swim party

Depuis l'anniversaire de l'héritier, Flora et lui se sont revus une seule fois. SMS « je suis en bas. je peux monter ? » Une tenue sur le bras et un étrange petit emballage par dessus la housse, elle s'était présentée chez Elijah en fin de journée courant de la semaine dernière et avait pour la première fois été à l'heure à l'un de leurs rendez-vous - rien à quoi le brun devait s'habituer. Après des mois de travail, des dessins dont elle avait perdu le compte, des heures et des heures consacrées à la confection de la fameuse pièce sur-mesure, cette dernière avait finalement été finalisée. Flora en avait ajusté les derniers plis, l'avait lissée une dernière fois, et en avait été assez satisfaite pour la considérer achevée et en avertir son propriétaire lors de sa soirée d'anniversaire. Ils avaient ensuite convenu d'un rendez-vous afin qu'elle la lui présente, et s'étaient retrouvés chez l'héritier après leurs journées de travail respectives, à une heure habituellement réservée aux amuse-gueules et aux apéritifs. Flora, elle était aussi fière que nostalgique à l'issue de cette collaboration. Fière car elle se considérait chanceuse et privilégiée d'avoir pu composer autour du corps du Walker, pu échanger avec lui pour mieux cerner ses attentes et avoir été flattée par sa bienveillance et sa patience à toute épreuve. Elle aimait croire qu'elle ne serait jamais parvenue à créer une tenue de ce standing si elle n'avait pas été pour lui, du moins pas aussi tôt dans ce qu'elle peinait à considérer comme sa carrière, et la brune était reconnaissante de l'opportunité que l'aîné lui avait fait en s'offrant comme modèle pour laisser s'exprimer ses idées. Mais elle était déjà un peu nostalgique, nostalgique et rêveuse, aux souvenirs de leurs premiers échanges. Aux présentations des premiers dessins, au plateau de boissons chaudes renversé sur leur table, et à tous les petits moments qu'ils avaient créé par la suite. Elle s'était plu à apprendre à le connaître et à songer à son sourire en sketchant sur son carnet, puis en jouant habilement de ses épingles et de ses ciseaux. Pour la première fois, elle s'était sentie prise au sérieux par quelqu'un d'autre que James, ou que par quelques amis trop aveuglés par l'affection qu'ils lui portent pour voir les défauts de ses travaux. « Coucou. » Elle lui avait présenté la tenue au détour de quelques conversations, puis lui avait remis le paquet contenant son soi-disant cadeau d'anniversaire non sans un soupçon de timidité, et avait ensuite laissé ses épaules s'alléger à la vue de son sourire. La tenue lui convenait, et ce que renfermait l'emballage en soie lui plaisait peut-être encore davantage - Flora avait peaufiné avec des chutes de tissu du costume un petit quelque chose pour Zelda. Le nuage duveteux s'était précipité à l'entente de son nom, et Elijah n'avait pas mis plus d'une seconde à lui enfiler le format miniature de la cravate de son propre costume, passant à la Sacré de Birmanie la fioriture au moins aussi élégante que celle de son maître. Ils avaient plaisanté et ennuyé le félin une bonne dizaine de minutes, lui essayant également un autre modèle plus coloré, riant joyeusement à l'air suspicieux de la boule de velours qui les regardait d'un air réprobateur rire aux éclats en la regardant.

et puis, ils ne s'étaient pas revus. Ils avaient échangé quelques sms de ça et là, Elijah lui avait proposé le week-end de son anniversaire de la retrouver sur son voilier pour la séance de natation sur laquelle ils s'étaient accordés durant le sien, et Flora avait accepté. Elle ne savait pas vraiment pourquoi d'ailleurs, se demandant comment le grand brun pourrait soudainement parvenir à mettre un terme à une peur ancrée depuis plusieurs années, mais la brune avait accepté. Leurs premières divergences s'étaient frictionnées dernièrement, mais cela ne perturbait en rien la confiance qu'elle nourrissait à son égard, et elle savait qu'elle passerait un agréable moment en sa compagnie peu importe qu'elle se jette à l'eau ou non. C'est par conséquent plus sobrement habillée que la dernière fois - pas qu'elle ait porté quoique ce soit d'extravagant à la boat party, qu'elle se présente au port à l'emplacement que lui a indiqué Elijah. Une robe en crochet couleur taupe, laquelle laisse entrevoir un maillot de bain beige, ses cheveux rassemblés en une queue de cheval dont des mèches s'échappent pour encadrer son visage, la brunette cache du soleil l'écran de son portable une fois devant un immense voilier pour s'assurer qu'il s'agisse du bon bateau. L'idée de monter à bord pour se retrouver face à un inconnu richissime ne l'enchante pas le moins du monde, et elle se résout finalement à envoyer un message à son capitaine pour le prévenir de sa présence. Quelques minutes plus tard, le visage d'Eli se dessine sur le pont, et son coeur fait un drôle de bond à sa vue. Elle lève la main et le hèle dans un sourire, montant à bord l'instant suivant. « Salut Elijah. » Elle gagne prudemment le pont, suivant du regard les mouvements de ses pieds, puis le redresse une fois au niveau de l'héritier. Coinçant une mèche derrière son oreille, brandissant de sa main libre un petit sac, elle sourit au brun dont elle est heureuse de recroiser le regard particulier. « J'ai prévu le coup cette fois, je n'aurais pas à te taxer des serviettes. » précise-t-elle avant de laisser retomber son bras, reportant son regard autour d'eux. Le voilier est absolument magnifique, plus encore de cet angle que depuis le quai, et elle prend une seconde pour tourner sur elle-même et admirer l'architecture des mats et de tous les composants. « C'est vraiment superbe - et il est à toi ? » demande-t-elle en se reportant sur lui, le suivant par la suite peu importe où il les entraîne. Elle abandonne distraitement son sac en route, en sortant simplement une paire de solaire qu'elle pose sur son nez avant de se reporter sur le grand brun, jetant un oeil aux voiles enroulées un peu plus loin puis le regardant à nouveau. « Dis moi tout, je suis toute ouïe. Par quoi on commence ? » interroge-t-elle avec une curiosité et une impatience à peine dissimulées, heureuse d'être ici - avec lui.
 

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Quatre semaines s'étaient écoulées depuis les dernières péripéties maritimes d'Eli et Flora, lesquelles avaient été riches en émotions, et pas seulement en raison de la peur des eaux profondes de la jeune femme, fait d'ailleurs à l'origine de leur rendez-vous d'aujourd'hui. Si l'adrénaline était montée d'un cran après qu'un Eli un peu trop entreprenant avait jeté dans les vagues de la baie de Brisbane une Flora qui se révéla ne pas savoir nager, les deux à la relation indéfinissable avaient connu d'autres remous émotionnels profondément perturbants le lendemain de la mémorable soirée d'anniversaire qui les avait vus considérablement se rapprocher. En cause de ces montagnes russes des cœurs, les confessions d'un héritier étonnamment bavard au sujet de ses déboires amoureux passés et des leçons extrêmes qu'il en avait tirées. S'il avait été particulièrement facile de se livrer à celle qui parvenait à délier sa langue comme peu en étaient capables, la suite des événements ne fut certainement oas marquée de la même aisance. Flora s'était empressée de partir, prétextant un tas de choses à faire avant sa prochaine journée de travail, et les contacts entre eux avaient été assez erratiques depuis – à commencer par les messages étranges qu'il lui avait envoyés quelques heures plus tard, d'abord sur un ton relativement adéquat bien qu'interpellant pour cette armoire à glace qui n'avait pas l'habitude de s'épancher, puis, les heures passant et les verres de gin aidant, considérablement plus dérangeants au fur et à mesure que sa désinhibition alcoolisée s'était chargée de rendre le Walker bien plus direct dans sa façon de s'exprimer. Le lendemain, il s'était excusé et elle avait eu la gentillesse de lui assurer que ce n'était rien, mais le ton de Flora avait été aussi distant que la veille, bien que cette fois-ci, Eli s'était bien gardé de l'interpeller à ce sujet, tout comme il n'avait pas insisté après qu'elle eut refusé son invitation à aller dîner, invoquant d'autres obligations mystérieuses. Eli s'était fait discret depuis et s'était contenté d'attendre qu'elle reprenne contact avec lui pour lui remettre le costume dont elle avait achevé la confection, ainsi que la surprise d'anniversaire dont il avait totalement oublié l'existence.

Lorsqu'arriva le moment de la revoir, Eli avait été soulagé de la retrouver telle qu'il la connaissait habituellement, douce et légère dans sa façon d'interagir avec lui, en dépit de son adorable timidité qui semblait résister à leurs interactions régulières et le rapprochement engendré par ces dernières. Il s'était extasié sur le résultat du travail acharné de la jeune femme, la complimentant sans retenue son le talent et la qualité de l'ouvrage tout en la remerciant pour tous les efforts qu'elle avait fournis pour satisfaire à ses attentes. À force de se côtoyer de manière plus informelle, Eli en était parfois venu à oublier qu'il était avant tout son client, et il s'agissait d'une casquette sous laquelle il se montrait exigeant et parfois intraitable. Mais, avec toute l'objectivité dont il était encore capable en présence de l'adorable brune, le résultat était si impressionnant qu'il n'avait rien trouvé à y redire, enthousiasmé comme il ne l'était que rarement face à un article de mode. L'enthousiasme d'Eli n'avait fait que croître par la suite, lorsque Flora lui fit découvrir les accessoires assortis qu'elle avait confectionnés pour Zelda, et le Walker peina à masquer son émotion devant l'attention profondément touchante qu'elle lui avait témoigné en lui offrant ce cadeau. Il prit un malin plaisir à ennuyer la boule de poils sceptique mais remarquablement sage en lui passant sa tenue, s'esclaffant comme un enfant avec Flora, aux côtés de laquelle l'activité revêtit une saveur toute particulière de complicité retrouvée au terme de quelques semaines de doutes qui lui parurent désormais futiles. Toutefois, lorsqu'il la raccompagna à la porte et lui souhaita une bonne soirée, une appréhension toute autre vint le torturer : qu'allait-il advenir de leur lien si unique, maintenant que la raison première de leurs rencontres n'était plus ?

Tiraillé par cette interrogation perturbante, Eli n'était plus trop revenu vers Flora les jours suivants. À plus d'une reprise, il se fustigea de ne pas lui avoir immédiatement demandé si elle acceptait de lui confectionner une nouvelle tenue, afin d'avoir la certitude de la revoir sans risquer de se faire trop envahissant. Malgré l'atmosphère chaleureuse de leur dernière rencontre, il ne fut pas suffisamment rassuré que pour lui envoyer les messages anodins qu'ils avaient pris l'habitude d'échanger au fil des mois qu'avait duré leur collaboration. Ce fut toutefois le souvenir de cette même atmosphère chaleureuse qui, le jour des trente ans de Flora où un message de félicitations était de toute façon de rigueur, encouragea Eli à réitérer la proposition qu'il avait faire de manière informelle à Flora le soir de son propre anniversaire. Il se demanda nerveusement s'il avait bien fait, incertain de l'intérêt qu'elle porterait à son invitation maintenant que plus rien ne l'obligeait à le côtoyer – mais la réponse enthousiaste de la jolie brune eut tôt fait de le rassurer, et le rendez-vous fut aussitôt fixé pour le plus grand bonheur de l'héritier.

Lorsqu'il aperçut, le jour venu, que Flora lui avait envoyé un message quelques minutes auparavant pour lui signaler son arrivée, Eli se hâta de rejoindre l'arrière de son voilier pour l'accueillir, lui réciproquant le sourire qu'elle lui adressa alors que se croisèrent leurs regards. Il lui fit signe de le rejoindre à bord, son sourire s'élargissant lorsqu'elle arriva à sa hauteur. « Bonjour, vous », la salua-t-il à son tour, tendant prudemment les bras vers elle afin de s'assurer qu'elle ne perdît pas l'équilibre avant de les laisser retomber lorsqu'elle regagna une stabilité satisfaisante. « J'avais prévu le coup aussi, c'est bien, on ne risque pas de manquer de serviettes », plaisanta-t-il avant de la débarrasser de son sac, sans quitter des yeux la brune au regard émerveillé. Il sentit un sentiment de fierté le gagner en voyant l'appréciation sur le visage de Flora à la vue du voilier, une fierté qui gagna également sa voix lorsqu'il lui répondit : « Merci. Oui, un petit caprice pour célébrer mon retour à Brisbane. Je te fais visiter ? » Ses yeux pétillaient d'enthousiasme et il attendit qu'elle s'équipe de ses lunettes de soleil avant d'ouvrir la marche. « Je propose qu'on navigue vers l'île de Moreton, tu as déjà été ? Ça devrait prendre un peu plus d'une heure. On pourra rentrer dans le vif du sujet, mais dans la petite profondeur », suggéra-t-il tout en la guidant dans les recoins du voilier. « Tu n'as pas le mal de mer ? J'ai de quoi le contrôler, si besoin », taquina-t-il bien que son regard indiquât une préoccupation sincère pour la réponse de Flora, peu désireux de la voir souffrir plus que de raison durant leur périple. « Très jolies lunettes, au passage », complimenta-t-il tout en vérifiant que le navire était prêt à partir. « Installe-toi, je t'en prie. Je te sers quelque chose à boire avant le grand départ ? » Oh, il avait hâte de se lancer au large - et la compagnie de Flora dans cette aventure n'y était certainement pas étrangère.

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Elle n'avait pas voulu le revoir immédiatement après leur dernière interaction en date. Elle avait adoré chaque moment qu'ils avaient partagé - et même le souvenir de sa quasi noyade avait une connotation particulière, aussi étrange que cela puisse paraître. Elle avait ri aux éclats à plusieurs reprises, avait senti une étrange chaleur la parcourir lorsqu'il avait scellé son regard au siens avant de souffler ses bougies, et Flora s'était sentie à l'aise et à sa place tant qu'il avait été à ses côtés. Elle avait eu l'impression de se rapprocher de lui, s'était laissée aller contre son épaule et aurait pu y somnoler comme elle l'avait déjà fait par le passé, et avait ensuite eu la désagréable sensation de prendre des distances en s'endormant seule dans l'une des cabines trop luxueuses du yacht. Elle s'y était réveillée et, bizarrement, la magie n'avait plus été la même que la veille - une certaine perdurait, comme de paire avec le bateau, mais elle n'était plus celle envoûtante des charmes du brun. et même si la Constantine appréciait la démesure à laquelle elle n'était pas habituée, cette dernière n'équivalait en rien à celle tout à fait particulière des yeux de l'héritier et de la façon qu'il avait de la traiter. Elle l'avait rejoint sur le pont, avait retrouvé un soupçon de ce qu'ils avaient partagé la veille, et finalement la bribe n'avait pas été suffisante pour dominer sur la réalité. Sur celle plus flagrante sous le soleil, plus évidente avec les idées claires, sans musique ou alcool. et la prise de conscience n'avait été qu'amplifiée au détour d'une dernière conversation, une durant laquelle Elijah avait répondu simplement et sincèrement à ses interrogations sûrement indiscrètes, la confrontant à son alarmante honnêteté. et honnête, il l'était. Flora avait voulu en savoir plus sur sa situation, sur le pourquoi d'un homme comme lui - riche, beau et influent, était célibataire et elle l'avait su. Les prétendantes ne manquaient pas à l'appel, mais Elijah ne répondait simplement pas à ces derniers, et se contemplait vraisemblablement dans une solitude qu'il ponctuait de nuits éphémères suffisantes pour réchauffer ses draps. La brune, elle n'avait pas imaginé cette réponse - ni qu'elle la perturberait autant. et probablement incapable d'y répondre, tout autant inapte à rebondir ensuite, elle avait préféré prendre congé en manquant cruellement de délicatesse comme elle l'avait compris quelques heures plus tard en échangeant avec le beau brun par message. et depuis, même s'ils s'étaient revus pour son costume et son cadeau d'anniversaire, Flora ne savait pas trop quoi en penser. Ils avaient retrouvé leur complicité autour d'une Zelda coopérative et d'un architecte conquis, mais cette dernière s'était à nouveau évaporée aussitôt ses pieds en dehors de son appartement - et elle savait qu'il s'agissait de sa faute. Elle était celle dont les messages étaient distants, les piques malicieuses plus rares, et même si elle ne résistait pas à ses prunelles azur en les rencontrant, elle parvenait à en faire abstraction derrière son écran - ironie du sort, elle aimait pourtant se mettre à l'épreuve en acceptant de le retrouver sur son bateau pour sa leçon de natation. ça, et parce qu'elle fatiguait de ne pas s'adoucir sous l'intensité de son regard, la sonorité de sa voix et les moindres de ses gestes capables de s'apparenter à des caresses.

Il apparaît sur le pont dans un ensemble blanc, et elle suit son avancée sans rien faire d'autre que sourire. Ce n'est pas la première fois qu'il se montre à elle dans une tenue décontractée - ses petits homards ayant brisé peu importe ce qu'il pouvait rester de malaise entre eux, mais celle-ci est particulièrement frappante par sa simplicité. Le tissu tombe merveilleusement bien sur sa peau hâlée, il semble avoir renoncé à discipliner ses mèches brunes qui ne le resteront quoiqu'il en soit pas longtemps, et la légère brise qui en soulève quelques unes plus longues accentue la simplicité de l'image qu'il renvoie. Un portrait troublant par son authenticité, qui la ferait volontiers rougir si elle le voyait pour la première fois - mais rien que Elijah ne peut corriger. « Bonjour, vous » et malgré ses efforts de façade, ses joues se colorent furieusement à la façon dont il l'accueille, sa main se glissant dans la sienne sans un mot lorsqu'il la lui propose pour l'aider à monter. Elle se déteste pour sa fragilité Flora, elle s'en veut plus encore de se comporter comme si elle avait à peine vingt ans et rejoignait son crush de fac supposé l'aider à comprendre un cours. Elle devrait, et surtout compte tenu des derniers éléments en sa possession, se secouer une bonne fois pour toutes. « J'avais prévu le coup aussi, c'est bien, on ne risque pas de manquer de serviettes » Elle réajuste son équilibre et trouve ses yeux, non sans essayer vainement de réprimander le sourire que sa remarque fait naître sur ses traits - elle peut essayer de faire des efforts, mais sait que certains sont perdus d'avance. « C'est une bonne chose, non ? » renchérit-elle dans un sourire à l'allure désolé - qui ne l'est pas, échappant un rire en coinçant déjà une mèche derrière son oreille avant de le suivre à bord du navire. et rapidement, son attention s'égare sur les boiseries et les finitions du voilier, l'aidant à faire abstraction de l'Apollon qui ouvre la marche. Ce navire-ci a une apparence bien plus brute que le yacht - d'une certaine façon. L'embarcation de l'anniversaire l'avait impressionnée de par son luxe, sa brillance et ses détails tous plus minutieusement pensés les uns que les autres - mais ce voilier, quant à lui, semblait avoir une âme et une histoire. Les mats grinçaient sensiblement sous la brise, Flora pouvait le sentir onduler maigrement sous ses pieds, et sans grande surprise elle se plaisait bien plus à son bord qu'elle ne s'était sentie légitime d'être présente sur le yacht. « Merci. Oui, un petit caprice pour célébrer mon retour à Brisbane. Je te fais visiter ? » Elle se reporte sur lui alors que ses yeux ondulent tout autour, un sourire aussi moqueur que réprobateur prenant vie sur son visage. « Un petit caprice, mh ? Je te suis Elijah. » souffle-t-elle en s'engageant à sa suite, forcée de reconnaître que s'il lui explique quoique ce soit en chemin elle ne l'écoute que d'une oreille - elle aime beaucoup ce navire. Flora, après tout, ce n'est que la deuxième fois qu'elle monte à bord de l'un d'eux. et le yacht était resté amarré - celui-ci n'en avait pas la prétention. Elle allait naviguer pour la première fois, et le faire dans ces conditions la rendait plus enthousiaste que sa bienséance ne la laissait l'extérioriser. « Je propose qu'on navigue vers l'île de Moreton, tu as déjà été ? Ça devrait prendre un peu plus d'une heure. On pourra rentrer dans le vif du sujet, mais dans la petite profondeur » Un sourire trop sincère pour être fictif, elle croise le regard de l'héritier en secouant mollement la tête par la négative, se résignant finalement à lui accorder l'attention qu'il mérite. Après tout, la vue du bateau ou la sienne, Flora ne fait pas la fine bouche. Le portrait dans son ensemble est tout à fait ravissant. « Tu n'as pas le mal de mer ? J'ai de quoi le contrôler, si besoin » Elle sourit sans le quitter des yeux, ne fléchissant dans son contact que lorsqu'elle enfile ses solaires, en profitant au passage pour prendre une profonde gorgée d'air. « Je n'ai jamais pris la mer, Eli. C'est une toute première - alors je ne sais pas du tout si j'ai le mal de mer ou non, mais je suppose qu'on ne devrait pas trop tarder à le savoir. » et cela ne l'effraie pas - même si cela devrait peut-être. « Je te fais confiance, emmène nous où tu veux. » Sa voix est un brin rieuse, surtout impatiente, et elle le remercie d'un sourire complice lorsqu'il complimente ses lunettes. Lui jetant un regard par dessus les verres en inclinant sa tête vers l'avant, elle rit doucement sans laisser le temps à ses joues de rosir, laissant sa gorge se déployer un instant lorsqu'elle se reporte sur l'horizon.  « Installe-toi, je t'en prie. Je te sers quelque chose à boire avant le grand départ ? » Se reportant sur lui, elle semble un peu décontenancée une seconde durant, et secoue doucement la tête. Elle n'y connait rien en bateaux, encore moins en voiliers - mais elle s'est renseignée un peu ces derniers jours. et, de ce qu'elle a lu, naviguer ces gros engins demande bien plus de compétences que celles requises pour un bateau à moteur. Quelque chose à voir avec les voiles, le vent et la façon dont tout s'assemble. « Je ne sais pas comment ça fonctionne, mais j'ai lu que ça pouvait demander pas mal de manœuvres de déplacer tout ça - tu accepterais de m'expliquer ça aussi ? » demande-t-elle, quoiqu'un peu timide. Elle ne veut pas être un boulet et l'encombrer dans ses actions, mais serait ravie de mieux comprendre et de lui prêter main forte. « Sauf si tu tiens vraiment à ce que je sois une passagère de croisière, et je te fasse signe dès que je souhaite boire quelque chose. » murmure-t-elle avec plus d'assurance, un peu moqueuse - mais ne le souhaitant pas, espérant sincèrement qu'il accepte de lui faire mettre la main à la patte. « Mais j'aimerais beaucoup t'aider et apprendre. » formule-t-elle par la suite comme une demande, plantant son regard dans le sien au travers de ses verres teintés. Elle aime utiliser ses mains, se sentir moins bête en allant se coucher le soir, et sait que Eli est un enseignant particulièrement doué.
 

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Pendant les heures qui avaient précédé l'arrivée de Flora, Eli s'était surpris à se sentir étrangement nerveux. Il ne savait pas ce qu'il devait attendre de cette virée en bateau, dont le déroulement prendrait place dans le sillage des événements récents entre eux. Certes, le dernier moment qu'ils avaient passé ensemble avait été caractérisé par autant de légèreté que de complicité, et avait permis d'apaiser une bonne partie de la tension qui s'était accumulée dans son esprit perturbé par leurs échanges le lendemain de son anniversaire. Mais cette dernière rencontre avait été si brève qu'ils n'avaient en réalité pas eu le temps de risquer d'être gênés, tous deux trop occupés à gentiment torturer Zelda avant de se quitter plutôt rapidement. Là, la situation était radicalement différente – et Eli en avait pris conscience dès le moment où Flora avait accepté son invitation. En décidant de concrétiser cette fameuse leçon de natation, ils s'engageaient tous les deux à passer des heures en tête à tête, sans échappatoire tant qu'ils ne seraient pas de retour sur la terre ferme de Brisbane. Si la situation venait à prendre un tournant désagréable, il n'était pas question pour Flora de sauter par-dessus bord, tout comme il n'était pas envisageable pour Eli de l'abandonner sur une île à plus d'une heure de navigation de leur ville natale. Ils ne leur restait plus qu'à espérer qu'aucun nuage orageux ne s'annonce à l'horizon de leurs échanges, et c'est en formulant mentalement ce souhait qu'Eli prit conscience que, cerise sur le gâteau, il avait choisi une activité susceptible de faire perdre tous ses moyens à Flora pour pimenter davantage le programme. L'accumulation de tous ces facteurs ne manqua pas de générer une certaine appréhension chez l'héritier, qui, jusqu'au moment précis de leur rendez-vous, se demanda s'il n'était pas en train de s'engager dans une erreur qu'il s'apprêtait à regretter amèrement.

Toutefois, et sans doute de la plus cliché des façons, ces doutes disparurent aussi brusquement qu'ils n'étaient survenus lorsqu'il l'aperçut s'avancer le long du ponton où était amarré son voilier. La joie, sincère et intense, qui gonfla son cœur quand ses yeux se posèrent sur les traits poupons de la petite brune eut tôt fait d'occulter toutes les appréhensions et les questionnements désagréables d'Eli, qui s'empressa de l'aider à le rejoindre sur le bateau tout en la saluant. La conversation démarra aussitôt entre eux, facilement et naturellement comme elle savait si bien le faire lorsqu'ils étaient en présence l'un de l'autre, et le Walker fut si rapidement absorbé par l'échange qu'il en oublia de se faire la réflexion de combien il était simple d'être aux côtés de Flora, et combien ses ruminations paraissaient désormais aussi futiles que lointaines. Le sourire aux lèvres et les yeux qui pétillaient, il laissa son regard parcourir sa silhouette élancée, la robe qui lui allait à la perfection et la façon dont les quelques mèches qui s'échappaient de sa coiffure encadraient son visage rieur. À nouveau, il fut frappé par sa beauté aussi soignée que dénuée d'artifices, et par combien son joli visage se faisait expressif sans qu'elle eût besoin d'ouvrir la bouche. « Trop déconnecté, encore ? », demanda-t-il rhétoriquement lorsqu'elle releva avec un certain cynisme sa propre réflexion au sujet de son voilier, un sourire un poil coupable accompagnant sa question. Sans attendre, il la précéda vers l'avant du bateau, se lançant dans quelques commentaires sans savoir si elle l'écoutait réellement, visiblement absorbée par sa contemplation des lieux. Un sourire rayonnant accueillit les paroles de Flora lorsque celle-ci lui confia ne jamais avoir été en mer. Loin de s'en inquiéter, Eli sembla d'autant plus enthousiaste à l'idée de faire découvrir l'expérience à la jeune femme pour la toute première fois. « C'est vrai ? C'est génial ! Tu vas voir, c'est la meilleure sensation du monde – la navigation, pas le mal de mer », s'exclama-t-il énergiquement, tout en tirant sur les cordages devant lesquels ils passèrent pour s'assurer de leur bon amarrage. « Si tu te sens mal, tu me fais signe, ça va ? Sur un bateau, vomir n'est jamais tabou – un peu comme en boîte, finalement », plaisanta-t-il avec légèreté, laissant échapper un petit rire tout en continuant machinalement ses vérifications. Lorsqu'il se reporta sur Flora, il s'attendit à la voir s'installer sur l'une des banquettes confortables qui se faisaient face derrière lui, et un air agréablement surpris se dessina sur ses traits lorsqu’elle lui demanda, avec une adorable timidité, s’il acceptait plutôt de la laisser lui venir en aide. Il hocha la tête avec enthousiasme et s’empressa d’accepter. « Si tu préfères être ma matelote plutôt que ma passagère de croisière, c’est avec grand plaisir ! », renchérit-il, toujours plein d’énergie, lui tendant la main pour l’aider à se hisser à ses côtés, près de la multitude de nœuds qu’il était en train d’inspecter. « Je te préviens, je risque d’être plus sévère en tant que capitaine qu’en tant que maître d’hôtel », plaisanta-t-il sans la moindre trace de sévérité dans la voix pour venir corroborer sa mise en garde, tout en s’écartant pour lui laisser la place afin qu’elle puisse venir se glisser devant lui dans l’espace relativement exigu dont ils disposaient. « On va commencer par vérifier pour la vingtième fois si tous les câbles et les cordages sont bien accrochés, puis on pourra allumer le moteur, larguer les amarres et sortir d’ici. On hissera les voiles quand on aura un peu plus d’espace, face au vent pour que ce soit plus simple », détailla-t-il tout en montrant les gestes à exécuter à Flora, l’encourageant lorsqu’elle saisit les mouvements qu’il fallait effectuer. Le duo s’affaira en plaisantant et papotant, papillonnant d’un endroit à l’autre du bateau, dont le capitaine s’avéra bien moins sévère que ce qu’il n’avait annoncé quelques instants auparavant. Bientôt, le Wind Waker – un autre clin d’oeil à la franchise dont était tiré le patronyme de son chat – s’élança dans la baie de Brisbane, ses voiles battant bruyamment en prenant le vent, et Eli coupa le moteur en reportant un regard brillant sur son moussaillon. « Pas mal du tout, pour une première – tu as l’air bien plus à l’aise qu’en cuisine, en tout cas », lui lança-t-il avec un sourire complice depuis la barre. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il passa machinalement son bras autour de ses épaules comme pour la féliciter, avant de la relâcher et de se vérifier la trajectoire du voilier. « Alors, comment tu te sens ? C’est à la hauteur de tes attentes ? », demanda-t-il avec une curiosité non dissimulée, la sondant du regard à travers les lunettes de soleil qu’il avait posées sur son nez quelques minutes après leur départ sous un soleil brillant. « On va faire de petits zig-zag pendant toute la traversée, pour que le vent reste derrière nous, de biais. Tu veux essayer de régler la voile comme je t’ai montré ? », proposa-t-il en lui montrant quel cordage détendre après avoir vérifié la direction du vent indiquée par la girouette.

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Il y a une facilité déconcertante à le retrouver. À croiser ses yeux et sa silhouette, à faire brusquement abstraction de toutes pensées parasites, et à simplement profiter de l'instant. Elle le regarde et Flora se dit qu'il ne peut pas être un autre que celui pour qui il se fait passer, que son honnêteté est impérissable et qu'il est un homme bon sous quelques fissures infligées par la vie - ils en ont tous. Ses yeux le suivent, et elle se demande demande depuis combien de temps elle le voit au-delà de simplement le regarder. Elijah lui avait tapé dans l'oeil dès Weatherton, mais elle ignorait à partir de quel moment leurs interactions s'étaient faites davantage intéressées que courtoises - même si elles l'avaient toujours été, à leur façon. Quelque chose s'était progressivement fait différent dans leurs échanges, et si elle était la première à s'en réjouir la brune n'en était pas moins troublée lorsqu'elle réfléchissait trop longtemps à leur sujet. Lorsqu'elle s'interrogeait sur ce qu'ils étaient maintenant qu'aucune obligation professionnelle ne pouvait leur servir de prétexte pour continuer à se voir, quant au au nom à poser sur leur relation, et l'avenir que cette dernière avait maintenant que celui sur lequel elle s'était basée n'entrait plus en compte. Elle était aussi perdue que certaine de savoir où elle allait, nageant en plein paradoxe alors en vacillant d'un extrême à un autre à la simple pensée du brun. « Trop déconnecté, encore ? » Ses yeux attrapent les siens à la volée, et elle laisse son sourire se faire un brin moqueur tandis qu'elle contre ses propos en secouant la tête de gauche à droite. Il n'est pas trop déconnecté, pas d'une manière anormale compte tenu de l'équilibre sur lequel sa vie repose, même s'il l'est quant à celle des mortels qui l'entourent. Flora, elle ne veut pas lui faire croire qu'elle le trouve ahuri de s'offrir de tels luxes, craignant de le froisser ou de faire passer sa remarque comme péjorative alors qu'il n'en est rien. Mais évidemment, et un peu malgré elle, elle réagit tout en transparence face à ses aveux et se pince la lèvre lorsqu'il est trop tard. « Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. » corrige-t-elle d'une voix particulièrement douce, laissant sous entendre à la bienveillance de son ton qu'elle pourrait parlementer sur le sujet et le rassurer - mais elle est presque certaine qu'Elijah n'y tient pas, et elle leur épargne à tous les deux ses paroles maladroites. Ils ne se sont pas donnés rendez-vous ici pour de longues conversations sur le pont, et elle préfère pour l'heure ne pas s'engager dans des échanges trop profonds avec le brun - cela équivaudrait à prendre le risque de reconnaître que le malaise les guette, et l'ignorance sur ce sujet est trop confortable pour prendre le risque de la briser. Fidèle à lui-même, et comme s'il avait entendu ses pensées, l'héritier poursuit d'un ton enjoué qui l'apaise inconsciemment, poursuivant avec entrain alors qu'ils s'avancent à bord du somptueux voilier. « C'est vrai ? C'est génial ! Tu vas voir, c'est la meilleure sensation du monde – la navigation, pas le mal de mer » Elle pose un regard intéressé sur les mouvements qu'il exerce près d'un mat, suivant la façon dont ses mains habituées travaillent contre les cordes et le bois, ne se reportant sur ses traits que lorsqu'il précise ses dires. Un bref sourire inversé passant sur sa bouche, elle se remet en mouvent tandis qu'ils s'éloignent, ses pas suivant énergiquement les siens - elle doit presque faire deux pas lorsqu'il en fait un, et avec l'énergie que l'aîné met à l'ouvrage la tâche n'est pas aussi anodine qu'il n'y parait. « Je veux bien te croire, ça a déjà une certaine magie d'être à bord. » remarque-t-elle tandis que ses yeux continuent inlassablement de se balader autour d'eux, s'imprégnant chaque seconde un peu plus des détails de conception de l'embarcation - peut-être arrivera-t-elle à la reposer sur papier lorsqu'elle rentrera. « Si tu te sens mal, tu me fais signe, ça va ? Sur un bateau, vomir n'est jamais tabou – un peu comme en boîte, finalement » Elle se reporte sur lui, et à la façon dont il fait une précision supplémentaire la Constantine fait mine de se renfrogner un peu - deux ou trois secondes tout au plus, avant d'échapper un rire coupable. Se mordant l'intérieur de la joue, elle hausse mollement les épaules et poursuit après une brève pause. « Tu as déjà l'habitude de toute façon. » Un regard complice lancé dans sa direction, elle acquiesce toutefois un peu plus sérieusement à ses indications. et, même si Eli est probablement la personne la plus bienveillante qu'elle connaisse, Flora serait reconnaissante quant à ne pas avoir le mal de mer - une histoire de fierté déjà suffisamment abîmée par les hasards de leurs interactions. « Non, plus sérieusement - ça devrait aller, ou du moins je l'espère. » - « Si tu préfères être ma matelote plutôt que ma passagère de croisière, c’est avec grand plaisir ! Je te préviens, je risque d’être plus sévère en tant que capitaine qu’en tant que maître d’hôtel » Elle se saisit de sa main pour le rejoindre, redressant ses lunettes sur le haut de son crâne pour mieux pouvoir voir ce que lui indique Elijah, le réprimandant d'un énième regard à la façon dont il se plaît à la charrier. Il est particulièrement enthousiaste et elle aime beaucoup le voir ainsi, mais sans réfléchir et d'une manière un peu sotte, elle enfonce brièvement la pointe de son coude dans ses côtes pour l'encourager - ou non, à cesser ses pitreries. « Arrête de te moquer et explique moi. » se plaint-elle sans se défaire de son sourire, plongeant une seconde son regard dans le sien sans ses verres teintés pour l'en protéger, se sentant coupable après un moment de latence tout en se reportant sur les cordages entrelacés. Le beau brun entreprend ensuite de lui expliquer les différentes étapes à suivre, les lui détaillant et l'encourageant à s'exécuter en pointant du menton un cordage ou un autre mécanisme, guidant par la parole ses gestes comme il l'a déjà fait par le passé. et bientôt, à l'image de deux matelots habitués à travailler ensemble, la paire prépare le navire à quitter le port, plaisantant et échangeant sans qu'aucune gêne ne perturbe leur alchimie.

Ils quittent le port et bientôt, Flora découvre la sensation tout à fait unique de sentir la coque fendre les eaux et les entrainer au large. Le flottement est léger, plus aérien qu'elle ne l'aurait cru, et le duo a la chance de pouvoir naviguer sur des eaux plutôt calmes. Forcée de ne pas se laisser distraire, elle continue de seconder Elijah dans ses actions, puis laisse finalement ses poumons se gonfler d'aise en se tenant sur le pont et en regardant autour d'eux, un air enfantin sur le visage - ils naviguent. « Pas mal du tout, pour une première – tu as l’air bien plus à l’aise qu’en cuisine, en tout cas » Le moteur est coupé et elle tourne la tête en direction de la barre où se tient le capitaine, lui souriant en le rejoignant souplement, gagnant d'un bond le surplomb. Elle se laisse aller au contact de ses mains sur ses épaules, lui offrant un sourire rayonnant secoué d'un léger rire, se reportant devant eux la seconde suivante. La scène lui donne l'impression de pouvoir respirer à nouveau et elle ne s'en prive pas, profitant sans s'encombrer de mille questions. « Je préfère être ici que derrière les fourneaux, ça aide. » souffle-t-elle en réponse à sa remarque, ce même sourire idiot floqué sur les lèvres. Elle aime l'océan, bien plus qu'aucun autre endroit. « Alors, comment tu te sens ? C’est à la hauteur de tes attentes ? » Elle retrouve ses yeux et ne peut s'empêcher d'être un peu surprise, curieuse quant à ce qu'il puisse en douter. Flora, elle s'est rarement sentie aussi bien - elle pensait que le plaisir de s'asseoir sur la plage et d'écouter les vagues était incomparable, mais celui d'être ici et de se laisser porter par le vent tout en les écoutant se fendre autour de la coque est plus spécial encore. « C'est magique Elijah - c'est vraiment magique. » admet-elle après une pause, un regard pétillant ondulant sur l'immensité qui les entoure. « J'aime beaucoup l'océan, et j'ai l'impression de le redécouvrir en le côtoyant comme ça. Je pensais pas ça possible. » murmure-t-elle en se reportant sur lui, toute la reconnaissance dont elle peut faire preuve se reflétant dans ses yeux. Elle lui est reconnaissante de lui permettre d'être ici, et si elle ne le dit pas à voix haute, elle a la chance d'avoir des traits bien assez expressifs pour le retranscrire. « On va faire de petits zig-zag pendant toute la traversée, pour que le vent reste derrière nous, de biais. Tu veux essayer de régler la voile comme je t’ai montré ? » Elle acquiesce vivement à la proposition et se tire de sa rêverie, se penchant la seconde suivante sur les cordages et sur celle désignée par le brun. Sur ses indications, elle la détend légèrement et laisse les changements s'opérer, en appréciant le résultat lorsque les réactions en chaine s'exécutent. et, pour toute la traversée, le duo se soutient dans les manœuvres et fait équipe pour les mener à bon port.

Une heure plus tard, après quelques verres et un ajustement perpétuel des voiles, la paire de marins atteint l'île sur laquelle ils ont mis le cap. Flora trouve une joie tout à fait enfantine et euphorisante en voyant la terre se rapprocher peu à peu, et aide le capitaine à amarrer le Wind Waker sous ses instructions, n'hésitant pas à se précipiter à un bout puis à un autre du pont. et lorsque tout est finalement en ordre pour immobiliser le voilier, elle se reporte sur Elijah et son sourire perd en assurance - si elle était particulièrement rayonnante et enjouée toute la traversée, elle l'est soudainement beaucoup moins à l'idée de devoir affronter sa plus grande peur. Les couleurs chaudes de ses joues ayant disparues, elle suit le grand brun pour rassembler quelques affaires avant de descendre du navire, la gorge sèche et la démarche quasiment raide - et elle même a honte de se comporter ainsi. « On va y aller progressivement, n'est-ce pas ? » l'interroge-t-elle une fois sur la plage, laissant ses pieds retourner le sable sous leur passage. Elle sait d'avance qu'Elijah ne va pas la brusquer, mais la brune a besoin de se rassurer. « et si je n'y arrive pas, promets moi de ne pas m'en tenir rigueur. » demande-t-elle en plantant ses yeux dans les siens, ses solaires abandonnées sur le voilier qui se tient fièrement à leurs côtés alors qu'ils s'en éloignent progressivement. Elle craint que l'héritier soit déçu s'ils ne parviennent pas à franchir ce cap, et une certaine pudeur la taraude alors qu'elle s'apprête à se montrer plus vulnérable qu'elle ne l'a jamais été en sa compagnie. Pas d'alcool, pas de musique ni de précipitation, juste eux et l'océan. et, bizarrement, les sentiments se succèdent dans son esprit alors qu'elle parcourt ses yeux.        

Swim Party

Dans bien des situations, il l'avait connue timide et incertaine, victime d'une maladresse qu'il mettait sur le compte des doutes qui la taraudaient. Mais il l'avait aussi, et surtout, connue talentueuse et passionnée lorsqu'elle évoluait dans son élément et s'y laissait suffisamment absorber pour laisser sa retenue de côté. C'était dans ces moments-là qu'il la préférait, et ce malgré qu'il adorait l'attendrissante maladresse dont elle avait appris à jouer et qu'il lui arrivait régulièrement même de surjouer pour garder le dessus dans des situations qui risquaient de tourner en sa défaveur. Il n'aurait pour rien au monde voulu la voir changer, et s'était attaché à ses faiblesses qui ne la rendaient que plus humaine – mais cela n'empêchait pas son cœur de s'emplir de joie à chaque fois qu'il la voyait libérée de ses réserves et de ses scrupules, alors gagnée d'une aisance et d'une confiance qui la faisait briller davantage à ses yeux qui scintillaient à leur tour de la voir sous ce jour. La première fois qu'elle s'était présentée à lui de cette manière, c'était dans la réserve de Weatherton, cadre où elle avait naturellement l'ascendant sur lui et avait pu s'épanouir au contact de cette passion qui semblait l'animer avec un naturel déconcertant. À ce moment-là, il avait eu bien du mal à se concentrer sur les vêtements qu'elle lui exposait tant il avait été happé par le magnétisme de l'énergie qu'elle avait à revendre. Puis, à chaque fois qu'il avait pu assister à ces fragments plus extravertis de la brune timide, Eli s’était senti bouillonner d’une satisfaction presque frénétique de la voir se détendre et se défaire de ses entraves – bien qu’il n’en eût jamais rien laissé remarquer. Ces moments se faisaient rares et cela les rendait d’autant plus précieux. Ainsi, l’héritier fut pris une nouvelle fois de cette sensation de chaleur et de joie en voyant Flora s’abandonner corps et âme au plaisir de naviguer pour la première fois. Tout en restant concentré sur leur course et les nombreux paramètres inhérents au bon déroulement de cette dernière, il lançait fréquemment des coups d’œil furtifs à la brune qui se faisait intrépide face à l’énergie revigorante des vagues que fendait le voilier. Non content de s’émerveiller devant la candeur de Flora, Eli fut impressionné par le naturel avec lequel elle se fit la main dans chacune des tâches dans lesquelles il lui demanda de l’assister, gagnant rapidement de l’autonomie et prenant des initiatives au fur et à mesure qu’elle comprenait le fonctionnement des voiles. Il se demanda brièvement s’il s’agissait d’un don inné pour la navigation ou si c’était le simple fait d’avoir surmonté ses inhibitions et de renoncer à se poser mille questions plutôt que d’oser foncer qui rendait Flora aussi efficace, mais ne s’attarda pas sur ces questionnements, trop absorbé par la beauté et l’énergie de ce moment si particulier et privilégié à ses côtés. À côté des regards qu’il lui lançait lorsqu’elle avait le dos tourné, il y en eut d’autres, plus nombreux encore, où leurs yeux s’accrochèrent avec complicité tandis qu’ils opéraient avec fluidité, comme s’ils s’étaient adonnés à cette activité ensemble à de nombreuses reprises. Eli avait déjà pu remarquer l’intensité de l’alchimie qui bouillonnait entre eux – mais il n’aurait jamais pensé qu’elle s’élargirait à la navigation, et ce constat l’emplit d’une joie toute particulière : celle de partager avec une personne devenue chère à ses yeux une passion qui l’avait toujours été.

Lorsque Flora revint à sa hauteur d’une démarche presque aérienne tant elle était emplie de légèreté, il ne put s’empêcher de la rapprocher contre lui, sans arrière-pensée, mû simplement par l’effervescence que créait ce moment de passion partagée à bord de ce voilier qu’il adorait. En la relâchant, il sentit son cœur faire un bond à la vue du sourire rayonnant, plein d’insouciance qu’elle lui adressa, et qui sembla en dire long sur son ressenti à elle. Cela ne l’empêcha pas de lui poser la question, semblant vouloir s’assurer qu’elle appréciait réellement l’instant présent – comme si son visage, véritable livre ouvert, avait pu mentir à ce sujet avec l’expression béate qui y était affichée. Les paroles qu’elle prononça le touchèrent en plein cœur, et il fut heureux d’avoir posé la question afin d’avoir pu entendre ces mots. À son tour, il se fendit d’un sourire rayonnant, le bonheur nettement perceptible sur ses traits sculpturaux – un bonheur brut et sincère, dénué des artifices et du soin des apparences qui accompagnait le Walker dans chacune de ses interactions avec le monde extérieur. « Je t’avais dit, c’est la meilleure sensation du monde », répondit-il en reportant à son tour le regard sur l’étendue d’un bleu remarquable qui se poursuivait à perte de vue autour du navire. « Je suis honoré de t’accompagner dans cette redécouverte, Flora », confia-t-il avec une sincérité désarmante, le regard pétillant. Une bourrasque vint contrarier les mèches rebelles qui encadraient le visage de la jeune femme, lui obstruant le regard, et il les glissa doucement derrière son oreille, dans un contact aérien, avant de se reporter sur la navigation du voilier.

Lorsqu’ils arrivèrent à l’île de Moreton, Flora l’épata une nouvelle fois par la facilité avec laquelle elle entreprit d’amarrer le bateau sous sa supervision, et Eli ne tarit pas d’éloges, y compris lorsqu’ils s’étaient déjà éloignés de l’embarcation en direction de la plage, quelques sacs à la main. Encore sur son nuage d’euphorie grisante depuis la traversée qu’ils venaient d’accomplir, Eli ne remarqua pas tout de suite le changement subtil mais nettement perceptible dans l’humeur de Flora, qui se faisait considérablement plus réservée bien qu’elle ne manquât pas de participer aux bavardages qui rythmèrent leur marche jusqu’à la plage de sable fin vers laquelle Eli les emmenait. Ce ne fut que lorsqu’elle l’interrogea, d’un ton doux mais teinté d’appréhension, qu’il prit conscience que ses pensées avaient certainement dû vagabonder dans un monticule d’appréhensions durant les dernières minutes. Il reporta un regard un poil surpris sur la petite brune à ses côtés et si, dans d’autres circonstances, la formulation de la question de Flora aurait certainement appelé à l’une ou l’autre plaisanterie dotée d’une pointe d’ironie, l’héritier ne songea pas un instant à recourir à la moindre forme d’humour, soucieux de la rassurer du mieux qu’il pût. « Bien sûr, Flora. Ne t’en fais pas. Tout va bien se passer », lui assura-t-il avec un sourire empli de douceur, avant de vigoureusement secouer la tête lorsqu’elle poursuivit, manifestement inquiète du déroulement de la fameuse leçon qui l’attendait. « On arrête quand tu veux. Le but est de passer un bon moment. Et si tu préfères qu’on se pose plutôt sur le sable et qu’on laisse tremper nos pieds, c’est parfait aussi, d’accord ? », précisa-t-il, le regard sérieux et le ton prévenant.

Ils posèrent leurs affaires sur l’étendue de sable blanc, s’installèrent quelques temps sur deux des nombreuses serviettes à leur disposition, puis vint le moment fatidique, celui pour lequel toute l’expédition du jour avait été organisée. « Prête ? », entama énergiquement Eli en se relevant, avant de passer son t-shirt au-dessus de sa tête et de se débarrasser de son pantalon de lin blanc, révélant un short de bain qui, cette fois-ci, était parfaitement uni, mais dont la simplicité était incontestablement contrebalancée par sa teinte jaune citron. « N’oublie pas de mettre de la crème solaire », lui rappela-t-il avant de montrer l’exemple, appliquant la protection sur toutes les parties atteignables de son corps. Il tendit ensuite le flacon à Flora, et reprit place sur la serviette à côté de la sienne. « Je peux abuser de ta gentillesse et te demander de m’en mettre dans le dos ? », s’enquit-il avec un sourire désolé en se détournant d’elle. « Je suis tellement musclé, j’arrive pas à atteindre le milieu », ironisa-t-il, la voix rieuse, bien qu’il s’agît de la stricte vérité.

Lorsqu’ils furent fin prêts – du moins, physiquement – pour se jeter à l’eau, Eli s’avança vers les vagues qui déferlaient paresseusement sur la plage. Lorsqu’il fut immergé jusqu’à la taille, il se retourna et vit Flora, hésitante, quelques mètres derrière lui, l’eau ne dépassant pas le bas de ses mollets. Il lui sourit et rebroussa chemin, lui tendant la main pour l’inviter à le rejoindre. « Allez, viens. On n’ira pas plus profond que les cuisses, pour commencer. Et j’ai des bouées », lui assura-t-il en agitant son bras libre, auquel pendaient un gilet et une bouée de sauvetage. Lorsque Flora lui fit face à la profondeur désirée, il entreprit de lui montrer comment effectuer des mouvements de brasse, détaillant la technique étape par étape avant de lui proposer de les appliquer à l’horizontale. Il se rapprocha solennellement d’elle et passa le gilet autour de ses épaules, tirant sur les sangles avant de les fermer minutieusement. « De toute façon, si tu ne le sens pas, tu n'as qu’à poser le pied à tout moment, d’accord ? », lui murmura-t-il, avant de se reculer et de lui tendre à nouveau les mains tout en s’accroupissant pour que ses bras, tendus devant lui, se trouvent au niveau de la surface de l’eau. « Prends mes mains, commence par battre un peu des jambes, puis quand tu veux, tu fais les mouvements de brasse. Moi, je recule à ton rythme. Tu es prête ? »

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Flora, elle n'est qu'à moitié surprise de se déplacer avant autant d'aise d'un bout à l'autre du navire - et ce en toute humilité. La brune, elle a conscience de ses forces et de ses faiblesses, de ce qu'elle sait faire et de ce qu'elle exécute moins bien. La diplomatie, l'éloquence et le charisme, le rapport aux autres et la conviction ne sont pas ses domaines de prédilection - en revanche, elle sait se servir de ses mains, n'a pas besoin qu'on lui montre les choses des dizaines de fois pour les assimiler, et il ne lui faut ainsi que quelques minutes pour comprendre le fonctionnement du voilier sous les explications particulièrement claires de son capitaine. Raison pour laquelle elle opère avec le sourire, les mouvements vifs et précis, et prend un plaisir tout à fait sincère à se rendre utile et contribuer à la navigation. Flora, elle aime également apprendre et se sentir considérer, et Elijah est particulièrement doué pour réunir ces deux éléments en un seul - peut-être pourrait-il être professeur plutôt qu'architecte, et elle est certaine qu'il captiverait des audiences entières à la seule force de sa passion et de ses mots. Il l'aimante à ses propos, usant d'une drôle de gravité, et en plus de ne pas y être insensible elle est également certaine que d'autres ne le seraient pas non plus. et peut-être, peut-être suite à cette dernière précision, qu'elle est heureuse qu'il ne captive pas des amphithéâtres tous entiers en la faisant ainsi se sentir ordinaire - ou le fait-il. Elle le rejoint près de la barre et savoure inconsciemment la facilité de leur relation, celle au travers de laquelle tout se joue avec un naturel déconcertant, et son sourire reflète le sien alors qu'elle dodeline brièvement à ses côtés. « Je t’avais dit, c’est la meilleure sensation du monde » Il ne lui a pas menti. et à la façon dont il rayonne, elle comprend à quel point tout ceci lui tient à coeur. Elijah abaisse progressivement son masque à ses côtés, jamais trop longtemps pour qu'elle en oublie l'existence, mais semble présentement l'avoir lui-même délaisser alors qu'il s'affiche sans artifice aucun et de la plus séduisante des façons - il l'est, séduisant. La légèreté lui va bien, mieux encore que ces costumes à quatre épingles - et c'est pour dire, car ces costumes et notamment celui qu'il lui a confectionné lui vont très très bien. « Je suis honoré de t’accompagner dans cette redécouverte, Flora » Elle aussi en est ravie, et encore davantage qu'il en soit celui-ci à l'initiative. Le moment n'appartient qu'à eux, loin des inquiétudes et désagréables découvertes laissées à Brisbane, et elle se rend compte au fil de la traversée que cette coupure avec son quotidien lui fait le plus grand bien. Il faut dire que la Constantine ne lève jamais le pied, ou presque, considérant sa grasse matinée mensuelle comme un pêché et la savourant désabusement. Mais aujourd'hui, et maintenant qu'ils profitent sans scrupule de l'instant, Flora se sent légitime de profiter d'une après-midi en dehors du temps. Temps auquel Elijah la ramène alors qu'elle a fermé les yeux sous une bourrasque, ses doigts délicats ramenant la mèche qui lui barre le visage à sa place initiale, la coinçant derrière son oreille. Immobile, battant mollement des paupières, son regard vient à trouver le sien à la fin de l'interaction et elle sourit avec toute la simplicité du monde. et, seulement maintenant alors que le brun la surplombe légèrement avec l'océan en arrière plan, Flora remarque que les nuances de son regard se fondent avec celles auxquelles il tourne le dos. « Ils sont de la même couleur que l'eau. » tes yeux, remarque-t-elle à voix haute, loin de vraiment mesure l'ampleur de ses mots tout en se reportant distraitement autour d'eux par la suite en oubliant l'instant suivant lui avoir fait cette remarque à voix haute.

Mais, et ce d'une manière tout à fait inconsciente, son visage perd de son éclat et son sourire disparaît alors qu'ils accostent. Alors que la vraie raison derrière leur virée en mer les rattrape, et qu'elle réalise être sur le point d'aller se baigner d'une minute à l'autre. D'aller nager dans l'océan, sans savoir comment faire, en compagnie d'un homme qu'elle admire et dont le jugement lui ferait bien plus de peine qu'elle ne le lui avouerait jamais. Ses pas se font lents sur la plage, ses pensées s'entrechoquent, et il ne lui en faut pas bien plus pour formuler ses inquiétudes et chercher un peu de courage auprès de l'héritier. « Bien sûr, Flora. Ne t’en fais pas. Tout va bien se passer » Ses yeux ne trouvent pas les siens même si elle acquiesce de la tête, se pinçant brièvement les lèvres. Elle lui est reconnaissante de la prendre au sérieux et de ne pas la taquiner, trop sérieuse dans ses allusions pour recevoir comme réponse celle d'une moquerie malicieuse - même si cette dernière n'aurait rien eu d'intentionnellement mauvais. « On arrête quand tu veux. Le but est de passer un bon moment. Et si tu préfères qu’on se pose plutôt sur le sable et qu’on laisse tremper nos pieds, c’est parfait aussi, d’accord ? » Elle trouve le courage de réaffronter son regard et inspire posément, apaisée par sa bienveillance si particulière et sa réassurance. Tout ira bien. Un léger sourire pour le remercier de sa patience, elle rebaisse les yeux l'instant suivant et se reporte sur l'immensité indigo à perte de vue. La plage est magnifique, l'eau est calme, ils sont seuls et finalement toutes les conditions sont réunies pour qu'ils passent un bon moment. « Merci Eli. » chuchote-t-elle en se remettant en mouvement, allant s'installer à ses côtés et sous ses conseils sur l'une des nombreuses serviettes à leur disposition.

Ils se prélassent - du moins, elle essaie, et Flora sent son coeur louper un battement lorsqu'Elijah l'interroge quant à son état. Est-elle prête ? Non. Ses yeux trouvent timidement les siens, et elle secoue la tête par la négative même si son sourire contrebalance sa réticence - elle n'est pas prête, mais ne le sera jamais. Plus à l'aise et enjoué qu'elle, Elijah se lève pour se débarrasser de ses vêtements, et elle assiste à la scène sous le silence brusque de ses pensées. Debout devant elle, l'australienne toujours assise sur sa serviette, le grand brun se débarrasse de son ensemble en lin et la distraction est assez plaisante pour la faire détendre ses épaules. Il révèle, l'air le plus nonchalant au monde, son corps à sa vue et elle l'admire de longues secondes jusqu'à rencontrer la teinte jaune de son short de bain. Son sourire s'amuse et elle redresse le regard pour retrouver le sien, haussant un sourcil un peu taquin. « Quelque chose à voir avec les maillots criards, mh ? » l'interroge-t-elle dans un rire un peu crispé - non pas à cause de la teinte poussin mais en conséquence à tout le reste. Elle se lève ensuite à son tour, plus doucement, et se débarrasse de sa robe brune qu'elle abandonne sur sa serviette. Son maillot deux pièces se révèle dans une teinte plus prudente, en image à son état d'esprit, et elle se saisit ensuite du tube de crème solaire tandis que celui qui va s'improviser maître nageur d'ici quelques minutes lui montre l'exemple à suivre en se badigeonnant. Flora tartine ses bras, son ventre puis ses jambes, et redresse ensuite un regard vers celui qui lui offre son dos en accompagnant le geste d'une précision. « Je peux abuser de ta gentillesse et te demander de m’en mettre dans le dos ? » Elle se redresse en hochant la tête - même s'il ne peut pas le voir, et se saisit du tube avant d'en mettre une noisette généreuse dans le creux de sa main. et, alors qu'elle s'apprête à s'exécuter, la brune s'efforce d'ignorer les affolements intempestifs de son coeur. « Je suis tellement musclé, j’arrive pas à atteindre le milieu » Mais le responsable de leur frénésie s'en amuse un peu davantage, et elle se félicite d'être à l'abri de son regard en sentant ses joues se contracter bêtement sous son sourire, prenant sans aucun doute quelques teintes dans la manœuvre. « Naturellement. » ajoute-t-elle d'une voix rieuse, frottant ses mains entre elles pour répartir proportionnellement la crème, puis les posant après une hésitation sur le dos du brun. et si Flora a déjà effleuré sa peau ou s'est déjà agrippée à ce même dos tandis qu'Eli les ramenait en sécurité sur le yacht, elle n'a pas moins la sensation de découvrir les courbes de ses muscles pour la première fois. Sa peau est chaude sous la fraîcheur de la crème - mais surtout douce, étonnement douce. « Pauvre de toi. » murmure-t-elle alors qu'elle commence à appliquer la protection solaire, ses doigts passant sur ses épaules puis glissant vers l'intérieur près de sa colonne vertébrale, suivant des lignes invisibles alors qu'elle s'applique à faire absorber la crème. et peut-être est-ce parce qu'elle cherche à repousser le moment où ils se mettront à l'eau, mais Flora est particulièrement minutieuse en suivant du regard certaines marques sur sa peau, laissant ses doigts découvrir de petites imperfections de ça et là, tombant progressivement dans le bas de son dos. Son corps est large et bien fait, brut et authentique, et pourtant Flora est quasiment certaine de ne jamais avoir considéré une anatomie comme elle considère la sienne - il a ce quelque chose de réconfortant et d'apaisant en travers des lignes indélicates qui le composent. « Voilà. » souffle-t-elle en terminant, échappant à son contact, attendant qu'il se retourne vers elle pour lui sourire. « À ton tour - moi aussi, je suis tellement musclée, je suis sûre que tu comprends. » demande-t-elle d'un air coupable, la voix surprenamment stable, la sensation de sa peau encore sous ses doigts, lui tournant le dos à son tour - sans savoir pourquoi diable voudrait-elle se mettre volontairement dans cette situation.

La suite de leurs aventures est toutefois moins réjouissante - beaucoup moins. De l'eau jusqu'aux cheville, Flora s'arrête, suivant du regard l'avancée du nageur invétéré qui remarque son absence à ses côtés et l'encourage d'un sourire. « Allez, viens. On n’ira pas plus profond que les cuisses, pour commencer. Et j’ai des bouées » et, immobile de la sorte face à un Elijah qui secoue un gilet de sauvetage et une bouée, Flora se sent profondément seule une seconde durant. La scène, si elle ne connaissait pas un minimum l'héritier, lui donnerait envie de disparaître sans l'ombre d'un doute - et celui-ci la guette. Elle baisse les yeux sur l'eau qui lèche mollement sa peau et se mord l'intérieur de la joue avant de se faire violence pour ne pas s'ancrer là, ignorant quel cas de figure est le plus humiliant - se noyer ou diminuer progressivement de taille en prenant racine dans le sable. Alors elle s'avance, fermant les yeux, sentant l'eau monter peu à peu contre ses jambes. « De toute façon, si tu ne le sens pas, tu n'as qu’à poser le pied à tout moment, d’accord ? » Il ajuste le gilet autour d'elle et elle rouvre les yeux, n'exagérant en rien la terreur qui s'y reflète. « J'admire ta bienveillance - mais je tremble de honte en plus de peur si je suis honnête avec toi. » avoue-t-elle dans un sourire pudique, ses yeux parcourant les siens pour ne pas se reporter sur son propre corps dont la vue au milieu des eaux risquerait de lui faire un drôle d'effet. Il recule d'un pas, se place de sorte à être un minimum immergé, et elle le regarde s'exécuter en se maudissant d'avoir accepter d'être ici. De lui avoir fait croire pouvoir être capable de faire ça, devant lui, et de se montrer ainsi. « Prends mes mains, commence par battre un peu des jambes, puis quand tu veux, tu fais les mouvements de brasse. Moi, je recule à ton rythme. Tu es prête ? » Sa respiration est différente que d'ordinaire, et la brune tend des mains tremblantes pour les poser dans celles du brun. Il est patient, explique posément les choses, et heureusement - sinon elle aurait fait demi tour et se serait précipitée à bord du voilier avant de partir avec. Ses doigts serrent vigoureusement les siens, et elle tâche de mettre en pratique ce que lui a expliqué le brun, son coeur battant à ses tempes alors qu'elle se baisse un peu de sorte à habituer les parties de son corps au contact de l'eau. « Ne me lâche pas. S'il te plaît. » implore-t-elle en s'essayant peu à peu à la dynamique, s'avançant mollement, prenant peu à peu ses aises en tâtonnant. et plus ils s'avancent, plus Flora devient trop honteuse de demander à reculer. Alors elle se fait violence, encore, s'essaye maladroitement à l'exercice, fermant les yeux à plusieurs reprises pour ne pas se laisser dépasser par ses émotions.
   

Swim Party

Installé sur le sable fin de la plage, Eli se sentit gagné par un sentiment d’aise qui rivalisait avec celui, toutefois bien plus grisant, qu’il avait éprouvé sur le bateau quelques minutes auparavant. Il n’en fallait pas plus pour que le Walker soit conquis, et il fut gagné par l’intime conviction que rien ne pourrait gâcher cette journée particulière. Ses doutes quant à la possible étrangeté au contact de Flora paraissaient désormais bien lointains, et, alors qu’il posait un regard souriant sur la jeune femme, il s’émerveilla à nouveau de l’effet qu’elle exerçait sur lui – il y avait une partie de cet effet qu’il réprimait avec toutes les capacités de déni dont il était doté, mais cela ne l’empêchait de reconnaître qu’avec elle, il se sentait aussi tranquille que stimulé, et que tout lui paraissait extraordinairement simple et naturel. De fait, la simplicité était plus facilement de mise lorsqu’on réprimait aussi efficacement tous les questionnements inconfortables que son subconscient s’amusait à faire remonter concernant la Constantine, mais même dans les rares moments où Eli s’était, jamais plus longtemps que quelques minutes, laissé assaillir par ces interrogations qui le laissaient perplexe, interagir avec Flora restait presque aussi simple que de respirer. Parfois, avec cette ingénuité déconcertante, elle le prenait de court et faisait s’emballer son cœur plus que de raison, fût-ce au moyen d’un sourire ou d’une remarque bien placée. Il avait alors l’impression de perdre ses moyens, puis parvenait systématiquement à se raccrocher à l’évidence de leur conversation, et le soupçon d’embarras ne tardait pas à se muer en complicité. Pas plus tard que sur le voilier, Flora lui avait ainsi servi l’un de ces moments déstabilisants en complimentant ses yeux avec une telle spontanéité qu’Eli avait mis quelques secondes à comprendre de quoi elle voulait parler. Le temps que l’information ne monte à son cerveau, il était resté pantois, avant de se fendre d’un sourire flatté. Elle avait été à deux doigts de lui faire monter le rose aux joues, un exploit dont peu pouvaient se targuer mais qu’elle était déjà parvenue à accomplir une première fois lors de sa soirée d’anniversaire. Adorablement déstabilisé, l’héritier lui avait soufflé de simples remerciements, le visage rayonnant, bien que son expression eût pu être mise sur le compte du cadre idyllique qui s’étendait à perte de vue autour d’eux.

Cela n’avait rien d’anodin, cette capacité qu’elle avait de l’ébranler sans même que cela ne semblât volontaire. Réputé maître de lui-même en toute circonstance, Eli n’avait pas l’habitude de laisser l’autre prendre le dessus dans ses interactions. Il tenait à son apparence imperturbable, ses sourires spontanés mais soigneusement maîtrisés, le ton égal avec lequel il s’exprimait, sans jamais devoir le hausser ni craindre qu’il se fît tremblant. Eli aimait le contrôle, en avait besoin pour se sentir à l’aise et devenait rapidement angoissé lorsque la situation lui échappait, en dépit des apparences qu’il maintenait à tout prix. Il détestait sentir l’ascendant filer entre ses doigts, n’avait pas de place pour l’imprévu dans son fonctionnement. Et pourtant… Si tous les signaux d’alerte s’étaient bel et bien allumés en toile de fond dans son esprit perplexe lorsque Flora était parvenue à ébranler ce précieux équilibre, il les avait complaisamment ignorés tant l’inattendu devenait savoureux à ses côtés. L’adrénaline qu’elle était capable de faire fuser en lui d’un simple sourire ou d’un geste anodin avait quelque chose de grisant, et s’il se sentait perdu, il ne s’en sentait pas moins étrangement à l’aise. Lorsqu’elle apposa contre son dos ses mains couvertes de crème solaire, il crut sentir l’air quitter brusquement ses poumons et ferma un instant les yeux. Il dut se concentrer sur sa respiration, mais cela ne le dérangea nullement, ni ne l’empêcha de sentir dans chacune de ses terminaisons nerveuses le contact enivrant des doigts de Flora contre sa peau chauffée par le soleil. À nouveau, les gestes étaient anodins et dépourvus de la moindre connotation susceptible de justifier son émoi – pourtant, l’émoi était bien là, lui tordant les entrailles de la plus délicieuse des manières, une douce torture qui le fit légèrement frissonner et recouvrit sa peau de chair de poule malgré la température ambiante. Ses mouvements, semblables à des caresses, semblèrent durer une éternité, pourtant, lorsqu’elle lui souffla avoir fini, le moment lui sembla avoir été bien trop court. Eli s’arracha à l’état de transe dans lequel il semblait momentanément avoir été plongé, et fit face à la petite brune, un sourire aux lèvres qui ne laissa rien deviner de la cacophonie qu’elle venait de susciter en lui. « Merci, tu es la meilleure », souffla-t-il, avant d’éclater de rire lorsqu’elle fit mine, à son tour, de se plaindre de sa musculature, peinant à contenir les gloussements qui secouèrent son corps massif. Il la laissa se retourner et renchérit, la voix toujours rieuse derrière le ton sérieux qu’il tentait de prendre : « Je voudrais surtout pas être ton adversaire au bras de fer – tu me détruirais. » Il prit le flacon des mains de Flora et dégagea doucement sa nuque des mèches qui s’étaient échappées de sa queue de cheval et qu’il voulait éviter de rendre graisseuses. « Attention, c’est froid », prévint-il malicieusement avant de vaporiser le spray directement sur différentes parties de son dos, étouffant un nouveau rire lorsqu’il la vit sursauter sous l’effet de la surprise et de la sensation du liquide frais contre sa peau. Il s’affaira ensuite, prudemment, à étaler la crème sur ses épaules. Mentalement, il se fit la réflexion que sa main semblait presque recouvrir un quart de la surface du dos de Flora, dont la carrure parut ridiculement menue – elle devait faire la moitié de sa largeur à lui. Elle avait une peau de bébé, impossiblement lisse, recouverte de quelques taches de rousseur éparses qui ne furent pas sans lui rappeler celles, adorables, qui constellaient son visage. À nouveau, bien que le contact fût dénué de la moindre connotation, Eli fut étrangement perturbé, et si elle était bien loin d’être la première femme sur laquelle il posait les mains, il ne s’en fit pas moins prudent dans la façon dont il la toucha, d’abord à peine plus fort qu’un effleurement, comme s’il avait peur de s’électrocuter. Il y avait quelque chose de bizarrement intime dans ce moment qui se déroula dans un silence inhabituel pour les deux comparses à la langue bien pendue. Doucement, la pulpe calleuse de ses doigts frotta la peau satinée de Flora pour y faire pénétrer la crème à l’aide de petits mouvements circulaires qui, après avoir parcouru l’étendue de ses épaules, descendirent progressivement le long de son dos. Eli déglutit faiblement lorsque, pendant une fraction de seconde, ses doigts passèrent sous l’élastique tendu dans le dos de Flora qui maintenait son haut de maillot en place, de la plus catholique des manières mais qui n’en manqua pas moins de lui assécher la bouche et la gorge. Sans un mot, il poursuivit minutieusement son travail, qui dura probablement bien plus longtemps que ce qu’il n’aurait dû, à moins que ce ne fussent les secondes qui se faisaient interminables. Finalement, les mouvements circulaires de ses pouces atteignirent les fossettes dans le bas de son dos, dont le diamètre semblait assorti à la perfection à ses doigts. Du plat des paumes, il acheva d’étaler la crème solaire vers l’extérieur de ses hanches, et l’espace d’une fraction de seconde, la pulpe de ses doigts vint se loger sur ces dernières en quête d’appui, avant qu’il ne la relâche définitivement. « Voilà, mademoiselle Constantine », murmura-t-il, les lèvres proches de son oreille, avant de reculer d’un pas et de lui adresser un sourire adorable lorsque leurs regards se retrouvèrent.

La tension teintée de légèreté entre Eli et Flora céda à une atmosphère autrement intense lorsqu’il l’eut emmenée dans l’eau. En la voyant hésiter à le rejoindre, puis se résoudre à avancer prudemment, les yeux fermés, Eli réduisit la distance entre eux, s’emparant prudemment de sa main pour l’accompagner dans sa progression tout en veillant à ne pas la tirer, avant de les faire s’arrêter lorsqu’il jugea la profondeur satisfaisante. S’attelant à l’équiper d’un gilet dont la couleur criarde n’avait rien à envier à celle de son maillot, il ne remarqua pas tout de suite qu’elle avait rouvert les yeux, et lorsque ses prunelles retrouvèrent les siennes, il lui adressa un clin d’œil rassurant. « Tu n’as pas à avoir honte, au contraire, il faut du cran pour me suivre jusqu’ici. Et je te promets qu’il ne va rien t’arriver. Tu as pied, tu as un gilet, et tu m’as moi », lui murmura-t-il, résistant à l’envie de poser ses lèvres contre son front comme il l’avait fait la première fois qu’il l’avait réconfortée, dans des circonstances toutes autres. Le regard doux, il serra ses mains lorsqu’elle attrapa les siennes avec force et en tremblant, avant de l’entraîner prudemment avec lui, lui murmurant des encouragements à voix basse. Un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres en réponse à la supplique anxieuse de Flora, et il ne la quitta pas du regard. « Jamais, promis », assura-t-il, effectuant paresseusement les mêmes mouvements des jambes qu’elle, à reculons. « C’est parfait Flora, continue comme ça. Très bien, voilà », l’encouragea-t-il, ravi de voir que finalement, elle était une élève brillante dans tous les domaines qui ne touchaient pas à la cuisine. « Si tu refermes tes jambes plus fort, tu te propulseras plus rapidement », lui suggéra-t-il sans s’attendre à l’efficacité avec laquelle elle obtempérerait, se propulsant ainsi à une vitesse surprenante qui réduisit la distance entre eux, Eli n’ayant pas eu le temps d’accélérer en miroir. Ses yeux s’agrandirent légèrement sous la surprise de l’avoir si près de lui, à quelques centimètres de son visage. « Une vraie flèche », murmura-t-il avec un sourire en coin, avant de se reculer à son tour. Ils poursuivirent ainsi leur parcours le long de la côte pendant quelques minutes, jusqu’à ce qu’Eli les fasse s’arrêter en douceur. « Génial, Flora. Avant de passer aux bras, j’aimerais te montrer quelque chose. Laisse-toi faire, d’accord ? » Prudemment, il la guida afin de la faire se retourner et lui tourner le dos, puis la fit s’allonger, lui-même logé dans son dos, ses bras logés sous les siens. « Tends les jambes, laisse-toi flotter – exactement comme ça, voilà », murmura-t-il. « Laisse ta tête aller vers l’arrière, ferme les yeux », poursuivit-il, attendant qu’elle s’allonge complètement sur le dos. « Voilà, ouvre-les quand tu veux. Comment tu te sens, là ? C’est pas génial, de se faire bercer comme ça ? », s’enquit-il avec une pointe d’excitation curieuse dans la voix.

rainmaker

swim party

Au premier abord, Flora n'est pas l'une de celles qui attire la curiosité. La brune, elle est très souvent reléguée au second plan, et si elle ne s'en plaint pas cela n'en demeure pas moins un fait - on fait connaissance avec ses proches avant de vouloir apprendre à la connaître elle. Ses interactions sociales se basent toutes sur cette dynamique, à quelques exceptions notables, et Elijah est l'une d'elles. Ils n'ont pas été introduits l'un à l'autre, n'ont pas communiqué par dépit, et le brun l'a abordé de son propre chef pour réclamer son aide - chose tout à fait inhabituelle, alors qu'une autre vendeuse se serait sûrement faite une joie de le conseiller. et tous leurs échanges qui avaient suivi l'avaient été, inhabituels - faciles, spontanés, rieurs et agréables. et elle avait aimé chacun d'entre eux. Elijah, il paraissait anormalement accessible pour quelqu'un de son rang, même si elle n'aurait jamais parié sur cela en l'observant de loin. Mais son sourire était honnête, son regard bienveillant, et il conservait en permanence une prudence tout à fait particulière dans ses moindres gestes. De sa façon de la féliciter en enserrant ses épaules à celle dont sa voix se faisait tendre pour flatter ses progrès, l'héritier parvenait à la faire sourire comme peu y parvenaient, comme certains avaient dû en obtenir le privilège après l'avoir connu toute sa vie - et il n'avait fallu que quelques mois au Walker pour qu'elle le lui offre sans réfléchir. Ses mains exercent une pression régulière sur sa peau et elle laisse quelques unes de ses idées vagabonder, même si ses pensées demeurent étonnement silencieuses, comme en pause face à la scène qui se joue de la plus ordinaire des façons. Elle s'imprègne de la chaleur qui se dégage de sa peau, de l'odeur ténue de son parfum qui s'évapore dans l'air, et surtout du contact de sa chair sous la sienne. De la vision de ses mains fines sur son dos imposant, de la façon dont elles paraissent ridicules, et dont tout cela la fait sourire. Flora, elle a tendance à mal imaginer leurs contacts, s'attendant à une certaine sensation en le détaillant puis en découvrant une toute autre en s'y confrontant. et elle adore ça, la brune. Avoir tord à son sujet, rebondir de surprise en surprise, sourire bêtement en comprenant à quel point elle pense le connaître mais se trompe. Chaque surprise est meilleure que la précédente, si ce n'est celle de leur dernière conversation sur le yacht dont elle préfère occulter le souvenir, et elle se plaît à apprécier les facettes qu'il lui permet de découvrir. Elle se plaît, vraiment, à apprendre à le connaître. « Merci, tu es la meilleure » Ses caresses s'estompent dans son dos et elle laisse remonter son index le long de sa colonne, provoquant une série de frissons sur la peau hâlée qu'il effleure, avant de retrouver ses yeux et de le laisser réinstaurer une maigre distance au moment où elle lui demande d'en faire de même avec elle. « Je voudrais surtout pas être ton adversaire au bras de fer – tu me détruirais. (...) Attention, c'est froid » Il fait se relâcher ses épaules à cette précision, et elle rit doucement avant que le son ne se meurt dans sa gorge - uniquement pour repartir de plus belle, sous l'effet de surprise, lorsque le spray s'écrase sur sa peau. Elle sursaute mais n'échappe pas au contact, et se contente de rire avec légèreté en imaginant l'air qui doit avoir pris place sur son visage face à sa réaction. « Traître. » murmure-t-elle avant de se taire au contact de ses mains sur son dos - ou peut-être n'a-t-il besoin que d'une seule. Son amusement se volatilise, son coeur reprend une course contre la montre, et elle ferme les yeux au moment où sa mâchoire se contracte légèrement. Elle avait su, au moment où elle lui avait demandé de lui rendre la pareille, que Flora faisait une erreur - mais à nouveau, elle l'avait sous-estimée. Son souffle se fait plus lent, contrastant étrangement avec les battements de son coeur, et l'obscurité la fait se focaliser sur les moindres pressions effectuées par les doigts du brun. Il ne faut que quelques minutes, peut-être une poignée de secondes, à Eli pour étaler la crème dans son dos - pourtant, elle a l'impression que le moment s'éternise, que ses jambes tremblent un instant et qu'elle pourrait s'écrouler si le grand brun ne la soutenait pas du plat de ses mains. Eli lui donne l'impression d'être terriblement fragile à la façon dont ses mouvements sont fermes et pourtant si délicats, et la sensation ne fait que s'amplifier alors qu'il contourne prudemment la lanière de son maillot. et lorsqu'il termine d'étaler la protection sur l'intégralité de son dos, Flora se sent tressaillir à la chaleur de son souffle contre son oreille. « Voilà, mademoiselle Constantine » Elle sursaute légèrement à nouveau, rouvrant les yeux pour tourner son visage vers le sien, muette en posant chastement son regard sur ses traits - sur les courbes de son nez, celle de l'adorable fossette sous ce dernier et au-dessus de ses lèvres, puis sur ses lippes en elles-mêmes. Celles pleines, légèrement rosées, dont les courbes sont aussi délicates que toutes celles qui forment l'homme qu'il est. « Merci Eli. » murmure-t-elle avant de retrouver ses yeux une seconde seulement, se reportant devant elle par la suite pour réapprendre à respirer, troublée par la façon dont il s'adresse à elle et la traite comme si elle était précieuse.

Elle aime l'océan. Il la fascine, personne n'en connaît les secrets les mieux gardés, et elle se plaît terriblement à l'admirer sans vouloir en savoir davantage. Elle aime le mystère, apprendre au hasard d'un journal une information qu'elle ignore à son sujet, et Flora a l'impression de l'avoir découvert d'une nouvelle façon en naviguant à bord du voilier. Mais de le découvrir de celle-ci la terrifie, et elle ne cherche pas à prétendre le contraire en s'avançant d'une allure tremblante dans l'eau. Ses mains trouvent refuge dans celles rassurantes du brun, et elle acquiesce vivement aux paroles qu'il lui adresse.« Tu n’as pas à avoir honte, au contraire, il faut du cran pour me suivre jusqu’ici. Et je te promets qu’il ne va rien t’arriver. Tu as pied, tu as un gilet, et tu m’as moi » Elle l'a lui. et c'est probablement ce à quoi elle se raccroche, Flora admettant ainsi inconsciemment avoir davantage confiance en lui qu'en la physique et le gilet qui pend sur ses épaules. Elijah l'attire prudemment à lui et ils grapillent quelques centimètres supplémentaires, ses encouragements l'aidant à ne pas avoir l'impression de pouvoir se faire engloutir à tout moment. « Jamais, promis » Ses yeux croisent les siens et si elle est incapable de sourire, ses yeux le font à sa place. Progressivement, elle répète les mouvements qu'il l'encourage à exécuter, prenant un appui de plus en plus confortable dans ses mains pour mieux utiliser ses jambes. « C’est parfait Flora, continue comme ça. Très bien, voilà » Elle y arrive. Maladroitement, gauchement, mais les mouvements qu'elle reproduit lui permettent de rester à la surface sans que ses pieds n'aient besoin de la propulser vers le haut. Son sourire s'étire une brève seconde avant que sa bouche ne se referme par précaution, et ses yeux se plantent dans ceux bleus qui la regardent. « C'est vrai, c'est vraiment ça ? » demande-t-elle avec une pointe d'enjouement, jamais trop prononcée pour préserver le sérieux qu'elle s'applique à mettre en œuvre. « Si tu refermes tes jambes plus fort, tu te propulseras plus rapidement » Ses sourcils se froncent un peu, et elle s'essaie la seconde suivante - avec un peu trop d'agilité. En une seconde, elle se retrouve à quelques centimètres du visage du brun, leurs bras s'étant pliés d'eux-mêmes pour permettre la souplesse du rapprochement. Ses yeux s'arrondissent en reflet aux siens, et si elle n'était pas aussi tendue sûrement aurait-elle pris quelques couleurs - une chance donc. « Une vraie flèche » - « Une question de dosage, c'est ça ? » interroge-t-elle avant de le laisser reprendre une distance plus raisonnable. Le duo reprend ensuite ses exercices, et finalement Flora gagne plus facilement en aise qu'elle ne l'aurait cru - tout se passe étonnement bien, et elle prend confiance au fil des minutes. « Génial, Flora. Avant de passer aux bras, j’aimerais te montrer quelque chose. Laisse-toi faire, d’accord ? » Elle le regarde et, machinalement, ses pieds viennent retrouver le sable qui remue sous ses pieds au contact. Elle acquiesce, reprenant un souffle qu'elle a retenu plusieurs secondes sans trop savoir pourquoi, et relâche ses épaules dans un sourire. Elijah évolue alors autour d'elle, l'invitant à lui tourner le dos, ce qu'elle fait sous ses indications - elle a l'impression de flotter, d'être étonnement légère, et elle sourit bêtement sous les sensations tout à fait étrangères. « Qu'est-ce que tu- » Elle gémit brièvement de surprise au moment où ses pieds quittent à nouveau le sable, la main d'Elijah soutenant son gilet, comprenant avec un délai qu'il cherche à l'allonger. « Tends les jambes, laisse-toi flotter – exactement comme ça, voilà » Elle s'exécute assez naturellement, sa tête cherchant à garder en vue les mouvements de ses jambes qui remontent à la surface. « Laisse ta tête aller vers l’arrière, ferme les yeux » Elle n'a pas envie de refermer les yeux, pas dans cette position. Mais elle déglutit et s'exécute, se forçant à ne pas trop réfléchir, se plongeant dans le noir en basculant sa tête dans l'eau - ses cheveux s'y plongent, ses oreilles passent sous la surface, et elle est secouée d'un vif frisson. « Voilà, ouvre-les quand tu veux. Comment tu te sens, là ? C’est pas génial, de se faire bercer comme ça ? » Elle continue de l'entendre mais d'une façon différente, son propre coeur résonnant à ses oreilles, et un léger sourire se dessine sur ses traits. Son corps se détend progressivement et elle garde encore les yeux clos un moment, avant de les rouvrir. Un peu aveuglée par la lumière, elle bat des paupières et trouve le visage du brun penché au dessus du sien, se mettant à rire doucement avant d'étendre les bras autour d'elle et de les bouger délicatement. « C'est- c'est super agréable. » murmure-t-elle, tournant légèrement la tête vers ses mains, avant de la réaligner vers le brun. Elle ignore ce à quoi elle peut bien ressembler ainsi mais se sent bien mieux qu'elle n'aurait jamais imaginé ne pouvoir l'être dans l'eau, et un léger rire s'échappe de sa gorge. Ses cheveux flottent derrière elle et elle n'entreprend de se redresser qu'après un moment, revenant à sa position initiale et se passant les mains dans les cheveux, renonçant finalement à sa queue de cheval pour laisser ses mèches se plaquer dans son dos. Son regard retrouve celui de l'héritier, et elle se risque même à l'éclabousser d'une petit vague innocente, trahissant son bien-être.

Ils reprennent ensuite là où ils se sont arrêtés, ajoutant les bras à la gymnastique. Elijah la soutient durant les premiers essais, l'aidant à flotter plus aisément et lui indiquant quoi faire de ses mains sans penser à ses jambes. et une fois les aises prises, Flora doit assembler les deux mécaniques, ayant dans un premier temps du mal à les coordonner - les mouvements doivent s'assembler, et sont inutiles si mal synchronisés. Ils passent plusieurs minutes sur ce plan et finalement, peu à peu, la brunette parvient à être assez calme pour se concentrer sur l'ordre à respecter. et, peu à peu, elle commence à nager pour la première fois, minutieusement concentrée en réalisant que cela fonctionne - que Elijah a raison, qu'elle en est capable, que tout va bien et qu'elle nage. et, bêtement, Flora se met à sourire - écopant ainsi d'une bonne gorgée salée, la rappelant à l'ordre alors qu'elle s'interrompt dans une grimace en plantant vivement ses pieds dans le sable tout en toussant. et, au moment où le grand brun appuie sur elle un regard inquiet, elle marque une pause avant d'éclater de rire. « Je suis une idiote. » se moque-t-elle en secouant la tête, reprenant par la suite ses petits essayages, restant toujours à une distance raisonnable pour solidifier la confiance qu'elle prend au fil de secondes. Elle marque une nouvelle pause ensuite, reprenant un peu son souffle qu'elle doit apprendre à réguler en s'apaisant, puis se tourne vers son complice. « On essaie de nager tous les deux ? » propose-t-elle assez spontanément, la malice brillant au fond de ses yeux.
   

Swim Party

Lentement mais sûrement, Eli assista au changement d’expression de Flora, dont le visage crispé vint progressivement se détendre, l’appréhension cédant la place à une concentration dénuée de l’angoisse qui avait failli la paralyser lorsqu’elle avait fait ses premiers pas dans l’eau. Il maintint fermement sa prise sur ses petites mains, l’aidant à avancer à un rythme lent mais stable tout en l’encourageant avec des mots sincères. La brune apprenait vite, et ses progrès en natation n’avaient absolument rien à envier à ceux qu’elle avait accomplis à bord du voilier, et ce sans même compter le courage dont elle devait faire preuve pour passer outre la crainte inhérente à la situation. Flora, concentrée comme il l’avait rarement vue, ne prêtait que peu d’attention à celui qui la guidait, trop focalisée sur les mouvements qu’elle s’efforçait de reproduire le plus fidèlement possible. Néanmoins, lorsque ses prunelles noisette se redressèrent vers Eli, l’ombre d’un sourire aux lèvres, elle sembla se focaliser sur son visage alors qu’elle s’enquit de son avis. « Oui, tout à fait. C’est remarquable, d’ailleurs », releva-t-il avec enthousiasme, le regard appréciateur. À l’approbation succéda la surprise lorsqu’elle se retrouva propulsée dans ses bras et que leurs regards s’accrochèrent avec une proximité désarmante. Il n’y eut plus que leurs mains entrelacées pour séparer leurs deux corps, et rien que l’air ambiant entre leurs visages espacés de quelques centimètres. Eli ne parut toutefois pas déstabilisé outre mesure, sa voix calme et amusée lorsqu’il prit la parole et brisa la tension qui menaça de s’accumuler sous l’impulsion de ce rapprochement. Flora, habituée des rougissements qui avaient tendance à l’assaillir même dans des situations bien moins perturbantes que celle-ci, ne trahit pas d’émoi non plus, optant elle aussi pour l’humour plutôt que pour la gêne et l’embarras. « Je pense qu’un dixième de la dose aurait suffi – mais ça aurait fait une moins belle démonstration de l’exercice », la taquina-t-il en reculant suffisamment pour que leurs bras fussent à nouveau tendus, permettant à Flora de reprendre sa progression. À nouveau, il fut épaté de la vitesse avec laquelle elle s’améliorait et ravi de voir apparaître des expressions enjouées sur ses traits poupons.

L’appréhension sembla faire son retour sur le visage de la brune lorsqu’il commença à manœuvrer pour la faire s’allonger sur le dos, ses gestes toujours prévenants et précautionneux. Il vit son expression passer de la confusion à la crispation et s’attendit à ce que la réticence reprenne le pas sur sa volonté de coopérer, galvanisée par la crainte de se laisser flotter sans avoir pied. Mais malgré ses réserves nettement décelables, Flora joua le jeu, et suivit prudemment les consignes qu’Eli lui soufflait juste derrière elle, tout en s’assurant de maintenir un contact constant avec elle en entremêlant ses bras aux siens. Eli était, de nature, quelqu’un de tactile que le contact physique ne faisait pas rougir, pas du genre à se raidir lorsqu’on l’effleurait ; avec Flora, les contacts avaient toutefois, logiquement, été plutôt épars. Ils n’étaient pas assez proches pour partager des étreintes amicales lorsqu’ils se rencontraient, ni impliqués dans un jeu de séduction rythmé par des touchers plus ou moins lourds de sens. Récemment, pourtant, il avait parfois initié des rapprochements physiques dans des moments d’impulsivité et de spontanéité, pour la plupart catalysés par l’alcool. Ces contacts avaient tous été brefs, fruits d’une désinhibition dont il ne tardait jamais à rapidement reprendre le contrôle, et peut-être cette rareté et cette brièveté contribuaient-elles à expliquer le côté inédit de ces rapprochements qui ne l’avaient jamais laissé indifférent alors qu’ils ne recelaient aucune particularité manifeste. Le contact de leurs mains entrelacées, leur proximité corporelle durant la leçon et la manière dont il noua ses bras entre les siens pour la tenir pendant qu’elle se laissait flotter revêtaient ainsi un caractère tout particulier, inédit même : jamais un contact ne s’était prolongé de la sorte entre eux, et jamais cela n’avait semblé aussi naturel et exempt de questionnements que les simples effleurements qu’ils avaient déjà pu partager avaient suscité. Le toucher d’Elijah était prudent et délicat, prévenant dans le but de ne pas prendre le risque de la mettre mal à l’aise ; mais son existence et sa prolongation dans le temps semblèrent aller de soi. Et, s’il ne s’en fit pas consciemment la réflexion, Eli adorait cette proximité nouvelle, si spontanée et pourtant si électrisante. Alors qu’elle se laissait doucement aller à la dérive en flottant sur le dos, la tête logée contre son torse et les bras en croix, Eli ne quitta pas des yeux ses traits progressivement plus détendus et il sourit à son tour en décelant l’expression de béatitude se former sur son visage. En-dessous de lui, elle ouvrit les yeux et croisa son regard, partant d’un rire qui trouva écho chez l’héritier dont l’émerveillement était évident. « Je m’en doutais », murmura-t-il à son tour, sans se départir de son sourire en coin. Toute trace de la franche terreur de Flora avait disparu, et pour la première fois, elle semblait réellement à l’aise, logée au creux de ses bras. Il sut qu’il aurait probablement pu la lâcher maintenant, et qu’elle ne s’en serait peut-être même pas rendue compte – pourtant, il n’en fit rien. Était-ce parce qu’il lui avait promis de ne pas le faire ou parce qu’il n’avait pas la moindre envie de mettre fin à ce contact si unique, il n’en savait rien. Il se contenta de la tenir, pédalant lentement à reculons en la regarder flotter sur le dos. Il ne la relâcha que lorsqu’elle fit mine de se redresser, libérant aussitôt ses bras et reculant légèrement. Aussitôt, son regard fut aimanté par le mouvement souple qu’elle fit en se levant, la façon dont elle passa une main dans les cheveux qu’elle laissa cascader librement dans son dos. Comme sonné, il ne put détacher le regard de la façon dont elle se mut, hypnotisé par la grâce de ses mouvements et la manière dont les gouttes d’eau salée sillonnaient sur sa peau avant de retomber dans les vagues qui lui léchaient le corps. Il fut tiré de ses rêveries par l’éclaboussure qu’elle lui envoya en riant, et lui sourit à son tour avant de détourner le regard, perturbé par ce qu’il venait de se passer.

Lorsqu’ils reprirent leurs efforts, la concentration fut à nouveau de mise et, tout en poussant des acclamations encourageantes, Eli fut à nouveau spectateur des progrès fulgurants de Flora. Bientôt, il put même s’éloigner d’elle, et c’est avec un regard admiratif qu’il la regarda batailler pour atteindre un niveau de synchronisation satisfaisant, et finalement crier victoire lorsqu’elle intégra définitivement le mécanisme qui lui permit de progresser avec des mouvements harmonieux et à une vitesse régulière dans l’eau. Lui-même barbotait paresseusement, profitant de la sensation du soleil contre sa peau et des vagues qui le berçaient tout en contemplant Flora s’activer à quelques mètres de lui. Il se redressa, quelque peu alerté, lorsqu’il la vit prise d’une quinte de toux et s’approcha d’elle, les sourcils froncés. « Tout va bien ? », s’enquit-il avec une pointe d’inquiétude avant de se détendre lorsqu’elle éclata d’un rire si pur qu’il sentit son corps entier se relaxer. Les yeux rieurs, il secoua la tête et se laissa retomber dans l’eau, reprenant sa surveillance à distance tout en se laissant porter par les flots. Lorsqu’elle lui demanda de se joindre à lui, il acquiesça avec ferveur et plongea sous l’eau avant de réapparaître deux secondes plus tard à côté d’elle, secouant la tête pour dégager les mèches qui s’étaient collées devant ses yeux en émergeant. « Tout ce que vous voulez, mademoiselle Constantine », renchérit-il joyeusement avant de s’éloigner à nouveau d’elle en quelques mouvements souples. « Allez, attrape-moi si tu peux », la tenta-t-il en se rapprochant d’elle, puis en reculant à nouveau d’un mètre ou deux. Ils trouvèrent rapidement un rythme marqué par une certaine synchronisation, avançant et reculant à tour de rôle, leurs efforts ponctués de rires presque enfantins. Après avoir fait mine de vouloir lui échapper pendant quelques minutes, Eli plongea à nouveau sous l’eau et contourna Flora avant d’émerger derrière elle, l’attrapant par les hanches et la soulevant dans son ascension. Il la serra brièvement contre lui avant de la jeter un peu plus loin – il l’avait déjà fait une fois, et cela s’était mal soldé, mais cette fois-ci, il eut la présence d’esprit de s’assurer qu’elle fût équipée d’une bouée, capable de nager et qu’elle ne fût pas larguée dans des eaux profondes. La manœuvre s’opéra par conséquent avec bien plus de légèreté que lors de sa précédente occurrence, et leurs rires en témoignèrent largement.

Finalement, Eli se releva brusquement, de l’eau dégoulinant en trombes le long de son corps, et adressa à Flora un nouveau sourire enjoué. « Je t’ai pas emmenée ici par hasard. Il y a de jolis coraux un peu plus loin. J’ai des masques et des tubas. Si ça te tente, on prend le bateau et on va jusque là-bas. Avec le gilet, il ne pourra rien t’arriver, et ça te fera une bonne raison de tenter d’aller dans des eaux plus profondes – s’il n’y a rien à voir, ça n’aurait pas le même intérêt », suggéra-t-il. « On reste à la surface, et je te tiendrai tout au long. Qu’est-ce que tu en penses, tu veux essayer ? » Il se laissa à nouveau tomber dans l’eau turquoise et la rejoignit en quelques brasses, s’asseyant face à Flora, séparé d’elle par quelques centimètres à peine. Il releva la tête vers elle, lui adressant un regard adorable, mêlant supplique et provocation, comme pour l’attendrir suffisamment pour lui donner envie de relever le défi. « Je sais que l’aventurière en toi rêve d’essayer », murmura-t-il avec un sourire mutin. « Et parole d’honneur, on dirait que tu as un don pour tout ce qui touche à l’océan. J’ai rarement vu ça. C’est presque dommage que tu aies attendu si longtemps pour l’exploiter – ça fait tant de choses à rattraper, tu ne crois pas ? » Malgré ses paroles presque provocantes, son ton restait doux afin de ne pas la mettre à mal si jamais elle voulait refuser. Mais Eli avait l’impression que les réticences de Flora peinaient à rivaliser avec son attrait pour toutes les activités aquatiques que cette journée inoubliable avait à leur offrir, et il espérait avoir vu juste.

rainmaker

swim party

Elle ne sait pas vraiment lâcher prise, Flora. Elle trouve un certain confort à courir d'un bout à l'autre de la ville en permanence, à occuper ses mains partout où elles peuvent se rendre utiles, et à tirer le meilleur de ses journées pour les rentabiliser. Elle se plaît dans cette dynamique, se plaît à se mettre au service des autres, et parvient ainsi à s'empêcher de culpabiliser en faisant tout pour subvenir aux besoins de son père. Le temps est ainsi moins long, mieux exploité, et elle se sent plus légitime de pouvoir en profiter quand elle aurait dû, elle-aussi, finir au mieux dans un institut si pas six pieds sous terre. Pour autant, et de manière assez inattendue, elle se laisse parfois aller à un plaisir un peu idiot et profite d'un moment comme si elle pouvait s'y contempler pour le restant de ses jours. Comme si cette légèreté là pouvait s'éterniser pour toujours, comme si rien d'autre ne comptait que peu importe ce qu'elle était entrain de vivre, et cela lui faisait un bien fou. Et le moment qu'elle vit présentement est l'un d'eux tandis qu'elle se laisse flotter dans les bras de l'héritier, fermant les yeux et acceptant de confier sa masse aux flots qui la maintiennent à la surface. Ses bras s'éloignent mollement de sa silhouette, ondulent gentiment dans le sens inverse des remous, et elle a l'impression d'être ridiculement petite au milieu de cette immensité avec pour seul point d'ancrage les bras forts du grand brun enroulés aux siens. Sa respiration trouve un rythme qu'elle ignorait pouvoir être aussi calme dans cette situation, et elle réouvre les yeux après une pause pour trouver le regard azur penché au-dessus d'elle, l'air aussi apaisé que le sien - comme s'il le reflétait. et Flora réalise, bêtement, qu'elle n'aurait jamais cru un tel moment possible. Qu'elle n'aurait jamais cru qu'Elijah Walker gagnerait une place si importante dans son coeur après l'avoir vu pour la première fois au central business district, qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir faire ainsi confiance à quelqu'un en dehors de sa famille ou Penny. et pourtant, elle avait bel air, à barboter dans l'eau comme s'il s'agissait de la chose la plus banale qui soit. « Je m’en doutais » Elle se redresse peu après, libérant ses mèches dégoulinantes qui se plaquent dans son dos, éclaboussant joyeusement l'héritier qui la suit des yeux d'un air absent. Elle n'est pas assez à l'aise pour amplifier ses attaques - elle n'est pas sûre de pouvoir rester calme face à de trop grandes représailles, mais s'y serait volontiers essayée le cas échéant tant il semble ailleurs l'espace de quelques secondes. Mettant cela sur le compte de l'aise - ou du soleil qui tape un peu trop fort, elle patiente en barbotant quelques instants, se détendant à nouveau en regardant autour d'eux.

Les efforts reprennent par la suite, et Flora s'essaie à intégrer la synchronisation des mouvements vus plus tôt - avec plus ou moins de succès. À plusieurs reprises ses bras sont trop vifs et ses jambes en reste, puis la tendance s'inverse, et ce jusqu'à ce qu'un juste milieu pointe le bout de son nez en provoquant sur ses traits une expression victorieuse. Quelques brasses, et elle annonce fièrement sa réussite à son professeur, uniquement pour être rappelée à l'ordre par une petite vague qu'elle-même provoque qui s'engouffre dans sa bouche. Déstabilisée et surprise, Flora se redresse en toussant, le visage déformée par une grimace sous le goût de l'eau salée qui descend dans sa gorge sans qu'elle ne puisse plus l'en empêcher. Lorsqu'elle réouvre les yeux, Elijah est à ses côtés, les yeux ronds et l'expression concernée jusqu'à ce qu'elle l'encourage à s'apaiser en éclatant de rire - elle va bien. Instantanément, les traits de l'héritier s'apaisent et il secoue la tête en retournant à ses barbotages, l'amusant de plus belle avant qu'elle ne reprenne ses aises pour ne pas rester sur une mauvaise note. Elle s'éloigne à nouveau, juste un peu, puis se tourne vers celui qui ne la quitte pas des yeux avec une prévenance qu'elle doit reconnaître adorable - il l'est, même si le mot adorable n'est pas celui qui lui vient en premier lorsqu'elle le voit au quotidien. Elle l'invite à la rejoindre, le regard malicieux, afin qu'ils puissent aller un peu plus loin en restant proches l'un de l'autre - uniquement pour le voir disparaître sous l'eau en un clin d'oeil, Flora peinant à suivre nettement son avancée malgré la transparence de l'eau. Elle fronce un peu les sourcils, puis effectue un léger mouvement de recul malgré elle lorsqu'il jaillit de la surface à quelques centimètres d'elle, les cheveux ondulant devant ses yeux lorsqu'il secoue la tête pour les en dégager. Muette un instant, un sourire stupide sur les lèvres, elle se reprend avec un délai à l'entente de ses mots. « Tout ce que vous voulez, mademoiselle Constantine » Sans pitié, Elijah fait se colorer ses joues en un instant et elle appuie sur lui un regard réprobateur alors qu'il s'éloigne déjà, toujours immobile. et si ce n'était pas grâce à son gilet, la brune comprend qu'elle aurait perdu quelques centimètres, ses jambes ayant cessé de battre sous elle durant l'interaction. « Allez, attrape-moi si tu peux » et le voilà qui s'éloigne pour de bon, la malice perçant dans sa voix, la laissant seule alors que ses lèvres s'entrouvrent en signe de protestation. « Eh, ce n'est pas juste ! » lance-t-elle en reprenant un peu d'assurance, s'élançant à sa suite la seconde suivante - avec bien moins de rapidité et de souplesse dont le nageur qu'il est fait preuve.

La chamaillerie dure un moment, Flora reprenant son souffle lorsqu'ils marquent une pause. Ce n'est pas tant l'activité physique en elle-même qui la fait se reprendre, mais davantage le manque d'habitude qui n'a pas de mal à la rattraper et la faire s'agiter inutilement lorsqu'elle veut essayer d'aller plus vite. S'appuyant dans son gilet lorsque le grand brun disparaît sous la surface, elle souffle d'aise et ferme les yeux une seconde - avant de les rouvrir suffisamment tôt. Des mains encadrent sa taille et Elijah ne met qu'une seconde à la sortir de l'eau pour l'envoyer un peu plus loin, visiblement sorti de l'eau derrière elle. Elle le sent prendre un semblant d'élan en la rapprochant d'elle, ayant tout juste le temps d'échapper un rire, avant qu'un nouveau cri de surprise ne remplace son amusement. Elle a toutefois le reflexe de se boucher les narines et de fermer la bouche en retombant un ou deux mètres plus loin, sa tête ayant à peine le temps de passer sous l'eau avant que l'air de sa bouée ne la ramène immédiatement à la surface. « Tu n'es pas possible ! » se plaint-elle sans conviction aucune, tous sourires. Elle rit de plus belle et l'éclabousse à nouveau en revenant vers lui, plus franche dans ses gestes et n'hésitant pas à le tremper un peu davantage, le repoussant entre deux vagues avec pour seul but de le taquiner. La brune, elle essaie bien une ou deux fois de le déstabiliser, espérant bousculer son équilibre juste assez pour pouvoir essayer de faire passer ne serait-ce ses épaules sous la surface - mais la partie est loin d'être gagnée. Ses mains y trouvent appui et elle y exerce une pression, s'aidant de son corps en se hissant légèrement hors de l'eau pour ce faire, mais l'effort est vain et elle proteste plaintivement en comprenant qu'il doit à peine ressentir la pression qu'elle y exerce - même si elle y met du coeur. « Ces petits jeux sont très, très déloyaux monsieur Walker. » murmure-t-elle en interrompant ses rires, assez proche de lui pour sentir son corps effleurer le sien dans leurs chamailleries. Finalement, Flora renonce à prendre sa revanche, et se laisse retomber doucement dans l'eau d'un air un peu coupable - comme si maintenant qu'ils calmaient leurs rires, elle se rendait compte de leur proximité et s'en excusait avec son adorable maladresse.

Il y a un petit moment de calme, et finalement Elijah est le premier à reprendre la parole. « Je t’ai pas emmenée ici par hasard. Il y a de jolis coraux un peu plus loin. J’ai des masques et des tubas. Si ça te tente, on prend le bateau et on va jusque là-bas. Avec le gilet, il ne pourra rien t’arriver, et ça te fera une bonne raison de tenter d’aller dans des eaux plus profondes – s’il n’y a rien à voir, ça n’aurait pas le même intérêt » Son regard noisette retrouve le sien et sa curiosité s'y lit en lettres capitales. En amoureuse de l'océan et de ses secrets, Flora a toujours voulu voir d'un peu plus près les beautés dont il regorge - mais depuis la plage, les possibilités sont rapidement limitées. Voir de ses propres yeux les poumons de l'océan lui fait très envie, mais elle n'occulte pas pour autant la partie de sa phrase où Elijah mentionne des eaux plus profondes. Son visage en demi teinte, elle l'écoute poursuivre avec attention, même si une partie de cette dernière s'égare sur son tronc en dehors de l'eau. « On reste à la surface, et je te tiendrai tout au long. Qu’est-ce que tu en penses, tu veux essayer ? » Elle se mord distraitement l'intérieur de la joue et chasse son regard au loin lorsque le brun revient à sa hauteur, la rejoignant en quelques brasses. Elle est tentée, mais craint également d'aller trop vite et de ruiner la confiance qu'elle a acquise en acceptant de franchir déjà de nombreuses limites. « Je- je ne sais pas, Eli. J'aimerais beaucoup, évidemment. » nuance-t-elle en se reportant sur lui, plongeant ses yeux incertains dans les siens. Mais si pas maintenant, quand aura-t-elle à nouveau l'opportunité de voir pareil spectacle ? « Je sais que l’aventurière en toi rêve d’essayer. Et parole d’honneur, on dirait que tu as un don pour tout ce qui touche à l’océan. J’ai rarement vu ça. C’est presque dommage que tu aies attendu si longtemps pour l’exploiter – ça fait tant de choses à rattraper, tu ne crois pas ? » Elle sourit un peu face à sa malice - il a raison. Il a raison, et vise juste également en parlant d'un genre de don bien que Flora n'irait pas le considérer comme tel. Mais elle aime particulièrement l'océan, y trouve un apaisement tout à fait unique, et sûrement que son comportement dans l'eau est instinctif car elle a entre autres passer l'équivalent de mois entiers assise sur la plage à le regarder en silence. « Tu sais convaincre, pas vrai ? » remarque-t-elle d'un ton léger, malicieuse face à ses yeux doux et les mots choisis. Il pourrait lui faire accepter n'importe quoi, et elle l'en remercierait. « Ne me regarde pas comme ça. » murmure-t-elle en l'éclaboussant d'une unique vague, détournant les yeux. Il a envie qu'elle accepte, elle-aussi, et ne serait-ce pas finalement tout ce qu'il y à savoir pour prendre cette décision ? Semblant réfléchir quelques secondes en regardant le voilier au loin, elle inspire profondément en se reportant sur lui. « D'accord, c'est d'accord. Allons-y. » souffle-t-elle plus timidement que jusque maintenant, esquissant un sourire.

De retour sur le bateau, les baigneurs endossent à nouveau leurs rôles de matelots et préparent le bateau à les éloigner de la côte. Débarrassée de son gilet, trottinant d'un bout à l'autre du pont, Flora se sent tellement légère qu'elle en est perturbée. Anormalement silencieuse, elle s'exécute sous les indications du brun sans jamais se défaire de son sourire, prenant finalement place en tailleur près de la barre - et d'Elijah, le temps qu'ils atteignent un point invisible visé par le capitaine. « Tu as dû passer des heures à sillonner les environs pour trouver d'aussi beaux endroits. » remarque-t-elle en regardant au loin, l'air terriblement vulnérable, une simple serviette sur les épaules. Son regard se tourne vers le brun et elle sourit un peu plus, abritant ses yeux du soleil à l'aide de sa main pour le regarder. « À quel âge tu as commencé ? » Elle a envie d'en savoir plus, en permanence. et si Elijah souhaite lui partager des détails, elle en serait ravie - tout comme elle ne lui tiendrait pas rigueur qu'il contourne la question et ne s'attarde par sur des souvenirs peut-être désagréables. Quelques dizaines de minutes plus tard, la paire atteint son objectif et le voilier s'arrête lentement au milieu des eaux, encourageant Flora à aider son marin puis à se pencher par dessus bord pour admirer la clarté de l'eau. Le fond se distingue sans mal, et bientôt la brune s'émerveille à la vue des coraux dont Eli lui a fait mention. « Eli, regarde ! » s'enthousiaste-t-elle bêtement, le brun bien conscient de leur présence. Elle rit à l'image d'une enfant impatiente, et ils ne tardent pas à aller se préparer pour cette nouvelle halte - qui, bizarrement, l'excite encore davantage que la première.
   

Swim Party

Si l’éternel optimisme d’Eli lui avait soufflé que cette journée serait couronnée de succès et aboutirait à la maîtrise de la natation par Flora, il n’aurait osé espérer dans ses rêves les plus fous qu’elle se passerait aussi bien. D’abord interpellé par la rapidité avec laquelle Flora progressait, il fut ensuite stupéfait de la voir se mouvoir avec une aisance et une légèreté qui ne laissaient en rien deviner que, quelques heures plus tôt encore, elle n’avait jamais osé barboter dans l’eau de peur de ne pas en ressortir indemne. Pourtant, la voilà bientôt à l’éclabousser joyeusement, un air de malice presque enfantine sur le visage, et à s’adonner volontiers à une course-poursuite au milieu des vagues. Le jeu était des plus inéquitables, et l’avantage dont bénéficiait Eli était d’une injustice crasse – pourtant, elle se défendit remarquablement bien, s’élançant à sa poursuite avec une énergie inépuisable, avant de se démener pour lui échapper lorsque les rôles s’inversèrent. Le Walker était évidemment plus rapide, mais cela n’empêcha pas Flora de lui soutirer quelques petites victoires, à grands renforts d’éclaboussures surprise et de ruses pour lui faire perdre du terrain. Eli s’amusait comme il ne l’avait plus fait depuis longtemps, se délectant de l’insouciance jouissive que lui procurait ce moment. Chacun des sourires et des grimaces échangées avec une Flora plus détendue qu’il ne l’avait jamais vue semblaient le revigorer un peu plus, et il se surprit à espérer que le moment ne prenne jamais fin tant il était extraordinaire. Même lorsqu’il se risqua à attiser sa colère ou susciter une réaction d’effarement susceptible de refroidir l’ambiance en l’attrapant par les hanches pour la jeter dans les vagues, Flora ne fit que rire de plus belle derrière un masque courroucé très peu convaincant. Eli lui adressa un sourire adorablement insolent, se tenant fièrement là d’où il venait de la lancer, comme pour la mettre au défi de se venger. Flora mit du cœur à l’ouvrage en l’éclaboussant, en le poussant et en tentant, en vain, de le faire couler. Le même sourire arrogant aux lèvres, Eli resta immuable, ne fléchissant pas d’un millimètre sous les efforts admirables mais insuffisants de la petite brune pour le faire tomber dans l’eau. Il se tint parfaitement immobile, réprimant un rire moqueur dont l’intention ne transparut qu’à travers la façon dont ses sourcils se haussèrent en la regardant s’affairer avec l’énergie du désespoir. Lorsqu’elle finit par se plaindre entre deux éclats de rire, il se mordit la lèvre et pencha la tête vers elle, la regardant à travers ses cils épais, les sourcils toujours arqués. « Vous trouvez, mademoiselle Constantine ? C’est que votre faiblesse est de ne pas connaître celles de vos adversaires », lui murmura-t-il à son tour, sans avoir à parler plus fort tant leurs corps s’étaient rapprochés au fil de leurs pitreries. Leurs visages n’étaient espacés que de quelques centimètres, et il darda son regard du sien, intensément et de manière prolongée, jouant pour la première fois délibérément de la tendance qu’elle avait à détourner les yeux lorsque les contacts visuels s’éternisaient un peu trop. Le sourire en coin d’Eli s’élargit soudain, découvrant ses dents qui mordillèrent une nouvelle fois sa lèvre inférieure. Il leva une main entre eux, son index pointé vers Flora dont il effleura, taquin, le bout du nez, à peine une fraction de seconde, avant de vivement s’emparer de ses deux poignets, avec autant de douceur que de fermeté, ramenant les bras de Flora entre eux, collés contre leurs poitrines. « Pour votre gouverne, en plus d’être extrêmement musclé, je suis extrêmement chatouilleux », lui susurra-t-il, les yeux rieurs, avant de la soulever par les poignets qu’il tenait toujours fermement calés dans ses mains et de la jeter avec tout l’élan dont il disposait dans l’eau derrière elle. Un éclat de rire secoua son corps, son visage hilare là où il était parvenu à le garder relativement imperturbable les instants précédents, tandis qu’il regarda la jeune femme se relever, à deux mètres de lui.

Lorsqu’ils finirent par arriver au bout de leurs enfantillages, barbotant à nouveau paresseusement dans l’eau, Eli estima le moment venu de passer à la vitesse supérieure et de proposer à Flora d’aller s’aventurer au-dessus du récif corallien à proximité. Déployant ses meilleurs arguments et adoptant ses attitudes les plus irrésistibles, le brun attendit, avec des yeux de chien battu, que la jeune femme debout face à lui prenne une décision. Comme souvent, il crut voir passer des émotions nettement identifiables sur les traits fins de son visage, trahissant le combat intérieur qui devait faire rage entre sa curiosité et son appréhension. Elle lui confia ses hésitations, et il surenchérit avec ses arguments les plus convaincants, toujours assis en contrebas tandis qu’elle réfléchissait. L’ombre d’une expression victorieuse se devina sur le visage d’Eli lorsqu’il la vit sourire, mais il ne la pressa pas et patienta jusqu’à ce qu’elle prenne la parole, jouant à pousser de petites vaguelettes avec ses mains contre la peau tendue de son ventre qui faisait face à son visage, s’il décidait de baisser le regard – ce qu’il ne faisait évidemment pas, gardant les yeux résolument fixés sur ceux de Flora, trop concentré sur sa mission du moment pour se laisser distraire par les courbes de son corps. Elle prit finalement la parole, mais ce fut pour lui poser une question qui ne manqua pas d’étirer davantage le sourire d’Eli, qui adopta un air faussement innocent. « Tu as remarqué aussi ? », questionna-t-il à son tour au sujet de son pouvoir de persuasion. Il continua de la dévisager, et son regard turquoise aurait pu lui brûler la peau tant il était intense et fixe, indéchiffrable et expressif à la fois. À nouveau, il sourit à pleines dents, manifestement amusé par la façon dont, comme elle le faisait souvent, elle détourna le regard. « Pourquoi ? J’adore te regarder comme ça », la taquina-t-il, avant de se voir forcé de fermer les yeux lorsqu’elle l’éclaboussa. Surpris, il tomba en arrière dans l’eau, déstabilisé par la vague qu’elle lui avait envoyée dans le visage, et il toussota légèrement en se redressant, lui lançant un regard faussement noir. « Et ça, c’était pas déloyal ? », lui demanda-t-il d’un ton exagérément offensé, les sourcils froncés de manière caricaturale. La diversion tombait pourtant à pic – elle lui évita de se demander ce qui avait bien pu lui prendre de lui susurrer qu’il adorait la regarder comme ça. La réplique lui était venue si naturellement, dénuée d’arrière-pensées, qu’il n’avait pas réfléchi avant de la prononcer, pourtant, la formulation était loin d’être anodine. Les amis ne déclaraient pas adorer se regarder. Mais Eli était bien trop occupé à toussoter et faire mine de s’étrangler pour s’en soucier, et son attention fut ensuite captée toute entière par la décision de Flora, qu’elle lui notifia dans un murmure. Un sourire éclatant et une exclamation victorieuse accueillirent ses paroles, et Eli se leva avec entrain, lui faisant signe de le suivre.

Le voilier ne tarda pas à reprendre sa course vers le point stratégique d’où Eli voulait partir pour admirer le récif corallien, et les deux comparses s’activèrent à son bord, se complétant avec un naturel interloquant dans toutes les manipulations comme s’ils avaient l’habitude de naviguer ensemble. Eli posa un regard bienveillant sur Flora lorsqu’elle vint s’asseoir à ses côtés, contemplant son visage songeur. Elle était bien silencieuse depuis leur départ de la plage, mais le silence était confortable et, tout bavard qu’il était, il n’avait à aucun moment ressenti le besoin ni le désir de le combler. Il détourna son regard d’elle pour se reporter sur la mer, mais son attention fut bientôt attirée par la brune lorsqu’elle reprit la parole, et il posa les yeux sur elle en acquiesçant d’un signe de tête. « Je venais souvent par ici, quand j’étais gamin », expliqua-t-il au sujet de ses connaissances des environs, ce qui sembla attiser davantage la curiosité de Flora. Avec un sourire nostalgique, l’héritier se remémora les virées en voilier qui avaient marqué son enfance. « Je ne sais pas exactement. Tout petits, Chan et moi, on accompagnait déjà mon père sur son voilier. Je devais avoir six ou sept ans quand il m’a montré comment faire des nœuds. Il nous a transmis l’amour de la navigation à tous les deux », raconta-t-il avec légèreté. À l’anecdote légère et plutôt anodine qu’il avait déjà partagée à de nombreuses reprises succéda un propos considérablement plus intime, un de ceux que l’homme secret et réservé qu’il pouvait être rechignait à évoquer, mais qui lui sembla avoir toute sa place dans la conversation. « Bien sûr, si on voulait avoir l’occasion de passer du temps avec lui, on avait intérêt à aimer ça. Mon père n’était jamais là, toujours à travailler – les week-ends, il se rattrapait en nous emmenant naviguer. Ça aide à chérir ces instants, forcément », ajouta-t-il ainsi, la voix toujours légère, se protégeant de ses émotions en s’exprimant avec un cynisme en apparence indifférent, tandis que son regard avait quitté Flora pour se poser au loin.

Lorsqu’ils arrivèrent à destination, Eli commença à rassembler les masques, tubas et palmes nécessaires à leur expédition au-dessus du récif et jeta un regard amusé à Flora lorsque celle-ci poussa une exclamation émerveillée. Il la rejoignit, les bras chargés du matériel et jeta un regard par-dessus le bord du bateau, tous sourires. « C’est beau, hein ? Attends de voir de plus près », renchérit-il joyeusement. « Viens là, que je t’équipe », l’invita-t-il avec un grand geste, avant de lui passer le gilet de sauvetage autour du corps et d’en régler les sangles. Il lui tendit ses palmes, son masque puis son tuba. « On y va ? », demanda-t-il et, sans cérémonie, il descendit dans l’eau et l’attendit en bas de l’échelle qui montait le long du voilier. « Ne t’inquiète pas, je t’attrape », lui dit-il, les bras tendus vers elle, attendant qu’elle le rejoigne. Il la regarda descendre prudemment les échelons et l’attrapa par la taille lorsqu’elle arriva en bas, la soutenant tandis qu’elle se laissait aller dans l’eau. Il garda un bras enroulé autour de sa taille tandis qu’il s’accrocha à l’échelle de son bras libre, tournant la tête vers Flora. « Ça va, si je te tiens comme ça ? », lui demanda-t-il prudemment, soucieux de ce qu’elle fût aussi à l’aise que possible dans cette situation qu’il devinait stressante. « Tiens-toi à l’échelle jusqu’à ce que tu te sentes prête à la lâcher, d’accord ? Pédale avec tes jambes, comme si tu faisais du vélo. Et n’oublie pas que tu as ton gilet, ça va ? », lui murmura-t-il en cherchant son regard, un sourire bienveillant sur les lèvres.

rainmaker

swim party

Elle ignorait à quel moment elle avait commencé à se sentir aussi à l'aise en sa compagnie. À quel moment elle avait commencé à pouvoir le regarder quelques secondes supplémentaires avant de chasser le regard, à rire puis à contribuer à ses plaisanteries, à aller à son contact avec l'assurance qu'il l'accueillerait avec bienveillance. Lors de leurs premières interactions, Flora avait témoigné d'une réserve tout à fait justifiée - elle était à peine quelqu'un chez Weatherton, lui était un client de marque, et elle avait été prudente quant aux mots choisis et aux sourires adressés. Mais il y avait eu une puis d'autres rencontres par la suite, sa méfiance s'était effritée peu à peu, et sa gentillesse s'était vue confronter aux sourires ravageurs de l'héritier. Sa timidité avait été travaillée au corps et à une vitesse surprenante, Elijah s'était glissé sous sa peau - elle en avait conscience même si elle ne l'admettait pas. et les voilà maintenant à se chamailler, dans l'eau, comme s'il ne s'agissait pas d'une de ses plus grandes peurs, comme si lui et elle se connaissaient depuis toujours. Elle riait à ses bêtises, sentait son sourire s'agrandir en reflet au sien, et essayait à présent de le taquiner comme lui se plaisait si bien à le faire. Ses mains se heurtent à sa carrure sensiblement deux fois plus imposante que la sienne, ses doigts pianotent brièvement sur son torse et elle le pousse gentiment avant d'entreprendre de le faire tomber - en vain. Ses efforts ne font que provoquer un amusement sincère sur les traits du brun, et Flora met plusieurs minutes à s'avouer vaincue. Elle y met un peu de force - n'hésite pas même, cherchant à le bousculer un minimum, mais finit par rendre les armes en laissant sa peau glisser contre la sienne avant de la quitter. Elijah ne bouge pas d'un centimètre, comme enraciné dans l'eau, et vient la charrier en se penchant vers elle avec toute l'insolence dont il peut bien faire preuve - et il en a à revendre. « Vous trouvez, mademoiselle Constantine ? C’est que votre faiblesse est de ne pas connaître celles de vos adversaires » Il attrape sa lèvre inférieure comme pour contenir ses mots et ses rires, et elle le regarde avec une lueur de défi, se prenant au jeu - elle a déjà perdu à celui de le couler, et ne veut pas perdre à celui de regards. Leurs visages séparés de quelques centimètres à peine, elle est certaine que son souffle légèrement haletant s'écrase sur les traits de celui à l'air faussement innocent. « Je ne lis pas aussi bien entre les lignes que vous. » murmure-t-elle sans jamais se défaire de son sourire. Le soleil fait briller les gouttes qui maculent leurs traits, quelques mèches ont dégringolé de la masse indisciplinée du brun et ondulent sur son front, et Flora se fait violence pour soutenir son regard. et elle y parvient, au moins un temps, le sourire étiré à l'extrême pour se donner un semblant de crédibilité. Un air convaincant qui l'abandonne bien assez vite au moment où Eli se mordille à nouveau la lèvre, et elle échappe un sifflement plaintif en riant, se détournant sur l'océan à perte de vue - mais se reportant bien vite sur celui dont elle le compare au regard, Elijah se saisissant de ses poignets pour les attirer entre eux. et elle a déjà rendu les armes Flora, incapable de tenir cette tension trop longtemps, raison pour laquelle son air se fait surpris et ses joues roses alors qu'elle est contrainte de le regarder à nouveau. Ses poignets apparaissent étonnement fins aux prises des mains douces et fermes de l'héritier, et elle retient son souffle à l'air malicieux qu'il dégage en reprenant la parole. « Pour votre gouverne, en plus d’être extrêmement musclé, je suis extrêmement chatouilleux » Un regain prend vie dans son regard, mais le grand brun ne lui laisse pas la chance de mettre un quelconque plan à exécution. Flora comprend avec une seconde de latence ce qu'il s'apprête à faire, et tout son corps semble se contracter pour résister à l'inévitable lorsqu'elle Eli l'envoie paresseusement quelques mètres plus loin. Il n'a pas l'air de faire le moindre effort, toujours secoué par l'amusement en emportant une nouvelle fois leur petite querelle aquatique. « Oh, voyez-vous ça. » lance-t-elle en se redressant, secouant la tête avec amusement et repassant sa main dans ses cheveux en semblant prête à lui accorder cette trêve. Des abdos si bien dessinés et l'interdiction formelle d'y poser la main sans provoquer des secousses à leur propriétaire - l'information est notée. « Tu es chatouilleux, c'est adorable. » ajoute-t-elle en feignant de se moquer, sans doute plus chatouilleuse encore que lui - et pourtant, il est très musclé.

La paire barbote encore un moment, et ce jusqu'à ce que le brun décide finalement d'aller s'asseoir un peu plus loin. Flora le suit du regard mais reste davantage immergée, l'écoutant avec attention alors qu'il s'adonne à faire balancer son coeur entre l'hésitation et l'envie irrépressible de se jeter à l'eau - au sens propre du terme. Un discours servi sur un plateau pour vanter la beauté des fonds marins, quelques piques malicieuses au sujet de son côté aventurier, et voilà que la Constantine se reporte sur la plus grande de ses tentations - celui dont les profondeurs du regard ne l'effraient nullement, même si elles demeurent aussi fascinantes que celles qui s'étendent sur des kilomètres derrière elle. Visiblement poussé par une espièglerie dont elle peine à identifier la source, Elijah lui donne l'impression de jouer de son ascendant sur elle en la fixant ainsi, et Flora s'efforce de ne pas détourner les yeux face à l'intensité des siens sur elle. Mais son visage ne peut réprimander plus longtemps la timidité dont elle est victime par sa faute, et elle ne tarde pas à le lui faire comprendre, ses mains venant à contre courant des petites vagues qu'il dirige vers elle. « Tu as remarqué aussi ? » - « Tu pourrais être le pire des architectes de la région que ton carnet serait plein. » souffle-t-elle spontanément, un air coupable mais pas désolé sur les traits. Il est très doué, si doué qu'il n'a nullement besoin d'user d'un sens du commerce démesuré pour compenser des traits approximatifs. Pour autant, elle est persuadée qu'il ne laisse que très peu de ceux qu'il fréquente indifférents, son aura se chargeant de captiver ce qui échappe au reste de ses talents. Les reproches continuent et la répartie de l'aîné est impérissable, secouant brièvement la brunette lorsqu'il reprend la parole. « Pourquoi ? J’adore te regarder comme ça » Ses lèvres s'entrouvrent mais aucun son n'en sort, ses joues sont trahies par des lueurs colorées, et elle ne tarde pas à riposter par une vague un peu plus vive que les précédentes, laquelle suffit à le déséquilibrer et à lui provoquer un sourire rayonnant. « Et ça, c’était pas déloyal ? » Un rire monte dans sa gorge à l'air dramatique qu'il adopte, et elle hausse innocemment les épaules, un peu décontenancée par ses paroles précédentes et préférant prétendre ne pas les avoir entendues - pourquoi dirait-il une chose pareille ? Sûrement cherche-t-il à la déstabiliser encore davantage, et Eli y est déjà suffisamment parvenu sans qu'elle ne tienne à lui offrir cette victoire supplémentaire. Quelques minutes plus tard, elle acquiesce finalement, et ils regagnent le voilier pour la suite de leur périple.

Assise sur le pont, à la merci de la brise qui se charge de faire sécher ses ondulations en désordre, Flora laisse ses poumons se gonfler de l'air marin. Le moment est aussi simple qu'il est surréaliste, et elle veille à ce que le silence dans lequel ils s'installent ne laisse l'opportunité à ses pensées de le gâcher. Elle ignore depuis combien de temps elle ne s'est pas sentie aussi bien, mais ne tient pas à écourter ce moment - c'est même tout le contraire, et aussi impatiente qu'elle soit d'aller voir les coraux, la brune aimerait que cette traversée ne connaisse jamais de fin. Qu'ils restent encore des heures et des heures durant à naviguer ensemble au rythme de leurs confessions, et qu'ils puissent s'en contenter aussi longtemps que cela leur est possible. « Je venais souvent par ici, quand j’étais gamin (...) Bien sûr, si on voulait avoir l’occasion de passer du temps avec lui, on avait intérêt à aimer ça. Mon père n’était jamais là, toujours à travailler – les week-ends, il se rattrapait en nous emmenant naviguer. Ça aide à chérir ces instants, forcément » Elle se reporte sur lui pour l'écouter, l'imaginant plus jeune avec son frère et la silhouette d'un père, soupçonnant l'émotion pourtant imperceptible dans sa voix - ces souvenirs ont l'air joyeux, et la nostalgie n'a pas de honte à avoir de les accompagner. Il ne la regarde plus lorsqu'il termine son partage, et Flora ne cherche pas ses yeux - elle se reporte là où les siens se perdent, et sourit comme pour elle même. « et finalement, tu as continué en grandissant. » souffle-t-elle, toujours assise près de la barre, lui jetant un regard à la dérobée. « C'est beau. » Une dizaine de minutes plus tard, le voilier stoppe sa progression, et Flora n'insiste pas pour plus de détails. Elle se lève, abandonnant sa serviette, et trotte joyeusement pour regarder par dessus bord et admirer les coraux - l'image est magnifique, et elle invite bêtement Eli à venir tandis qu'il rassemble le matériel et la rejoint ensuite. « C’est beau, hein ? Attends de voir de plus près. Viens là, que je t’équipe » Elle trépigne, rit joyeusement pour témoigner de son impatience, et le laisse docilement lui passer le gilet en posant un regard reconnaissant sur son visage. Il mène cette virée d'une main de maître, et peu importe qu'il ne considère sûrement pas tout cela comme tel - pour Flora, c'est un des plus beaux cadeaux d'anniversaire qu'elle se soit vue offert. « On y va ? » - « Allons-y, j'ai hâte. » Équipés, les deux explorateurs se dirigent vers l'arrière du bateau et le brun descend sans trop de cérémonie, laissant les flots l'accueillir tandis qu'il redresse la tête vers la brune. Flora le suit mais marque une pause en haut de l'échelle, la vue bien différente de celle de la plage, ses yeux rencontrant de plus près l'eau qui lèche la coque - heureusement, tout est toujours aussi calme même à ce niveau de profondeur. « Ne t’inquiète pas, je t’attrape » Elle déglutit, sentant la nervosité balayer son corps d'une vague de chaleur, puis se reporte sur l'héritier. Elle n'a aucune raison de paniquer, elle est équipée et Elijah est à ses côtés, mais son coeur ne se calme pas pour autant. Secouée d'un bref tremblement, elle acquiesce toutefois et descend prudemment l'échelle, n'ayant pas le temps de sentir l'eau au dessus de ses genoux que les mains fermes mais délicates d'Elijah se posent à sa taille et suivent ses mouvements. « Ça va, si je te tiens comme ça ? » L'eau monte progressivement contre elle et elle se force à respirer calmement, focalisée sur la drôle d'impression d'être attirée vers le fond maintenant qu'elle ne peut plus le sentir. « Oui - oui ça va. » acquiesce-t-elle sans trop savoir ce qu'il lui a demandé exactement, l'écoutant d'une oreille lorsqu'il reprend. « Tiens-toi à l’échelle jusqu’à ce que tu te sentes prête à la lâcher, d’accord ? Pédale avec tes jambes, comme si tu faisais du vélo. Et n’oublie pas que tu as ton gilet, ça va ? » Elle se reporte sur lui, bien moins rayonnante qu'elle ne l'était précédemment, et esquisse l'ombre d'un sourire en opinant à nouveau par la positive. Se forçant à reprendre contenance, Flora remet en pratique les gestes vus précédemment et est surprise de l'efficacité de ces derniers grâces aux palmes - sa force est comme décuplée, chose rassurante. Un bras accroché à l'échelle et l'autre naviguant à la surface, elle regarde au loin et s'hydrate nerveusement les lèvres, se reportant sur le brun. « Distrais moi, tu veux bien ? Si je remonte sans avoir été plus loin, je vais le regretter. » souffle-t-elle, ses sourcils s'affaissant en signe d'excuse avant qu'ils ne prennent finalement la décision de s'éloigner de l'échelle. Sa main la lâche à regret, Elijah ne s'éloigne jamais assez pour la faire perdre ses moyens, et bientôt le duo s'éloigne de la coque. Flora trouve peu à peu ses aises, focalisée sur le brun et les paroles qui accompagnent ses progrès, inspirant et expirant profondément en apprenant à utiliser les palmes et à faire confiance au gilet - à se faire confiance.

L'avancée est moins facile que sur la berge. Son coeur tambourine nerveusement, elle ne profite pas complètement du moment, mais Flora persiste et ils atteignent ensuite les récifs, pataugeant au dessus des barrières sous leurs pieds. Le fond l'attire, elle sent son sang pulser à ses tempes, mais la brune soigne les apparences en faisant des efforts pour apparaître aussi téméraire qu'elle peut l'être. Son regard divague autour d'eux, et se pose finalement sur les fonds alors qu'elle se stabilise à l'arrêt, un sourire authentique se dessinant sur ses traits. Les reflets du soleil filtrent à l'intérieur de l'eau et mettent en valeur les récifs dans lesquels de petits poissons apparaissent, et ses épaules semblent se détendre progressivement. Maintenue à la surface d'une manière étonnement paresseuse, son visage reprend peu à peu des couleurs alors qu'elle retrouve finalement le regard de celui qui l'accompagne, et un sourire authentique apparaît enfin sur ses lippes. « Tu vois les petits poissons ? » lance-t-elle, retrouvant l'usage de la parole, curieuse de pouvoir les regarder à l'aide du masque et du tuba - faut-il encore qu'elle prenne un peu d'aise, et que le brun lui explique comment s'en servir. Mais une chose en entraînant une autre, elle n'a pas besoin de beaucoup plus pour encourager Elijah à lui montrer comment installer l'ensemble sur son visage, et l'apprentissage se poursuit. Bientôt, Flora a le nez rivé dans l'eau, avançant lentement en regardant autour d'elle, même si son coeur ne manque jamais une opportunité de tressaillir pour une raison ou une autre - un regard trop téméraire, l'impression d'un frôlement... un frôlement, un vrai. Elle nage en regardant sur le côté et ne remarque pas le poisson un peu plus gros que les autres qui continue sur sa lancée, ondulant contre sa jambe alors qu'elle se retourne vivement, sursautant. Quelques mouvements un peu brusques pour s'éloigner de l'animal qui ne jette pas le moindre regard en arrière, la brune le regarde s'éloigner en se laissant flotter en sens inverse, et ce jusqu'à ce qu'un nouveau contact la fasse grimacer. L'une de ses jambes, revenues sous elle dans ses mouvements, s'écorche sur une branche de corail et Flora gémit dans son masque avant de sortir la tête de l'eau en s'en éloignant à nouveau. « Merde » Elle siffle entre ses dents, retire son masque et son tuba, et laisse ses sourcils s'affaisser en rivant son regard noisette sur le filet de sang qui se dissipe dans l'eau. Une brûlure monte le long de son mollet et elle se serre brièvement la cuisse en relevant les yeux vers Elijah, un éclair de panique s'y reflétant alors que ses jambes se font moins stables pour la maintenir correctement à la surface. « Eli ? à l'aide » lance-t-elle d'une voix qui se brise sous la nervosité grandissante, pas tant à cause de la blessure - mais bien parce qu'elle flotte avec moins d'aise.
   

Swim Party

La témérité de Flora ne cessait d'épater l'héritier : il avait, certes, prévu suffisamment d'activités à la difficulté croissante pour remplir toute la journée, mais n'était nullement parti du principe qu'ils feraient le parcours complet, bien conscient qu'il était sans doute trop ambitieux pour une première expérience aquatique. Il en avait pris conscience, un peu trop tard, en s'avançant dans les vagues depuis la plage et en voyant Flora déjà hésiter à le suivre dans la petite profondeur. Et peut-être s'en était-il déjà douté lorsqu'elle avait exprimé ses doutes sur le trajet vers la plage et qu'il l'avait rassurée du mieux qu'il pouvait tout en partant du principe que tout se passerait bien et que sa soif de découverte l'emporterait sur l'appréhension. L'éternel optimisme d'Eli avait toutefois pris le pas sur ses doutes, et il s'était finalement tenu à son habituelle philosophie du qui ne tente rien n'a rien, convaincu qu'il ne perdait rien à proposer, étape par étape, la suite du programme à Flora et qu'ils verraient bien jusqu'où l'aventure se poursuivrait. Mais même un optimiste borné comme Eli ne pouvait ignorer la peur quand il la voyait, ni n'aurait-il osé rationaliser cette dernière, bien conscient que ce qu'il faisait était l'équivalent d'emmener un agoraphobe au milieu de Times Square et que ce n'était pas à lui de déterminer ce qui était ou non acceptable. Dès les premiers barbotages, Eli s'était donc mis en tête de ne rien attendre, mais de tout proposer et de se laisser surprendre agréablement si Flora s'avérait preneuse, sans que l'alternative de se contenter de naviguer au sec le reste de l'après-midi ne lui paraisse décevante le moins du monde.

Et pour être agréablement surpris, il l'était plus qu'il n'eût pu l'imaginer, car, plus que d'être simplement partante, Flora saisissait à pleines mains les occasions d'en découvrir davantage. Courageusement, elle surmontait ses peurs pourtant légitimes et, avec une confiance interpellante, le laissait l'emmener à l'étape suivante, dans des eaux que lui ne jugeait peu profondes mais dont le fond n'en restait pas moins inatteignable pour ses pieds hésitants. La façon dont elle semblait s'accrocher à ses paroles encourageantes ne le laissa pas indifférent, et s'il ne s'arrêta pas consciemment dessus, il ne faisait aucun doute qu'Eli était touché par la confiance apparemment sans réserve que Flora lui témoignait. De façon compréhensible, elle hésita avant de descendre l'échelle du voilier en bas de laquelle il flottait tranquillement, les bras tendus dans sa direction. Et avec un courage qui forçait le respect, elle finit par se laisser glisser le long de l'échelle, lentement mais sans s'arrêter, visiblement frappée d'une appréhension par laquelle elle refusait de se laisser submerger. Lorsqu'il l'attrapa, elle se laissa entraîner par l'étreinte ferme qu'il noua autour de ses hanches, lui assurant d'un ton absent ne pas lui tenir rigueur de la proximité physique que forçait l'exercice, et il s'assura de la tenir aussi fermement qu'elle ne s'accrochait de son bras libre à l'échelle. Pendant quelques instants, il crut qu'elle allait se raviser en avisant les profondeurs qui les entouraient et remonter l’échelle plutôt que d’accepter de s’en éloigner, et un sourire encourageant accueillit les paroles chargées de nervosité de la brune. « Tu veux que je te raconte la fois où j’ai vomi en classe en plein contrôle de maths ? », suggéra-t-il, avant de se lancer dans le récit coloré des ravages de la première bière qu’il avait goûtée de sa vie, pendant une pause midi et juste avant un contrôle qu’il avait oublié de réviser, alors âgé de treize ans. Ce faisant, il l’entraîna doucement à l’écart de l’échelle, ravi de voir qu’elle se laissa emporter sans s’y opposer. Ils furent ainsi bientôt partis sur leur lancée, et si Eli ne tenait plus la taille de Flora, il s’assura de ne pas lui lâcher la main tandis qu’ils s’aventuraient dans les eaux qui entouraient le récif corallien. Tout en avançant à côté d’elle, il embraya joyeusement sur d’autres anecdotes tout aussi humiliantes que celle avec laquelle il venait de briser la glace. C’était à se demander ce qu’il avait bien pu advenir du Walker pudique qui filtrait soigneusement tout ce qui sortait du spectre des banalités ; à sa place se tenait un homme bien plus ouvert, dont les barrières semblaient tomber les unes après les autres au fil des épisodes dont il assurait avec légèreté la narration. Il lui raconta son premier râteau, infligé froidement par la plus belle fille du lycée, âgée de trois ans de plus que lui et qui l’avait regardé comme s’il était une créature gluante lorsqu’il avait trouvé le courage de l’inviter pour un rencard. Il se remémora les fois où Rhett et lui volaient la voiture de Richard Walker et se pavanaient à son bord dans le centre-ville, dans l’espoir d’impressionner les filles, qui étaient au mieux moqueuses, et au pire importunées par leurs quolibets et leurs sifflements. Il décrivit en détails la fois où, haut comme trois pommes, il avait offensé des invités très importants venus dîner sans comprendre en quoi ses réflexions étaient déplacées, les justifiant par le précepte de vérité que lui avait enseigné son père, et précisant qu’il ne faisait que répéter tout haut ce que ses parents racontaient tout bas – contre toute attente, le contrat autour duquel ils s’étaient réunis ce soir-là n’avait pas été signé, et l’honnêteté d’Eli avait coûté des millions de dollars à l’entreprise de son père. Il embraya sur son premier jour de stage au Walker Group, pendant les vacances d’été de ses dix-sept ans, lors duquel un sachet de cannabis était tombé de la poche de son pantalon tandis qu’il s’était assis à la grande table de réunion où siégeaient tous les gens importants de la firme ; parmi eux, certains étaient encore actifs à leur poste maintenant qu’Eli était lui-même devenu employé du groupe, et il avait été assez clair que cet épisode n’avait en rien été oublié malgré les vingt ans qui s’étaient écoulés entre-temps. « Je te laisse imaginer la tête de ce bon vieux Robertson quand j’ai débarqué le 30 juin en annonçant que je reprenais temporairement le poste de Chan – dégoûté de devoir rendre des comptes à ce petit con fumeur de joints », conclut Eli en riant à gorge déployée tandis qu’ils arrivèrent à hauteur d’un récif aux couleurs chatoyantes. Il reporta son regard sur Flora, dont l’assurance semblait croître au fil des mètres, et retira sa main lorsqu’elle finit par la lâcher pour explorer plus librement les environs. L’héritier ne quitta pas des yeux l’aventurière du jour, dont l’air concentré se mua en un émerveillement perceptible à la vue du tableau idyllique qui se dessinait sous leurs pieds. Leurs regards se croisèrent lorsqu’elle tourna la tête vers lui, et Eli lui rendit son sourire avec bienveillance, hochant la tête d’un air enthousiaste. « Ils sont beaux, hein ? Et pas timides. Si on a un peu de chance, ils vont venir nous dire bonjour », répondit-il, lui-même adepte des rencontres impromptues avec les habitants du récif. Il la rejoignit en quelques coups de palme pour lui montrer comment s’équiper du masque et du tuba, voulut lui montrer quelles précautions prendre pour garder la tasse mais Flora était déjà trop occupée à s’émerveiller devant le spectacle sous-marin que son masque lui permettait d’admirer pour écouter attentivement ses conseils – il se résolut donc à la laisser reprendre son exploration, un sourire amusé aux lèvres tout en faisant comme elle, tout aussi séduit que la Constantine par le tableau multicolore qu’avait à leur offrir l’océan.

Quelques minutes durant, Eli se laissa absorber par la contemplation des coraux et des poissons qui zigzaguaient entre les branches aux couleurs vives, rassuré par l’aisance grandissante de Flora et la témérité qu’elle semblait avoir acquise en quelques minutes. Sans s’éloigner de plus de quelques mètres, il nagea au-dessus du récif, tendant à l’occasion un bras vers les petits poissons qui venaient à sa rencontre, une expression d’émerveillement enfantine logée sur ses traits comme à chaque fois qu’il venait ici, inlassable devant ce spectacle époustouflant de la nature. Après quelques moments immergés sous l’eau, Eli sortit la tête de l’eau au moment où il entendit son nom exclamé sur un ton pressant. Il tourna aussitôt la tête vers Flora, dont le visage ne trahissait plus aucun amusement, mais était visiblement tendu par la peur. Il se précipita dans sa direction en l’entendant l’appeler à l’aide, atteignant sa hauteur en quelques brasses. « Qu’est-ce qu’il se passe ? », lui demanda-t-il, la mine soucieuse, avant de remarquer qu’elle semblait perdre ses moyens sous le coup de la frayeur, et que ses gestes devenus désordonnés la mettaient à mal. Intuitivement, il passa un bras derrière son dos et l’attira à lui, la hissant légèrement pour lui faciliter la tâche. Son regard suivit celui de Flora vers sa jambe, dont il put voir un filet de sang se diluer continuellement dans l’eau. « Tu t’es accrochée ? C’est rien, on va aller panser ça, d’accord ? Tu n'as pas trop mal, Flora ? », s’enquit-il aussitôt en reportant les yeux sur le visage peiné de l’intéressée. Il lui sourit dans l’espoir de l’apaiser quelque peu, son visage suffisamment proche du sien pour voir la lueur angoissée scintiller dans ses prunelles noisette. « Décidément, tu auras fait la totale – y compris les risques du métier. Je pense que ça fait assez d’aventure pour le moment, pas toi ? », la taquina-t-il avec douceur, avant de commencer à pédaler sous l’eau pour les faire avancer en direction du voilier. « Je m’occupe de nous rapatrier, toi, tu dois juste te tenir à moi. Installe-toi confortablement, d’accord ? Comme un koala, si tu veux », suggéra-t-il, l’ébauche d’un rire sur les lèvres, s’arrêtant le temps que Flora ne prenne place. Il raffermit la prise du bras duquel il la tenait et se servit de son bras libre pour se stabiliser, tandis que ses jambes firent le travail nécessaire à leur avancée, leurs gestes puissants considérablement aidés par les palmes. Le parallèle avec la mission sauvetage improvisée de son anniversaire était frappant, bien que l’étreinte qu’ils partageaient actuellement fût autrement plus intense que sa prédécesseuse – sans compter le fait qu’Eli n’était plus affublé des vêtements trempés avec lesquels il s’était jeté à l’eau la fois dernière, et qu’à l’exception du maillot de Flora, rien ne séparait le haut de leurs corps collés l’un à l’autre le temps du trajet jusqu’au voilier. À nouveau, comme la fois dernière, le pouce d’Eli logé dans le dos de Flora traça machinalement de petits cercles visant à l’apaiser – la dernière fois, c’était l’alcool qui avait tué dans l’œuf toute réflexion pouvant expliquer ces petits gestes ; désormais, Eli n’avait plus cette excuse pour expliquer la proximité toute particulière qu’il se permettait avec la petite brune logée dans ses bras. « Tu tiens le coup ? », murmura-t-il à son intention, reculant légèrement le visage pour apercevoir le sien, niché dans le creux de son cou.

Ils arrivèrent finalement à hauteur de l’échelle, à laquelle il s’agrippa de sa main libre avant de murmurer à Flora : « Et voilà, mademoiselle Constantine, on y est – et sans se faire dévorer par des requins assoiffés de sang, voyez-vous ça. » Il laissa échapper un petit rire avant de lui donner une impulsion pour la surélever hors de l’eau et l’aider à monter l’échelle, la suivant de près. « Assieds-toi là et laisse-moi regarder », proposa-t-il avant de s’asseoir sur le sol, face à ses jambes. Il releva le regard vers elle et lui demanda prudemment : « Tu permets ? », attendant son accord avant de toucher la plaie dont continuait de s’écouler un filet de sang rouge vif. Elle était heureusement étroite et superficielle en dépit du saignement impressionnant, et Eli se leva pour revenir quelques instants plus tard, une trousse de secours à la main. « Je pense qu’on va devoir amputer. Laisse-moi sortir ma scie à métaux », plaisanta-t-il en attrapant des compresses, de l’alcool et un rouleau de bandage. « Je sais que tu fais ça mieux que moi, mais je te promets de faire de mon mieux », sourit l’héritier en accompagnant sa promesse d’un clin d’œil, avant de prudemment désinfecter la plaie, s’efforçant de ne pas se faire la réflexion de combien la peau de Flora était douce et lisse – en vain, car, fort de cette étrange désinhibition qu’il ne s’expliquait pas, il murmura avant d’avoir pu s’en empêcher : « C’est fou comme tu as la peau douce. » Il réalisa ensuite ce qu’il avait dit et se mordit la lèvre dans un élan d’embarras, avant de se concentrer soigneusement sur sa tâche dans un silence religieux. Une fois la peau sèche, il banda la plaie avec douceur et vérifia la solidité du pansement, puis se leva et tapota avec légèreté l’épaule de Flora. « Voilà, tu es comme neuve. Tu veux quelque chose à boire pour te remettre de tes émotions ? Tu as faim ? Je t’avais promis un barbecue de sardines au large, si je ne m’abuse. »

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La fois où il avait vomi en contrôle de maths. Flora, elle n'avait pas espéré une telle distraction - en réalité, Elijah en était une amplement suffisante et sa demande n'avait été prononcée que dans un élan de nervosité et de besoin de réassurance, mais cette anecdote avait été au-delà de toutes ses espérances. Ses yeux, ronds comme des billes, s'étaient noyés dans ceux de l'héritier et elle s'était laissée aller au contact de ses mains sur sa peau, de ses doigts autour des siens, et des mouvements au fil desquels il l'avait entraînée à l'écart du voilier. Elle avait imaginé avec une facilité déconcertante les traits plus jeunes du grand brun, lui en avait visualisé des plus rebelles, et s'était amusée à l'entendre lui décrire avec son authentique honnêteté les moindres détails du moment. De celui-ci puis d'autres, ne manquant jamais une occasion de la surprendre, embrayant ensuite avec son premier refus auprès d'une demoiselle puis des folies spontanées qu'il avait partagé avec un ami en choisissant au hasard - ou pas tout à fait, l'une des voitures de son père pour aller se pavaner en ville. Elle l'avait écouté en silence, la bouche légèrement entrouverte, ne la refermant que lorsqu'un petit remous s'approchait d'un peu trop près de son visage. et, si la sincérité d'Elijah était à mettre à l'épreuve, Flora aurait forcément mis en doute les mésaventures dont il lui partageait les moindres détails à la façon dont celles-ci faisaient tout pour le dévaloriser. Mais, et si elle nourrissait plusieurs doutes à son écart, son authenticité ne figurait pas sur la liste - le beau brun était tout ce qu'il y avait de plus fidèle en narrant la façon dont il avait fait perdre une somme d'argent vertigineuse à son père en ayant la langue un peu trop pendue. Et à mesure qu'elle cernait un peu plus l'enfant vraisemblablement turbulent qu'il avait été, la paire s'avançait dans les eaux turquoises sans que son coeur ne s'affole. L'eau cristalline léchait sa peau, ses palmes la battaient à un rythme régulier, et elle appréciait un peu plus à chaque instant le moment qu'elle était en train de vivre. Qu'il était en train de lui faire vivre, de rendre magique grâce à sa prévenance et sa bienveillance, et s'il l'ignorait sûrement Elijah gravait là dans sa mémoire un instant plus que privilégié. Flora aimait l'océan, d'une manière inexplicable, et le découvrir sous cet angle était pour elle quelque chose de tout à fait fascinant. et qu'il soit à ses côtés, rayonnant, ses cheveux cascadant autour de son visage et ses paroles berçant son esprit inquiet, ne faisait que rendre l'instant plus inoubliable encore. Pour l'heure, elle est incapable de le lui dire, de lui faire comprendre à quel point elle lui est reconnaissante de pouvoir donner vie à ce moment, mais une chose est sûre : elle trouvera le temps et les mots. Ses mains balayent comme avec précaution la surface de l'eau, gagnant en aise et en témérité jusqu'à prendre d'elle-même un peu de liberté en s'éloignant légèrement, et elle sourit bêtement à la mention du certain Robertson. Elle-même victime de regards désagréables à Weatherton, elle imagine sans mal l'air réprobateur d'un vieil homme devant se plier à l'autorité de son cadet, surtout si ce dernier n'était pas réputé pour être blanc comme neige lorsqu'il était plus jeune. Admirant brièvement la façon dont son visage s'illumine lorsqu'il part d'un rire, elle secoue mollement la tête, trop préoccupée à le regarder et à s'imprégner du moment pour l'imiter - et, l'instant suivant, elle se détourne sur les fonds marins pour y découvrir des bancs entiers de petits poissons aux couleurs resplendissantes. « Ils sont beaux, hein ? Et pas timides. Si on a un peu de chance, ils vont venir nous dire bonjour » Ses yeux retrouvent les siens, et elle l'impression de nager en plein rêve. et pitié, qu'elle ne s'en réveille jamais.

Plus à l'aise, et visiblement prête à la façon dont Elijah la laisse s'éloigner, Flora profite de son élan de courage pour s'aventurer seule dans la baie. Le nez rivé sous la ligne d'eau, ses yeux ondulant avec curiosité et admiration partout où ils peuvent se poser, la brune vit un moment hors du temps. et rien ne semble pouvoir l'en tirer, jusqu'à ce qu'un poisson - pas aussi coloré ni petit que ceux qui nagent plus bas, l'effleure et la fasse sursauter. Ses mouvements ralentis par l'eau, la brunette se décale et suit du regard l'avancée de la créature, se laissant distraitement flotter vers l'arrière - à tord. Sa jambe s'écorche sur un corail et elle gémit entre ses dents, se redressant précipitamment à la douleur qui électrise son mollet sous la déchirure - superficielle, peu profonde, mais particulièrement douloureuse et qui perturbe son équilibre. et rapidement, son coeur perd patience dans sa poitrine et ses joues de leurs couleurs, et Flora implore à l'aide la présence de celui qui l'accompagne - et qu'elle ne voit pas alors qu'elle fixe sa blessure, comme si cela allait la faire se résorber. « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Ses bras ne mettent qu'une seconde à l'entourer pour la hisse légèrement en dehors de l'eau, juste assez pour la rassurer sans la mettre mal à l'aise, et instinctivement ses gestes désordonnés s'apaisent et ses muscles se détendent pour se remettre à flotter tranquillement dans l'eau. Son visage se tournant légèrement vers le sien, elle suit à nouveau son regard sur sa plaie et déglutit nerveusement en ajustant sans même y penser son bras sur lui, le passant sur ses épaules afin que ses doigts se reposent d'une manière quasi fantomatique sur sa peau. « Je- je sais pas comment je me suis débrouillée. » balbutie-t-elle, secouant la tête lorsqu'il reprend la parole la seconde suivante en s'inquiétant de sa douleur. Elle a mal, mais pas trop mal non plus - elle a surtout eu peur, et la frayeur a fait basculer son équilibre qu'elle ne se sentait pas à même de reprendre dans le calme. et plutôt que de ruiner son moment, elle avait préféré hélé son nom avec la certitude qu'il lui viendrait en aide aussitôt. « Décidément, tu auras fait la totale – y compris les risques du métier. Je pense que ça fait assez d’aventure pour le moment, pas toi ? » Elle échappe un léger rire coupable à cela, acquiesçant en silence alors qu'il propose de les ramener sur le navire. Après tout, elle n'est pas habituée à cela - ni même à faire fonctionner ses muscles de la sorte, et la nervosité du début de séance a emprunté beaucoup de son énergie. Se pinçant brièvement les lèvres, elle les hydrate en l'écoutant poursuivre. « Je m’occupe de nous rapatrier, toi, tu dois juste te tenir à moi. Installe-toi confortablement, d’accord ? Comme un koala, si tu veux » À cela, elle réajuste sa position et se met davantage face à lui pour pouvoir passer ses deux bras autour de sa nuque - et, si le parallèle la frappe, il en est plus flagrant encore maintenant qu'ils sont débarrassés de leurs vêtements et que ses bras n'ont jamais paru aussi ridicules sur la peau hâlé de l'héritier. « Je me tiens, tu peux y aller. » souffle-t-elle en nichant sa tête dans le creux de sa clavicule, fuyant son regard en appuyant sa joue contre sa peau, battant mollement des jambes pour les aider à regagner le voilier. et Flora, même si elle fait tous les efforts du monde pour ne pas y penser, est forcée de constater à quel point elle est apaisée dans ses bras - elle ne lutte pas, resserre sa prise autour de lui, et se laisse aller contre son corps en ayant la certitude d'être en sécurité. Elle a confiance en lui, en sa bonté et la personne qu'il est, et ce qu'elle le veuille ou non. « Tu tiens le coup ? » Elle acquiesce sans un mot à cela, tournant juste assez son visage vers le sien pour croiser son regard indigo, un air étrangement absent sur les traits, sa joue fondue contre sa peau. « Je dois être en train de mourir - je vais parfaitement bien. » murmure-t-elle en partant d'un léger rire à peine audible, troublant par sa légèreté alors qu'elle fuit son regard à nouveau par la suite.

« Et voilà, mademoiselle Constantine, on y est – et sans se faire dévorer par des requins assoiffés de sang, voyez-vous ça. » Le temps de sourire bêtement et d'affliger une tape à peine perceptible à son bras, et Flora est hissée vers l'échelle à laquelle elle s'agrippe avant de regagner le pont du bateau. Débarrassée de son équipement, elle pose un regard grimaçant sur sa plaie et en approche ses doigts - l'entaille la démange et du sang continue de s'en échapper, mais elle garde le silence. « Assieds-toi là et laisse-moi regarder » Ses yeux retrouvent les siens alors qu'il la rejoint, et elle s'exécute tout en essorant brièvement ses cheveux. Elle ne veut pas l'inquiéter, ni qu'il pense qu'elle soit trop douillette - mais elle le laissera regarder s'il y tient. « Je suis sûre que ce n'est rien Eli - vraiment. » précise-t-elle avec un peu plus de sérieux que jusque lors, le regardant se mettre à sa hauteur pour se pencher sur la plaie puis redresser son regard vers elle avec une prudence qui lui est propre. « Tu permets ? » Elle hoche par la positive, puis se tend aussi brusquement que bêtement au contact de ses doigts près de la plaie. Par réflexe, sa propre main se précipite sur la sienne comme pour l'empêcher d'aller plus loin, et la brune laisse ses doigts contre les siens quelques secondes. Sa peau est toujours aussi chaude malgré la fraîcheur de l'eau qui ruisselle sur ses phalanges, le contact la fait frissonner naïvement, et elle la retire précipitamment avant de se la passer dans la nuque. « Pardon - pardon. » l'encourage-t-elle sans trouver son regard, focalisée sur sa jambe - et si ce n'était pas pour un minimum de bon sens, elle jurerait que sa main qui masse son cou est celle de l'héritier et non pas la sienne. « Je pense qu’on va devoir amputer. Laisse-moi sortir ma scie à métaux » Ses épaules se détendent face à sa remarque et elle retrouve son regard dans un rire, secouant la tête comme elle a pris l'habitude de le faire en sa compagnie lorsqu'elle ne trouve rien à répondre. Elle aime l'entendre plaisanter à propos d'idioties, mais le blâme éternellement des réactions qu'elles lui provoquent. « Arrête tes bêtises. » murmure-t-elle en le suivant du regard lorsqu'il lui assure faire au mieux, revenant vers elle avec une trousse de soins et s'appliquant ensuite à désinfecter la plaie. et, même si elle n'est pas surprise, ses gestes sont terriblement délicats pour bander sa peau. Des fourmillements enveloppent son mollet, et si Flora ignorait pouvoir les mettre sur le compte des gestes du grand brun, elle s'en inquiéterait. Mais ce n'est pas sa blessure qui la fait frissonner ainsi, et elle se plonge dans une drôle de contemplation en laissant sa jambe se faire manipuler sous ses mouvements. « C’est fou comme tu as la peau douce. » Elle relève son regard vers le sien, sans le trouver pour autant, et sourit comme pour elle-même. Silencieuse, le regardant comme si Elijah ne pouvait pas le sentir, Flora est particulièrement tendre l'espace de quelques secondes. « Je te donnerais le nom de ma crème. » murmure-t-elle dans un sourire espiègle, ignorant courageusement les battements nerveux de son palpitant et le nœud que la remarque a fait se créer dans son bas ventre. Lorsqu'il termine, elle est presque déçue de ne pas avoir une plaie plus grande à lui faire panser - mais elle se hait aussitôt de la pensée et bat plusieurs fois des paupières avant de lui sourire. « Voilà, tu es comme neuve. Tu veux quelque chose à boire pour te remettre de tes émotions ? Tu as faim ? Je t’avais promis un barbecue de sardines au large, si je ne m’abuse. » - « Tu étais sérieux à propos de ce barbecue ? » répète-t-elle, un tantinet incrédule. Ils se redressent et elle pose un regard appréciateur sur le pansement, faisant bouger sa jambe sous son regard noisette. « et tu es doué - autant que moi. De vrais doigts de fée. » Elle le taquine, encore et encore - et ignore pourtant d'où lui vient toute cette aise en sa compagnie, une pourtant pudiquement réservée à une minorité et qui ne s'exprime aussi facilement qu'à de rares occasions. « Je veux bien boire la même chose que toi et qu'on aille faire griller peu importe ce que tu as en stock - tout me va. » avoue-t-elle sur un ton plus sérieux, posant sur lui un regard léger et un sourire l'étant tout autant. Elle se sent bien, terriblement bien. Un peu plus tard, la paire bronze tranquillement sur le pont, leurs boissons sur la table et Flora se prélassant confortablement sur une serviette, les yeux clos derrière ses solaires. « Je pense, sincèrement » commence-t-elle entrouvrant les yeux, tournant la tête vers Elijah à ses côtés et faisant de l'ombre à son regard avec sa main. « Que c'est l'un des plus beaux cadeaux d'anniversaire auquel j'ai eu droit. Alors merci, Elijah. » avoue-t-elle à voix basse en le regardant, reposant sa tête en arrière l'instant suivant sans se défaire de son sourire. et probablement pourraient-ils rester ici pendant des mois qu'elle ne s'en plaindrait pas.