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{fake it till you make it}
crédit/(lexiresources/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Dans un sens, et cela ne devrait pas t'étonner, tu as réussi à mettre encore plus le bordel dans ta chambre, et dans ton placard. Dans un seul but précis : pour trouver quoi mettre le jour j. Le soir de ce fameux concert, et de cette vraie opportunité qui t'es tombé dessus un peu par hasard, enfin qui vous est tombé dessus par hasard. Vance était là aussi, Vance fait partie du groupe, c'est l'autre partie de nicky&the saints et même si le blond aime bien dire que c'est toi la tête pensante, tu ne seras pas tout seul sur scène, et dieu merci. C'est une chose de chanter les textes que tu as élaborés dans le confort de ta chambre, la donne est complètement différente quand tu es celui avec la guitare dans les mains et devant le micro. Mais votre son, qui se cherche encore, qui est un peu brut, a bien plu à quelqu'un, quelqu'un à la recherche d'un autre groupe pour la tête d'affiche d'un événement rock'n'roll de fin d'année.
Tout le monde en a besoin, ça a été une année difficile, une putain d'année difficile, qu'a ajouté le manager du Fortitude Music Hall, tout en allumant sa cigarette et en t'en proposant une. Que tu as refusé de la façon la plus polie du monde, parce que tu restes toi après tout, avant de le regarder tirer son bâton de nicotine et t'expliquer les choses. Vous passez en quatrième, vous avez quarante minutes, pour faire ce que vous voulez, il veut juste de la bonne musique, avec de la guitare et des solos sur lesquels on peut danser et bien entendu, vous serez payés. Donc techniquement, c'est votre premier contrat et si tu t'es efforcé de ne pas trop sourire et de noter tous les détails dans un coin de ta tête, il y a bien eu un petit high five échangé entre Vance et toi une fois que vous avez été seuls. Avant de se lancer dans l'élaboration d'un set pour quarante minutes. Ce qui n'est rien pour vous, vous avez déjà dû jouer du jour au matin du temps où 15 possible girlfriends existait encore, mais vous aviez un thème, des consignes, là, vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Absolument tout ce que vous voulez.
Ce qui est à la fois très terrifiant et très excitant. Mais tu as décidé de pencher sur la deuxième option et tu retrouves ton sourire en trouvant un pull que tu cherchais, le fourrant dans un sac, avant de quitter ta chambre et de passer devant Esmée et Olive, qui sont dans la cuisine, pour aller te planter devant la porte des Carter. Tu as déjà prévenu Ava, et même si tu ne l'avais pas fait, depuis que sa petite-fille a commencé ses allées et venues à Sydney et qu'on la voit de nouveau sur le petit écran, tu passes souvent. Pour prendre le thé avec Ava, pour t'assurer que tout va bien, juste pour faire la conversation, écouter les anecdotes qu'elle te raconte dans ses moments de lucidité, ou juste avec Esmée quand elles décident de jouer aux cartes tout en refaisant le monde avec leur conversation. Tu restes bien discret dans ces moments-là, tu t'efforces de faire partie du fond dans ces instances-là, cela reste définitivement tes préféreés. Aujourd'hui, tu es là pour une tout autre raison, un peu égoïste et après avoir avalé une gorgée de thé réglementaire, on n'y échappe pas avec une grand-mère après tout, tu te retrouves à littéralement vider ton sac face à Ava. "Bon ce sont mes options pour le grand soir..." Des pulls, bien sûr que tu lui montres des pulls, principalement avec des motifs floraux, parce que c'est festif et que tes pulls de Noël sont pour une autre occasion, comme le dîner qui aura lieu ce soir, et tout l'échange de cadeau qui suivra. Tu as hâte oui, mais chaque chose en son temps, pas vrai ?  
"Ou alors je peux juste porter du noir, c'est bien le noir, ça fait classe." Que tu soulignes en montrant un pull noir trois fois trop grand pour toi, mais qui est plus que confortable et qu'il faut que tu sois confortable sur scène, cela reste le plus important. "Et puis on a pas encore de truc avec le nom du groupe, ni même de logo alors..." Alors tu t'avances un peu trop, peut-être qu'il faudrait commencer par ça, il ne reste qu'une toute petite semaine alors... Alors tu écoutes Ava, tournant tout de même la tête quand tu entends une porte s'ouvrir et tu offres un vrai sourire à Jo quand ton regard se pose sur elle. "Hey, j'te pique ta grand-mère et ses talents pour quelques moments."

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Jo écrasa un bâillement avec le dos de sa main lorsque la voiture qui était venue passer la prendre à l’aéroport tourna à l’angle de la rue de sa grand-mère. Le rythme de ses allers-retours entre Brisbane et Sydney était dense et la pression qui englobait sa participation au Revival de The X Factor se faisant ressentir au plus les primes passaient, elle permutait en une fatigue qu’elle ressentait simplement parce que dans le passé, elle n’avait pas eu l’habitude d’être autant sollicitée, obligée d’être à plusieurs endroits à la fois. C’était uniquement à cause de ses exigences en la matière qu’elle commençait à ressentir un affaiblissement relatif, refusant de passer tout le temps de l’émission sur place, et jouissant de petites permissions qu’elle prenait sitôt l’enregistrement des lives terminé pour être rentrée à la maison le samedi, très tard dans la nuit ; et jusqu’au mardi matin suivant, elle était à Brisbane, principalement pour être avec sa grand-mère et constater par elle-même les effets de son absence sur sa perception des choses. Elle avait déjà remarqué que le téléphone avait tendance à lui faire perdre ses repères, lui donnant l’impression que la personne à qui elle s’adressait était trop éloignée pour se rendre véritablement compte qu’elle existait, alors en effet, c’était essentiel pour elle de faire le trajet, tant pis si ça la fatiguait. Le reste de la semaine, elle était à Sydney, à répéter, à promouvoir, à passer son temps à écrire, à jouer, à chanter, et à faire ce qu’elle savait faire de mieux — l’impression de vivre deux vies s’imposait de plus en plus à elle, comme cette grosse conne d’Hannah Montana, à l’exception qu’elle n’avait pas besoin de se travestir pour passer inaperçue, cherchant l’attention sans pour autant se plaindre quand on la laissait un peu tranquille. Restait que c’était épuisant, et pas seulement à cause du rythme que ça lui demandait de tenir. Sa proximité avait Midas, elle l’avait toujours jugée comme étant bénéfique, parce qu’il exerçait quelque chose sur elle proche de la motivation, mais elle prenait conscience que la tension qui régnait entre eux, ça lui bouffait au moins la moitié de son énergie sans pour autant qu’elle y fasse quelque chose puisque, si elle était en partie remontée sur scène, c’était pour lui — sauf que ça, elle ne l’admettrait à personne qu’elle-même, et ça n’avait pas vocation à sortir de la malle aux secrets qu’elle gardait fermée à double-tour dans cet univers intérieur qui n’appartenait qu’à elle.

Si elle n’avait pas pris l’avion hier soir, c’était d’ailleurs de la faute du jeune homme, mais elle n’avait pas d’explications à donner à ce sujet ; elle avait juste traîné un peu plus que d’ordinaire histoire de retravailler quelques lignes de texte qu’elle lui avait soumises après l’enregistrement du prime de la veille de Noël, et elle s’était endormie, la tête sur l’accoudoir du canapé qu'il avait dans sa loge, pour disparaître au petit matin sans réellement lui dire au revoir — elle avait juste laissé une marque de rouge à lèvres sur un post-it collé sur le miroir de la coiffeuse de sa loge. Elle terminerait sa nuit dans son propre lit, c’était une satisfaction qui la fit réagir enfin, et rassembler ses petites affaires lorsque la voiture se stoppa devant chez elle dans un arrêt feutré "On se voit mardi, joyeux Noël." qu’elle dit au chauffeur en sortant, n’emmenant avec elle que son sac à main, et un immense bouquet de fleurs qu’elle avait reçue la veille, et qu’elle offrirait à sa grand-mère dès qu’elle rentrerait "C’est moi." s’annonça-t-elle pour la cantonade, laquelle incluait maintenant Maisie ; qui ne devait pas être là, sinon elle aurait eu une réponse de sa part, ce qui ne fût pas le cas, mais ça lui fit  seulement hausser les épaules, et s’avancer d’elle-même vers le salon pour trouver Ava en compagnie de Nicholas.
"T’en as une de grand-mère, non ?" répondit-elle au jeune homme en s’approchant d’Ava avec un grand sourire, s’agenouillant juste assez pour que ses lèvres frôlent son front lorsqu’elle l’embrassa avant de lui tendre fièrement son bouquet qu’elle huma sitôt qu’elle l’eut entre les mains "Elles sont fraîches, je m’en occupe — qu’est-ce que tu fais là ?" demanda-t-elle à Nicholas, toupillant sur ses talons pour poser le bouquet sur la table-basse du salon, et se détourner de lui pour aller fureter dans le buffet où Ava rangeait ses plus beaux vases.

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Si tu es ici, c'est bien parce que tu fais confiance à Ava et son jugement, presque autant que tu pourrais le faire avec l'avis de ta propre grand-mère. Et non vraiment, ce n'est pas rien, si vous étiez juste voisins, il y aurait juste quelques échanges de banalité sur le pas de la porte, des commentaires sur le temps et autres petites choses qui n'ont dans un sens aucune valeur réelle. Pas de cela ici, que ce soit dans une maison ou l'autre, chez toi ou chez les Carter, tu te sens à l'aise dans les deux cas, assez pour laisser un minimum tomber ta garde et envisager les choses sereinement. Enfin, plus sereinement que tu le ferais dans un endroit inconnu ou face à des gens que tu ne connais pas vraiment, et non, tu ne fais pas vraiment d'efforts pour te mettre dans des situations aussi inconfortables quand tu y penses bien. Tu as fait des efforts en quelques années, qui peuvent paraître minimes pour certains, qui sont bien importants pour toi. L'arrivée de Jo ne change absolument rien, tu lui adresses un sourire, sachant qu'elle était à Sydney il y a quelques heures de cela. À briller sous les feux des projecteurs, à capter l'attention des caméras et enregistrer une émission que tu as regardée à quelques reprises, quand tu n'étais pas pris ailleurs par la musique justement.
Jo t'interroge déjà sur ta présence après avoir salué Ava, elle a de bonnes raisons de le faire, et ton sourire n'a pas disparu de ton visage alors que tu réponds à la brune. "Oui, mais la tienne m'adore aussi, alors ouais, j'en profite." Un fait assez rare pour être remarqué, il faut le dire. Ce n'est pas une véritable réponse cependant, tu le sais, tu n'as pas fini de faire ton intéressant, c'est ce que les gens gagnent quand tu baisses véritablement ta garde en somme. Tu as un mouvement de la main vers les différents pulls que tu as sortis de ton placard et qui sont venus trouver le salon des Carter, ce n'est pas pour rien. "Je suis là pour des conseils... Pour... Okay, ne ris pas trop fort..." Tu hais vraiment ta demande en fait, et même finir ta phrase et tu le fais très rapidement, ton regard passant de Jo à un de tes pulls sur lequel tu laisses traîner tes doigts. "Un choix vestimentaire." Voilà, tu l'as dit, il ne s'est rien passé, le monde ne s'est pas effondré et tu hausses les épaules, parce que ce n'est pas si grave que cela. Tes choix sont un peu limités oui, parce que tu sens à l'aise quand tu peux te cacher, absolument ne rien montrer et plus c'est épais, plus tu es en sécurité. Pas quelque chose qui est très en vogue chez les musiciens, non, la plupart opte pour les tenues légères, des strass et du vernis à ongle flashy pour la plupart des guitares. Si tes ongles sont déjà vernis la plupart du temps, même quand tu es sur scène, tu es bien souvent en pull. "C'est pour un concert, Vance et moi on a vrai gig, pour le 31 décembre, on t'a tapé dans l'œil de quelqu'un qui bosse au Fortitude Music Hall, donc nicky and the saints sera sur scène ce soir-là."
Jo ne t'a pas demandé, mais tu partages tout de même l'information, parce que c'est important, parce qu'elle a loupé ça en étant à Sydney la plupart du temps et oui, tu en es fier. Ce n'est pas rien et tu ne serais pas un très bon musicien si tu passais à côté ce ce genre d'opportunité, et puis c'est bien la brune qui t'a toujours poussé et encouragé à te produire loin de ta chambre et de ton espace sécurisé. Oui, pousser est définitivement le bon mot dans ce cas-ci. "C'est important, je ne peux pas mettre n'importe quoi." Que tu précises, pas comme tu le fais d'habitude en somme. En fait, tu te moques bien de l'image que tu renvoies la plupart du temps, tu cherches surtout à te cacher, être confortable, éviter les questions stupides et cela limite un peu tes options. Tu as pris l'habitude de piocher dans la penderie de ton grand-père et ça, tu l'as toujours fait, d'aussi loin que tu t'en souviennes. Tu n'as rien de neuf, les quelques trouvailles qui sont de toi viennent le plus souvent de la brocante ou de marché aux puces, parce que c'est plus simple et tu trouves toujours des habits qui te correspondent das ces lieux.  "Bon, t'as le droit de rire un peu quand même." Tu chuchotes la dernière phrase, parce que tu te rends bien compte du ridicule de la situation en réalité, parce que Jo est Jo et que tu commencerais à t'inquiéter si elle ne faisait pas de commentaire... Ou qu'elle n'était pas elle tout simplement.

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"T’essaies quand même pas de la pécho quand j’ai le dos tourné, hm ?" "Josephine." "Mais quoi ? Je me renseigne juste au cas-où." La grimace qu’elle avait faite Jo, elle se détendit lorsque la voix d’Ava résonna pour la remettre sur les rails tandis que sa petite-fille leur tournait le dos pour aller se figurer si elle n’était pas ailleurs. Et elle n’y était pas. En revanche, elle trouva le vase tant convoité en se contorsionnant juste assez pour l’atteindre dans le buffet. Une fois tenu entre ses mains, elle s’approcha de nouveau de la petite scène au milieu de laquelle elle était arrivée avec ses gros sabots, intriguée par la présence de Nicholas dans cette maison qu’il connaissait pourtant, autant qu’elle-même connaissait celle qu’il partageait avec Esmée. Elle n’aurait pas dû être étonnée de le trouver dans le coin étant donné qu’elle lui avait demandé de faire attention à sa grand-mère durant son absence, cependant c’était une accroche facile à saisir alors qu’elle quittait un monde pour un autre, des paillettes parsemant encore la longueur de ses longs cheveux sombres. Si elle lui trouvait tous les défauts du monde, à son musicien de voisin, elle devait avouer que quand il donnait sa parole, ce n’était pas pour rien. C’était une bonne chose, ça apaisait au moins une partie de ses regrets à propos de l’action de laisser sa grand-mère plus ou moins seule, de savoir qu’il faisait ce qu’elle lui avait demandé de faire.
Recevant nouvelles et petites photos quand il en avait le temps, elle comprenait qu’au fond, il faisait ce qu’on aurait aimé qu’on fasse pour lui s’il était à la place de Jo, et c’était quelque chose qui comptait malgré l’impression qu’elle donnait de le trouver de trop chaque fois qu’il était là. Ce n’était pas vraiment le cas, encore que là, elle aurait bien aimé se retrouver un peu seule pour redescendre du prime de la veille. Seulement, elle avait appris une leçon difficile, Josephine, ces six dernières années : on ne pouvait pas toujours avoir ce qu’on voulait "Tu te fous de ma gueule ? T’as décidé qu’il était temps d’arrêter de te pavaner fringué comme ton grand-père ?" Un wooo-ooo s’échappa des lèvres de la jeune femme pendant qu’elle se laissait asseoir sur le sol, derrière la table basse.

Avant d’enlever l’emballage du bouquet de fleurs qu’elle avait emmené avec elle pour les laisser respirer, elle retira ses chaussures pour s’installer un peu mieux, s’asseyant en tailleur en passant outre le roulement d’yeux amusé de sa grand-mère à qui elle faisait dos désormais et qui tendit une main noueuse pour effleurer la ligne de sa queue de cheval avec tendresse. Jo la laissa faire, sans rechigner à se faire un peu dorloter sans que ça ne soit autre chose que de l’affection pure, pas une tentative de l’amadouer pour la faire considérer un chemin ou un autre comme le meilleur à suivre, et elle leva la tête vers Nicholas qui lui expliqua les vraies raisons de sa prise de conscience soudaine à propos de sa façon de se fringuer qui craignait, il fallait bien l’avouer.
"Un gig ? Ça revient à dire que tu vas animer une putain de kermesse." Ta gueule, Jo, qu’elle s’entendit penser. Pourquoi sa première réaction, dans ces cas-là, c’était de faire de l’ironie, alors qu’elle était on ne peut plus ravie pour le jeune homme et son acolyte ? Parce qu’elle était maladroite, incapable d’aller du côté émotionnel des choses autrement qu’en tenant un micro entre les mains ; là, elle pouvait être brutalement honnête sur ce qu’elle ressentait, c’était facile. Elle avait besoin d’une thérapie, ou d’un punching-ball efficace comme le lui avait dit Midas en se désolant d’être celui dans lequel elle frappait uniquement parce qu’elle ne savait pas comment le prendre dans ses bras. Elle avait un gros souci, c’était certain.
Ses petits doigts agiles défaisant le film en plastique autour du bouquet de fleurs qu’elle redressa devant son nez, Jo finit par lâcher avec un peu plus de douceur "C’est cool en vrai, félicitations. Vous êtes seuls en scène, ou vous aurez une première partie ?" Se mordant brièvement la lèvre, elle retira pour de bon le bouquet de sa prison transparente et le plaça dans le vase qu’elle ramena devant elle avec un sourire presque absent ; sans eau, juste pour mieux l’arranger comme elle eut un léger rire lorsqu’il reprit la parole, et qu’elle lui dit avec un sérieux retrouvé rapidement, sentant l’élastique de sa queue de cheval être dénoué par sa grand-mère qui continuait de la coiffer sans en avoir l’air. Ses longues mèches dans lesquelles s’était perdues de fines lamelles de strass dégringolèrent sur ses épaules en même temps "Tu sais quoi ? Je crois que c’est la première chose sensée que tu fais depuis qu’on se connaît. Je vais même pas trouver de quoi redire, je vais juste admirer les efforts et peut-être même t’applaudir à la fin." Le grossissement de ses yeux démaquillés, il voulait dire profite, je suis de bonne humeur, alors qu’elle se leva délicatement pour faire comprendre à sa grand-mère de lâcher ses cheveux un instant, tenant le vase entre ses mains — qu’elle montra à Nicholas en passant à côté de lui tout en lui disant "Je vais mettre de l’eau. Fais une sélection de ce que tu préfères dans les trucs que t’as ramené, je te dirais ce que j’en pense quand je reviens — pulls interdits, Nicholas !" ajouta-t-elle en levant la voix une fois qu’elle disparut à l’angle du couloir pour rejoindre la cuisine.

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“Nan, je sais que je dois te demander la permission avant s’il se passe quoi que ce soit entre Ava et moi, bien entendu.” Voilà ce que tu répliques tandis que Jo échange un regard et quelques mots avec sa grand-mère, avant que ce soit à ton tour de sourire à Ava quand cette dernière se tourne vers toi. La blague est mauvaise, vraiment, et peut-être que tu passes un peu trop de temps ici, à écouter les piques de la jeune Carter pour te permettre de dire cela mais... Ce n’est que de bonne guerre, tu le sais. La vérité, c’est qu’en plus d’avoir l’avis d’Ava, tu es également là pour vérifier qu’elle va bien et qu’elle ne manque de rien, tu as dit à Jo que tu le ferais et Nicholas Hurley prend les promesses très au sérieux, merci bien. Rien ne t’oblige à le faire dans ce cas précis, après tout, Jo a bien hésité avant de se relancer dans tout ça, passer de nouveau à la télévision et régulièrement, mais c’est pour la bonne cause, tu le sais. Il suffit de la voir sur scène, de l’entendre, pour savoir que ça valait le coup, et même toi, tu sais qu’Ava est fière d’elle et que rien ne pourra changer cela, même toi.
“Pour ma défense, mon grand-père était un homme charmant donc...” Donc pas besoin de sortir l'artillerie lourde, tu sais que toute ta garde-robe pourrait être dans un musée, mais le quotidien est plus facile à envisager pour toi en étant dans des habits familiers et qui ont déjà un vécu dans un sens. Et, chose que Jo sait déjà, tu n’as jamais connu le mari d’Esmée, c’est une façon, un peu stupide certes, de se rapprocher de lui, comme tu le peux. Encore une fois, tu ne peux pas l’expliquer, c’est ainsi que tu as toujours fonctionné, concert ou pas, tes habitudes ne risquent pas de changer du jour au lendemain. Tu as un léger rire à la prochaine remarque de la jeune fille, on ne passe pas tous à la télé Jo, que tu penses aussitôt, et ce de la façon la moins sarcastique du monde pour le coup. Chacun prend sa route et si elle, elle a choisi l’attention et un chemin un peu plus rapide et beaucoup moins sûr, tu ne pourrais certainement pas affronter tout ça. Tu le lui as dit, déjà confié à Midas en lui souhaitant bonne chance pour tout ça, te retrouver sur scène pour jouer tes morceaux sans réel enjeu autre que de divertir... c’est beaucoup plus toi. C’est déjà effrayant de se dire qu’il va falloir tenter des morceaux qui n’ont jamais quitté le confort de ta chambre pour un public inconnu, alors s’il y avait des caméras et un cahier des charges à remplir en plus ? Tu ne te lancerais pas dans tout ça, oui, il a toujours été question d’avancer selon tes propres termes, toujours.
Le vrai compliment de Jo arrive et tu l’accueilles avec un léger sourire avant de lui répondre. “Merci, on n'est pas seuls sur scène, c’est une soirée pour des nouveaux artistes, avec une dizaine de groupe, mais Vance et moi on a quarante minutes pour faire ce qu’on veut sur scène, ce qui est mieux que certains d’après ce que j’ai compris de l’organisation...” Le manager a été vague sur certains détails et précis sur d’autres, tu as la date du test son, l’adresse, l’heure et le nombre de gens attendus, ce genre de choses, tu n’as pas encore rencontré les autres musiciens, cela devrait se faire pendant les prochaines répétitions, mais tu sais que c’est le métier qui veut ça. On ne peut pas se considérer musicien sans savoir gérer ce genre de stress, vraiment pas en fait. “Tu es bien entendue invitée si tu es à Brisbane à ce moment-là.” Tu marmonnes cela rapidement, ton regard ne s’attarde pas trop sur Jo quand tu dis cela, tu préfères soudainement te concentrer sur les vêtements que tu as amenés. Si tu réfléchissais cinq secondes, tu comprendrais que les dates ne s’alignent pas, mais ce n’est pas ce que tu as en tête pour l’heure, surtout pas quand Jo s’éloigne avec des instructions bien précises.
“... Okay?” Une expression légèrement alarmée passe sur ton visage pendant une, deux secondes avant de réaliser que cela ne va pas être possible. Mais tu ne le dis pas, pas avant que Jo ne reporte son attention sur toi, les bras moins chargés cette fois-ci. Tu te mords la lèvre inférieure pendant une seconde ou deux et lorsque tu reprends la parole, c’est très rapidement. “Je n’ai ramené que des pulls, donc à moins que tu veux que j’aille sur scène en sous-vêtements... Et non. Cela ne dérangerait pas Vance mais... Non.” Que des pulls, avec des fleurs dessus et précisément ce que Jo vient de bannir. Et tu ne comptes pas montrer plus de peau que nécessaire pour grimper sur scène, décidément pas, c’est tellement le genre de Vance, pas le tien, plus tu portes de couches de vêtements, mieux tu te portes en réalité. “Je sais pas, je cherche surtout à être confortable, hmm... C’est ma priorité sur scène, ça et la musique.” Ce qui est le plus important au final, voilà ce que tu décides, attrapant rapidement tout ce que tu as ramené et commençant à te relever. Tu t’es pris la tête pour rien. Encore une fois. “Tu sais quoi ? Je me prends trop la tête, tu viens de rentrer, je devrais vous laisser tranquille.”

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

"Je le serai pas, c’est un samedi." Et les primes étaient le samedi, même en période de fêtes. En fait, ce genre de point d’ancrage dans le temps, ça permettait à la production de proposer des éditions spéciales pour insuffler l’impression au téléspectateur d’être traité comme un invité d’honneur. Alors comme pour celui de Noël, le prime de Nouvel An ferait partie de ceux dont on parlerait encore longtemps après, et ce malgré le fait qu’ils étaient les moins regardés comptes tenus des occupations de chacun durant ce temps donné. Pour chacun des participants, il n’y aurait pas d’autres possibilités que de se souhaiter la bonne année en restant sur place ce soir-là parce que les périodes de fêtes étaient trop denses pour envisager de voyager aussi vite après le tournage — et que le champagne coulant à flots, récompense méritée après avoir divertis les casaniers du samedi soir, il valait sans doute mieux que personne ne se risque à prendre l’avion. D’autres diraient quand on veut on peut, et c’était sans doute le cas, mais dans tout ça, il y avait aussi l’infime possibilité de pouvoir passer du temps avec Midas malgré leur brouille récente. C’était vrai, qu’elle préférait s’autoriser un temps de latence sur place au lieu de reprendre tout de suite l’avion pour rentrer sur Brisbane ce soir-là, un peu comme si la nouvelle année permettrait de faire l’impasse sur les horreurs qu’elle lui avait dites et que sous le prétexte qu’une partie d’elle rêvait de coller au cliché de bonne-femme transie par les romans à l’eau de rose qu’elle ne lisait pas — éclusant plutôt les meilleurs balades romantiques pour correspondre à sa vision parfaite de la romance — qu’un baiser de minuit viendrait tout arranger, ils finiraient bel et bien par tourner la page et par arrêter de se regarder en chiens de faïence ; elle savait être foutrement naïve parfois, n’en déplaisent à ceux qui la voyaient plein de vices et de défaitisme.
Pour la faire grossièrement et gagner du temps : à choisir entre Midas et Nicholas et Vance, elle craignait qu’elle n’avait pas besoin d'y réfléchir avant de jeter son dévolu sur le premier. Mais elle ne le dirait pas à Nicholas pour ne pas heurter l’ego qu’il disait ne pas vraiment avoir, en bon saint, pur et vertueux, qu'il était "Mais c’est sympa de m’inviter. T’as qu’à missionner quelqu’un pour vous filmer, je rattraperai mon retard quand je rentrerai." lui fit-elle avant de prendre connaissance de la vraie raison de sa venue chez sa grand-mère.

Une fois dans la cuisine, elle roula des yeux, ses paupières se bloquant un temps lorsqu’elle grimaça en même temps à l’écoute des paroles du bientôt quarantenaire "Ouais, je crois que tout le monde a compris que t’en a rien à cirer d’être une gravure de mode, Nicholas." lança-t-elle à distance, remplissant à niveau le vase qu’elle avait apporté avec elle et qu’elle finit par poser sur la table basse du salon lorsqu’elle revint sur ses pas pour se figurer du désastre de ce que Nicholas avait cru bon sélectionner pour demander son avis aux Carter. Elle savait exactement de quoi il était capable en matière d’horreurs vestimentaires — tout le quartier le savait à vrai dire —, mais elle devait avouer que face à ce qu’elle avait sous les yeux, elle fût à deux doigts de faire une crise d’épilepsie. Si elle enfila un pull rapiécé aux coudes, le positionnant sur ses propres épaules et baissant l’ourlet jusqu’à mi-cuisses, ce fût uniquement pour réaliser que, toute sublime qu’elle était, même elle ne pouvait pas embellir ce genre de choses, et ça voulait dire beaucoup. Ava, dans un regard cryptique vers sa petite-fille, sembla partager le même avis qu’elle alors que Nicholas était déjà en train de faire ce qu’il savait faire le mieux — à savoir faire un pas en arrière parce qu’il n’était qu’une poule-mouillée qui avait peur de croiser sa propre ombre au détour d’une allée sombre.
Gardant le pull qu’elle avait sur le dos et s’inclinant pour s’asseoir sur le bord de la table-basse, Jo fit au jeune homme "Tu fais comme tu veux." Croisant les jambes en le regardant se lever, elle poursuivit "Je vais pas te retenir et te supplier pour jouer à la poupée avec toi." Franchement, elle n’était pas du genre à forcer qui que ce soit à faire ce qu’il n’avait pas envie de faire. Dans un domaine comme dans l’autre, elle était peut-être une abominable chieuse, mais il y avait des principes tel que le consentement qu’elle s’évertuait à respecter à la lettre. Elle haussa les épaules, ses mains se terminant par des doigts parfaitement manucurés se joignant entre ses cuisses lorsqu’elle ajouta "Mais si t’as envie de passer pour un abruti devant des centaines de personnes, t’es à ça de réussir ton coup avec le genre de trucs que t’as dans ton dressing." Loin d’elle l’idée d’enfoncer le couteau dans la plaie, mais le pull qu’elle avait sur le dos, il grattait et il sentait le renfermé alors peut-être que c’était son signal pour faire quelque chose à ce sujet et envisager de faire un tri dans ses reliques. Nonchalamment, et assez judicieusement à défaut de savoir dire les choses avec douceur, elle continua en inclinant la tête sur sa propre épaule "Que tu le veuilles ou non, l’apparence ça compte, sinon les plus grands dépenseraient pas des sommes astronomiques pour qu’on s’occupe de leur image." Faut redescendre de ton putain petit nuage et arrêter de chevaucher des licornes durant ton temps libre, Nicky, aurait-elle pu ajouter, sauf qu’elle ne le fit pas puisque soudain, elle leva les mains devant elle, laissant filer l’éventualité d’être une forceuse quand franchement ça ne la regardait pas au final "Tu fais comme tu veux."

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crédit/(lexiresources/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Inviter Jo à ta future performance est la chose la plus naturelle du monde à tes yeux. Il y a beaucoup de choses qui t’échappent à son sujet, et la réciproque est très certainement vraie, cependant, l’un comme l’autre, vous placez la musique au-dessus de tout et comme quelque chose de sacré. Et ce, sans avoir besoin de le dire à voix haute, sans l’expliciter plus que cela, c’est une évidence par bien des aspects et l’un de vos points communs. Ajoutez à cela vos grand-mères respectives et la façon dont vous veillez au grain sur ces dernières... Au final, ne pas parler à Jo de tout ça serait plus bizarre qu’autre chose et quand elle te fait remarquer que c’est un samedi, à juste titre, tu hoches la tête. Oui, tu aurais presque pu oublier, alors que tu t’es planté devant ton petit écran plus d’un samedi de suite pour l’encourager elle, mais également Midas, elle sera occupée ce soir-là et pour la meilleure raison qui soit. La vérité est que même si elle était libre, tu ne t’attends pas à ce que Jo lâche tous ses plans pour venir assister à vos débuts à Vance et toi, vous êtes tous les deux passionnés par la musique, mais, comme avec Midas d’ailleurs, vous ne jouez pas du tout dans la même catégorie. Eux, ils captent véritablement la lumière des projecteurs, savent en jouer et s’en servir, c’est tout le contraire avec toi, tu vis beaucoup mieux dans les coulisses en temps normal et tout ça, c’est un peu nouveau pour toi.
Surtout que tu n’as plus vraiment Dahlia pour faire office de distraction ou même représenter le groupe, c’est principalement tes idées et Vance prêt à te suivre jusqu’au bout du monde (ses mots à lui pas les tiens). Donc oui, tu sais que tu as du retard, peut-être des années, mais est-ce vraiment grave ? Non, vraiment pas. “Je note, il y a des anciens membres de 15 possible girlfriends qui seront là, quelqu’un va très sûrement venir avec une caméra décente... Pour immortaliser toutes mes fausses notes mais, c’est l’intention qui compte je suppose ?” Tu as un léger rire en expliquant cela à Jo, et non, ce n’est pas quelque chose de négatif en l’occurence, ça remonte à loin. Au temps des répétitions avant les cérémonies et ton oreille plus que sensible, toujours là pour détecter les fautes d’un instrument en particulier. Sur ce point, tu es et tu as toujours été perfectionniste, sur ce point-là seulement, pas sur le reste. Ton regard tombe sur Jo quand elle indique que tu fais comme tu le souhaites, ça ne changera absolument rien pour elle et peut-être qu’une autre personne interpréterait très mal son ton ou ses mots. Pas toi, déjà, tu n’es pas aussi susceptible que le laisse paraitre l’air paumé qui passe parfois sur ton visage et ensuite, c’est la manière à la brune de dire qu’elle ne force pas les choses, c’est toi qui se trouves dans sa maison à elle et c’est toi qui es venu déranger Ava après tout.
Pas l’inverse, si tu t’en fichais justement, tu n’aurais pas fait le déplacement, okay, il s’agit juste de la porte d’en face, mais tout de même... “Je ne vois pas du tout de quoi tu parles...” Tu marmonnes les mots quand elle t’assure que tout ça, ça compte et ce même si ça t’échappe totalement. Tu as dans un sens, tout le contrôle sur l’image que tu renvoies, et même si tu ne t’en sers pas, et que tu ne saurais même pas par où commencer. Déjà, ça t’arrangerait que tout ça n’est pas d’importance en fait, et que les gens se concentrent sur la musique, mais même toi, tu sais que tu rêves tout éveillé pour le coup. Jo penche la tête sur son épaule et tu en fais de même, par pur réflexe, pour ne pas repartir tout de suite et parce que pourquoi pas... Au moins tu seras sur scène à faire ce que tu aimes, tu pourras toujours te changer après. “C’est une soirée importante pour le groupe, pour moi et pour Vance alors...” Alors pourquoi pas ? Et puis, que tu n’ajoutes pas, cela te permettra de passer un peu de temps avec Jo et de l’interroger sur l’avancée du Revial, ou juste de lui demander si elle bosse sur un morceau en particulier en ce moment. Mine de rien, ta voisine ne fait que passer en coups de vent depuis des semaines et c’est assez pour que même toi tu remarques la différence, même toi. Ta décision prise, tu replies rapidement tes pulls avant de te redresser, un signe de ta main libre pour Jo. “Je sais que tu viens de rentrer mais j’aurais clairement besoin d’aide et je ne pense pas que j’ai quoi que ce soit dans ma penderie... À ma taille déjà. Et je ne sais pas à quand remonte la dernière fois que j’ai fait les magasins.” Ou ce qui était encore à la mode quand tu as mis les pieds dans une boutique pour acheter des vêtements neufs, qui n’appartiendraient qu’à toi, le tout avec un prix exorbitant et franchement ridicule... Elle aussi, elle a le choix de refuser cette séance de shopping improvisée, peut-être qu’elle veut passer un peu de temps avec Ava avant de devoir repartir pour Sydney. “Tu seras compensée en milkshakes bien entendu.”

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Si elle roula encore une fois des yeux en entendant Nicholas se déprécier en parlant de fausses notes, Jo ne dit rien cependant. Disons que son expression parlait pour elle, à ce stade de leur relation, toute amicale qu’elle était à ses yeux, il la connaissait assez pour savoir quand il l’énervait sans qu’elle n’ait besoin de le lui dire de vive-voix. Elle savait qu'il était sincère dans la manoeuvre de se descendre en flèche pour son propre plaisir, à croire qu'il avait un kink chelou qui le forçait à se comporter comme le dernier des losers — ouin-ouin — histoire qu’on lui fasse remarquer que ce n’était pas le cas, mais ça la soulait suffisamment en effet pour ne pas avoir envie de lui dire de fermer sa grande gueule et d’envisager d’accepter enfin qu’il soit au moins un peu talentueux. A un moment donné, tout le monde le lui disait, même le putain de meilleur vendeur de disques du pays de ces dix dernières années, il fallait peut-être l’enregistrer et passer à l'action au lui de se toucher la nouille en espérant que ça prenne.
Elle avait assez donné en la matière, elle ne voulait pas être le petit bonhomme sur son épaule qui lui susurrait des mots doux pour ragaillardir sa confiance en lui. Jo elle avait clairement mieux à foutre de son temps, surtout en ce moment. Elle lui avait déjà dit tout ce qu’elle avait à lui dire à ce sujet, elle estimait ne pas avoir besoin de s’échiner à lui répéter que c’était lui qui amenait le mauvais oeil à prétendre qu’il faisait de la musique juste parce qu’il pouvait le faire ; des conneries tout ça. Si elle était du genre à garder des griefs ad vitam ætarnam, Jo n’était pourtant pas de ceux à radoter pour faire briller les autres qui se cachaient dans l’ombre des coulisses, et Nicholas le savait mieux que quiconque.

Alors effectivement, elle ne lui dit rien de plus, comme elle ne força pas les choses en lui rappelant cependant qu’il aurait l’air d’un con à se trimballer avec les fringues de son grand-père pour son premier grand concert "Il va s’habiller comment, Bieber ?" qu’elle demanda alors au jeune homme lorsque Vance fût de nouveau mentionné. Le connaissant ce ne serait pas bien brillant, à moins qu'il déciderait de se la jouer nudiste et de se montrer en calbute pour rameuter la foule ; ça aurait le mérite d'être original au moins. Penchant de nouveau la tête sur le côté, Jo demanda de nouveau "Vous allez pas vous la jouer accordés quand même ? Parce que ça aussi, si vous l’envisagez, c’est à bannir." Rien de pire pour passer pour des amateurs, de se pointer sapés de la même couleurs, avec des t-shirts au nom de son groupe. C’était beau dans les années 70, à l’époque où la couleur faisait poper les yeux de ceux qui découvraient les substances illicites pour la première fois, mais l’individualité, c’était tout ce qui marquait désormais ; et elle en savait quelque chose pour avoir testé les deux, tantôt prise dans le tourbillon de la manipulation par ceux qui pensaient savoir mieux qu’elle qui elle était, tantôt dans celui de vouloir montrer qui elle était vraiment justement.
"C’est si dur que ça de me demander quelque chose ? Putain, j’ai l’impression d’être une ogresse avec vous tous là, à croire que j’ai jamais rendu de service à personne." Elle payait son putain de caractère en ce moment Jo, c’était une certitude qui la fit se lever brusquement du bord de la table-basse pour dire au jeune homme, ses épaules se haussant en même temps "J’ai pas envie que tu me reproches de t’avoir laissé en plan avec les reliques de papy Hurley. J’ai pas non plus envie que tu demandes l’avis de quelqu’un d’autre qui te fera porter un t-shirt transparent trouvé dans un sex-shop pour qu’on voit tes pecs et tes abdos ; on déteste le queerbaiting, OK ?" Le doigt pointé sur lui, c’était comme une menace qu’elle fit poindre dans sa direction. Cela dit était-ce vraiment du queerbaiting quand on rootait pour l’autre bord, comme elle pensait que c’était le cas pour Nicholas ? Certainement pas. Mais il fallait bien qu’elle déroule sa verve pour garder le contrôle de la situation et envisager que cette sortie improvisée pour faire les boutiques avec lui serait à peu près le seul truc fun qu’elle ferait à Brisbane avant de repartir pour Sydney où elle s’enfermerait à double-tour dans sa chambre d'hôtel pour ne pas croiser le regard de Midas en dehors des interviews et du tournage, et continuer à profiter de son élan d’inspiration pour potasser sur ses prochains futurs succès.
Elle se tourna vers sa grand-mère, toupillant sur ses bottes remontées jusqu’aux genoux pour lui demander "Ça t’ennuie si je te laisse encore un peu seule une heure ou deux, ou t’as envie de venir lui donner tes meilleurs conseils ? C’est toi la spécialiste en vrai." "Non, j’aurais l’impression de vous ralentir. Tu me raconteras les derniers ragots sur" "Bethany" fit-elle avant que sa grand-mère ne bute sur le prénom qu’elle avait en tête "Bethany quand tu rentreras." Parce que Jo avait toujours des saloperies à dire sur Bethany et que ça lui éviterait de parler de Midas — qu’Ava aimait beaucoup trop, comme à peu près tout le monde, c’était bien sa veine ça aussi — que de dire à sa grand-mère que la morue qu’elle était l’avait tâclée en live sur son compte Twitch alors que le prod’ lui avait formellement interdit l’accès pendant la durée de l’émission. Jo sourit à Ava, s’approchant d’elle pour lui claquer un baiser sur le haut de la pommette, et puis elle se tourna vers Nicholas pour lui dire, le pointant de sa main recouverte de son pull qu’elle n’avait pas retiré malgré l’impression qu’elle ressentait qu’un petit plaisantin lui avait versé du poil à gratter dans le col  ; ça allait avec ses bottes, il fallait souffrir pour la mode — elle ne pouvait pas croire qu’elle venait de penser ça d’un pull dégueu "On se tire d’ici avant que je change d’avis." A dire vrai, elle n’attendit pas tellement qu’il fasse le moindre geste pour s’avancer vers le vestibule de la maison des Carter. Jo le fit avant lui pour mieux aller fureter dans le sac qu’elle avait déposé à l’entrée en rentrant tout à l’heure et y dénicha ses lunettes de soleil qui lui mangèrent la moitié du visage lorsqu’elle les mit sur le bout de son nez. Enfin, elle prit la tangente pour faire ce pourquoi on l’avait placée sur cette Terre : donner son avis critique et tranchant et mener qui était consentant à la baguette tout en restant sublime, forcément "Je t’aime Nanaaaa !" qu’elle lança derrière elle en ouvrant la porte à la volée sans se soucier si oui ou non Nicholas la suivait et en dévalant les petites marches du perron en se prenant pour Miss Univers.

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Tu sais déjà que Jo va te dire de la suivre quand elle ne te met pas à la porte ou qu'elle ne te dit tout simplement pas qu'elle est fatiguée. Dans les deux cas, la brune aurait totalement raison, tu n'insisterais pas plus et tu lui souhaiterais une bonne soirée. Et peut-être que tu laisserais quelques roulés à la cannelle dans la cuisine des Carter quelques heures plus tard histoire que son petit aparté à Brisbane se passe comme elle le souhaite. Jo ne te dit pas non, elle ne t'envoie même pas sur les roses, et tu conserves ton sourire. Du moins pendant quelques secondes alors qu'elle semble plus se parler à elle-même qu'à toi, mais tu répliques tout de même. "Hmm ? Je ne sais pas à qui tu fais référence, je te demande souvent des trucs, enfin ... ouais, tout le temps." Tu marmonnes cela sur un ton un peu coupable, ne sachant absolument pas de qui elle parle, tu ne peux décidément pas être sur cette liste. Pas quand tu estimes avoir un minimum commencé à comprendre la femme qu'est Josephine Carter. Talenteuse ? Oui, franche quand personne ne lui a demandé ? Eh bien oui, on pourrait argumenter et dire que cela fait partie du charme, toi, tu te contentes de te dire que ça fait partie d'un tout, il est rare que Jo aille trop loin, la seule fois où elle l'a fait, elle t'a immédiatement présenté des excuses après alors... à quoi bon s'attarder sur cela ?
Mais tu as compris que les décisions de Jo n'étaient jamais prises sur un coup de tête et que si elle parlait aussi fort, c'est bien parce que cela fait partie des leçons de vies qu'elle a acquises assez tôt et non pour écraser qui que ce soit. Et puis, chose que tu garderas pour toi, elle est de bons conseils la brune, l'avoir dans son sillage est une bonne chose. La preuve, sans elle, tu ne penses même pas que toi ou Vance vous auriez quelque chose d'aligné pour le dernier jour de l'année, mais, tu vas garder cela pour toi. A la place, tu hausses les épaules, et te retiens d'ajouter que le jour où elle te verra dans un t-shirt transparent, c'est que tu as été kidnappé par des aliens et qu'ils t'ont remplacé par un autre Nicholas. "Oui et puis dans mon cas, ça ne serait pas vraiment du queerbaiting, mais je vois ce que tu veux dire..." Tu l'as déjà observé toi-même chez certains artistes masculins, pour paraître un peu moins menaçants et "modernes", ils floutent les limites du genre vestimentaire et ce en prétendant que c'est un accident. Toi, tu t'en moques, tu es juste très mal à l'aise dans ta propre peau, cela ne t'a jamais empêché de te vernir les ongles ou quoi que ce soit du genre et ta sexualité n'a absolument rien à voir avec cela en fait. Mais malheureusement, tu vois où Jo veut en venir, et quand il est temps de la suivre, elle a le droit à un : "Oui, chef." plus que sincère.
Ava a le droit à un léger clin d'œil, parce que l'autre Carter sait très bien que tu reviendrais, tu n'es jamais bien loin dans le fond et ça c'est un fait aussi sûr que la couleur du ciel. "Je récupère juste mes clefs de voiture et on y va..." Tu déclares cela avant de pousser la porte de ta propre demeure, à deux pas seulement de celles des Carter, Esmée et Olive ne te prêtent guère attention en fait, mais tu captes tout de même l'attention de ta grand-mère en attrapant ton trousseau de clef. "Je reviens dans une heure ou deux... j'ai mon téléphone avec moi au cas où." Esmée a le droit à une étreinte tout de même, avant que tu ne fasses le chemin en sens inverse, appuyant simplement sur tes clefs pour déverrouiller ta voiture garée juste devant la fenêtre de ta chambre.  "Queen Street je suppose ? Il y a pas mal de boutiques et avec un peu de chance, il y aura très peu de gens à cette heure-ci." Tu demandes tout de même, ne sachant absolument pas ce que Jo a en tête et tu attends que la brune attache sa ceinture, avant de démarrer le véhicule et de vous faire quitter votre quartier tranquille et familier. Le son de la radio arrive quelques secondes plus tard et à un premier feu rouge, tu jettes un coup d'œil à Jo avant de l'interroger.
"Alors ? Comment ça se passe du côté de Sydney ? Avec les enregistrements, la production et tout le reste ?" Peut-être que la brune en a marre d'en parler, voilà ce que tu te dis la seconde suivante, si elle veut faire le trajet au son des basses ou juste dans le silence complet, tu le comprendras, cependant, tu as toujours en tête sa légère appréhension à l'idée de se relancer dans tout cela. Et pourtant, Jo le fait, elle jongle avec tout ça avec brio, et les quelques performances que tu as pu voir d'elle sur la scène ont été suffisamment mémorables pour que tu te dises que oui, plus que jamais, la brune est dans son élément, à sa place même.  "Je n'ai pas regardé tous les samedis, mais Esmée fait partie de ton fanclub, ça c'est sûr, si tu lui demandais de rouler sur un autre candidat avec son fauteuil, je suis certain qu'elle le ferait. Sans poser une seule question d'ailleurs." Et tu as beau rire à la fin de ta phrase, qu'on ne s'y trompe pas, tu es très sérieux et ta grand-mère pourra le lui confirmer si Jo le souhaite.

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Parce qu’il déverrouilla la portière de sa voiture bien avant de rentrer dans son champ de vision, Jo s’engouffra dans l’habitacle sans demander la permission à Nicholas pour le faire. Elle avait conduit sa voiture à de maintes reprises — sans pour autant avoir le permis de conduire, on pensera à ajouter ça à la liste de ses méfaits relatés par la presse à scandales — c’était comme si elle y avait ses quartiers — elle était sûre d’avoir laissé un paquet de chewing-gum à la pastèque dans la boîte à gants, chose dont elle fût certaine une fois qu’elle trifouilla dedans pour en fourrer deux dans sa bouche. Pour l’instant, comme la patience ne faisait pas partie de ses attributs les plus marqués, elle n’attendit pas qu’il pointe le bout de son nez à ce moment-là pour agir. Elle ne plaisantait pas lorsqu'elle disait qu’elle changerait vite d’avis s'il ne se magnait pas le derche, donc elle enfourna ses chewing-gum, et puis elle boucla sa ceinture de sécurité en attendant qu’il grimpe à ses côtés.
Elle lui accorda un regard au travers des verres teintés de ses lunettes lorsqu’il parla de Queen Street Mall. S’il voulait avoir fière allure, c’était le seul endroit où ils trouveraient de quoi faire, et certainement pas les friperies du fin fond de la ville dans laquelle ils s’évertuaient à faire son shopping. Encore qu’elle adorait les fripes Josephine, mais pas celles qui puaient le vieux décédé — paix à l’âme de Papy Hurley "Pourquoi tu crains le monde, t’as peur d’être vu avec moi ? Tu sais qu’y en a qui tueraient pour avoir l’honneur de me conduire et d’avoir mes conseils en plus de ça ?" Putain d’ingrat, qu’elle aurait pu ajouter. Comme la musique, l’exagération était l’un de ses talents le plus impressionnant.

Elle détourna la tête vers le pare-brise pour marquer un temps de contemplation inutile, la musique s’échappant de l’autoradio la laissant froide, ses pensées perdues à des kilomètres de là, exactement là où Nicholas la ramena avec ses questions. Jo le regarda un temps par-delà la bordure laiteuse de ses lunettes de soleil, hésitant à lui dire je me suis engueulée avec Midas et je lui ai dit que je le haïssais, du coup on se parle pas depuis un mois et franchement, je suis à deux doigts de me barrer tellement ça craint de vivre ça sans lui, alors que c’était presque ma seule motivation en lui disant oui, mais c’était le genre de trucs qu’elle ne pouvait pas lui dire sans qu’il ne se sente obligé de se lancer dans des sermons de vieux de son âge qui le mènerait forcément ensuite à lui dire que quoi, c’était complètement con comme attitude, et que dire pardon, ça restait sa seule vraie solution ? Elle le savait, merci bien.
"C’est bizarre." finit-elle seulement par dire, faisant jouer le bout de sa langue avec la boule caoutchouteuse de son chewing-gum qu’elle cessa de mâchouiller un instant. Après un temps, elle haussa les épaules en laissant l’arrière de sa tête reposer lourdement sur le dossier de la place à laquelle elle était assise "Je revis les mêmes moments qu’à l’époque, y a pas beaucoup de différence sauf que maintenant que je suis déjà passée par là, je sais à peu près ce qui m’attend." Elle finirait en finale face à Midas avec la certitude que l’un d’entre eux sera le vainqueur vu que c’était le principe de tout ce délire — c’était à dire vrai la seule conjoncture flatteuse à ses yeux, les autres étaient tous des bouffons qu’elle regardait mal chaque fois qu’ils croisaient son regard, alors bon "Je suis celle qui a fait le moins de trucs à la sortie tu sais. Mais c’est quand même moi la plus douée, c’est mal de le dire ?" demanda-t-elle à Nicholas avant de se reprendre et d’ajouter, son nez se fronçant en même temps qu’elle prenait un temps pour se corriger "Je compte pas Midas dans ceux qui sont pas doués. Il est pas là pour faire de la figuration, c’est le seul qui a vraiment mérité de gagner à l’époque." C'est un sans faute niveau objectivité Josephine "Mais je parle des autres. La majorité chantent plus vraiment non plus, mais ils sont restés sous les feux des projecteurs en capitalisant sur leur petite notoriété. Pas moi. J’ai l’impression d’être un peu larguée parfois." Si elle s’obstinait à arrêter de tirer la tronche à Midas, il consentirait à la guider, c’était une certitude qui la fit dire rapidement, ses yeux cachés derrière le verre de ses lunettes marquant un mouvement vers le plafond "Mais ça va en vrai. Je sais que j’ai fait forte impression depuis la reprise, tu pourras dire à Esmée que c’est pas la peine qu’elle devienne une criminelle pour moi." Je gère. Et ça, c’était quelque chose qu’elle pouvait penser et dire sans avoir à rougir. Comme si elle était capable de rougir de toute façon.

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Lorsque Jo te demande si tu crains le monde, tu retiens un rire, vraiment, ou tout simplement de lui demander si c'est sa première interaction avec Nicholas Hurley ? Tu ne le feras pas, car tu sais bien que tu ne laisses pas une impression si mémorable que cela, c'est tout le contraire et c'est toujours ton but précis en réalité et parce que cela apporterait tout son lot de questions... Et tu n'as pas envie d'y répondre à ces questions-là, décidément pas envie d'expliquer à Jo que s'il y a trop de monde justement, tu vas te contenter d'un sourire complètement faux, de monosyllabes et tout simplement de hocher la tête, pour ton bien à toi. Et si c'est vraiment bondé, alors bon courage pour gérer la petite crise d'angoisse qui va arriver avec... Tu ne le dis pas, parce que Jo pourrait t'accuser d'être un hypocrite fini, te faire remarquer qu'il y aura tout autant de gens dans le public quand tu seras sur scène dans quelques jours. Tu le sais, tu ne l'expliques pas, visiblement pour ton cerveau, c'est plus facile de gérer une foule de gens qui sont là pour t'écouter jouer et chanter que les gens dans leur pire forme. Dans la vie de tous les jours. (Et oui, peut-être que tu es un peu dramatique, peut-être.) A la place tu conduis comme le bon chauffeur que tu es, écoutant la brune te parler de son expérience, plutôt unique, à des kilomètres de Brisbane.
Tu ne l'interromps pas Josephine, déjà parce que ce n'est pas ton style et ensuite, parce que tu ne t'attendais pas à une réponse aussi honnête. Tu t'attendais presque à ce que la brune t'assure qu'elle gère très bien, qu'elle a un plan pour les dix prochaines années et qu'elle est déjà retournée en studio, avec Midas, pour lui piquer la vedette. Non pas que cela serait très difficile... Okay, c'est très mal de faire des comparaisons, voilà ce que tu te dis intérieurement, mais c'est vraiment difficile de remarquer Midas quand Jo est également sur scène et ce même si c'est le parti pris de la production, il semblerait bien. Il est doué aussi, mais ce n'est pas Jo Carter, c'est certain. Tu peux comprendre les autres candidats qui sont passés à autre chose, ou qui surfe sur leur petite notoriété, tu imagines bien que dans ce genre de crochet, certains ne sont là que pour ça : leurs quinze minutes de gloire, sans passion réelle pour la musique. Définitivement pas comme elle. "Si j'ai bien appris une chose depuis tout le temps que je te côtoie, c'est que... connaitre sa propre valeur n'est jamais une mauvaise chose. Jamais." Et non, tu ne fais pas exprès d'avoir un ton un peu moralisateur quand tu reprends la parole, du tout, cela te surprend toi aussi, assez pour t'arracher un sourire, qui s'accompagne au rire de Jo quand elle dit être un peu perdue.
Tu prends le temps d'un autre stop pour la regarder de tes yeux bleutés, tu n'as pas vraiment de conseils à donner, pas de leçons qui te seraient venues avec l'âge, même si tu voudrais aider, ce n'est pas le cas. Tu ne feras pas l'affront de lui dire que tout va bien se passer, c'est un affreux mensonge auquel tu n'as jamais cru toi-même en réalité et à la place, tu te concentres de nouveau sur la route. "Je ferais passer le message, mais elle dira qu'elle est toujours disponible... au cas où." Et là pour le coup, tu n'exagères pas. "Elle dirait aussi qu'elle est très fière de toi si elle était là mais hein... je ne fais que paraphraser pour le coup." Après tout, et comme l'a très bien fait remarquer ton ainée, ce n'est pas tout le monde qui peut se vanter d'avoir des voisins aussi doués, ou talentueux et ce n'est pas juste l'air de Toowong fait cela, tu le sais très bien.
"Moi je dis que t'as l'air dans ton élément et ça se voit." Et oui, c'est un compliment, tu n'es pas très doué pour les donner, mais ce n'est pas comme si Jo en avait particulièrement besoin ou qu'elle t'avait posé la question, n'est-ce pas ? Non, que tu conclus dans ta tête avant de constater que vous êtes déjà arrivés au centre commercial, cela a été le trajet le plus court jusqu'ici maintenant que tu le réalises et même le parking n'est pas constitué du bordel habituel. "Je crois que c'est la première fois que je trouve une place de parking aussi facilement." Tu annonces cela un peu serein avant de manœuvrer dans la première place libre, et facilement en fait, une fois que cela est fait, tu peux couper le moteur et sortir de ton véhicule. "Par quoi on commence ?"

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

"Pourquoi, si tu bois autant mes paroles, t’appliques pas les leçons que je te donne ?" Je dois vraiment tout t’apprendre, Nicky se retint-elle d’ajouter. Pour autant, ça lui arracha un sourire de l’entendre lui servir ses propres maximes pour la rassurer sur la suite de son parcours à The X-Factor. Elle n’avait pas tellement besoin d’être rassurée en vérité, du moins c’est comme ça qu’elle exposerait les choses si on venait lui tendre la main pour l’aider à mieux gérer les affres du concours, mais elle devait avouer que ça lui faisait du bien de se faire servir de sa propre médecine par quelqu’un. Que ce fût pas Nicholas, c’était un plus qu’elle négligeait parce qu’elle était comme ça, qu’en plus d’avoir une propension monstre à penser que sa parole était d’or,  alors qu’elle était bien souvent acérée et blessante, elle pensait souvent que l’affection d’autrui lui était due à cause de son charisme. Elle n’en jouait pas tant que ça avec lui, seulement elle devait admettre que c’était plus simple qu’avec les autres de croire qu’elle pourrait lui faire faire tout et son contraire simplement parce qu’elle l’impressionnait. S’entourer de gens qui vous mangent dans la main, une tactique qui avait fait ses preuves pour Jo.
Ou pas. Puisque finalement, à régenter sa petite cour sur la base de l’influence qu’elle avait sur eux, ça ne lui avait pas apporté grand-chose sinon la fin anticipée d’une carrière qu’elle avait enterré sous l’excuse toute trouvée de la maladie de sa grand-mère. C’était pour ça aussi que c’était déroutant, le retour au concours : si tout le monde s’accordait à admettre qu’elle avait du talent, si tout le monde s’accordait à admettre qu’elle avait du charisme, elle restait le genre de candidate qu’on surveille de près par peur des débordements. Ses caprices, on les traitait comme tels, et une fois sur deux, Midas passait derrière pour passer la pommade à ceux qui avaient essuyé le courroux de l’impétueuse brune qu’elle était. Sans ça, Jo n’était pas logée à meilleure enseigne, et puisque c’était silence-radio avec le jeune homme depuis quelques semaines maintenant, elle était redevenue un numéro lambda sur le script des émissions tournées le weekend. Dans ces moments-là, quand elle pensait à ça, enfermée dans sa chambre d’hôtel devant son vieux clavier qu’elle avait emmené dans ses bagages, elle évitait de trop méditer sur le fait qu’elle avait toujours eu l’impression que c’était son lien avec Midas qui la sauvait de tout un tas de déconvenues parce que ça mettait sa fierté à mal et qu’elle n’aimait pas penser que leur connexion partait d’un constat d’opportunisme de sa part. Ce n’était pas le cas bien sûr, sauf qu’elle mentirait si elle disait ne pas avoir réalisé qu’en étant ce qu’elle était pour lui, même en ne sachant pas bien ce qu’elle était exactement, elle partait avec des avantages qu’elle n’avait plus aujourd’hui juste parce qu’elle ne savait pas comment l’approcher pour lui dire pardon.

Elle prit une petite inspiration, se calant de nouveau sur son siège, et puis elle remonta l’un de ses genou sous son menton, se fichant comme d’une guigne de souiller les sièges tous neufs de la voiture de Nicholas avec ses bottes. Roulant des yeux sous ses lunettes à la suite du discours de Nicholas, elle asséna "Me sers pas le discours de la fierté, ça va. Je sais que vous l’êtes tous." Ce n’était pas un manque de modestie, quoique c’était toujours difficile de savoir avec Jo, mais elle connaissait assez son entourage pour savoir qu’ils avaient la larme à l’oeil dès qu’elle apparaissait à l’écran et que leur coeur fondait dès qu’elle entrouvrait les lèvres pour chanter. Elle le savait, ou elle n’acceptait pas qu’on lui dise ce genre de choses parce qu’elle l’avait rarement entendue lorsqu’elle était plus jeune et qu’on lui avait martelait qu’elle ne réussirait jamais à rien en étant seule. Allez savoir, ça la mettait peut-être mal à l’aise d’être dépendante du sentiment que ça lui procurait de savoir qu’on croyait vraiment en elle "Tu parles ou t’écris à Midas parfois, depuis qu'on est là-bas ?" Ça c’était un élan de curiosité un peu mal placée simplement pour savoir s’il y avait des chances que le jeune homme lui ait parlé de leur brouille. Elle avait toujours été étonné par la relation qu’ils avaient parce que, dans le fond, elle sentait que l’un et l’autre marchait sur des oeufs chaque fois qu’ils étaient indépendamment mentionné par la jeune femme — un peu comme s’ils ne s’appréciaient pas tellement finalement, qu’ils gravitaient seulement dans le même champs de possibilités et que c’était qu’une question d’opportunité qui avait fait qu’ils s’étaient trouvés. Est-ce que ça la regardait ? Non, c’était pour ça qu’elle ne posait pas plus de questions que ça, sachant dans tous les cas qu’elle n’avait pas de camp à choisir, et que si ça changeait, le sien était tout trouvé ; il ne fallait pas compter sur elle pour un peu de neutralité "C’est parce que je suis là. On t’a jamais dit que j’avais l’effet d’un porte-bonheur ?" Il ne le voyait pas, mais elle battit des cils  derrière le verre de ses lunettes lorsqu’il trouva une place de parking facilement et qu’il s’en étonna.
Descendant de la voiture, Jo attendit qu’il en fasse le tour et répondit à sa question, glissant son bras dans le creux du sien en esquissant un mouvement jusqu’à la bordure de la rue commerçante "Par te trouver des fringues à ta taille, ce sera un bon début. T’as déjà entendu parler du sur-mesure ?" Elle lui fit une grimace en lui adressant une langue pendue, et puis dans la foulée de son caractère si plaisant, n’est-ce pas, elle ajouta, le guidant grâce à ses pas, ses doigts repliés dans le creux de son bras, son assurance n’ayant rien à envier aux grandes stars des podiums, le clac-clac de ses bottes à talons résonnant comme une mélodie entêtante sur le pavé "On va éviter Edward Street, t’as pas la thune pour du Gucci."

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crédit/(lexiresources/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Pas de discours sur la fierté donc, tu as fait passer le message d'Esmée, et dans le fond, tu sais que ta grand-mère n'a même pas besoin de toi pour s'adresser à Jo. Après tout, elles sont proches et se côtoient depuis des années elles aussi et Esmée la considère comme sa petite-fille par extension, et, même si personne ne lui a jamais demandé de le faire, pas même Ava, et qu'il n'y a aucun lien de sang entre elles. C'est ainsi que fonctionne ton ainée et ainsi qu'elle a toujours fonctionné. La brune encore assise à côté de toi le sait que la porte lui serait toujours ouverte, à elle, à Ava également, vous n'êtes pas si loin que ça s'il se passe quoi que ce soit. Mais Jo n'est pas comme toi à considérer tout un tas d'hypothèses dans sa tête et tout un tas de choses qui pourraient se passer, qui pourraient t'arriver, c'est une fonceuse, quelque chose que tu as toujours admiré et que tu ne pourras jamais copier. Ce n'est pas vraiment ton genre et tu es trop vieux pour prendre de nouvelles habitudes, pas vrai ? Oui, quelque chose comme ça.
Elle t'interroge sur Midas et ça, ça te surprend, elle le voit plus souvent que toi, on les aperçoit souvent ensemble sur le petit écran et avec un micro dans la main, ce sont eux les piliers du Revival dans un sens... Et c'est Jo qui, il y a peu de temps, t'a rabroué, à sa manière, en te rappelant qu'elle connaissait l'autre musicien beaucoup mieux que toi. Tu hausses les épaules avant de lui répondre.  "Oui, mais sûrement moins que toi, je l'ai invité à un de nos gigs à Vance et moi pour qu'il se détende, il a apprécié la musique au moins même s'il a dû s'éclipser un peu tôt." À cause de sa notoriété à lui, parce qu'il n'a pu avoir qu'un léger temps de repos avant d'être reconnu et avant même que les requêtes arrivent. Comme la tienne par exemple, mais dans ton cas, c'était plus un ami qui demandait un service à un autre et si Midas t'avait dit non, tu aurais tout de suite compris et tu n'aurais même pas insisté. Du tout même, cependant, il a des fans déterminés, tu es de ton côté content que tes quelques croisées avec les journalistes soient fini, ils ont bien fini par se lasser et réaliser que tu n'étais pas si intéressant ou bien connecté que cela et c'est tant mieux.
Mais oui, Midas est peut-être au sommet d'une montagne, mais de ton côté, tu trouves toujours cela impressionnant et ça te donnerait le tournis, tu ne serais très certainement pas aussi serein que lui au quotidien, c'est certain. Jo a sa réponse et vous êtes garés et tu la suis en dehors du véhicule en lâchant un simple :  "Hmm..." parce que Jo Carter n'a pas besoin de toi pour s'envoyer des fleurs ou se voir comme la huitième merveille du monde, tu le sais. Tu te contentes de la suivre, et elle te guide vraiment en crochetant un de ses bras au tien, et ensemble, vous vous rapprochez des magasins. Les allées sont bien vides, il y a bien quelques curieux çà et là et d'autres groupes, mais c'est bel et bien vide, une bonne chose que tu peux garder à l'esprit pour toi, aborder tout cela de manière un peu plus sereine. Et ne pas faire demi-tour... Quoi que, quelque chose te dit que Jo a assez de force physique pour t'empêcher de faire ça. "Je préfère être confortable en fait, et ce n'est pas trop le cas du sur mesure." Confortable, ne pas être vu, se fondre dans la masse et ne rien laisser filtrer... c'est tout un tas de choses que tu n'as pas vraiment envie d'expliciter en fait, tu ne l'as pas fait depuis des années, cependant, si tu as consenti à être ici, c'est bien pour faire un effort. Pour une performance importante et parce que tu n'es pas un idiot fini et que tu peux bien écouter pour une fois. Ce que tu t'apprêtes à dire à la jeune femme, à la place, tu as un sourire en voyant son expression et à sa dernière remarque, tu répliques tout aussi facilement.  "... T'en sais rien, je pourrais te surprendre."  Okay, peut-être pas, autant ne pas te vendre comme quelqu'un qui a des coffres remplis de pièces d'ors cachés sous son lit, vraiment, et accepter le fait que tu vas être en terrain inconnu et complètement perdu pendant les prochains instants.
Ton regard bleuté s'attarde sur une vitrine, puis une autre, les mannequins sont à la pointe de la mode et à des lieux de tes vêtements trop grands, en laine, ou même en tweed plus que confortable, c'est certain. "Mais ouais, le genre de prix dans ce genre de magasin est un peu ridicule. Je préfère investir dans une autre guitare ou un autre truc du genre, je sais, j'ai un sens des priorités un peu bizarre, que veux-tu..." Et tu préfères investir ton temps et ton argent ailleurs, c'est tout aussi simple, Jo a l'air d'avoir jeté son dévolu sur un magasin et si ton avis n'est pas demandé, ou même requis, tu lâches un faible okay alors que la porte s'ouvre. Il y a de la musique à l'intérieur au moins, c'est déjà ça et des allées et des allées de vêtements neufs et organisés en différentes sections et occasions. C'est parti, non ? "Pas de pulls, je suppose ?" Et oui, c'est une blague, oui.

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{fake it till you make it}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

Sa voix résonna agressive dans l’habitacle, elle le savait tout aussi bien qu’elle n’essaya pas le moins du monde de l’adoucir quand bien même elle ne démontra aucun signe de vraie colère, ou de quoi que ce soit de ce type à dire vrai. C’est simplement la façon dont elle posa la question qui était abrupte, pas le reste "T’as le béguin pour Midas, Nicholas ?" C'était facile pour Jo de détourner une situation pour ne pas avoir à attirer l’attention sur ce qu’elle ressentait. Ce n’était jamais fait avec subtilité, mais elle savait très bien qu’on lui pardonnait parce que, souvent, c’était plutôt drôle finalement, cette façon qu’elle avait d’inventer des histoires pour placer le curseur sur autre chose qu’elle-même, au moins le temps d’une poignée de secondes — seul temps imparti qu’elle pouvait supporter avant de vouloir redevenir le centre du monde. Alors, sur le coup, Nicholas ne verrait sans doute pas où elle voulait en venir, et elle n’essaierait pas non plus de lui expliquer plus précisément pourquoi elle lui posait la question de but en blanc, se fichant éperdument de la réponse au demeurant, connaissant assez Midas pour savoir que dans tous les cas, Nicholas devrait revoir le sens de sa vie et de ses priorités si jamais il espérait lui conter fleurette un de ses quatre, seulement au moins ça l’empêchait de rebondir pour de bon sur le fait qu’ils étaient proches au point de s’inviter mutuellement à des gigs quand elle n’était pas là. Dans quel monde déjà ? "J’ai remarqué que chaque fois qu’on parle de lui, t’es tout tendu, comme une collégienne qui en pince pour le prof." Ça, elle le pensait vraiment, et ça l’intriguait d’une certaine manière. Est-ce que ce n’était rien de ça, est-ce que ce n’était pas plutôt de la jalousie d’être confronté à la carrière sans anicroches d’un homme plus jeune que lui ? Il avait beau prétendre ne pas être intéressé par la notoriété Nicholas, il avait quand même le chic pour s’entourer de gens qui brillaient par leur aura et leur influence, alors qui savait quelles étaient ses véritables aspirations dans le fond ?
Il était difficile à cerner, il le serait sans doute à jamais. Faisant claquer la toute petite bulle de chewing-gum qu’elle avait soufflé dans sa bouche, Jo admis en levant les mains devant elle, comme la parfaite innocente qu’elle n’avait jamais été, même pas quand elle avait encore du lait qui lui dégoulinait du nez "Je comprends après. Franchement. Les grands yeux bleus, les longs cils", elle joignit le geste à la parole, faisant mine d’ouvrir grand les yeux en suivant la courbe de cils plus longs que les siens "il a un truc, y a pas à dire." Le bâtard "Mais faut respirer, hm. Je crois que t’es pas son type." Pour ça non plus, il ne fallait pas compter sur Jo : pour inciter autrui à vivre dans l’illusion que tout lui était possible. Là en l’occurence, ça servait son intérêt de dire le contraire sans le prétendre. Et elle réussit son coup évidemment, ayant habilement mené la conversation ailleurs pour ne pas revenir sur le fait que ça la vexait un peu de ne pas avoir été convié à ce putain de gig, elle aussi.

"Qu’est-ce que t’en sais, t’as déjà porté du sur-mesure pour être aussi catégorique sur la question ?" lui demanda-t-elle. Jo roula des yeux en harponnant son bras pour le mener vers un chemin plus engageant que celui des vielles fringues de papy Hurley "Ouais, c’est connu : les musiciens se font des couilles en or quand ils jouent dans leur piaule. T’as oublié à qui tu parles ?" A une gamine élevée sous un toit où la seule rentrée d’argent, c’était les weekends passés à se trémousser sur des scènes de mariages et autres réunions de famille au quatre coins du pays ; elle savait mieux que personne ce que gagnait un musicien amateur, et ce n’était sûrement pas assez pour se pavaner en Gucci, non. A quarante balais, le sens de la réalité de Nicholas était quand même fort limitée qu’elle songea en faisant claquer le talon de ses bottes sur l’asphalte, replaçant ses lunettes de soleil sur son nez avec l’insolence des femmes qui savent qu’elles sont belles.
Finissant par pousser une porte au hasard après avoir jeté un coup d’oeil à la vitrine colorée d’une boutique, elle lâcha le bras de Nicholas pour directement aller fureter dans les allées agencés de façon épurées. Elle glissa ses lunettes de soleil sur sa tête, s’en faisant un serre-tête qui encadra parfaitement son visage, et fit défiler les cintres sans s’arrêter plus de quelques secondes sur chaque morceau de tissu qu’elle voyait. En l’entendant parler, elle grimaça et releva la tête, tous ses traits se fronçant en même temps "Pourquoi tu voudrais porter un pull sur scène ? Tu vas crever de chaud, et c’est pour le nouvel an, c’est quoi le rapport ?" Franchement, c’était quoi le rapport ? "T’aimes le rose ?" finit-elle alors au jeune homme en se tournant vers lui avec, dans la main, une veste de costume rose saumon dont les boutonnières étaient brodées d’un liseré de fleurs d’une nuance plus foncée qu’elle ne lui laissa pas le temps de voir puisqu’elle lui demandait déjà "C’est quoi ta taille ? Ta vraie taille, Nicholas."

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crédit/(lexiresources/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

“Ce n’est pas mon type si c’était ça ta question.” Voilà ce que tu réponds tout simplement à Jo quand Midas est concerné et parce que tu sais très bien que ce n’est pas la question de la brune. Elle cherche à provoquer parce que c’est facile, tu l’as déjà vu à l’œuvre Jo, alors dans le fond ça ne te surprend pas du tout, et tu ne sais pas vraiment quelles sont les règles quand on a une connaissance en commun comme ça. Tu ne sais pas s’ils ont fait disparaitre le malaise que tu avais détecté entre eux, tu ne le sauras probablement parce que tu ne poseras pas la question de but en blanc (non vraiment jamais), parce que ça les regarde eux, pas toi, et tu n’as pas envie de servir de passe entre les deux. Tu ne veux pas être le messager en fait, Midas est un ami, Jo est ta voisine et la personne vers qui tu t’es tourné aujourd’hui pour avoir des conseils et c’est tout. Maintenant si elle te demande si tu as déjà pensé à Midas Sterling en ces termes-là ? Non. Tu n’es pas une collégienne de douze ans, et ce, malgré ta capacité à pouvoir rougir comme cette dernière, et le charisme que le musicien dégage sur scène et même dans la vie de tous les jours, il est certes impressionnant, certainement pas assez pour faire battre ton cœur ou te faire y regarder à deux fois quand il rentre dans une pièce. “Et je ne suis pas le sien maintenant, donc il n’y aura pas de déception et je n’écrirais pas de chansons à son sujet… non, du tout.”
Tu ajoutes cela avec l’ombre d’un sourire sur le visage, et jusqu’à preuve du contraire, Midas est attiré par la gent féminine, Jo a clairement beaucoup plus de chances que toi et vu comment ça fonctionne entre eux sur scène… peut-être qu’ils y ont déjà songé, est-ce pour cela que Jo essaye de détourner la conversation ? Parce que c’est elle qui a le crush sur Midas ? Hmm, tu n’en sais rien, tu as du mal à imaginer Josephine Carter éprise de qui que ce soit, c’est elle la tornade qui laisse des cœurs brisés derrière elle pas vrai, et tu n’y prêtes pas plus attention que cela quand vous êtes arrivés à votre destination.  “Et toi, tu as oublié que j’ai été à la tête d’un wedding band et que je devais plus ou moins porter des costumes tous les week-ends à une période de ma vie… enfin, c’est derrière moi tout ça maintenant.” Tu le marmonnes quand Jo te lâche le bras, tu sais déjà qu’elle ne t’écoute même pas et tu te retiens vraiment de prendre une photo du magasin et de l’envoyer à Vance ou même Dahlia. Qui seraient plus que choqués et surpris s’ils te voyaient ici, à acheter des vêtements neufs, ça ne te ressemble pas, ça ne te ressemble tellement pas que c’est à se demander s’il ne va pas se mettre à neiger demain. Ou quelque chose d’aussi dramatique, tu le sais, tu en es là dans tes pensées, à rire intérieurement, quand tu réalises avec un temps de retard que Jo te parle. Oui, la réalité Nicholas, tu fais un pas dans sa direction, ton regard bleuté alternant entre la brune et les vêtements tout autour de vous.
“C’est juste une couleur, je vais survivre, ne t’en fais pas.” Tu sais que ce n’est pas une atteinte à ton statut d’homme ou à tes niveaux de testostérone et en réalité, tu t’en fiches complètement. Si Jo arrive à trouver quelque chose qu’elle juge de bien et qu’en plus, tu es à l’aise, le pari sera réussi, à tes yeux, c'est une mission impossible mais… vous êtes bien là pour une raison. “Et je n’en sais rien ?” Tu peux lui monter l’étiquette de ton vêtement du jour, cependant, vu que le pull en question dépasse ta taille et que tu as dû replier le pantalon pour pouvoir te déplacer, Jo ne sera pas satisfaite, du tout même. “Je suppose qu’on est là pour avoir la réponse à cette question, pas vrai ?” Tu te penches à ton tour vers les cintres, et la fameuse veste rose, qui est plutôt jolie, tu dois l’admettre et tu lis à ton tour, les étiquettes et les différentes tailles. Tu choisis de ne pas te concentrer sur le prix, vous n’êtes pas encore à la caisse après tout et quelque chose te dit que ce n’est pas le moment de le faire, ou même de freiner l’élan de Jo.  “Moi je viserais cette taille-là, mais je peux me tromper alors, je vais prendre… ça et ça.” Tu prends la veste en plusieurs tailles, pour éviter les déceptions et tu continues de suivre Jo dans le magasin, vous n’irez pas très loin avec une seule veste et tu laisses Jo te montrer ce que tu as visiblement loupé. Toute ta vie, enfin une grande partie de ta vie, en décidant de remettre au goût du jour la garde-robe de ton grand-père.
“Cela va être le moment de vérité, je crois.” Et oui, tu prends une profonde inspiration quand vous vous retrouvez devant les cabines d’essayage, toi les bras chargés et Jo à tes côtés. “Avant que tu ne poses la question, je devrais m’en sortir pendant les dix prochaines minutes.”