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{fake it till you make it}
crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

Si la conversation n’avait pas pris un autre tournant, s’ils n’étaient pas descendus de la voiture pour aller vaquer à leur plan immédiat qui était de dépoussiérer la garde-robe de vieux croulant de Nicholas, Jo aurait rétorqué quelque chose comme : il est le type de tout le monde, sois pas jaloux comme ça, avec le genre de roulement d’yeux qui faisait son insolente singularité, et ce sans partir d’aucun manque d’objectivité particulier, se basant simplement sur le fait qu’il avait du succès à l’international, Midas, et que les files d’attente à ses concerts, elles étaient longues parce qu’il était talentueux certes, parce qu’il avait du charisme aussi, et que quoi que Nicholas serait tenté d’en penser et d’en dire, il était probablement le seul à ne pas s’en trouver affecté.
Cependant, démonter l’égo d’un bonhomme comme Nicholas en lui rappelant qu’il avait gâché tout son potentiel à s’enfermer dans sa chambre de laquelle il ne voyait pas les rayons du soleil, ça n’avait pas autant de saveur que de détruire celui de quelqu’un qui avait les épaules assez larges pour supporter son sarcasme. C’était trop facile, et Jo aimait le challenge, alors elle laissa couler tout en sachant que de toute façon, ses insinuations, elles étaient faites pour se protéger elle-même, et pas pour entendre les fantasmes dignes du meilleur roman Wattpad que Nicholas devait sûrement écrire sous ses couettes comme le puceau de quarante balais qu’il donnait l’impression d’être, même si le prétendre n’était qu’une démonstration de mauvaise foi made in Carter.

"Ah ouais, c’est vrai que j’oubliais que t’as travaillé à un moment de ta vie." qu’elle lui répondit avant de s’engouffrer dans les allées de la boutique sur laquelle elle avait jeté son dévolu sans plus de réflexion que ça. Choisissant une veste de costume d’abord, puis un pantalon de la même couleur ensuite, elle ne réagit pas à l’assentiment du jeune homme autrement qu’en fronçant les sourcils pour se concentrer sur son entreprise, à la recherche d’une taille relativement correcte pour qu’il puisse aller l’essayer sans avoir l’air de jouer à se déguiser "Tu me facilites vraiment pas la tache." Ça la tuait, qu’il prenne les choses avec autant de désinvolture quand son avenir pourrait très bien changer pour le meilleur le soir où ils montraient sur scène avec Vance "Fais semblant d’en avoir quelque chose à foutre un peu, putain. C’est ton premier concert important, mets-y du tien. Y a pas que la musique qui compte dans ces moments-là, les gens le sentent quand t’es là par dépit et que t’y crois pas vraiment." fit-elle remarquer en l’entendant lui dire qu’il ne savait pas exactement quelle taille il faisait. Il était désarmant Nicholas parce qu'il donnait l'impression de se foutre de tout, tout en paraissant hyper-complexé par à peu près tout ce qui constituait son être.
Elle le laissa prendre les vestes sans chercher à le dissuader de le faire, ne le suivant pas vraiment non plus lorsqu’il s’avança vers l’espace réservé aux essayages. Jo fouillait déjà dans une autre rangée de vestes, mais pas pour les faire essayer à Nicholas ; elle en passa une beaucoup trop grande pour elle d’un vert bouteille qui allait avec ses bottines en vinyle d’un noir brillant, et la passa par-dessus le pull qu’elle portait en guise de robe pendant que le jeune homme lui signifiait qu’il n’avait pas besoin d’elle pour les dix prochaines minutes. Par-dessus son épaule, elle lui dit dédaigneusement "T’inquiète pas, je suis pas intéressée par ce que tu gardes dans ton pantalon, Nicholas." T’es pas mon type non plus qu’elle se retint de dire parce que ce n’était pas utile de le préciser tant ça paraissait évident à la totalité de la population mondiale — y compris les elfes et les fées de cette putain de foret enchantée.

En attendant qu’il daigne se montrer, Jo se pavana dans plusieurs vestes de costume en laissant le sentiment à quiconque passait la porte de la boutique qu’elle était la propriétaire des lieux quand elle n’était qu’une cliente qui se fichait bien qu’on la regarde ou non. Alors le bruit de ses talons résonna tout du long des essayages de Nicholas pendant que les vestes s’amoncelaient sur la causeuse réservée aux accompagnants de ceux qui passaient dans les cabines. Elle passa aussi quelques accessoires, des lunettes de soleil qu’elle enfila les unes après les autres en s’admirant dans le miroir en songeant que toutes lui allaient à merveille — elle laissa la dernière sur son nez, une monture en écailles dépourvue de verre teintés, faites pour la lumière bleue qui, couplées à la veste qu’elle avait enfilé, et dont la nuance était assez terne pour la faire passer pour une secrétaire, lui allait pourtant aussi bien que si elle avait spécialement était faite pour elle. Pivotant gracieusement sur ses talons, elle posa son regard sur Nicholas, un doigt tendu dans sa direction "OK, la couleur te va bien déjà." fit-elle avant toute chose, s’avançant vers lui en descendant un peu ses lunettes sur son nez pour mieux l’observer avec le sens critique de ceux qui savent de quoi ils parlent "Fais un tour sur toi-même que je regarde tes fesses deux secondes — ça va, c’est pas pour mon plaisir, j’en ai vu des mieux que les tiennes et je te promets de pas y toucher." Croix de bois et tout le tralala que semblèrent dire ses mains qui se levèrent devant elle, prête à capituler face aux accusations qu’on serait tenté de faire pleuvoir sur elle.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

Dans une autre réalité, tu serais très certainement venu te perdre dans les allées du Queen Street Mall avec Dahlia. L’autre brune aurait sûrement été un peu plus avenante que Jo ne l’est en ce moment même et tu ne sais même pas si elle aurait choisi le même costume... ce n’est pas très juste de les comparer comme ceci, et ce n’est pas comme si tu avais pu demander à Dahlia de rester, de refuser une telle opportunité pour sa carrière à elle, pas vrai ? Non, tu n’aurais pas pu, tu ne te le serais jamais pardonné dans tous les cas, tu n’as jamais été égoïste à ce point-là, et tu ne penses pas être capable de l’être un jour alors... Alors, tu dois juste accepter le fait que tu seras toujours perdu dans un monde de grands, toujours, et qu’il y aura toujours des gens avec beaucoup plus d’ambition et de talent que toi. Comme Midas, comme Dahlia, comme Jo... dont les méthodes ne sont plus à refaire et que tu commences à connaitre par cœur à force, le refrain est même devenu familier d'ailleurs : te rabrouer tout en te donnant des conseils, et en te rappelant qu’il y a un monde en dehors de ta bulle. Et elle marque un point la brune, si nicky & the saints a été convié à cette performance, c’est un pas de plus dans la cour des grands, vous avez été remarqués pour des bonnes raisons, et ce n’est pas anodin. Tu en es fier, tu ne passes pas tout ton temps à composer pour rien et tu as véritablement hâte de te retrouver sur scène pour partager ce son qui vous est propre et qui sort tout droit de ton esprit à toi.
“Je ne suis pas là par dépit, je suis honnête, c'est tout... mais soit... j’entends ce que tu dis.” Que tu as donc répliqué à Jo, les bras chargés, tu te retiens de lui dire que tu pourrais ne pas être là. La brune serait surprise de l’apprendre, mais si tu essayes de sortir un peu plus de ta zone de confort, si la réponse est négative pour toi, tu seras le premier à tourner les talons. Pour éviter les crises de panique ou d’angoisse, ou même que l’on confirme tes pires peurs. Ton masochisme a ses limites, oui, choquant, tu le sais, si tu l’avouais à Josephine Carter, elle ne te croirait certainement pas, tu peux déjà le voir. Tu passes dans les cabines sans plus de préambules et tu élèves juste un peu la voix pour répondre à Jo. “Me voilà rassuré alors, je vais pouvoir dormir avec les deux yeux fermés et tout.” Ha, ha ha, hilarant Nicholas, que tu penses aussitôt et tu te débarrasses de tous les vêtements en les mettant sur le petit fauteuil prévu à cet effet. La seconde suivante, tu fais face à ton propre reflet et tu décides de juste te changer, si tu commences à trop t’arrêter sur tel ou tel aspect physique, ça ne va pas t’aider et tu ne sortiras jamais de cette cabine, vraiment pas. Aussi, tu fais tout ceci méthodiquement et le plus rapidement possible, pliant tes propres vêtements avec un soin particulier qui ne te ressemble pas (ah ça, c’est la nervosité que tu penses aussitôt) avant d’enfiler les vêtements neufs.
Cela se fait en plusieurs essais, car tu n’as décidément pas choisi la bonne taille du premier coup et tu notes dans un coin de ta tête ce qui te correspond. Cela pourrait te servir dans un futur proche ou lointain, si jamais tu décides de rafraichir ta garde de robe tout seul à l’occasion et... C’est bizarre, voilà ce que tu te dis en faisant de nouveau face à ton reflet, le costume bien en place sur ta peau, le vêtement à des kilomètres d’un quelconque pull confortable à souhait ou de ce que tu mets d’habitude. Tu as même l’impression d’avoir gagné quelques centimètres de plus, tu sais très bien que ce n’est pas le cas, mais hein, tu as bien le droit à ce genre de remarque. Tu sors enfin de la cabine, pour constater que Jo s’est bien occupée, elle aussi, et tu ravales un rire en la voyant avec ses lunettes de soleil sur le visage et tu attends le verdict. La couleur te va bien qu’elle dit, et c’est assez sincère pour que tes joues essayent de prendre la même couleur que la veste que tu portes. Tu ne t’attardes pas trop là-dessus, non, à la place, tu fais le tour qu’elle t’a demandé, marmonnant un : “Du moment que tu promets alors...” Il y a des miroirs partout ici, tu supposes que c’est voulu après tout, et tu captes de nouveau ton propre reflet. Tu es soudainement devenu le plus grand narcissique de la planète, attention.
“La couleur est sympa.” Tu le marmonnes en lissant les pans du costume, et c’est ta façon de dire que le costume te plait et que tu pourrais même sortir de la boutique avec.  “J’aurais déjà rajouté un pull par-dessus, mais j’aime beaucoup... je peux toujours bouger et jouer et... ” Tes bras bougent, l’instant suivant, tu tiens une guitare fictive, et tu y joues les accords d’une chanson que personne n’entend, à part toi. “Cela reste une partie importante, même si ce n’est pas tout ce qui compte.” Tu ajoutes la dernière partie de ta phrase en croisant le regard de Jo dans le miroir. “Est-ce le moment où je regarde le prix et je pleure ? Ou alors, je te demande si tu comptes garder ta nouvelle paire de lunettes de soleil ?” 

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Nicholas Hurley

Nicholas entendait ce qu’elle disait, mais il faisait généralement tout le contraire de ce qu’elle lui conseillait, s’estimant sans doute trop vieux pour changer quoi que ce soit à sa ligne de conduite. Soit, elle n’était pas celle qui était la plus encline à travailler sur son comportement, alors sans doute qu’elle n’avait qu’à la boucler et se mêler de sa propre vie au lieu de considérer ça opportun de donner son avis sur celle des autres.
Pourtant, elle partait du principe que si l’autre se ramenait plus souvent qu’à son tour en face de chez lui pour quémander l’opinion de sa voisine, c'était que quelque part, il y trouvait son compte à se faire taper sur les doigts avec autant d’enthousiasme. Mais comme elle le soupçonnait aussi d’être un maso de première ordre, qu’en savait-elle dans le fond ?

L’important à retenir sur l’instant, c’était qu’il avait daigné prendre la tenue qu’elle lui avait conseillée pour l’essayer en plusieurs tailles. Lorsqu’il sortit de la cabine, ce qui s’échappa de la bouche de Jo en premier fût un compliment. Elle était capable de ce genre de choses, elle était trop honnête pour vouloir prétendre que le costume n’allait pas à Nicholas. Ça changeait, c’était différent de ce qu’il avait l’habitude de porter, et s’il n’avait pas un balais profondément enfoncé là où elle pensait, ce serait même assez parfait pour qu’elle se félicite d’avoir l’oeil qu’elle avait pour ce genre de choses.
Ses lunettes de protection anti-lumière bleu descendues sur le bout de son nez, elle continua à le regarder faire son cinéma pour anticiper ses mouvements sur ses scènes quand évidemment, il fallut qu’il ouvre la bouche pour dire une connerie plus grosse que lui "Dans quel monde t’as vu qu’on mettait un pull au-dessus d’une veste de costume, toi ?" Même à St-Luke, ils avaient des standards plus élevés que ceux de Nicholas, et pourtant la moyenne d’âge était de 75 ans "Je sais que la mode, c’est une forme d’art subjectif, mais va falloir que t’apprennes à savoir ce qui se fait et qui se fait pas pour arrêter de passer pour un demeuré." T’as quarante ans, putain, qu’elle se retint d’ajouter étant donné qu’elle avait tendance à remettre son âge constamment sur le tapis, et que la redondance n’étant pas son point fort, elle préférait varier ses sorties. Suivant des yeux le tour qu’elle lui avait demandé de faire, elle s’arrêta devant lui lorsqu’il eut terminé, sa tête se hochant comme un hm-hmm silencieux, et vint replacer convenablement les pans de la veste sur sa poitrine pour, les sourcils froncés, lui dire en même temps "Une chemise blanche, classique, par-dessous, ce sera parfait. Déboutonnée jusqu’à mi-poitrine pour pas que tu donnes l’air d’aller à la messe." Ce qui serait le cas s’il s’obstinait à s’étrangler dans une chemise, et ça ce n’était pas propre à Nicholas ; mais ils étaient en Australie, personne ne boutonnait ses chemises "Pas de fanfreluche à la con, parce que je suis sûre que Vance voudra ramener des boas et des machins qui lui donnent l’impression d’être une rock-star. Y a qu’à Kurt Cobain que ça va ces trucs-là, tu lui diras." Elle opina à ses propres doléances, continuant de replacer la boutonnière de Nicholas en réfléchissant à son plan d’action pour qu’il ne soit pas la risée de son futur public "Des bijoux par contre, et évite la raie au milieu." lui fit-elle finalement en glissant très brusquement ses mains dans la masse de ses cheveux pour les décoiffer en conséquence.

Et puis elle le laisse là quand elle se recula pour faire de nouveau le point sur sa silhouette, et statuer après un claquement de mains "OK, on le prend." Le pire finalement, c’était qu’elle ne démériterait pas sa place dans une fashion-team, ou la bienveillance n’était pas de mise, et où il fallait être tranchant pour faire valoir son avis ; elle serait peut-être même la plus douce d’ailleurs, comme quoi, c’était qu’une question d’environnement finalement. Quand il s’inquiéta du prix de l’image qu’il voulait donner pour son concert le plus important de sa vie, Jo roula des yeux sous les verres neutres de ses fausses lunettes de vue, retirant en même temps la veste qu’elle avait sur les épaules pour la laisser tomber avec celles qu’elle avait passées tour à tour pour les essayer, ne s’inquiétant pas le moins du monde de laisser un peu de bazar derrière elle — elle avait un peu pris l’habitude qu’on passe après elle, c’était un fait "Pourquoi, t’as pas assez de thunes pour te payer une copie d’un McQueen ? Y a de ça une heure, tu prétendais pouvoir miser sur de l’authentique Gucci — et tu payes mes lunettes, ce sera mon salaire pour t’avoir aidé à éviter l’humiliation." Pas de merci, pas de s’il te plaît, du Jo tout craché.

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crédit/(lexiresources/tumblr) ✰ w/ @Jo Carter

Les questions de rhétorique de Jo sont presque comme un rappel à l’ordre et au lieu de rouler des yeux ou même de t’offusquer, tu te contentes de sourire. Parce que vu la réaction de la jeune femme, quelque chose te dit qu’elle le prendrait personnellement si elle te voyait te balader avec le costume qu’elle t’a recommandé et un pull par-dessus, et peut-être même qu’elle tenterait de te faire avaler ledit pull. La vision est amusante, hilarante en faite et tu préfères garder tout ça pour toi plutôt que de le partager, parce que tu as un humour un peu particulier, parce que ce n’est pas du tout le moment en réalité et en plus, tu as eu quelques compliments de la part de Jo. Alors tu ne peux pas te plaindre et c’est normal si cela arrive avec son lot de mise en gardes et plus de conseils. Tu choisis de te concentrer sur ça, une partie de toi se demandant déjà de quoi tu auras l’air sur scène, certainement pas de Nicholas Hurley, ça, c’est certain. Et est-ce que tu apprendras un jour ce qui se fait ou alors, tu es une cause perdue et Jo pourra bien s’époumoner, ça ne changera pas ? Tu parierais plus sur la deuxième option en fait, tu ne sors pas de ta bulle très souvent, tu détestes le faire, le monde avance trop vite, les conversations sont parfois un peu trop crues et tu arrives tout de même à faire ton bout de chemin alors... pourquoi le faire, pourquoi ?
“Une chemise blanche, classique, j’ai ça dans mon placard.” Voilà ce que tu réponds donc à Jo, ne préférant pas commenter sur l’insulte ou son manque de patience ou le fait que tu le sais déjà, oui, tous les boutons de te chemise seront fermés et ce n’est pas négociable du tout. Tu te moques de ce qui se fait, si c’est pour mieux vendre ou paraitre encore plus à la mode, tu l’as déjà dit à l’autre chanteuse, tu veux bien faire un effort, mais très certainement pas au point de provoquer une crise d’angoisse ou quoi que ce soit du genre. Elle parle de Vance et tu sais que la première chose que tu vas faire dès que vous serez revenus dans votre coin de Brisbane, c’est prendre une photo de toi dans le fameux costume et l’envoyer au batteur. Lui il a plus des problèmes avec le fait de garder ses vêtements sur lui et ce tout le temps, et tu sais qu’il te trouvera tout de suite classe et qu’il te demandera si tu as pensé à lui dans toute cette histoire. Et oui, maintenant que tu y penses, ce groupe est juste une excuse pour faire du baby-sitting en fait.  “Tu parles, il va voir mon costume, il va être jaloux direct, je le connais, il n'a pas ton numéro, mais il voudra t’appeler pour avoir des conseils, si si.” Voilà ce que tu articules alors que les mains de Jo trainent un peu trop près, mais c’est elle l’experte et tu lui jettes un regard perplexe alors que sa main se perd dans tes cheveux, presque pour te décoiffer, mais bien pour te montrer la marche à suivre, c’est sûrement ça le but.

Ton regard bleuté est toujours posé sur la brune alors qu’elle recule, Jo te fixant avec une intensité certaine, cependant, tu sais que ce n’est pas toi qu’elle regarde mais bien la coupe du costume et c’est assez pour que tu tiennes droit. Pour une fois, une instance rare, même elle pourra en convenir et tu as un rire alors qu’elle te confirme ce que tu savais déjà. Au moins, cela a le mérite d’être clair et ça te donne l’impression d’être dans une émission de télé-réalité maintenant, où on t’embarquerait dans un van la scène suivante, pour une destination inconnue, mais pour te présenter toi et ton nouveau look à ta famille ou même à un de tes exs. Fort heureusement, ce n’est pas le cas, tu n’es décidément pas prêt pour ce genre d’ascenseurs émotionnels, ni même les caméras en fait, et tu hoches la tête à la suite de Jo. Ton portefeuille est dans la poche de tes vêtements à toi, dans la cabine et tu hausses les épaules l’instant suivant. “J’investis autant dans des instruments ou du matériel d’habitude, c’est tout. Et je sais, il n’y a pas que cela qui compte, mais c’est important, je suis musicien d’abord, je suis certain que même si j’avais une bien meilleure tête, si je jouais comme un pied, les gens le remarqueraient bien aussi...”
Et si tu jouais comme un pied justement, tu passerais plus de temps à te concentrer sur ton instrument que le reste, c’est sans doute un peu ringard et ouais, ça fait de toi un demeuré, mais à la fin de la journée, il n’y a que la musique qui compte. Tu te moques bien de ce qu’on dit de toi et de tes pulls, du moment que tu es satisfait de ce que tu joues, que tu peux défendre tes textes et chacune de tes chansons, c’est ça le plus important à tes yeux. “Marché conclu alors, je vais me changer du coup.” Jo a le droit un hochement de tête avant que tu regagnes la cabine, c’est plus rapide d’enlever le costume et c’est la bonne taille que tu as entre les mains alors que vous vous dirigez vers la caisse quelques instants plus tard. La personne de l’autre côté du comptoir vous demande si vous avez trouvé tout ce qu’il vous faut aujourd’hui et tu lui adresses un sourire en guise de réponse. “On va prendre ça, et les lunettes de soleil de mademoiselle...” Petit signe de la tête vers ta comparse du jour et tu vas ensuite pêcher ton portefeuille et ta carte de crédit des poches de ton pantalon, payant sans vraiment te concentrer sur le total.
C’est un bon investissement et si on t’avait dit un jour que tu ferais du shopping avec Jo, tu n’y aurais pas cru, alors il faut bien marquer le coup, ça ne fait aucun doute. “Esmée va sûrement te donner une médaille quand elle va voir que j’ai acheté des vêtements neufs...” Que tu annonces en récupérant le sac que l’on te tend et qui est bien synonyme d’un pas dans la bonne direction. Le vendeur a le droit à un merci et tu te tournes vers Jo ensuite, un sourire plus sincère sur le visage. “Merci au fait, et oui, je le dis, même si tu n’as pas envie de l’entendre.” Même si elle prétend que tu l’embêtes, ou qu’elle te répliquera qu’elle avait mieux à faire mais qu’elle adore les causes perdues ou quelque chose d’aussi cinglant... Peu importe, Jo t’a aidé, et à tes yeux, cela compte.