the moon should be jealous

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Pour quelqu’un qui ne voulait pas aller trop vite, il avalait les étapes rapidement sans se poser un seul instant. Pour quelqu’un qui ne voulait pas aller trop vite, il anticipait déjà énormément une finalité qui n’était pas dans les plans originaux. Le sourire qu’affichait Ruben à ce moment là était surement du à tout ça; parce-que de son côté, cela lui importait peu de ralentir ou de prendre de la vitesse, étant donné qu’il n’était pas celui derrière le volant et qu’il se laissait porter au gré du vent. Il laisserait Ambrose passer la seconde et toutes les autres vitesses dans la foulée en un regard, si ce dernier le désirait; et si cela se manifestait par l’envie de l’inviter dans cette maison de famille dont il parlait, qu’il en soit ainsi. « Dans ce genre, oui. Ce week-end ? » Il retint un rire, et le commentaire allant de paire avec. Pour une personne qui semblait peu sure de ce qu’elle désirait, encore quelques jours plus tôt, Rose était plutôt direct dans ses propres et ses idées ce soir. Bien sur que c’était quelque-chose là qui plaisait beaucoup à Ruben: il trouvait ça attirant, les gens ayant de l’assurance. « Ce weekend, alors. » Il ne savait pas d’avance s’il était réellement disponible et s’il pourrait l’être, mais il ferait en sorte que ce soit le cas. Il pourrait doubler ses heures cette semaines pour réussir à se dégager au moins une soirée et une journée complète, c’était dans ses cordes; Ambrose serait à même de comprendre, s’il avait correctement lu entre les lignes, s’il ne pouvait allouer plus de temps à leur petite escapade.

L’instant n’était pas à apporter des éléments contraignants à la conversation, de toutes façons, mais plutôt à souligner ceux sur lesquels ils pouvaient se reposer sans trop de soucis ou de difficultés. Si Ambrose souhaitait rester dormir ce soir, il le pouvait sans que cela ne soit gênant d’aucune sorte. Ruben en serait le premier ravi, bien sur, mais il n’en était jamais caché alors cela n’allait pas être une nouveauté pour le brun à ses côtés. Surtout qu’il avait vu cette finalité depuis le début, depuis le moment où il l’avait aperçu sur scène - même si cela ne revenait que quelques soirs en arrière en réalité. « Je peux l’accepter, pour cette fois. » Alors qu’il revenait vers lui avec les bières, Ruben haussa un sourcil amusé. « Peut-être que ça me tiendra encore la semaine prochaine, alors. » Bien sur qu’il jubilait plus que de raison d’avoir vu juste sur le compte du jeune homme; même si c’était là plutôt une habitude chez lui que d’avoir raison, le prouver avait toujours un gout satisfaisant duquel il en redemandait assez facilement. Il serait en réalité plutôt toujours fier d’avoir su voir avant lui-même qu’il était le genre d’Ambrose; peut-être que cela deviendrait avec le temps une blague amusante entre eux qu’ils se renverraient à tour de rôle, peut-être que cela deviendrait un détail insignifiant que les deux auraient oublié d’ici à quelques semaines. Dans tous les cas, cela mènerait à ce que Ruben daigne sortir un pyjama de son armoire qui ne soit pas là pour lui. « Je suis très frileux. » Amusé, bien sur, de sa remarque, Ben leva tout de même les yeux au ciel dans une exagération qui ne pouvait passer inaperçue. Oh, il comprenait le sous-entendu - ce fut surement la raison du pourquoi il lui répondit avec un regard un peu plus appuyé ancré dans le sien à ce moment là. « Promis je prendrai pas toute la couverture alors. » Il ne prendrait pas toute la couverture, et se porterait volontaire pour jouer le rôle de celle de Rose à la seconde où ils se glisseraient dans le lit.

La question suivante de Ruben arracha un rire à Ambrose, ce qui lui fit lever les yeux au ciel une nouvelle fois mais bien plus discrètement cette fois-ci; il y avait une part de Hartfield qui était sérieuse dans la question. Pas toute, mais assez pour attendre une réponse sincère. « Fais comme chez toi. » Il garda la silence pour lui un instant, pesant le pour et le contre de cette réponse qui lui donnait les clefs sans pour autant lui indiquait ce que ces dernières ouvraient. Finalement, finissant sa bière d’une gorgée alors qu’il avait sifflé cette dernière trop rapidement pour que ce soit raisonnable, et après presque une minute de silence où il avait fixé Ambrose droit dans les yeux sans jamais détourner ces derniers, il se leva du canapé. Il disparut du champ de vision du brun, revenant dans ce dernier avec son plus beau pyjama du tiroir - il était sérieux quand il lui avait dit prêt à lui en prêter un. En réalité, ce n’était pas le plus beau, car il savait pertinemment qu’il ne le remettrait plus jamais une fois qu’il l’aurait associé comme étant le pyjama d’Ambrose, donc c’était un de ceux qu’il savait d’avance taillé pour le jeune homme sans que ce soit son préféré. « Je vais faire comme chez moi alors. » Avec ces mots, Ben retira son tee-shirt en le faisant passer par dessus sa tête et en le laissant retomber ensuite sur les genoux de Rose. Avec une esquisse de sourire amusé, il tourna les talons et le temps qu’il arrive jusque l’encadrement de porte de sa chambre, il s’était défait du reste de ses affaires - caleçon y comprit. Il était facilement à l’aise, Ruben, et de toutes façons c’était de cette façon qu’il allait se coucher lorsqu’il était chez lui. Fais comme chez toi, il le prenait au pied de la lettre. « T’as qu’à venir quand tu veux. » Lui s’était déjà couché sur son lit, sourire amusé accroché à ses lèvres.

Maintenant, il ne craint pas que le soleil se lève et qu’arrive déjà le moment où il doit quitter cet appartement pour retourner à ses propres études. Cela arrivera, bien sûr, tout comme arrivera leur week-end ensemble, décidé en une fraction de secondes. Ruben a dit qu’il viendrait, alors ce sera le cas, et ils auront la possibilité de s’embrasser à nouveau sans qu’Ambrose ne pense à autre chose. « Peut-être que ça me tiendra encore la semaine prochaine, alors. » Ruben ne pense qu’à sa petite victoire et Ambrose ne s’en offusque pas. Pour l’heure, du moins. D’ici la semaine prochaine, les choses auront peut-être changées et sa patience aura connu ses limites. Et d’ici la semaine prochaine, beaucoup de choses peuvent encore se passer, raison pour laquelle Ambrose ne lui donne pas davantage d’importance, préférant se concentrer sur la simple nuit à venir. « Promis je prendrai pas toute la couverture alors. » Le sous-entendu est évident et toutes les excuses sont bonnes à prendre pour laisser leurs regards briller avec une certaine malice.

Le silence s’éternise entre les deux hommes sans qu’il ne soit synonyme de malaise, leurs bières se vidant peu à peu pour venir sonner la fin de leur soirée. Jamais les choses se passaient aussi bien, dans tout ce qu’Ambrose avait pourtant pu imaginer - et Dieu sait qu’il en a imaginé, des choses. « Je vais faire comme chez moi alors. » Le ton de sa voix laisse présager qu’il mijote quelque chose, ce qui rend le benjamin curieux bien plus qu’inquiet, lui qui prend pourtant entre ses mains le pyjama tendu par Ruben. Ce n’est pas de ça qu’il se montre curieux, comme le témoigne son regard suivant le reste de ses gestes, ceux-là même le menant à enlever son t-shirt et à le laisser retomber sur les genoux d’Ambrose. Il ne fait pas la comparaison avec un danseur de charme mais oui, bien sûr qu’il y pense et bien sûr que s’il avait un billet dans une de ses poches, il l’aurait glissé dans celle du brun, uniquement pour se moquer de son éternelle assurance. A défaut, seul un sourire se lit contre ses lèvres, lequel aurait eu tendance à disparaître s’il n’avait pas profité d’être de retour dans sa chambre pour enlever le reste de ses habits. Rose esquisse un rire parfaitement amusé, toujours aussi étonné de l’audace d’un homme qu’il commence pourtant à comprendre. « T’as qu’à venir quand tu veux. » Il parade, il jubile, il est plus fier que jamais. Rose lui a dit de faire comme chez lui, et il a tourné l’ordre en sa faveur, comme il en a sûrement l’habitude. Les affaires entre ses mains, et le t-shirt de Ruben laissé à sa place contre le canapé, Ambrose se contente de s’approcher jusqu’à l’embrasure de la porte, son regard toujours porté dans les yeux du jeune homme. “Tu sais ce que c’est, la seule chose qui m’étonne, finalement ?” Qu’il fasse preuve d’autant d’assurance ? Non, bien sûr que non. C’était évident dès la première seconde - quoique parader avec de beaux mots est bien différent que de se mettre littéralement à nu, mais il ne semblait pas manquer de confiance dans aucun domaine. “Que tu sois tatoué.” Aucun n’était visible, et maintenant il a tout le loisir d’observer qu’ils sont nombreux, son regard n’ayant à son tour aucun honte à longuement détailler la silhouette du chanteur. “T’as de gendre modèle que le visage.” Il finit par souffler, sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec un reproche.

A son tour, il troque son propre t-shirt et ses manches longues pour la temporaire nudité de son torse ; ironiquement tatoué à son tour, ce que Norman a permis après bien des supplications de la part du mineur qu’il est. “Te fais pas d’idées, t’es le seul à te la jouer exhib ce soir.” Il rétorque néanmoins après quelques secondes, enfilant le t-shirt prêté en même temps qu’il installe un nouveau sourire contre ses lèvres. Ambrose quitte la pièce et referme momentanément la porte derrière lui pour troquer son pantalon contre un short et poser ses affaires dans un coin de la pièce, non par pudeur mais bien parce qu’il souhaite au moins donner tort à Ruben sur quelques points: cette bataille-là, il ne la gagnera pas. Il le lui prouve d’autant plus lorsqu’il revient après quelques secondes et se faufile sur un côté du lit, une main posée sous l’oreiller, la seconde occupée à redessiner les traits encrés de ses tatouages qui ont tout pour attiser la curiosité d’Ambrose. “J’espère que tu es prêt à faire face à toutes mes questions sur eux ce week-end.” Il demandera la signification de chacun d’entre eux, tout comme il voudra connaître la moindre anecdote associée. Le problème d’avoir grandi dans une famille d’artistes, c’est qu’il a cette passion dans le sang, bien qu’elle ne soit pas sa vocation. Après plusieurs secondes, il consent à ramener son index contre son poing refermé, n’étant pourtant pas contre l’idée de continuer à sentir la peau de Ruben contre la sienne.

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Il attendit de voir un sourire s’étirer sur les lèvres d’Ambrose pour débarrasser le plancher du salon et s’en aller dans sa chambre, retirant à ce moment là le reste de ses habits. Pas qu’il n’était pas à l’aise de le faire bien plus proche du jeune homme, mais il n’en était pas non plus à insister avec un comportement aussi arrogant juste sous son nez. Déjà qu’il avait réussi à attraper la seule porte de sortie positive dans l’ordre qu’il avait reçu de sa part, il n’allait pas non plus abuser plus que de mesures. Et puis, il savait que cela suffirait d’assez bonne carotte pour faire en sorte que Rose le rejoigne assez rapidement, déjà dans l’embrasure de la porte, alors que Ben était à peine couché sur son lit désormais. « Tu sais ce que c’est, la seule chose qui m’étonne, finalement ? » Il se retourna, haussa un sourcil réellement curieux, croisa ses mains sous sa tête en attendant la réponse du jeune homme. « Que tu sois tatoué. » Et alors, à cette remarque là, bien sur qu’il ne sut faire autrement que de laisser un rire s’échapper d’entre ses lèvres - sincère, sonore aussi. Il ne s’attendait pas à une telle remarque, et pourtant cette dernière était on ne pouvait plus vraie, plus réaliste. Ses tatouages, ce n’était pas là quelque-chose qu’il exposait au premier venu; ou plutôt à la première occasion - le premier venu, il n’en avait que faire. Mais beaucoup des personnes qu’il côtoyait pourtant quotidiennement n’avaient pas forcément idée de l’étendue des dégâts. Certains ne se voyaient jamais, d’autres ne pouvaient être cachés lorsqu’il avaient des manches courtes à l’hôpital. En l’occurence, Ambrose avait présentement accès à tous les tatouages de Ruben, et étant donné que c’était là la première fois qu’il les voyait de façon générale, effectivement cela pouvait être étonnant. « Pourquoi ? Ca me va pas au teint ? » Bien sur qu’il en jouait, qu’il s’en amusait. « T’as de gendre modèle que le visage. » Il pinça ses lèvres, mais pour retenir un sourire autant amusé qu’à mettre des claques. « Le visage, le sourire, le comportement en société, les connaissances médicales, la carrière sur le long terme, les relations sociales… Mais oui, t’as le droit de dire que j’ai de modèle que le visage si tu veux. » Au moins, il portait sur ses traits l’image de lui qu’il voulait renvoyer, c’était déjà un bon début à cette histoire.

Là où lui ne s’était pas dérangé pour se mettre à l’aise sans attendre son reste, Ambrose fut bien sur bien plus empli de pudeur; ce n’était pas une surprise, Ben s’y était attendu dans toutes les paroles et les gestes qu’il avait jusque maintenant. Alors, s’il ne s’empêcha pas de se délecter de la vue lorsque le brun retira son propre haut pour enfiler le tee-shirt prêté par Hartfield, bien sur qu’il ne se retint pas de laisser échapper un petit grognement de mécontentent lorsque ce fut le cas. « Te fais pas d’idées, t’es le seul à te la jouer exhib ce soir. » - « Je sais. C’est pas pour autant que je suis pas déçu. » Même s’il savait que cela ne changerait rien et même s’il n’agirait pas pour que ce soit le cas, il était de ceux s’exprimant dans tous les cas. Il ne demandait pas à Ambrose de changer son comportement, loin de là, mais ce dernier ne lui plaisait pas; c’était là deux choses qui pouvaient coexister. Ce qui comptait en réalité, ce fut qu’une poignée d’instants plus tard, le brun était déjà de retour et se glissait à ses côtés, son attention déjà reportée sur la moindre marque d’encre que pouvait porter son épiderme. « J’espère que tu es prêt à faire face à toutes mes questions sur eux ce week-end. » L’index d’une des mains de Constantine glissait le long de la peau de Ben, et bien sur que cela lui arracha un quelconque petit frisson. Il ne commenterait pas, se contentant de le regarder faire, et d’intérêt les paroles qu’il lui adressait. « Tu risques d’être déçu. » Des significations des tatouages, pas du weekend en perspective. « Mais je répondrai à toutes les questions. » Parce-qu’il n’avait de toutes façons rien à cacher, qu’il n’y avait pas un seul élément dont il avait honte; et puis, il avait promis qu’il saurait satisfaire la curiosité du brun désormais à ses côtés, et si cette dernière revêtait la forme de questions sur ses tatouages, il saisissait l’opportunité toute de même. « Compte sur moi pour être curieux aussi, par contre. » Et si Rose avait refermé sa main, que son index ne parcourait plus sa peau, la main de Ruben se posa sur la sienne pour lui indiquait qu’elle pouvait rester contre sa peau tout de même. Ce n’était pas lui qui allait s’en plaindre, mais justement il souhaitait lui souligner qu’il n’était pas déranger par cette présence. Et surtout, après un instant d’hésitation, le futur chirurgien laissa finalement un petit soupire échapper et se tourna légèrement pour être apte à approcher son visage de celui de Constantine. Un baiser, rapide et chaste: c’était tout ce qu’il se permettrait ce soir. « J’ai hâte de voir sur quoi ta curiosité portera ce weekend. » Et il relais, dans un même soupire, retomber complètement sur le dos, les bras de nouveau croisé à l’arrière de sa tête. Peut-être que le sommeil n’allait pas être très présent cette nuit - ou ce qu’il pouvait en rester -, mais ce ne serait pas une grand première pour Hartfield - il savait comment palier à ce manque déjà depuis des années. Peut-être que lorsqu’il reviendrait de son jogging matinal, d’ici à une poignée d’heures, Ambrose en aurait profité pour filer mais ce n’était pas grave; c’était même peut-être la seule fois où il ne serait pas vexé, car il savait parfaitement à quoi s’attendre et sur quelle pente il se laissait glisser. « Je serai debout à cinq heures pour aller courir, si l’envie de te joindre à moi te prend. Par contre, faut savoir tenir le rythme. » Ses yeux étaient déjà fermés, pares-que son assurance n’avait pas besoin d’attendre après la réponse du brun. Il était grand garçon, il savait se débrouiller seul.

« Le visage, le sourire, le comportement en société, les connaissances médicales, la carrière sur le long terme, les relations sociales… Mais oui, t’as le droit de dire que j’ai de modèle que le visage si tu veux. »
“Non, c’est vrai, t’as raison, t’as une sacré modestie aussi.”

Il en sourit et il s’en amuse, Ambrose, parce qu’il serait bien incapable de reprocher à Ruben d’être sûr de ses appuis. Au contraire, c’est un trait de caractère qu’il sait apprécier à sa juste valeur, parce qu’il se fait rare mais prouve une certaine confiance en soi qui, aux yeux d’Ambrose, va de pair avec un talent ou au moins des aptitudes. Il ne se laisse pas démonter, sans doute encore amer envers lui-même de ne pas avoir su poser le bon diagnostic quant à sa sexualité et d’avoir laissé le premier inconnu venu, désormais invité dans une maison de vacances familiale, lui ouvrir les yeux sur la vérité des choses. Maintenant, il a besoin de temps, ce qui signifie aussi qu’il ne compte certainement pas coucher avec Ruben pour l’heure. « Je sais. C’est pas pour autant que je suis pas déçu. » - “T’as un peu trop pour habitude qu’on te tombe dans les bras, ça te fait les pieds.” Il le dit, en est fier, s’en amuse, mais il ne met pas non plus de véritables barrières entre eux, se contentant d’une simple retenue à défaut de pouvoir réellement agir comme si Ruben ne lui faisait pas un petit quelque chose.

Il résiste à peine, bien trop peu pour ne pas aller se coucher près de lui dans le lit, une main posée sous sa tête et l’autre occupée à retracer les lignes de ses tatouages, comme s’il en avait le moindre droit. « Tu risques d’être déçu. » Il n’a jamais été déçu en ce qui le concerne, et il doute que cela puisse véritablement arriver. Même si les tatouages n’ont pas de signification, il admire leur nombre autant qu’il admire leur forme, et cela lui suffit. Ils lui donnent une excuse pour laisser sa main parcourir le torse du futur médecin, aussi. “Je me fais pas de souci.” Le brun se contente de répondre après plusieurs secondes, ayant déjà jugé que ses mots n’ont rien d’une nouveauté. « Mais je répondrai à toutes les questions. Compte sur moi pour être curieux aussi, par contre. » Ambrose sourit en retour, parce qu’il doute avoir quoi que ce soit à lui raconter qui puisse être le fruit de sa curiosité. Il ne sait pas grand chose sur sa vie ou sur son histoire, mais ce ne sont pas les sujets qui attisent la curiosité, surtout alors que Ruben ne peut pas se douter de leur existence. Du reste, il n’a rien à cacher non plus, éternellement certain de ses appuis - le fait qu’il s’immobilise à l’instant à Ruben repose sa main sur la sienne est différent. Sa sexualité est nouvelle, à ses yeux du moins, et il apprend encore à jongler avec ; jamais il n’avait reçu une attention masculine de cette manière, mais il mentirait s’il disait que cela lui déplaisait. Au contraire. Il se complaît sous la chaleur de sa main, sans nourrir la moindre envie de bouger la sienne, aussi simple cela puisse-t-il être. Le visage de Ruben se tourne finalement en sa direction pour l’embrasser brièvement, geste auquel Ambrose répond sans se faire prier et surtout sans se plaindre, sans doute même déçu qu’il ne s’éternise pas. « J’ai hâte de voir sur quoi ta curiosité portera ce weekend. » Il a hâte de vivre ce week-end, tout simplement.

« Je serai debout à cinq heures pour aller courir, si l’envie de te joindre à moi te prend. Par contre, faut savoir tenir le rythme. » Et si Ruben a déjà les yeux fermés, Ambrose s’en amuse en l’observant sans même se cacher, son visage tout entier tourné vers lui. “T’es vraiment imbuvable dans ton genre.” Il finit par souffler, jamais sans son sourire, sa main se reposant contre la joue de Ruben pour le déranger dans son faux et parfait sommeil réparateur de petit guerrier. “Je t’accompagne, je connais les alentours contrairement à toi.” Disons simplement qu’il n’est pas étranger au fait d’aller courir ; il l’est par contre à l’idée de le faire aux aurores, chose dont il ne manquera pas de se plaindre. “Si tu ronfles, je t’étouffe dans ton sommeil.” C’est un bonne nuit à sa manière, et il prend seulement forme lorsqu’Ambrose dégage le bras de Ruben de sa position initiale pour plutôt le faire passer sur ses épaules, pour qu’il puisse se blottir un peu mieux contre lui. Il ne fait que jouer au grand garçon, après tout.

* * *

Il ne sait pas s’il a entendu un réveil ou si Ruben est un sociopathe au point où il s’est naturellement réveillé à cinq heures du matin, mais il sait au moins qu’il déteste ce garçon du plus profond de son coeur, lui et sa volonté d’être parfait dans tous les domaines, au point même où Ambrose a la sensation de difficilement pouvoir suivre. “Si c’est ta façon d’essayer de me dégoûter pour que je te lâche la grappe, ça va pas fonctionner.” Il râle contre l’oreiller, Ambrose, ses yeux encore fermés et ses cheveux en bataille. Il peut faire face au manque de sommeil, il peut aussi très bien aller courir ; et il peut d’autant plus le faire pour prouver à Ruben qu’il n’est pas Superman. “Mais si c’est pour que je te déteste, ça marche très bien par contre.” Il se retourne enfin pour observer Ruben déambuler dans la pièce comme s’il y avait toujours vécu, un mince sourire affiché contre ses lèvres. Il aime l’instant. Malgré tout. “Pourquoi est-ce que c’était si important pour toi de te lever aussi tôt ?” Il demande sans amertume, Ambrose, déjà en direction de la machine à café, sans quoi la journée ne saurait commencer. “Je t’ai pas demandé si t’avais bien dormi.” Et il ne le fera pas. Pas comme ça, du moins, mais ses paroles le sous-entendent, pour s’assurer qu’il n’a pas été trop demandeur en proximité durant la nuit.

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« Non, c’est vrai, t’as raison, t’as une sacré modestie aussi. » Ce qui arracha un rire franchement amusé à Ben de l’entendre dire ça. « Bien sur. » Ce n’était pas quelque-chose qu’il cherchait à cacher, mais plutôt qu’il déguisait sous un humour approximatif et un sourire à faire tomber à peu près n’importe qui. « T’as un peu trop pour habitude qu’on te tombe dans les bras, ça te fait les pieds. » Et à ces mots là en revanche, ce fut un petit grognement de plus qu’il ajouta, pour appuyer un peu plus et prouver une nouvelle fois son mécontentement. Le pire était surtout qu’Ambrose avait raison - et c’était cette partie là qui énervait peut-être réellement Ben. « Moque toi, vas-y. »

« Je me fais pas de souci. » - « Je commencerai à m’en faire pour deux si t’es pas déçu de moi au moins à un moment d’ici à la fin du weekend prochain. » Pas qu’il se plaçait en victime ici; simplement qu’il était plutôt réaliste quant au comportement qu’il adoptait de manière générale, et des choix de vie qu’il faisait ne plaisant pas à une majorité de la population générale. Alors forcément, à ses yeux, Ambrose risquait d’être déçu à un moment donné. Autant pour la signification des tatouages que sur les petits détails qu’il pourrait découvrir sur lui - après tout, n’était-ce pas pour une telle raison qu’il pouvait inviter un autre homme dans son lit ce soir et que ce n’était pas Harry qui passait la nuit à ses côtés ? Si ce n’était pas de la faute de son comportent et de son caractère, Hartfield ne voyait pas d’autres raisons viables. Chassant ces pensées là de son esprit, il se tourna et se pencha pour arracher un léger baiser à Rose, qui ne se fit pas prier pour lui rendre la pareille. Au moins, cela tira un petit sourire à Ben; bien sur qu’il aurait désiré le faire perdurer bien plus d’un instant, mais il lui avait été explicitement demandé d’être sage alors il obéissait au doigt et à l’oeil. Contre toute attente et sans grande surprise en réalité, ce ne fut pas sur ce point là qu’il déçut finalement rapidement le jeune homme à ses côtés mais sur un tout autre point - lorsqu’il mentionna qu’il serait debout aux aurores pour aller courir. « T’es vraiment imbuvable dans ton genre. » Toujours les yeux fermés, un fin sourire satisfait et amusé s’étira sur les lèvres de Ruben. « Même pas eu besoin d’attendre la fin du weekend pour que tu me le dises, ça annonce de bons moments. » - « Je t’accompagne, je connais les alentours contrairement à toi. » - « Tu vas pas m’apprendre à jouer sur mon propre terrain Rose, t’en fais pas. » - « Si tu ronfles, je t’étouffe dans ton sommeil. » Il pouffa par le nez. « Prépare l’oreille maintenant alors. » Ce ne fut là cependant une réponse qui ne sembla pas repousser Ambrose, bien au contraire, puisqu’il se permit finalement d’attraper le bras du brun pour le passer par dessus ses propres épaules - ce dernier ne se faisant pas prier, resserrant son étreinte doucement autour du corps du jeune homme, se permettant même de passer une jambe par dessus la sienne. Si ça lui plaisait pas, il n’aurait qu’à le pousser plus loin - mais qu’il n’oublie pas tout de même que c’était lui qui avait demandé la proximité.

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Ruben n’avait pas entendu son réveil et était un sociopathe qui s’était naturellement réveillé à cinq heures du matin - preuve en était que son réveil n’était pas programmé pour encore une petite dizaine de minutes et n’aurait même pas le temps de sonner. Il ne lui fallut qu’une seule seconde pour être debout et parcourir sa chambre de long en large, attrapant ici et là les affaires dont il avait besoin pour aller courir, toujours nu comme un ver et n’en ayant toujours rien à faire. « Si c’est ta façon d’essayer de me dégoûter pour que je te lâche la grappe, ça va pas fonctionner. Mais si c’est pour que je te déteste, ça marche très bien par contre. » Etirant un petit sourire et secouant quelque peu la tête, Ruben ne s’arrêta pas dans son remue-ménage pour autant. « T’es pas obligé de venir, tu peux continuer de dormir, ça me dérange pas. » Lui irait prendre l’air dans tous les cas, que la belle aux bois dormant veuille se lever ou non. « Pourquoi est-ce que c’était si important pour toi de te lever aussi tôt ? » Cette question là arrêta le futur chirurgien dans ses gestes, alors qu’il tourna son visage portant un sourcil haussé vers le brun. D’ordinaire, les gens se contentaient de le considérer comme étant fou de s’infliger un réveil aussi matinal, mais ne s’attardaient pas sur la raison qu’avait Ben d’agir ainsi. « Parce-que je sais pas de quoi la journée peut être faite, et que j’ai besoin de me défouler. » Il ne savait fonctionner sans être allé courir avant de démarrer sa journée. « Ca nous arrive d’enchainer deux voire trois journées de travail à l’hôpital, donc je sais jamais si je vais vraiment rentrer le soir. Alors pour pas perdre de temps, j’en gagne le matin. » Haussant les épaules, il s’éclipsa dans la salle de bain un instant pour se laver les dents, avant de rejoindre Ambrose dans la cuisine.

Ce dernier était déjà en train de se faire un café. « Je t’ai pas demandé si t’avais bien dormi. » - « Tu fais bien: j’ai pas dormi. » Et ce n’était pas là en réalité une réponse étonnante, puisqu’il lui arrivait assez régulièrement de en pas dormir; pas toujours pour les mêmes raisons, certes, mais ces dernières n’avaient pas réellement besoin de se ressembler pour toutes être valables. « C’est pas ta faute, t’en fais pas, juste j’avais trop de trucs en tête pour réussir à trouver le sommeil. » A peine Ambrose avait-il terminé de se faire un café que Ruben posait ses mains sur les hanches du brun pour le déloger de devant la cafetière et pour prendre sa place. « Toi en revanche, tu râles parce-que t’es réveillé tôt mais t’as bien dormi. » Il le savait parce-qu’il avait passé une bonne partie de la nuit à l’observer dormir - ce qui pouvait paraitre étrange mais promis, ce n’était pas avec de mauvaises intentions. Juste, cela l’apaisait autant que cela pouvait le renvoyer à d'autres souvenirs, un savant mélange doux-amer qu’il s’infligeait sans aucune raison valable en réalité. « Tu peux courir combien, que je sois pas surpris ? » Sa tasse pleine et chaude, Ruben alla s’asseoir un instant dans le canapé, déjà en tenue de course qu’il avait enfilé en même temps qu’il était passé dans la salle de bain; il lui manquait plus qu’à mettre ses baskets et il était prêt à partir.

« Je commencerai à m’en faire pour deux si t’es pas déçu de moi au moins à un moment d’ici à la fin du weekend prochain. » Sans répondre pour autant, Ambrose se contente d’en rire tout bas, parce qu’il ne pense pas un seul instant être capable d’être déçu de Ruben. Disons surtout qu’il ne pense pas Ruben capable de le décevoir, parce qu’Ambrose l’estime être comme une personne incroyable, et ce malgré son caractère qui semble tout de même être à double tranchants. Il pense pourtant d’autant moins aux possibilités et raisons d’être déçu lorsque Ruben se penche vers lui pour l’embrasser, comme s’il n’y avait rien de plus évident, ni même logique. L’idée plaît à Ambrose, évidemment. « Tu vas pas m’apprendre à jouer sur mon propre terrain Rose, t’en fais pas. » - “Ton terrain c’est de mettre un pied devant l’autre.” Celui d’Ambrose, c’est de connaître les alentours maintenant qu’ils ont quitté le centre ville. Il persiste et il signe, parce qu’il veut être utile à quelque chose autant que parce qu’il veut croire que Ruben a besoin de lui, malgré toute l’assurance dont il fait éternellement preuve. Et comme pour mettre fin à tout débat possible, il prend plutôt la peine de placer le bras du brun près de lui et se délecte du réflexe de Ruben consistant à le serrer un peu plus contre lui, idée contre laquelle Ambrose ne va évidemment pas contre. Il ne va pas non plus contre la jambe qu’il passe par-dessus la sienne et, au contraire, trouve rapidement les bras de Morphée en addition de ceux de Ruben.

***

Le réveil est bien moins doux que ne l’avait été le coucher, c’est un fait largement agrémenté par l’heure à laquelle il se retrouve forcé d’ouvrir les yeux, incapable de ne pas profiter pleinement de ce week-end en compagnie de l’étudiant. « T’es pas obligé de venir, tu peux continuer de dormir, ça me dérange pas. » A son tour, Ambrose secoue doucement la tête. “Non, je viens.” Il le lui a dit, et il ne revient pas dessus. Sa voix est encore pâteuse, mais son ton est catégorique. Ce n’est qu’après s’être relevé et assis sur le rebord du lit qu’il questionne Ruben avec une curiosité sincère, soucieux de comprendre son mode de fonctionnement. « Parce-que je sais pas de quoi la journée peut être faite, et que j’ai besoin de me défouler. » Le regard de Constantine passe de l’une à l’autre de ses prunelles, sans pour autant le soupçonner un seul instant de ne pas raconter toute la vérité. Personne ne sait ce dont la journée sera faite, mais ils sont peu à vouloir systématiquement se lever aussi tôt chaque jour. « Ca nous arrive d’enchaîner deux voire trois journées de travail à l’hôpital, donc je sais jamais si je vais vraiment rentrer le soir. Alors pour pas perdre de temps, j’en gagne le matin. » Mais effectivement, l’explication fait davantage de sens en prenant en compte ses rythmes impossibles de travail à l’hôpital. “Je sais pas comment tu fais pour tenir le rythme.” Il formule l’idée dans une affirmation plutôt qu’une question, non parce qu’il craint que Ruben lui dise ne pas arriver à tenir le rythme et être constamment sur les nerfs, mais justement parce qu’il ne veut pas risquer de le mettre dans une situation difficile. “Mais on perdra pas de temps, nous.” Il le dit dans un sourire fier et amusé, le genre de sourire qu’aurait pu avoir un véritable gamin.

Ruben s’éclipse quelques maigres secondes, juste assez pour qu’Ambrose s’occupe de préparer le café et ne se décale de son poste que sous l’impulsion des mains du brun posées contre ses hanches. Il sait qu’il s’y habitue trop vite, mais il ne sait surtout pas faire autrement. « Tu fais bien: j’ai pas dormi. » Désormais, c’est un regard soucieux qu’Ambrose repose instinctivement contre lui. Il ouvre la bouche pour dire quelque chose mais ne sait même pas par où commencer, raison pour laquelle il est presque soulagé que Ruben le devance. « C’est pas ta faute, t’en fais pas, juste j’avais trop de trucs en tête pour réussir à trouver le sommeil. » - “Quel genre de choses ?” Il pose son regard sur la tasse plutôt que sur lui, soucieux de ne pas l’étouffer ou le rendre mal à l’aise. Il cherche à comprendre, mais pas au détriment du bien être de Ruben. « Toi en revanche, tu râles parce-que t’es réveillé tôt mais t’as bien dormi. » Il sourit, coupable. Il a bien dormi parce qu’il n’avait aucune raison de ressasser quoi que ce soit, de son côté. Il s’est réveillé une seule fois, à peine perdu, et s’est rapidement rendormi lorsqu’il a bu se blottir à nouveau près de l’homme à ses côtés. Du reste, il se contente effectivement de penser que la nuit a été trop courte, surtout alors qu’elle était parfaite. “Je dors mieux quand je suis avec quelqu’un.” Il l’invente plus ou moins, parce qu’il se contente de penser qu’il dort mieux lorsqu’il est avec lui et pas n’importe quel quelqu’un. Ruben peut néanmoins s’en douter, et c’est aussi le but escompté.

« Tu peux courir combien, que je sois pas surpris ? »
“On verra bien.”

Il se contente de hausser les épaules, pas vraiment soucieux de connaître la réponse à cette question. Il ne fait pas de sport tous les jours, mais il a à son tour besoin de se défouler quelques fois par semaine, ce qui lui fait croire qu’il ne sera pas si terrible. Sans doute pas aussi bon que Ruben, mais tant pis. “Je râle parce que tu préfères parler running plutôt que de m’embrasser, aussi.” Il a mis des barrières entre eux et il a été le seul à le faire, mais il semble plutôt clair que les baisers n’en font pas partie. De toute évidence, Ambrose n’est pas réellement en colère, pas le moins du monde même, mais il se complaît dans les plaintes du genre, surtout alors qu’il ne laisse pas à Ruben le temps de répondre et préfère à son tour prendre possession de la salle de bain pour se changer et enfiler des vêtements de sport. “Je suis prêt à te détester.” Il est prêt à quitter la douce chaleur de l’appartement de vacances pour aller courir au milieu de nulle part, sans but précis, pour un temps indéterminé. Il le dit avec le sourire, et sans reproches, mais il n’en pense pas moins: il ne l’aurait pas fait pour une personne autre que Ruben, de toute évidence. “C’est le moment de me dire que c’était une blague, tu sais.” Mais il n’y croit pas lui-même, déjà en train de passer le pas de la porte, un regard porté en arrière pour s’assurer que Ruben est prêt, lui aussi.

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« Non, je viens. » Il esquissa un début de sourire. « Alors on part dans pas longtemps. » Il l’avait prévenu: il irait courir, qu’il souhaite et le suive pour de vrai ou non; et surtout Ben n’était pas habitué à attendre ceux qui pouvaient être plus lents que lui, alors si Rose voulait effectivement le suivre pour aller courir, il ne devait pas le retarder au départ. La seule chose qui le ralentit, ce fut la question posée: il ne s’attendait pas à ce type d’interrogation de la part du jeune homme - de personne, en réalité, qui en avait réellement quelque-chose à faire qu’il soit levé aux aurores ou qu’il préfère rester quelques minutes supplémentaires dans son lit ? « Je sais pas comment tu fais pour tenir le rythme. » Haussant mollement les épaules, il attrapa ses affaires afin de s’apprêter à se changer. « Une question d’habitude et de discipline, je pense. » Il avait évité l’éternel pas le choix que d’autres pourraient sortir en guise de réponse à cette question, car justement selon lui tout était une question de choix; il avait choisi ce rythme de vie, il avait choisi une future carrière qui lui prenait du temps et du sommeil, il avait choisi de garder une forme physique impeccable qu’importe tout ce qui se trouvait autour. Il avait choisi exactement chaque parcelle de son quotidien, donc ce n’était pas là une vision des choses qui lui avait été imposée. En revanche, en prenant le temps d’étudier une façon dont il arrivait à tenir, et en s’y accrochant, affronter le quotidien devenait un jeu d’enfants. « Mais on perdra pas de temps, nous. » Il plissa quelque peu les yeux, regard orienté vers Rose, une étincelle d’amusement dans ce dernier. « C’était pas une option. »

Oh, il s’attendait à ce que le regard du jeune homme comporte, si ce n’était des interrogations au minimum, peut-être effectivement un minimum d’inquiétude - si bien qu’il ne perdit pas un autre instant pour lui préciser qu’il n’était en rien responsable du manque de sommeil évident de Ruben cette nuit. « Quel genre de choses ? » Il remarqua sans soucis le fait qu’Ambrose détourna son regard pour le poser partout ailleurs plutôt que sur lui alors qu’il posait la question. Pinçant un instant ses lèvres, il n’hésita finalement qu’un seul instant pour opter pour son option préférée: l’honnêteté. « Des choses dont je peux pas te parler parce-que je suis soumis au secret médical, mais pas mal de cas à l’hôpital ont de quoi me tenir éveillé plusieurs nuits d’affilé. » Ca c’était plutôt la partie évident de l’iceberg, que toute personne connaissant même juste un tout petit peu Ruben pouvait deviner. « Et dormir à tes côtés me rappelle toutes ces nuits où j’ai pu regarder mon ex dormir parce-que j’avais des choses à réviser et lui non. Et que comme c’est encore assez récent, j’ai quelques souvenirs qui sont plus coriaces que d’autres et qui me lâchent pas aussi facilement que je le voudrais. » Haussant simultanément les deux sourcils, il fit finalement un pas pour attraper sa tasse de café, alors qu’il naviguait déjà ailleurs comme si de rien n’était. Parce-que c’était presque ça: ce n’était rien; il n’avait plus de nouvelles de Harry, les choses ne pouvaient pas être plus claires que l’absence de retour de sa part, alors la chose la plus logique et saine pour Ben était de laisser tout ça derrière lui. Aussi simplement que ça. Il aurait encore quelques fois où forcément de vieilles images reviendraient vers lui, mais il ne souhaitait pas s’arrêter dessus plus longtemps que cel pouvait être nécessaire. Surtout pas alors qu’Ambrose lui accordait une attention toute particulière et que sa présence faisait du bien; à voir la façon dont il arrivait si bien à dormir, lui, la réciproque se devait d’être vraie. « Je dors mieux quand je suis avec quelqu’un. » A ses paroles à lui, le jeune homme ne détourna pas un instant son regard clair des traits de son visage. « C’est un signe que je peux m’habituer à ta présence à mes côtés alors ? » Et à aucun moment il ne s’en plaindrait, parce-que c’était agréable tout comme cela semblait l’être en retour. Ruben ne dormirait pas mieux s’il était avec quelqu’un, mais les nuits seraient moins longues si c’était le cas.

« On verra bien. » Qu’Ambrose lui répondit finalement lorsqu’il lui demanda combien il pouvait courir. Il avait le droit de râler parce-qu’il était tiré tôt du lit, en revanche il n’avait pas intérêt à se plaindre lorsqu’il serait en route parce-que Ruben n’aurait aucun scrupule à le laisser sur le bas-côté de la route pour ne pas être ralenti. « Je râle parce que tu préfères parler running plutôt que de m’embrasser, aussi. » Alors à ces paroles là, un rire franc se fit entendre de la part de Ben; il ne s’y attendait pas, à celle là. Aussi parce-qu’il avait promis de rester sage et de laisser Ambrose mener la danse, et que tant qu’il n’aurait pas de signaux ou de feux verts de sa part pour tout et n’importe quoi, il ne s’imposerait pas à lui; pas qu’il n’en avait pas envie, mais là n’était en rien la question. « Alors arrête de râler, te pose pas non plus trop de questions: prends ce que tu veux obtenir je vais pas t’en vouloir promis. » Ce ne fut pas pour autant qu’il bougea du canapé, occupé à terminer sa tasse de café tranquillement pendant qu’il enfilait ses chaussures et qu’Ambrose disparaissait pour se changer. « Je suis prêt à te détester. C’est le moment de me dire que c’était une blague, tu sais. » Terminant sa tasse d’une gorgée, Ruben se leva du canapé pour rejoindre Ambrose de l’autre côté du seuil de la porte. Et avant de lui répondre, il fit ce que le brun attendait finalement de lui depuis une bonne poignée de minutes: il attrapa son visage à deux mains pour l’embrasser, sans y mettre aucune forme ou aucune retenue. « Peut-être que ça te donnera de la force pour courir plus longtemps. Et sinon tu vas rapidement comprendre qu’avec moi c’est rarement une blague. » Il lui fit un petit clin d’oeil avant d’avancer pour rejoindre l’extérieur, sans attendre après lui en sachant très bien qu’il allait rapidement suivre la marche.

Il s’était arrêté de courir après dix kilomètres, parce-que même s’il aurait pu pousser encore quelques uns il avait vu que Rose ne saurait suivre la cadence encore longtemps. Et comme il s’était plutôt bien défendu, il avait eu assez pitié de lui pour écourter la séance du jour. Il ne le ferait surement jamais plus par la suite, mais il pouvait lui accorder un peu de répit pour aujourd’hui au moins. « Aller respire, ça va aller. » Il ajouta même à cet instant là un petit rire amusé. « Tu t’es bien débrouillé. » Et de la part de Ruben, l’homme étant plutôt avare en compliments, ce n’était pas rien que de se voir dire ça. Laissant son regard se promener sur les paysages alentours, un fin sourire s’agrippa aux lèvres de Hartfield. « Tu vas pas me dire que rien que pour profiter du lever du soleil ça vaut pas le coup de sortir plus tôt. » Parce-que c’était aussi là un des avantages: en se levant plus tôt, et en profitant aux aurores de l’extérieur, Ben était sur au moins une fois dans la journée de voir a lumière du jour - cela allait de paire avec le fait qu’il n’était jamais sur de l’heure à laquelle il terminerait sa journée; un jour, son programme quotidien serait moins chargé, mais il était encore loin de ce type de moments là. Pouvoir profiter d’un week-end complet à l’extérieur de la ville représentait tout le luxe qu’il pouvait se permettre, une fois de temps en temps. Et puis: il était un véritable produit australien, ne sachant fonctionner autrement qu’en profitant au maximum du soleil que leur gros caillou pouvait leur offrir. Le regard porté partout ailleurs, il se laissa d’ailleurs encore un instant être absorbé par la vue, s’enivrant de ce qu’elle avait à lui offrir pour cette matinée; il n’avait vraiment aucune raison de se plaindre, et même la fatigue d’une nuit sans sommeil était déjà oubliée. « Ca fait longtemps que j’ai pas profité d’un week-end en dehors de Brisbane. » Même lorsqu’il allait voir ses parents, s’il restait dormir sur place le soir c’était déjà un effort considérable. « T’as eu une bonne idée. » Deuxième compliment - le sourire d’Ambrose ne devait pas le laisser si indifférent que ça, vraiment.

Le silence ne dure qu’une question après la question d’Ambrose, et ce dernier en arrive finalement à la regretter rapidement, parce qu’il aurait préféré que le sujet de l’ex de Ruben ne soit jamais abordé. Personne ne veut parler de l’ex de la personne qu’il fréquente ; et il en a d’autant moins envie aux aurores, en guise de première discussion de la journée. Pourtant, il a foncé tête baissée. « Des choses dont je peux pas te parler parce-que je suis soumis au secret médical, mais pas mal de cas à l’hôpital ont de quoi me tenir éveillé plusieurs nuits d’affilé. » Il avait pourtant amorcé le sujet doucement, avec une certaine retenue liée à son métier. Il avait fait preuve de professionnalisme, et Ambrose mentirait s’il disait l’avoir mal pris: au contraire, il aime beaucoup l’idée et il l’apprécie à sa juste valeur. « Et dormir à tes côtés me rappelle toutes ces nuits où j’ai pu regarder mon ex dormir parce-que j’avais des choses à réviser et lui non. Et que comme c’est encore assez récent, j’ai quelques souvenirs qui sont plus coriaces que d’autres et qui me lâchent pas aussi facilement que je le voudrais. » Ce n’est qu’à cet instant que son sourire s’est tari et fané. Il ne se la joue pas jaloux, encore moins territorial. Il est bien conscient qu’ils apprennent seulement à se connaître, tout comme il se rend évidemment compte qu’ils ne sont pas un couple, eux. Ils passent simplement du temps ensemble et ils aiment ça ; rien de plus. Rien de moins non plus. Rien qui ne soit équivalent à un statut particulier, mais tout qui puisse lui faire du mal lorsqu’il apprend que Ruben est sûrement encore en train de travailler sur un certain besoin de tourner la page sur cette ancienne histoire dont il parle encore avec beaucoup de tristesse. Ambrose esquisse une moue, incapable de trouver les mots. Il ne sait pas s’il veut s’excuser ou s’il veut lui faire des reproches, à commencer par là. Le silence l’emporte sur tout le reste, surtout que tous les mots s’avéraient être un mauvais choix, repéré après avoir tourné sa langue sept fois dans sa bouche. Il y a des choses qu’il ne veut pas savoir et il y a des questions qu’il ne veut pas poser, laissant le silence être la seule réponse à donner de son côté. Il hoche la tête, passe à autre chose, ou tout du moins mime d’y arriver aussi aisément, l’esprit pourtant parfaitement troublé. « C’est un signe que je peux m’habituer à ta présence à mes côtés alors ? » - “Je te retourne la question.” De son point de vue, la réponse est évidemment oui. Il lui a dit qu’il ne voulait pas griller les étapes, mais à ses yeux passer du temps ensemble n’y correspond en rien, surtout alors qu’il est sincère quand il ne pense qu’à dormir à ses côtés lorsque tous les deux se retrouvent dans un lit. Pour l’heure, et peu importe s’il revêt apparemment la nostalgie des souvenirs d’une histoire passée, c’est tout ce qu’il cherche à vivre avec Ruben. Au fond, il cherche seulement à s’assurer que cela lui suffit aussi, en retour. Qui plus est s’il a déjà eu un ex, il ne peut que mieux se rendre compte d’à quel point Ambrose est sûrement différent de ce dernier, à commencer par la nature même de leur relation au quotidien.

Il prend pourtant un peu plus en confiance chaque jour, ne quémandant pas seulement sa présence rassurante à ses côtés la nuit, mais aussi la chaleur de ses lèvres contre les siennes dès l’aurore. Après tout, Ruben ne semblait pas être pressé d’accéder à cette envie, raison pour laquelle Constantine décide de la verbaliser. « Alors arrête de râler, te pose pas non plus trop de questions: prends ce que tu veux obtenir je vais pas t’en vouloir promis. » C’est là toute la nuance, pourtant: Ambrose ne veut pas prendre, il veut se voir offrir. Il n’est pas sûr de grand chose, le gamin, mais il sait au moins être désirable, et Ruben le lui a fait comprendre dès leur premier échange. Ce dernier ne bouge pas, le brun n’en fait pas davantage, et il s’éclipse plutôt dans la salle de bain pour se mettre en tenue à son tour, conscient que Ruben ne l’attendra pas éternellement.

Finalement, un immense sourire s’empare de ses lèvres lorsque le brun à ses côtés quitte sa position non seulement pour se rapprocher de lui, mais surtout pour l’embrasser sans la moindre retenue, geste auquel Ambrose répond évidemment. « Peut-être que ça te donnera de la force pour courir plus longtemps. Et sinon tu vas rapidement comprendre qu’avec moi c’est rarement une blague. » Ruben ajoute un clin d'œil et Ambrose, lui, est trop occupé à garder son regard plongé dans le sien pour penser répondre quoi que ce soit. Son sourire reste imprimé sur ses lèvres de longues minutes, même après avoir pris le chemin du départ et commencé à fouler le sol au rythme du pas de course. Il sait très bien que son cœur avait commencé à battre la chamade avant même de faire le moindre effort physique, et il en connaît aussi parfaitement la raison.

* * *

A la fin des kilomètres parcourus, évidemment, le sourire n’est plus tant de mise sur son visage ayant pris quelques couleurs roses. Il a le souffle court et la gorge sèche, mais il est encore en vie, et c’est sûrement tout ce qui importe. Ses jambes tremblent légèrement lorsqu’il retrouve le pas, ce à quoi il tente de remédier en accrochant sa paume de main contre sa cuisse: les résultats ne sont pas probants. « Aller respire, ça va aller. Tu t’es bien débrouillé. » Il rigole et Rose en fait de même, sans doute aidé par ses mots. Il s’en est bien sorti ; il l’a dit lui-même. Il voudrait déjà l’embrasser à nouveau, mais il est un peu trop occupé à reprendre vie pour cela. « Tu vas pas me dire que rien que pour profiter du lever du soleil ça vaut pas le coup de sortir plus tôt. » - “Je pourrais te répondre que les couchers sont tout aussi beaux.” Il reprend à son tour, espiègle habitué à toujours avoir le dernier mot. Pour autant, il n’a aucun mal à comprendre où Ruben veut en venir et, au fond, il partage pleinement son avis. Il prend même place sur un des bancs donnant une vue singulière sur l’horizon et le soleil continuant doucement sa course, sur lequel le jeune Constantine garde son regard plongé. « Ca fait longtemps que j’ai pas profité d’un week-end en dehors de Brisbane. T’as eu une bonne idée. » Et il sourit déjà de nouveau, son regard ne tardant pas davantage avant de se plonger de nouveau sur le profil de Ruben. “Personne vient jamais ici.” Personne n’utilise cette dépendance familiale, parce que sa famille est bien trop occupée à s’entre-tuer ou à régler les différents problèmes et niveaux d’addiction. Personne ne pense jamais à cet endroit. “Alors si tu veux profiter d’autres week-ends…” Il hausse les épaules, sans terminer sa phrase. La fin est évidente, la proposition à laquelle elle mène l’est tout autant aussi. Il cherche déjà à le revoir et à lui proposer de passer du temps ensemble alors que leurs week-end n’est pas terminé, du Ambrose tout craché.

Pour autant, il a gardé en tête une seule idée tout au long de sa course, et cela n’avait rien (ou presque) à voir avec la silhouette de Ruben face à lui, qu’il a observée tout du long. Il prend une inspiration de plus et décide de se lancer, incapable de ressasser le problème davantage dans son esprit. “C’est quoi “assez récent” ? Quand tu dis que les souvenirs avec ton ex sont assez récents, ça veut dire quoi exactement ?” Il ne veut pas être une relation tampon, il ne veut pas être un entre-deux, il ne veut pas être celui qui va le faire se rendre compte qu’il n’a jamais cessé d’aimer le premier. Il ne veut pas tout ça, parce qu’il sait que cela le briserait, puisqu’il donne déjà bien trop d’importance à Ruben pour pouvoir accepter une telle chose à son tour et passer l’éponge. “Je suis désolé, j’y ai pensé en courant et je me rends compte que j’ai besoin de savoir.” Parce que c’est important, pour lui au moins, et son regard empli de souci le prouve aisément.

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« Je te retourne la question. » Ce fut, bien sur, avec un sourire malicieux qu’il entama sa réponse. « J’ai toujours préféré passer mes nuits en bonne compagnie plutôt que seul. » Et si Rose ne désirait pas lui donner une réponse directe, il en ferait de même; mais bien sur que cette dernière soulignait le fait qu’il était le bienvenu autant qu’il le souhaitait à ses côtés, qu’importe ce que cela pourrait signifier dans la durée derrière. Il n’était pas présent toutes les nuits, et parfois lorsqu’il se trouvait entre les murs de son apparement Ruben ne côtoyait pas son lit de très près - mais lorsque les bonnes conditions seraient réunies, bien sur que le jeune homme était le bienvenu entre ses bras.

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Promis, le rire qu’il laissait se faire entendre en voyant qu’Ambrose semblait au bord de l’implosion était amusé et presque attendri, plutôt que moqueur. « Je pourrais te répondre que les couchers sont tout aussi beaux. » Celui qui lui échappa à la suite des paroles du brun était lui définitivement amusé, ne s’attendant pas à une telle réponse - bien qu’il commençait à comprendre qu’il avait plus d’une répartie prête à être dégainée à portée de main. « Mais ils apportent pas la même satisfaction. Tout le monde peut voir un beau coucher de soleil, mais y’a que les plus courageux qui voient le lever. » Et à ses yeux, c’était là la différence entre une certaine partie de la population et le reste de cette dernière; il existait ceux qui étaient assez courageux pour réellement apprécier une rare beauté, et ceux qui préféraient se contenter de la facilité. Le fait que Rose soit venu courir avec lui ce matin, au contraire de la répartie dont il faisait preuve, montrait qu’il appartenait à la catégorie de personnes que Ruben tenait le plus en estime - et ce n’était pas rien, une fois de plus.

« Personne vient jamais ici. » Il se doutait qu’il ne parlait pas de en dehors de Brisbane mais de la résidence dans laquelle ils avaient élu domicile pour les deux jours de fin de semaine. « Alors si tu veux profiter d’autres week-ends… » Sans décrocher son regard du paysage environnant, un petit sourire étira les lèvres de Hartfield. Il comprenait sans aucun mal là où voulait en venir Ambrose, et ce qui lui proposait à travers ces mots. Ce n’était pas cette partie là qui le faisait hésiter quant aux paroles qu’il souhaitait prononcer en cet instant, mais bien plus que par expérience, sa réponse ne satisfaisait que peu de monde en temps normal. « C’est plus le manque de temps que le manque d’envie qui va ressortir, pour le coup. » Parce-que dégager un week-end entier était déjà un effet énorme, et qu’il savait déjà qu’il ne pourrait pas répéter ce dernier de trop nombreuses fois. Pas que l’idée n’était pas agréable et la compagnie pas plaisante, promis. « Tu pourrais en faire rager plus d’un si t’arrivais à me monopoliser pour deux week-ends comme ça, Ambrose. » Il serait surtout le premier à réussir un tel exploit - le défi pouvait réellement être pris au pied de la lettre s’il le désirait. Mais effectivement: il y avait un monde entre lui proposer de partager son lit régulièrement et partager des moments privilégiés de la sorte. Finalement, Ben haussa les épaules. « Mais c’est pas à toi que je vais apprendre à quel point nos plannings peuvent être chargés. » Il bossait en politique, aspirait à se faire respecter dans le domaine: il se devait forcément de comprendre à quel point travailler le plus d’heures possibles était quelque-chose d’important pour le futur chirurgien, même si les domaines étaient opposés.

« C’est quoi “assez récent” ? Quand tu dis que les souvenirs avec ton ex sont assez récents, ça veut dire quoi exactement ? » Ce ne fut qu’à ce moment là, après un instant et un pincement de lèvres - il n’avait pas relevé l’information sur le moment, il s’était naïvement dit qu’il n’avait pas envie de le faire tout aussi simplement que cela -, que Ruben se tourna pour faire face à Ambrose assis désormais sur l’un des bancs de la promenade. Il s’accouda à la barrière de son côté, penchant légèrement sa tête sur le côté, cherchant l’angle d’approche qu’Ambrose souhaitait donner à cette conversation. « Je suis désolé, j’y ai pensé en courant et je me rends compte que j’ai besoin de savoir. » Les prunelles claires de Hartfield détaillèrent pendant de longues secondes les traits du visage de Rose. « Récent comme quelques semaines. » Parce-qu’en réalité, existait-il une autre façon chez Ben que de choisir l’honnêteté à tous les coups ? Au moment où ils avaient cette discussion, la réponse était non - il n’en existait pas d’autre. Bien sur, avec le temps, cette dernière pourrait se retrouver être modulée pour passer de la A à la B - ils n’en étaient pas encore là. « Trois, si tu veux vraiment tout savoir. » Et même si ce n’était pas la question, il continuait sur sa lancée. « Et du jour au lendemain, il est parti sans plus donner de nouvelles. » Pas qu’il désirait expliciter toute son histoire avec Harry à Ambrose, ce n’était pas dans ce but là qu’il ajoutait des précisons. Non, il le faisait pour lui montrer la dimension passée associée à ces souvenirs. Harry était parti, et puisqu’il ne retournait aucun appel ou aucun message que Ben pouvait lui adresser ce dernier savait que cela signifiait la fin de leur relation. Il n’avouerait pas à haute voix qu’il était peiné par la tournure des choses, surtout pas face à Constantine, mais il s’était retrouvé affecté bien plus qu’il ne l’aurait jamais pensé par ce départ. « Ca te pose un soucis ? » La question que Ruben avait ajouté là était authentique, et sans le moindre soupçon d’amertume; seulement si Ambrose accordait de l’importance à ce type de détails, il préférait qu’il continue sur sa lancée et qu’il le dise maintenant. Les mauvaises surprises, d’autant plus ces derniers temps, il ne supportait pas spécialement ça Ben.

Ambrose ne sait pas se contenter de ce qu’il a déjà. Il voit la possibilité d’inviter à nouveau Ruben lors d’autres week-ends, et il la saisit déjà, sans se soucier du reste et surtout sans se demander si passer davantage encore de temps avec lui est une bonne idée. Il se dit qu’il aime sa compagnie, et il se dit qu’il n’y a rien d’autre à quoi il devrait penser en cet instant: et c’est ce qu’il fait parfaitement. « C’est plus le manque de temps que le manque d’envie qui va ressortir, pour le coup. » C’est un non qui l’emporte, donc. Ambrose esquisse un sourire triste, quand bien même il n’a aucun mal à comprendre la position de Ruben sur le sujet. Il comprend, oui, mais cela ne l’empêche pas d’être déçu et sans doute même attristé de sa réponse. « Tu pourrais en faire rager plus d’un si t’arrivais à me monopoliser pour deux week-ends comme ça, Ambrose. » - “J’aime l’idée.” D’attirer la rancœur d’inconnus, de monopoliser Ruben. Ce sont les deux idées qu’il aime, en réalité, même alors qu’il continue de débattre autour d’un sujet dont il connaît déjà la réponse: Ruben ne reviendra pas. « Mais c’est pas à toi que je vais apprendre à quel point nos plannings peuvent être chargés. » Voilà pourquoi il n’a pas cherché à ouvrir le moindre débat. La réponse est immuable, et il ne veut pas tenter de se battre pour une cause perdue et éternellement en ressortir amoché. “Je sais, oui. C’est pas grave.” Il voudrait dire qu’ils trouveront d’autres moments pour se voir mais, sans en avoir la certitude, il ne veut pas prononcer ces mots à haute voix. Une seule déception à la fois.

En réalité, s’il a un sujet sur le bout de la langue, ce n’est pas tant celui de lui proposer de passer dans la maison de vacances. Du moins, cela l’était, oui, mais cela n’est pas assez important pour occuper toutes ses pensées, en comparaison de l’autre question qu’il finit irrémédiablement par lui poser. Ruben ne lui doit rien, pas même des réponses, surtout pas des explications, mais il tente tout de même de les demander au sujet de son histoire passée. « Récent comme quelques semaines. » Récent comme trop récent. Récent comme il l’aime encore, de façon assez évidente. Ce n’est pas la réponse qu’Ambrose voulait entendre, de toute évidence. « Trois, si tu veux vraiment tout savoir. » Il hoche la tête mécaniquement, le mouvement l’aidant à réfléchir par la même occasion. « Et du jour au lendemain, il est parti sans plus donner de nouvelles. Ça te pose un soucis ? » Le rire d’Ambrose est nerveux, le tressautement de sa jambe l’est tout autant, même alors qu’il pose sa main contre sa cuisse pour tenter de l’éviter. “Et s’il revenait du jour au lendemain ?” Qu’il n’ose pas lui dire ‘cela n’arrivera pas’, parce que ce n’est pas la question de Constantine. Il veut savoir ce qu’il adviendra de lui si son ex revient dans sa vie, ce qui semble être tout ce que Ruben peut espérer, puisqu’il n’a évidemment pas tourné la page. “Ça fait trois semaines qu’on se connaît.” Il fait le lien rapidement, n’ayant jamais eu à se plaindre de son habileté aux calculs mentaux. Les reproches se lisent aisément dans son ton de voix, sans qu’il cherche à les cacher. Il se souveint de Ruben qui avait déjà trop bu ce soir-là, il se souvient d’à quel point il s’est montré entreprenant envers sa personne. Et maintenant, il comprend. “Je t’aime bien, Ruben, mais je servirai pas de tampon.” Sa langue se retrouve prisonnière de ses dents, il referme ses poings et sent tous ses muscles se tendre en même temps qu’il se sent particulièrement stupide d’avoir idéalisé l’homme à ses côtés. “Si t’as besoin de temps, prends-le.” Il ne lui en voudrait pas, il ne lui en veut pas. Il ne sait pas ce que c’est que de se remettre de ce genre de chose, mais il en a une idée, et il ne veut pas forcer Ruben à accélérer un processus qui n’a rien de mécanique. Qui plus est, il ne veut pas être celui avec qui il passe du bon temps tout en ayant en tête un autre. “Et tu reviendras vers moi après, ou peut-être pas… Mais je veux pas être cette personne.” Il peut attendre, si c’est le sujet, mais il ne peut pas l’observer dans les yeux et l’apprécier un peu plus à chaque instant en se demandant en retour si Ruben l’apprécie pour la personne qu’il est ou pour sa possible ressemblance avec son ex qui est parti sans rien dire ni expliquer.

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Il était parfaitement au courant que la réponse qu’il avait à donner à une telle situation n’était pas spécialement de celles qu’autrui aimait entendre, d’ordinaire. Déjà à ce moment là, Ruben adorait plaire aux autres et voir dans leur regard une certaine réflexion - cependant, il n’était pas ceux en ces temps qui mettaient en avant le mensonge comme technique pour se sortir indemne de certaines conversations, alors il misa sur l’honnêteté une fois de plus. L’idée de passer un autre weekend pouvant se conjuguer à la suite au pluriel avec Ambrose en guise de seule compagnie ne lui déplaisait pas, simplement il savait que ce serait là un exercice particulièrement complexe et il ne voulait pas lui donner de faux espoirs dès maintenant. « J’aime l’idée. » D’arriver à rendre jaloux d’autres, sur un terrain qu’ils n’avaient su exploiter de leur côté. Bien sur que cela tira un fin sourire à Ruben. « Je sais, oui. C’est pas grave. » Menteur - pourquoi aurait-il proposé une telle chose si une réponse négative n’était pas grave ? Ben ne renchérit pas sur la question, cependant, car son but n’était pas de mettre le feu aux poudres mais justement d’empêcher le départ de ce dernier.

Surtout que ce n’était apparemment pas ce sujet là qui alourdissait réellement les pensées du brun derrière lui, là où il passait d’un nouveau moment à partager ensemble au début de la discussion à finalement ce que Ruben considérait presque comme un détail à ses yeux: le temps écoulé depuis que son ex-petit-ami était sorti de sa vie. Aux réponses qu’il lui donnait, Ambrose hocha quelque peu la tête, accusant réception d’une information qu’il n’avait pas forcément envie de connaitre, surement - à entendre le petit rire nerveux qu’il ne sut réprimer après les paroles de Hartfield. Ce dernier haussa légèrement l’un de ses sourcils. « Et s’il revenait du jour au lendemain ? » Oh - alors, c’était de cette manière là qu’il désirait réellement aborder le sujet. Si la première question était presque innocente, celle-ci n’avait aucun trait appartenant à ce domaine; et elle trahissait surtout une accroche de la part de Rose assez importante pour que la prochaine réponse de Ruben puisse faire basculer la balance d’un côté ou d’un autre - de quoi, il ne savait pas exactement, mais il pouvait le sentir dans l’air les entourant autant qu’il le voyait dans les gestes nerveux qu’avait commencé à avoir Ambrose face à lui. Prenant un instant avant de réponse, soupirant par la même occasion, Ben finit par quelque peu hausser les épaules. « Il a intérêt à avoir une explication solide sur la raison de pourquoi il a arrêté de me donner des nouvelles et de pourquoi il est parti. » Ce fut avec un sourire amer qu’il avait prononcé cette première partie de réponse; bien sur qu’il avait eu le coeur abimé par le départ de Harry, mais ce n’était pas là quelque-chose qu’il était apte à admettre à haute voix. « Mais je retournerai pas dans ses bras comme si de rien n’était, si c’est la réponse que tu attends avec ta question. » Et là où son expression de visage aurait pu le laisser penser, ses paroles ne furent pas amères de leur côté - bien au contraire. Les rôles auraient été inversés, il n’aurait pas posé la question mais il pouvait entendre que c’était là une interrogation trottant dans l’esprit de Rose.

Ce qu’il n’attendait pas de la part du brun, en revanche, ce fut la réaction et le discours qu’il tint ensuite. « Ça fait trois semaines qu’on se connaît. » - « Touché. » Il ne fallait pas être savant pour comprendre ce que impliquait ce type de réflexion. « Je t’aime bien, Ruben, mais je servirai pas de tampon. » Le haussement de sourcil de la part du future chirurgien contenant une grande part de surprise, en cet instant. « Si t’as besoin de temps, prends-le. Et tu reviendras vers moi après, ou peut-être pas… Mais je veux pas être cette personne. » Ce fut à son tour d’avoir un petit rire si ce n’était pas totalement nerveux, au moins un minimum étriqué. Cela faisait trois semaines qu’ils se connaissaient, effectivement, raison principale pour laquelle il ne s’était pas attendu à une telle réflexion de la part de Rose. Lui mettait des mois, voire des années, avant de s’accrocher réellement aux autres; il n’était pas particulièrement au fait de la façon dont les choses pouvaient être perçues voire ressenties lorsqu’on n’était pas dans sa situation. « On est tous le tampon de quelqu’un à un moment donné, Ambrose. » Sauf dans le cas d’une première relation, mais là n’était pas la question, hein ? « C’est pas pour autant que ça veut dire que ça va ruiner une relation. Actuelle, future, qu’importe. » Il soupira quelque peu, finissant par décroiser ses bras et par faire le pas manquant pour s’accroupir devant Ambrose. Il posa ses mains sur les cuisses du jeune homme, autant pour qu’il relève son regard vers lui que pour stabiliser ses jambes qui ne sauraient se calmer sous les soubresauts induits par leur propriétaire. « J’ai pas besoin de temps. J’en prendrai pas, dans tous les cas. » Il n’avait pas ce loisir là, Ruben, que de prendre le temps; son avenir était tracé à mille à l’heure, et sa vie personnelle n’était qu’un quelque-chose en à côté qui se devait de suivre le rythme, qu’importe ce qui pouvait arriver dans cette dernière. « Et j’ai pas envie que ce soit là une raison qui te pousse à plus bien m’aimer. » Parce-que ça, c’était une idée qui lui le bottait bien. « Ce que je veux dire, c’est que je passe pas mon temps à ressasser le passé, et je préfère profiter du bon temps que je peux avoir dans le présent. Simplement, j’avoue cette nuit, même avec toute ma bonne volonté j’ai pas su faire autrement. » Il haussa brièvement les épaules; c’était chez Ruben la façon la plus proche qu’il avait de se montrer fragilisé, surtout face à quelqu’un qu’il ne connaissait que depuis trois semaines. « A voir si ça te suffit à toi. J’espère que c’est le cas, moi. »

« Il a intérêt à avoir une explication solide sur la raison de pourquoi il a arrêté de me donner des nouvelles et de pourquoi il est parti. » Ambrose n’a aucun sourire pour répondre à celui de Ruben. Égoïstement, il se moque bien de ce que l’homme en question devrait faire pour gagner de nouveau sa confiance, si jamais il décidait de réapparaître soudainement dans sa vie. Au contraire, même, il jure qu’il ne veut pas savoir que tout tient à une simple explication solide, qui pourrait exister en de nombreuses variantes différentes. « Mais je retournerai pas dans ses bras comme si de rien n’était, si c’est la réponse que tu attends avec ta question. » C’est sur ce sujet-là qu’il cherchait bien évidemment à avoir une réponse, sans que le Constantine cherche à cacher le fond de sa pensée un seul instant. Les lèvres pincées, dans l’expectative et la crainte d’un nouveau mais qui viendrait totalement changer la donne, il finit pourtant pas hocher la tête. “C’est ce que je voulais savoir.” Il confirme en effet, sans pour autant s’attarder davantage sur le sujet. Maintenant, il doit encore faire un certain travail pour croire Ruben, ce qui n’est pas gagné. Il pense qu’il dit la vérité, mais il ne pense pas que cette vérité serait immuable si jamais l’homme revenait bel et bien d’outre tombe. Il existe toujours une dissonance entre ce que le cœur et la raison disent.

Difficilement, Ambrose pose des mots sur ce qu’il ressent et surtout sur ce qu’il ne veut pas ressentir. Et malgré le rire que cela lève chez Ruben, il ne se dérobe pas. « On est tous le tampon de quelqu’un à un moment donné, Ambrose. » - “Non. C’est hors de question.” Il ne veut pas être comme tout le monde, il le lui a dit dès qu’ils se sont rencontrés. Cela vaut pour sa carrière politique, et cela vaut aussi pour sa vie sentimentale. Il ne veut pas servir de tampon et d’entre-deux, parce qu’il veut exister par lui-même et être apprécié pour la personne qu’il est, lui, et non la personne qu’un autre arrive plus ou moins à voir en lui. Sa voix est posée mais elle est franche: il ne bougera pas d’avis. « C’est pas pour autant que ça veut dire que ça va ruiner une relation. Actuelle, future, qu’importe. » Encore une fois, il aimerait le croire mais a du mal à tenir de telles idées. Les soubresauts de sa jambe trahissent le manque de confiance qu’il a sur le sujet tout entier et le regard qu’il ne pose pas sur Ruben n’en est qu’une preuve supplémentaire. Ses poings fermés sont posés face à son visage, la pulpe de ses pouces posée de part et d’autre de l’arête de son nez. Ce n’est que lorsqu’il sent les mains du brun se poser contre ses cuisses qu’il relève enfin la tête, le regard toujours aussi triste d’enfin réaliser que tout n’est pas aussi simple et idyllique qu’il voulait le croire. « J’ai pas besoin de temps. J’en prendrai pas, dans tous les cas. » Ambrose prend une large inspiration, entreprenant déjà le chemin d’un certain réconfort. « Et j’ai pas envie que ce soit là une raison qui te pousse à plus bien m’aimer. » Il n’est même pas certain qu’il arriverait à prendre le processus inverse et cesser de bien l’aimer. « Ce que je veux dire, c’est que je passe pas mon temps à ressasser le passé, et je préfère profiter du bon temps que je peux avoir dans le présent. Simplement, j’avoue cette nuit, même avec toute ma bonne volonté j’ai pas su faire autrement. » Sous ses joues saillantes, il est évident qu’il crispe les muscles de sa mâchoire. Ruben a un don certain pour souffler le chaud et le froid en même temps, ce qui rend toujours plus difficile pour Ambrose de savoir où se situer dans toute cette histoire. Il ne pense pas avoir quoi que ce soit à répondre, ou du moins il ne trouve rien à répondre, mais il prend au moins le temps de poser son regard dans celui de Ruben, cette fois. “Peut-être que ça ira mieux cette nuit.” Il sourit à peine mais tente de se montrer convaincant, parce qu’il continue malgré tout de souhaiter le meilleur au futur médecin. « A voir si ça te suffit à toi. J’espère que c’est le cas, moi. » - “Je veux juste pas être pris pour un con.” Il le dit sans animosité, encore une fois. Ruben a été sincère avec lui, alors il l’est tout autant en retour. Il est prêt à faire des concessions, il est prêt à faire des efforts, mais il n’est certainement pas prêt à ce qu’on se moque de lui tout ça pour attendre le retour d’un autre. “Tout le reste me suffit, évidemment.” Mais ils n’en sont qu’aux débuts de quelque chose qui ne pourrait jamais exister, alors Ambrose ne précise pas le tout le reste dont il est question. Tout ce qu’il dit, c’est qu’il est heureux lorsqu’il est à ses côtés et qu’il veut continuer à le voir, même si cela ne sera pas à nouveau lors de week-ends ici. Ils trouveront autre chose, ils prendront le temps autrement. Peu importe.

Ses coudes toujours posés sur ses cuisses devenues immobiles, il avance finalement ses mains pour les poser de part et d’autre du visage de l’australien, ses pouces suivant la courbe de l’os de sa mâchoire. “Je suis désolé que ce soit terminé comme ça.” Cela lui a valu d’avoir sa chance, certes, mais cela a surtout valu à Ruben d’en avoir le cœur brisé, et il ne pourrait pas s’en réjouir. “Mais si tu dors pas ce soir, je t’assomme. Compris ?” Le sourire qu’il esquisse est maintenant un peu plus assuré et il est surtout une tentative pour lui de passer à autre chose, comme le prouve aussi le fait qu’il se relève, les jambes endoloris par la course encore trop récente. “Rester sur la plage c’est dans tes cordes ou tu vas vouloir faire un marathon à nouveau ?” Parce que, comme il le lui a dit, il connaît les lieux et il connaît surtout un endroit où ils auront accès à l’océan sans avoir à se soucier de la horde de nageurs et surfeurs du dimanche.

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Aux yeux de Ruben, il n’avait jamais été question de retourner dans les bras de Harry si ce dernier venait à pointer le bout de son nez, comme un fleur, dans les temps à venir - jours, semaines, mois il n’en savait même rien du tout. Bien sur qu’il avait le coeur brisé, bien sur qu’il pensait à lui et avait une affection toute particulière pour le brun qu’il ne mentionnerait jamais avec des mots précis à haute voix. Mais ce n’était pas pour autant qu’il effacerait de sa mémoire la façon dont ce dernier l’avait abandonné sans lui donner la moindre explication; aussi ironiquement que cela allait s’avérer être avec les années dans le futur. « C’est ce que je voulais savoir. » Ben hocha la tête. Si c’était ce qu’il voulait savoir, alors il le lui disait sans le moindre effort puisque c’était là la vérité, en toute simplicité. Bien sur que son coeur criait dans sa poitrine d’autres émotions, mais c’était là de celles qu’il laissait de côté, qu’il faisait taire en silence; ce n’était pas à elles que Ruben avait envie de donner de l’importance, mais bien à tout ce qui pouvait exister en à côté maintenant qu’il s’était retrouvé abandonné là où il aurait toujours pensé être celui à pouvoir agir de la sorte dans cette situation. Il avait tellement l’habitude, déjà à cette époque, d’être celui que l’on choisit plutôt que celui qu’on oublie que c’était aussi malheureusement en grande partie pour cela que les émotions qu’il pouvait éprouver à l’égard d’Harry n’arrivaient pas à s’effacer aussi facilement qu’il l’aurait désiré.

« Non. C’est hors de question. » Forcément qu’il allait faire le lien à un moment donné; Ambrose était loin d’être idiot et savoir additionner deux plus deux sans faire le moindre effort. Bien sur qu’il allait se rendre compte qu’il n’existait pas de coïncidence entre la période à laquelle Dalton avait disparu, et celle où leurs chemins à eux s’étaient croisés. Ce n’était pas par hasard, ce soir là, et Ben ne le cacherait pas. Parce-que c’était malheureusement ainsi qu’allait la vie: certaines choses naissaient sur les cendres de précédentes existant juste avant elles. « C’est pourtant souvent le cas. Sans qu’on s’en rende compte, d’ailleurs. » Être le tampon n’était pas nécessairement quelque-chose à connotation négative, comme le soulignait Rose en cet instant; cela avait même souvent plus de satisfaction que d’être lui brisant la relation, brisant le coeur au passage. S’apercevant cependant que le comportement actuel du brun face à lui semblait s’accorder avec ses paroles, Ben finit par soupirer légèrement et par s’accroupir face à Ambrose, posant ses mains sur ses cuisses pour qu’il arrête de les remuer de la sorte. Il entendait que ce soit pas le point de vue de tout le monde, ou du moins une partie de Ben arrivait à comprendre que tout le monde ne soit pas à penser comme lui. Il était dur, mais il n’était pas sans coeur non plus, et à voir comment était Rose en cet instant, il comprit qu’arrondir peut-être un brin ses angles ne pouvait pas faire de mal. Pas qu’il lui disait ce qu’il voulait entendre, mais simplement qu’il pouvait continuer à lui expliquer sa vérité et sa vision des choses sans que cela n’ajoute une couche supplémentaire d’une certaine détresse visible chez Constantine. « Peut-être que ça ira mieux cette nuit. » Un fin sourire étira les lèvres de Ben. « Ca ira mieux cette nuit. » Il avait de son côté plus de raisons que ce soit le cas que de raisons que ça n’arrive pas.

« Je veux juste pas être pris pour un con. » - « Promis, c’est pas le cas. » Et c’était on ne pouvait plus vrai, sinon Ruben n’aurait pas été honnête avec lui sur ce type de sujet s’il avait voulu jouer au marionnettiste avec lui. « Tout le reste me suffit, évidemment. » Fronçant à peine les sourcils, il opina du chef. « Ca suffit alors, tu sais. » Ils n’avaient pas besoin de faire en sorte que tout ce la devienne compliqué, ils n’avaient pas besoin d’ajouter des définitions là où elles n’étaient pas attendues; à ses yeux, tant qu’ils savaient sur quoi ils reposaient ce que tout ça pouvait plus ou moins potentiellement reposer, c’était effectivement suffisant. Il était loin d’être proche de la réalité, bien sur, mais pour le Ben du moment c’était amplement suffisant. Finalement, après un instant de silence, Ambrose avança ses deux mains pour les poser de part et d’autre du visage de Hartfield - qui mentirait en disant que cela n’avait aucun effet sur lui. « Je suis désolé que ce soit terminé comme ça. » Etant donné que Rose lui tenait le visage, il ne put le secouer légèrement de gauche à droite pour montrer qu’il désapprouvait les paroles du brun; il se contenta de plisser le nez un instant. « Ne le sois pas. Ca servirait à rien. » Parce-qu’il était un grand garçon, qu’il savait prendre soin de lui sans que d’autres aient besoin d’être désolés à sa place. Il avait joué, il avait perdu - c’était les risques auxquelles il avait adhéré dès le début. Un jour peut-être qu’il admettrait à Ambrose que ces paroles là le touchaient plus qu’il ne le montrait, plus qu’il ne s’en rendait compte en réalité; ils n’étaient pas à ce jour là. « Mais si tu dors pas ce soir, je t’assomme. Compris ? » A ces mots là en revanche, le petit rire étouffé du futur chirurgien était on ne pouvait plus instinctif. Là où Rose se releva, Ben resta encore un instant accroupi. « Si je dors pas ce soir, j’espère surtout que ce sera de ta faute et celle de personne d’autre. » Il s’en fichait bien de ne pas dormir lui - seulement si c’était pour les bonnes raisons. Ambrose en était une très bonne, de raison. Il fut de nouveau à hauteur de ce dernier lorsqu’il prit la parole une nouvelle fois. « Rester sur la plage c’est dans tes cordes ou tu vas vouloir faire un marathon à nouveau ? » - « C’est moi qui vais finir par t’assommer. » Son sourire amusé disait tout le contraire, bien sur, alors qu’il reculait déjà de quelques pas en direction de la place comme s’il était chez lui et que le monde lui appartenait - du Ben tout craché, quoi. « Promis, je sais rester sage au moins dix minutes. » Même plus, mais c’était si tentant de taquiner Constantine et surtout si facile qu’il ne savait faire autrement que de saisir la perche. « Tu tiendrais pas un marathon, de toutes façons, et j’ai assez pitié de toi pour pas t’infliger ça. » Il avait fait des efforts pour l’accompagner en se levant à l’aube et en tenant une course bien plus longue que ce que Ben aurait pensé, alors il resterait sage pour le reste du week-end promis. Alors qu’il continuait de reculer doucement, il tendit finalement une main en direction d’Ambrose pour que ce dernier la saisisse et le rejoigne plus rapidement qu’il ne le faisait - c’est-à-dire le déloger puisqu’il n’avait pas encore avancé d’un pouce. « Montre moi où tu veux m’emmener. »

Ca ira mieux cette nuit.
Promis, c’est pas le cas.
Ca suffit alors, tu sais.

C’est tout ce qu’il a besoin d’entendre. C’est tout ce qu’il voulait entendre, aussi, lui et ses jambes qui ont cessé de bouger nerveusement maintenant que Ruben a posé ses mains dessus, en ayant la délicatesse de ne pas commenter son geste. « Ne le sois pas. Ca servirait à rien. » Les mains qu’il garde posées contre ses joues et le regard qu’il ancre dans le sien a tout pour lui démontrer qu’il ne sait pas être autrement que désolé pour lui. Il tente de lui dérober un rire en changeant doucement de sujet maintenant qu’il a obtenu les réponses qu’il voulait à propos de cette ancienne relation. Il n’y avait rien qu’il a été heureux d’apprendre mais il est désormais informé, malgré tout le reste. « Si je dors pas ce soir, j’espère surtout que ce sera de ta faute et celle de personne d’autre. » Ambrose lui rend son sourire un brin malicieux, quand bien même il ne chercher pas à nourrir des espoirs qui n’ont pas lieu d’être dans l’esprit de Ruben: de toute évidence, il n’occupera pas sa soirée et sa nuit de la façon dont il pourrait le sous-entendre.

Il se relève, arrive à son niveau, et le dépasse déjà pour éternellement être le premier à arriver sur une place dont il ne connaît pas même le chemin pour s’y rendre. L’attitude laisse Ambrise sourire en retrait, simplement parce qu’il a désormais le cœur un peu plus léger et qu’il peut se contenter d’être heureux sans trop penser à tout ce qui les entoure. « Promis, je sais rester sage au moins dix minutes. » - “Dix minutes, tout ça ?” Il ne tient pas en place, son esprit bouillonne, ses doigts ont toujours besoin de s’occuper. De toute évidence, Ambrose a bien du mal à l’imaginer dix longues minutes à ne rien faire de significatif, comme par exemple se prélasser sur la plage et son sable fin. « Tu tiendrais pas un marathon, de toute façon, et j’ai assez pitié de toi pour pas t’infliger ça. » En arrière, Ambrose feint l’indignation, lui qui était pourtant déjà fier d’avoir réussi à se lever aussi tôt le matin uniquement pour suivre Ruben dans son idée d’aller courir. “Je vais t’inscrire à un vrai marathon, tu feras moins le malin.” Et il l’attendra sur la ligne d’arrivée avec la bouche en coeur, évidemment: il était assez fou pour le suivre courir au petit matin, mais il ne l’est pas pour en faire tout un véritable marathon. Son obstination connaît ses limites, sur ce plan du moins, et il est évident qu’il ne tient par rigueur à Ruben de quoi que ce soit, surtout alors qu’il a à coeur de nouer ses doigts aux siens dès que le jeune homme lui tend la main. « Montre moi où tu veux m’emmener. » Et il ne se fait pas prier davantage, soucieux de lui proposer une autre activité autant que de littéralement mettre derrière eux cette discussion qu’il n’a pas eu à coeur d’avoir.

“C’est pas vraiment un coin secret, c’est juste que c’est trop loin des routes pour que les gens y viennent.” Il décrète, après seulement quelques minutes de marche, une plage parfaitement normale mais surtout parfaitement vide se découvrant sous leurs yeux. Ils n’ont rien prévu pour une après-midi à la plage, pas même une serviette, mais l’été australien a tout pour leur faire croire qu’ils n’en auraient pas réellement besoin. Le sourire de Constantine se détache singulièrement et simplement. Il veut que ce soit le mot d’ordre de toute la journée: simple. “Juste nous.” Et l’idée lui plaît, de toute évidence, comme en démontre le sourire un peu plus malicieux qu’il affiche lorsqu’il se retourne en direction du brun, ses yeux uniquement posés sur les lèvres de ce dernier, sa main contre son torse. L’instant d’après, il se détache déjà, occupé à retirer son t-shirt autant que son pantalon pour se frayer un chemin dans l’eau, au travers des maigres vagues. “Tu fais des marathons, je suis sûr que t’es aussi un champion de longueurs, monsieur Parfait ?” Il ne fait pas vraiment des marathons, mais c’est tout comme. Ruben est exigeant sur sa personne à tous les niveaux, tant sur le point physique qu’intellectuel, et Ambrose est en réalité surtout surpris qu’il ne le soit pas tout autant sur le point personnel. Tant mieux pour lui, sans doute, parce que cela lui donne l’occasion de vivre ce genre de moments à ses côtés, comme en témoigne son sourire insolent n’attendant que Ruben le retrouve dans l’eau pour qu’il puisse convenablement l’embrasser, avant ou après avoir tenté de le noyer - ce sera à voir.

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« Dix minutes, tout ça ? » Le sourire aux coins des yeux, il plissa le bout du nez. « Aller, quinze si t’es sage. » Bien sur qu’il ne saurait pas tenir en place plus de cinq minutes, mais si c’était pour Rose, il ferait les efforts; il avait quelque-chose chez le jeune homme qui lui donnait, aussi étrange que cela puisse paraitre, envie de faire des efforts. « Je vais t’inscrire à un vrai marathon, tu feras moins le malin. » Il laissa un petit rire lui échapper à ce moment là. Il ferait moins le malin, c’était pour sur car il avait beau s’entraider quotidiennement il n’avait jamais vraiment couru un marathon. Mais rien que pour embêter le monde autour de lui, bien sur qu’il continuerait de garder la tête haute - fake it until you make it. De toutes façons, la question et le moment n’étaient pas de savoir s’il était apte à réellement courir autant de kilomètres, mais de savoir où Ambrose voulait l’emmener alors qu’il avait pris les devants sur un chemin qu’il ne connaissait pas. Il resserra sa prise sur la main du brun lorsqu’il daigna enfin glisser ses doigts entre les siens.

« C’est pas vraiment un coin secret, c’est juste que c’est trop loin des routes pour que les gens y viennent. » - « Ca me va quand même. » Qu’importe l’endroit où ils se retrouveraient de toutes façons, l’idée était surement de passer du temps ensemble et de profiter de ce weekend volé au quotidien. Alors, si l’endroit n’était pas la plage secrète que tout le monde rêvait de découvrir un jour, ce n’était pas dramatique. « Juste nous. » Le sourire de Ruben se fit plus attendri, à ces mots là. « C’est encore mieux, alors. » Cela rejoignait d’autant plus l’idée qu’ils puissent profiter pleinement sans être dérangés, sans être obligés d’interagir avec le monde extérieur. Rapidement, alors qu’ils marchaient sur le sable et qu’effectivement, la plage se destinait à être juste pour eux comme cela avait été promis, Ambrose lâcha la main de Ben pour commencer à retirer ses affaires et se préparer pour se jeter à l’eau. Il ne fit aucun commentaire, mais ne lâcha pas le brun du regard un seul instant, avant de le suivre des yeux jusqu’au moment où il pénétra à travers les vagues. « Tu fais des marathons, je suis sûr que t’es aussi un champion de longueurs, monsieur Parfait ? » Bien sur que le surnom donné de la part d’Ambrose arracha un petit rire à Ben, qui secoua quelque peu sa tête de gauche à droite. « Tu peux pas vivre en bord de mer en Australie et pas être un minimum champion de longueurs, voyons. » Il avait fait porter sa voix un brun davantage pour être sur qu’il puisse l’entendre. Il resta encore un instant et un autre à observer les vagues se casser contre le dos du jeune homme, avant de retirer tee-shirt, short et baskets à son tour afin de parcourir les quelques mètres pour rejoindre l’eau également. Autre avantage d’être en Australie: l’eau était agréable toute l’année, donc aucun moment d’hésitation à avoir avant d’entrer dans l’océan. L’instant d’après, il était auprès d’Ambrose, l’attrapant par les hanches pour le rapprocher de lui. « C’est quoi ce petit sourire insolent là ? » Bien sur que cela l’amusait de ton côté - bien sur qu’il voyait arriver la bêtise à mille lieux d’ici. « Je te préviens, si tu essaies de me noyer, j’ai grandi avec deux grands frères et l’un d’eux est rugbyman professionnel. J’ai appris à me défendre. » Bien sur qu’il l’avait toujours fait avec parcimonie et douceur, contrairement à Rhett qui était du genre à démontrer ses compétences même lorsqu’il s’agissait de sa fratrie - mais tout ça pour dire qu’il avait appris à ne pas se laisser faire. « Et c’est parce-que j’ai grandi avec des frères casse-pieds que je sais que l’idée t’a traversé l’esprit, tu m’auras pas là dessus. » Et là où il aurait pu simplement se contenter d’attirer Rose à lui pour lui arracher un baiser ou deux alors qu’il avait toujours ses mains sur ses hanches, Ruben ne laissa pas l’occasion lui échapper d’attaquer le premier - l’instant d’après, il posait ses mains sur les épaules d’Ambrose et lui sautait dessus en riant pour tenter de le renverser dans les vagues. Il avait vu venir l’idée, s’en était emparé en premier, et bien sur qu’il était fier de lui. Il le laissa remonter à la surface de suite cependant, étant du genre à jouer tout en gardant les réflexes de mise en sécurité - même enfant, il n’avait jamais su s’amuser autrement. « T’es tout mouillé maintenant, oops. » Il était en rien désolé, bien sur.