'était pas attendu à la rupture. Elle était tombée de haut, persuadée que tout se passait bien. Ils se faisaient des promenades dans la ville, étaient allé au cinéma, avaient fait de nombreux restaurants. Il la faisait rire, et elle avait eu l'impression que leur histoire était faite pour durer. Avant qu'il ne finisse par lui avouer qu'il sortait avec plusieurs filles avant de choisir celle qui lui plaisait le plus. Elle avait senti son monde s'écrouler, et y penser lui laissait encore un arrière-goût amer en bouche. Les mots résonnaient dans sa tête, et elle se sentait horrible, parce que quelle part, une de ses autres copines avait dû réussir, et Noor se demandait ce qu'elle avait de plus qu'elle. Etait-elle plus mignonne ? Ou plus drôle, Noor n'ayant jamais été une grande comique. Pu c'était plus facile de sortir avec elle parce qu'elle comprenait les références australiennes, là où Noor avait parfois du mal à suivre, ayant grandi au Mexique dans un environnement assez peu anglicisé. Alors elle s'était déchargée sur Hugo, sans grand succès. Elle se sentait même pire maintenant, culpabilisant d'avoir été infecte avec son meilleur ami plutôt que de le remercier d'avoir pris le temps qu'il fallait pour lui redonner le sourire. Elle avait l'impression d'enchaîner les idioties - et c'était certainement la raison pour laquelle aucune de ses relations ne fonctionnait jamais. C'était de sa faute, elle était le facteur commun après tout. Elle avait choisi d'envoyer quelques messages à Kai pour se changer les idées, et quand il lui avait dit être en route, elle avait juste pensé qu'il venait passer la soirée avec elle. Ils l'avaient fait régulièrement quand ils vivaient tous les deux en Californie, au gré des mésaventures qu'ils pouvaient l'un ou l'autre traverser. « Tu m'emmènes où ? » Il ne voulait pas lui répondre, mais il souriait doucement. L'endroit ne devait donc pas être horrible ou trop étrange. Sans doute un coin qu'il avait découvert en se baladant. Un endroit boisé et agréable, à l'opposé des coins que Noor visitait, elle qui cherchait surtout à s'imprégner de l'architecture locale. Il l'emmena effectivement dans un petit écrin de nature longeant le fleuve. Ils n'étaient pas loin de la route, mais n'entendaient plus du tout le bruit de la ville. L'atmosphère était apaisante, parfaite pour calmer un peu les tumultueux sentiments de Noor. « C'est beau ici » dit-elle en s'asseyant à coté de son meilleur ami. « Tu l'as découvert comment ? » Est-ce qu'il y avait été invité par ses discrets et mystérieux amoureux ? Ceux que Noor ne rencontraient pas même si elle avait l'impression qu'il passait énormément de temps avec eux. Même s'il ne lui en parlait pas et faisait tout pour lui cacher le fait qu'il y avait un pan de sa vie dans lequel il refusait de la faire entrer. Elle fit glisser la bague bonbon autour de son doigt, le bougeant doucement pour regarder les couleurs. Elle ressemblait plus à la bague extravagante de Quatre mariages et un enterrement qu'à une alliance, mais Kai était son meilleur ami, pas un potentiel amoureux. « Pourquoi t'es un mec si parfait, et que c'est pas de toi dont je suis tombée amoureux ? » Elle laissa tomber sa joue sur l'épaule de son meilleur ami. Elle savait qu'il préférait les hommes, même s'il ne l'avait jamais vraiment dit aux Five. Ça, et le fait qu'ils étaient presque frère et sœur, plus famille qu'amis. « J'en ai marre de me faire briser le cœur... Je le supporte plus... » code par drake. |
| | | | (#)Mar 13 Déc 2022 - 17:56 | |
| Je détestais sans vergogne être témoin du malheur de Noor. Lorsque la jeune femme s'éteignait, rongée par la tristesse, la colère, la désolation, la culpabilité ou la déception, j'étais épris de la volonté de tout mettre en œuvre pour apaiser ses maux et la divertir de ceux-ci. Souvent, l'origine de ses coups de cafard reposaient sur les sombres personnages qu'elle fréquentait romantiquement. A chaque nouveau mec, je m'évertuais à taire ma méfiance, conscient du talent de ma meilleure amie pour se dénicher des hommes qui lui ferait odieusement défaut, mais nourrissant autant d'espoir qu'elle à ce qu'elle déniche son prince charmant. La Guerrero était résiliente, elle continuait de croire en l'amour, malgré la succession de ses échecs amoureux, et j'admirais sa résilience. Cependant, j'espérais que bientôt elle rencontre la personne avec qui elle écrirait cette histoire d'amour au sein de laquelle elle s'épanouira pleinement.
« C'est beau ici, » la brune commente tandis que nous nous installons sur le muret bordant le fleuve de Brisbane, endroit duquel j'avais tenu à lui faire la surprise. Je souris, fier que le paysage lui plaise. « Tu l'as découvert comment ? » Je hausse une épaule nonchalamment tout en déposant les éléments du kit de réconfort que j'avais acheté avant de conduire mon amie sur ce muret. « Par hasard, en me baladant, » je décrivais sommairement. « Je cherchais des endroits pour faire du vélo tout terrain et on m'a parlé de Kangaroo Point qui n'est pas très loin. » Je laissais filer un bref rire de la frontière de mes lèvres. « Désolé, je n'ai pas d'histoire rocambolesque sur ce coup-là, » je formulais avec malice avant de tendre la bague en bonbon à ma promise fiancée.
« Pourquoi t'es un mec si parfait, et que c'est pas de toi dont je suis tombée amoureuse ? » J'entendais Noor confesser et me toucher de ce compliment avant de poser sa joue sur mon épaule. Je venais baiser tendrement son front puis entremêlais ses doigts des miens. « Parce que mon meilleur rôle c'est d'être ton ami pour la vie, celui sur lequel tu pourras compter jusqu'à la fin de tes jours, » j'affirmais, souriant contre le front de la mexicaine. J'inspirais doucement, laissant se dérober quelques secondes. « Puis crois-moi, on rigole comme ça de nos fiançailles, mais si elles ont vraiment lieu un jour, tu verras à quel point j'suis loin d'être parfait ! Tu dis juste ça dans un moment de faiblesse... » Je répliquais avec humour, sur un ton faussement menaçant. « J'en ai marre de me faire briser le cœur... Je le supporte plus... » Je caressais doucement le dos de mon amie pour la consoler. « Je suis désolé, Lyb, » je compatissais. « Il te méritait pas. Et tu verras, quand tu trouveras le mec qui est fait pour toi, tous ces ratés auront plus aucune importance. Si ce n'est qu'ils t'auront mis sur le chemin de la personne qui t'aimera vraiment, » j'encourageais, déposant un nouveau baiser sur sa joue avant de caresser ses cheveux. « Qu'est-ce qu'il a fait, ce gros nigaud-là ? Tu veux en parler ? J'peux aller te venger ? » Je proposais avant de tendre une cuillère remplie généreusement de crème glacée à Noor. « J'suis tout à toi. » Que ce soit pour l'écouter vider son sac sur cette rupture, l'enlacer en silence ou même parler de tout et n'importe quoi en quête de se changer les idées. « J'vais te le recoller moi ton cœur, tu verras il sera encore plus beau qu'avant, » je promettais. |
| | | | (#)Lun 19 Déc 2022 - 16:22 | |
| They say that bad things come in threesNoor posa sa veste sur le muret avant de s'asseoir, laissant ses yeux vagabonder sur le fleuve passant sous leurs pieds. Le bruit de l'eau était reposant, poussant presque à la méditation. (Elle n'avait jamais été capable de rester calme assez longtemps pour vraiment en faire, ayant toujours des dizaines de projets en cours qu'elle était incapable de lâcher pour "ne penser à rien".) « Moi qui m'attendais à une histoire à rebondissements ! » souffla-t-elle, essayant de mimer la désapprobation. Elle était juste contente que Kai ait trouvé ce petit écrin de nature à l'écart de l'agitation de la ville. C'était tout ce dont elle avait besoin pour le moment, afin de se vider la tête avant de repartir dans le tourbillon qu'était sa vie. Elle savourait la présence de Kai dans sa vie. Il avait été son seul regret quand elle était partie des Etats-Unis. Elle allait certes retrouver Dani et Hugo, mais le laisser derrière elle avait été un déchirement. Elle était plus que ravie qu'il ait décidé de les rejoindre lui aussi à Brisbane, et encore plus ce soir-là, alors qu'elle sentait sa présence autour d'elle, soutenante et accueillante. « On avait vécu ensemble assez longtemps pour que je connaisse tous tes points faibles. Je peux vivre avec ! » Sauf que Noor aimait trop l'amour pour se contenter d'une vie avec son meilleur ami. Il n'y aurait jamais de passion avec Kai, parce qu'il était comme son frère. Ils échangeaient des phrases entre le portugais et l'espagnol, partageaient leur tequila et s'encourageaient mutuellement. Ils se connaissaient par cœur, peut-être trop pour pouvoir tomber amoureux. « Et si personne ne m'aime vraiment ? » souffla-t-elle, appuyant un peu plus son front contre l'épaule de Kai. Noor n'avait pas envie qu'il voit ses yeux tout humides, et les pleurs qu'elle essayait de retenir. Elle l'avait appelé pour qu'il lui remonte le moral, et elle se refusait à craquer. Elle se sentait déjà assez pathétique comme ça, à craquer pour des hommes qui finissaient toujours par l'abandonner comme une vieille chaussette trouée. « Pourquoi Hugo et toi, vous répondez toujours par les poings ? C'est bien un truc de garçons, ça, de croire que ça va tout résoudre. » Parce que même si Kai le tabassait, il ne voudrait pas plus de Noor. Et est-ce que ça l'empêcherait de faire la même chose à une autre fille ? Elle en doutait vraiment... Elle attrapa la cuillère de glace qu'il lui tendait, la mettant entière dans sa bouche. Elle grimaça en sentant le froid lui glacer jusqu'au cerveau, avant de sentir le sucré de la glace. « Merci d'être toujours disponible quand j'ai besoin de toi. T'es le meilleur réparateur de cœur que je connaisse. » Celui qui connaissait son parfum de glace préféré et savait la faire rire même quand elle était triste. « J'ai pas gâché ta soirée au moins ? » Elle ne s'en inquiétait que maintenant, les idées un peu plus claires parce qu'elle n'était plus dans l'appartement de Hugo, à ressasser les dernières semaines. L'air frais et le petit coin de paradis lui faisaient du bien. code par drake. |
| | | | (#)Ven 30 Déc 2022 - 16:30 | |
| J'inspirais profondément l'air frais de cette soirée estivale, accueillant affectueusement la tête de mon amie sur mon épaule. Un fin sourire amusé se dessina sur mes lèvres alors qu'elle me fit part, faussement désapprobatrice, de ses attentes d'une histoire à rebondissements pour expliciter ma découverte de ce lieu abritant la paix au centre d'une Brisbane pourtant par définition tumultueuse. « Je sais, je suis décevant, » je taquinais en déposant un baiser sur le front de mon amie, avant d'extraire la crème glacée du sachet que j'avais amené pour cette rencontre improvisée à dessein de gommage de peine de cœur.
« On avait vécu ensemble assez longtemps pour que je connaisse tous tes points faibles. Je peux vivre avec ! » riposta Noor tandis que je lui signifiais que ses moments de faiblesse la conduisaient à envisager notre mariage. Je ris doucement, prononçant avec une once de provocation : « T'es drôlement assurée dans tes propos, dit donc ! » Si la plaisanterie est si aisée, c'est bien parce que l'amour qui nous unit ne s'apparente aucunement à la romance. Noor et moi sommes tels deux doigts d'une même main, deux frère et sœur, deux manches d'un même habit. On se comprend, on se connaît, on se soutient, on se devine, mais jamais nous ne pourrions véritablement nous compléter ni nous combler. Nous étions là l'un pour l'autre pour honorer les personnes que nous étions mais nous ne participions pas à nos évolutions individuelles pour autant. Nous nous aimions plus que tout au monde, je serais prêt à tout pour Lyb, mais notre profonde et inconditionnelle amitié n'incluait pas cette félicité qui élève les cœurs propre au grand amour.
« Et si personne ne m'aime vraiment ? » Je claquais doucement ma langue contre mon palais comme pour gronder Noor. « Quelle drôle d'idée. Tu en as beaucoup, des comme ça ? » Je relativisais avec légèreté dans l'objectif de remonter le moral de ma meilleure amie. Je couvais tendrement sa main des miennes. « C'est impossible que personne ne t'aime vraiment, Lyb. Tu es une femme formidable. Tu es brillante, sensible, entière, généreuse, forte... Je peux même te faire la liste par ordre alphabétique de toutes les raisons comme quoi tu es exceptionnelle. Et puisque tu es une femme d'exception, tu ne vas pas aller avec n'importe qui. C'était pas ton mec, les précédents ne l'étaient pas non plus. C'est un mal pour un bien et quand tu trouveras l'homme pour toi, tu comprendras. Je te le promets. » J'entremêlais mes doigts aux siens. « Jamais de la vie tu resteras sans vrai amour. T'en as trop à donner et t'en as tout autant à recevoir. » Je me redressais de manière à attirer la jeune femme contre moi dans une étreinte. « Ca va aller, okay ? Je te le promets. C'est juste une mauvaise passe, » je soufflais à son oreille en caressant son dos. Dans ses traits qui la définissait, la Guerrero était aussi dotée de ce courage et de cette authenticité qui l'animaient à se donner corps et âme. J'en soupçonnais la chute encore plus brutale lorsqu'un homme la décevait, ce vaillant quitte ou double aux terminaisons injustement amères, que j'espérais saurait bientôt porter les fruits mérités.
Doucement, je m'intéressais à l'origine de ses maux tout en proposant virilement de rendre la monnaie de sa pièce à celui qui osait blesser mon amie. Je souris doucement devant l'affirmation que m'offrait Lyb sur cette attitude masculine. « Oh, ça résout certains trucs, crois-moi, » je répliquais, énigmatique, en lui tendant une cuillère remplie de sa crème glacée favorite. « Merci d'être toujours disponible quand j'ai besoin de toi. T'es le meilleur réparateur de cœur que je connaisse. » Je lui souris tendrement, pressant affectueusement l'épaule de Noor avant de poser mon regard sur les flots du fleuve. Le silence vint nous envelopper quelques instants avant que la voix de l'architecte ne s'inquiète : « J'ai pas gâché ta soirée au moins ? » Je laissais échapper un rire. « Non, t'inquiète. Tu m'as plutôt tiré d'une soirée barbante pour tout te dire. » Je rejetais ma tête en arrière. « Les pots entre collègues franchement, j'y adhère jamais. Ca a jamais été très compatible avec moi, ça. » Je présentais, haussant les épaules avec désinvolture. Il y avait ma vie privée et ma vie professionnelle et jamais n'avais-je rencontré quelqu'un qui pouvait s'apparenter à ces deux volets. Probablement le fait que la biologie n'entrait pas dans mes domaines de passion n'aidait pas à élaborer des relations avec d'autres scientifiques. « Puis de base, je préfère mille fois passer mes soirées avec toi. En plus que y'a toujours de la tequila comme ça... » Mon regard pétille de malice. Il en allait de même pour les soirées avec tout autre membre des five, bien que la thématique différait selon avec qui je me trouvais. C'était réellement eux, les miens, mes proches, ma famille. « Tu aimerais rester ici, toi ? » Je questionnais ensuite, curieusement. « Je veux dire : t'installer ici, à Brisbane. » Je marquais une pause. La trentaine nous avait fatalement happé et même si je ne souhaitais pas la laisser régir mon mode de vie, elle imposait de nouvelles perspectives et ébranlait certains de mes vœux. « Faire ta vie ici ? » Je précisais, mes sourcils se fronçant légèrement aux nuances saugrenues de détenait cette phrase à mes propres oreilles. |
| | | | (#)Jeu 5 Jan 2023 - 18:45 | |
| They say that bad things come in threesLà où Hugo avait balayé la question, jamais à l'aise pour répondre aux choses trop émotionnelles, Kai s'empressait de la rassurer. Ou en tout cas, de lui glisser des mots rassurants auxquels Noor avait du mal à croire. Parce qu'à force de ruptures et de relations plus ou moins toxiques, elle avait du mal à croire qu'elle trouverait un jour son âme sœur. « Comment tu veux que j'y crois alors que tout finit toujours mal ? Je suis toujours seule, le cœur en morceaux, à regarder les autres vivre de belles histoires » dit-elle, luttant contre les larmes. C'était dur de voir s'envoler ses rêves d'amour, elle qui avait toujours été si romantique. Elle avait peut-être un peu trop idéalisé l'histoire de ses parents, qui s'étaient rencontrées à l'université et avaient tout de suite su qu'ils s'aimaient. Sa mère avait même déménagé au Mexique, et y était resté quand elle était devenue veuve, pour rester près de sa belle-famille. Noor, la seule fois qu'elle avait été proche de sa belle-famille, c'était avec Seth, et uniquement parce que ça arrangeait le jeune homme. Son père signait de plus gros chèque pour couvrir ses dettes, espérant que Noor vive un peu mieux - sauf que tout l'argent passait dans les bars que fréquentait son petit-ami de l'époque, et qu'elle peinait à les faire vivre sur son maigre salaire de stagiaire architecte. « Ca fait dix ans qu'elle dure, la mauvaise passe. C'est trop long » souffla-t-elle, essuyant rageusement ses joues. Il allait peut-être falloir qu'elle admette qu'elle n'était pas faite pour l'amour. Et que ce couvent dont elle plaisantait souvent avec Hugo était sans doute une bonne idée. Tout plutôt que de continuer à souffrir comme ça, chaque fois qu'elle croyait qu'un homme s'intéressait à elle, avant de la décevoir quand il avait obtenu ce qu'il voulait. Elle était blottie contre Kai, inspirant son odeur rassurante. Et remerciant elle ne savait qui de l'avoir mis sur sa route, quand ils étaient encore des étudiants innocents et fêtards. « Comment ça y a pas un biologiste qui utilise ses connaissances pour faire son propre alcool maison ? Aucun respect des traditions ! » Ou c'était peut-être très français ou européen. Peut-être que les nouveaux collègues de Kai étaient trop sérieux, plus "healthy", avec leur surf et leurs petits plats bons pour la santé. Loin des quantités de tequila qu'ils buvaient ensemble, que ce soit pour fêter quelque chose ou pour se réconforter. « Je sais pas si je resterai ici pour toujours. Mais pour l'instant... Vous êtes tous ici, j'aime bien mon nouveau job, j'aime bien cette ville. Alors pourquoi pas ? » Elle était partie du Mexique parce qu'elle avait besoin de respirer, loin de sa famille trop envahissante. Puis elle avait suivi Seth à Londres, qu'elle avait ensuite quitté avec soulagement quand il avait rompu et qu'elle avait appris toutes les horreurs qu'il faisait dans son dos. Elle avait apprécié de vivre en Californie, mais n'avait eu aucun mal à en partir après sa dernière grosse rupture. Elle savait que pour le moment, partir de Brisbane ne serait pas très compliqué. « Tu te sens bien ici ? Au point de t'y fixer pour le reste de ta vie ? » C'était une trop grosse décision pour elle. Elle ne savait pas où elle serait dans un ou cinq ans, si Brisbane continuerait de lui convenir ou si elle aurait des envies d'ailleurs. Alors pour l'instant, elle se contentait d'apprécier sa vie en Australie, et d'en tirer le maximum d'expérience si jamais elle repartait de nouveau. « Je sais juste que je pourrais pas retourner au Mexique... Je pense pas que j'arriverais à devenir la bonne épouse, sage et qui s'occupe des enfants. Je me suis trop habituée à être indépendante et à tout gérer toute seule... » Mais Kai était un garçon, et même s'ils avaient été élevés dans la même culture, ça voulait surtout dire qu'il avait plus d'indépendance qu'elle. Bien que le respect des aînés et des traditions leur pèsent à tous les deux, après avoir expérimenté la liberté de voyager autour du monde. code par drake. |
| | | | (#)Dim 22 Jan 2023 - 20:25 | |
| Ca me serrait douloureusement le cœur de constater le chagrin qui habitait présentement ma meilleure amie. Je me sentais prodigieusement impuissant face à sa peine, quand bien même je possédais indéniablement la volonté de remuer Ciel et Terre pour lui obtenir ce qui la comblerait. Cependant, à défaut de jouir de ce pouvoir, je me contentais d'être présent pour elle et m'évertuais à lui formuler les termes les plus rassurants que j'étais en mesure de lui adresser, tout droit sortis de mon cœur, armé du vœu d'amoindrir quelque peu ses maux. Ma main caressait doucement son dos, je l'avais attirée contre moi dans une étreinte. Mes lèvres posent un amical baiser sur son front. « Comment tu veux que j'y crois alors que tout finit toujours mal ? Je suis toujours seule, le cœur en morceaux, à regarder les autres vivre de belles histoires » « Tu oses douter de mes paroles ? Tu ne me fais pas confiance, maintenant ? » Je plaisantais, faussement outré. « L'herbe est toujours plus verte chez les autres, carinha, » je rappelais. « Crois-moi, où tu penses que certains vivent de belles histoires, souvent, il y a des drames. Et toi, tu as le mérite de ne pas rester trop longtemps mal accompagnée. » Un peu trop quand même à mon goût, vu les énergumènes desquels Noor avait su s'attacher dans le passé, à mon plus grand désarroi, mais je lui épargnais mon opinion là-dessus, ce n'était pas tout à fait le bon moment.
Je qualifiais la soirée de piètre élément intégré à la mauvaise passe dans laquelle mon interlocutrice se trouvait, remémorant à quel point elle était une femme exemplaire et bourrée de qualités. « Ca fait dix ans qu'elle dure, la mauvaise passe. C'est trop long. » Lyb s'essuie les joues. « Je sais, » je concédais, le cœur gros pour la trentenaire que j'ambitionnais de consoler. « Mais ça va passer, » je promettais néanmoins de nouveau, y croyant dur comme fer. La Guerrero trouverait le bonheur, il ne pouvait en être autrement.
Dévoilant le kit de réparation de cœur brisé dont je m'étais muni, je rassurais Noor sur le fait qu'elle n'avait pas gâché ma soirée : au contraire, elle m'avait plutôt extrait d'un ennui total. Un sourire apparut sur mes lippes tandis qu'elle déplorait l'inertie des biologistes à faire leur alcool maison puis curieux, je l'intéressais sur son appréciation de Brisbane. « Je sais pas si je resterai ici pour toujours. Mais pour l'instant... Vous êtes tous ici, j'aime bien mon nouveau job, j'aime bien cette ville. Alors pourquoi pas ? » Je conservais mon sourire, portant un regard tendre sur Lyb tout en dévissant la bouteille de tequila. « Tu te sens bien ici ? Au point de t'y fixer pour le reste de ta vie ? » C'est une pointe d'excuse qui s'installait dans mon regard avant que je prenne une gorgée d'alcool. « C'est beaucoup, le reste de ma vie, » je commentais. Un tel engagement avait de quoi me faire frissonner. « J'aime le fait qu'on soit tous les cinq dans la même ville, » je faisais, quitte à être en capacité de prononcer d'autres affirmations. « Je sais juste que je pourrais pas retourner au Mexique... Je pense pas que j'arriverais à devenir la bonne épouse, sage et qui s'occupe des enfants. Je me suis trop habituée à être indépendante et à tout gérer toute seule... » « Tu renverserais le Mexique, oui. Le coup d'état Guerrero, qu'on appellerait ça ! » Je taquinais. Je grimaçais ensuite en transposant la situation à mon propre retour au Brésil et je ne pouvais que comprendre le sentiment de Noor. « Plus sérieusement, je pense que t'es mieux comme ça. Idéalement avec moi, quand même, je précise, » je déclarais, joueur. « Tu seras une bonne épouse et une bonne mère, à ta façon à toi, » j'ajoutais avec affection. Je marquais une pause, prenant une autre gorgée de tequila. « Je crois que je pourrais jamais repartir dans une ville où j'ai déjà vécu. Ce serait comme si je revenais en arrière, » j'avouais. « Ca fait six ans que j'ai pas revu mes parents en chair et en os, le double que j'ai pas remis les pieds au Brésil et ça me manque même pas, » je confessais sans fierté, haussant les épaules tout en me mordillant nerveusement la lèvre inférieure. Etait-ce correct d'annoncer de tels propos, quand bien même ils étaient sincères ? Ceux-ci faisaient-ils de moi quelqu'un d'ingrat, de sans cœur ? Quoi qu'il en soit, je serais incapable par exemple d'imiter Jiji qui était repartie pour la Corée suite à son passage en France, ou de me rendre au Brésil pour le vacances comme Dani se rendait à Séoul voir sa famille pour les fêtes. « A mes yeux, j'me dis qu'on a tiré le meilleur de nos pays respectifs et maintenant, on s'enrichit de ce que les autres pays ont à nous offrir. On se fait nos petits bagages avec l'expérience des lieux où on est resté. C'est pas mal, non, comme optique ? » Je lançais, un sourire à la commissure de mes lèvres, tendant la bouteille de tequila à Noor. |
| | | | (#)Ven 27 Jan 2023 - 18:13 | |
| They say that bad things come in threes« Je doute que tu saches voir l'avenir, Señor Luz » avoua Noor, avant d'essuyer rapidement ses joues humides. « Tu peux me dire ce que tu veux, tu sais pas si ça se réalisera vraiment. » Et peut-être, peut-être, qu'elle préférait vivre mal accompagné. Au moins, ça expliquerait comment elle pouvait rester aussi longtemps avec des hommes comme Seth ou Thomas, malgré toutes les souffrances qu'elle pouvait endurer à leurs côtés. Parce qu'être seule la terrifiait, à un degré que personne ne semblait comprendre dans son entourage. Mais Kai ne savait pas tout ce qu'il s'était passé avec ses ex, parce qu'il y avait des détails qu'elle gardait bien cachés. Pas tant pour protéger les hommes, que pour se protéger elle-même, et éviter de montrer à ses amis combien elle pouvait être pathétique. Dix ans après, et malgré toutes les promesses de ses amis, elle en était toujours au même point. Seule, triste, et avec de la tequila en main. Alors il valait sans doute mieux changer de sujets, et évoquer leur emménagement encore récent en Australie, sur des coups de tête à quelques semaines d'intervalles, puisque Noor venait tout juste de s'installer chez Hugo quand Kai avait décidé d'aller squatter l'appartement de Dani. « On en est au même point alors. On aime bien l'endroit, et le fait d'avoir le reste de la bande, mais c'est pas vraiment suffisant pour y penser tout notre future ! » Choisir un endroit pour la vie, quand on ne s'était jamais posé plus de quelques années, c'était compliqué. Noor avait des attaches partout et nulle part, mais il n'y avait qu'avec les Five qu'elle avait des relations si profondes et si influentes sur le cours de sa vie. Elle ne serait pas partie au fond de l'Australie pour n'importe qui. « J'ai aucune envie de retourner au Mexique. Tu sais, ça fait quinze ans que j'y ai pas mis les pieds, et ça me manque pas tant que ça. Déjà que dès que je les ai au téléphone, ça me demande quand est-ce que je compte me marier, et ça me dit que j'ai fait trop d'études pour attirer les hommes... A croire que mon problème en amour, c'est que je suis trop intelligente ! » Si elle rêvait de mariage, d'enfants et d'une jolie maison de famille, elle savait aussi que mettre son avenir dans les mains du premier homme venu n'était pas une bonne idée. Surtout vu la façon dont elle choisissait ses hommes habituellement... Mais peut-être que c'était quand même ça le nœud du problème. Elle mettait la barre trop haut, intellectualisait tout et finissait seule et malheureuse, quand toutes ses cousines étaient déjà en train d'accueillir leur deuxième ou troisième enfant. Elle se sentait tellement à l'écart du reste de sa famille, un peu plus repoussée à chaque nouveau faire-part. « Je lève mon verre à nos expériences à l'étranger. Et au fait qu'on se sente plus chez nous à l'étranger que dans nos pays » reprit-elle, levant la bouteille de tequila avant de boire plusieurs gorgées. La chaleur de l'alcool éloignait la tristesse et l'aidait à se détendre, et à profiter un peu plus du moment. « On devrait aller vivre un peu en Corée un jour. On a jamais fait l'Asie » souffla-t-elle, posant sa tête sur l'épaule de Kai. Un jour lointain, puisque pour l'instant, ses capacités en coréen lui permettait surtout d'imiter - mal - les héroïnes des dramas à l'eau de rose que Jiyeon ou Dani lui faisaient regarder. code par drake. |
| | | | (#)Dim 5 Fév 2023 - 12:50 | |
| « Tête de cochon, » je gratifiais Noor qui me semblait bien malheureusement prisonnière du malheur de n'avoir pas encore rencontré la personne qui saurait non seulement faire battre son cœur, mais aussi l'épargner de tout bris. La situation me peinait sincèrement, je désirais être témoin du bonheur de ma meilleure amie et que ses rêves d'amour et de famille se concrétisent. A défaut de voir ce scénario se dérouler, j'y croyais sans relâche, assez candide pour songer que je pouvais le souhaiter suffisamment fort pour qu'un prince charmant débarque de la vie de la Guerrero et la comble, tel un gamin qui croit en la magie du vœu qu'il formule secrètement en soufflant les bougies de son gâteau d'anniversaire. « Moi j'y crois. Et la vie m'a montré à plusieurs reprises que l'optimisme attire le positif. » Au moins, la jeune femme séchait ses joues, ce que je considérais comme une victoire dans ma mission de la réconforter. Je caressais doucement son épaule, plaisantant : « T'es sûre que tu veux pas qu'on enroule de papier de toilette sa voiture ou qu'on lance des œufs sur sa fenêtre ? On se marrerait bien et le rire est thérapeutique paraît-il... » La malice apparaît sur mes traits et je me concentre sur le sac que j'ai apporté, dévissant le bouchon de la bouteille de tequila qui y reposait.
Je changeais le sujet en visualisant notre potentiel avenir en Australie. Lyb et moi nous rejoignions sur plusieurs points, tant au niveau culturel, qu'au sein de nos histoires personnelles ou par des facettes de notre personnalité. En l'occurrence, il était impensable pour nous deux que nous retournions dans notre pays natal et nous subissions aussi cette pression familiale que nous ne savions honorée, nos parcours manifestement différents de ceux de nos proches. Je soupirais doucement en écoutant la synthèse des appels téléphoniques que Noor avait avec sa famille, divulguant : « Je ne réponds même plus à mes parents. A quoi bon si ce n'est que pour les décevoir ? » Et me prendre la tête avec eux pour leur faire comprendre mon mode de vie, mes aspirations, mes désirs bien différents des leurs, était peine perdue, sans compter que je ne désirais pas entrer en conflit avec mes géniteurs. Plutôt, je les ghostais, ce qui n'était peut-être pas plus honorable, mais il s'agissait du compromis que j'avais trouvé et qui me convenait le mieux. « On a nos parcours qui nous sont propres. Parfois ils nous déçoivent, parfois ils nous effraient, parfois ils nous ne satisfont pas, mais ultimement, ils sont ceux qui nous ressemblent et qu'on construit de toutes pièces. Je pense qu'on peut en être fier. On trace notre propre route, c'est assez exaltant. » Je décris avec un léger rictus.
« Je lève mon verre à nos expériences à l'étranger. Et au fait qu'on se sente plus chez nous à l'étranger que dans nos pays, » trinque Noor et mon sourire s'élargit. « Salud, » je lance pendant que mon interlocutrice descend des centilitres de tequila en quelques gorgées. « On devrait aller vivre un peu en Corée un jour. On a jamais fait l'Asie » Je hausse les sourcils, intéressé. « Carrément. » J'approuve, déposant un baiser sur le front de Lyb qui a appuyé sa tête sur mon épaule. « On pourrait même aussi s'y faire un petit voyage avec toute la bande. Dani et Jiji nous montreraient les coins sympas. » Je proposais. « Hugo kiffera les piments coréens, » je lâchais un léger rire taquin en pensant au pauvre Blanchard et son intolérance à tout ce qui était épicé ou pimenté. |
| | | | (#)Ven 10 Fév 2023 - 4:52 | |
| They say that bad things come in threesKai était encore trop optimiste. Ou elle n'avait pas assez bu pour supporter de voir sa vision positive des choses. Sans doute parce qu'elle était aussi bouleversée de sa conversation avec Hugo le matin même, qui avait bien retourné le couteau dans la plaie en lui parlant de bébés et de famille alors qu'elle finissait toujours par se faire briser le cœur avant que tout ça ne se concrétise. « Je veux juste... Pouvoir l'oublier. Et arrêter de voir son sourire quand je ferme les yeux, ou d'attendre qu'il m'envoie un message pour me partager une connerie. T'as rien qui pourrais m'effacer la mémoire, par hasard ? » Lancer des œufs sur sa voiture lui paraissait trop enfantin - et surtout, il y avait le risque qu'elle se retrouve face à lui. Alors qu'une bonne potion amnésiante... Ou un alcool plus fort que la tequila, qu'elle consommait comme de l'eau, trop habituée à en boire dès qu'elle était en soirée. Et parfois, garder un peu d'alcool dans le sang l'aidait à affronter les appels téléphoniques de la famille, avec la certitude de les décevoir parce qu'elle avait sa carrière, ses gros projets professionnels, les clients qui lui faisaient confiance, mais que ce n'était jamais assez. Elle était une architecte qui se faisait son nom, mais elle n'avait pas de famille, et ça suffisait apparemment à en faire une moins que rien. « Je me sens obligée de répondre au moins à ma mère. Je sais pas, elle me fait un peu mal au cœur, à être toujours un peu l'étrangère. » Même si plus le temps passait, et plus son ventre se tordait quand elle voyait le nom de sa mère s'afficher sur l'écran. Et le manque d'envie de devoir expliquer le pourquoi du comment de son célibat, alors que le fait de ne pas encore avoir fondé sa famille la faisait souffrir. Comme Kai, partir de son pays natal l'avait aidé à voir les choses autrement, à se sentir plus libre. Et si elle ne se voyait pas vivre trop longtemps au même endroit, elle se voyait encore moins retourner au pays et retrouver cette mentalité qu'elle avait désormais en horreur. « On va tuer Hugo avec la Corée. Déjà qu'il se plaint quand je cuisine et que je dois lui faire des plats à part comme les enfants... Là, on va lui sortir un kimchi et on va devoir condamner les toilettes. » C'était quand même terrible pour leur pauvre Blanchard, cette incapacité à apprécier les plats épicés quand ses quatre meilleurs amis ne savaient pas vivre sans en mettre dans tous leurs plats. « Faudra qu'on leur propose ça. Qu'on y aille ensemble, ou juste tous les deux. Puis ça me permettrait de mettre mon coréen au défi ! » Noor avait commencé à apprendre sérieusement le coréen pendant qu'elle cherchait un travail, pour aller plus loin que les expressions qu'elle avait fini par assimiler à force d'écouter Dani et Jiyeon discuter, ou après qu'elles lui aient fait ingurgité des dizaines de dramas. Elle savait assez bien décrypter l'alphabet, mais le langage oral était clairement son gros point faible. code par drake. |
| | | | (#)Dim 12 Fév 2023 - 23:15 | |
| J'offrais un sourire compatissant à Lyb alors qu'elle me décrivait le vide qu'imposait déjà cet homme qui l'avait quitté. Si une partie de mon cerveau vagabondait parmi les quelques individus avec qui j'avais pu être en couple par le passé, se focalisant davantage sur la personne de Ryan que les autres, je m'interdisais d'y songer davantage, me concentrant sur ma meilleure amie. Manifestement, la vengeance n'était tristement pas au menu : Noor tenait encore trop à ce garçon pour désirer le mettre dans l'embarras, tout comme la rupture devait être trop fraîche pour se projeter dans le futur sans lui. Alors, j'optais pour agiter la bouteille de tequila du sac que j'avais amené, en guise de remède. « Je te propose cette bouteille et je connais un bar pas très loin si tu veux qu'on se fasse des shooters. Il y en a de vraiment bons, même s'ils sont pas meilleurs que ceux de Hugo. » La loyauté avant tout.
J'enlaçais amicalement la jeune femme avant d'orienter la conversation sur nos familles respectives et la pression qu'elles pouvaient exercer sur nos modes de vie. Si je confiais à la Guerrero ghoster honteusement mes géniteurs, celle-ci me révélait se sentir obligée de répondre aux appels de sa mère. « T'as bon cœur, carinha. » Parce qu'elle plaçait les états d'âme de sa mère devant les siens, quand bien même elle savait pertinemment qu'elle risquerait de souffrir de cette conversation. Pour ma part, je n'étais plus capable d'agir ainsi. Je ne savais pas si c'était parce que j'étais trop épuisé, trop blessé ou trop ingrat, mais je n'avais ni l'énergie, ni l'envie, de confronter mes parents et subir leur ton déçu. Ou en tout cas, pas pour le moment.
Partir pour la Corée représentait une bonne motivation pour l'avenir, néanmoins. Heureux de dénicher un sujet qui animait Noor tout en zappant la notion de ce sinistre ex, je ris doucement lorsque mon amie mettait en garde des intolérances alimentaires de Hugo. « J'avais pensé qu'avec les années, il se serait habitué, mais le pauvre, je crois qu'il va jamais développer de tolérance à notre bouffe, » je regrettais, bien qu'un sourire narquois flottait sur mes lippes. « Par contre, il faudra bien qu'il se fasse à la bouffe coréenne, pour Dani, » je formulais avec complicité. J'acquiesçais avec enthousiasme quand Noor tranchait pour proposer un voyage à cinq ou à deux en Corée, ce qui permettrait de mettre en application son étude du coréen. « J'ai envie de kimchi, en plus, maintenant, » j'ajoutais. « J'ai hâte de te voir te dépatouiller en coréen, » je taquinais. « Corée en 2023, donc ? Deal ? A deux ou à cinq, selon ceux qui suivront. » Je lui tendais une main comme pour sceller cette promesse. « Si tu pouvais créer ton futur mari, il ressemblerait à quoi ? » Je demandais, curieusement. Le profil des amoureux de Noor m'avait semblé assez large. « Par exemple, Dani, je trouve qu'elle craque beaucoup pour les mecs qui ont des cheveux plutôt clairs et le style bien sociable, un peu maladroit, » Je relève avec jeu. « Hugo lui j'pense qu'il aime bien celles qui ont quand même leur petit caractère, qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. » Je prends une gorgée de tequila, poursuivant : « Jiji elle, c'est plutôt les gens qui sortent de l'ordinaire, ceux qui se font remarquer. » Je lâchais un rire. Je grossissais réellement les lignes, mais je trouvais un certain amusement à dénicher des corrélations chez les attractions de mes meilleurs amis. |
| | | | (#)Ven 17 Fév 2023 - 15:57 | |
| They say that bad things come in threes« On a bien formé Hugo, il fait les meilleurs cocktails du monde » approuva Noor. Même si elle n'avait aucune envie d'aller au Sauci'bar pour le moment, vu comme Hugo avait essayé de la consoler le matin même. Elle préférait rester blottie contre Kai dans ce joli cocon à l'écart de tout, à boire tout en ressassant ses souvenirs. Et pas que ceux de cette relation achevée trop tôt, mais aussi ses problèmes familiaux, et son manque de lien avec sa famille. Une chose dont elle pouvait parler librement à Kai, qui partageait le même problème, contrairement au reste des Five, qui voyaient encore leurs familles, de façon plus ou moins régulière. « Qu'est-ce qu'ils disaient, quand on était en France ? Trop bonne, trop conne ? » Elle avait entendu un homme lui dire ça, après qu'elle ait refusé de sortir avec lui. A l'époque, elle était avec Seth, même s'il refusait de rencontrer les Five, et apparemment le dragueur n'avait pas apprécié apprendre avec qui elle était en couple. (Peut-être qu'elle aurait dû l'écouté, plutôt que de s'énerver en défendant son petit-ami. Elle aurait échappé à bien des problèmes. Et à la grisaille londonienne.) Elle se souvenait encore avoir demandé à Hugo la signification de ces mots, et le visage gêné de son ami quand il avait essayé de lui répondre, avec du français simple et quelques restes d'espagnol mal prononcé. Cette petite phrase qui lui revenait souvent en tête, chaque fois qu'elle se retrouvait de nouveau seule après avoir été utilisée. Heureusement qu'elle avait toujours les Five pour la sortir de l'eau, et lui faire voir la vie de manière un peu plus heureuse. Même si ça signifiait les taquiner pour les mêmes choses pendant une éternité. « Peut-être que Hugo est réticent à retourner avec Dani juste à cause de la nourriture ? Parce que clairement, il a un ventre d'enfant, et ça change pas ! » Et si les plats de Noor étaient souvent épicés, ce n'était rien à côté des repas traditionnels coréens, notamment ceux à base de kimchi. Elle était presque une petite joueuse à côté de ce que Jiyeon ou Dani pouvaient leur servir. « Tu vas rire, vu mon niveau actuel de coréen. Les filles m'ont fait voir trop de dramas, mais c'est pas d'une grande aide dans la vie de tous les jours ! » Sauf à draguer un salarié coréen, en lui faisant les yeux doux et en criant des "oppa" plus ou moins colérique. Ce que Noor allait plutôt éviter, alors qu'elle essayait déjà de ne pas rencontrer le frère de Jiyeon, architecte comme elle, malgré toute l'insistance de son amie. « J'ai pas vraiment un style particulier ? Enfin, apparemment, toxic as fuck et très doués pour me mentir... » Mais clairement, elle n'avait pas spécialement de critères physiques. Et elle essayait de choisir des hommes respectueux, mais n'était visiblement pas capable de les identifier... Elle ne comprenait pas non plus pourquoi Kai et Hugo étaient si attachés à cette question, alors qu'ils avaient tous les deux vu défiler ses copains - Kai plus que Hugo, privilège de leurs années de colocation californienne. « Et toi ? C'est quoi ton style ? » Noor s'était coupée avant de préciser "d'hommes", pas très sûre de ce que Kai avait envie de lui confier. Elle avait beau savoir depuis des années qu'il n'était pas un homme à femmes, elle ne voulait pas forcer une confession qu'il n'était pas prêt à faire. Rester sur une question neutre lui permettrait d'y répondre comme il le voudrait. code par drake. |
| | | | (#)Ven 10 Mar 2023 - 22:44 | |
| Dans un soupir, j'affirmais à ma meilleure amie qu'elle avait bon cœur. Une indéniable qualité, certes, mais qui portait également son fardeau, qu'elle présentait avec une expression française que nous avions eu l'occasion d'apprendre lors de notre séjour à Paris : « Qu'est-ce qu'ils disaient, quand on était en France ? Trop bonne, trop conne ? » Un fin sourire sans joie apparut sur mon visage. Ils avaient tristement raison, les français. L'Homme était tel qu'il ne se satisfaisait jamais de ce qui lui était attribué et son désir était inassouvissable, d'une avidité se gorgeant aux dépens des autres. Ainsi, chaque bonté d'âme se voyait aisément exploitée, transformée presque en défaut ou en tort alors qu'il s'agit véritablement là d'une attitude œuvrant à faire le bien autour de soi. « Oui, mais ça ne devrait pas exister. Être bon est représenté comme une erreur alors qu'en vrai, c'est ceux qui abusent qui sont en faute, » je faisais avec regret. « C'est dommage que les gens gentils ne se fassent pas respecter. » Et pourtant telle était la réalité, la farce de la condition humaine.
J'émettais un léger rire face aux problèmes digestifs du Blanchard, avant de me projeter sur ce potentiel futur séjour en Corée, où je comptais bien être témoin de Noor mettre en application ses connaissances en cette langue asiatique. « Tu vas rire, vu mon niveau actuel de coréen. Les filles m'ont fait voir trop de dramas, mais c'est pas d'une grande aide dans la vie de tous les jours ! » « J'ai hâte de voir ça, » j'exprimais en riant, m'imaginant la Guerrero tenter d'adapter ses souvenirs de répliques dramatiques à des situations quotidiennes. « Qui sait, ça sera peut-être une tactique d'utiliser tes connaissances des dramas coréens pour attirer les bonnes grâces des gens, » je conjecturais.
Je prenais une nouvelle gorgée de tequila, posant mon regard sur le fleuve à nos pieds. « J'ai pas vraiment un style particulier ? Enfin, apparemment, toxic as fuck et très doués pour me mentir... » Je grimaçais avec compassion en entendant la description de l'homme idéal que me fournissait Lyb. « T'es méga open, quand même, » je répliquais dans une tentative malicieuse de dérider ma compagnie. Hormis les méfaits de ses exs, il est vrai que Noor ne semblait pas avoir un genre physique bien défini, si ce n'est qu'il fallait que ce soit un homme. Je trouvais ça assez épatant qu'elle ne possède pas plus de préférences que cela, bien que j'imaginais que ça montrait encore une fois à quel point la jeune femme était dotée d'un grand cœur. L'enveloppe charnelle l'intéressait peu au-delà d'un essentiel : elle plongeait profondément dans l'âme de la personne, quitte à se faire écorcher de toutes les épines protégeant cette voie. « Et toi ? C'est quoi ton style ? » J'inspirais profondément, haussais négligemment les épaules, prenais une nouvelle gorgée d'alcool. « Plus ça va, plus je crois que je préfère aucun style, » je communiquais faiblement. « Plus ça va, plus je préfère être seul, » je précisais avec un prompt rire nerveux. Quelques secondes de silence nous enveloppèrent avant que je relatais : « Tu sais, quelques temps après que tu sois partie de la Californie, j'ai un peu pété un petit câble, » j'annonçais. « Enfin, rien de fou, rien de très important, c'est vite passé, » je rassurais derechef en croisant le regard de ma meilleure amie. « Juste... Je sais pas... » J'inspirais profondément, soupirais. « C'était une soirée, j'avais un peu le blues, j'avais bu et quelqu'un m'a soulé à me dire ce que je devais faire. C'est ridicule parce qu'elle était insignifiante, cette personne, mais elle a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, je pense. » Je grimaçais. « Et donc le vase a débordé, en dégueulis de mots. J'sais pas, il y avait personne qui m'écoutait, tout le monde s'en foutait de ce que j'avais à dire, et je crois que j'avais même pas besoin d'un public, juste de sortir ça de mon système. » Je portais de nouveau mon gobelet à mes lèvres, mordillant nerveusement le contenant. « Je me suis rendu compte que je m'étais foutu moi-même dans une prison à écouter ce que les gens me disaient de faire. Et maintenant, je suis en overdose. Je veux pas donner ce pouvoir-là à qui que ce soit. J'ai besoin de vraiment faire des trucs pour moi. J'ai besoin de vraiment être moi. » Je haussais négligemment les épaules. « Je sais que ça peut paraître idiot parce que ce n'est pas comme si j'avais des charges, comme si j'avais été privé dans ma vie. » Je n'étais pas parent, je n'avais pas d'obligations précisément dans le monde, je n'étais pas dans la misère, je devais techniquement de comptes à personne. Je trottais autour du globe comme il me plaisait, vivant une vie plutôt privilégiée, si ce n'était que je m'étouffais dans une carrière qui me déplaisait, que je me forçais dans des romances qui ne me correspondaient pas et que je m'entêtais à entrer dans un rôle qui me torturait pour plaire à mes parents. « J'aimerais que mes parents soutiennent qui je suis, plutôt que me poussent toujours à être qui je ne suis pas, » je concluais. « Même si j'ai trente piges, j'en rêve encore de cette reconnaissance de leur part, de cette fierté. » Nouveau haussement d'épaules. « Mais je l'aurais pas et depuis cette petite décompensation comme quoi j'allais faire ce que je voulais faire, sans m'excuser ou en demander l'approbation, j'me sens plus léger. Comme si j'avais eu un déclic et je pouvais un peu mieux respirer. J'ai pu dire ce que je gardais sur le cœur en mode brute de décoffrage et ça m'a fait du bien. » Je m'étais allégé d'un non-dit, en quelque sorte. Je me mordillais la lèvre, concluant : « Mais je sais pas encore en quoi ça consiste alors... Je préfère être seul. Mon style c'est aucun style pour l'instant. » Je souriais, résumant avec un sourire complice : « Toi c'est tout le monde, moi c'est personne. On fait bien la paire, je trouve. » |
| | | | (#)Mer 15 Mar 2023 - 20:15 | |
| They say that bad things come in threesNoor fronça les sourcils, pas totalement d'accord avec les réflexions de Kai. Est-ce que les humains pouvaient s'accorder le luxe d'être juste gentils ? Elle n'en était pas si sûre, surtout si elle en jugeait par sa propre expérience. « Peut-être que c'est aux gens trop gentils de s'armer et d'apprendre à se défendre ? Parce que les autres ne changeront pas... » Et qu'elle, elle en avait marre de ramasser son cœur en miettes et ses projets d'avenir. La tequila, ça ne réparait pas tout, malheureusement... Même si elle aurait bien aimé, vu les quantités qu'elle en avait consommé dans sa vie. Au mieux, ça aidait juste à réchauffer et à faire passé les moments difficiles. Alors c'était plus facile de partir reconstruire ailleurs, jouer les aventurières plutôt que les princesses en danger. C'était ce qu'avaient été à ses yeux la Californie puis Brisbane, après tout. Et peut-être qu'il y aurait ensuite un autre pays - et pourquoi pas avec Kai, s'il continuait de la suivre. Elle aurait bien besoin de ses airs raisonnables et de son humour, pour s'en sortir dans la vie ! « Les dramas coréens m'ont surtout appris à avoir des disputes avec un homme, et je suis pas persuadée que ça fonctionne avec le caissier du supermarché ou une vieille femme dans le métro » souffla-t-elle. Elle appréciait juste les dramas coréens autant que les télénovelas sud-américaines, pour leurs scénarios plein de clichés, leurs situations invraisemblables et leurs personnages qui finissaient toujours pas triompher de tout. Un brin d'espoir à ses yeux, même si elle passait des saisons entières à ronchonner contre les choix des personnages principaux. Surtout, c'était le genre de séries qui lui donnaient d'autres red flag à observer chez ses potentiels partenaires. Même si elle n'avait jamais été très douée pour les discerner, vu comment elle tombait facilement dans leurs mensonges, à chaque fois. Elle se retrouvait donc à savoir de quoi se méfier, et à être incapable de voir derrière les sourires charmeurs et les promesses de toujours. Visiblement, Kai n'était pas mieux qu'elle, perdu lui aussi entre les traditions familiales qui pesaient sur lui, et la personne qu'il avait envie d'être mais qu'il n'osait pas montrer. Un déchirement et une charge qu'elle comprenait, pour venir d'une culture si proche de la sienne. Elle aussi avait droit aux reproches plus ou moins subtils, parce qu'elle vivait seule, ne revenait pas les voir et était trop indépendante, trop "américanisée". « C'est dur, de se dire qu'on aura jamais leur accord sur la vie qu'on décide de mener. Que malgré nos jolis diplômes et nos salaires qui nous permettent de vivre la vie qu'on veut, ils ne seront jamais pleinement heureux et fiers de nous... » lâcha-t-elle, se calant un peu plus contre Kai. « Se dire que quoi qu'on fasse, ce sera jamais assez parce que c'est pas ce qu'ils veulent... » Une partie d'elle regrettait toujours de ne pas avoir pu se marier et avoir des enfants plus jeunes, dès l'obtention de son diplôme. Juste pour apaiser sa famille, et éviter que leurs inquiétudes à eux deviennent son angoisse à elle. Elle aimait sa vie, son indépendance et ses amis qui étaient devenus sa famille, mais elle était toujours triste d'avoir dû laissé sa famille biologique derrière, pour éviter de souffrir de leurs demandes qui ne lui correspondait pas. « Hey, tu vas m'en vouloir si je t'ordonne un truc ? » Noor s'était redressée, pour pouvoir planter son regard dans celui de Kai, pour montrer son sérieux quant à ce qu'elle voulait lui dire. L'obliger à faire en quelque sorte, même si elle n'avait jamais été du genre à forcer qui que ce soit à faire quelque chose. (A part Hugo pour qu'il l'aide au ménage de l'appartement, mais c'était une règle de société essentielle !) « Seja feliz, Kai Luz » lui dit-elle, sa voix un peu tremblante sur les mots portugais, qu'elle n'était pas sûre de bien prononcer. « Tu le mérites. Et c'est le seul truc qui te permettra de trouver ton style. Ou ton absence de style. T'as le droit de pas avoir besoin de quelqu'un dans ta vie. Même si je serai jalouse de toi ! » Elle embrassa sa joue, doucement, avant de le serrer contre elle. Pour lui montrer qu'elle serait là. Et parce qu'elle avait besoin qu'il la câline en retour pour la protéger de tous les mauvais souvenirs qu'elle essayait de laisser derrière elle. code par drake. |
| | | | (#)Dim 26 Mar 2023 - 20:29 | |
| Je plantais une cuillère dans le pot de crème glacée tandis que nous faisions le procès des gens bons et moins bons nous entourant. « Peut-être que c'est aux gens trop gentils de s'armer et d'apprendre à se défendre ? Parce que les autres ne changeront pas... » présentait Noor alors que j'incriminais plutôt ceux qui abusaient de la bonté d'âme d'Autrui. Je glissais la sucrerie entre mes lèvres, acquiesçant doucement, songeur. « Sans doute, mais c'est malheureux, » je concluais en retirant la cuillère de ma bouche, préférant gommer les injustices de la condition humaine en envisageant un séjour en Corée. En termes de langue, je me reposais entièrement sur Lyb, bien que sa connaissance se limitait à ces dramas coréens dont j'entendais énormément parler sans m'être jamais concentré sur le moindre épisode. « J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi vous aimez tant ces dramas. C'est parce que vous n'avez pas besoin de réfléchir en le regardant ? » Je questionnais avec curiosité. « Ou vous trouvez les acteurs mignons ? »
En parlant de désastre amoureux, mon intérêt s'étend au type d'hommes qui fait craquer ma meilleure amie, ceux qui finissent toujours par lui briser injustement le cœur et dont elle me refuse tristement que je leur casse le nez en retour. Lorsque la question m'est retournée, je bats en retraite, favorisant ma propre compagnie à celle d'une moitié que je ne saurais réellement assumer, que je ne me sens même pas prêt à aimer, à défaut de savoir m'accepter moi-même tel que je suis. Cette conscience désormais ancrée en moi, je la présente sous d'autres traits à mon interlocutrice en lui relatant ce profond et féroce besoin qui m'anime de me retrouver, de m'entendre : en somme, de découvrir qui j'étais et ce que je voulais, sans crainte, sans excuse. Bien entendu, cela était assurément plus facile à prévoir qu'à appliquer, et à la seule pensée de ma famille, ma résolution se voyait instantanément teintée de culpabilité, autre point que je confiais à la trentenaire. « C'est dur, de se dire qu'on aura jamais leur accord sur la vie qu'on décide de mener. Que malgré nos jolis diplômes et nos salaires qui nous permettent de vivre la vie qu'on veut, ils ne seront jamais pleinement heureux et fiers de nous... Se dire que quoi qu'on fasse, ce sera jamais assez parce que c'est pas ce qu'ils veulent... » J'opinais doucement de la tête, étreignant ma meilleure amie qui s'était rapprochée de ma personne. « J'aime penser qu'ils agissent comme ça parce qu'ils veulent le meilleur pour nous et ils pensent vraiment que c'est le meilleur pour nous... Mais ils réalisent pas à quel point ça peut nous miner. » Je soupire doucement, songeant à la panoplie de secrets que je conserve précieusement dans les parties les plus intimes de ma vie, de ma mémoire : des activités, des passions, des façons d'être, des attirances que je m'interdis d'exposer parce que je suis intimement convaincu que j'en souffrirais, que j'en serais rejeté, même vis-à-vis de mes meilleurs amis desquels je voue une entière confiance. Mon éducation avait été telle que j'étais incapable de prendre le risque, l'idée d'entrer en conflit avec ceux que je considérais comme ma famille de cœur m'étant insoutenable.
« Hey, tu vas m'en vouloir si je t'ordonne un truc ? » Lyb m'extrait de mes appréhensions et je porte mon regard sur elle, intrigué. « C'est risqué, mais tente quand même, » j'articule avec malice. Je ne peux ensuite m'empêcher de rire, autant amusé par le portugais de l'architecte que par la sémantique de la phrase qu'elle me dédie. « Bom trabalho » « Tu le mérites. Et c'est le seul truc qui te permettra de trouver ton style. Ou ton absence de style. T'as le droit de pas avoir besoin de quelqu'un dans ta vie. Même si je serai jalouse de toi ! » Mon cœur se serre en même temps que mon estomac se tord, sans que je puisse réellement expliciter pourquoi. Peut-être cette peur d'être seul malgré tout, ou cette crainte de l'inconnu tel qu'il est. Ces étapes que je sais devoir franchir mais dont les possibles conséquences me tétanisent. « J'en veux vraiment pas, » je lui souffle, tel un secret, sur une intonation néanmoins assurée. « Tu m'aimerais quand même si je devenais totalement différent ? » Je m'entends questionner, timoré, regrettant mes termes dès l'instant où ils eurent franchis la barrière de mes lèvres, si bien que j'enchaîne rapidement, rappelant avec sérieux : « Toi aussi, tu mérites d'être heureuse, tu sais ? » Je frottais amicalement le dos de mon amie, sa silhouette entourée de mes bras, avant de suggérer : « Tu sais quoi ? Je te propose un truc. Pendant une semaine, chaque jour, on fait un gros truc qu'on a envie de faire mais qu'on ose pas faire. Un truc juste pour nous, qui nous rendra forcément heureux. Et la semaine prochaine, on fait le bilan de nos journées d'audace. Chiche ? » Je marquais une pause, proposant ensuite : « Tu peux aussi venir avec moi à la salle de sport. Ca fait du bien, je te jure, et tu trouveras peut-être le bon mec là-bas. »
Dernière édition par Kai Luz le Lun 17 Avr 2023 - 22:30, édité 1 fois |
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